Lettre à la Commission Européenne
Envoyée à la présidente Ursula von der Leyen, le 27 mars 2021
Titre: 46 ONG environnementales demandent que le nucléaire soit mieux pris en compte dans la taxonomie européenne, au nom du climat
Mme la Présidente de la Commission Européenne,
Alors que les discussions sur la taxonomie des investissements durables se poursuivent, nous, citoyens européens, soucieux du bien-être des personnes et de la nature, nous tournons vers vous car ce bien-être est menacé par la dépendance de l'Union européenne aux combustibles fossiles.
Comme vous, nous voulons offrir aux jeunes générations, nos enfants, petits-enfants et ceux qui viendront après eux, un monde aussi accueillant et résilient que celui que nous avons trouvé, au climat aussi stabilisé que possible. Mais les perturbations sont de plus en plus fortes et leurs effets palpables. Crises et incertitudes pèsent de manière croissante sur l’avenir.
Les connaissances scientifiques nous permettent d’identifier précisément les causes de ces maux et font apparaître sans ambiguïté le besoin d’un recours à l'énergie nucléaire pour y faire face.
Malgré cela, le soutien limité que cette source d'énergie semble rencontrer au niveau de la Commission européenne nous apparaît aussi paradoxale que regrettable, en particulier dans un contexte de Green Deal.
De nombreuses décisions, au niveau de l'Union européenne et des États membres, affectant sévèrement le rôle que peut jouer l'énergie nucléaire, peuvent être reliées au traitement médiatique et politique dont elle est l’objet, comme en témoigne les déclarations trompeuses concernant les effets sanitaires de l’accident de Fukushima Daïchi dont nous venons de commémorer le 10ème anniversaire. La représentation faussée dont l’énergie nucléaire est l’objet contribue à empêcher son déploiement, et ce, alors qu’elle est la 1ère source d'énergie bas carbone en Europe et qu’elle présente un bilan sanitaire parmi les meilleurs.
Ces fausses informations ont perturbé le débat démocratique au point de pousser de nombreux États à mettre à l’arrêt des centrales nucléaires propres et sûres, construites pour plusieurs décennies, ainsi qu’à annuler des projets de construction. Ce recul du nucléaire a imposé le maintien en activité des centrales fossiles, pénalisant nos efforts pour lutter contre le changement climatique, préserver la souveraineté de l'Europe et bénéficier d'un air plus sain.
Si les populations semblent accepter qu’une obstruction politique au développement de l'énergie nucléaire se matérialise régulièrement en dépit des preuves scientifiques, c’est parce que ces preuves continuent d'être éclipsées par les mythes construits autour de cette énergie par ses opposants.
C’est la pollution due aux énergies fossiles qui est le danger concret et immédiat auquel nous sommes confrontés, pas la radioactivité.
Mme Ursula VON DER LEYEN Présidente
Commission Européenne
Ce sont les énergies fossiles, charbon, pétrole et bien sûr gaz, qui sont responsables en Europe de la grande majorité de nos émissions de gaz à effet de serre et du décès prématuré de 1,5 million de personnes chaque année1.
L'Union européenne, deuxième marché mondial2, est responsable de 12 % des émissions de gaz à effet de serre de la planète3. Le poids de ses normes et standards, son influence dans la réglementation internationale des transports, son rôle de premier donateur d'aide au développement et premier contributeur de la finance durable font d’elle un acteur à l’influence déterminante. Cette influence, elle l’exerce aussi bien auprès des Etats membres qu’à l’échellemondiale, promouvant sa vision et ses choix techniques sur la manière de répondre au changement climatique.
Nous, citoyens européens, avons donné à l'Union européenne sa formidable capacité d’action et d’influence. Les décisions qu'elle prendra en notre nom concernant la transition énergétique impacteront les décennies à venir et la vie de millions de personnes.
Nous, citoyens européens, serons responsables, si nous persistons à pénaliser le nucléaire et son développement, d’avoir soutenu et promu une stratégie de transition énergétique déjà notoirement insuffisante pour préserver le climat et les populations.
Nous, citoyens du monde, demandons à l'Union européenne d’assumer la responsabilité de son leadership.
Parce que l'énergie est vitale pour nos sociétés, nous voulons nous assurer que cette question essentielle est traitée à l’aune des défis auxquels nous sommes confrontés.
Mme la Présidente de la Commission Européenne, nous vous demandons, avec autant de conviction que d’humilité, que toutes les sources d'énergie à faible émission carbone soient équitablement prises en considération dans les discussions en cours ; nous demandons que l'Union soutienne l’évaluation objective des options qui s’offrent à elle ; nous demandons enfin que les faitsconcernant l'énergie nucléaire soient reconnus et partagés sans parti pris.
Nous espérons vivement voir l'Union européenne, sous votre direction, prendre des décisions équilibrées au bénéfice de tous, et retrouver l'approche éclairée et scientifique digne de ce qu’elle est et doit rester : un ensemble plus grand que la somme des pays qui la composent.
Respectueusement,
1 Vohra, Karn et al., « Global mortality from outdoor fine particle pollution generated by fossil fuel combustion: Results from GEOS-Chem », Environmental Research, avril 2021. Disponible sur le site: www.sciencedirect.com
2 The World Bank, « Households and NPISHs Final consumption expenditure (current US$) | Data ». Disponible sur le site: data.worldbank.org
3 P. Friedlingstein et al., « Global Carbon Budget 2020 », Earth System Science Data, décembre 2020. Disponible sur le site: essd.copernicus.org
Peters, Glen P. et al., « Growth in emission transfers via international trade from 1990 to 2008 », Proceedings of the National Academy of Sciences, mai 2011. Disponible sur le site: www.pnas.orgOrganisations de l’Union européenne
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire