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TRIBUNE. Fabien Roussel après l’affaire de Fournas : « Rebâtissons la digue républicaine »

 

Après la sortie jugée raciste du député Rassemblement national Grégoire de Fournas, jeudi, Fabien Roussel, secrétaire national du Parti communiste, appelle à remettre à l’ordre du jour une proposition de résolution afin de créer une peine d’inéligibilité en cas de condamnation pour injures ou violences sexistes et racistes.

Voici la tribune de Fabien Roussel , député du Nord et secrétaire national du Parti communiste, en réaction aux propos jugés racistes de l’élu Rassemblement national Grégoire de Fournas : « Jeudi dernier, le pire s’est produit dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale lors de la séance de questions au gouvernement. Carlos Martens Bilongo, député Insoumis du Val-d’Oise, a été victime d’un propos raciste émanant d’un député du Rassemblement national (RN). Grégoire de Fournas, puisqu’il faut bien nommer l’auteur de cette infamie, s’est autorisé à dire « qu’il retourne en Afrique » au moment où notre collègue posait une question au sujet du sort inhumain réservé aux migrants qui traversent la mer Méditerranée, bien souvent au péril de leur vie.

"Les propos tenus par ce député, qu’ils aient été adressés à Carlos Martens Bilongo ou aux personnes venues d’Afrique, sont racistes et xénophobes"
Depuis lors, Marine Le Pen tente tant bien que mal d’éteindre l’incendie, en évoquant une manipulation politique de ses adversaires. Mais au fond, peu nous importent les gesticulations ou autres explications vaseuses qui sont aujourd’hui fournies par l’État-major du RN : les propos tenus par ce député, qu’ils aient été adressés à Carlos Martens Bilongo ou aux personnes venues d’Afrique, sont racistes et xénophobes. Ils disqualifient définitivement son auteur auprès de tous ceux qui demeurent attachés aux valeurs républicaines. Le racisme n’a pas sa place dans notre société et certainement pas au sein de l’institution où le peuple français, dans toute sa diversité, est représenté par les élus qu’il s’est choisis.C’est pour cette raison qu’à l’exception des parlementaires du RN, tous les députés de l’Assemblée nationale présents ce jour-là se sont regroupés dans un mouvement inédit afin de demander une suspension de séance et la prise de sanction immédiate contre Grégoire de Fournas. Cet élan spontané restera le seul rayon de soleil dans cette sombre journée pour notre démocratie.

La gravité de l’injure proférée par ce député est venue rappeler que le RN n’est pas un parti républicain"
Hélas, cela faisait bien trop longtemps qu’un front ne s’était pas constitué pour faire face à l’extrême droite. Le verni de la respectabilité habillement étalé par le RN y est certainement pour beaucoup et tout porte à croire que celui-ci a désormais craqué sous les yeux de tous, y compris de ceux qui pensaient que cette formation politique était devenue un parti semblable à tous les autres. La gravité de l’injure proférée par ce député est venue rappeler que le RN n’est pas un parti républicain et qu’il demeure profondément attaché à une vision ethnique de la nation française, quand nous défendons pour notre part la nation comme une communauté de citoyens définie par des droits et des devoirs politiques.

Une communauté politique dans laquelle les élus doivent être les premiers à respecter ces devoirs civiques. C’est pourquoi, il y a un an, les députés communistes ont déposé une proposition de résolution visant à rappeler à tous nos compatriotes, à tous les élus et à toutes les formations politiques que la loi prévoit une sanction d’inéligibilité pour les personnes condamnées pour injures ou pour des violences à caractères sexistes et racistes. Car depuis la loi Gayssot, notre législation se fait l’honneur de considérer que le racisme et l’antisémitisme ne sont pas des opinions, mais des délits. Il ne s’agit pas ici de restreindre la liberté d’expression comme nous l’avons trop souvent entendu, mais bien de redire que personne ne peut se cacher derrière elle après avoir prononcé des propos racistes ou discriminatoires.

La majorité présidentielle de l’époque a malheureusement rejeté ce texte au motif que nous étions en période pré-électorale. Maintenant, il faut agir. La configuration politique n’est aujourd’hui plus la même et, sans doute, l’évènement survenu jeudi dernier a réveillé des consciences que l’on pensait définitivement endormies. C’est pour cela que nous entendons redéposer cette proposition de résolution afin qu’elle soit votée le plus largement possible. Plus personne ne doit subir la violence insupportable dont a été victime Carlos Martens Bilongo. En votant ce texte, nous pouvons rebâtir une digue républicaine. Il est urgent d’y parvenir. »

Les dégueulasses : LA CHRONIQUE DE JERÔME LEROY


Que l’extrême-droite et une partie de la droite ne viennent plus jamais se réclamer de la tradition, de l’amour de la France et de la décence face à une gauche qui serait déconstruite, peuplée d’inverti.e.s qui veulent se marier entre eux et ouvrir les frontières au Grand Remplacement ou alors de raffineurs cégétistes surpayés qui ne cherchent qu’à bloquer les « braves gens » pour gagner encore plus.

Cette droite extrême, radicalisée, elle n’en a plus le droit depuis un certain vendredi et le meurtre effroyable d’une adolescente, presque encore une petite fille. Qu’elle ne vienne plus faire la leçon sur l’amour du terroir, alors qu’elles préfèrent si visiblement penser en terme de race, ce en quoi elles sont passées en quelques décennies, pour parler en termes freudiens d’un surmoi gaulliste à un ça pétainiste incarné au premier chef par un Zemmour. 

Il a osé, à peine le corps martyrisé découvert dans une malle, dès qu’il a su que la coupable présumée était d'origine algérienne et en situation irrégulière, se servir de l’horreur pour faire son beurre. Il a d’ailleurs été bien relayé par Cnews, son ancienne chaîne, qui chaque jour un peu plus, s’enfonce dans la télé-poubelle, recyclant les pires saloperies racistes.

Zemmour c'est Créon 2.0. Créon était ce roi de l’Antiquité qui refusait qu’on enterre le corps du frère d’Antigone pour faire un exemple, qui se servait d'un cadavre pour faire peur. Zemmour est encore plus dégueulasse que l’original. 

Il a trouvé bien pratique qu’on n’enterre pas trop vite le corps d'une gamine suppliciée pour mieux servir ses démonstrations racistes et son agenda personnel, comme Retailleau ou Bardella sur un mode un peu plus mineur mais tout aussi charognard. 
Et que je te fais manif au nom de Lola avec la lie nationaliste et identitaire, et que je me sers du portrait de la gamine pour faire passer mes idées sur le grand remplacement, et que je prends en otage l’émotion de tout un peuple. 
Mais la droite parlementaire et le RN ne valent guère mieux. Opportunisme, démagogie, déclarations sur les chaînes d'info alors que les parents de la jeune fille, les parents eux-mêmes leur ont demandé, à plusieurs reprises, de se taire et d’arrêter la récupération abjecte. 

Ce qui va lui manquer à la droite, pour se sauver d’un déshonneur définitif dont elle paiera un jour ou l'autre le prix car tout se paie, c’est d’un Bernanos qui serait issu de ses rangs pour lui dire que non, tout ça, c’est contraire à toute éthique, comme il le fait à propos de la Guerre d’Espagne dans Les Grands Cimetières sous la Lune, quand il prend le parti des républicains espagnols contre les fascistes putschistes de Franco.

Mais quand bien même il existerait, on ne l’inviterait pas dans les médias réacs, et tous les médias sont réacs dès qu’il s'agit de faits divers.

On ne sait plus trop ce qu’est l'esprit d'enfance de Bernanos, dans cette porcherie idéologique. 

En revanche, on voit bien ce que ça donne de l’avoir étouffé. Bernanos le dit, qui ne se trompe jamais : 
« Alors dépouillés par la mort de tous ces membres artificiels que la société fournit aux gens de leur espèce, ils se retrouveront tels qu’ils sont, qu’ils étaient à leur insu — d’affreux monstres non développés, des moignons d’hommes. »
JERÔME LEROY

L'Auto-dissolution du Parti Communiste Italien



A l'occasion des élections italiennes de dimanche qui voit une coalition menée par l'extrême droite accéder au pouvoir, de nombreux communistes et au delà se posent la question : comment a t-on pu en arriver là ?

Sur sa page facebook Nicolas Marchand vient de republier un texte éclairant de Pierre Laroche, militant commmuniste, ayant pour titre "L'auto-dissolution du PCI" écrit en octobre 2007.

Nicolas Marchand accompagne ce texte de son commentaire :
"L’accession au pouvoir de l’extrême-droite en Italie ne s’est pas seulement construite à droite. Il y a aussi eu la quasi disparition de la gauche, à partir du renoncement au combat communiste qui a conduit à la transformation du plus grand parti communiste de l’Union européenne en un Parti Démocrate, rallié au libéralisme.
En France, l’existence autonome du PCF a pu être préservée, en 2007, face à un projet de « nouvelle force » déjà avec JLMélenchon. A l’époque, un article de Pierre Laroche, spécialiste de l’Italie à la « polex » du Pcf, titré « l’autodissolution du PCI », largement diffusé http://anrpcf.canalblog.com/archives/2007/10/15/6546637.html
avait contribué à éclairer et mobiliser les communistes.
Mais cela n’a pu empêcher une trop longue période d’effacement et de suivisme de JLMélenchon, dont les communistes ont heureusement décidé de sortir.
Maintenant il est urgent que les idées communistes pèsent plus à gauche et dans le pays.
Face à l’extrême-droite, la gauche a besoin bien sur d’être unie, mais solidement et sur un projet lui même solide, pour que ne se renouvellent pas les déceptions désastreuses qui ont laissé tant d’espace à la droite et à l’extrême droite.
Pour cela, il y a besoin d’un parti communiste plus actif et plus fort pour promouvoir les idées transformatrices, nouvelles dont toute la gauche a besoin pour se renforcer et devenir capable de gagner. Et pour muscler les luttes, le mouvement populaire, de ces idées.
En témoignent l’amorce à l’initiative de Fabien Roussel d’un débat visant à ce que la gauche se réapproprie sur des bases révolutionnaires, de transformation radicale, les enjeux du travail.
En témoignent aussi, du côté de nos alliés de la Nupes, des réactions curieusement agressives, mais aussi significativement limitées à une perspective de défense d’un « état providence ».


Le texte de Pierre Laroche PCF Paris 5

Le Parti Communiste Italien, né en 1921, a été dissous par son 20è congrès en janvier 1991. Cette auto-dissolution est l’issue d’un long processus, dont tous les protagonistes n’avaient sans doute pas projeté ni le déroulement, ni la fin. Ainsi, le secrétaire général du PCI, Enrico Berlinguer, qui avait, au lendemain du coup d’Etat de Pinochet au Chili en 73, estimé qu’il n’était pas possible de diriger un pays avec un gouvernement minoritaire ou disposant d’une trop faible majorité, avait-il proposé en 74 pour l’Italie ce qu’il avait appelé un « compromis historique » entre les forces communiste, socialiste, et chrétienne.


Cette proposition, loin de faire l’unanimité dans le PCI, avait cependant eu un grand écho dans le pays et, dans l’immédiat, le PCI avait obtenu le meilleur score électoral de son histoire passée et future aux élections de 1976, avec 34,4% des voix. La démocratie chrétienne, qui était également, sous l’impulsion d’Aldo Moro, à la recherche d’un nouveau dispositif politique du pays, s’était ralliée à l’idée de convergence démocratique. Et, peu à peu, le PCI s’était approché d’une participation gouvernementale, ce qui n’avait pas eu lieu depuis 1947. C’est alors qu’Aldo Moro était enlevé puis assassiné en 1978 par les « Brigades rouges ».

Bientôt, le PCI, accusé simultanément d’être complice des terroristes et co-responsable de la politique gouvernementale, avait mis fin en 1979 à sa participation à la majorité et tentait une stratégie qui faisait plus de place au mouvement social, alors que le « compromis historique », du moins dans sa mise en œuvre politique sous forme de « solidarité nationale », donnait la prééminence aux rapports entre formations.

La mort brutale de Berlinguer, en 1984, contribuait à fragiliser le PCI, son successeur Alessandro Natta n’ayant pas le poids charismatique de Berlinguer.

Offensive patronale

La fin des années 70 et le début des années 80 voient en Italie, dans le contexte d’une forte offensive conservatrice mondiale, le patronat marquer des points sur des questions importantes comme le démantèlement de l’échelle mobile des salaires (accepté par référendum en 1985), le développement de la flexibilité, la concentration des entreprises, en même temps que la valorisation idéologique de l’entreprise, Fiat devenant une sorte d’emblème national, symbole d’un consensus idéologique fondé sur le profit, symbole de stabilité et de sécurité dans un monde de précarité.

La politique de la grande entreprise commence ainsi à structurer un consensus majoritaire sur l’impossibilité de réponses indolores à la crise et l’acceptation des mesures d’austérité ; les solutions de la classe dirigeante sont perçues comme salutaires ou inévitables. Cette offensive bénéficie d’un affaiblissement du syndicalisme de classe, résultant des règles de l’unité syndicale qui conduit la CGIL à accepter que ses initiatives soient conditionnées par les autres syndicats.

Questions pour un consensus

Lors du 17è congrès du PCI en 1986, marqué par une forte présence des cadres du parti, Natta prend des distances philosophiques avec le marxisme (le concept de lutte des classes « est un concept que nous utilisons tous de moins en moins », dit-il tout en montrant combien il reste opératoire). Le congrès rejette les amendements qui proposent comme perspective le dépassement ou la sortie du capitalisme ; le PCI se proclame « partie intégrante de la gauche européenne » et « refuse d’anticiper sur les évolutions historiques », déclarant cependant qu’il « n’est pas actuel de penser à une adhésion à l’Internationale socialiste ».

Mais des délégués relèvent aussi l’affaiblissement des valeurs de solidarité et d’égalité dans la société italienne, les réactions racistes contre les gitans et les travailleurs immigrés, le recul des valeurs d’égalité entre les sexes. Le PCI ne se présente plus comme parti révolutionnaire porteur d’objectifs transformateurs, mais comme « parti réformateur moderne », comme l’annonce la banderole de la tribune.

Le secrétaire général de la CGIL, principale confédération syndicale, déclare que s’il vivait en RFA, il serait au SPD. Le Comité central du PCI refuse un amendement de Luciana Castellina qui affirme que « le reaganisme exprime une réponse de longue durée à la crise de l’ordre capitaliste des années 70 ». Giorgio Napolitano, l’actuel Président de la République, alors responsable du secteur « politique étrangère » du PCI, confirme dans une interview du 8 mai 86 au magazine « Panorama » que « l’URSS est à la tête d‘un des 2 blocs politico-militaires », ce qui n’est guère discutable, mais ajoute : « et nous sommes avec l’autre ».

Affaiblissement du PCI et de l’identité communiste

En 1987, ont lieu des élections législatives anticipées (pour la 5è fois depuis 1968). L’Italie traverse une crise politique mais le président de l’organisation du grand patronat italien (Confindustria) écrit dans « le Figaro » du 15 juillet 87 que « l’Italie est championne, au moins potentiellement, du capitalisme ». Le résultat des élections, avec 26,6% des voix pour le PCI, est, selon le mot de Natta, « une défaite ». A part les élections européennes de 84, toutes les élections depuis 1976 ont été marquées par le tassement de ses voix, surtout dans les secteurs ouvriers et populaires, dans les villes industrielles, dans les zones «« rouges » de Rome. L’insatisfaction des électeurs reporte leurs voix sur certaines formations « radicales » (Démocratie prolétarienne), sur les Verts, mais aussi sur les socialistes et les démocrates chrétiens.

Un dirigeant du PCI, Lucio Magri, parle d’ « affaiblissement de l’identité communiste » et Alessandro Natta se demande si l’idée qu’il fallait rassembler ne l’a pas emporté sur le contenu du rassemblement. La majorité gouvernementale de centre droit, forte de 57% des suffrages, est renforcée, le Parti socialiste italien améliore ses résultats : avec 14,3% des suffrages, il retrouve son niveau des années 50. Le président de la Confindustria., toujours dans la même interview au « Figaro » du 15 juillet 87, annonce qu’« il importe que le nouveau gouvernement adopte des règles précises pour l’action économique, la libéralisation des capitaux, la modernisation de l’appareil administratif public… nous avons de bonnes chances d’aboutir ».

Les années 88-89 sont marquées par la volonté d’accentuer et accélérer la restructuration de l’économie et de la société italiennes. Les gouvernements « pentapartites » (socialistes, sociaux-démocrates, libéraux, républicains, démocrates chrétiens), font en sorte d’élargir les espaces politiques et économiques ouverts au capital privé, dans l’enseignement supérieur (au nom de l’autonomie des universités), la recherche, la culture. Le ministre du Trésor, Guido Carli, ancien président de la Banque d’Italie, ancien président de la Confindustria, déclare dans « la Repubblica » du 29 juillet 89, que, pour résorber le déficit de l’Etat, il faut commencer à « céder le patrimoine de l’Etat » : téléphone, banques, assurances, électricité.

Signes prémonitoires et préliminaires

Le PCI opère activement pour un rapprochement avec les partis sociaux-démocrates européens. Giorgio Napolitano, dans « l’Espresso » déclare en décembre 88 que, s’il n’est pas possible que le PCI « s’intègre actuellement dans le groupe socialiste à l’Assemblée européenne, car seuls en font partie des formations appartenant à l’Internationale socialiste ; les choses pourraient être examinées autrement si les conditions devenaient moins contraignantes ».

En 1989, Natta ayant démissionné de ses fonctions de secrétaire général du PCI pour raisons de santé, son successeur, Achille Occhetto, exalte lors du 18è congrès la valeur historique et future du nom de parti communiste « et alors, on ne comprend pas pourquoi nous devrions changer de nom ». Mais il annonce aussi que « si un parti, face à des transformations de vaste portée et face à des faits qui changent l’ensemble du panorama politique global, décidait, de façon autonome et non à cause de circonstances extérieures, de donner vie, avec d’autres, à une nouvelle formation politique, alors oui, il s’agirait d’une chose sérieuse, qui n’offenserait ni la raison ni l’honneur d’une organisation politique ».

Dès le lendemain de la chute du mur de Berlin (9-10 nov. 1989), il commence à parler, hors des instances du parti, d’une initiative importante, justifiée par des raisons italiennes et internationales, non pour changer le nom du parti, mais pour « donner vie à une nouvelle formation politique ». Il soumet cette proposition le 13 novembre 1989 au secrétariat du Comité central, le 14 à la Direction du parti, où elle suscite de fortes oppositions. Le 20 novembre, le Comité central adopte cette proposition qui doit être soumise à un congrès extraordinaire qui ouvrira une phase constituante, pour une organisation dont on ne définira le nom que plus tard et qui, en attendant, s’appelle « la cosa » (la chose) ; on annonce d’emblée qu’elle demandera son adhésion à l’Internationale socialiste, avec pour mission de jouer un rôle d’impulsion pour sortir la gauche européenne de sa crise. La phase constituante doit déboucher sur un congrès.

Cette proposition s’adresse aux forces progressistes et de gauche, non aux partis politiques, mais Occhetto parle des verts, des radicaux, de la gauche souterraine, des socialistes et des démocrates chrétiens de gauche. Effectivement, la préparation de ce congrès a donné lieu à des rencontres, clubs et même à un référendum parmi les lecteurs de l’hebdomadaire « l’Espresso ».

Le 19è congrès (mars 1990) se trouve placé devant 3 motions, inamendables, ce que certains délégués ont contesté, et le congrès ne peut qu’enregistrer les votes des sections. Un peu moins de 30% des membres du parti ont participé aux débats préparatoires, ce qui est plus que d’ordinaire, mais peu compte tenu de enjeux de ce congrès. La motion Occhetto l’emporte avec environ 70% des mandats et le PCI s’engage dans la constitution de « la chose ».

Le congrès de l’auto-dissolution

Occhetto, considérant que l’effondrement des systèmes politiques de l’est européen ouvre une nouvelle période historique, estime qu’il faut se débarrasser d’idéologies dépassées, surmonter les divisions historiques du mouvement ouvrier et trouver une réponse à la crise d’identité du PCI, à ses échecs politiques, à ses défaites électorales, à son vieillissement, au relâchement de ses contacts avec le monde du travail.

Le 20è congrès (Rimini, 31 janv.-3 fév. 1991) a vu la convergence des « colonels » (c’est ainsi qu’on appelait ses proches) d’Occhetto avec ceux qui se définissent comme relevant d’une « aire réformiste », « à la recherche d’objectifs de liberté et de justice qu’il est concrètement possible de poursuivre ». Ils refusent une stratégie de rupture avec le capitalisme. L’objectif est, pour eux, que le nouveau parti soit capable d’exprimer « une culture et une capacité de gouvernement », de tenir compte des contraintes budgétaires, d’avoir une vision « non étatiste des rapports entre public et privé dans l’économie ».

Parmi les opposants à cette orientation, Nichi Vendola se dit dérouté par le « vide d’analyse et de jugement sur une phase longue, une décennie intense, durant laquelle s’est consommée la défaite historique de la gauche mondiale ». Ces opposants jugent que « supprimer l’identité des communistes est une erreur gravement dommageable pour toute la gauche […] L’erreur n’a pas été d’être trop communistes. Elle a été au contraire de ne pas avoir développé une critique rénovée des nouvelles formes d’exploitation et de domination ». Pour eux, le tournant engagé avec le congrès précédent pèche pour 3 raisons :
a / l’absence d’une analyse de classe, moderne, de la société
                                 b/ un déplacement de l’axe culturel vers des positions subalternes par rapport à des idéologies modérées
                                 c/ une idée de la politique de sommet, qui privilégie le recours aux médias et les fonctions de leader ».

D’autre part, ce 20è congrès congrès ayant lieu au moment de la guerre du Golfe, Giorgio Napolitano s’oppose à la demande de retrait des forces italiennes dans le Golfe, objectant que ce ne serait qu’un geste de propagande. Mais beaucoup estiment démentie l’analyse d’Occhetto qui ne voyait dans l’effondrement des systèmes politiques d’Europe de l’est que des possibilités de développement démocratique et la fin de la guerre froide et de la politique des blocs.

Ce congrès est intervenu dans un climat de démobilisation des adhérents : plus de 100 000 adhérents n’ont pas repris leur carte. Mais cette phase constituante a associé de nombreux interlocuteurs extérieurs qui, n’appartenant pas au PCI, décident d’adhérer à la nouvelle formation (57 000 adhésions).

Le congrès adopte la motion Occhetto par 807 voix, 75 contre, 49 abstentions, 328 délégués étaient sortis de la salle pour manifester leur volonté de faire sécession. Occhetto est difficilement élu secrétaire général. Le Parti démocratique de la gauche était né. Plusieurs opposants continuèrent d’en faire partie, espérant pouvoir y rassembler de nombreux hésitants susceptibles d’être convaincus de la possibilité d’une force communiste dans ce parti.

On conçoit le désarroi des militants et des sympathisants du PCI devant cette disparition du PCI. Le 10 février 1991, quelques milliers de militants se rassemblent à Rome et fondent le Mouvement pour la refondation communiste, qui deviendra par la suite le Parti de la Refondation communiste.

Les conséquences ne se font pas fait attendre : c’est un recul idéologique et politique global pour le monde du travail. En septembre 1992, la Confindustria fait presque explicitement savoir qu’elle ne se sent plus liée aux forces qui ont jusqu’alors gouverné l’Italie et qui, effectivement, ont disparu des résultats électoraux (le Parti socialiste, la Démocratiechrétienne, le Parti libéral, le Parti social-démocrate). Achille Occhetto déclare que la gauche rénovée pourra donner « à la crise italienne une réponse que les vieilles classes dirigeantes ne sont plus en mesure d’élaborer ».

La CGIL précise un élément de cette réponse, lors de son congrès fin octobre 1992 : il en sort un syndicat défini comme « post-ouvrier », qui en a fini avec « le mythe du rôle central de la classe ouvrière ». Le syndicat doit défendre les travailleurs, les usagers, l’entreprise, les compatibilités. Si l’on ne tient pas compte des compatibilités entre ce qu’on demande et ce qui est possible, « on aura l’air de Martiens », affirme le secrétaire général : le syndicat doit donc fixer ses propres limites, il ne sert à rien de refuser par principe les mises à la retraite anticipée, la flexibilité, le chômage économique. On voit se dessiner la possibilité d’un nouveau pacte social où les syndicats auraient pour rôle de contenir les éventuels excès des salariés et des entreprises. Au plan politique, l’arrivée de Berlusconi, à 2 reprises président du conseil, marque une régression démocratique importante.

Voilà donc comment un grand parti, nombreux, influent, fort d’une longue histoire de luttes (antifascisme, Résistance, « reconstruction » économique et politique après 20 ans de fascisme et 5 ans d’une guerre qui a comporté un changement d’alliance et qui a eu de fortes composantes d’une guerre civile) a disparu après une dizaine d’années de reculs politiques et de reculades idéologiques sur fond de régression sociale.

Certains de ses membres ont pu espérer, soit qu’une « tendance communiste » pourrait peser sur l’activité du nouveau parti, soit que le patrimoine du PCI pourrait fructifier dans ce nouveau parti. Il n’en est rien, le nouveau parti est maintenant en train de se joindre à des formations social-démocrates, des formations de centre gauche, voire de centre droit, pour constituer un « parti démocratique » (ou « parti démocrate », à l’américaine : c’est le même mot en italien), avec comme objectif, non pas de changer la société, de briser la domination du capital, mais d’être une force d’alternance contre la droite berlusconienne. Ses actuels dirigeants font savoir leur exaspération quand reparaît le mot d’ordre d’Enrico Berlinguer : être à la fois parti de lutte et de gouvernement.

Si vous ne voulez pas que le parti communiste français connaisse le même sort, avec les mêmes conséquences désastreuses pour la société et les travailleurs français, il y a urgence à réagir.
 Prenez la parole.

Italie : comment a t-on pu en arriver là ?



Comment un pays qui se distinguait il y a quelques décennies encore par le plus puissant parti communiste d’Europe, disposant d’une base sociale immense et d’une haute stature culturelle, mais aussi par une gauche extra-parlementaire particulièrement forte et vivace, a-t-il pu sombrer dans un tel cauchemar ?

Car c’est bien de cauchemar qu’il faut parler, lorsque les seules options qui se détachent dans l’élection actuelle tiennent dans une coalition des droites radicales dominée par les néofascistes, une coalition du centre menée par le Parti démocrate (un parti qui s’est bâti justement sur les cendres du Parti communiste italien et sur la base d’une rupture totale avec l’héritage communiste dans quelque sens qu’on l’entende), et un Mouvement 5 étoiles dont on a vu au pouvoir ce que valait sa rhétorique et ses prétentions « anti-système ».

Ce dossier de Contretemps permet d’y voir plus clair en revenant sur la quinzaine d’années qui vient de s’écouler, marquée par des coalitions bancales et des gouvernements technocratiques, où se sont mêlés l’extrême centre, la droite et l’extrême droite, et dont le point commun a été d’imposer la continuité de la grande destruction néolibérale. Or c’est bien sur le fond de cette destruction – des solidarités collectives et des espoirs de changement – que prospèrent les néofascistes, ici comme ailleurs.

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Giorgia Meloni cherche à dissimuler les liens de son parti – Fratelli d’Italia – avec le fascisme historique. Pourtant, sa politique reste fondée sur l’ethnonationalisme, l’anticommunisme et le rejet des valeurs des Lumières.

***

Giorgia Meloni a proposé son nom pour devenir la prochaine Première ministre italienne, si sa coalition obtient la majorité lors des élections qui auront lieu dans quelques semaines – et à en juger par les sondages actuels, elle est pratiquement assurée d’y parvenir. La coalition dite de « centre-droit » formée par son parti Fratelli d’Italia, la Lega de Matteo Salvini et Forza Italia de Silvio Berlusconi devrait obtenir 45 à 47 % des voix lors du scrutin du 25 septembre, le parti de Mme Meloni recueillant environ la moitié de ce total. Compte tenu du système électoral italien, un tel résultat donnerait à cette coalition une nette majorité de sièges.

De l’autre côté du champ politique italien, on a assisté à l’échec retentissant de la tentative du Parti démocrate (PD), mené par Enrico Letta, de construire une large coalition de centre-gauche. Elle est au contraire fragmentée en plusieurs formations rivales. Au centre, on trouve une alliance entre deux partis ultra-néolibéraux (Italia Viva de Matteo Renzi et Azione de Carlo Calenda), qui insistent sur leur soutien aux politiques du gouvernement sortant du technocrate Mario Draghi. Du côté de la gauche libérale et pro-OTAN, les Démocrates de Letta n’ont réussi à obtenir le soutien que de quelques forces mineures, aux orientations contradictoires.

L’éclectique Mouvement 5 étoiles (M5S), rompant le pacte qui l’unissait aux Démocrates, a refusé une entente avec les autres forces. La gauche radicale, qui n’est pas parvenu à intégrer le parlement en 2018, s’est plutôt réorganisée au sein de l’Unione Popolare, dirigée par l’ancien maire de Naples Luigi de Magistris.

Dans cette situation où Fratelli d’Italia a de grandes chances de diriger le prochain gouvernement, l’organisation avance dans deux directions tactiques. Premièrement, elle a donné la priorité à la question de la candidature de Meloni à la tête d’un éventuel gouvernement de droite. L’objectif est de vanter sa légitimité populaire et d’éviter les manœuvres post-électorales des alliés qui chercheraient à imposer une autre figure sans lien avec les différents partis.
Ensuite, elle tente de présenter un profil rassurant de parti fondamentalement pro-système.

Les conservateurs européens ?

La formation de Meloni a été créée en 2012, mettant en avant sa continuité avec le courant néofasciste incarné pendant quatre décennies par le Movimento Sociale Italiano (MSI) avant sa transformation dans les années 1990 en Alleanza Nazionale. Trouvant ses racines dans un MSI qui était à la fois sentimentalement et idéologiquement lié à vingt ans de régime fasciste, la question de la nature de Fratelli d’Italia n’a cessé de se poser ces dernières années. Cette attention s’est particulièrement accrue depuis qu’il est passé d’une force marginale à ce que les sondages considèrent comme le premier parti d’Italie.

La semaine dernière, Meloni a produit une vidéo en plusieurs langues pour rejeter l’étiquette fasciste ou néofasciste. Cependant, la question de la continuité ou de la rupture avec le fascisme historique n’est pas aussi simple qu’elle est généralement présentée, que ce soit par ceux qui présentent de manière simpliste une continuité avec le passé ou par ceux qui la nient complètement.

Fratelli d’Italia se présente aujourd’hui comme un parti « conservateur », vantant à cet effet la présidence de Meloni au sein du parti continental des Conservateurs et Réformistes Européens (ECR). Cette formation, qui regroupe diverses forces à l’intérieur et à l’extérieur de l’Union européenne, et s’aligne sur le groupe correspondant au Parlement européen, est née d’une initiative des conservateurs britanniques et du parti polonais Droit et Justice (PiS) au pouvoir. Avec la sortie de la Grande-Bretagne de l’UE, les conservateurs ont pris du recul mais maintiennent toujours une relation de collaboration. Les partis officiellement liés à l’ECR en dehors de l’Europe comprennent les Républicains états-uniens et le Likoud d’Israël.

D’un point de vue idéologique, l’objectif poursuivi par Meloni n’est pas de nier la continuité avec la droite néofasciste d’après-guerre, mais plutôt de l’insérer dans un courant plus large qui jouit d’une plus grande légitimité pour gouverner un pays d’Europe occidentale. Le fascisme historique est « relégué dans le passé » et certains de ses aspects, qu’il serait difficile de reproduire dans le présent, sont condamnés. Mais d’autres références idéologiques fondamentales sont conservées.



Tradition anti-Lumières

Dans ses Thèses de Trieste – approuvées lors du deuxième congrès du parti en décembre 2017 et toujours considérées comme son manifeste de référence – l’activité du parti est placée dans le contexte d’une bataille idéologique de longue haleine qui remonte au moins à la Révolution française :


« Notre civilisation, écrit Fratelli d’Italia, est désormais attaquée dans ses structures constitutives par une attaque concentrique, menée au nom de la lutte contre les préjugés, avec le même schéma idéologique que les Lumières ont inauguré pour la première fois dans leur croisade, au nom de la raison, contre l’autorité de la tradition ».

Et ce que l’on reproche le plus aux Lumières, c’est précisément de hisser la raison au-dessus de la tradition. Les partisans de la « société ouverte », lit-on, veulent imposer « des politiques sociales et culturelles qui, au nom du progrès, cherchent à déraciner les fondements du modèle de civilisation que les peuples européens ont créé pendant des millénaires« . L’affrontement oppose donc les Lumières, la raison et le progrès à une identité issue de la tradition et devant s’incarner dans l’autorité.

Benito Mussolini lui-même (pourtant idéologiquement éclectique quand cela l’arrangeait) se vantait que le fascisme s’opposait aux « principes français de 1789 ». C’est dans ce cadre que s’inscrit l’ensemble des valeurs de Fratelli d’Italia. Il en découle, avant tout, un nationalisme à caractère ethnique. La rhétorique patriotique, fortement présente dans la propagande d’une organisation qui s’est définie comme le « mouvement des patriotes », se fonde sur la nation comme « organisme vivant ».

Pour l’extrême droite, la Première Guerre mondiale est un moment primordial dans la formation historique de l’identité italienne. Elle est perçue comme une continuation du Risorgimento, d’où est né l’État unitaire italien. L’ensemble des événements menant de la défaite militaire de Caporetto (automne 1917) à la victoire sur les puissances centrales à Vittorio Veneto en octobre 1918 sont exaltés comme le véritable creuset de l’identité nationale. La sacralisation de la guerre et le culte des morts (du seul côté italien, bien sûr) sont considérés comme essentiels à la construction d’une identité nationale qui doit être défendue contre les éléments corrosifs.

L’anticommunisme

Il s’agit d’une représentation qui se nourrit davantage de mythologies que de reconstitutions historiques authentiques. Mais l’exaltation de la Première Guerre mondiale est également jugée implicitement nécessaire pour dissimuler autant que possible la Deuxième Guerre mondiale, qui a vu les forces libérales et communistes s’aligner contre le bloc nazi-fasciste. Il s’agit également d’une tentative d’effacer la Résistance et le mouvement partisan comme référence idéale de l’Italie démocratique.

Le communisme continue d’être considéré comme un ennemi absolu car il est présenté comme la conclusion la plus extrême de certaines idées des Lumières, dont l’internationalisme. L’idée même de conflit social, inhérente à la perspective de la lutte des classes, est considérée comme destructrice de l’identité nationale.

Alors que le nationalisme ethnique, dans lequel les identités nationales sont figées dans le temps et incapables d’évoluer et de changer, est ouvertement affiché, une conception hiérarchique des relations sociales demeure comme un courant sous-jacent. L’idée que l’égalité est une aspiration à laquelle il faut tendre (elle figure d’ailleurs parmi les valeurs constitutionnelles de la République italienne créée en 1946) est également considérée comme faisant partie de l’héritage des idées révolutionnaires qui s’opposent à la « tradition ». Cette vision hiérarchique se combine dans Fratelli d’Italia avec des références à Margaret Thatcher et Ronald Reagan, dont le néolibéralisme inspire la vision économique du parti.

Pendant des décennies, le MSI néofasciste a été divisé entre différentes visions économiques. Il y avait des partisans du corporatisme et des « socialisateurs », inspirés par les proclamations démagogiques de la République de Salò de 1943-45 (dirigée nominalement par Mussolini mais subordonnée à tous égards à l’occupant nazi). Pourtant, ces questions économiques ont été largement mises de côté dès sa transformation en Alleanza Nazionale, sous la direction de Gianfranco Fini.

La vision néolibérale établie depuis le début des années 1980 dans les principaux pays capitalistes, avec sa composante de darwinisme social, s’est avérée acceptable et compatible avec l’idéologie des héritiers du MSI, car elle accepte comme inévitables les différences de pouvoir, de richesse et d’autorité entre les individus. Cependant, ces différences ne sont plus déterminées de manière rigide par une structure sociale fixe et immuable, mais résultent plutôt de la concurrence entre les individus, qui se déroule principalement sur le terrain économique.

La condamnation de certains aspects du fascisme, réaffirmée par Meloni au début de la campagne électorale, n’est pas entièrement nouvelle, car des formulations similaires avaient déjà été introduites par Fini, et même par son leader historique Giorgio Almirante, bien qu’en alternance avec des revendications explicites d’adhésion au fascisme. Cette condamnation n’exclut pas la continuité avec le cadre idéologique (ethnonationalisme, darwinisme social, anticommunisme) dans lequel s’insère le fascisme historique.

Fratelli d’Italia continue, dans une certaine mesure, à appliquer le même principe qui a guidé l’un des premiers dirigeants de l’ancien MSI, Augusto De Marsanich, selon lequel il promettait de « ne pas restaurer » (la dictature fasciste), mais aussi de « ne pas désavouer » le régime comme faisant partie de l’héritage historique de la droite italienne. La condamnation de certains éléments peu recommandables du fascisme ne se transforme pas pour autant en engagement antifasciste.Dans les médias proches de Fratelli d’Italia, la Résistance partisane contre le nazi-fascisme pendant la Seconde Guerre mondiale continue d’être présentée uniquement comme responsable d’actions criminelles et anti-nationales.

Pro-système

Le numéro d’équilibriste de Meloni consiste donc à revendiquer la continuité avec la droite néofasciste tout en se faisant accepter comme une force politique pro-système. Les éléments de base du paradigme dominant sont au nombre de deux : 1/ l’engagement envers le bloc occidental articulé autour de l’OTAN ; 2/ la défense de la primauté des entreprises sur le travail.

Sur le premier point, Fratelli d’Italia a fourni les garanties les plus larges. Le MSI, après une phase initiale d’incertitude, s’est rangé du côté du bloc atlantique, favorisant l’adhésion à la croisade idéologique anticommuniste par rapport aux discours d’autres éléments d’extrême-droite sur une « troisième » force séparée des États-Unis et de l’URSS. Le parti de Meloni a été favorable, dès le début, au soutien militaire à l’Ukraine dans son conflit avec la Russie. Il a ouvertement préconisé l’envoi d’armes offensives et pas seulement défensives, soutenant ainsi l’alignement du gouvernement Draghi sur la politique de l’administration Biden.

Au fil des ans, les déclarations faisant l’éloge de la politique de Vladimir Poutine (principalement en ce qui concerne sa « bataille culturelle » et son opposition à une supposée « dictature LGBTQ ») ou sa sympathie pour le Hongrois Viktor Orbán n’ont pas manqué. Mais c’est avec la droite polonaise que Fratelli d’Italia a construit sa principale alliance. Les diverses formations de la droite radicale européenne n’ont jamais été en mesure de trouver un terrain d’organisation commun, bien qu’elles convergent sur de nombreuses questions idéologiques et programmatiques, précisément en raison de leurs attitudes différentes à l’égard de la Russie.

Pour des raisons historiques et géopolitiques, une partie de la droite a toujours adopté des positions fortement hostiles à la Russie tout en exprimant une vision idéologique à bien des égards similaire à celle de Poutine. Grâce aux manœuvres de Fratelli d’Italia, l’ensemble de la coalition de droite italienne s’est clairement positionnée en faveur de l’élargissement de l’OTAN, du soutien militaire à Kiev et des sanctions contre la Russie.

Sur le plan économique, l’adhésion de Fratelli d’Italia au paradigme néolibéral va de pair avec le soutien à l’équilibre budgétaire comme contrainte de l’action gouvernementale. Suppression du « revenu citoyen » (un ensemble d’allocations pour les demandeurs d’emploi introduites en 2019) ; réduction des impôts en assouplissant le principe de l’imposition progressive ; soutien aux infrastructures par le biais de « grands projets » ; et interventions sur les questions environnementales strictement subordonnées à l’intérêt économique. De ce point de vue, la politique économique de Fratelli d’Italia peut être considérée comme moins populiste non seulement que celle défendue par le Mouvement 5 étoiles, mais aussi que celles de la Lega de Salvini et de Forza Italia.

Pour Meloni et son parti, la question non résolue de la relation avec l’Union européenne demeure. La première préoccupation est d’assurer à ses concitoyens que les fonds du Plan national de relance et de résilience (PNRR), alloués à l’Italie par la Commission européenne à Bruxelles, continueront à arriver comme prévu. Au moment où le gouvernement alors dirigé par Giuseppe Conte (Cinq étoiles) négociait ce Plan, Mme Meloni a tenté de s’opposer à la demande de financement européen en évoquant plutôt l’utilisation possible des droits de tirage spéciaux fournis par le Fonds monétaire international. Cette proposition a été jugée bizarre par de nombreux économistes.

Bien que le parti ait exclu les perspectives d’Italexit ou d’abandon de l’euro, il reste fortement hostile à un développement fédéraliste de l’UE.Dans certains discours, Mme Meloni a comparé l’UE à l’URSS, comprise comme une cage qui opprime ses États membres. Elle propose une Europe organisée comme une confédération d’États souverains, mais préconise en même temps son développement en tant que « marché libre », suivant une perspective qui a caractérisé la présence britannique dans l’UE dans les versions de Thatcher et de Tony Blair.

Le programme électoral adopté par la droite à l’approche des élections du 25 septembre évite de faire des propositions particulièrement conflictuelles et utilise des formules plutôt vagues. Il déclare que l’Italie confirme sa « pleine adhésion au processus d’intégration européenne » mais en se concentrant sur une Union « plus politique et moins bureaucratique ». Toutefois, elle souhaite également que cette Europe réaffirme son identité « judéo-chrétienne ».

Dans son livre Io Sono Giorgia (« Je suis Giorgia »), la leader de Fratelli d’Italia affirme une idée de l’Europe qui n’est pas liée au dépassement des nationalismes qui ont produit les deux guerres mondiales, mais plutôt à la guerre comme marqueur d’identité. Il s’agit de la bataille de Poitiers en 732, qui a arrêté la « marée islamique », de la défense de Constantinople par Constantin XI, et de la bataille de Lépante en 1571, qui a réussi à « arrêter l’avancée turque ». Comme pour la bataille italienne de Caporetto en 1917, c’est toujours la guerre, le conflit qui se termine par la suppression physique de l’ennemi, qui alimente les fantasmes guerriers du « soldat Meloni » (une auto-définition qui clôt son autobiographie).

Un acte d’équilibre

Il convient de souligner que l’extrême droite italienne se trouve prise dans un certain nombre d’équilibres politico-idéologiques. Ayant toujours pris le parti de l’opposition à tous les gouvernements successifs depuis sa création fin 2012, Fratelli d’Italia a bénéficié de l’instabilité permanente du système politique italien. Il a notamment pu rassembler des soutiens grâce à la crise de ses deux alliés. D’abord Forza Italia s’est effondré avec le déclin du leadership de Berlusconi, puis avec la montée rapide, suivie d’un déclin tout aussi rapide, de la popularité de Salvini.

La droite italienne, grâce à son articulation entre des partis porteurs d’identités distinctes et de leaderships forts, a pu maintenir son large réservoir de soutien qui s’est presque toujours situé entre 45 et 50 % de l’électorat. Seule la montée du Mouvement 5 étoiles au cours des années 2010 a été en mesure de dépouiller une part importante des électeurs de droite, mais ils sont rapidement revenus, notamment grâce à la communication populiste du leader de la Lega, Salvini.

Quant au centre-gauche, les deux stratégies poursuivies par le Parti démocrate depuis sa formation en 2007 ont échoué. Il avait fait le pari de devenir une force capable d’intercepter le soutien de tous ceux qui ne votent pas pour la droite, en éliminant tous les concurrents (la « vocation majoritaire » de Walter Veltroni, son premier leader). Il aspirait également à l’agrégation d’une coalition hétérogène de forces, dont les Démocrates conserveraient le leadership incontesté (le « large champ » de Letta, son leader actuel). Pourtant, face au succès de la droite, la seule alternative qu’elle peut offrir est une autre coalition technocratique, fondée non pas sur le soutien des électeurs mais plutôt sur une alchimie favorisée par le système électoral byzantin de l’Italie.

Franco Ferrari Publié initialement dans Jacobin et ensuite dansContretemps.

L’Extrême droite : une avant-garde contre-culturelle ?

Stéphane François publie Une avant–garde d’extrême droite. Contre-culture, conservatisme radical et tentations modernistes aux éditions de la Lanterne
Vous pouvez retrouver ci-dessous deux entretiens parus à cette occasion, l’un dans Le Monde et l’autre dans L’Humanité.


Propos recueillis par Abel Mestre, « Stéphane François : « L’extrême droite n’est pas aussi pauvre intellectuellement qu’on peut le dire » », Le Monde, 19 septembre 2022 :

Dans votre livre, vous abordez l’extrême droite d’un point de vue culturel, à travers les références historiques ou religieuses, la musique ou encore les livres. Peut-on parler d’une contre-culture ?



Oui, tout à fait, même si c’est toujours très complexe. En tant que mouvement, cela apparaît aux Etats-Unis dans les années 1960, en opposition à la guerre du Vietnam. S’élabore ainsi une véritable contre-culture non conservatrice, non militariste, mélangeant des éléments divers, aussi bien savants que populaires, spirituels que politiques ou musicaux. L’extrême droite va en faire autant, avec un léger décalage. A partir des années 1970, on va voir apparaître, notamment en Italie, des références à la culture populaire. Des militants, surtout néofascistes, vont utiliser ces éléments pour en faire un marqueur de leur idéologie. C’était le cas des camps Hobbit en Italie [organisé alors par la section jeunesse du Mouvement social italien, néofasciste] avec un lien explicite à Tolkien. Par la suite, plusieurs ouvrages de types abécédaires contre-culturels vont sortir. Avec des références à Sparte, au film 300, des clins d’œil à des groupes de musique ou des chanteurs comme Joy Division, Morrissey et les Smiths. Il y a une volonté de brasser différents éléments qui donnent une cohérence intellectuelle et culturelle au mouvement.


Est-ce une pensée cohérente ?


Oui, bien que cette contre-culture d’extrême droite se nourrisse d’éléments préexistants, notamment les marges religieuses, l’attrait pour le paganisme, pour les avant-gardes conservatrices. Le point commun est la volonté de créer une culture commune propre pour renverser la culture dominante. Si cette culture est fermée, elle est néanmoins diverse d’un point de vue interne avec plusieurs courants très différents – comme les néopaïens, les catholiques traditionalistes, les skinheads d’extrême droite. Le plus petit dénominateur commun est l’idée de créer une contre-culture « blanche », de valeurs propres aux Européens et aux descendants d’Européens.


En quoi ces courants souterrains irriguent les partis d’extrême droite comme le Rassemblement national (RN) ou Reconquête ?

Il faut prendre en compte deux choses : le discours pour le grand public et les références des militants. Les références des militants les plus anciens et les plus radicaux ne sont pas les mêmes que celles d’un électeur lambda qui va voter RN par contestation ou rejet du « système ». Dans le premier cas, les références sont radicales et issues de cette contre-culture. Dans le second cas, certains aspects de ces références seront incompréhensibles pour l’électeur (par exemple, le paganisme ou l’ésotérisme). Parfois, la culture des premiers peut devenir visible. Par exemple le localisme, qui devient un thème porteur quand des identitaires prennent des fonctions au RN. Cela renvoie aussi bien à l’enracinement charnel de Charles Maurras qu’à l’enracinement identitaire de la nouvelle droite, qui ont des nuances profondes, et qui expriment des cultures différentes.



C’est aussi vrai pour la théorie complotiste et raciste du « grand remplacement » repris par plusieurs politiques…

Oui. Cela vient des milieux néonazis dans les années 1950, cela va infuser chez Dominique Venner [intellectuel de référence de cette famille politique] dans les années 1960, puis dans la nouvelle droite dans les années 1970. A partir de là, le discours est édulcoré tout en gardant le fond.
En Italie, par exemple, Giorgia Meloni, favorite des élections législatives, assume cette contre-culture avec notamment le festival annuel Atreju, en référence à « L’Histoire sans fin ». 

Qu’en est-il en France ?

La situation est très différente car liée à l’histoire des pays. En Italie, le fascisme est revenu comme force politique assumée, le passé est mis en avant. En France, en revanche, après 1945, une chape de plomb est tombée sur l’extrême droite qui s’est enfermée. Pendant longtemps, elle est restée rétive à l’émergence d’une contre-culture à destination des jeunes militants, ressassant le passé. C’est aussi pour cela que les Français regardent beaucoup l’Italie. Par exemple, ce sont les Italiens qui ont mis très tôt en avant des écrivains comme Yukio Mishima et Ernst Junger.


Quel est l’intérêt pour le chercheur de se pencher sur ces différents sous-courants culturels ? Pourquoi est-ce si peu étudié ?

Ces recherches montrent que l’extrême droite n’est pas aussi pauvre intellectuellement qu’on peut le dire, qu’il y a un monde construit, un foisonnement intellectuel qui n’a jamais cessé depuis les années 1930, regardant et assimilant ce qui se passe ailleurs, notamment à gauche, voire à l’extrême gauche. Si c’est si peu étudié, c’est qu’il y a une peur, un mépris et une condescendance. On me dit souvent : « Comment peux-tu travailler là-dessus ? Moi, je ne pourrais pas. » J’explique que c’est passionnant, que l’extrême droite ne se résume pas à des brutes épaisses, qu’il y a des personnes très fines… On me reproche aussi de ne pas juger, de ne pas prendre parti. En fait, certains intellectuels qui voient des « rouges bruns » partout, refusent d’étudier ceux qui peuvent être leur ennemi, de peur d’être contamin

Après votre précédent ouvrage sur le lien entre écologie et extrême droite, vous poursuivez votre travail sur ses références et sa production culturelles. En quoi ce thème vous semble-t-il important pour comprendre ce mouvement politique ?

Cela a été mon intérêt premier, en partant de scènes musicales indépendantes. J’évoluais dans des milieux de la culture industrielle (mouvement musical expérimental hérité du punk). Rapidement, j’ai vu que ce milieu était noyauté, avec énormément de fanzines ou de groupes qui étaient très connotés. Cela a été le début de ma réflexion. Ces productions culturelles ont plusieurs fonctions stratégiques – pas toujours conscientes d’ailleurs. Il s’agit d’abord d’une culture qui leur est destinée, c’est-à-dire qu’elle permet de créer du lien entre les militants.

Vous écrivez que l’analyse de cette production culturelle d’extrême droite est un impensé, notamment à gauche. Mais pourquoi utilisez-vous ce mot d’ « avant-garde » ?

On imagine que l’extrême droite serait contre-révolutionnaire, réactionnaire. Or, nombre de courants sont révolutionnaires, et veulent utiliser les avant-gardes artistiques – notamment le futurisme – comme ciment. Un magazine comme Zentromag (émanation du site identitaire alternatif Zentropa), c’est du futurisme, avec des codes couleur rouge-blanc-noir. Certains groupes parlent d’ailleurs « d’avant-garde conservatrice ». Il y a parfois une production artistique d’une qualité indéniable.

Une avant-garde suppose d’avoir des figures intellectuelles, vous en présentez plusieurs dans votre livre. Quelles sont celles que vous identifiez aujourd’hui ?

Aujourd’hui, au niveau international, une des figures les plus influentes est Alexandre Douguine. En France, il y a moins de personnalités, à part Alain de Benoist, même s’il s’en défend. Sinon, ce sont surtout des structures, notamment l’institut Iliade, qui met en avant un « pagano-christianisme », un christianisme identitaire. Voilà dix ans, se dire « catho tradi » au sein de l’extrême droite fascisante ou révolutionnaire était mal vu. Aujourd’hui, pas du tout.

Un des symboles de cette avant-garde est CasaPound, en Italie. Quelle est son influence ?

Son rôle est primordial. Elle fait référence au poète avant-gardiste américain, Ezra Pound, compagnon de route du fascisme. C’est une structure qui reprend les codes de la contre-culture : c’est un squat culturel, avec des concerts de groupe évoluant dans la contre-culture gothique ou punk, des concours de graffitis, des expositions, etc. La CasaPound a été un modèle même s’il n’a beaucoup marché en France, mais c’est un aiguillon intellectuel. Les néofascistes italiens ont toujours été d’avant-garde, avec un attrait pour la modernité.

Revenons au thème avec lequel vous ouvrez le livre : la question de la religion, ou plutôt du fait religieux : on connait la défense de « l’Europe chrétienne », mais cela se mêle plus largement à la question de l’enracinement. Comment analysez-vous la place du fait religieux à l’extrême droite ?

Elle est capitale, car elle permet de donner une identité. C’est une culture classique, celle de l’Occident chrétien, des régimes de Franco ou Salazar. Mais d’un autre côté, dès les années 20 et notamment chez les Nazis, vous avez des groupes qui sont antichrétiens, avec des conceptions païennes du monde. Leur point commun, c’est la conception identitaire et ethnique de la religion. Il s’agit en réalité d’un pagano-christianisme : leur « génie », si l’on peut dire, est de montrer qu’il n’y a pas de contradiction. Cela dit, pour les éléments les plus païens, le christianisme est une religion juive qui vient de l’étranger…

Vous consacrez également un chapitre à la question de l’histoire et la fascination de l’extrême droite pour le Moyen-âge. Que révèle cette fascination ?

Il y a plusieurs points : pour les plus réactionnaires et chrétiens, c’est le moment de l’affrontement entre les chrétiens et les Sarrazins, le temps des croisades et de la défense de l’Occident chrétien, en mettant en avant Hugues Capet ou la Reconquista en Espagne. Mais pour une grande partie de l’extrême droite, le Moyen-âge est aussi l’âge d’or de la société traditionnelle européenne : une société d’ordre, organique, avec une élite aristocratique qui les fascine. Et un impensé : dans une société d’ordre de type médiéval, une grande partie de leurs militants n’auraient pas été membres de l’aristocratie, mais du tiers-état, des serfs. Cette partie est oubliée au profit d’un discours traditionnaliste, aristocratique, organiciste et guerrier

Avec la figure du chevalier, qui fait partie de la couverture de votre ouvrage… Comment est-elle reliée avec la mythologie nordique, autre thème de l’imaginaire d’extrême droite ?

Nous sommes toujours dans l’époque médiévale, mais avec une évolution : le viking est un homme libre, un guerrier, un conquérant. Il y a eu des joutes intellectuelles violentes avec des historiens spécialistes du monde nordique sur le thème : « Vous faites des Vikings des marchands, alors que c’est un conquérant sur son drakkar. » Le Viking est lié à l’idée raciale de l’européen, avec cette autre idée : plus on est proche du pôle nord, plus on est pur spirituellement et génétiquement.

Identifiez-vous un lien de cette contre-culture dans la montée actuelle de l’extrême droite politique ?

C’est plutôt secondaire chez eux, car il faut attirer l’électeur de base. On trouve cette avant-garde plutôt chez les radicaux. Mais les liens existent. Une bonne partie des dirigeants de l’institut Iliade font partie des cadres de Zemmour, par exemple. Mais ce n’est pas ce qui va être mis en avant, surtout au RN, qui va plutôt parler du localisme.

Extrême droite: Gonzalez : des propos graves, des réponses scandaleuses à une interview

 

José Gonzalez, député Rassemblement National, doyen de la Chambre des Députés a tenu, ce mardi, des propos discutables à la tribune. Les réponses aux questions de journalistes quelques minutes plus tard sont scandaleuses.

En 1962, quand José Gonzales a 19 ans lorsqu’il quitte l’Algérie. Aujourd’hui, il n’aurait que des souvenirs vagues sur le groupe terroriste OAS (Organisation de l’Armée Secrète) partisans ultra violent de l’Algérie française. Monsieur Gonzalez serait-il victime d’alzheimer?
- Le 21 avril 1961, l’OAS soutient la tentative de coup d’état militaire organisée contre la République par plusieurs généraux (Salan, Zeller, Challe et Jouhaud)

- Le 7 avril 1962, l’OAS pose une bombe au domicile d’André Malraux, ministre de la culture de la République). Une fillette de 4 ans, Delphine Renard, est laissée pour morte. Elle survivra mais perdra la vue. Malgré des soins prodigués aux Etats-Unis grâce à une communauté des ouvriers techniciens et cadres de Renault Briancourt où travaillait son père.

- Après avoir assassiné le maire d’Évian, l’OAS tente d’assassiner le Général De Gaulle, Président de la République.

Ces actes terroristes ne semblent avoir ni troublés ni marqués José Gonzalez. Il ne s’en souvient pas. Madame Le Pen interrogé sur France Info, ce matin, ne s’est pas indigné de cette perte de mémoire.

Chasser le naturel, il revient au galop : le Rassemblement National retrouve ses origines.

Pierre Outteryck, professeur agrégé d’histoire.

 

Eric Zemmour nomme le général Bertrand de La Chesnais directeur de campagne


Les vieilles méthodes fasciste des années sombres reviennent au galop, quand le patronat, les collabos et la bourgeoisie inondaient  les oreilles du peuple par cette expression
« mieux vaut Hitler que le Front popula
ire ». 


Le général Bertrand de La Chesnais est nommé directeur de campagne d'Eric Zemmour. 

Le militaire rejoint une équipe qui compte des personnalités du monde des affaires ou de la haute fonction publique. Selon Europe 1, le général Bertrand de La Chesnais a été nommé directeur de la campagne d'Eric Zemmour le 6 décembre, après s'être entretenu avec l'ancien journaliste. 
Le général quatre étoiles conseillait déjà Eric Zemmour sur les questions de défense.  

En 2014, Bertrand de La Chesnais a été nommé major général de l'Armée de terre, le second poste le plus gradé après celui de chef d'Etat-major, avant de quitter ses fonctions en 2017. 

En 2020, l'ancien militaire se lance en politique en se présentant à la mairie de Carpentras (Vaucluse). Sans étiquette, il obtient le soutien du Parti chrétien-démocrate et du Rassemblement national, mais est battu au second tour par le maire sortant avec 39,17% des voix. 

En devenant directeur de campagne d'Eric Zemmour, ce proche du général Pierre de Villiers, l'ancien chef d'Etat-major des armées françaises, prend la tête d'une équipe qui comporte en son sein plusieurs personnalités issues du milieu des affaires ou de la haute fonction publique. 

Dans l'équipe du candidat figure notamment Sarah Knafo, magistrate de la Cour des comptes de 28 ans.

La partie opérationnelle de la campagne est assurée par le communiquant Olivier Ubéda, qui officie en tant que directeur des événements et responsable des relations presse de la campagne. 
 
Quant à Jonathan Nadler, banquier d'affaires chez JP Morgan, il coordonne depuis mars dernier le pôle programmatique de la campagne d'Eric Zemmour. Selon France Info, avec l'aide de 300 contributeurs, ce diplômé de Sciences Po Paris a pour mission de produire des propositions pour le candidat. 

Le pôle programmatique est lui-même sous-divisé en 28 pôles thématiques qui sont chargés de vérifier la faisabilité technique des propositions et de proposer des mesures concrètes. 
La partie finance de la campagne est assuré par Julien Madar. Cité par France Info, ce chef d'entreprise, passé par la banque d'affaires Rothschild, explique que son rôle est «de convaincre des personnes physiques de donner de l'argent à titre privé et d'assurer les levées de fonds de la campagne».



PCF : EN SOUTIEN AU PCF DE L’ARRAGEOIS


HARO SUR L’ULTRA DROITE

Arras : un rassemblement autour du candidat communiste Fabien Roussel après des provocations de l’extrême-droite




Ce vendredi, à l’appel de la Fédération du Pas-de-Calais du PCF, plusieurs dizaines de manifestants ont exprimé leur solidarité à l’endroit des communistes arrageois menacés par l’ultra droite.


Des affiches de propagande monarchiste collées dans la nuit, fin octobre, sur le local du PCF de l’Arrageois. Un message menaçant à caractère anticommuniste et xénophobe adressé via les réseaux sociaux à la section. La réaction ne s’est pas fait attendre. La sénatrice Cathy Apourceau a interpellé le préfet « pour demander à ses services de prendre très au sérieux cette affaire », souligne Hervé Poly, le dirigeant de la Fédération. Une plainte a été déposée par René Chevalier, le secrétaire de section, qui rappelle que « le racisme n’est pas une opinion mais un délit ». La manifestation organisée devant le siège du Parti rue de l’Hippodrome, constituait le point d’orgue de cette mobilisation naissante. La municipalité arrageoise (centre droit), le PS local, la France insoumise, dont le député Adrien Quatennens, l’Anacr, la FNDIRP, le Secours populaire, et de nombreux élus et militants communistes étaient présents.

Fier d’être communiste

Secrétaire national du PCF, Fabien Roussel a stigmatisé le climat délétère de cette campagne présidentielle « ou plutôt pestilentielle. Ça sent mauvais quand le racisme ou l’antisémitisme envahissent le débat politique car ça banalise le rejet de l’autre. En deux ans, 25 actes de vandalisme ont affecté le PCF, ses élus, ses locaux. L’extrême droite nous prend pour cible. Notre réponse se fera sur le plan des luttes et des idées, jamais par la violence ». Quant à René Chevalier, il a raillé ces nationalistes « venus lâchement, cagoulés et sans bruit, souiller les murs de la section », dénonçant au passage l’amalgame fait aujourd’hui entre l’extrême droite et le PCF. « Notre parti a été à l’origine de nombreux conquis sociaux (Sécurité sociale, etc.) contrairement aux fascistes qui sont aux ordres du grand patronat et de la sphère financière. C’est pour cette raison que je suis fier d’être communiste et que j’entends bien nettoyer nos rues de cette vermine négationniste », a-t-il lancé. Il veillera à ce que l’enquête aboutisse d’autant que ces nazillons ne seraient pas inconnus des services de police.
Jamais discuter, toujours combattre

Réagir aux provocations de l’ultra droite, n’est-ce-pas cependant mettre de l’eau à son moulin ? « Ça nous fait surtout de la publicité à nous communistes », réagit René Chevalier. « Le silence, c’était la stratégie adoptée au début du Front national. Ce n’est pas la solution. Je pense au contraire qu’il faut mener le combat idéologique. Il ne faut pas discuter avec les fachos, il faut les combattre d’autant qu’ils ont pignon sur rue aujourd’hui. Ils se sentent libérés. Bolloré et CNews leur servent la soupe », dénonce Hervé Poly.
jacques Kmieciak

Ci-dessous l'intervention de René Chevalier Secrétaire de section d'Arras:



Bonjour et merci de votre venue et surtout de votre soutien .

Aujourd’hui nous sommes ici rassemblés, car des nationalistes , royalistes, d’action française , habitant Arras, totalement inculte de notre histoire et de l’histoire en général, sont venus lâchement, cagoulés, sans bruit ,souillés les murs de la section du parti communiste, la nuit du mercredi à jeudi 29 octobre

Ils sont venus collés leurs affiches don le slogan est « monarchie fédérative ».

Dès jeudi matin, les camarades, lorsqu’ils ont vu ces affiches d’extrême droite placardées, ont été très réactifs et recouverts de suite avec les affiches de notre candidat à la présidentielle, Fabien Roussel, afin de purifier nos murs de ces immondices.

Une plainte avait été prévue, mais par manque de temps j’ai dû la différer.

Quelques jours plus tard, le 1er novembre ,comme chaque année, nous honorons avec fiertés, nos valeureux , 36 héroïques camarades communistes de la section arrageoise, qui ont sacrifié leur vie entre 1940 et 1945 contre la barbarie nazie, presque tous inhumer au cimetière d’Arras.

Car voilà il y a plus de 76 ans

Des femmes et hommes ayant subi l'exclusion, la prison, la torture, la déportation vers les camps d'extermination, les exécutions sommaires.

Des femmes et hommes qui avaient comme idéal une France libre, un monde débarrassé de la folie hitlérienne, de la barbarie nazie et de leurs collaborateurs vichystes.

Des femmes et hommes qui portaient en eux ,cette volonté indéfectible de construire un autre monde plus juste, plus humain.

Des femmes et hommes tous résistants, tous communistes ont sacrifiés leur vie pour nous légués la flamme de l’espoir de la liberté et de la démocratie.

Nous nous sommes rendus avec les camarades de la section du PS, rendre hommage, à notre camarade communiste, Marc Lanvin assassiné lâchement lors d’un collage, à l’âge de 18 ans par des nervis de la droite, la veille des élections législatives de 1968.

À la suite d’une journée chargée d’émotion, vers 22h00 j’ai reçu sur Messenger, 2 photos de 3 jeunes masqués, dans la pénombre, devant la façade de la section avec une banderole dont est inscrit des acronymes anglais « FCK ISIS » ce qui veut dire « Nike les états islamiques » sigle appartenant à un groupe terroriste qui multiplie des attentats dans le monde, tel que celui du camion bélier à Barcelone en août 2017 fonçant dans une foule de touristes faisant 13 morts et des centaines de blessés.

Sur cette même photo l’un d’eux, porte un tee shit avec en effigie une tête de mort de la waffen SS de l’unité Totenkopfverbände une unité spéciale chargée de la gestion des camps de concentration.

Tout cela, accompagné d’un texte complètement stupide et ahurissant :


Vous n'êtes plus les bienvenus à Arras.

Vos idées qui détruisent la France, son peuple, sa culture, votre amour de l'immigration de masse et du globalisme vous a poussé dans les poubelles de l'histoire, à peine 1% des Français votent pour vous, on se demande bien comment vous faites pour avoir des locaux.

Vos permanences sont tenues par des grand-mères nostalgiques de l'urss, bordel c'est honteux et tellement ridicule, vous êtes morts. Nous les jeunes nationalistes arrageois et artésiens nous allons vous éjecter de la capitale atrébate dans les années qui viennent.

La rue est à nous, restez bien cachés à l'intérieur devant les feux de l'amour ! Nous notre seul amour c'est la France !

bisous les sales communistes !


Suite à cela, j’ai averti Hervé poly secrétaire départemental du parti, me rappelant la loi Gayssot dixit : que tout acte raciste, antisémite ou xénophobe ne sont pas une opinion mais bien un délit.

Le lendemain une plainte été déposée au commissariat de police, et notre infatigable sénatrice Cathy Apourceau Poly a poursuivi l’action en interpelant le préfet, suivi d’une réaction en chaine des camarades de la fédération du PCF.

Mais Voilà un texte d’une violence inouï, nous devons rester extrêmement vigilants, car le révisionnisme se cache partout et menace la démocratie en permanence.

Dans cette période où l'ensemble des conquis sociaux issus du Front populaire et du programme « des jours heureux», rédigé par le Conseil National de la Résistance sont attaqués par ces réactionnaires, ces fascistes qui aujourd’hui, veulent changer honteusement l’histoire, qui sont aux ordres du grand patronat et de la sphère financière.

Aujourd’hui en 2021, dans notre pays, celui des droits de l'homme, de la liberté d'expression , des médias subventionné par nos impôts, et gérer par des Bolloré, des Lagardère, etc.., accorde généralement, la parole en boucle aux extrémistes.

Aujourd’hui en 2021,il est bon de rappeler que des résistantes et des résistants se sont dressés, et ont donné leur vie pour la liberté, la fraternité, la solidarité entre les peuples, et combattre la xénophobie, le racisme, l'antisémitisme, l'homophobie et toutes les formes de discrimination.

Aujourd’hui en 2021, je le dis haut et fort, la tête haute, sans cagoule, que je suis fière d’être communiste et j’emmerde tous les fachos

Car l’histoire des communistes français c’est :

La sécurité sociale, qui fut pensée et conçue par les dirigeants politiques et syndicaux engagés dans la résistance.

Création d’un système de retraite par répartition basé sur la solidarité intergénérationnelle et financé par le fruit du travail.

Mise en place d’un code du travail protecteur et sécurisant ainsi des conventions collectives.

Ce sont les comités d'entreprise, les droits syndicaux, et la liberté de militer dans l'entreprise,

Ce sont des services publics qui répondent solidairement aux besoins de tous.

C’est plus de laïcité, c’est plus de conquêtes sociales, c’est plus de culture, de mixité, de paix.

Contrairement aux négationnistes, qui déversent haine, le repli sur soi, la division des peuples, leurs histoires, ce sont des milliers de communistes, de juifs, Tziganes, Roms, Homosexuels, gazés, fusillés, brûlés, décapités.

Nous n’avons pas peur ni du fascisme, ni de ces négationnistes, ni de ces nationalistes, ni de cette extrême droite qui pollue notre société.

Ils nous, seraient impossible de croire qu’un jour, résonne dans les rues d’Arras et dans toutes les rues de France et de Navarre les bruits leurs bottes. Nous ne pouvons pas tolérer que notre jeunesse connaisse un jour la mise en œuvre des théories fascisantes, celle de l'invasion ou du grand remplacement .

Au nom du parti communiste, avec tous les communistes du pas de Calais, de France et de Navarre, on leur met un défi, « le défi des jours heureux » porter par notre candidat communistes ici présent à la présidentielles de 2022, Fabien Roussel .

Au nom du parti communiste , nous ne laisserons pas se répéter l’histoire et rendre vain le sacrifice de tous nos camarades

Au nom du parti communiste, nous ferons en sorte de nettoyer cette vermine des rues de notre belle ville et des 36 000 communes par la démocratie en votant massivement pour le candidat communiste Fabien ROUSSEL les 10 et 24 avril 2022.

Dans l’espoir qu’ils vont nous entendre, je leur dit en toute simplicité, n’oublions pas que les urnes sont bien plus fortes que leurs menaces et que la liberté et bien plus forte que la peur.

Vive la paix, vive la fraternité vive l'amitié entre les peuples et vive les jours heureux.

Merci de m’avoir écouté .








Arras : les groupuscules fascistes encouragés à exprimer leur haine et leur violence par les paroles nauséabondes de candidats et dirigeants d'extrême-droite



A Arras, ces groupuscules violents viennent de franchir un cap en envoyant des lettres de menaces à la section du PCF et en posant, cagoulés, porteurs d'insignes de divisions SS, devant les locaux. La tentative d'intimidation est claire et vise, comme la plupart du temps, le PCF et ses militant-e-s.

Comment ne pas voir que les appels à la haine d'organisations et de personnalités d'extrême-droite, de militants du racisme, de la xénophobie et de l'antisémitisme, donnent des ailes à ces groupuscules identitaires et fascistes, normalement interdits ?

Le climat délétère entretenu par ces personnages, par leurs propos condamnés par la justice mais qu'ils peuvent continuer de défendre sur les plateaux télé et dans la campagne des élections présidentielles, légitiment, pour les plus violents d'entre eux, les passages à l'acte.

Parce que le PCF a toujours été en première ligne, sur le terrain, pour combattre les fascistes et les thèses nauséabondes de l'extrême-droite, ces adeptes de la haine et de la violence font clairement des communistes leur cible prioritaire. Ils doivent pourtant entendre que le PCF, ses élus et militants, ne céderont jamais devant eux.

Fidèles à leur histoire qui les a conduit à combattre le nazisme et le régime de collaboration de Vichy, que certains tentent de réhabiliter, les communistes continueront à rassembler largement les populations pour construire une société de progrès et d'émancipation pour toutes et tous. C'est tout le sens des batailles électorales menées par les communistes du Pas-de-Calais, qui ont infligé de lourdes défaites aux candidats de l'extrême-droite aux élections départementales.

Le PCF se félicite des nombreux messages de soutien reçus par des personnalités et des organisations républicaines. Il appelle les forces de gauche et de progrès, toutes les forces républicaines, à se mobiliser en soutien aux communistes arrageois, lors du rassemblement organisé par la fédération du Pas-de-Calais du PCF ce vendredi 5 novembre à 18h30 devant la section du PCF d'Arras (rue de l'Hippodrome), auquel participera Fabien Roussel, Secrétaire national du PCF et candidat à la présidentielle.



Parti communiste français,



Paris, le 4 novembre 2021.