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Guerre/paix, Echos d’un débat – « L'affirmation de la paix est le plus grand des combats » Jean Jaurès



De nouveau, la guerre et les menaces d’extension de la guerre ressurgissent sur le continent européen, avec tous les risques d’embrasement, leur cortège de souffrances et de destructions mais aussi leurs charognards de tous poils, marchands d’armes, spéculateurs et profiteurs de guerre et des conséquences déjà concrètes sur notre vie quotidienne.


Un débat a eu lieu à Beauvais, le 7 octobre, avec Patrick Le Hyaric, ancien directeur de l’Humanité et ancien député communiste européen, autour de son dernier livre (à lire absolument !), pour débattre sur les causes de la guerre en Ukraine et sur des pistes et propositions pour une « sécurité humaine globale ». Retour sur 3 heures de conférence puis de débats passionnants.

Patrick Le Hyaric a d’emblée posé les choses clairement : « Il ne peut y avoir aucune justification, aucune circonstance atténuante à l’agression guerrière de Poutine contre l’Ukraine et son infernale mécanique des atrocités. » Soulignant que cette guerre provoque d’ailleurs l’effet inverse de ce qu’il prétend rechercher puisque l’Otan est réhabilité et que des pays neutres jusqu’ici comme la Suède et la Finlande demandent à y adhérer ; quant au Danemark, il réintègre la « politique commune européenne de défense » qu’il avait quittée après avoir rejeté le Traité de Maastricht il y a 30 ans ! Le dirigeant communiste a aussi enfoncé le clou : « La Russie de Poutine soumise au règne des oligarques n’a rien à voir avec l’URSS mais rêve ouvertement de la reconstitution de l’empire des tzars. »

Pour autant, les choses étant dites sans complaisance aucune pour le pouvoir russe, il est indispensable de chercher à comprendre quel enchaînement a conduit à cette situation gravissime et dans quel contexte mondial s’inscrit ce conflit qui déjà provoque une nouvelle course aux armements.

P. le Hyaric est alors revenu sur les 30 dernières années, en montrant, faits précis à l’appui, comment les dirigeants des USA avaient violé délibérément l’engagement fait auprès de Gorbatchev, au moment du processus de « réunification » de l’Allemagne, de ne pas étendre l’Otan vers l’Est ; et comment, malgré les multiples avertissements venus de toutes parts, ils avaient poursuivi leur volonté d’expansion de ce bras armé des USA jusqu’à vouloir y intégrer l’Ukraine en violation d’un accord de 1994 qui en avait organisé la « dénucléarisation militaire ».

Cette fuite en avant militaire des USA et de l’Otan s’inscrit dans des logiques de domination économique et territoriale, dans le cadre d’une crise profonde du capitalisme mondialisé : les richesses considérables du sol et du sous-sol ukrainien étant un enjeu de premier plan, comme d’ailleurs la volonté des USA d’imposer aux pays européens l’achat du gaz de schiste venu d’Outre-Atlantique plutôt que celui qui était acheminé de Russie par le gazoduc dit Nord Stream (saboté mystérieusement il y a peu…).

L’ancien député européen a appelé à prendre la mesure des bouleversements du monde (Tony Blair, ex-Premier Ministre anglais, a dit le 16 juillet 2022 : « Nous arrivons à la fin de la domination politique et économique de l’Occident ») avec l’essor de nouvelles puissances « émergentes » : les BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) représenteront en 2050, 50 % des richesses produites dans le Monde tandis que le G7 n’en représentera plus que 20 % ! Et la Chine devançera les USA dès 2030.

Toute la politique des USA vise à tenter d’empêcher cette perte de leur puissance par trois moyens : la domination financière avec le dollar qui accorde aux USA un privilège incroyable de faire financer leurs dépenses par le reste du monde ; la domination juridique avec la scandaleuse extra-territorialité du droit états-unien qui lui permet de s’ingérer dans la politique intérieure des États et de dicter leurs décisions aux entreprises en fonction des intérêts des USA ; et évidemment la domination militaire avec la volonté constante d’enrôler les États européens dans cette aventure, au prix d’une folle relance de la course aux armements (les dépenses atteignent désormais 2 113 milliards de dollars!!!) avec des risques insensés – y compris nucléaire - pour la planète et la dilapidation d’argent dans des œuvres de mort alors que tant d’argent manque pour relever les défis sociaux et environnementaux.

Deux faits inquiétants parmi d’autres illustrent bien cela : le budget militaire de l’Otan est désormais 20 fois celui de la Russie, et le changement de stratégie militaire de la France est passé de « paix-crise-paix » à « compétition-contestation-affrontement », dans une logique clairement guerrière illustrée par exemple par le commandement français de bases de l’Otan en Roumanie et Estonie.

S’inspirant de l’esprit de Jaurès, P. Le Hyaric a longuement appelé à créer les conditions de « gagner la paix » plutôt que l’illusion meurtrière de « gagner la guerre » : en encourageant toutes les initiatives diplomatiques de l’ONU, de la Chine, de l’Inde pour une désescalade, un cessez-le-feu et l’engagement de discussions ; et en travaillant à la perspective d’une nouvelle Conférence pour la Sécurité et la coopération en Europe associant tous les pays européens y compris la Russie. Pour cela, il y a une nécessité urgente d’agir pour développer un vaste mouvement citoyen et des peuples pour la paix, pour contrebalancer la guerre idéologique des va-t-en-guerre et les poisons des nationalismes, et pour imposer un nouveau rapport de force favorable aux forces de paix, avec l’objectif d’un Pacte mondial pour une sécurité humaine globale.

Thierry Aury

secrétaire départemental PCF Oise

membre du Conseil national du PCF

L’ESPRIT CRITIQUE APPLIQUÉ À LA GUERRE EN UKRAINE

« Nous vous appelons à redoubler d’efforts pour chercher un cadre réaliste pour un cessez-le-feu » : 35 parlementaires américains, figures de l’aile progressiste du parti Démocrate, avaient appelé, le 24 octobre dernier, Joe Biden à « déployer de vigoureux efforts diplomatiques en soutien à un règlement négocié et à un cessez-le-feu, à engager des pourparlers directs avec la Russie (et) à explorer les perspectives pour un nouvel accord de sécurité européen acceptable par toutes les parties ». 

C’était la première fois qu’un appel de cette teneur émanait du parti du Président. Les intéressés avaient clairement souligné dans leur déclaration leur opposition à l’invasion « illégale et scandaleuse » de l’Ukraine par la Russie. Il n’empêche : leur prise de position fut assimilée à celle des Républicains pro-Poutine, et ce à la veille des élections stratégiques du 8 novembre. Mis sous pression, les auteurs de la lettre à Biden se sont finalement résolus à retirer leur appel. 

La guerre, elle, se poursuit de plus belle au risque de basculer brusquement dans l’irréparable…

La France n’est pas l’Amérique. Pourtant, force est de constater qu’ici aussi, sur ce même sujet, la parole libre et l’esprit critique ont du mal à se frayer un chemin, notamment dans les grands media . Même émanant de personnalités respectées et dont le rejet de l’agression russe ne souffre aucune ambiguïté, une prise de position s’écartant du discours « politiquement correct » fait courir à son auteur le risque de l’amalgame infamant. 

Il faut donc rendre hommage aux quelques voix courageuses -experts en relations internationales ou anciens généraux, notamment- qui osent braver ce danger en esquissant qui un doute (sur le prolongement indéfini de la guerre au nom de l’objectif de la « gagner ») , qui une proposition ( d’ouvrir « une porte de sortie » à l’envahisseur en espérant rendre possible une issue au conflit par la voie politique et non militaire). 

Et voici qu’un autre spécialiste souvent consulté sur la tragédie ukrainienne, l’ex-ambassadeur Michel Duclos, non suspect de faiblesse à l’égard du Kremlin, vient d’exprimer à son tour des propos qui auront sans doute dérangé plus d’un commentateur attitré : dans la phase critique où est désormais entré le conflit, « On ne peut laisser aux seuls Ukrainiens la responsabilité de définir les buts de guerre et le calendrier d’une éventuelle négociation »

(1) Puisse cette analyse responsable faire son chemin parmi les dirigeants européens ! 

Puissent-ils se poser, comme le diplomate, la terrible question de savoir « si nous ne sommes pas entrés dans une spirale qui rend presqu’inévitable un choc frontal entre la Russie et l’OTAN » et en tirer les conclusions qui s’imposent ! 

Le pire est que nombre d’observateurs, sinon de responsables politiques, partagent cette conviction, mais n’osent l’exprimer de peur de s’exposer aux préjugés et aux anathèmes. Faut-il leur rappeler que le défaut d’esprit critique finit toujours par se payer cher ? 

Cela vaut pour la guerre en Ukraine.

(1) Le Monde (24/10/2022)

Dans un monde-poudrière, les obliger à arrêter de jouer avec le feu

                             

L'heure est grave et inquiétante. La folie guerrière qui habite les protagonistes du conflit en Ukraine semble de moins en moins trouver de limite.

Le fléchissement militaire russe, et l’obligation de recourir à des mobilisations, la fuite de très nombreux jeunes pour échapper à cette guerre, galvanisent le camp d’en face. Les États-Unis, et l’OTAN, bras armé réanimé par la guerre de Poutine, en profitent pour alimenter davantage le brasier, en enrôlant les gouvernements européens. Au-delà des bonnes affaires qui profitent aux multinationales et au complexe militaro-industriel, le camp occidental cherche à réduire à néant la Russie, c’est-à-dire le peuple russe, quitte à l’humilier. Pris dans des réflexes archaïques aussi vieux et consubstantiels que le capitalisme, chacun joue sa partition guerrière. Mais jusqu’où vont aller les terribles surenchères actionnées de toutes parts dans ce conflit de haute intensité ? Au-delà des postures, l’annonce par des dirigeants russes de la légitimation du recours à l’arme nucléaire n’est pas à prendre à la légère. Cela en dit long sur l‘état du monde-poudrière et l’urgence d’arrêter de jouer avec le feu.

Dans ce contexte, Poutine abat de nouvelles cartes. Il organise ses pseudo référendum pour officialiser la mise sous tutelle russe des territoires occupés, afin que demain, les attaques ukrainiennes relèvent d’une agression contre la Russie. En échec dans cette guerre, il tente de cristalliser la situation à la veille de l’hiver, période qui rendra plus difficile les affrontements, figeant les lignes de front. Les Ukrainiens le savent, qui tentent de pousser au maximum leur contre-offensive.

Mais dans cette violence, avec le passif et les haines accumulés, peut-on imaginer que l’un l’emporte sur l’autre ? 
Que les troupes russes soient repoussées à leur frontière ? Et quand bien même, cela ne mettrait pas un terme aux dissensions et aux exactions dans le Donbass et le sud de l’Ukraine.

Constatons que le mal est fait. Il couvait d’ailleurs depuis 2014 et le non-respect des accords de Minsk n’a fait que l’aggraver.

Paradoxalement, il existe aujourd’hui, et peut-être plus qu’en première partie du conflit, un chemin pour pousser les uns et les autres à la négociation. Ce que des pays demandent, et non des moindres à l’instar de la Chine ou de l’Inde. Un chemin pour faire taire les armes, pour ouvrir une porte de sortie qu’il faudra de toute façon emprunter, où il n’y aura pas de vainqueur puisque c’est impossible, et où il ne peut pas y avoir d’humilié, pour ne pas refaire les mêmes erreurs de la première guerre mondiale. Où la sécurité et la paix seront à l’ordre du jour en Europe, condition sine qua non pour que le silence des armes soit durable.
Sans aucune complaisance à son égard, il n’y a pas d’autres choix que de parler à Poutine. Mais pas comme l’a fait Macron qui avait raison de le rencontrer, non sans arrières pensées, mais qui ne pouvait sur le fond modifier le cours des choses tant il était englué dans la doxa américaine et de l’OTAN.
Alors qu’il faudrait que la France fasse entendre un son de cloche différent.
Que ça plaise ou non, il faut discuter avec les uns et les autres, quand bien même du sang a été versé et des crimes abominables commis. Mais c’est le principe même de la diplomatie : se parler et agir pour éviter d’autres crimes.

Il faut donc partir de la situation territoriale et militaire qui prévaut actuellement et dont on ne voit pas ce qui pourrait changer fondamentalement dans le rapport de forces, sauf à entretenir une guerre sans fin ou une escalade encore plus dangereuse.

M. Macron qui donne des leçons de morale aux Nations unies peut-il le faire ? Comparaison n’est pas raison, mais dans un tout autre contexte l’État français s’est récemment lui-même rendu coupable d’une annexion d’un territoire appartenant à un pays souverain, les Comores. Après plusieurs décennies de déstabilisation de cet archipel, conjuguées à une politique de différenciation et d’asymétrie dans l’aide économique, la France est arrivée à ses fins : recoloniser Mayotte, la transformer en un département à la suite d’un référendum dénoncé par les Nations unies. Dans ce cas point de guerre. Mais une politique désastreuse pour les Comores, qui se poursuit avec le soutien du président-dictateur en place. Et pour Mayotte, un statu quo impossible. Un avenir incertain et des bombes à retardements sur le plan de la sécurité, des inégalités qui se creusent avec les autres îles. Ce déséquilibre a pour résultat des migrations contraintes qui du fait de la seule réponse sécuritaire (visa Balladur) conduit à la mort de plus de 10 000 personnes dans la mer d’Anjouan devenu le plus grand cimetière marin du monde.
Redécouper les frontières est décidément une entreprise pleine de chances mauvaises.

Face à des dirigeants qui font le choix de la guerre, que faire pour que les armes se taisent ? Voilà la question lancinante. Le seul camp à défendre est celui de la résolution du conflit et de la Paix, d’autant que les puissances qui ont les moyens de faire disparaître l’Humanité sont en conflit ouvert. On ne peut donc pas raisonner comme au siècle passé, ce qui rend caduc et dangereux l’illusion - y compris à gauche - de livraison d’armes. Il faut marteler qu’il n’y aura pas de solution militaire et pas de gagnants.

Parler de la Paix est aussi l’occasion de rappeler que c’est le même système qui conduit à la destruction de l’environnement et du climat, à l’exploitation des hommes, et finalement aux chaos. Les forces du capital s’arcboutent pour empêcher toute alternative et étendre leurs prédations et leurs profits absurdes. Elles continuent d’actionner pour cela les leviers du pire : les guerres, les extrêmes droites politiques et religieuses. La victoire des droites en Italie soutenant la néo-fasciste Meloni avec une partie du patronat accouche d’une bête immonde. Il est plus que temps de convaincre qu’une autre voie est possible.

Dominique Josse
responsable du collectif Afrique du PCF
membre de la Commission des relations internationales


Engrenage de la guerre : « La nuée de l’orage est déjà sur nous »



C’est ainsi que Jean Jaurès, dans son dernier discours prononcé à Vaise le 25 juillet 1914 alertait sur la gravité de la situation internationale, deux jours après l’ultimatum fulminé par l’Autriche-Hongrie à la Serbie. La gravité de la situation est extrême.



Face au danger extrême et immédiat de généralisation de la guerre, c’est un sentiment d’impuissance qui domine parmi les peuples, et que les mécanismes de régulation des grandes crises internationales ont été démantelés au cours de la dernières période.

Le danger aigu de la crise actuelle tient au fait que, dans le contexte de fragmentation militarisée de la mondialisation capitaliste, aucune des parties en présence ne peut se résoudre à reculer, à perdre, alors qu’elles s’affrontent pour la définition de nouvelles hiérarchies de dépendance. 
La question est : est-ce que l’une d’elles est prête à aller jusqu’au bout de l’affrontement ? 
Pour l’instant, non. Mais demain ?

D’un côté, le pouvoir russe fait considérablement monter les enchères en cherchant à reprendre l’initiative et à ressouder autour de lui ses appuis, après les flottements qui ont suivi les revers militaires dans la région de Kharkov. Pour lui, la guerre contre l’OTAN a déjà commencé. En décrétant la mobilisation partielle, il prend le risque de remettre en cause le compromis sur lequel il repose : assurer au peuple russe la stabilité, en échange de son désintérêt des questions politiques. 
La guerre devient désormais une réalité tangible pour des centaines de milliers de familles russes. Il faut se garder des discours annonçant l’effondrement du pays, présentant la Russie comme « village Potemkine » et reposant en réalité sur des clichés. Le pouvoir russe tient et depuis plusieurs années il n’a pris aucune grande décision sans être assuré du soutien d’une majorité de la population, réforme des retraites de 2018 exceptée. 
Quand Vladimir Poutine et son ministre de la Défense, Sergeï Choïgou, disent que « ce n’est pas tant une guerre contre l’Ukraine que contre l’Occident collectif », en utilisant comme argument l’aide massive que l’OTAN accorde à l’Ukraine (un total de 85 milliards de dollars depuis l’invasion russe de février 2022), cela fait écho à ce que pense une majorité de la population russe dont on pourrait résumer la perception de la situation par : « ce n’est pas nous qui avons quitté l’Occident, mais l’Occident qui nous a quittés ». 
Qu’en sera-t-il cette fois-ci avec la mobilisation ?
Une des clés de la situation tient dans l’évolution qui va se produire maintenant dans la population russe qui ne peut plus vivre « comme si » la guerre n’existait pas. Contrairement aux clichés russophobes récemment recyclés, le peuple de Russie n’est pas une masse amorphe. La solidarité avec les pacifistes russes est nécessaire. Les protestations contre la mobilisation existent. L’exil contraint de plus de 250 000 personnes fuyant la mobilisation en quelques jours est un phénomène important. Elles doivent être accueillies dignement.

L’évolution prochaine va également dépendre de la situation économique. Pour l’instant, le secteur « utile » pour le pouvoir, à savoir les hydrocarbures, qui représentent 40% du PIB russe, fait plus que résister aux sanctions étant donné qu’ils sont soutenus par l’explosion des prix. Les prévisions annoncent en outre une augmentation de 40% des exportations au cours des prochaines années. Force de constater que les manifestations courageuses contre la mobilisation n’ébranlent pas le pouvoir qui reste solidement installé sur ses bases matérielles, capitalistes kleptocratiques, et idéologiques, réactionnaires et nationalistes.

Par ailleurs, la conduite des référendums dans les républiques autoproclamées du Donbass et les territoires occupés va permettre au gouvernement russe de dire que l’Ukraine attaque le territoire de la Fédération de Russie avec l’aide des armes de l’OTAN. De ce point de vue, il ne faut pas tenir « pour du bluff » la menace nucléaire, et ce d’autant plus que la doctrine d’emploi russe a été élargie en 2020 afin de rendre possible un emploi tactique, et non plus uniquement stratégique, et a ouvert une possibilité d’emploi en premier. Enfin, il ne faut pas oublier que l’opposition au pouvoir la plus puissante et la plus influente est l’extrême-droite ultra-nationaliste, relégitimée depuis l’assassinat de la fille d’Alexandre Douguine, qui n’est pas « l’éminence grise » de Poutine, mais qui coagule un certain nombre de déchets idéologiques venus du pire de la tradition réactionnaire slavophile, des anti-Lumières et du fascisme occidental.

Enfin, la question de l’isolement ou non de la Russie sur la scène internationale est un autre facteur qui compte pour le pouvoir. D’un côté il se décrédibilise auprès de ses alliés proches, par exemple en ayant annoncé à l’Arménie, qu’il ne la soutiendrait pas en cas d’invasion azerbaïdjanaise, ce qu’ont aussitôt exploité les Etats-Unis en envoyant Nancy Pelosi à Erevan. D’un autre côté, le sommet de l’Organisation de coopération de Shanghai, qui s’est tenu les 15 et 16 septembre à Samarcande, ont été l’occasion d’élargir cette alliance économique à l’Iran et plus largement au Moyen-Orient.

Cette montée des enchères du pouvoir russe s’accompagne en miroir du refus de toute négociation en Europe et en Amérique. On voit ici à quel point la logique de bloc participe à l’engrenage. Le discours de Joe Biden à l’assemblée générale de l’ONU s’inscrit pleinement dans son ambition stratégique de redessiner les contours de l’impérialisme américain en dévoyant les institutions multilatérales et en se faisant le héraut d’un soi-disant « camp des démocraties ». Avec un aplomb hypocrite rare, il est allé jusqu’à déclarer que « les Etats-Unis veulent que cette guerre se termine », alors qu’à eux seuls les USA fournissent la moitié de la totalité de l’aide militaire à l’Ukraine et renforcent leurs positions militaires en Europe. Et que dire du discours d’Emmanuel Macron qui enjoint, sur un ton paternaliste totalement désuet, les pays non-alignés à choisir leur camp ? 
Heureusement que d’autres chefs d’Etat ont délivré des discours à la hauteur de la situation, tel que Gustavo Petro, le président colombien, qui, dans une remarquable intervention, a conjugué impératif de la paix, urgence écologique et urgence sociale. Ce décalage montre à quel point la logique de blocs défendue par nombre de pays occidentaux n’est pas partagée.

Au-delà des discours, nombre de signaux vont dans le sens d’une escalade en Occident également. L’ancien secrétaire général de l’OTAN, Anders Fogh Rasmussen, vient de rédiger, avec l’appui du gouvernement ukrainien, un projet de traité de « garanties de sécurité », qui, entre les lignes, ouvre la voie à une entrée de l’Ukraine dans l’OTAN. L’UE prépare un 8e train de sanctions, en étant d’ailleurs à la peine pour en trouver de nouvelles, à moins que l’interdiction de délivrance des visas refasse surface. La décision des Etats baltes de ne pas délivrer de visa humanitaire aux Russes qui refusent la mobilisation est d’un cynisme rare et fournit des arguments au pouvoir russe. Surtout, l’idée qu’une victoire ukrainienne soit possible après le succès de la campagne d’Izioum est prise comme argument pour condamner toute idée de cessez-le-feu, comme l’a fait Ursula Von der Leyen.

Mais personne ne s’interroge sur le prix de la poursuite de la guerre sur sa première victime, le peuple ukrainien (Donbass inclus), qui subit bombardements, catastrophe humanitaire, violences en tout genres, crimes de guerre, exécutions, tortures, mauvais traitements, manque d’assistance médicale, d’eau et de nourriture. La poursuite de la guerre signifie la poursuite de ces violations des droits humains.

C’est dans ce contexte d’urgence et d’extrême gravité qu’il convient de reposer l’exigence d’un cessez-le-feu et de la paix. Le choix est clair : guerre ou paix. Les possibilités sont infimes, aussi grandes qu’un trou de souris. Mais il faut s’y engager.

Pour cela, il convient de combattre deux arguments qui reviennent dans le débat public.

D’une part, il y a ceux qui spéculent sur une victoire ukrainienne en renforçant l’envoi d’armes, y compris des chars, à l’Ukraine. Même avec l’aide de l’OTAN, cela relève pour le moment de la spéculation. La défaite n’est pas une option pour le pouvoir russe, de même que pour le pouvoir ukrainien. Parier sur une victoire ne repose sur aucun argument sérieux. On peut par contre être certain que cela participe de l’engrenage du conflit. Répétons-le : la poursuite de la guerre signifie la poursuite des destructions et des violences contre la population civile.

D’autre part, ceux qui pensent qu’un cessez-le-feu gèlerait la situation sur le terrain, y compris la présence de troupes russes en Ukraine. Mais le cessez-le-feu, nécessaire, doit s’inscrire dans une dynamique politique, celle de la paix, qui n’est pas simplement l’absence de guerre. Il est important d’y donner du contenu. Les négociations devront prendre en compte à la fois la souveraineté du peuple ukrainien, que piétine Poutine, et l’impératif de sécurité du peuple russe et de tous les peuples. Le ministre des Affaires étrangères chinois, Wang Li, a appelé à une « résolution pacifique du conflit » dans ce sens. Le président mexicain, Lopez Obrador, à la formation d’un groupe de contact international, incluant le secrétaire général de l’ONU. Plus largement, les nécessaires négociations, qui ne seront pas simples, doivent se placer dans un cadre plus large : celui de la construction d’une architecture équilibrée de sécurité collective pour les peuples d’Europe, dans laquelle l’OTAN n’a pas sa place. Pour y arriver, cela implique d’ouvrir la voie d’un désarmement négocié, global et multilatéral, dans les domaines nucléaires et conventionnels, le refus du recours au nucléaire. Enfin, pour l’Ukraine, dans un cadre européen de sécurité collective, il conviendra de poser la question de sa neutralité et du statut du Donbass.

Le chemin est étroit. Mais le courage politique impose de l’emprunter si l’on veut éviter la catastrophe.

Vincent Boulet,
membre de la Commission des relations internationales du PCF

Guerre en Ukraine, le danger d'un conflit mondial s'aggrave ! Exigeons la paix !





Dans son rapport au dernier Conseil National du PCF des 17 et 18 septembre, Fabien Roussel est revenu sur les défis posés par la guerre en Ukraine. Nous reproduisons ci-après son expression.

"Aux crises sociales, économiques, climatique s’ajoutent à la guerre en Ukraine. L'offensive menée par l'armée ukrainienne dans la région de Kharkiv et dans le Donbass fait reculer partiellement les troupes russes, sans être pour l'instant en mesure d'emporter la décision définitive. Le cimetière découvert hier révèle encore une fois toutes les atrocités de cette guerre.

La réalité est que personne aujourd'hui ne peut gagner cette guerre.

Les positions des uns et des autres se radicalisent. Chacun veut être le vainqueur. Et il faudra un perdant. Dans ce contexte, si la Russie est acculée, le risque nucléaire et le risque d'une extension du conflit est maximum.

Il faut prendre au sérieux la déclaration du secrétaire général de l'Onu qui, au coeur de cet été, affirmait que l'humanité n'est désormais qu'à « une erreur de jugement », de l' « anéantissement nucléaire ». Et l'armement envoyé par milliards par l'OTAN nous rapproche un peu plus chaque jour d'une troisième guerre mondiale.

L'alternative est claire : soit la guerre, soit une solution diplomatique.

Les évènements de l'été ont montré que des accords partiels étaient pourtant possibles : sur l'exportation des céréales, ou sur la centrale nucléaire de Zaporijia. Des propositions existent. Des initiatives diplomatiques sont possibles et sont même prises.

Le président mexicain Lopez Obrador a appelé à la création d'un « comité de médiation » comprenant le secrétaire général de l'ONU. Il présentera un plan lors de la réunion de l'assemblée générale des Nations Unies la semaine prochaine. Là aussi là France à un rôle essentiel à jouer.

Je regrette, de ce point de vue, que le président de la République, tout en affichant en parole une volonté de règlement diplomatique de la guerre en Ukraine, s'aligne sur les surenchères bellicistes des États-Unis et de l'Otan.

De même nous devons aussi être ferme sur notre soutien au peuple arménien qui subit à nouveau depuis plusieurs jours les bombardements de l'Azerbaïdjan, avec, en creux, l’enjeu du gaz encore une fois.

La Paix est plus que jamais à l’ordre du jours de notre activité. C'est le sens de l'appel de personnalités que je vous propose de lancer dans les prochaines semaines pour contribuer à la relance d'un grand mouvement pour la paix."

L'initiative du jeudi 21 septembre (Journée internationale de la Paix) devra y contribuer en amplifiant la mobilisation pour la paix, pour le désarmement, pour une solution diplomatique immédiate à la guerre.


La guerre en Ukraine connaît une amplification marquée à la fois par une intervention massive de l'OTAN et par la volonté de la Fédération de Russie d'annexer une partie de l'Ukraine qui, rappelons le, est un État souverain internationalement reconnu et dont l'occupation même partielle ne saurait être acceptée.

Le renforcement des arsenaux militaires, en particulier de l'OTAN et des USA, ne peut-être qu'un prélude à l'élargissement du conflit et ne peut se traduire que par une nouvelle escalade dévastatrice pour les peuples.

La volonté d'annexion affirmée par la Russie qui a mis en oeuvre l'invasion militaire de l'Ukraine est inacceptable et nous la condamnons. Le discours de V. Poutine le 21 septembre prévoit en effet le lancement du processus d'annexion à la Russie de 20% du territoire ukrainien. S'y ajoute la menace d'utiliser des armes nucléaires, ce qui de plus abaisse dangereusement le seuil de la dissuasion.

Nous réaffirmons la nécessité absolue que soit mis fin à la guerre en Ukraine sur la base de la reconnaissance de la souveraineté de ce pays et des intérêts légitimes de sécurité des pays de la région et en particulier de la Fédération de Russie.

Tous les efforts doivent être tournés dans ce sens et non dans celui d'une escalade dont les conséquences sont extrêmement dangereuses pour tous les peuples du monde.


PCF - Ukraine : Oser la paix





La guerre déclenchée par Vladimir Poutine contre l’Ukraine le 24 février est odieuse et irresponsable. Ce choix est un crime contre la souveraineté et l’intégrité territoriale d’un pays et contre le droit international.

Il plonge le peuple ukrainien dans un cauchemar insoutenable et menace la sécurité de l’Europe et du monde. Le risque d’une escalade incontrôlable augmente chaque jour.

La situation est d’une extrême gravité.

Dans un monde si interdépendant, cette guerre est un échec pour tous, un échec pour la sécurité collective de l’Europe.

Elle montre les limites dangereuses atteintes par la militarisation des relations internationales, et son cortège de discours guerriers, de haines et de nationalismes. Nul n’a jamais guéri des meurtrissures du passé en provoquant une nouvelle guerre.



1- Immédiatement : contraindre Vladimir Poutine au cessez-le feu et stopper l’escalade guerrière

• Cessez-le-feu immédiat et sans condition, et les moyens de l’obtenir

L’objectif immédiat de la France doit être d’obtenir un cessez-le-feu sans condition, le retrait des troupes russes et l’ouverture de négociations sous égide de l’ONU. C’est le sens de la résolution votée à l’ONU le 2 mars.

Les pressions et sanctions politiques, économiques et financières contre l’oligarchie doivent contraindre le régime de Poutine à arrêter la guerre. Nous distinguons les sanctions (mesures fortes et ciblées contre l’oligarchie) de la logique de blocus (arrêt des importations) qui serait une punition collective contre le peuple russe.

Tous les leviers diplomatiques possibles pour parvenir à un cessez-le-feu doivent être actionnés.



• Souveraineté et intégrité territoriale de l’Ukraine

Le respect des souverainetés et intégrités territoriales est un fondement du droit international. La paix et la fraternité entre les peuples, l'union des travailleurs du monde entier pour leur émancipation, les libertés, souveraineté et indépendance des peuples sont constitutifs de l’engagement et de la visée communistes.

La guerre engagée par V. Poutine viole le droit international. Nul ne peut remettre en cause l’indépendance et la souveraineté de l’Ukraine.

La position du Parti communiste d’Ukraine (KPU) est claire : il défend une Ukraine fédérale et une évolution de la Constitution du pays afin de doter les régions qui le demandent de prérogatives en matière de politiques économiques et sociales au plus près des populations.


• Soutien au peuple ukrainien et aux pacifistes russes

Le gouvernement de Poutine porte seul la responsabilité de cette guerre. C’est lui qui fait le choix de violer le droit international. C’est lui qui provoque destructions, morts, blessés et exilés. Le peuple ukrainien est l’agressé. L’aide au peuple ukrainien doit être concrète, dans les domaines économiques, humanitaires, médicaux, culturels, et envers les réfugiés.

L’Ukraine a le droit de se défendre. Le PCF s'oppose toutefois à ce que la France livre des armes en Ukraine : ce serait ajouter de « la guerre de la guerre », c'est-à-dire qu'au lieu de porter les efforts sur le champ diplomatique cela reviendrait à donner les moyens de la poursuite du conflit. Or la solution au conflit n’est pas militaire, mais politique. Chaque jour supplémentaire de guerre est un jour de destruction : l'urgence est d'arrêter les combats, de faire taire les armes pour ouvrir dans la foulée des négociations politiques sous égide de l'ONU.

Le droit international interdit formellement de livrer des armes aux belligérants d'un conflit. En le faisant, la France entrerait, du point de vue de l'agresseur, dans la guerre. De plus, la France ni aucun pays ne dispose de moyens de s'assurer que ces livraisons n'alimenteront pas ensuite des réseaux de mercenaires ou terroristes. Si des armes sont livrées, de quelle nature seront-elles ? qui les acheminera et comment ? compte tenu des forces en présence sur le terrain, comment s’assurer qu’elles seraient bien remises à leur destinataire déclaré, à savoir l’armée ukrainienne ? qui les utilisera et contre qui ?

Le peuple russe pour sa part ne peut être confondu avec son régime et son président. Nous dénonçons et nous inquiétons de la montée de la russophobie en Europe. Nous exprimons notre solidarité avec celles et ceux qui partout en Russie manifestent courageusement contre la guerre en Ukraine et la répression politique. Tout-e opposant-e, toute critique de la politique de V. Poutine encoure désormais 15 ans de prison. La censure interdit à la presse de mentionner le terme même de « guerre ».

La « comparaison » avec la guerre d'Espagne est erronée : la guerre d'Espagne fut une guerre civile provoquée par la rébellion, le putsch, des forces armées espagnoles, emmenées par le Gal Franco, contre le gouvernement légal espagnol et la Deuxième république. Il ne s'agissait pas d'une guerre d'invasion par un pays voisin comme c'est le cas en Ukraine.



• Éviter l’escalade guerrière

L’idée de « zone d’exclusion aérienne » (ZEA, en anglais : no fly zone) est portée dans le débat par ceux qui considèrent qu'il faut prendre le risque d'une entrée en conflit militaire avec la Russie. Nous nous y opposons. Fermement. Une ZEA n'est pas selon le droit de la guerre et le droit international une mesure de protection des populations, ce n'est pas une mesure humanitaire ; une ZEA est une action militaire, une manœuvre au sens strict qui s'inscrit dans une stratégie et un plan de campagne militaire. Cela signifierait par conséquent l’entrée de l’OTAN et de la France en guerre contre la Russie et donc ce serait un pas significatif dans l'escalade militaire et l'internationalisation du conflit.

Le peuple ukrainien serait la première victime d'une telle décision qui n'a pas pour objectif d’arrêter la guerre et n'empêcherait en rien les bombardements de l'armée russe des villes ukrainiennes à l’artillerie.



• Sur l’entrée de l’Ukraine dans l’UE

Les Ukrainiens sont un peuple européen, tout comme le peuple russe. Ils ont parfaitement le droit de demander leur adhésion à l’UE ; mais, comme pour tous les autres peuples, celle-ci doit répondre à des conditions fixées par l'UE. Le processus d'adhésion est donc de longue durée. Dans l’état actuel des choses, l’UE ne reconnaît pas l’État ukrainien comme une démocratie répondant aux critères d’adhésion (dits critères de Copenhague). Une procédure « accélérée » ne répondrait en rien à la situation de guerre.

Qui plus est l'adhésion aujourd'hui de l’Ukraine à l’UE signifierait la généralisation du conflit aux pays membres de l'UE puisque le traité de Lisbonne a introduit, par son article 42.7, une clause de « défense mutuelle ». Celle-ci stipule qu' « au cas où un État membre serait l'objet d'une agression armée sur son territoire, les autres États membres lui doivent aide et assistance par tous les moyens en leur pouvoir ».

Par ailleurs, l’expérience atteste que l’élargissement de l’UE ne constitue en soi pas la meilleure manière d’initier une nouvelle construction européenne au service des peuples, et non plus de la finance.


• En aucun cas, une « guerre de civilisation »

Il ne s’agit en aucun cas d’une guerre entre l’ « autoritarisme » et la » démocratie ».

Les causes de cette guerre entre deux pays de type capitaliste périphérique sont d’ordre géopolitiques et stratégique. Elles sont également liées aux contradictions du régime capitaliste russe, à la fois dépendant des marchés énergétiques mondiaux et recherchant de plus en plus l’autosuffisance. Le capitalisme russe a besoin de nouvelles ressources, notamment agricoles.

Oui, le gouvernement russe est autoritaire et ultra-nationaliste. Les mesures qu’il prend désormais en Russie sont d’ordre dictatorial et il poursuit inlassablement le verrouillage de la société russe. Nous devons soutien et solidarité aux forces démocratiques et particulièrement de gauche qui se lèvent contre le régime.

D'autre part, et selon les critères de l'UE jusqu'au 24 février... l’État ukrainien ne remplit pas les « critères de Copenhague » (critères d’adhésion à l’UE) et n'est donc pas reconnu, selon les institutions européennes elles-mêmes, comme une « démocratie ». Le classement des démocraties de The Economist le place parmi les « régimes hybrides », entre démocratie et autoritarisme. La place des services de sécurité est aussi importante qu’en Russie. Des médias d’opposition ont également été interdits. Des militants de gauche pacifistes ont également été arrêtés depuis le début de la guerre. Le poids des milices d’extrême droite, est sensible puisque, par exemple, l’ancien chef du bataillon d’extrême droite Aïdar est devenu gouverneur d’Odessa ce 1er mars.



• Aide à tou-te-s les réfugié-e-s est un devoir et une responsabilité collective

Le HCR de l’ONU prévoit que la guerre va contraindre à l’exil plus de 5 millions d’Ukrainiens (soit, plus de 10 % de la population totale du pays) ; à cette heure, leur nombre atteint les 2,5 millions.

L’UE a annoncé la mise en place une « protection temporaire » pour eux, en application d’une directive européenne de 2001. Cette disposition, d’une durée d’un an, comprend : un droit de séjour, l'accès au marché du travail, l'accès au logement, l'aide sociale, l'aide médicale, un droit à la tutelle légale pour les mineurs non accompagnés ainsi que l'accès à l'éducation. Nous nous félicitons de cette mesure et nous entendons contribuer significativement à l'accueil et l'aide aux réfugiés par l'engagement de nos militant-e-s, élu-e-s, et au sein des collectivités où nous siégeons que nous soyons dans la majorité ou l'opposition.

Nous relevons que l’UE a toujours refusé d’appliquer cette possibilité aux réfugiés extra européens malgré les demandes de plusieurs de ses Etats-membres comme Malte et l’Italie en 2011 au moment de la guerre en Libye. Ce deux poids-deux mesures est non seulement une atteinte aux droits humains fondamentaux et au droit international mais inadmissible sur le plan politique. Cela confirme que la protection des réfugiés est possible, à rebours de « l’Europe forteresse » qui a causé la mort de dizaines de milliers de réfugié-e-s et migrant-e-s dans les eaux de la Méditerranée, de la Manche et de la mer d'Anjouan depuis 2011.


2- Résoudre les causes profondes du conflit et jeter les bases d'une sécurité collective paneuropéenne

• Comment porter l’exigence de sécurité collective européenne contre la logique de blocs antagonistes ?

L’ONU doit jouer son rôle. La France a une voix singulière à faire entendre, en faveur de la sécurité humaine et de la paix, du droit international et de la coopération solidaire des nations et des peuples. En toute souveraineté, elle doit jouer un rôle moteur et actif dans la sortie rapide du conflit.

Cette guerre est un échec criant pour la sécurité collective européenne. Cela montre que la manière dont elle a été construite est incapable de maintenir la paix en Europe. L’OTAN et la logique de blocs antagonistes sur laquelle l’alliance est bâtie n’évitent pas la guerre et ne répondent pas aux défis de la sécurité collective. Le rôle de l’OTAN doit donc être requestionné dans le cadre d’une conférence globale de sécurité européenne, incluant la Russie et l’Ukraine, mettant en négociation la construction d’une nouvelle architecture commune pan-européenne de sécurité collective et de paix. Il sera nécessaire, dans ce cadre, de revoir totalement la sécurité collective de l’ensemble des pays européens et poser la nécessité de remettre en cause l’OTAN.



• Le désarmement multilatéral et global est une nécessité pour tous les peuples. Il s'agit d'amorcer une dynamique de désarmement nucléaire multilatéral.

Le démantèlement progressif des accords sur l’armement est l'un des éléments de l’engrenage qui a conduit à la guerre en Ukraine. Il est nécessaire d'engager rapidement un processus inverse par un désarmement multilatéral et global, l’arrêt de l’augmentation des budgets militaires et la dénucléarisation dans le monde. Le traité international d’interdiction des armes nucléaires (TIAN) de l’ONU, entré en vigueur en janvier 2021, nous fournit un cadre que la France doit saisir pour être à la hauteur de ses responsabilités. La France doit assister comme observatrice de la première réunion internationale des signataires du traité qui doit se tenir à l'été 2022 – L'Allemagne et la Norvège, non signataires du traité à cette heure, viennent d'annoncer leur participation comme pays observateurs.

Contrairement à ce qui se dit sur les plateaux de télévision, il existe dans l’histoire récente des processus négociés de réduction des armements stratégiques entre les États-Unis et l’URSS, puis la Russie : les accords START I de 1991, START II de 1993, START III de 1997 et NEW START de 2010.



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« Comment en est-on arrivé là ? »

L’Ukraine partage avec la Russie un berceau médiéval commun. C’est une société pluriculturelle et bilingue. Le sentiment national ukrainien se cristallise au XIXe siècle autour de la question paysanne. Il se divise en plusieurs tendances. On peut citer :Un courant national progressiste, combinant émancipation sociale, démocratique et nationale, qui est celui des débuts de l’expérience soviétique. La position du gouvernement soviétique en 1919 stipule : « L’Ukraine est la terre des ouvriers et des paysans travailleurs ukrainiens. Ce sont seulement eux qui ont le droit de gouverner et de diriger en Ukraine et y édifier une vie nouvelle ».Un nationalisme ethniciste, russophobe, qui sombre dans l’antisémitisme. C’est le cas, mais pas uniquement, des troupes nationalistes de Simon Petlioura (1918-1919), puis de l’Organisation nationaliste ukrainienne de Stepan Bandera, clairement fasciste, de l’Armée insurrectionnelle ukrainienne et de la division SS « Galicie », dont les symboles ont aujourd'hui à nouveau pignon sur rue en Ukraine.

Indépendances, restauration capitaliste et nationalisme

La dislocation de l’URSS en 1991 s’accompagne de la restauration capitaliste et de l’essor des nationalismes, en Russie et en Ukraine.

En Russie

Le capitalisme est de nature rentière, fondée sur la captation des richesses produites par les hydrocarbures. Le fait national russe joue un rôle déterminant dans la chute de l’URSS. Il puise dans le nationalisme « grand russe », que dénonçait déjà Lénine. Poussé à l’extrême, ce nationalisme dénie à l’Ukraine et à la Biélorussie le droit à l’indépendance et à l’autodétermination des peuples.

Depuis 2008, le gouvernement russe enclenche un programme de réarmement et instaure une nouvelle doctrine d’emploi nucléaire en 2020.

En 2014, le régime de Vladimir Poutine, pour sortir d’une crise intérieure grave, annexe unilatéralement et illégalement la Crimée. Le pouvoir accroît son autoritarisme et la répression contre les opposants et prend désormais des mesures dictatoriales. Ses liens avec l’extrême droite européenne sont documentés.

En Ukraine

La restauration capitaliste a pour conséquence la mise en place d’un système d’arbitrage, assez instable, entre les différentes fractions de l’oligarchie. En 30 ans, le PIB ukrainien par habitant a reculé de 25 %. Le pays a subi un déclassement massif. Son niveau de PIB par habitant est désormais inférieur de 31 % à la moyenne mondiale.

Le fait national ukrainien s’impose peu à peu aux divisons linguistiques. Le pouvoir oligarchique utilise le nationalisme comme outil politique. Le poids des nationalistes d’extrême droite, et de leurs milices, ne cesse de se renforcer, singulièrement depuis 2014 et Maidan.

La sécurité collective européenne dans les années 1990

1990 : charte de Paris

Le sommet de Paris, réunissant 34 États européens, adopte une charte « pour une nouvelle Europe » stipulant « l'ère de la confrontation et de la division en Europe » « révolue » : « Nous déclarons que nos relations seront fondées désormais sur le respect et la coopération. »

1994 : Mémorandum de Budapest

L’Ukraine et la Russie reconnaissent mutuellement l’intégrité de leurs frontières.

L’Ukraine est dénucléarisée, en échange de quoi la Russie s’engage à « s'abstenir de toute menace ou usage de la force contre l'Ukraine ». La Russie et l’Ukraine signent un traité d’amitié en 1997.

Après la dissolution du pacte de Varsovie, des opportunités historiques se sont ouvertes pour se débarrasser de l’affrontement des blocs et ouvrir la voie au désarmement. L’OTAN aurait dû être dissoute mais c’est tout le contraire qui a été fait.

Expansion et renforcement de l’OTAN

Différents documents récemment déclassifiés par Der Spiegel montrent qu'au moment de la réunification allemande (1990), un engagement tacite a été pris vis-à-vis de la Russie de ne pas étendre l’OTAN « au-delà de l’Elbe », offrant ainsi des garanties aux Soviétiques.

Entre 1999 et 2004, Bill Clinton permet l’adhésion de 12 pays de l’ancien bloc de l’Est à l’OTAN, parmi lesquelles d'anciennes républiques soviétiques. Cet élargissement a été critiqué par des membres de l’administration américaine : George Kennan, théoricien de la guerre froide, dit en 2000 que « l’élargissement de L’OTAN vers l’Est peut devenir la plus fatale erreur de la politique américaine depuis la guerre ». Robert Gates, ex-directeur de la CIA puis chef du Pentagone, reconnaît en 2014 que cette stratégie « fut une erreur » en regrettant « l’arrogance » occidentale.

2008 : Au sommet de l’OTAN de Bucarest, l’adhésion de l’Ukraine et de la Géorgie à l’OTAN est remise « ultérieurement », en particulier du fait de l’opposition française et allemande. C'est donc que cette adhésion était bien, alors, déjà à l'ordre du jour.

A partir de 2010, l’OTAN amorce une implantation militaire dans certains des pays d’Europe de l’Est par le déploiement du « bouclier anti-missile ». Ce mouvement est interprété par la Russie comme un geste agressif.

En 2016, au sommet de l’OTAN de Varsovie, l'Alliance finalise l'installation de bataillons multinationaux dans les pays baltes et en Pologne.


Réactions russes

En 2008, le président russe Dmitri Medvedev propose la négociation d’un traité de sécurité collective pan-européen. Il ne recevra aucune réponse des pays occidentaux. La Russie s’inquiète dès lors de l’expansion et du renforcement de l’OTAN. Et, la même année, Vladimir Poutine déclare : « L’apparition d’un bloc puissant à nos frontières est considérée en Russie comme une menace directe contre notre sécurité ».

Le renforcement de l’OTAN agira comme l'un des carburants du raidissement nationaliste du régime russe.

Détricotage des accords sur l’armement

En 2019, les États-Unis se retirent unilatéralement du Traité international sur les forces nucléaires de portée intermédiaire (FNI/INF) immédiatement suivis par la Russie.

Les arsenaux nucléaires américains et russes représentent à eux deux 90 % du total mondial. La Russie en possède 6 000 têtes nucléaires et les États-Unis 5 500.

Entre 1 600 et 1 800 têtes nucléaires sont actuellement effectivement déployées.

Évolutions en Ukraine

En 2014, des manifestations place Maïdan motivées par des revendications sociales et démocratiques, férocement réprimées dans le sang, seront infiltrées massivement par des forces d’extrême droite aux visées insurrectionnelles, sur lesquelles s'appuie le gouvernement ukrainien. Lors des émeutes, un incendie criminel, resté impuni, éclate dans la Maison des syndicats d'Odessa faisant 43 morts. Ianoukovitch est destitué et fuit le pays. Le pouvoir ukrainien dirigé par Petro Porochenko à partir de juin 2014 déclenche de premières actions militaires visant les populations russophones de l'est de l'Ukraine : la guerre du Donbass commence. La même année, pour taire toute opposition démocratique, P. Porochenko introduit une procédure d’interdiction du Parti communiste d’Ukraine (KPU).

La Russie annexe unilatéralement la Crimée, région multiculturelle et plurilingue. Partie de la Russie soviétique, elle a été cédée à l’Ukraine soviétique en 1954, lors du 300e anniversaire du traité rattachant une partie de l’Ukraine actuelle à la Russie.

Après les indépendances, la Crimée proclame brièvement son indépendance en 1992 avant de reconnaître son appartenance à l’Ukraine dans un cadre de large autonomie. La Russie reconnaît ce rattachement en 1997.

Après l’annexion par la Russie en 2014, l’Ukraine bloque l’acheminement de l’eau du Dniepr.

Dans le Donbass, deux républiques autoproclamées font sécession à Donetsk et à Lougansk. La guerre civile ukrainienne a fait près de 15 000 morts depuis 2014, et 1,5 million de réfugiés ont quitté la région. Les bataillons d’extrême droite ukrainiens se livrent à des exactions effroyables sur les populations et plus de 5 000 plaintes sont adressées à la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) mais jugées « irrecevables ».

2015 : avec les accords de Minsk, un cessez-le-feu est enfin conclu, comprenant une dimension politique et sécuritaire pour les populations du Donbass. Les accords de Minsk sont garantis par la Russie, l’Ukraine, l’Allemagne et la France dans le « groupe Normandie » (les premiers contacts avaient été pris lors des commémorations du Débarquement). Le gouvernement ukrainien s’engage à mettre en place un « statut spécial » pour le Donbass et à l’inscrire dans la constitution ukrainienne. Il ne le fera jamais.

2019 : l’Ukraine dénonce le traité russo-ukrainien de 1997 et inscrit dans la constitution la perspective de rejoindre l’UE et l’OTAN ; mais ces derniers déclarent que cela est impossible à court terme.

Au cours des années 2020 et 2021, des tensions extrêmes réapparaissent dans le Donbass mais aucun pays occidental n’agit réellement pour l’application des accords de Minsk. La Russie commence à masser des troupes aux frontières. Dans la même période, les États-Unis et plusieurs pays européens parmi lesquels la Grande-Bretagne et la France fournissent à Kiev des armes et du matériel militaire ; les livraisons se dérouleront jusqu'à la veille du déclenchement de la guerre, le 24 février, par la Russie.

2022 : La Russie amplifie la concentration de troupes à la frontière. Parallèlement, elle réitère une offre de traité de sécurité collective qui n’est pas prise en considération par les pays occidentaux.

La Conférence sur la sécurité du 18 au 20 février à Munich ne débouche sur aucune solution.

Le 21 février, dans un discours violent où il dénie à l’Ukraine son droit même à l’existence en tant qu’État, Vladimir Poutine reconnaît l’indépendance des républiques sécessionnistes du Donbass. Il déclare la guerre contre l’Ukraine le 24 février.



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Communiqué de Fabien Roussel, secrétaire national du PCF, 24 février 2022 :
https://www.pcf.fr/ukraine_non_a_la_guerre_la_france_doit_porter_urgemment_une_offre_de_paix_pcf

Cartes : https://information.tv5monde.com/info/l-ukraine-theatre-perilleux-de-la-rivalite-entre-l-otan-et-la-russie-436905

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ANNEXE – Sélection de communiqués du PCF, les deux numéros spéciaux sur l'Ukraine du bulletin du secteur International du PCF (LRI) et d'articles parus dans CommunisteS ou dans la LRI (2014-2022)

LRI février 2014: https://fr.calameo.com/read/002838012e677ec06474a

LRI avril 2015 : https://vdocuments.fr/ukraine-comprendre-les-enjeux-lri-.html?page=1


Le PCF se réjouit qu'un accord ait été trouvé à Minsk (Biélorussie) entre toutes les parties prenantes à la crise ukrainienne afin d'instaurer un cessez-le-feu dès dimanche 15 février. C'est pour les populations ukrainiennes un espoir qu'il ne faut pas gâcher.

La feuille de route préparée par le Groupe de contact a été signée par les représentants de Kiev et de ceux du Donbass, sous l'égide de la Russie et de l'OSCE. Le premier point de l'accord porte sur un cessez-le-feu qui entrera en vigueur le 15 février à minuit. Le deuxième point vise au retrait des belligérants et des armes lourdes avec la création d'une zone tampon.

Il est important que cet accord entériné en présence du président ukrainien Petro Porochenko, du président russe Vladimir Poutine, de la chancelière allemande, Angela Merkel, et du président François Hollande entre effectivement en vigueur et que chacun veille à ce que le cessez-le-feu soit respecté.

Ceux qui faisaient pression pour la livraison d'armes supplémentaires et l'élargissement du conflit en sont pour l'instant pour leurs frais. L'Accord de Minsk est la démonstration que seule une solution politique et diplomatique peut mettre un terme à un conflit qui ensanglante l'Ukraine depuis de trop longs mois, avec un bilan tragique de plus de 5 000 morts et un million de réfugiés.

C'est la preuve qu'on peut imposer le silence des armes et faire reculer les bellicistes dans tous les camps. C'est aussi la confirmation de la nécessité de garantir la neutralité de l'Ukraine.

Aujourd'hui, avec l'appui des peuples, des forces de progrès et du mouvement pacifiste, tout doit être entrepris pour la pleine application de ce nouvel accord de Minsk.

C'est cette vigilance et mobilisation pour la paix et le règlement politique du conflit, c'est la solidarité des peuples pour le retour à la paix qui aideront au respect des accords et le respect des engagements respectifs afin que les Ukrainiens retrouvent la maîtrise de leur destin ; car, après le cessez-le-feu, il faudra contribuer à ce que les Ukrainiens résolvent par la négociation sous égide de l'OSCE les questions qui sont au cœur du conflit, déterminent les solutions politiques permettant de garantir l'intégrité territoriale de l'Ukraine et de résoudre le problème du statut du Donbass en respectant la voix des citoyens ukrainiens.

Plus que jamais, il est temps de revivifier l'esprit d'Helsinki (1975) pour construire un cadre de paix, de coopération et de sécurité commune pour une Europe de « l'Atlantique à l'Oural ».


*CP- Février 2015 : Le PCF exprime sa solidarité au Parti communiste d'Ukraine (KPU), http://international.pcf.fr/80215



*ARTICLE Lettre des relations internationales – bulletin du secteur International du PCF

P. Kamenka – Février 2016 : Ukraine : un an après les accords de Minsk, quelle issue ?

La sortie de la crise ukrainienne reste pour l'heure introuvable, du fait du blocage par Kiev des accords de Minsk signés le 12 février 2015 entre l'Ukraine, la Russie, la France et l'Allemagne visant à mettre un terme au conflit qui a fait près de 9000 morts et un million et demi de déplacés.

Aggravation de la situation économique et politique

La guerre entre les oligarques ukrainiens perdure plongeant le pays dans une situation économique et sociale de plus en plus tendue dont la population fait les frais, avec un PIB en recul de 18% depuis deux ans. Sur le plan politique, ces guerres intestines ont conduit le Premier ministre ukrainien, Arseni Iatseniouk, dont le taux de satisfaction était tombé à 8%, à présenter sa démission au président Petro Porochenko. L'image du chef de l'Etat est, elle aussi, dégradée après les révélations des « Panama papers » sur les scandales de l'évasion de sa fortune vers les paradis fiscaux. Le tandem au pouvoir était clairement miné depuis des mois sur fond de détournement des prêts accordés par l'Union européenne et le FMI qui a déjà versé 6,7 milliards de dollars depuis le début de la crise en 2014.

Le pays est en quasi faillite ne devant sa survie qu'aux perfusions prodiguées par l'Occident. Volodymyr Groysman, qui succède à Arseni Iatseniouk, cherche à rassurer les bailleurs de fonds de l'Ukraine en affirmant la nécessité de mettre en place les réformes avec en priorité la poursuite « de l'intégration européenne ».

Mais pour nombre d'observateurs, le départ de Iatseniouk, homme lige des Occidentaux, est un signe de la perte de confiance de plusieurs capitales européennes devant le refus du président Petro Porochenko et de son gouvernement de réaliser les termes de l'accord de Minsk en particulier sur la décentralisation.

Les accords de Minsk dans l'impasse

Cette situation de blocage inquiète la France et l'Allemagne qui misaient sur une résolution de la crise en Ukraine au moment où la Russie est de plus en plus incontournable sur le dossier syrien. Mais l'échec est fondamentalement d'essence politique, avec un parlement ukrainien qui a rejeté toute idée de décentralisation sous la pression des formations ultranationalistes. La première lecture du projet de loi de décentralisation, en août 2015, avait débouché sur des émeutes devant le Parlement à Kiev : quatre policiers avaient été tués.

Sur le plan militaire, les accrochages subsistent entre les forces ukrainiennes et celles du Donbass, même si ils sont de moindre intensité depuis ces accords. Les deux parties s'installant de facto dans un climat de « ni guerre ni paix » de part et d'autre de la ligne de conflit dans cette ex-République soviétique de quelque 43 millions d'habitants.

Hormis les clauses sur les aspects militaires qui ne se sont que partiellement réglées, les accords politiques stipulaient qu'un statut spécial – une sorte d'autonomie – devait être attribué à l'Est de l'Ukraine (Donetsk et Lougansk), ce qui ouvrait la voie au contrôle par Kiev de la frontière entre l'Ukraine et la Russie (articles 9 et 11 de l'accord). Le point 4 de l'accord prévoyait également des élections locales libres, sous supervision de l'OSCE, dans les zones des républiques autoproclamées de Donetsk (DNR) et Lougansk (LDR). Ces dernières avaient accepté en octobre après la rencontre à Paris en formation « Normandie » (Russie, Ukraine, France, Allemagne) la demande de reporter les élections.

Sur le plan économique, depuis le 1er janvier, l'accord d'association entre l'UE et l'Ukraine signé en juin 2014 est entré partiellement en vigueur, alors que les accords de libre échange avec Moscou sont caducs. Des droits de douanes et un embargo sur certains produits ont été imposés par Moscou avec des pertes estimées à quelques 820 millions d'euros au détriment de l'Ukraine. Kiev a répliqué par la mise en place de droits de douanes sur les produits importés de Russie et le refus de rembourser la dette gazière de trois milliards d'euros. Les liaisons aériennes ont été suspendues entre les deux pays.

Dans le Donbass, la situation n'est guère plus facile pour les trois millions d'habitants dont les retraites ne sont toujours pas versées par Kiev et où le rouble russe supplante la grivna ukrainienne.

L'exigence d'un nouvel accord sur la sécurité en Europe

L’OTAN poursuit sa politique d'avancée vers l'espace ex-soviétique : les ministres de la Défense des 28 pays alliés viennent d'approuver « une présence avancée dans l'Est de l'Alliance » atlantique, selon le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg.

Il s'agit de prépositionner des forces dans les Etats baltes et en Pologne, et d'organiser régulièrement des manœuvres conjointes en s'appuyant sur la force de réaction rapide. À terme, l’OTAN aura un millier de soldats en Lituanie, Lettonie, Estonie, Pologne, Bulgarie et Roumanie.Une stratégie que Moscou dénonce comme un « stationnement permanent » de troupes combattantes à sa frontière jugé contraire à l'acte fondateur OTAN-Russie, signé en 1997.

L'aggravation d'une part de la situation politique et sociale à laquelle contribuent fortement les décisions arbitraires et liberticides de Kiev, tout comme les conséquences de l'application de l'accord d'association avec l'UE ; et d'autre part, l'impasse dans laquelle se trouvent les discussions de Minsk pour sortir du « conflit gelé » avec la Russie ; doivent contribuer à rechercher des solutions acceptables pour tous les peuples concernés. Celles-ci doivent trouver une matrice commune à la fois dans la mise en cause des contraintes ultralibérales d'accords d'association imposés unilatéralement et dans la nécessité de parvenir à débloquer la discussion avec la Russie, en allant vers un nouvel accord sur la sécurité en Europe.

Patrick Kamenka
Membre de la commission des relations internationales du PCF


*CP – 27 novembre 2018 : Crise du détroit de Kertch : pour une initiative diplomatique immédiate, http://international.pcf.fr/109371



*CP – 6 février 2019 : Non à la censure du Parti communiste d’Ukraine, oui au pluralisme en Ukraine ! http://international.pcf.fr/110317



*CP - 9 septembre 2019 : Russie/Ukraine: l’échange de 70 prisonniers doit être un pas en avant vers un règlement négocié, http://international.pcf.fr/112700



*CP – 8 décembre 2019

Sommet sur l'Ukraine : Le gouvernement français doit faire pression pour le retour à la paix (PCF)

Le sommet dit du «format Normandie» réunit aujourd'hui à Paris l'Ukraine, la Russie, l'Allemagne et la France. Il est temps d'aller au-delà des déclarations d'intention et de mettre en place des mesures concrètes pour mettre fin à un conflit meurtrier qui a fait au moins 13 000 morts et 1,5 million de déplacés depuis 2014 dans l'est de l'Ukraine. Il est urgent que cesse l'effusion de sang en Ukraine!

Le gouvernement ukrainien et le nouveau président Volodymir Zelinski, élu sur l'espoir d'un retour à la paix, ont de nombreuses cartes en main pour mettre en œuvre concrètement les accords de Minsk et la «formule Steinmeier». Le gouvernement français doit faire pression pour qu'il les utilise.

«Ouvrir un large dialogue pan-européen sur la paix, la coopération et la sécurité collective en Europe.»

Le PCF soutient les demandes suivantes, qui ont été à de nombreuses reprises formulées par le Parti communiste d'Ukraine et les forces de gauche et pacifistes ukrainiennes:

1. Pour l'ouverture d'un large dialogue national à l'échelle de l'Ukraine tout entière, en y incluant les territoires non contrôlés par Kiev à l'Est, de l'ensemble des forces sociales, citoyennes et politiques, pour déterminer le chemin d'un retour à la paix, les mécanismes pour un réel cessez-le-feu et les conditions pour obtenir un large accord citoyen dans le pays.

2. Pour la mise à l'ordre du jour de la fédéralisation du pays et de l'évolution de la Constitution du pays afin de permettre aux régions qui le demandent de pouvoir régler les problèmes humanitaires, économiques et sociaux au plus près des populations.

3. Pour l'ouverture d'un dialogue direct sur l'application des Accords de Minsk entre le gouvernement ukrainien et les représentants des territoires non contrôlés par Kiev dans les régions de Donetsk et de Lougansk.

4. Pour la neutralité de l'Ukraine, afin de la soustraire à l'influence de l'OTAN.

La question est désormais posée d'ouvrir un large dialogue pan-européen sur la paix, la coopération et la sécurité collective en Europe, en y incluant la Russie.

Le PCF appelle à ce que les déclarations d'Emmanuel Macron sur la nécessité d'un «dialogue stratégique» avec la Russie soient suivies d'effets. L'heure est à une conférence sur le modèle de celle d'Helsinki débouchant sur un traité pan-européen de coopération, de paix et de sécurité collective.

Le PCF appelle au départ de la France de l'OTAN et à la dissolution de ce dernier. C'est urgent et nécessaire pour stopper la course aux armements et les bruits de bottes en Europe!

Parti communiste français
Paris, le 8 décembre 2019


*ARTICLE paru dans CommunisteS – 15 février 2022 : https://www.pcf.fr/europe_orientale_la_france_doit_prendre_l_initiative_d_une_conference_de_sec urite_collectiv

Sommet de Madrid : Vers une stratégie guerrière globale



Du 28 au 30 juin, quarante chefs d’État se sont réunis à Madrid pour le sommet de l’OTAN. Dans une atmosphère feutrée, loin du fracas des armes, ils n’ont pourtant parlé que de cela. Plusieurs questions cruciales étaient inscrites à l’ordre du jour dans un contexte de guerre en Ukraine. Cette réunion, dans un climat d’inquiétude et de demande d’OTAN notamment dans les pays baltes et en Pologne, a clairement désigné la Russie comme un ennemi alors que l’adhésion de la Finlande et de la Suède était examinée. Les rapports avec la Chine qualifiés de « défi systémique » étaient également au cœur des réflexions.

Il y a deux ans pourtant, E. Macron parlait, à propos de l’OTAN, de « mort cérébrale » tandis que D.Trump la jugeait « obsolète ». Madrid célèbre désormais l’unité, la solidarité et la solidité de l’institution. V. Poutine a été de toute évidence le fédérateur de ces évènements. Il souhaitait affaiblir l’OTAN, il l’a ressuscitée.

La guerre en Ukraine
La guerre et le soutien à Kiev ont été la grande affaire de ce sommet même si l’OTAN n’est pas directement impliquée dans le conflit. Pour autant, depuis l’annexion de la Crimée (2014), l’OTAN n’est jamais restée passive et avec l’invasion de l’Ukraine par les troupes russes, elle apporte au régime de V. Zelensky un soutien politique massif. Cependant, ce sont surtout les États qui fournissent les aides matérielles.

En 2010, la Russie était considérée comme un partenaire avec qui il fallait coopérer. Aujourd’hui, elle est devenue une menace. Alors que les armées russes s’installent durablement dans le Donbass, mais pas vraiment au-delà, ces affrontements risquent de durer puisqu’il n’y a pas de compromis possible, à ce jour, entre l’Ukraine et la Russie. Le sommet a examiné les divers moyens d’endiguer cette offensive attisant même les tensions dans les zones d’escalade possibles (Kaliningrad) pouvant mettre le feu à l’Europe.

De manière moins sensible que par le passé, deux lignes étaient perceptibles chez les occidentaux. On a distingué le camp de ceux qui veulent la victoire finale de l’Ukraine (États-Unis, Grande-Bretagne, Pologne, pays baltes…). La formule de B. Johnson résume à elle seule cette perspective : « Toute tentative de régler le conflit maintenant ne ferait que causer une instabilité durable ». Au regard du contexte, sur un mode mezzo voce, la France a considéré qu’il fallait poursuivre le dialogue et négocier avec la Russie.

L’adhésion de la Finlande et de la Suède
Cette situation nouvelle est incontestablement une réaction à l’offensive russe. Certes, ces deux pays neutres bénéficient, comme membres de l’Union européenne, d’une clause de défense (art.42.7) jugée insuffisante puisqu’ils demandent à se placer sous la protection américaine au sein de l’OTAN. Mais, ne nous y trompons pas, la coopération avec l’Alliance n’est pas vraiment une nouveauté.

Cette adhésion a rencontré dans un premier temps le veto de R.T. Erdogan qui, comme cela en devient l’usage, a utilisé le chantage pour obtenir des concessions toutes à son avantage. Il a fait monter les enchères contre les Kurdes du PKK (Turquie) et du PYD (Syrie), engagés dans la lutte contre Daesh, et obtenu la possibilité d’extradition de réfugiés politiques, la levée de l’embargo sur des ventes d’armes voire un feu vert pour l’invasion du Rojava. Fort de ses gains, bien au-delà de ses espérances, il a levé son opposition au processus d’adhésion qui devra cependant être officialisé au cours d’une longue procédure.

De toute évidence, ces adhésions constituent un atout pour l’OTAN. Elle disposera d’une profondeur stratégique en mer Baltique et d’une capacité militaire renforcée sur le flanc nord intensément disputé avec le réchauffement climatique du Pôle.

Pour autant, ces adhésions, comme le soulignait le sénateur Pierre Laurent en commission des Affaires étrangères, « n’éloignent pas la Finlande et la Suède du front, mais elles deviennent le front ». Cette nouvelle intégration traduit la permanence de la logique de confrontation d’autant que la garantie de sécurité de l’OTAN est d’abord et avant tout celle des États-Unis.

Une nouvelle ère stratégique
Le sommet a adopté un document de référence fixant les orientations pour une décennie. Il y est rappelé que l’OTAN est une alliance militaire et nucléaire et que s’ouvre une « nouvelle ère de compétition stratégique ». L’objectif est de passer d’un rôle régional à un rôle global, puisque l’alliance aurait désormais vocation à intervenir sur toutes les latitudes notamment face à la Chine.

Dans cette perspective, l’augmentation des dépenses militaires a été au centre des discussions. Pour le secrétaire général de l’OTAN, les 2% ne sont plus un plafond mais un plancher. Il y a ainsi une volonté très forte d’accroître tout à la fois le budget commun et celui des États.

Le temps est donc à l’euphorie de l’unité mais l’inquiétude demeure sur la durée de cette lune de miel avec les États-Unis. La question de la cohérence interne de l’alliance n’est pas résolue. Combien de temps les alliés seront-ils capables de s’entendre ?

La question des partenariats de l’OTAN était également à l’ordre du jour. Le renforcement des liens entre l’Union européenne et l’Alliance a semblé se régler sous la pesanteur des circonstances, éludant pour un temps le débat sur l’autonomie stratégique européenne c’est-à-dire la capacité de l’Union à prendre en main son destin en matière de défense. Moins médiatique mais tout aussi déterminant, l’approfondissement des relations de l’OTAN avec le secteur privé afin de promouvoir des technologies militaires émergentes.

Enfin des inquiétudes ont vu le jour chez des partenaires du front Sud de l’OTAN (Espagne, Italie, Grèce voire France) sur le peu d’attention portée aux menaces en Méditerranée, notamment orientale, au regard des coups de boutoir permanents de la Turquie.

En Europe : changement de système de défense
Ce sommet marque l’un des plus importants changements du système de défense depuis la fin de la guerre froide se traduisant par un renforcement de la présence de l’OTAN sur le front Est de l’Europe.
Les effectifs de 40 000 hommes seront portés à 300 000 au travers de la Force de Réaction (NRF). Huit nouveaux groupements tactiques seront déployés dans les pays baltes, en Bulgarie, en Hongrie, en Slovaquie et en Roumanie. Les États-Unis renforceront leurs contingents en Pologne, enverront une quarantaine de F35 au Royaume-Uni et deux destroyers en Espagne.

Ce retour, très conséquent, ne sera pourtant pas au niveau de celui de la guerre froide. Si le réinvestissement américain apparaît comme la conséquence de l’invasion de l’Ukraine, il s’inscrit dans une stratégie à plus long terme et autrement plus déterminante aux yeux de Washington, celle visant la Chine.

« La Chine un défi systémique » : un piège pour l’Europe
La présence du Japon, de la Corée du Sud, de l’Australie et de la Nouvelle Zélande lors de ce sommet, alors que ces pays ne sont pas membres de l’OTAN constitue un signe évident de placer la Chine au centre d’une stratégie de containment. Pour Washington, Pékin passe avant Moscou.

Il y a deux ans, la Chine était mentionnée au sommet de l’OTAN, pour la première fois et ce, en dépit des vaines résistances opposées par la France et l’Allemagne. Les deux capitales rappelaient que la zone d’action de l’OTAN devait être circonscrite à la zone euro-atlantique. Depuis, l’Union européenne a déclaré que la Chine était un « rival systémique ».

Le fait de mentionner la Chine dans une déclaration de l’OTAN, alors que Pékin n’est pas un adversaire militaire est déjà une victoire pour les États-Unis. Pour J. Biden, la guerre en Ukraine est une formidable opportunité pour atteindre ses objectifs, à savoir recruter l’Europe dans sa croisade contre la Chine. Ainsi, l’agenda américain peut avancer plus rapidement dans la perspective de muer l’Alliance en instrument militaire du « choc des civilisations ».

Washington pare cette offensive d’une justification idéologique, celle d’une alliance des démocraties contre les régimes autoritaires (Chine, Russie, Iran). Cette stratégie masque des intérêts plus pragmatiques, celle de la compétition systémique avec la Chine pour la suprématie mondiale. L’Europe n’a rien à gagner dans ces affrontements et cela constitue même un piège dangereux. Est-ce le modèle que l’on veut pour l’Europe d’un Occident contre le reste du monde ? La réaction des pays africains face au conflit en Ukraine devrait nous alerter. Cette vision du monde est celle des États-Unis et de l’OTAN qui militarisent les défis politiques. S’il existe des divergences sérieuses avec la Chine sur nombre de dossiers, présenter ce pays comme une menace, antagoniser toutes les relations ne peut qu’accentuer des clivages lourds de menaces.

Dans le contexte de guerre en Ukraine, il est devenu plus difficile de résister à J. Biden qui en profite pour faire taire les oppositions et impose un alignement inconditionnel. Le piège est cynique et cela pourrait constituer une future tragédie que de s’y plier.

L’attitude de la France
Paris, sur la plupart des dossiers, a manifesté son accord inconditionnel avec Washington ou a capitulé. Favorable à l’adhésion de la Finlande et de la Suède, elle a tu ses exigences de poursuivre le dialogue avec la Russie et s’est conformée à la volonté américaine sur la Chine. L’opacité est également de mise sur les concessions faites à la Turquie contre nos alliés Kurdes.

La France a réitéré son engagement à livrer des armes à l’Ukraine (véhicules blindés, canons Caesar voire des missiles Exoset). Elle s’est montrée en revanche plus réservée sur l’augmentation du budget qui pourrait se traduire par l’achat de matériels américains et d’équipements non nécessaires.

De toute évidence, ce sommet de l’OTAN marque un tournant dangereux, une escalade guerrière tournant le dos à la diplomatie et à la recherche de la paix équitable et durable. Les conséquences risquent d’être funestes. La sortie de l’OTAN et l’existence même de cette organisation obsolète sont posées si l’on veut contribuer à bâtir une nouvelle architecture de sécurité collective en Europe et dans le monde.

Pascal Torre
responsable-adjoint du secteur international du PCF
chargé du Maghreb et du Moyen-Orient


Rompre avec l’OTAN pour assurer la sécurité collective




La question de l’OTAN est un enjeu international de première importance, sur fond de bruits de botte et de montée des tensions internationales que ce soit à l’Est de l’Europe ou dans la zone indo-pacifique, de la stratégie OTAN 2030, et des discussions sur la « boussole stratégique » de l’Union Européenne, dont une première version est en cours de discussion. Les prochains mois seront émaillés d’échéances importantes : comme la publication d’une nouvelle déclaration conjointe UE-OTAN en décembre, la tenue d’un sommet européen sur les questions de défense durant la présidence française du conseil de l’UE et le prochain sommet de l’OTAN prévu à Madrid en juin 2022.

Surtout, la question n’est pas uniquement celle de documents stratégiques et de réunions aux sommet. L’histoire a montré que les discours va-t’en guerre peuvent rapidement se transformer en étincelles aux conséquences incontrôlables. Quand le vieux Caton répète qu’il faut aller détruire Carthage, l’impérialisme romain finit déclencher le conflit. On ne veut pas la paix en préparant la guerre. La situation est donc très dangereuse. L’expulsion de diplomates de l’ambassade russe auprès de l’OTAN, ayant entraîné la décision prise par Moscou de fermer cette dernière ou encore la demande formulée par les gouvernements atlantistes de Pologne, de Lituanie et de Lettonie d’activer l’article 4 de l’OTAN en prenant prétexte de l’instrumentalisation dramatique, indigne et honteuse des migrants aux frontières biélorusses sont autant de nouvelles étapes franchies dans la montée des tensions.

Tout cela fait de la question de l’OTAN un enjeu immédiat et très important de la campagne présidentielle et législative de 2022. Le PCF et son candidat Fabien Roussel mettent dans le débat public des propositions précises, aptes à faire bouger les lignes à gauche et dans la société française. Les contradictions qui s’exercent en Europe sur la question de l’OTAN, qui se sont cristallisées avec l’affaire de l’alliance AUKUS, rendent possible de donner à nos propositions une dimension nouvelle.

Sortir de l’OTAN, cet outil de l’impérialisme atlantiste, est non seulement une nécessité historique, mais une urgence politique. La sortie de la France du commandement militaire intégré de l’alliance atlantique en est une première étape. C’est possible. La France l’a déjà fait en 1966.

Une telle démarche doit se compléter d’une alternative concrète. Celle de la sécurité collective des peuples et des nations. La France doit ouvrir la perspective d’un nouveau traité de paix, de coopération et de sécurité collective en proposant un tel objectif aux pays européens et à leurs voisins, jusqu’à la Russie, entre autres. Soyons clair : il ne sera pas possible que cela soit réalisé dans le cadre des mécanismes de l’Union Européenne où pèse lourd le poids des gouvernements pro-américains d’Europe de l’Est, dans le paysage politique actuel. Il s’agira donc d’une démarche proposée aux Etats volontaires et à leurs citoyens. Ce traité devra mettre à plat l’ensemble des sujets de tensions, par exemple avec la Russie. La négociation sera sans doute longue. L’acte final de la conférence d’Helsinki a nécessité quatre ans de discussions. Mais ce qui a été possible en pleine guerre froide l’est également aujourd’hui. Ce traité, négocié dans le cadre d’une conférence « pan-européenne », dans laquelle les mouvements citoyens auront un rôle à jouer, sera une pierre importante dans la construction d’une véritable sécurité collective humaine, et dans celle d’une sorte de maison commune allant de Paris à Moscou de paix, de coopération et de sécurité collective, sous l’égide de la charte de l’ONU.

C’est ainsi que les réunions interministérielles des ministres de la Défense et des Affaires étrangères de l’UE qui sont prévues à Brest entre le 12 et le 14 janvier prochains seront une occasion importante de mobiliser les communistes, et au-delà, sur ces questions.

Vincent Boulet
membre de la Commission des relations internationales du PCF
responsable aux questions européennes

Un collectif contre l’OTAN, pour un but commun : la Paix


Non à l'OTAN, Non à la guerre !          Collectif OTAN-NON


Pour écrire au collectif français

« Non à l’OTAN, non à la guerre » :



Historique du Collectif

Rappelons d’abord que l’OTAN, Organisation du Traité de l’Atlantique Nord, a été créée en 1949 et le pacte de Varsovie en 1955. Cette organisation a dans ses objectifs la conservation des intérêts politiques et économiques des pays capitalistes occidentaux, son objectif essentiel étant militaire. À ce titre il contrevient aux termes de la Charte des Nations Unies qui réserve au seul Conseil de Sécurité le recours à la force dans les relations internationales. Tout aussi illégale, et pour les mêmes raisons, pourrait être une Europe de la Défense.
Les dépenses militaires des pays de l’Otan


En août 2007, le nouvellement élu Président N. Sarkozy annonçait devant le Congrès étasunien le retour de la France dans les organes du commandement intégré de l’OTAN et en 2008, il décidait le renforcement de la présence militaire française en Afghanistan. Il s’engageait par la même occasion à renforcer les liens entre l’UE et l’OTAN.

C’est dans ce contexte que le collectif « OTAN-Afghanistan, non à la guerre, non à l’OTAN ; paix – liberté – démocratie » s’est constitué en 2008 pour mobiliser l’opinion publique et sensibiliser les forces sociales et politiques sur les dangers de cette politique. La référence à l’Afghanistan qui se justifiait à l’époque ne se justifie plus et ce collectidf s’appelle désormais « Non à l’OTAN-Non à la Guerre, Paix-Justice-Démocratie ». Composé d’environ cinquante organisations, ce collectif a participé à la mobilisation internationale lors du sommet de l’OTAN à Strasbourg et Kehl (Allemagne) en avril 2009. Il fait partie de la coalition internationale « No to War, No to NATO » qui a organisé les contre-sommets de l’OTAN de Lisbonne (2010), Chicago (2012), Newport/Cardiff (2014), Varsovie (2016) et Bruxelles (2017 et 2018). En 2019, 2 sommets sont prévus : Washington le 4 avril (70ème anniversaire de sa création). Prochain sommet, à Bruxelles le 14 juin 2021. Un contresommet va être organisé avec nos partenaires internationaux de No-to-War-No-to-NATO.

Le Président, E. Macron tend à renforcer les orientations de ses prédécesseurs en matière de participation aux opérations militaires de l’OTAN, de soutien à sa stratégie de la tension en Europe et d’augmentation des budgets consacrés à l’armement et aux guerres. L’objectif de consacrer 2% du PIB à ce budget, sans cesse répété et exigé par les dirigeants de l’OTAN, est programmé pour la France. Cela représenterait une augmentation de 30% du budget de la Défense au moment où les budgets sociaux sont à la baisse, que la pauvreté s’étend et que les inégalités se creusent.

Si pour l’essentiel les troupes françaises engagées en Afghanistan ont été retirées, le nombre des OPEX, « opérations extérieures », n’a cessé d’augmenter, aussi bien en Afrique qu’au Moyen Orient.
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Les forces de l’OTAN


L’échec de l’intervention internationale en Afghanistan est patent, ce pays en sort ravagé, dévasté et divisé. Il en est de même de tous les pays dans lesquels l’OTAN est intervenue, directement ou indirectement. La volonté de l’OTAN de se déployer en Afrique et de développer des « partenariats », partout dans le monde, contribue à la montée des tensions et des dangers de guerre.

La « guerre contre le terrorisme » est une des justifications de la poursuite de cette politique, elle s’accompagne du soutien aux régimes réactionnaires du Moyen Orient qui l’utilisent pour asseoir leur statut de puissances régionales. Toutes les guerres menées sous cette bannière ont échoué et elles n’ont fait que créer les conditions pour le développement des groupes qui se réclament d’un « Islam radical ».

Les bombardements font des milliers de victimes civiles et poussent des dizaines de milliers de personnes sur les routes de l’exil, ces réfugiés qui se heurtent aux murs et aux barbelés, aux patrouilles navales de l’OTAN qui croisent en Méditerranée. Celle-ci a l’impudence de prétendre aider ces migrants, alors qu’elle ne fait que dresser une barrière supplémentaire.

À cela, s’ajoute aujourd’hui en Europe même, une politique de tension et de provocations constantes à l’égard de la Russie.
Les pays membres de l’OTAN



Pour preuves, le déploiement du « bouclier anti missile » sous le contrôle exclusif des dirigeants étasuniens, l’envoi de troupes internationales « tournantes », toujours plus nombreuses, au plus près des frontières de la Russie, la relance de la politique de la terreur nucléaire.
L’emploi de bombes atomiques est de plus en plus considéré comme une « option possible » au mépris du caractère criminel de cette arme, tel que rappelé par la résolution de 1961 de l’A.G. de l’ONU. C’est le retour à l’antagonisme entre blocs qui pourrait faire de l’Europe le premier terrain d’affrontement. La Pologne a accueilli en 2016 les manœuvres militaires les plus importantes en Europe depuis 50 ans.

Les manoeuves Defender Europ 2020 ont mobilisé plusieurs dizaines de milliers de militaires étatsuniens et européens : voir les communiqués à ce sujet. Ecourtées pour cause de pandémie, elles devraient reprendre en 2021. Pour la première fois depuis 1966, des troupes US ont débarqué en France à la Rochelle et à Calais/Dunkerque.



Dans ce contexte dangereux et grave pour tous les peuples, il est important que les forces démocratiques, les forces qui luttent pour la paix entre les peuples, contre les guerres de redistribution des espaces réservés entre les grandes puissances, pour la solidarité internationale, agissent ensemble, fassent entendre ce cri de ralliement « non à l’OTAN, non à la guerre », pour y gagner le plus grand nombre.

Plateforme d’action



Tirant le bilan de ces années de travail, des mobilisations qu’il a permis de développer, des liens qui se sont tissés en France et au niveau international, et surtout, devant les défis qui nous sont lancés par la politique de guerre, par la militarisation des relations internationales, par l’explosion des ventes d’armes, nous proposons à toutes les organisations qui ont participé au collectif « OTAN-Afghanistan », et à toutes celles qui sont intéressées par ce combat, de continuer et d’amplifier la mobilisation.
Nous proposons qu’il se fixe comme objectif de mener un travail sur les thèmes suivants, qui peuvent constituer le corps de sa plate-forme :
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L’OTAN, de 1949 à 2006…



Faire grandir l’opposition à l’appartenance de la France à l’OTAN, sous le mot d’ordre : « que la France sorte de l’OTAN et qu’avec nos partenaires internationaux, tous se mobilisent pour la dissolution de cette organisation de mort » ;
Mener un travail d’information, d’explication et de mobilisation sur le thème : « non au budget de guerre » et, immédiatement, contre son augmentation de 30 % que le Gouvernement français annonce ;
Dénoncer les guerres par procuration et exiger l’arrêt effectif et contrôlé des ventes d’armes aux États, aux groupes armés et aux régimes qui les utilisent contre leur peuple et/ou pour faire la guerre aux autres peuples ;
Mener un travail d’explication sur les dangers de la militarisation de l’économie, qui engloutit des sommes considérables d’argent public au détriment de la satisfaction des besoins sociaux, de l’éducation et de la santé ;
Dénoncer la relance de la politique en matière d’armement nucléaire qui ne fait que développer l’insécurité ;
Militer pour le retrait des troupes françaises des terrains de guerre, pour le retrait des troupes françaises d’Afrique et la fermeture des bases militaires qui servent aussi à l’OTAN.

Et dans les mois qui viennent, créer les conditions d’une mobilisation populaire extrêmement forte au moment de la tenue des contre-sommets de l’OTAN en mai 2017 et juillet 2018 à Bruxelles ainsi qu’à Strasbourg en 2019. Ces mobilisations s’exprimeront dans les villes accueillant ces sommets mais aussi partout en France, avec des délégations devant les mairies, les préfectures, etc.


Les membres du Collectif :

Américains contre la guerre (AAW) – Anciens Appelés en Algérie et leurs Amis contre la Guerre (4ACG) – Abolition des Armes Nucléaires, Maison de Vigilance – Association Républicaine des Anciens Combattants (ARAC) – Association pour la Taxation des Transactions pour l’Aide aux Citoyens (ATTAC) – Collectif Faty Koumba: Association des Libertés, Droits de l’Homme et non-violence – Conseil Démocratique Kurde de France (CDK-F) – Droit Solidarité – Enseignants pour la Paix (EPP) – EELV – Femmes Égalité – Femmes Solidaires – Initiative Féministe Euromed (IFE-EFI) – Iraniens contre la guerre – Le Mouvement de la Paix – Libertés et Partage – Ligue Internationale des Femmes pour la Paix et la Liberté, section française de la WILPF – Mouvement pour une Alternative Non-violente (MAN) – Mouvement de l’Objection de Conscience, MOC Nancy – Mouvement de la Jeunesse Communiste de France (MJCF) – Mouvement contre le Racisme et pour l’Amitié entre les Peuples (MRAP) – Pour une écologie populaire et sociale (PEP’S– Collectif Ni Guerre ni État de Guerre – Parti de la Démondialisation (ParDem) – Parti communiste français (PCF) – Parti Communiste des Ouvriers de France (PCOF) – Pôle de la Renaissance Communiste en France (PRCF) – Sortir du colonialisme – UD CGT 75 – Union pacifiste de France (UPF) – Union Syndicale Solidaires.