Par elle seule, la composition de cette Commission chargée d’élaborer la dernière en date des lois de « modernisation », vaut programme : les ministères d’E. Macron ont demandé à un aéropage de patrons du privé de « moderniser » les services publics.Le Comité action publique 2022 ( CAP 22 ) est un groupe composé de quarante personnalités mêlant économistes, cadres du secteur public et privé, élus, et chargé en octobre 2017 par le premier ministre E. Philippe de réfléchir à une réforme des missions de Service Public de l'État associée à une réduction des dépenses publiques. Son travail déboucha sur la Loi de Transformation de la Fonction Publique de 2019.
Les questions à poser pour comprendre la réorganisation libérale de l’action publique – sont : quifait ? qui ? Quelle histoire sociale incarnée en des individus, quelles formations, quel recrutement,quel univers de relations les ont construits ?
Impossible de s’expliquer ce qu’ils font sans saisir d’où ils viennent, de quel groupe social, quel parcours dans ce groupe social, et quels sont leur univers de référence, celui d’où sort ce qu’ils estiment évident, incontournable, naturel, sens commun – sens commun de leur groupe social.
Nul ne s’étonnera alors, à analyser sa composition, que la commission ait communier sans distance dans cette croyance promue dogme : ce sont les règles managériales du privé qui doivent structurer le travail dans les services publics, lesquels sont d’abord vus comme zone de gabegie. Il s’agit donc de réduire leurs coûts, ce qui passe par l’externalisation des tâches vers des entreprises privées ou des concessions de service public. Et, dans le périmètre maintenu des fonctions publiques, « dégraisser le mammouth » : casser le statut des fonctionnaires, liquider les contrats aidés, embaucherdes « agents temporaires », ne pas remplacer les départs en retraite, restreindre les recrutements, contrôler plus étroitement, caporaliser les agents en intensifiant leur travail. Toute la refonte proposée de la fonction publique se comprend sitôt examiné qui composa cette commission.
Le Comité Action publique 2022, ce fut CAP sur le privé !
Cette commission, en effet, n’inclut aucun salarié des services publics travaillant à un rang intermédiaire ou comme personnel d’exécution. Et aucun syndicaliste. Les seuls fonctionnaires admis sont situés en haut de l’échelle hiérarchique. La commission n’en compte que 13 parmi ses 43membres. En revanche, avec un effet de masse jamais vu , y furent nommés des dirigeants de groupes privés ou de fonds d’investissement, ignorants du fonctionnement local des services publics mais rompus, avec excellence professionnelle, aux codes, aux critères de performance et aux pratiques des directions d’entreprise ou du consulting :
Ross Mc Innes, président de Safran, géant de la défense et l’aéronautique ; Véronique Bedague-Hamilius, P-DG de Nexity Immobilier ; Guillaume Hannezo, passé de Vivendi à la banque Rothschild et au fonds financier WeShareBonds ; Mathilde Lemoine, ancienne de la banque HSBC passée chef économiste chez Rothschild ; Jean-François Cirelli, ex-directeur générale GDF-Suez, quipréside en France le fonds de placement BlackRock ; Stéphane Brimont, président du fonds financier Macquarie ; Marc Tessier, de chez Havas, Canal +, France TV puis NetGeM (télévision viaInternet); Philippe Josse, d’Air France KLM ; Stéphanie Goujon, vice-présidente du Mouvement desentrepreneurs sociaux ; Jean-René Cazeneuve, d’abord chez Apple, puis Bouygues Telecom ; Philippe Laurent, de la direction financière de Renault ; Paul Duan, start-upper dans la Silicon Valley ; Ludovic Le Moan, ESN Coframi (société d’informatique) et aujourd’hui Sigfox (opérateur de télécommunications) ; Frédéric Mion, ex-directeur de Sciences Po, mais aussi ancien du groupe Canal + et ex-avocat d’affaires au cabinet Allen et Overy ; Thomas London, directeur associé de la société de conseil* McKinsey, responsable des activités Santé et Secteur public ; Axel Dauchez, ex-président de Publicis France, qui vient de lancer la start-up de civic tech Make.org ; Jean-Baptiste Fauroux, ex-directeur général de Steelcase Strafor (spécialisée dans l’aménagement des espaces de travail) à Bruxelles ; Guillaume Marchand, qui se présente comme psychiatre, entrepreneur, investisseur et ancien président d’une fédération de start-ups de la « e-santé ».
On a donc là des patrons ou évangélistes du marché, patron et évangélistes internationalisés, ignoranttout des services publics mais rompus, avec excellence professionnelle, à la maitrise pratique des directions d’entreprise ou du consulting. Dès lors, on saisit mieux certaines dimensions du « prêt-à-penser » qu’ils partagent et qui orientent leurs activités: importation des recettes d’entreprises pour « tout moderniser », intensification du travail, évaluation des performances liée à des objectifs individuels chiffrés, compressions des salaires, externalisation vers le privé (autant d’ « améliorations » à l’œuvre, notamment, dans les directives qui préfigurent la remise en cause des métiers des fonctionnaires…) ; ode à la mobilité forcée (réformes de l’assurance-chômage et du code du travail) ; accroissement des contrôles (réforme de l’assurance-chômage, entre autres…) ; ajustements des services rendus par le public aux besoins immédiats des entreprises et de leurs bassins d’emplois. Les exemples abondent, qui montrent l’État, pour une part, devenant entreprise au service des entreprises ; l’État et ses services les plus divers, « managerialement » reconfigurés.
Tous ont, avec brio, triomphé du cursus honorum des enfants (les plus prometteurs) de la classe dominante : Sciences Po et l’ENA new style, changés en Business schools (comme d’ailleurs Polytechnique en partie), conjugués avec HEC, l’ESSEC ou des Business schools anglo-saxonnes.
L’intériorisation des lois et vertus des entreprises libérées dans un marché lui-même libéré etmondialisé, fut pour chacune et chacun, totale, immédiate, « l’air qu’on respire », sans réserve, etvecteurs de leurs réussites.
Ne caricaturons pas, certains de la commission viennent du public. Mais soit ils en sont sortis pour s’en « libérer » soit ils y ont travaillé d’abord pour conformer le public au besoin du privé. Premier cas, quelques cas : Bedague-Hamilius, secrétaire générale de la ville de Paris, directrice de cabinet de Valls à Matignon parti à Nexity ; Josse, directeur du Budget sous Copé, parti à KLM ; Lemoine, conseillère à Matignon sous Villepin, parti à HSBC puis Rothschild…Second cas : Josse toujours, architecte de la RGPP ; Bigorgne, de Science Po mais propulsé directeur de l’Institut Montaigne par Claude Bébéar d’Axa ; Clotilde Valter, PS, secrétaire d’État, mais rapporteure du projet de loi Macron, première main de l’accord Arcelor-Mittal, de la fermeture de Goodyear d’Amiens. Pisani-Ferry, président du comité de suivi du CICE, etc…
Notons-le, aucun personnel d’exécution ou de rang intermédiaire ou de direction des servicespublics ne siège dans cette commission.
Ce groupe ne constitue pas un « groupe sur le papier ». Il s’agit d’un groupe mobilisé. Un groupe coopté et soudé à partir de l’harmonie immédiate des dispositions de ses membres, et qui s’affermit au travers de style de vie et de fréquentations semblables. Ils sont forts de formations homologues et des connivences spontanées qui les accompagnent. Ils sont forts de parcours homologues et virtuoses souvent. Ils sont forts d’un « sens commun » sans fissures et identique, forts d’un système d’évidences et de présupposés partagés, qui organise leur vision du monde et de ses divisions. Forts de se sentir héritiers légitimes. Un groupe, fusionnel, endogame quant aux origines sociales, assuré de lui-même, et d’une certitude de soi sans cesse renforcée : au gré des réussites scolaires éclatantes,au gré des circulations réussies entre public et privé, puis des réussites d’entreprises. A tel point qu’ils en deviennent audacieusement libérés dans le calendrier et les contenus des réformes libéralesqu’ils accumulent. Comme aucune autre Noblesse d’État n’avait osé avant eux (même sous Sarkozy, qui rétrospectivement apparaitra modéré). Car rien, jamais, dans leurs parcours ne les a arrêtés. Ils sont le « nouveau monde » sans frontières ni échecs, qu’un réseau serré de protections, de solidaritésextérieures à l’État et d’échanges légitimants perpétuels avec des secteurs patronaux et médiatiques puissants encouragent et perpétuellement célèbrent. Pourquoi concevraient-ils qu’il faille stopper le job ? Quand ce job est au principe de leur position qui en impose, porteuse d’une image flatteuse d’eux-mêmes. Un groupe, spontanément prompt à ériger en « devoir-être » universel, les vertus dont ses membres ont socialement hérités : la « mobilité », la « créativité », « entreprendre », « se réaliser», la « liberté », le « boulot », « l’investissement », la « discipline »….bref, leur art de vivre promu exemple. Et c’est pourquoi d’ailleurs, ils ne peuvent comprendre qu’en recourant à l’idée d’une sombre fainéantise, que tous les salariés ne tirent pas bénéfices du monde tel qu’il va. Ils ne connaissent, ne croisent et n’ont jamais croisé, directement ou familialement, aucun ouvrier, aucun employé, aucun technicien, aucun précaire, aucun chômeur, aucun cadre moyen même. Ils ne savent d’expérience aucune de leurs urgences, aucune des insécurités affrontées, des mépris subis, des galères de logements, des incertitudes scolaires ou à Pôle Emploi, des concurrences dans et pour l’emploi ou pour les stages en milieux populaires. Le montant du RSA se dépense lors d’un dîner intime entre amis, pour acheter une paire de chaussures ou des boutons de manchette.
Ces champions des champions de la classe dominante sont, depuis l’enfance, emmurés dansl’univers cossu et clos qui les a faits et où ils ont vaincu (car on minore trop les luttes féroces àl’intérieur des groupes dominants).
Endogamie, oui. Juste quelques exemples.
Revel ? Binôme de Macron à l’Élysée sous Hollande, Macron avait voulu l’imposer dircab dePhilippe à Matignon.
Mion ? Patron d’Edith Chabre, femme d’Edouard Philippe et parrain d’un de leurs enfants. Aghion ?Commission Attali avec Lemoine et Macron, Aghion qui déclare « à l’époque avec Macron, on passait notre vie ensemble ». Rothschild ? Lemoine, Hannezo y sont ou y sont passés. Financière Macquarie ? Mc Innes, Brimont. Filière Science-Po mondialisée et convertie en Business School sous Richard Descoings, son protégé, Bigorgne, directeur de l’Institut Montaigne, Mion directeur de Science Po, Letta ex premier ministre italien recruté à Science Po par Mion, Pisani-Ferry candidat malheureux contre Mion à la direction de Science Po et avec qui il se réconcilie vite. Entre autres… Sans parler des conjoints eux-mêmes PDG d’un certain nombre des membres de la commission.
Pour piloter ce programme de « modernisation » de la fonction publique fut installée, en novembre 2017, la Direction interministérielle à la transformation publique (DITP). Avec, placé à sa tête, les deux premières années, Thomas Cazenave (Sciences Po Paris, ENA), inspecteur des finances* passé,à 33 ns, directeur délégué des « ressources humaines » d’Orange France, avant de revenir dans l’État, directeur adjoint du cabinet d’Emmanuel Macron au ministère de l’Économie, puis secrétaire général adjoint de l’Élysée. On lui doit le livre-manifeste L’État en mode start-up, préfacé par E. Macron. Le chapitre sur les « réformes à l’étranger » est écrit par Karim Tadjeddine, un polytechnicien issu du corps des Ponts, passé par le ministère des Finances avant d’être débauché par le cabinet de conseil McKinsey. Il y codirige le département qui s’occupe de « moderniser » les services publics, pour le compte de la DITP.
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Il n'y a pas de pognon en France. Mais pour les entreprises, ce sont 157 milliards d'euros d'aides publiques.
Pour ceux qui ne suivent vraiment pas, la France est la deuxième puissance économique au sein de l'UE du capital et dans le top 7 au niveau mondial, quand l'inflation galope dans notre pays et que votre pouvoir d'achat dégringole.
Le rapport sur les aides publiques « Un capitalisme sous perfusion » commandé par la CGT à l’Ires (Institut de recherches économiques et sociales) a décortiqué et analysé le maquis des aides destinées aux entreprises. Le résultat est édifiant : il existe plus de 2000 dispositifs de soutien, pour un montant total de 157 milliards !
« L’essentiel de ces mesures sont des exonérations de cotisations sociales, et le reste consiste en niche fiscale » précise Mathieu Cocq, économiste CGT.
Ce chiffre ne tient pas compte des mesures d’urgences mises en place pendant la crise sanitaire (environ 80 milliards d’euros) ni de celles liées à la crise énergétique actuelle, puisqu’elles ne sont pas appelées à durer.
La mise en perspective de ce montant est très parlante, cela correspond à :5 fois la dette des hôpitaux,
2 fois le budget de l’Éducation nationale
6 fois celui de l’Enseignement supérieur et de la recherche.
La comparaison avec les 15 milliards d’euros de déficit prévu dans 10 ans pour les retraites laisse songeur. Ou encore avec le coût de la revalorisation du point d’indice de 10 %, soit 2,1 milliards d’euros (environ 7 fois moins que le coût des aides aux entreprises !)
Ces montants colossaux ne tiennent évidemment pas compte de la fraude fiscale et sociale.(...)
La totalité de l'article en lien:
« L’essentiel de ces mesures sont des exonérations de cotisations sociales, et le reste consiste en niche fiscale » précise Mathieu Cocq, économiste CGT.
Ce chiffre ne tient pas compte des mesures d’urgences mises en place pendant la crise sanitaire (environ 80 milliards d’euros) ni de celles liées à la crise énergétique actuelle, puisqu’elles ne sont pas appelées à durer.
La mise en perspective de ce montant est très parlante, cela correspond à :5 fois la dette des hôpitaux,
2 fois le budget de l’Éducation nationale
6 fois celui de l’Enseignement supérieur et de la recherche.
La comparaison avec les 15 milliards d’euros de déficit prévu dans 10 ans pour les retraites laisse songeur. Ou encore avec le coût de la revalorisation du point d’indice de 10 %, soit 2,1 milliards d’euros (environ 7 fois moins que le coût des aides aux entreprises !)
Ces montants colossaux ne tiennent évidemment pas compte de la fraude fiscale et sociale.(...)
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Conseil Départemental 62: Récapitulatif du groupe communiste lors de la session du 26 septembre 2022
Le conseil départemental s’est réuni lundi 26 septembre pour délibérer notamment pour le budget supplémentaire 2022 et pour le premier des trois pactes qui guideront les politiques du Département pour les cinq années à venir.
Résolution du Conseil National du Parti Communiste Français - 18 septembre 2022
Résolution du Conseil national du PCF
18 septembre 2022
Réunis en conseil national, les communistes appellent en premier lieu à faire du mercredi 21 septembre une grande journée de mobilisation pour la paix et la fin des conflits armés partout dans le monde. Nous appelons à la mobilisation contre la guerre en Ukraine, décidée et déclenchée par le pouvoir russe, afin d’y mettre un terme et de conjurer les risques qui l’accompagnent. L’OTAN, renforcée par l’escalade guerrière en cours, légitime des logiques dangereuses de confrontation, de remilitarisation de l’Europe et d’augmentation des dépenses d’armement.
Nous appelons la France à agir pour une solution diplomatique, seule solution pour mettre un terme aux souffrances humaines qu’elle engendre et écarter le risque d’utilisation d’armes de destruction massive et d’armes nucléaires et celui d’une extension du conflit qui pourrait déboucher sur une nouvelle guerre mondiale. Cela passe par une conférence européenne pour la paix et la sécurité collective avec l’ensemble des États.
Après un été marqué par l’inflation grandissante alors que le CAC 40 tutoie des records ainsi que par les conséquences du dérèglement climatique, la rentrée se fait sous la menace de la récession et la montée des problèmes énergétiques. En cette rentrée, des millions de nos concitoyennes et concitoyens affrontent d’immenses difficultés face à la hausse des prix et la casse par le pouvoir des services publics d’éducation et de santé.
Ces événements révèlent la profondeur des crises en cours qui ont toutes en commun d’être nourries par le capital et qui s’alimentent mutuellement. Pour conjurer la crise capitaliste et relever les défis de ce siècle, l'heure est à construire un renouveau du communisme français.
La politique du pouvoir et de l’union des droites, faite de gros cadeaux aux profits, de petits chèques aux milieux populaires et de nouvelles régressions sociales, ne permet pas de répondre à l’exigence d’une vie digne pour chacune et chacun et aux défis économiques, sociaux et énergétiques. Réforme de l'assurance chômage, réforme des retraites, budgets d'austérité pour la sécurité sociale et l’État, restrictions énergétiques... c'est un programme de classe, un programme de combat pour faire payer la crise au peuple qu’annonce Emmanuel Macron en cette rentrée. La situation est d’autant plus grave que le Rassemblement national, à l’influence décuplée à l’Assemblée nationale, cherche à exploiter la première occasion offerte par la crise de régime pour développer sa politique raciste et xénophobe.
Relever les défis du travail et de l’énergie
Le chômage touche aujourd’hui près de 6 millions de nos concitoyens et la précarité se renforce avec plus de 100 000 personnes supplémentaires qui ont eu recours à l’aide alimentaire depuis le début de l’année. Des centaines de milliers de salariés démissionnent tandis que de fortes pénuries d’emploi se font jour dans de nombreux domaines.
Face à la crise du marché du travail capitaliste et aux exigences sociales et écologiques, le PCF lance une grande campagne pour faire du travail, de l’emploi, de la formation et de l’intervention des salarié.e.s un enjeu central du débat politique, mettre en échec les réformes programmées, notamment celles de l’assurance chômage et des retraites, obtenir des avancées immédiates telle la hausse des salaires, des indemnités chômage et l’amélioration des conditions de travail, des embauches et faire grandir l’exigence d’une sécurisation de l’emploi et de la formation pour garantir à chacun.e le droit à un emploi ou une formation dans une sécurité de revenus.
Le PCF appelle également toutes les forces vives du pays à mener ensemble une grande campagne unitaire contre le projet gouvernemental de recul de l’âge de départ en retraite et à construire un contre-projet pour une réforme des retraites digne du XXIe siècle.
En outre, à quelques mois de l’hiver, beaucoup de nos concitoyen.ne.s ont cette même question en tête : vais-je pouvoir payer mes factures d'énergie, ne pas souffrir du froid ou devoir choisir entre me nourrir correctement, me déplacer ou me chauffer ?
Face à l’inquiétude populaire devant la hausse des prix de l’énergie et pour relever le défi énergétique, après l’appel de Fabien Roussel à une résistance républicaine des collectivités et celui de maires communistes et de gauche, le PCF appelle à faire grandir la mobilisation avec les salariés, les élus, les collectivités et la population pour une maîtrise publique de l’énergie, des formations et des embauches massives, pour sortir le gaz et l’électricité du marché européen comme l’Espagne et le Portugal et fixer les prix en fonction de la réalité des coûts de production par EDF et Engie qui doivent devenir des établissements publics sous maîtrise sociale et collective. En effet, il est nécessaire tant pour les collectivités, que pour les entreprises et nos concitoyen.ne.s que le prix de l’énergie baisse.
C’est fort de cette ambition et de ces propositions que Fabien Roussel engage avec les communistes un tour de France des régions pour poursuivre le dialogue initié en grand avec les Français.es lors de l’élection présidentielle, des élections législatives et des luttes récentes.
Développer les mobilisations sociales
C’est fort de cette ambition et de ces propositions que les communistes appellent les Français.es et les forces vives du pays, forces de gauche et écologistes de la Nupes et au-delà, forces syndicales et associatives à contribuer en priorité à la réussite de la journée du 22 septembre pour la santé publique et de la journée interprofessionnelle du 29 septembre pour l’emploi et les salaires.
La mobilisation unitaire des salarié.e.s, de leurs organisations syndicales, sur leurs lieux de travail, par la grève et toute forme d’actions, est un élément central du combat pour les salaires, l’emploi, la défense des retraites contre la domination capitaliste. Dans toutes les mobilisations à venir, le travail en commun et le respect des organisations syndicales est un gage d’élargissement et de succès.
Notre objectif est de réussir ces journées et aussi les mobilisations qui vont suivre, dont la marche nationale annoncée par plusieurs organisations, en travaillant à co-construire avec les organisations syndicales.
C’est en ce sens que nous appelons toutes les organisations d’ores et déjà parties prenantes de l’initiative du 16 octobre à créer les conditions avec nous d’un élargissement du rassemblement en perspective de la réunion unitaire du 4 octobre prochain. Ce travail unitaire exigeant est pour les communistes une nécessité pour décider de la participation de notre parti à la marche proposée.
Le PCF contribuera dans la durée à développer les mobilisations sociales les plus larges pour mettre en échec la politique de Macron et des droites, obtenir des avancées immédiates pour le peuple, les salarié.e.s et faire grandir l’exigence de changements radicaux, sociaux, écologiques et démocratiques, pour dépasser les logiques capitalistes. Il appelle notamment à participer aux mobilisations féministes du 28 septembre pour l’IVG et du 25 novembre contre les violences sexistes et sexuelles.
Enfin, le Conseil national du PCF lance ce jour la préparation du 39eCongrès de notre parti qui se tiendra les 7,8 et 9 avril 2023 et envisage de le réunir à Marseille si les bonnes conditions matérielles d’organisation le permettent.
Paris, le 18 septembre 2022
Nous appelons la France à agir pour une solution diplomatique, seule solution pour mettre un terme aux souffrances humaines qu’elle engendre et écarter le risque d’utilisation d’armes de destruction massive et d’armes nucléaires et celui d’une extension du conflit qui pourrait déboucher sur une nouvelle guerre mondiale. Cela passe par une conférence européenne pour la paix et la sécurité collective avec l’ensemble des États.
Après un été marqué par l’inflation grandissante alors que le CAC 40 tutoie des records ainsi que par les conséquences du dérèglement climatique, la rentrée se fait sous la menace de la récession et la montée des problèmes énergétiques. En cette rentrée, des millions de nos concitoyennes et concitoyens affrontent d’immenses difficultés face à la hausse des prix et la casse par le pouvoir des services publics d’éducation et de santé.
Ces événements révèlent la profondeur des crises en cours qui ont toutes en commun d’être nourries par le capital et qui s’alimentent mutuellement. Pour conjurer la crise capitaliste et relever les défis de ce siècle, l'heure est à construire un renouveau du communisme français.
La politique du pouvoir et de l’union des droites, faite de gros cadeaux aux profits, de petits chèques aux milieux populaires et de nouvelles régressions sociales, ne permet pas de répondre à l’exigence d’une vie digne pour chacune et chacun et aux défis économiques, sociaux et énergétiques. Réforme de l'assurance chômage, réforme des retraites, budgets d'austérité pour la sécurité sociale et l’État, restrictions énergétiques... c'est un programme de classe, un programme de combat pour faire payer la crise au peuple qu’annonce Emmanuel Macron en cette rentrée. La situation est d’autant plus grave que le Rassemblement national, à l’influence décuplée à l’Assemblée nationale, cherche à exploiter la première occasion offerte par la crise de régime pour développer sa politique raciste et xénophobe.
Relever les défis du travail et de l’énergie
Le chômage touche aujourd’hui près de 6 millions de nos concitoyens et la précarité se renforce avec plus de 100 000 personnes supplémentaires qui ont eu recours à l’aide alimentaire depuis le début de l’année. Des centaines de milliers de salariés démissionnent tandis que de fortes pénuries d’emploi se font jour dans de nombreux domaines.
Face à la crise du marché du travail capitaliste et aux exigences sociales et écologiques, le PCF lance une grande campagne pour faire du travail, de l’emploi, de la formation et de l’intervention des salarié.e.s un enjeu central du débat politique, mettre en échec les réformes programmées, notamment celles de l’assurance chômage et des retraites, obtenir des avancées immédiates telle la hausse des salaires, des indemnités chômage et l’amélioration des conditions de travail, des embauches et faire grandir l’exigence d’une sécurisation de l’emploi et de la formation pour garantir à chacun.e le droit à un emploi ou une formation dans une sécurité de revenus.
Le PCF appelle également toutes les forces vives du pays à mener ensemble une grande campagne unitaire contre le projet gouvernemental de recul de l’âge de départ en retraite et à construire un contre-projet pour une réforme des retraites digne du XXIe siècle.
En outre, à quelques mois de l’hiver, beaucoup de nos concitoyen.ne.s ont cette même question en tête : vais-je pouvoir payer mes factures d'énergie, ne pas souffrir du froid ou devoir choisir entre me nourrir correctement, me déplacer ou me chauffer ?
Face à l’inquiétude populaire devant la hausse des prix de l’énergie et pour relever le défi énergétique, après l’appel de Fabien Roussel à une résistance républicaine des collectivités et celui de maires communistes et de gauche, le PCF appelle à faire grandir la mobilisation avec les salariés, les élus, les collectivités et la population pour une maîtrise publique de l’énergie, des formations et des embauches massives, pour sortir le gaz et l’électricité du marché européen comme l’Espagne et le Portugal et fixer les prix en fonction de la réalité des coûts de production par EDF et Engie qui doivent devenir des établissements publics sous maîtrise sociale et collective. En effet, il est nécessaire tant pour les collectivités, que pour les entreprises et nos concitoyen.ne.s que le prix de l’énergie baisse.
C’est fort de cette ambition et de ces propositions que Fabien Roussel engage avec les communistes un tour de France des régions pour poursuivre le dialogue initié en grand avec les Français.es lors de l’élection présidentielle, des élections législatives et des luttes récentes.
Développer les mobilisations sociales
C’est fort de cette ambition et de ces propositions que les communistes appellent les Français.es et les forces vives du pays, forces de gauche et écologistes de la Nupes et au-delà, forces syndicales et associatives à contribuer en priorité à la réussite de la journée du 22 septembre pour la santé publique et de la journée interprofessionnelle du 29 septembre pour l’emploi et les salaires.
La mobilisation unitaire des salarié.e.s, de leurs organisations syndicales, sur leurs lieux de travail, par la grève et toute forme d’actions, est un élément central du combat pour les salaires, l’emploi, la défense des retraites contre la domination capitaliste. Dans toutes les mobilisations à venir, le travail en commun et le respect des organisations syndicales est un gage d’élargissement et de succès.
Notre objectif est de réussir ces journées et aussi les mobilisations qui vont suivre, dont la marche nationale annoncée par plusieurs organisations, en travaillant à co-construire avec les organisations syndicales.
C’est en ce sens que nous appelons toutes les organisations d’ores et déjà parties prenantes de l’initiative du 16 octobre à créer les conditions avec nous d’un élargissement du rassemblement en perspective de la réunion unitaire du 4 octobre prochain. Ce travail unitaire exigeant est pour les communistes une nécessité pour décider de la participation de notre parti à la marche proposée.
Le PCF contribuera dans la durée à développer les mobilisations sociales les plus larges pour mettre en échec la politique de Macron et des droites, obtenir des avancées immédiates pour le peuple, les salarié.e.s et faire grandir l’exigence de changements radicaux, sociaux, écologiques et démocratiques, pour dépasser les logiques capitalistes. Il appelle notamment à participer aux mobilisations féministes du 28 septembre pour l’IVG et du 25 novembre contre les violences sexistes et sexuelles.
Enfin, le Conseil national du PCF lance ce jour la préparation du 39eCongrès de notre parti qui se tiendra les 7,8 et 9 avril 2023 et envisage de le réunir à Marseille si les bonnes conditions matérielles d’organisation le permettent.
Paris, le 18 septembre 2022
Présidentielle 2017. Poursuites maintenues dans l’enquête sur les comptes de campagne de Mélenchon
La justice a écarté les recours demandés par plusieurs proches de Jean-Luc Mélenchon, visés par une enquête dans le cadre des comptes de campagne du candidat à la présidentielle en 2017.
La cour d’appel de Paris a validé jeudi les mises en examen dans l’enquête sur les comptes de campagne de Jean-Luc Mélenchon lors de la présidentielle de 2017, selon une source judiciaire ce lundi 19 septembre 2022.
Pas « lieu » d’annuler les poursuites
L’association l’Ère du peuple, fondée en 2015 par des proches du leader de la France Insoumise, la mandataire financière du candidat Marie-Pierre Oprandi et le député Bastien Lachaud avaient déposé des requêtes en annulation des poursuites les visant, qui ont été examinées le 16 juin par la chambre de l’instruction de la cour d’appel.
Selon la source judiciaire, « la chambre de l’instruction a dit n’y avoir lieu à aucune des annulations sollicitées ».
Sollicités par l’AFP, les avocats des mis en cause n’ont pas souhaité faire de commentaires.
Une marge financière non remboursée
Dans ce dossier, les juges d’instruction se penchent depuis novembre 2018 sur l’utilisation des fonds publics par l’équipe du candidat LFI pour la campagne de 2017.
L’Ère du peuple avait facturé 440 027 € au candidat pour des locations de salles ou de matériel informatique et des prestations intellectuelles de ses quatre salariés, parmi lesquels les députés Bastien Lachaud et Mathilde Panot.
La Commission nationale des comptes de campagne (CNCCFP) avait relevé une différence de 152 688 € entre les salaires versés aux députés et les montants facturés pour leurs prestations au mandataire.
Selon Mediapart, cela a permis à l’association de dégager une marge de 66 % et 59 % pour les deux députés.
Chargée de valider le remboursement des dépenses des candidats avec l’argent public, la commission avait refusé de rembourser cette marge réalisée par l’Ère du peuple et avait signalé les faits à la justice.
Plusieurs mises en examen en 2021
Au printemps 2021, l’Ère du Peuple a été mise en examen pour prêt illicite de main-d’œuvre, des poursuites aggravées un an plus tard quand les juges l’ont aussi mise en examen pour escroquerie aggravée, abus de confiance et financement illégal de campagne.
La mandataire financière du candidat LFI, Marie-Pierre Oprandi, a été mise en examen en avril 2021 pour prêt illicite de main-d’œuvre et usage de faux, puis en septembre 2021, le député LFI Bastien Lachaud, qui était alors salarié en tant que trésorier de l’association, était à son tour poursuivi, principalement pour prêt illicite de main-d’œuvre, faux, escroquerie et tentative d’escroquerie.
Jean-Luc Mélenchon conteste toute infraction dans cette enquête et dans une seconde information judiciaire, toujours en cours, concernant l’emploi des assistants parlementaires de LFI au parlement européen.
La cour d’appel de Paris a validé jeudi les mises en examen dans l’enquête sur les comptes de campagne de Jean-Luc Mélenchon lors de la présidentielle de 2017, selon une source judiciaire ce lundi 19 septembre 2022.
Pas « lieu » d’annuler les poursuites
L’association l’Ère du peuple, fondée en 2015 par des proches du leader de la France Insoumise, la mandataire financière du candidat Marie-Pierre Oprandi et le député Bastien Lachaud avaient déposé des requêtes en annulation des poursuites les visant, qui ont été examinées le 16 juin par la chambre de l’instruction de la cour d’appel.
Selon la source judiciaire, « la chambre de l’instruction a dit n’y avoir lieu à aucune des annulations sollicitées ».
Sollicités par l’AFP, les avocats des mis en cause n’ont pas souhaité faire de commentaires.
Une marge financière non remboursée
Dans ce dossier, les juges d’instruction se penchent depuis novembre 2018 sur l’utilisation des fonds publics par l’équipe du candidat LFI pour la campagne de 2017.
L’Ère du peuple avait facturé 440 027 € au candidat pour des locations de salles ou de matériel informatique et des prestations intellectuelles de ses quatre salariés, parmi lesquels les députés Bastien Lachaud et Mathilde Panot.
La Commission nationale des comptes de campagne (CNCCFP) avait relevé une différence de 152 688 € entre les salaires versés aux députés et les montants facturés pour leurs prestations au mandataire.
Selon Mediapart, cela a permis à l’association de dégager une marge de 66 % et 59 % pour les deux députés.
Chargée de valider le remboursement des dépenses des candidats avec l’argent public, la commission avait refusé de rembourser cette marge réalisée par l’Ère du peuple et avait signalé les faits à la justice.
Plusieurs mises en examen en 2021
Au printemps 2021, l’Ère du Peuple a été mise en examen pour prêt illicite de main-d’œuvre, des poursuites aggravées un an plus tard quand les juges l’ont aussi mise en examen pour escroquerie aggravée, abus de confiance et financement illégal de campagne.
La mandataire financière du candidat LFI, Marie-Pierre Oprandi, a été mise en examen en avril 2021 pour prêt illicite de main-d’œuvre et usage de faux, puis en septembre 2021, le député LFI Bastien Lachaud, qui était alors salarié en tant que trésorier de l’association, était à son tour poursuivi, principalement pour prêt illicite de main-d’œuvre, faux, escroquerie et tentative d’escroquerie.
Jean-Luc Mélenchon conteste toute infraction dans cette enquête et dans une seconde information judiciaire, toujours en cours, concernant l’emploi des assistants parlementaires de LFI au parlement européen.
L'ancien ministre communiste Charles Fiterman n'est pas convaincu par la Nupes
L'ancien ministre PCF de François Mitterrand, Charles Fiterman, n'est pas convaincu par l'union de gauche derrière Jean-Luc Mélenchon.
C’est une figure de l’union de la gauche, mais de celle d’il y a quarante ans. Et c’est peu dire que celle d’aujourd’hui, version Jean-Luc Mélenchon et Nupes, ne le convainc pas.
Dans l’émission Les Enfants de la République, diffusée ce dimanche à 8h45 sur Radio J, Charles Fiterman, ancien ministre PCF de François Mitterrand (de 1981 à 1984), estime que l’Insoumis en chef « vit tout cela comme une aventure personnelle » et « pense avant tout à sa propre promotion ».Fiterman, 88 ans, voit en Jean-Luc Mélenchon un « populiste » : « c’est un chef et un peuple, un troupeau derrière. C’est un petit peu le cas. Et ça n’a pas d’avenir. Je ne crois pas qu’on puisse conquérir la majorité dans ce pays, convaincre le peuple de France avec des méthodes de ce genre. Mélenchon est un handicap pour la gauche. »
Il condamne la proposition de résolution parlementaire qualifiant Israël de « régime d’apartheid »
L’ancien communiste, qui avait quitté le parti en 1994, avant de rejoindre le PS en 1998, dont il partira en 2017, condamne également la proposition de résolution déposée en juillet par une trentaine de députés Nupes, dont beaucoup de communistes, qualifiant Israël de « régime d’apartheid » visant la domination d’un « groupe racial », en l’occurrence les Juifs, sur les Palestiniens. « Moi, explique-t-il, je n’utiliserais pas cette notion parce qu’on ne peut pas mettre un trait d’égalité entre l’Afrique du Sud de l’époque et Israël. »
Cette personnalité emblématique du premier septennat du premier président socialiste de la Ve République, dans l’émission, évoque également son parcours d’enfant caché, né Chilek Fiterman en 1933 et sauvé par une paysanne de Marlhes (Loire), Marie Chorain, à laquelle il souhaite faire décerner la médaille des Justes par Yad Vashem, ainsi que la déportation de son père, assassiné à Auschwitz.
Il condamne la proposition de résolution parlementaire qualifiant Israël de « régime d’apartheid »
L’ancien communiste, qui avait quitté le parti en 1994, avant de rejoindre le PS en 1998, dont il partira en 2017, condamne également la proposition de résolution déposée en juillet par une trentaine de députés Nupes, dont beaucoup de communistes, qualifiant Israël de « régime d’apartheid » visant la domination d’un « groupe racial », en l’occurrence les Juifs, sur les Palestiniens. « Moi, explique-t-il, je n’utiliserais pas cette notion parce qu’on ne peut pas mettre un trait d’égalité entre l’Afrique du Sud de l’époque et Israël. »
Cette personnalité emblématique du premier septennat du premier président socialiste de la Ve République, dans l’émission, évoque également son parcours d’enfant caché, né Chilek Fiterman en 1933 et sauvé par une paysanne de Marlhes (Loire), Marie Chorain, à laquelle il souhaite faire décerner la médaille des Justes par Yad Vashem, ainsi que la déportation de son père, assassiné à Auschwitz.
La section du PCF d'Arras dans le giron de la NUPES!!!
Trois mois après les législatives. Quid de la Nupes ?
Aux dernières législatives, dans les 2e (Arras) et 11e (Hénin-Beaumont) circonscriptions du Pas-de- Calais, les dynamiques unitaires impulsées par la Nupes, ont joué à plein en dépit de quelques accrocs. Les communistes Gianni Ranieri et Laurent Danel en tirent un bilan riche en perspectives.
En juin dans la 11e circonscription, ce sont Marine Tondelier (EELV) et Cécile Yosbergue (PS) qui portaient les couleurs de la Nupes. « Au PCF, bon nombre de militants dont moi étions réticents lorsque l’accord a été signé. La France insoumise ne pouvait pas se prétendre unitaire et s'accaparer deux tiers des circonscriptions, ne nous en laissant qu’une cinquantaine. D’autres camarades étaient plutôt pour dans une circonscription où le RN gagnait tout le temps. Ils pensaient que la Nupes permettrait de créer un élan », souligne Gianni Ranieri, secrétaire de la section PCF d’Hé- nin-Beaumont. Celui-ci a cependant volontiers joué le jeu que « sur le plan local, on travaille ensemble depuis longtemps ».
La FI en marge
Prochainement, Marine Tondelier « devrait prendre l’initiative d’une réunion pour déterminer la suite à donner dans la circonscription », se félicite Gianni tout autant
satisfait de l’élan unitaire qui se poursuit à Hénin même. À la braderie ce samedi sur la place Jean-Jaurès, « nous aurons un stand commun à notre groupe Osons pour Hénin- Beaumont ». En 2014, lors de l’avènement de l’extrême droite chaque organisation avait son stand. Cest dire le chemin parcouru. Un bémol toutefois : la France insoumise (Fl) manquera à l’appel, préférant faire cavalier seul. Un choix « sectaire » que regrette Gianni « surtout dans une ville où il faut se montrer unis ».
Dans la 2e circonscription, la mayonnaise unitaire a pris d’emblée. « Le fait que je sois candidat aux dernières départementale et régionale en 2021, nous avait permis de faire connaissance », commente Laurent Danel de la section PCF de l'Arrageois. L'aventure s’est poursuivie dans le cadre de la Nupes lors de la législative. Ce sont Morgane Rengard et Charles-Harris Dussaux de la FI tous les deux, qui défendaient ses couleurs. Confrontés à une candidature PS dissidente, « avec la FI, EELV et même Générations, nous avons mené campagne ensemble. Lavènement de la Nupes a facilité un rapprochement et nous a permis de progresser », commente Laurent qui rappelle « qu'une fois battue, Morgane est allée soutenir Jean-Marc Tellier,candidat PCFdans la 3e circonscription». Symbolique certes, mais significatif d'un état d’esprit ! C’est sur le terrain des luttes que les militants se retrouvent aujourd’hui en appui à un collectif de citoyens opposés au projet de privatisation de l'abbaye Saint-Vaast. « Nous envisagerons aussi des mobilisations communes en lien avec la crise terrible que l’on va vivre ces prochains mois », commente Laurent manifestement soucieux de poursuivre cette collaboration.(sic)
Jacques KMIEC1AK ■
Un machin pour refonder quoi ? Et, pour qui ? (Patrick LE HYARIC)
« Pour enterrer un problème, créez une commission », s’exclamait en son temps Clemenceau. De fait, notre République est truffée de conseils et de comités en tout genre, aux noms aussi pompeux que leur objet est inefficace. Leurs bavardages n’ont jamais amélioré la vie quotidienne de nos concitoyens. On se souvient peut-être qu’en 1986, la crise sociale et politique provoquée par les lois Devaquet sur l’université avait conduit le gouvernement de l’époque à créer une structure nouvelle ainsi désignée : « Un comité national de réflexion sera créé avec à sa tête un monsieur Universités ». Sa mission : “Esquisser le paysage universitaire des dix prochaines années”. Trente-six ans plus tard, on ne peut que se souvenir de la puissance des manifestations de jeunes qu’a provoqué cette loi de triste mémoire et constater avec dépit le lamentable état de nos universités, le difficile parcours d’obstacles des étudiants pour y accéder, l’accentuation de la sélection sans parler des amphis vétustes, bondés, et les difficultés pour se loger et se nourrir de toute une jeunesse.
Voici que le président de la République, ignorant les institutions républicaines, à commencer par l’Assemblée nationale et le Sénat, le Comité économique et social et le Haut-commissariat au plan chargé paraît-il de la prospective, invente un Conseil National de la Refondation.
Celui-ci aurait, selon les dires du pouvoir, vocation à « façonner les décisions politiques de demain ».
Dès lors, à quoi servirait le Parlement ?
Les conseils régionaux, départementaux, les maires ?
Et à quoi sert le plan d’investissement sur la décennie, dénommé « France 2030 », présenté par E. Macron lui-même, il y a plus de huit mois.
Ce Président a une fâcheuse tendance à prendre les citoyens pour des demeurés. Il baptise « son bidule à illusions » d’initiales restées éminemment populaires dans la mémoire collective. La population a évidemment compris le but de la manœuvre. Empêtré dans ses difficultés, élu par une minorité de citoyens, battu aux élections législatives, conscient de la profonde crise du capitalisme mondialisé, le président de la République tente de trouver l’illusion d’une unité nationale, pour faire accepter par le plus grand nombre les choix de super-austérité que le capital exige pour maintenir ses taux de rentabilité et l’accaparement des richesses.
Du grand débat après la lutte des Gilets jaunes, à la Convention sur le climat, chacune et chacun est à même de bien comprendre à quoi s’attendre de la propagande élyséenne. Rien.
Cette funeste tromperie a fait long feu. Elle insulte notre valeureuse histoire. Elle dévoie le sigle Conseil National de la Résistance. Et le titre donné au programme du CNR, « Les jours heureux ».
Il ne s’agit pourtant pas aujourd’hui de reconstruire les bases d’un pays capable d’affronter les lourds défis de l’avenir. Le machin de M. Macron n’a pour ambition que de remodeler et soumettre nos vies aux besoins du capitalisme mondialisé. Le CNR, le vrai, c’est la Constitution de 1946, de considérables innovations, d’immenses avancées sociales et démocratiques, le soutien aux travailleurs et l’appropriation d’un certain nombre de leviers de l’économie. Sous l’impulsion d’un Parti communiste qui s’était illustré dans la Résistance aux côtés notamment de gaullistes et pesait 27% des voix à l’époque, le CNR c’est l’unification de la Nation autour d’un projet de redressement et de progrès humain.
Aujourd’hui, le Président comme ses deux prédécesseurs s’acharnent à laminer tous les conquis de ce Conseil National de la Résistance. Progressivement, s’est installé la monarchie présidentielle, le mépris des corps intermédiaires et des travailleurs, ces gens de peu qui « ne sont rien », la mise en lambeaux du Code du travail et les privatisations, le chômage et la précarité du travail qui se substituent au pacte social instauré au sortir de la guerre, alors qu’une partie de la bourgeoisie avait pactisé avec l’ennemi.
Avec obstination, E. Macron entend bien achever le travail pour lequel les gros propriétaires privés, les actionnaires ont favorisé sa réélection. Le passage de la Sécurité sociale aux assurances privées, les pénuries à l’hôpital public, la destruction de l’allocation chômage, l’allongement de la durée du travail, le recul de l’âge donnant droit à la retraite, la mise en cause du statut de la fonction publique à l’école ou dans les transports, l’appauvrissement et la mise pas de l’audiovisuel, la défiguration de la laïcité… Un ordre moral rétrograde et autoritaire, telles sont les grandes lignes de l’agenda présidentiel, soigneusement dissimulé durant les campagnes électorales.
Bref, le pouvoir met en place une escroquerie, déguisée en « machin au service de la démocratie », pour obtenir des salariés qu’ils participent à leur propre exploitation et de préserver les puissances d’argent dont la soif de profit n’est jamais assouvie.
Si le pouvoir avait le souci de l’écoute et du bien commun, il aurait pris en compte les conclusions de la Convention citoyenne. Or, il s’est empressé de rejeter la modeste proposition de taxation à 4% des dividendes, l’introduction de la préservation du climat dans la constitution, l’interdiction de zones commerciales dans les milieux naturels et un grand plan de rénovation énergétique des bâtiments.
Nul besoin aujourd’hui de réunir quelque « comité Théodule » pour appliquer une taxe sur les superprofits, augmenter les salaires et déployer une nouvelle politique industrielle et agricole, riche en emplois et facteurs de bifurcations environnementales.
Pas besoin de comité Théodule pour empêcher que le coût de production d’un mégawatt d’électricité passe de 50€ à 1000€ par la funeste magie de la spéculation en bourse.
Mais, c’est précisément ces sujets que le pouvoir veut éviter. Ce n’est pas un signe de force ! Bien au contraire, les fondés de pouvoir du capital partout en Europe sont dans une dangereuse impasse. Ils peuvent conduire au pire, comme on le voit en Italie, mais en France aussi avec une extrême droite banalisée, introduite grâce au pouvoir dans les rouages institutionnels.
Le Président n’a pas caché les inquiétudes de la classe qu’il sert devant la conférence des ambassadeurs la semaine dernière : « l’ordre économique, le capitalisme ouvert qui était une force… s’est déréglé. Et la confiance dans celui-ci n’est plus la même, dans notre pays et à l’international. C’est une réalité » Il dit tout d’une situation qui l’inquiète au plus haut point en cette rentrée.
Raison de plus d’ouvrir le débat sur l’après-capitalisme. Dans quelques heures, cette question peut parcourir, les centaines de débats, de concerts, d’expositions, de rencontres et les allées de la grande Fête de l’Humanité qui s’annonce, comme le grand événement populaire, festif, fraternel, culturel, politique et démocratique, ouvert sur le monde, de cette rentrée.
Les tenants du pouvoir indiquent eux-mêmes le niveau auquel nous devons porter notre intervention. Faisons-le. C’est le moment !
Ce Président a une fâcheuse tendance à prendre les citoyens pour des demeurés. Il baptise « son bidule à illusions » d’initiales restées éminemment populaires dans la mémoire collective. La population a évidemment compris le but de la manœuvre. Empêtré dans ses difficultés, élu par une minorité de citoyens, battu aux élections législatives, conscient de la profonde crise du capitalisme mondialisé, le président de la République tente de trouver l’illusion d’une unité nationale, pour faire accepter par le plus grand nombre les choix de super-austérité que le capital exige pour maintenir ses taux de rentabilité et l’accaparement des richesses.
Du grand débat après la lutte des Gilets jaunes, à la Convention sur le climat, chacune et chacun est à même de bien comprendre à quoi s’attendre de la propagande élyséenne. Rien.
Cette funeste tromperie a fait long feu. Elle insulte notre valeureuse histoire. Elle dévoie le sigle Conseil National de la Résistance. Et le titre donné au programme du CNR, « Les jours heureux ».
Il ne s’agit pourtant pas aujourd’hui de reconstruire les bases d’un pays capable d’affronter les lourds défis de l’avenir. Le machin de M. Macron n’a pour ambition que de remodeler et soumettre nos vies aux besoins du capitalisme mondialisé. Le CNR, le vrai, c’est la Constitution de 1946, de considérables innovations, d’immenses avancées sociales et démocratiques, le soutien aux travailleurs et l’appropriation d’un certain nombre de leviers de l’économie. Sous l’impulsion d’un Parti communiste qui s’était illustré dans la Résistance aux côtés notamment de gaullistes et pesait 27% des voix à l’époque, le CNR c’est l’unification de la Nation autour d’un projet de redressement et de progrès humain.
Aujourd’hui, le Président comme ses deux prédécesseurs s’acharnent à laminer tous les conquis de ce Conseil National de la Résistance. Progressivement, s’est installé la monarchie présidentielle, le mépris des corps intermédiaires et des travailleurs, ces gens de peu qui « ne sont rien », la mise en lambeaux du Code du travail et les privatisations, le chômage et la précarité du travail qui se substituent au pacte social instauré au sortir de la guerre, alors qu’une partie de la bourgeoisie avait pactisé avec l’ennemi.
Avec obstination, E. Macron entend bien achever le travail pour lequel les gros propriétaires privés, les actionnaires ont favorisé sa réélection. Le passage de la Sécurité sociale aux assurances privées, les pénuries à l’hôpital public, la destruction de l’allocation chômage, l’allongement de la durée du travail, le recul de l’âge donnant droit à la retraite, la mise en cause du statut de la fonction publique à l’école ou dans les transports, l’appauvrissement et la mise pas de l’audiovisuel, la défiguration de la laïcité… Un ordre moral rétrograde et autoritaire, telles sont les grandes lignes de l’agenda présidentiel, soigneusement dissimulé durant les campagnes électorales.
Bref, le pouvoir met en place une escroquerie, déguisée en « machin au service de la démocratie », pour obtenir des salariés qu’ils participent à leur propre exploitation et de préserver les puissances d’argent dont la soif de profit n’est jamais assouvie.
Si le pouvoir avait le souci de l’écoute et du bien commun, il aurait pris en compte les conclusions de la Convention citoyenne. Or, il s’est empressé de rejeter la modeste proposition de taxation à 4% des dividendes, l’introduction de la préservation du climat dans la constitution, l’interdiction de zones commerciales dans les milieux naturels et un grand plan de rénovation énergétique des bâtiments.
Nul besoin aujourd’hui de réunir quelque « comité Théodule » pour appliquer une taxe sur les superprofits, augmenter les salaires et déployer une nouvelle politique industrielle et agricole, riche en emplois et facteurs de bifurcations environnementales.
Pas besoin de comité Théodule pour empêcher que le coût de production d’un mégawatt d’électricité passe de 50€ à 1000€ par la funeste magie de la spéculation en bourse.
Mais, c’est précisément ces sujets que le pouvoir veut éviter. Ce n’est pas un signe de force ! Bien au contraire, les fondés de pouvoir du capital partout en Europe sont dans une dangereuse impasse. Ils peuvent conduire au pire, comme on le voit en Italie, mais en France aussi avec une extrême droite banalisée, introduite grâce au pouvoir dans les rouages institutionnels.
Le Président n’a pas caché les inquiétudes de la classe qu’il sert devant la conférence des ambassadeurs la semaine dernière : « l’ordre économique, le capitalisme ouvert qui était une force… s’est déréglé. Et la confiance dans celui-ci n’est plus la même, dans notre pays et à l’international. C’est une réalité » Il dit tout d’une situation qui l’inquiète au plus haut point en cette rentrée.
Raison de plus d’ouvrir le débat sur l’après-capitalisme. Dans quelques heures, cette question peut parcourir, les centaines de débats, de concerts, d’expositions, de rencontres et les allées de la grande Fête de l’Humanité qui s’annonce, comme le grand événement populaire, festif, fraternel, culturel, politique et démocratique, ouvert sur le monde, de cette rentrée.
Les tenants du pouvoir indiquent eux-mêmes le niveau auquel nous devons porter notre intervention. Faisons-le. C’est le moment !
Chiffon Rouge Morlaix
Rentrée politique réussie des communistes du Pas de Calais
Beaucoup de monde pour notre traditionnelle rentrée politique du PCF du Pas-de-Calais aux côtés de Hervé poly secrétaire départemental de Christian Pedowski Maire Communiste de Sallaumines et de Audrey Desmarai Conseillère Départementale PCF.
Manque de Canadairs ? : En France on préfère les avions de chasse et les jets privés !
Face aux multiples incendies qui ravagent les forêts françaises, le pays ne dispose que de 12 Canadairs alors qu'on dénombre 211 avions de combat et plus de 550 jets privés.
C'est une démonstration évidente de la nature destructrice et totalement irrationnelle de la production entre les mains du capital à l'heure où l'urgence climatique prend de plus en plus d'ampleur.
Cet été, sous la sécheresse et la canicule, l’Europe est en proie à des incendies historiques. La surface totale partie en fumée en Europe depuis le début de l’année atteignait 450 000 hectares soit quatre fois la moyenne à cette date entre les années 2006 et 2021.
Le producteur de Canadairs à l’arrêt depuis 10 ans !
Malgré cela, le constructeur des Canadairs, hydravion capable de larguer des tonnes d’eau sur des incendies, est à l’arrêt depuis plusieurs années : « Cela fait presque dix ans qu’aucun Canadair n’a été vendu ou livré ». Pour s’assurer une activité rentable, le groupe a en effet attendu que son carnet de commandes se remplisse pour relancer la production, et ne sera en mesure de livrer qu’à partir de 2026.
La suspension de la production de ce constructeur est dès lors très significative de l’incompatibilité entre la recherche de profit qui régit l’activité des industriels et la nécessité, en plus de celle de réduire drastiquement les émissions, de résister aux conséquences du réchauffement climatique dont les incendies font partie.
Les priorités françaises sont éclairées par les chiffres suivants : 12 Canadairs contre 211 avions de combat et 550 jets privés !!!
En France, l’armée de l’air dispose de 211 avions de combat pour plus de 500 aéronefs. La France compte également la troisième flotte de jets privés d’Europe, avec plus de 550 appareils prêts à répondre aux caprices d’excursions du patronat.
La comparaison avec la flotte de lutte contre les incendies est frappante : celle-ci compte seulement 12 Canadairs pour 26 avions au total. Ces appareils sont vieillissants : les deux tiers de la flotte sont en fin de vie. Et une partie se retrouve régulièrement clouée au sol pour entretien et maintenance.
En plus de ça, la flotte manque de pilotes, et souffre d’une forte concentration à Nîmes, où se trouve le centre de maintenance. Face à cette situation et aux violents incendies, l’UE a mobilisé des avions de la flotte grecque pour venir colmater les trous de la flotte française.
L’état de la flotte reflète le manque de moyens dont sont victimes les pompiers de manière générale :
« Nous disposons en France d’une force de frappe conséquente toutefois mise à mal ces deux dernières décennies à cause de logiques financières qui ont réduit la voilure dans certains départements. Certaines casernes se sont dotées de véhicules polyvalents, ce qui les empêche de venir en renfort dans d’autres régions quand la situation l’exige. Nous sommes passés de 7 500 casernes il y a quinze ans à 6 800 aujourd’hui et avons des ressources humaines limitées, qui ne sont pas toutes formées aux feux de forêts »
explique Gregory Allione, président de la fédération nationale des sapeurs-pompiers.
Un manque de moyens contre lequel les pompiers se mobilisent depuis 2019, face au mépris et aux matraques du gouvernement.
Cinq cents familles : une fortune qui ne tombe pas du ciel !
l'IFI a été payé par 132 722 contribuables en 2018, contre 358 000 imposables à l’ISF en 2017.
À intervalles réguliers, environ chaque année, est publiée la liste des plus grosses fortunes de France, les dites cinq cents familles. Une manière pour les médias et autres réseaux d’influence de se donner bonne conscience une fois par an. Chacun y va de sa petite tirade sur l’augmentation des inégalités et jure la main sur le cœur qu’il faut empêcher que cela dure. Morale judéo-chrétienne quand tu nous tiens ! Mais c’est pour aussitôt refermer soigneusement la porte sur cette réalité et la faire retomber dans l’oubli. Il est vrai que pour changer un tel état des choses il faut plus que des déclarations de bonnes intentions, voire que quelques aménagements.
Une entreprise qui ne craint pas la crise
Le constat est en tout éclairant. Chaque année les ultrariches sont de plus en plus riches. Le dernier classement publié par le journal économique Challenges l’atteste. Un fossé sans cesse plus profond se creuse entre les plus riches et les autres. Jugez-en plutôt ! Le patrimoine cumulé des cinq cents familles a progressé de 730 milliards d’euros en 2020 par rapport à 2019, soit une augmentation de 3 %. Comme quoi la crise de la covid n’aura pas pénalisé tout le monde !
Une barre symbolique jamais atteinte jusque-là, a même été franchie. Il s’agit de celle des 100 milliards d’euros. C’est le montant de la fortune de Bernard Arnault, le patron de LVMH. Une fortune qui a encore augmenté en un an. Ce n’est pas un hasard, le luxe est le secteur qui a le mieux résisté à la crise sanitaire. Enfin, l’actif net total imposable à l’ISF était de 1 028 milliards d’euros fin 2017 au moment de sa suppression, il serait aujourd’hui d’environ 1 500 milliards d’euros.
« L’argent c’est le nerf de la guerre, le pouvoir d’en décider l’utilisation est le cœur de la lutte des classes aujourd’hui. »
D’autres indicateurs comme l’héritage attestent également l’accumulation de patrimoine au cours de ces dernières années. Ainsi la part des 1 % des fortunes les plus élevées dans le patrimoine total est passée de 15 % à̀ 25 % entre 1985 et 2015. Une évolution confirmée par d’autres données montrant que 10 % des transmissions par succession et donation en ligne indirecte rapportent plus de 50 % des droits de mutation à̀ titre gratuit (DMTG) ; 1 % des héritiers pouvant désormais obtenir, par une simple vie de rentier, un niveau de vie supérieur à celui des 1 % des « travailleurs » les mieux rémunérés. Ainsi, depuis la fin du XXe siècle, le patrimoine hérité occupe une part de plus en plus grande dans l’accroissement des inégalités.
Une situation qui ne vient pas de nulle part
S’il est juste et sain d’être indigné par une telle montée des inégalités, celles-ci ne viennent pas de rien mais résultent de choix politiques précis, réfléchis et mis en chantier de façon déterminée depuis le début des années 1990. Cela renvoie à une double évolution.
D’une part la gestion des entreprises et l’utilisation de l’argent. Car l’argent accumulé dans les mains de quelques détenteurs ne vient pas de nulle part mais, pour une large part, de la production. Pour preuve, l’enrichissement de Bernard Arnault tient à l’extrême bonne santé de l’industrie du luxe et qui dit industrie dit production de sacs et d’autres produits luxueux par des femmes et des hommes qui lui vendent leur force de travail. Une force de travail dont la reconnaissance dans la valeur ajoutée a soigneusement été laminée, (-10 % sur les trente dernières années), pour laisser place aux prélèvements du capital. Ce processus a été accompagné par le dépeçage des droits d’intervention des salariés dans les gestions, lois El Khomri et Macron. Dans le même temps, la création monétaire a été mise au service des marchés, la détournant ainsi des investissements utiles pour des productions respectueuses de l’humain et de la planète. Les banques et la BCE en premier lieu distribuent des milliards sans contrôle, un argent qui sert surtout à alimenter les marchés financiers : du soutien aux dividendes aux OPA en passant par toutes les autres formes de spéculation. Finalement, cela vient gonfler les portefeuilles des actionnaires et autres fonds de pension ou dits « d’investissements ».
« La création monétaire a été mise au service des marchés la détournant ainsi des investissements utiles pour des productions respectueuses des hommes et de la planète. »
D’autre part, il y a l’évolution de la fiscalité, c’est-à-dire la restructuration régressive tant de la législation fiscale que des services et des moyens mis à disposition des administrations financières pour connaître, gérer et contrôler l’impôt, particulièrement celui des entreprises et des contribuables les plus fortunés. Il y a une cohérence entre détournement de l’argent en direction de quelques-uns et recul des droits et des moyens du contrôle fiscal. Comment imaginer que les pouvoirs publics permettraient à quelques-uns d’accaparer toujours plus de valeur ajoutée, toujours plus d’argent issu de la création monétaire et venir ensuite tout leur reprendre par la fiscalité ? Ce serait un vrai supplice ! C’est ainsi que la taxe professionnelle a été supprimée par Nicolas Sarkozy, que le taux de l’impôt sur les sociétés (IS) a été abaissé de 50 % en 1985 à 25 % en 2022, que l’imposition forfaitaire annuelle des sociétés (IFA) et la contribution sociale de solidarité des sociétés (C3S) ont disparu, que l’ISF a été supprimé en 2018 pour laisser la place à l’impôt sur la fortune immobilière (IFI), faisant chuter la base imposable de 1 028 milliards d’euros à 300 milliards d’euros… C’est ainsi que des missions fiscales se sont quasiment volatilisées dans les services fiscaux ; par exemple, tout ce qui relève de la fiscalité des personnes les plus fortunées mais aussi de la gestion et du contrôle en matière de fiscalité immobilière. Dans ce même esprit, ont été soigneusement laminés les moyens permettant le suivi et la vérification des entreprises. Trente mille emplois sur cent soixante-dix mille ont été supprimés au ministère des Finances. Y a-t-il besoin d’aller beaucoup plus loin dans la démonstration ?
Simulation : recettes d’IFI par rapport aux recettes prévisibles si l’ISF existait encore
Sortir de cette impasse exige des réponses à la hauteur
Le mal est profond, la gangrène gagne tous les pans de la société au point d’en arriver à une sorte de pourrissement lent d’un système qui peut emporter avec lui toute la civilisation. C’est pourquoi les réponses doivent s’intégrer dans un projet alternatif de construction d’un nouveau système pour une civilisation de toutes et de tous. Ce projet doit prendre appui sur des propositions précises concernant toute la sphère de l’argent, de celui des banques en passant par celui des entreprises jusqu’à celui de l’État. L’argent, c’est le nerf de la guerre, le pouvoir d’en décider l’utilisation est le cœur de la lutte des classes aujourd’hui. Marx disait en substance que la répartition de la richesse dépend en fait de la façon de la produire. Voilà pourquoi, outre des moyens de contrôle, il est décisif de doter les salariés et l’ensemble des citoyens de véritables pouvoirs d’intervention et de décision dans la gestion des entreprises comme de la cité.
« Depuis la fin du XXe siècle, le patrimoine hérité occupe une part de plus en plus grande dans l’accroissement des inégalités. »
Un autre rôle pour la fiscalité
Cela signifie des transformations profondes passant par la mise en place de nouvelles institutions comme des fonds régionaux et un fonds national pour l’emploi et la formation, un pôle public bancaire, un fonds social, solidaire et écologique adossé à la BCE pour financer le développement des services publics. Cela dans le but de prendre la main sur la création monétaire de la BCE, mais aussi sur la politique du crédit bancaire. Pour assurer le suivi, le contrôle et l’efficacité de ces institutions, la fiscalité doit avoir un tout autre rôle et développer de nouvelles procédures. Un tout autre rôle qui passe par en changer l’objectif. Elle deviendrait un outil majeur d’impulsion d’une nouvelle utilisation de l’argent des entreprises pour de nouveaux modes de production en doublant la fonction de contrôle par une dimension incitative, en rendant progressif l’impôt sur les sociétés, en permettant sa saisine par un droit d’alerte des salariés, en construisant un vrai impôt local sur le capital, en installant un nouvel ISF plus progressif intégrant les biens professionnels, en redéfinissant le barème et la progressivité de l’impôt sur le revenu et des droits de mutation à titre gratuit. Il s’agirait enfin d’établir de vraies coopérations entre les administrations fiscales de l’Union européenne et sur le plan mondial par le biais de l’ONU, pour lutter contre le dumping fiscal, combattre l’évasion fiscale et mettre hors-jeu les paradis fiscaux. Ce qui suppose aussi une autre politique des banques qui sont les premiers pourvoyeurs de ces espaces de non-droit. Enfin, est-ce totalement un hasard si cinq cents familles mettent la main sur la plus grande part du magot, alors que, dans le même temps, cinquante-quatre groupes disposent de 30 % de la valeur ajoutée créée sur notre territoire, c’est-à-dire 600 milliards ?
Jean-Marc Durand est fiscaliste et membre de la commission Économie du PCF.
Cause commune • mars/avril 2022
Energies fossiles, canicules, incendies et déforestation (L’HUMANITE du Lundi 18 juillet 2022 )
Alors que se succèdent les journées de canicule avec une multiplication des incendies en France et en Europe, nous avons, au matin du 15 juillet, lu attentivement et sélectionné quelques dépêches diffusées de très bonne heure par l’Agence France Presse (AFP). Leur analyse permet de mettre en exergue les contradictions qui poussent à la croissance des émissions de gaz à effet de serre en cet été 2022.
On dit que l’avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt. Pour les journalistes, lire les informations les plus matinales de l’AFP valide ce dicton. À 4H45 le 15 juillet, une dépêche de l’Agence expliquait qu’au Brésil 830.000 km2 de la forêt amazonienne sont des « terres de personne », à savoir sans propriétaires attitrés et soumises de ce fait à la déforestation permanente. À titre de comparaison, cette superficie est égale à une fois et demie celle de la France métropolitaine qui est de 530.000 k2. L’AFP indiquait que « selon les données de l’Institut de recherche environnementale de l’Amazonie (IPAM), entre 1997 et 2020, 87 % du déboisement a eu lieu dans ces zones sans cadre juridique, occupées illégalement ou enregistrées de manière frauduleuse comme propriétés privées… ».
L’agence publiait plusieurs témoignages. Daniel Viegas, spécialiste des questions environnementales, observait que « quand une terre est non réglementée, elle est soumise à tous types de crimes et la population se retrouve sans accès aux services de base, tels la santé et l’éducation ». Christine Mazetti, de Geenpeace Brésil, expliquait que l’absence de cadre juridique est un sujet « délaissé par le gouvernement fédéral actuel et même par les gouvernements des Etats ». L’AFP ajoutait que « depuis son arrivée au pouvoir en 2019, le président d’extrême droite Jair Bolsonaro est régulièrement accusé par les défenseurs de l’environnement d’encourager la déforestation par ses discours en faveur de l’exploitation commerciale de la forêt. Ils dénoncent aussi les projets soutenus part les alliés du chef de l’Etat au Parlement, dont certains visent à assouplir les critères pour la cession à des particuliers des terres publiques occupées illégalement », ajoutait l’Agence. Tandis que le feu détruit les forêts en France et en Europe, le stockage du carbone par les arbres va donc continuer de décroître dans le monde.
La course d’obstacles des roses qui voyagent en avion
Publiée à la même heure, une autre dépêche de l’AFP portait en titre « La course d’obstacles des roses équatoriennes pour arriver sur les étals du monde ». On y apprenait que l’Equateur est le troisième producteur mondial de roses après les Pays Bas et la Colombie. Il en a exporté dans le monde entier pour 927 millions de dollars en 2021. Mais des semaines de blocage de l’économie par « une grève indigène contre la vie chère » ont perturbé ce commerce cette année en Equateur. Dans cette dépêche, un producteur dénommé Eduardo Letort indiquait qu’en 2021, « la Russie était le deuxième grand marché pour les fleurs équatoriennes (20 %) derrière les Etats Unis (40 %). Mais après l’invasion de l’Ukraine, les achats russes sont tombés à 10 % » selon ce producteur.
Qu’elles soient produites aux Pays Bas, en Colombie, en Equateur ou dans certains pays africains, le marché mondialisé des fleurs coupées présente un bilan carbone désastreux. La production de ces fleurs consomme et pollue beaucoup d’eau, utilise des pesticides, de l’énergie pour chauffer les serres tandis qu’à l’issue de la récolte, la marchandise est transportér par avion vers une multitude de pays. Prétendre agir pour la neutralité carbone à l’horizon 2050 tout en favorisant ce type de commerce est une aberration. C’est également vrai concernant les accords de libre-échange pour faire circuler la nourriture sur des milliers de kilomètres. Là encore, l’accord de libre-échange que la Commission européenne vient de conclure avec la Nouvelle-Zélande à la fin du mois de juin dernier est un non-sens dans un monde en phase de réchauffement climatique accéléré. Il aboutira, s’il est validé, à accroître les importations françaises de viandes bovines et ovines, de produits laitiers, de fruits et de vins que nous savons produire chez nous.
Une réunion en Indonésie pour punir Poutine
Publiée à 5H09 ce même 15 juillet, la troisième dépêche de l’AFP indiquait que « les grands argentiers du G20 ont entamé vendredi une réunion en Indonésie qui devrait être dominée par les répercussions de l’invasion de l’Ukraine par la Russie sur l’économie mondiale au moment où l’inflation accélère et où les perspectives de croissance s’assombrissent (…) Les discussions devraient refléter une ligne de fracture entre les Occidentaux qui veulent isoler économiquement Moscou et les grands pays en développement opposés aux sanctions contre la Russie, avec la Chine dans une position clé (…) Si les ministres de Finances de l’Italie, du Canada, de l’Inde et de l’Afrique du Sud se sont déplacés, de nombreux pays ont envoyé des représentants de moindre niveau. La France est représentée par le directeur général du trésor et par le gouverneur de la Banque de France. La présidente de la Banque centrale européenne (BCE) Christine Lagarde participera à distance ainsi que les ministres chinois et brésilien, tandis que le président de la Banque mondiale David Malpass sera absent (…) Les grands argentiers doivent discuter des solutions pour alléger l’impact de l’inflation et des crises alimentaire et énergétique sur les pays les plus fragiles », relevait encore la dépêche. Mais ce sommet ne semblait guère passionner les décideurs des grands pays capitalistes. Durant le week-end, aucun média audiovisuel n’a parlé en France des débats de ce G20 en Indonésie.
Quand Joe Biden courtise MBS pour avoir du pétrole
Pendant ce temps-là, après un passage éclair en Israël, le président des Etats Unis arrivait le 15 juillet au soir en Arabie saoudite pour rencontrer Mohammed Ben Salman dit « MBS ». Il veut le convaincre de produire plus de pétrole afin d’approvisionner les pays occidentaux qui souhaitent réduire leurs achats en Russie. Mais comme la hausse du prix du pétrole a augmenté des recettes de l’Arabie saoudite de 20,4 % sur le premier trimestre de 2022, rien ne prouve que le prince héritier voudra augmenter sa production dans le seul but de faire baisser le prix de vente du pétrole pour les pays de l’OTAN, dont les dirigeants veulent punir Poutine depuis l’invasion de l’Ukraine.
Le Figaro notait à ce propos dans son édition du 15 juillet : « Joe Biden a renoncé à faire de l’Arabie - dirigée de facto depuis la dégradation de l’état de santé du roi Salman par son fils Mohammed Ben Salman- un Etat « paria », pour l’implication du prince héritier dans l’horrible assassinat du dissident Jamal Khashoggi, en 2018, au consulat saoudien d’Istanbul (…) La crise ukrainienne et la flambée des cours du pétrole qui s’ensuit ont rendu les pétromonarchies du Golfe encore plus riches et incontournables que précédemment ». Ce lundi 18 juillet, en recevant au château de Versailles le nouveau président des Émirats Arabes Unis Mohammed Ben Zayed, le président Macron entreprend la même démarche de Joe Biden pour tenter de se passer du gaz et du pétrole russe. Mais il est quasi certain qu’en important plus de pétrole et de gaz en provenance de ces monarchies, les pays occidentaux ne pourront empêcher la Russie de conquérir d’autres marchés dans la mesure où la demande mondiale restera plus importante que l’offre.
Dans ce contexte, il apparaît que la courbe des émissions de CO2 ne va pas s’inverser au niveau planétaire. Ainsi, le prix de charbon livré au port de Rotterdam a augmenté de 30 % en un mois en raison de l’augmentation de la demande en Europe. La encore, la volonté des pays occidentaux de moins dépendre du gaz et du pétrole russe débouche sur la relance des centrales à charbon pour produire de l’électricité !
On dit que l’avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt. Pour les journalistes, lire les informations les plus matinales de l’AFP valide ce dicton. À 4H45 le 15 juillet, une dépêche de l’Agence expliquait qu’au Brésil 830.000 km2 de la forêt amazonienne sont des « terres de personne », à savoir sans propriétaires attitrés et soumises de ce fait à la déforestation permanente. À titre de comparaison, cette superficie est égale à une fois et demie celle de la France métropolitaine qui est de 530.000 k2. L’AFP indiquait que « selon les données de l’Institut de recherche environnementale de l’Amazonie (IPAM), entre 1997 et 2020, 87 % du déboisement a eu lieu dans ces zones sans cadre juridique, occupées illégalement ou enregistrées de manière frauduleuse comme propriétés privées… ».
L’agence publiait plusieurs témoignages. Daniel Viegas, spécialiste des questions environnementales, observait que « quand une terre est non réglementée, elle est soumise à tous types de crimes et la population se retrouve sans accès aux services de base, tels la santé et l’éducation ». Christine Mazetti, de Geenpeace Brésil, expliquait que l’absence de cadre juridique est un sujet « délaissé par le gouvernement fédéral actuel et même par les gouvernements des Etats ». L’AFP ajoutait que « depuis son arrivée au pouvoir en 2019, le président d’extrême droite Jair Bolsonaro est régulièrement accusé par les défenseurs de l’environnement d’encourager la déforestation par ses discours en faveur de l’exploitation commerciale de la forêt. Ils dénoncent aussi les projets soutenus part les alliés du chef de l’Etat au Parlement, dont certains visent à assouplir les critères pour la cession à des particuliers des terres publiques occupées illégalement », ajoutait l’Agence. Tandis que le feu détruit les forêts en France et en Europe, le stockage du carbone par les arbres va donc continuer de décroître dans le monde.
La course d’obstacles des roses qui voyagent en avion
Publiée à la même heure, une autre dépêche de l’AFP portait en titre « La course d’obstacles des roses équatoriennes pour arriver sur les étals du monde ». On y apprenait que l’Equateur est le troisième producteur mondial de roses après les Pays Bas et la Colombie. Il en a exporté dans le monde entier pour 927 millions de dollars en 2021. Mais des semaines de blocage de l’économie par « une grève indigène contre la vie chère » ont perturbé ce commerce cette année en Equateur. Dans cette dépêche, un producteur dénommé Eduardo Letort indiquait qu’en 2021, « la Russie était le deuxième grand marché pour les fleurs équatoriennes (20 %) derrière les Etats Unis (40 %). Mais après l’invasion de l’Ukraine, les achats russes sont tombés à 10 % » selon ce producteur.
Qu’elles soient produites aux Pays Bas, en Colombie, en Equateur ou dans certains pays africains, le marché mondialisé des fleurs coupées présente un bilan carbone désastreux. La production de ces fleurs consomme et pollue beaucoup d’eau, utilise des pesticides, de l’énergie pour chauffer les serres tandis qu’à l’issue de la récolte, la marchandise est transportér par avion vers une multitude de pays. Prétendre agir pour la neutralité carbone à l’horizon 2050 tout en favorisant ce type de commerce est une aberration. C’est également vrai concernant les accords de libre-échange pour faire circuler la nourriture sur des milliers de kilomètres. Là encore, l’accord de libre-échange que la Commission européenne vient de conclure avec la Nouvelle-Zélande à la fin du mois de juin dernier est un non-sens dans un monde en phase de réchauffement climatique accéléré. Il aboutira, s’il est validé, à accroître les importations françaises de viandes bovines et ovines, de produits laitiers, de fruits et de vins que nous savons produire chez nous.
Une réunion en Indonésie pour punir Poutine
Publiée à 5H09 ce même 15 juillet, la troisième dépêche de l’AFP indiquait que « les grands argentiers du G20 ont entamé vendredi une réunion en Indonésie qui devrait être dominée par les répercussions de l’invasion de l’Ukraine par la Russie sur l’économie mondiale au moment où l’inflation accélère et où les perspectives de croissance s’assombrissent (…) Les discussions devraient refléter une ligne de fracture entre les Occidentaux qui veulent isoler économiquement Moscou et les grands pays en développement opposés aux sanctions contre la Russie, avec la Chine dans une position clé (…) Si les ministres de Finances de l’Italie, du Canada, de l’Inde et de l’Afrique du Sud se sont déplacés, de nombreux pays ont envoyé des représentants de moindre niveau. La France est représentée par le directeur général du trésor et par le gouverneur de la Banque de France. La présidente de la Banque centrale européenne (BCE) Christine Lagarde participera à distance ainsi que les ministres chinois et brésilien, tandis que le président de la Banque mondiale David Malpass sera absent (…) Les grands argentiers doivent discuter des solutions pour alléger l’impact de l’inflation et des crises alimentaire et énergétique sur les pays les plus fragiles », relevait encore la dépêche. Mais ce sommet ne semblait guère passionner les décideurs des grands pays capitalistes. Durant le week-end, aucun média audiovisuel n’a parlé en France des débats de ce G20 en Indonésie.
Quand Joe Biden courtise MBS pour avoir du pétrole
Pendant ce temps-là, après un passage éclair en Israël, le président des Etats Unis arrivait le 15 juillet au soir en Arabie saoudite pour rencontrer Mohammed Ben Salman dit « MBS ». Il veut le convaincre de produire plus de pétrole afin d’approvisionner les pays occidentaux qui souhaitent réduire leurs achats en Russie. Mais comme la hausse du prix du pétrole a augmenté des recettes de l’Arabie saoudite de 20,4 % sur le premier trimestre de 2022, rien ne prouve que le prince héritier voudra augmenter sa production dans le seul but de faire baisser le prix de vente du pétrole pour les pays de l’OTAN, dont les dirigeants veulent punir Poutine depuis l’invasion de l’Ukraine.
Le Figaro notait à ce propos dans son édition du 15 juillet : « Joe Biden a renoncé à faire de l’Arabie - dirigée de facto depuis la dégradation de l’état de santé du roi Salman par son fils Mohammed Ben Salman- un Etat « paria », pour l’implication du prince héritier dans l’horrible assassinat du dissident Jamal Khashoggi, en 2018, au consulat saoudien d’Istanbul (…) La crise ukrainienne et la flambée des cours du pétrole qui s’ensuit ont rendu les pétromonarchies du Golfe encore plus riches et incontournables que précédemment ». Ce lundi 18 juillet, en recevant au château de Versailles le nouveau président des Émirats Arabes Unis Mohammed Ben Zayed, le président Macron entreprend la même démarche de Joe Biden pour tenter de se passer du gaz et du pétrole russe. Mais il est quasi certain qu’en important plus de pétrole et de gaz en provenance de ces monarchies, les pays occidentaux ne pourront empêcher la Russie de conquérir d’autres marchés dans la mesure où la demande mondiale restera plus importante que l’offre.
Dans ce contexte, il apparaît que la courbe des émissions de CO2 ne va pas s’inverser au niveau planétaire. Ainsi, le prix de charbon livré au port de Rotterdam a augmenté de 30 % en un mois en raison de l’augmentation de la demande en Europe. La encore, la volonté des pays occidentaux de moins dépendre du gaz et du pétrole russe débouche sur la relance des centrales à charbon pour produire de l’électricité !
Le train SNCF est-il trop cher ? par Laurent Brun
D’abord des éléments factuels : un célèbre comparateur me donne les éléments suivants : Pour 1 personne, sur un trajet Marseille-Strasbourg (c’est un commentaire d’usager mécontent qui me fait choisir ce trajet)
Avec un départ le 13 août et un retour le 27 août : en bus 140€, 12h de trajet
en avion aucun vol direct 474€ avec une escale à Biarritz (sic !!!) 25h a l’aller 16h au retour, évidemment classe économique, sinon pour 12h de trajet il faut monter au delà de 560€… Je n’aborde même pas la question environnementale en train (TGV) 193€ 6h de trajet. Bon en réalité, quand on est redirigé sur SNCF Connect, le prix c’est 226€ (1ere classe à l’Aller et 2e au retour).
en avion aucun vol direct 474€ avec une escale à Biarritz (sic !!!) 25h a l’aller 16h au retour, évidemment classe économique, sinon pour 12h de trajet il faut monter au delà de 560€… Je n’aborde même pas la question environnementale en train (TGV) 193€ 6h de trajet. Bon en réalité, quand on est redirigé sur SNCF Connect, le prix c’est 226€ (1ere classe à l’Aller et 2e au retour).
Mais ça montre que déjà le TGV est incroyablement plus intéressant en terme de temps de trajet, de confort, et même de tarif…
Donc si on se base sur la logique du marché, non le train n’est pas cher. Beaucoup des gens qui critiquent la SNCF sont des fanatiques ou des fatalistes du marché. Donc ils ne devraient pas se plaindre. Ils ont le prix que leur système produit…
Au delà du comparatif factuel, il faudrait rajouter les coûts induits (pollution, occupation des sols, accidentologie…). Le train intègre déjà une grosse partie de ces coûts puisqu’il assume son infrastructure, sa police ferroviaire, etc… ce que ne font pas les autres modes. Et en plus c’est le moins polluant…
Mais la question reste pertinente. Si on ne se base pas sur le marché, mais sur le besoin des citoyens et de la collectivité, le train est il trop cher pour répondre efficacement ?
Alors la, la réponse est oui. Beaucoup de gens sont écartés du train. Le motif n’est pas seulement financier (il y a beaucoup de citoyens qui n’ont pas accès à une gare correctement desservie dans une distance raisonnable).
Mais la question du prix est aussi un sujet. Par exemple l’INSEE a publié une étude en 2008 (j’ai rien trouvé de plus récent) qui annonçait que pour 36,7% des 45,1% de français qui ne partent pas en vacance, le motif est économique, or le transport est le second poste de dépense pas très loin derrière l’hébergement, donc on peut imaginer qu’un transport collectif peu cher pourrait permettre à au moins 10 ou 15% de français de ne plus être privés de vacances.
Ça ferait quand même une sacrée amélioration pour 6 à 10 millions de personnes. Et comme 70% de ceux qui partent le font avec leur véhicule personnel, on peut considérer qu’on a aussi une bonne marge de report à gagner en valeur de l’environnement…
Oui le train pourrait être moins cher encore pour atteindre ces objectifs. Cela suppose de remettre en cause les dernières réformes qui orientent la compagnie nationale sur le profit. Par exemple, actuellement il vaut mieux des trains pleins aux places chères, que des trains en quantité suffisante…
Les réformes ont aussi considérablement désorganisé là production : il ne s’agit plus de produire de la manière la plus efficace, par exemple en mutualisent les moyens entre activités (fret, ter, tgv…). On se prive des complémentarités qui créaient de l’optimisation maximale. Le système est organisé pour répondre aux marchés, donc on sépare bien toutes les activités, pour identifier les coûts et les marges sur chaque entité.
Mais contrairement à la croyance populaire, cela ne crée pas d’efficacité au contraire puisque les processus de contrôle de gestion crée des interfaces très coûteuses (re facturations entre les différentes entités qui sont souvent interdépendantes, ou création d’autonomie très coûteuses car on va créer des strates de directions, des systèmes informatiques ou des infrastructures de formation spécifiques et amorties sur une activité plus restreinte, par exemple). Sans compter les processus juridiques et administratifs pour répondre aux appels d’offre (même quand il n’y a que la SNCF comme candidate !).
Bref il faut dégager de plus en plus de chiffre d’affaire pour assumer ces surcoûts. Et pour ne pas réduire la marge on réduit les effectifs dans tous les services ce qui fait qu’on produit de plus en plus mal…
Si on se débarrasse de ce boulet de la concurrence, on peut dégager des moyens pour améliorer le service et réduire le prix. Sinon il faudra se résoudre comme en PACA ou en Grand Est, et comme dans le TGV, à l’augmentation des tarifs parce que c’est ce que produit le marché et la désorganisation publique.
Il faut d’ailleurs préciser que dans la concurrence, l’égalité est toute relative : Transdev bénéficie d’une réduction massive des péages sur ses 2 premières annnées d’exercices (cette année on peut considérer qu’elle échappe à 30 à 35% de ses coûts !!!!) alors que la SNCF Voyageur doit assumer un « dividende » qu’elle doit dégager et reverser à Reseau (avec la réforme de 2014 puis 2018, l’Etat reconnaît qu’il doit verser plus d’argent pour l’entretien du réseau donc il oblige SNCF voyageurs à verser 700 millions d’euros, et il considère que c’est une subvention publique puisqu’il renonce à ce « dividende » en l’attribuant à Reseau… sauf que ce dividende, il faut le prélever sur les activités de SNCF voyageurs donc sur les TER, RER, TET et TGV).
Bref la SNCF doit « faire du blé ». C’est en tout cas la mission, la priorité et la trajectoire que lui a fixé l’Etat.
Clement Beaune va t il confirmer ? Probablement. Peut être même amplifier si l’Etat décide qu’il faut investir plus dans le réseau (ce qui est effectivement nécessaire) mais qu’il ne veut pas mettre les moyens publics pour cela…
Si on reste dans la logique de marché, il vaut mieux des trains pleins car les places seront plus chères que des trains en nombre suffisants. C’est pour ça que la SNCF préfère envoyer des rames TGV commandées à Alstom en Espagne plutôt que de les utiliser sur le marché français alors qu’on manque de places aux pointes d’été (et que c’est probablement une situation qui va s’amplifier avec le renchérissement du pétrole)… et elle s’apprête à envoyer une seconde livraison en Italie… on nous parle de pénurie de matériel mais elle est organisée cette pénurie.
A ma connaissance, l’utilisation du marché Alstom pour fournir des rames à une future filiale italienne plutôt qu’aux besoins du marché français a été validé TOUT RÉCEMMENT par le Ministère. Donc il faudra attendre 5 ou 6 ans au minimum avant d’avoir des rames supplémentaires en France. Sauf si le Ministère revient sur sa validation de l’aventure italienne !
Le train serait moins cher si on avait pas abandonné complètement les intercités, y compris les trains de nuit. Pour reprendre mon exemple du Marseille Strasbourg, puisque l’avion met 12h, n’y avait il pas un espace pour un train pas cher en vitesse classique qui ne soit pas un TGV passant par Paris et mettant un peu plus de 6h ?
Et le train serait moins cher si l’Etat n’avait pas orienté le financement de la SNCF sur le tout TGV (60% des recettes commerciales de l’entreprise !!!) pour se désengager de certaines de ses responsabilités…
En dehors d’exemples précis, il est très difficile de dire combien coûte le train car il est difficile de faire des moyennes dans le fatra des tarifs. Mais là encore, ce n’est pas le fait du hasard et ce n’est pas seulement la responsabilité de la SNCF, qui a de plus en plus sa logique propre, mais qui reste un outil des politiques publiques.
La mise en place du Yield management date de mai 1993… gouvernement Balladur, donc une décision politique de la droite. Pour les TER, l’autonomie tarifaire des régions c’est la réforme SRU de 2000 (gouvernement Jospin) et surtout la réforme de 2014 (gouvernement Hollande) qui leur permet de faire n’importe quoi. Quand chaque Région fait ses tarifs, forcément, les conditions générales de vente à l’échelle nationales deviennent un tantinet étoffées. Bref.
Que choisir avait fait une étude en 2019 établissant une moyenne de 0,18€/km pour les trajets inférieurs à 2h et 0,15€/km au delà. Ces tarifs différaient selon la ligne de 0,10€ sur Toulouse-Narbonne à 0,25€ sur Paris-Dunkerque. Mais ça donne une idée.
Sur cette référence, si l’Etat fixait une valeur de 0,10€/km, voire moins, on baisserait sensiblement le prix du TGV. Mais évidemment il faudrait construire un modèle qui ne se base pas sur les recettes TGV pour se financer : perte probable de 2 des 6 milliards de recettes générées, qui pourraient être compensées par le volume mais cela suppose d’avoir les rames et les lignes, et cela remet en cause la logique de marge maximale, de vache à lait pour tout le système ferroviaire…C’est un choix politique !
Celui du TGV service public pour la transition écologique, l’aménagement du territoire, le droit aux vacances pour tous, etc… celui des TET complémentaires de l’offre pour toutes les destinations, etc… c’est possible mais cela suppose de gros changements d’orientations. Des ruptures mêmes.
Le choix actuel du Gouvernement c’est au contraire la concurrence, qui comme tout le monde sait, règle tous les problèmes (ça ne se voit pas à l’écrit mais c’est de l’ironie !!!!).
Problème : dans la loi de l’offre et de la demande, le train est actuellement déjà très compétitif (comme vu plus haut) et il n’y a donc aucune raison que les prix baissent sur les segments en open accès (TGV). Au contraire, puisque les concurrents sont à la masse on peut augmenter les prix.
Et dans les segments conventionnés (TER, RER, TET) comme le processus concurrentiel désoptimise le système ferroviaire (comme vu également plus haut), il faudra accroître la subvention publique. Au km de train, la subvention offerte en PACA, en Grand Est et en Haut de France est plus importante dans les futures contrats que ce qui était attribué par la SNCF. Par contre l’argent public reste limité, donc très souvent l’ouverture à la concurrence est précédée par des réductions de dessertes dans les zones jugées non stratégiques. La concurrence c’est plus cher et ça conduit à abandonner une partie des usagers. Et en PACA et en Grand Est, ça débouche aussi sur des augmentations de prix pour les usagers (Ben oui, les promesses sur les baisses de prix après la suppression du statut des cheminots n’engageaient que ceux qui y ont cru…).
Pour sauver la face, ces Régions crient à la mauvaise qualité du service et se mettent à refuser de payer la SNCF. Tant que c’est encore une entreprise publique, ça marche… Les outils publics se laissent piller par les autorités car ce sont des outils publics (comme EDF avec l’énergie vendue à leurs concurrents). Bref.
Pour le TGV, tous les usagers seront perdants, comme dans toutes les activités ferroviaires (Ter, Rer…). Mais à l’intérieure des perdants il y en aura des moins maltraités, ceux qui sont sur les liaisons très rentables. Ceux là auront l’impression d’être gagnants, donc que le système concurrentiel fonctionne, mais ce sera très largement fictif, et surtout ça se fera au détriment du reste du territoire. La aussi, c’est un choix politique : soit on veut faire société ensemble, on veut constituer une Nation française basée sur un contrat social d’égalité et de solidarité, soit c’est chacun pour sa gueule…
Même s’il a déjà bien avancé, le processus de déconstruction n’en est encore qu’au début donc il est réversible !
Mais on peut déjà mesurer les effets : par exemple sur l’ultra rentable ligne Paris Lyon (pour les mêmes dates que le Marseille Strasbourg, sur le même comparateur et infos prises dans la même matinée) :
96€ en avion pour 1h07 (mais si on rajoute le transport au centre ville c’est au moins 2h de plus et c’est 26,7€ pour la navette Rhoneexpress à Lyon et je n’ai pas cherché le prix du RER)
34€ en bus mais il faut vouloir se taper 6h07 de trajet
En train : 76€ avec Trenitalia (en réalité 65€ sur leur site) ; 74€ avec SNCF Ouigo (en réalité 60€ sur SNCF Connect) et 93€ avec SNCF Inoui (en réalité 120€ sur SNCF Connect). Le tarif dépend beaucoup plus de l’heure à laquelle vous partez que de la compagnie.
Ce n’est pas une analyse complète, ce n’est pas une moyenne, c’est un sondage a un instant T, mais il confirme que le train est très compétitif par rapport aux autres modes de transport et qu’à l’intérieur du mode ferroviaire la SNCF est loin d’être larguée.
Par contre, si on calcul le prix kilométrique, Pour Marseille Strasbourg 226€ / (2x800km) = 0,14€ du km
Pour Paris Lyon 60 ou 65€ / (2x460km) = 0,065€ ou 0,07€ du km
Autrement dit un usager de Strasbourg paye le train 2 fois plus cher qu’un usager de Lyon. Et je ne parle que des métropoles, je n’aborde pas Aubagne-Schiltigheim ou Givors-Melun…
Plus la concurrence va s’installer, plus l’écart va se creuser, et personne n’y gagnera ! Le train va coûter de plus en plus cher, et encore plus lorsqu’il s’agira d’aller dans des zones moins rentables.
Pour ma part je défend le service public, son monopole pour réduire les coûts, et l’égalité territoriale la plus grande possible. Pour cela il va vite falloir sortir du tunnel libéral dans lequel nous sommes enfermés.
Laurent Brun
Au delà du comparatif factuel, il faudrait rajouter les coûts induits (pollution, occupation des sols, accidentologie…). Le train intègre déjà une grosse partie de ces coûts puisqu’il assume son infrastructure, sa police ferroviaire, etc… ce que ne font pas les autres modes. Et en plus c’est le moins polluant…
Mais la question reste pertinente. Si on ne se base pas sur le marché, mais sur le besoin des citoyens et de la collectivité, le train est il trop cher pour répondre efficacement ?
Alors la, la réponse est oui. Beaucoup de gens sont écartés du train. Le motif n’est pas seulement financier (il y a beaucoup de citoyens qui n’ont pas accès à une gare correctement desservie dans une distance raisonnable).
Mais la question du prix est aussi un sujet. Par exemple l’INSEE a publié une étude en 2008 (j’ai rien trouvé de plus récent) qui annonçait que pour 36,7% des 45,1% de français qui ne partent pas en vacance, le motif est économique, or le transport est le second poste de dépense pas très loin derrière l’hébergement, donc on peut imaginer qu’un transport collectif peu cher pourrait permettre à au moins 10 ou 15% de français de ne plus être privés de vacances.
Ça ferait quand même une sacrée amélioration pour 6 à 10 millions de personnes. Et comme 70% de ceux qui partent le font avec leur véhicule personnel, on peut considérer qu’on a aussi une bonne marge de report à gagner en valeur de l’environnement…
Oui le train pourrait être moins cher encore pour atteindre ces objectifs. Cela suppose de remettre en cause les dernières réformes qui orientent la compagnie nationale sur le profit. Par exemple, actuellement il vaut mieux des trains pleins aux places chères, que des trains en quantité suffisante…
Les réformes ont aussi considérablement désorganisé là production : il ne s’agit plus de produire de la manière la plus efficace, par exemple en mutualisent les moyens entre activités (fret, ter, tgv…). On se prive des complémentarités qui créaient de l’optimisation maximale. Le système est organisé pour répondre aux marchés, donc on sépare bien toutes les activités, pour identifier les coûts et les marges sur chaque entité.
Mais contrairement à la croyance populaire, cela ne crée pas d’efficacité au contraire puisque les processus de contrôle de gestion crée des interfaces très coûteuses (re facturations entre les différentes entités qui sont souvent interdépendantes, ou création d’autonomie très coûteuses car on va créer des strates de directions, des systèmes informatiques ou des infrastructures de formation spécifiques et amorties sur une activité plus restreinte, par exemple). Sans compter les processus juridiques et administratifs pour répondre aux appels d’offre (même quand il n’y a que la SNCF comme candidate !).
Bref il faut dégager de plus en plus de chiffre d’affaire pour assumer ces surcoûts. Et pour ne pas réduire la marge on réduit les effectifs dans tous les services ce qui fait qu’on produit de plus en plus mal…
Si on se débarrasse de ce boulet de la concurrence, on peut dégager des moyens pour améliorer le service et réduire le prix. Sinon il faudra se résoudre comme en PACA ou en Grand Est, et comme dans le TGV, à l’augmentation des tarifs parce que c’est ce que produit le marché et la désorganisation publique.
Il faut d’ailleurs préciser que dans la concurrence, l’égalité est toute relative : Transdev bénéficie d’une réduction massive des péages sur ses 2 premières annnées d’exercices (cette année on peut considérer qu’elle échappe à 30 à 35% de ses coûts !!!!) alors que la SNCF Voyageur doit assumer un « dividende » qu’elle doit dégager et reverser à Reseau (avec la réforme de 2014 puis 2018, l’Etat reconnaît qu’il doit verser plus d’argent pour l’entretien du réseau donc il oblige SNCF voyageurs à verser 700 millions d’euros, et il considère que c’est une subvention publique puisqu’il renonce à ce « dividende » en l’attribuant à Reseau… sauf que ce dividende, il faut le prélever sur les activités de SNCF voyageurs donc sur les TER, RER, TET et TGV).
Bref la SNCF doit « faire du blé ». C’est en tout cas la mission, la priorité et la trajectoire que lui a fixé l’Etat.
Clement Beaune va t il confirmer ? Probablement. Peut être même amplifier si l’Etat décide qu’il faut investir plus dans le réseau (ce qui est effectivement nécessaire) mais qu’il ne veut pas mettre les moyens publics pour cela…
Si on reste dans la logique de marché, il vaut mieux des trains pleins car les places seront plus chères que des trains en nombre suffisants. C’est pour ça que la SNCF préfère envoyer des rames TGV commandées à Alstom en Espagne plutôt que de les utiliser sur le marché français alors qu’on manque de places aux pointes d’été (et que c’est probablement une situation qui va s’amplifier avec le renchérissement du pétrole)… et elle s’apprête à envoyer une seconde livraison en Italie… on nous parle de pénurie de matériel mais elle est organisée cette pénurie.
A ma connaissance, l’utilisation du marché Alstom pour fournir des rames à une future filiale italienne plutôt qu’aux besoins du marché français a été validé TOUT RÉCEMMENT par le Ministère. Donc il faudra attendre 5 ou 6 ans au minimum avant d’avoir des rames supplémentaires en France. Sauf si le Ministère revient sur sa validation de l’aventure italienne !
Le train serait moins cher si on avait pas abandonné complètement les intercités, y compris les trains de nuit. Pour reprendre mon exemple du Marseille Strasbourg, puisque l’avion met 12h, n’y avait il pas un espace pour un train pas cher en vitesse classique qui ne soit pas un TGV passant par Paris et mettant un peu plus de 6h ?
Et le train serait moins cher si l’Etat n’avait pas orienté le financement de la SNCF sur le tout TGV (60% des recettes commerciales de l’entreprise !!!) pour se désengager de certaines de ses responsabilités…
En dehors d’exemples précis, il est très difficile de dire combien coûte le train car il est difficile de faire des moyennes dans le fatra des tarifs. Mais là encore, ce n’est pas le fait du hasard et ce n’est pas seulement la responsabilité de la SNCF, qui a de plus en plus sa logique propre, mais qui reste un outil des politiques publiques.
La mise en place du Yield management date de mai 1993… gouvernement Balladur, donc une décision politique de la droite. Pour les TER, l’autonomie tarifaire des régions c’est la réforme SRU de 2000 (gouvernement Jospin) et surtout la réforme de 2014 (gouvernement Hollande) qui leur permet de faire n’importe quoi. Quand chaque Région fait ses tarifs, forcément, les conditions générales de vente à l’échelle nationales deviennent un tantinet étoffées. Bref.
Que choisir avait fait une étude en 2019 établissant une moyenne de 0,18€/km pour les trajets inférieurs à 2h et 0,15€/km au delà. Ces tarifs différaient selon la ligne de 0,10€ sur Toulouse-Narbonne à 0,25€ sur Paris-Dunkerque. Mais ça donne une idée.
Sur cette référence, si l’Etat fixait une valeur de 0,10€/km, voire moins, on baisserait sensiblement le prix du TGV. Mais évidemment il faudrait construire un modèle qui ne se base pas sur les recettes TGV pour se financer : perte probable de 2 des 6 milliards de recettes générées, qui pourraient être compensées par le volume mais cela suppose d’avoir les rames et les lignes, et cela remet en cause la logique de marge maximale, de vache à lait pour tout le système ferroviaire…C’est un choix politique !
Celui du TGV service public pour la transition écologique, l’aménagement du territoire, le droit aux vacances pour tous, etc… celui des TET complémentaires de l’offre pour toutes les destinations, etc… c’est possible mais cela suppose de gros changements d’orientations. Des ruptures mêmes.
Le choix actuel du Gouvernement c’est au contraire la concurrence, qui comme tout le monde sait, règle tous les problèmes (ça ne se voit pas à l’écrit mais c’est de l’ironie !!!!).
Problème : dans la loi de l’offre et de la demande, le train est actuellement déjà très compétitif (comme vu plus haut) et il n’y a donc aucune raison que les prix baissent sur les segments en open accès (TGV). Au contraire, puisque les concurrents sont à la masse on peut augmenter les prix.
Et dans les segments conventionnés (TER, RER, TET) comme le processus concurrentiel désoptimise le système ferroviaire (comme vu également plus haut), il faudra accroître la subvention publique. Au km de train, la subvention offerte en PACA, en Grand Est et en Haut de France est plus importante dans les futures contrats que ce qui était attribué par la SNCF. Par contre l’argent public reste limité, donc très souvent l’ouverture à la concurrence est précédée par des réductions de dessertes dans les zones jugées non stratégiques. La concurrence c’est plus cher et ça conduit à abandonner une partie des usagers. Et en PACA et en Grand Est, ça débouche aussi sur des augmentations de prix pour les usagers (Ben oui, les promesses sur les baisses de prix après la suppression du statut des cheminots n’engageaient que ceux qui y ont cru…).
Pour sauver la face, ces Régions crient à la mauvaise qualité du service et se mettent à refuser de payer la SNCF. Tant que c’est encore une entreprise publique, ça marche… Les outils publics se laissent piller par les autorités car ce sont des outils publics (comme EDF avec l’énergie vendue à leurs concurrents). Bref.
Pour le TGV, tous les usagers seront perdants, comme dans toutes les activités ferroviaires (Ter, Rer…). Mais à l’intérieure des perdants il y en aura des moins maltraités, ceux qui sont sur les liaisons très rentables. Ceux là auront l’impression d’être gagnants, donc que le système concurrentiel fonctionne, mais ce sera très largement fictif, et surtout ça se fera au détriment du reste du territoire. La aussi, c’est un choix politique : soit on veut faire société ensemble, on veut constituer une Nation française basée sur un contrat social d’égalité et de solidarité, soit c’est chacun pour sa gueule…
Même s’il a déjà bien avancé, le processus de déconstruction n’en est encore qu’au début donc il est réversible !
Mais on peut déjà mesurer les effets : par exemple sur l’ultra rentable ligne Paris Lyon (pour les mêmes dates que le Marseille Strasbourg, sur le même comparateur et infos prises dans la même matinée) :
96€ en avion pour 1h07 (mais si on rajoute le transport au centre ville c’est au moins 2h de plus et c’est 26,7€ pour la navette Rhoneexpress à Lyon et je n’ai pas cherché le prix du RER)
34€ en bus mais il faut vouloir se taper 6h07 de trajet
En train : 76€ avec Trenitalia (en réalité 65€ sur leur site) ; 74€ avec SNCF Ouigo (en réalité 60€ sur SNCF Connect) et 93€ avec SNCF Inoui (en réalité 120€ sur SNCF Connect). Le tarif dépend beaucoup plus de l’heure à laquelle vous partez que de la compagnie.
Ce n’est pas une analyse complète, ce n’est pas une moyenne, c’est un sondage a un instant T, mais il confirme que le train est très compétitif par rapport aux autres modes de transport et qu’à l’intérieur du mode ferroviaire la SNCF est loin d’être larguée.
Par contre, si on calcul le prix kilométrique, Pour Marseille Strasbourg 226€ / (2x800km) = 0,14€ du km
Pour Paris Lyon 60 ou 65€ / (2x460km) = 0,065€ ou 0,07€ du km
Autrement dit un usager de Strasbourg paye le train 2 fois plus cher qu’un usager de Lyon. Et je ne parle que des métropoles, je n’aborde pas Aubagne-Schiltigheim ou Givors-Melun…
Plus la concurrence va s’installer, plus l’écart va se creuser, et personne n’y gagnera ! Le train va coûter de plus en plus cher, et encore plus lorsqu’il s’agira d’aller dans des zones moins rentables.
Pour ma part je défend le service public, son monopole pour réduire les coûts, et l’égalité territoriale la plus grande possible. Pour cela il va vite falloir sortir du tunnel libéral dans lequel nous sommes enfermés.
Laurent Brun
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