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Coquerel le maillon manquant du macronisme

POUR LES NOSTALGIQUES DE LA NUPES

Cocquerel, pour la FI veut instaurer un permis de pêche payant, pour la pêche de loisir en mer ( à la ligne, à pieds...)Et tant pis pour nos pêcheurs à pieds ou pour les familles pendants les vacances...Les arguments qu'il utilise pour justifier ce que nous prépare la commission européenne en 2023 sont à faire connaitre :Aymeric CARON n'est pas le seul foldinguo à la FI. 


Réponse ci dessous le texte de la question écrite de la sénatrice Cathy APOURCEAU POLY contre l'établissement d'un permis de pêche payant pour la pêche de loisir en mer, et en pièce jointe celle du député de la FI, Coquerel. 




LA NUPES ET LE TRISTE SPECTACLE DU PARLEMENTARISME PETIT-BOURGEOIS

Quel triste spectacle parlementaire ! 

Il n'y a pas d'autres mots pour définir le fonctionnement de cette coalition parlementaire. Petites guerres internes, opportunisme, effet de manche, font oublier les combats des parlementaires menés pour gagner de nouveaux droits.

Quel avenir pour la NUPES, pour le Parti communiste français ?


L’Assemblée nationale et le combat parlementaire ne sont ni l’alpha, ni l’oméga des luttes. Le conflit des raffineurs démontre que c’est dans la lutte que se gagne de nouveaux droits (ici des hausses de salaires en période de forte inflation), mais aussi la conscience de classe, cette conscience qui nous permet de nous unir et d’affronter la bourgeoisie.

L’Assemblée nationale pour les forces révolutionnaires doit permettre de faire remonter les revendications issues des luttes, et gagner des positions dans le droit bourgeois. En aucun cas, la révolution ne se fera par cette institution. Cette originalité héritée hier des formations historiques de la gauche révolutionnaire et républicaine, incarnée très longtemps par le Parti communiste français, est en crise.

Cette tradition tribunitienne s’efface au profit d’un triste spectacle, d’une médiatisation de comportements et de petits mots rendant cette pratique en extinction, et surtout faisant le jeu des pires populismes.

La NUPES a été un espoir pour de nombreuses personnes. Majoritairement voulu par le monde militant, politisé, elle s’est imposée comme une force majeure dans l’électorat, incontournable, mais sans dynamique réelle dans les urnes.

Elle a échoué électoralement et on ne reviendra pas sur les résultats. Actuellement, elle dispose de 151 sièges sur 577. Malgré ces résultats, des élus populaires sont entrés dans l’hémicycle et portent clairement des revendications de progrès. Chaque groupe dispose de ces élus issus des couches populaires, du prolétariat et ils sont une conquête. Mais il y a aussi une série de « porte-paroles » contre productifs et qui sont volontairement médiatisés afin d’affaiblir la parole des élus issus du peuple et du prolétariat.

Depuis l’ouverture de la législature, la NUPES est traversée par des crises successives, des drames, et elle ne parvient pas à gagner des positions.

À peine en place, gagner la Présidence de la Commission des finances devient une guerre de tranchée dans laquelle on entend des militants formés aux luttes devenir des hérauts de ce combat. Ridicule, c’est le seul mot qui vient à l’esprit pour un militant révolutionnaire.

On passe sur les violences sexistes et sexuelles qui traversent malheureusement les différents partis formant la NUPES. Que ce soit pendant la campagne des législatives, ou ces derniers jours, la réponse politique apportés par certaines organisations membres de la NUPES a été au-dessous de tout.

Parmi les autres polémiques et les petites phrases assassines envoyées les uns contre les autres, on peut retenir la tragédie que représente l’intersectionnalité à l’épreuve du pouvoir avec le désastre nommé Sandrine Rousseau, l’article anti-CGT de Jean-Luc Mélenchon et le tweet de Raquel Garrido sur la motion de censure. Le populisme démontre son incapacité à tenir la ligne. Triste spectacle.

Conséquence : Le gouvernement, pourtant minoritaire à l’Assemblée nationale, peut ainsi faire passer ses textes à coup de 49-3 sans s’inquiéter des critiques, la NUPES ne gagne rien, pire, elle s’époumone et le RN manœuvre, joue, et mise sur une dissolution pour renforcer son groupe. Il ne reste plus qu’à incendier l’Assemblée nationale pour porter le fascisme au pouvoir.

Bref, la NUPES, vous l’avez voulu, maintenant, il faut l’assumer.

Mais alors, que faire ?


Doit-on rompre avec la NUPES ?

Elle est là, avec ses travers, ses lourdeurs, son anticommunisme viscéral. Elle est là, car ce fut la position majoritaire des communistes, qui après avoir affirmé haut et fort qu’il fallait une candidature communiste à l’élection présidentielle, se sont couchés et effacés devant la proposition du Conseil national de n’exister que dans 50 circonscriptions (sans compter les circonscriptions fantômes, et les 3/4 dissidents).

Elle est là aussi par la volonté des urnes. Par le « vote utile » du premier tour de l’élection présidentielle exprimé en faveur de Jean-Luc Mélenchon, et par le vote aux législatives, malgré un échec sur les ambitions majoritaires.

Donc non, à cette heure, le PCF n’a pas les moyens politiques pour rompre cette coalition. Le PCF est traversé par ses propres contradictions (idéologiques, stratégiques, tactiques), miné par sa 5ᵉ colonne qui prépare sa scission en cas d’échec au 39ᵉ congrès, miné par un Conseil national d’incapables, miné par des structures en crise et plus adaptées à cette époque.

Il devra impérativement changer sa ligne et ses structures pour relever les défis de demain et surtout exister en dehors des formations sociales-démocrates et populistes.

En attendant, retrouver une fonction tribunitienne au PCF

S'il y a un exercice que maîtrise bien le Parti communiste français, c’est celui-là.

Nos aîné.e.s ont su prendre en compte les nécessités historiques et politiques qui ont permis la création du PCF. Ils/elles ont fait le choix de construire un parti politique qui serait celui du communisme (ni primitif, ni du XIXᵉ, ni du XXᵉ, ni du XXIᵉ siècle).

Un parti dont le rôle révolutionnaire s'oriente pour la prise du pouvoir par le prolétariat et que nos camarades n'avaient pas peur d'affirmer la nécessité de la dictature du prolétariat comme une réponse démocratique à la tyrannie de la bourgeoisie et de son système représentatif.

Une des missions que notre parti doit retrouver, c'est la mobilisation du prolétariat et la (re)construction d'une conscience de classe.

Le parti doit se défaire du "parlementarisme" pour comprendre que notre rôle :

Lors des élections :

1- Mobiliser le prolétariat autour de nos mots d'ordre.
2- Faire de l'agitation révolutionnaire.

Dans les institutions :

1- Faire des institutions bourgeoises une tribune révolutionnaire.
2- Opposer un travail législatif contre la bourgeoisie afin de gagner des droits nouveaux.
3- Reconnaître que les institutions ne seront pas sauvées.
4- Un.e élu.e du PCF est avant tout un.e militant.e du Parti (pour en finir avec l'aventurisme de certain.e.s).
5 – Être le Parti du travail, le parti des travailleurs et des travailleuses

Il y a eu une polémique concernant la valeur travail et le PCF a été accusé d’être un parti de droite par des petits-bourgeois gauchistes en mal de sensations révolutionnaires. Ces mêmes gauchistes qui n’ont jamais eu besoin de sortir de leurs facs de sociologie pour vivre l’exploitation capitaliste au jour le jour.

Malgré ses contradictions, le PCF s’est toujours placé dans l’optique de l’abolition du travail salarié.

"Si quelqu'un ne veut pas travailler, qu'il ne mange pas non plus" est un verset de Saint Paul dans le Nouveau Testament dont Lénine fera sien en 1917 sous la forme "celui qui ne travaille pas ne mangera pas" (L'État et la Révolution).

La référence au travail permet de dénoncer les oisifs qui se nourrissent du travail des ouvriers et des paysans (propriétaires des moyens de production, actionnaires, propriétaires fonciers, rentiers ...).

Alors oui, le PCF doit incarner le fait qu’il est le Parti du travail, le parti des travailleurs, des travailleuses, qu’il agit pour que chacun, selon ses moyens, reçoit selon ses besoins. Personne ne reste sur le bord de la route, et surtout pas les personnes souffrantes de handicaps. Oui, chez les gauchistes, défendre le travail, c'est exclure les personnes en situation de handicap. Quel crépuscule de l’esprit.

Enfin, parlons du rôle de Fabien Roussel.

Il a remis le PCF dans l’actualité et dans les médias. Avec des polémiques qui ont permis de réaffirmer certaines valeurs : L’accès à une bonne alimentation (devenue « saucisse-vroum-vroum » chez les gauchistes), le travail-salaire-retraite, la laïcité (une position dénoncée comme un « complot du CRIF agissant au sein de la direction du PCF » par gens des proches de LFI), le nucléaire-l’énergie, etc.

Il incarne aussi les limites idéologiques du PCF. En rejetant les « kolkhozes, les soviets », la nationalisation de TOTAL, et en repoussant le retrait de la France de l’OTAN, il démontre aussi qu’il s’inscrit dans la ligne idéologique du PCF issus de la mutation, sauf sur l’OTAN où il sort clairement de la ligne du PCF.

Il la joue solo, probablement une conséquence du non-fonctionnement du Conseil national qui rappelle la situation d’Enrico Berlinguer en Italie. Minoritaire au Comité central du PCI, Berlinguer s’appuyait sur les sections et les militants. Fabien Roussel fait la même chose. Avec un Conseil national hostile (résultat des capitulations du 38ᵉ congrès et de la faiblesse des statuts), Fabien Roussel s’appuie sur la base militante.

Il incarne aussi l’indépendance du PCF, du moins symboliquement, vis-à-vis des organisations sociales-démocrates et populistes et le rôle tribunitien du PCF. Il est dans les luttes, il porte les revendications des luttes et il permet de redonner au PCF une visibilité auprès de la classe ouvrière.

Il incarne un héritage, celui de Georges Marchais, mais l’idéologie en moins. À nous, collectivement, de remettre le PCF dans la voie de la révolution, du marxisme-léninisme et du socialisme-communisme.

L’enjeu du 39ᵉ congrès portera sur l’avenir du PCF : Effacement, statu quo ou révolution ?

Et si on décidait de mettre les moyens pour sauver le Parti Communiste Français et pour enfin trouver une route révolutionnaire qui détruise le système capitaliste et ses aliénations ?

Notre modèle d'organisation politique, hérité des années 80-90 et institutionnalisé avec la mutation de Robert Hue, est en fin de vie du fait de trois facteurs :

1- L'abstention politique. Une grande partie du prolétariat (travailleurs-travailleuses, et une partie des couches populaires) et du lumpenprolétariat (couches populaires) ne se déplace plus pour voter.

2- L'absence d'organisation politique crédible pour tenir ce mode d'action. Les sections sont à bout de souffle (et mourantes dans de trop nombreux endroits), les cadres vieillissants, le Conseil national inactif, non représentatif du prolétariat et hors sol dans ses travaux.

3- La recherche d'une auto-organisation du prolétariat hors des partis politiques (gilets jaunes, collectif justice et vérité pour Adama ...). Cette auto-organisation ne trouve comme débouché politique que l’expression du vote « utile ».

Cette situation démontre que toutes les stratégies du PCF sont vouées à l'échec et qu'il faut réformer en profondeur nos campagnes, nos actions, nos stratégies et nos tactiques.

Mais soyons clair, le Parti Communiste Français tel qu'il existe aujourd'hui n'a aucun avenir, il n'est ni un parti d'avant-garde, ni un parti de masse. Pour survivre, il doit profondément revoir son organisation et ses buts politiques. Que faire ?


A- Dans le temps courts, le PCF doit acter une série de mesures d'urgences

Il faut mettre le paquet sur le sauvetage des sections ; Mettre le paquet sur la formation, la politique de cadre et leurs déploiements vers les lieux identifiés comme stratégiques ; Réorienter le travail du Conseil national vers les questions essentielles.

Si aujourd'hui le PCF n'est ni un parti d'avant-garde, ni un parti de masse, cela s'explique par des choix politiques et une attrition très forte de ses membres. Il est devenu un parti "classique" du système et un parti de notable, de retraités, de cadres de la fonction publique territoriale. Il ne représente plus le prolétariat et n'arrive pas à se faire entendre par ce dernier tellement les mots d'ordres mis en avant sont coupés des attentes réelles des gens.

B- Un parti d'avant-garde plutôt qu'un parti de masse

Un autre facteur, inhérent à la société néolibérale actuelle, l'individualisme a pénétré les esprits et ne permet plus de justifier des organisations de masse. Aujourd'hui l'organisation politique est plus informelle (mouvements, collectifs thématiques ...) et centrée autour de petits groupes menant des campagnes d'agit-prop. Il serait illusoire de croire que le PCF peut redevenir une organisation de masse dans les conditions actuelles.

Il faut donc faire le choix du parti d'avant-garde qui agit avec une base militante conscientisée et formée aux pratiques révolutionnaires. Cela signifie de mettre un terme au modèle actuel, hors sol et électoraliste qui caractérise le PCF.

Les directions doivent être dirigées par d’authentiques militant.e.s révolutionnaires, issues du prolétariat, discipliné.e.s dans le cadre du centralisme démocratique. Il ne s'agit ni d'une retraite politique, ni d'une planque, ni d'un strapontin pour une carrière politique, ni d'une reconnaissance pour bons et loyaux services, mais d'un engagement pour un idéal et le parti qui le porte.

C- Revoir le fonctionnement interne

Vu la situation actuelle, les structures du parti sont obsolètes et dépassées. Il faut ainsi revoir le fonctionnement interne autour d'une organisation de type "centralisme démocratique" et de mandats impératifs.

Le PCF paie aujourd'hui le prix fort de ses choix politiques adoptés lors des congrès précédents. Son renoncement à son modèle démocratique original (le centralisme démocratique) et la mise au-dessus de tous des élus communistes font que notre parti n'a plus la capacité d'agir pour maintenir les règles élémentaires de la démocratie interne.

Les statuts doivent être changés et doivent être modifiés pour répondre au besoin de démocratie

Les opportunistes, les aventuriers, les tribunes de membres du CN dénonçant des choses ou appelant à faire d'autres choses fatiguent un nombre très important de communistes. Cela révèle la faillite du mode d'organisation interne du PCF et il faut agir.

Quelques pistes de réflexion peuvent être avancées :

1- Rétablir l'exclusion pour dissidence. Le pluralisme des idées ne doit pas permettre aux opportunistes d'agir contre l'avis de la majorité des adhérents du PCF. "Liberté de critique et unité d'action" écrivait Lénine dans la Volna n°22, le 20 mai 1906.

2- Replacer l'élu communiste comme un membre du PCF, qui n'est pas au-dessus des règles du PCF, ni au-dessus de sa section et de ses membres. Les barons locaux ne doivent plus se comporter comme des potentats, mais doivent redevenir des militants communistes. Ils doivent leurs positions uniquement grâce à la force du militantisme et au soutien du PCF.

3- Rétablir un centralisme démocratique qui place le communiste au cœur des décisions politiques. Pour cela, un grand travail de redéploiement de l'appareil militant doit être effectué, et avec les moyens nécessaires. Cette question est centrale, la démocratie interne ne peut se calquer sur les institutions bourgeoises, mais doit se calquer sur un modèle de démocratie populaire. Le modèle actuel, celui issu de la mutation, est dépassé, obsolète et hautement antidémocratique. Il doit être changé.

4- Créer les outils nécessaires pour permettre le débat interne au PCF et pour s'assurer que la voix des communistes soit entendu dans toutes les instances dirigeantes du Parti. Le développement des nouvelles technologies ne doit pas être utilisé pour démontrer qu'il y a une révolution informationnelle qui permet de créer un nouveau type d'exploitation capitaliste (uberisation, plateforme ...), mais doit être utilisé pour et par le PCF.

5- Créer une Commission nationale de contrôle chargée de veiller à la légalité des actes, aux suivis des travaux du CN et des fédérations, au respect des statuts et des décisions prises lors des congrès. Ce genre de commission existe dans la majorité des Partis communistes et ouvriers du monde.

6- Fixer un nombre maximal de mandats au Conseil national comme dans les exécutifs et conseils fédéraux.


D- Il faut débattre, briser les tabous sur l’organisation

Il faut déployer sur le terrain de nouvelles structures d'organisation.

Vu la situation actuelle, les structures du parti sont obsolètes et dépassées. Il faut donc revoir le fonctionnement interne.

Le Conseil National doit centrer son action autour de :

- La formation des militant.e.s communistes.

- L'action résolue vers les organisations de masses encore existantes comme la CGT et le Secours populaire. Nos idées doivent pénétrer les masses via des militant.e.s formé.e.s et actifs dans ces structures. Il ne s'agit pas de faire de l'entrisme à la gauchiste, mais bien de faire converger les formations du prolétariat vers les mots d'ordre du Parti communiste et de les faire participer à la construction d'une société nouvelle.

- Déployer des suivis déterminés, qui ne se content pas à suivre une Assemblée générale ou un congrès local, mais qui co-animent des actions locales et/ou aident à la construction de nouvelles structures là où est identifié un potentiel.

- Travailler à développer un programme politique portant sur des revendications immédiates et des revendications révolutionnaires (socialisme). À côté de ça, des commissions, transparentes, débarrassées du contrôle des groupes fractionnistes, doivent travailler à produire des réflexions de hautes portées pour répondre à ce double enjeu.

- Le Conseil national déploie tous les outils nécessaires pour diffuser ses idées, via des médias classiques (télévision, presse ...) et modernes (internet ...). Il doit se doter d'outils cohérents et pertinents. Ses portes paroles doivent être identifiées.

- De ce Conseil national doit découler un Bureau Politique disponible à 100% et encore plus motivé dans l'atteinte des objectifs politiques.

Débattons d’un nouveau maillage territorial pour répondre à l'objectif révolutionnaire. Je propose une série de mesures, pour certaines très ambitieuses, afin de faire du PCF cet outil révolutionnaire dont nous avons besoin :

Abandonner les Comités régionaux (qui dans les faits n'existent pas), les fédérations départementales et les sections pour une structure privilégiant l'implantation locales et la souplesse : Les cellules et les rayons.

Les vieilles structures du PCF sont obsolètes et clairement plus en capacité d’irriguer tout le territoire. Il faut acter dans la situation actuelle que les communistes ne seront plus présents dans tous les endroits et que nous devons prioriser des implantations locales qui correspondent à des lieux : Les cellules redeviennent l'outil évident de ce retour des communistes dans les quartiers et les entreprises.

La cellule redevient le lieu de souveraineté des communistes, la base de l'organisation, de la collecte de la cotisation et le premier maillon du pouvoir politique que nous voulons organiser dans chaque quartier identifié, chaque entreprise, etc.

Le rayon remplace la section, la fédération et le Comité régional. Il devient l'outil évident de la coordination des cellules dans un territoire et peut occuper un espace très différent en fonction des enjeux locaux. Il peut y avoir des rayons couvrant des villes, des cantons, des départements. Il est en lien avec le Conseil National, il coordonne le travail des communistes dans les cellules et met en place les campagnes décidées et s'assure que les objectifs sont atteints.

Le rayon est lieu de mutualisation, de soutien aux organisations de base, le lieu de décentralisation de la formation des communistes.

Le permanentât ne doit plus être la norme, les dirigeant.e.s politiques doivent rester dans les masses et dans la société. De plus, la direction d'une structure n'est pas compatible avec un mandat d'élu. L'élu.e est un.e porte-parole, un.e agitateur-agitatrice, le dirigeant dédie son action à la seule organisation du Parti et au travail de diffusion des idées dans les masses.

Il faudra aussi renforcer le MJCF et l’UEC. Ces organisations en reconstruction ont eu un effet positif dans la campagne présidentielle et surtout, elles permettent de recruter les futurs cadres de l'organisation communiste et de les former dans des organisations dédiées à leurs vies.

E- Le marxisme-léninisme

"Sans théorie révolutionnaire, pas de mouvement révolutionnaire" (Lénine - Que Faire ? - 1902)

L'actualité regorge d'articles concernant des termes étranges. On entend parler des "wokes", de la "cancel culture", de "privilège blanc", de "l'indigénisme", des "décoloniaux", les "racialistes", etc. Derrière ce vocabulaire multiple, souvent péjoratif, se cache en réalité un courant politique & philosophique que l'on appelle le Post-modernisme.

Ce courant politique & philosophique forme l'appareil idéologique du capitalisme néolibéral. Depuis les années 2000, ce courant politique & philosophique se structure aussi à gauche, d'abord dans les milieux gauchistes, petit-bourgeois et universitaires. Il porte plusieurs noms, le plus connu est celui de "woke" (ou "éveillé"), mais son véritable nom est "intersectionnalité".

Cet antimarxisme est devenu aujourd'hui la matrice idéologique d'un nombre important d'organisations et groupuscules à gauche. On le retrouve à LFI, à EELV, chez les trotskystes, chez les anarchistes-libertaires et même chez certains communistes. Il doit être analysé comme un révisionnisme et combattu comme toutes les idéologies qui visent à maintenir le système d'exploitation capitaliste.

Pour lui faire face, il faut abandonner nos visées marxiennes héritées de la mutation et renouer avec le marxisme-léninisme.

Pour les communistes, il est important de raisonner en marxiste-léniniste, non pas pour se faire plaisir, mais bien pour répondre aux enjeux du 21ᵉ siècle, mais aussi coller aux réalités matérielles d’aujourd’hui. Nous devons nous interroger sur nos modes d'organisations afin de répondre, sans faux-semblants et débats théoriques stériles, à un besoin de parler, de s'organiser, à partir de ressenti individuel.

Le marxisme-léninisme est une science qui doit être appliquée en tenant compte des caractéristiques de l'époque et du pays.

Le marxisme-léninisme est une science hautement créative. Ce n'est pas une fin en soi. Il est en constante évolution.

F- Le socialisme-communisme

Le socialisme n'est ni une injonction, ni un mot du passé, ni un mot connoté. Le socialisme, phase immature du communisme, ne sera une réalité que si l'on acte la rupture avec le capitalisme et non son simple dépassement. Acter la transition vers le socialisme permet de donner du contenu révolutionnaire et une perspective politique pour la construction d'une société communiste.

Demander des nationalisations, des socialisations d'entreprises où des moyens de production sans le socialisme seraient une aberration. Faire croire qu'il existe du "communisme déjà là" est faux, c'est un dangereux mensonge colporté par les calomniateurs de la révolution socialiste comme Lucien Sève, Bernard Vasseur ou Bernard Friot.

Le socialisme est ce temps révolutionnaire où les structures de la société capitaliste et patriarcale sont détruits au profit d'un État (qui a vocation à disparaître) qui crée les conditions de la construction d'une société sans classe, débarrassée de l'exploitation, de l'oppression, de l'aliénation, et de l'impérialisme, le communisme.

Il faut donc replacer nos actions dans un temps politiques en trois étapes :

- L'action de revendication à portée immédiate : Contre une loi, contre la fermeture d'une entreprise, soutien à des manifestations…
- Le but politique ultime : La société que nous voulons, le communisme.
- L'action révolutionnaire pour parvenir au communisme, le socialisme.

Ainsi l'action socialisme-communisme prend tout son sens, permet de clarifier nos actions et les lient entre elles pour donner une cohérence idéologique à nos campagnes.

D'une bataille immédiate et/ou locale, nous amenons des propositions permettant à terme l'édification du communisme et pour ce faire, le socialisme donne un schéma d'action, une méthode, trace une route.

Pour conclure, le but ultime des communistes est de prendre le pouvoir et de construire une société nouvelle sans les outils d'exploitation et d'oppression du capitalisme : Le Socialisme, phase immature du communisme. Pour cela, il faut un logiciel idéologique fort : le marxisme-léninisme et un parti révolutionnaire et d'avant-garde.

"Notre Parti éduquera les masses, notre Parti éduquera ses militants. Je dis bien : Notre Parti ! Pas un autre parti, mais notre Parti et son Comité Central !" Fidel Castro (3 octobre 1965)

Mobilisations le 10 novembre prochains pour les salaires et les pensions

 

Inflation : l'indice des prix ne reflète pas le vrai coût de la vie


Quand l’Insee publie son indice des prix à la consommation (IPC) pour mesurer l’inflation, beaucoup d’éléments n’apparaissent pas ou sont insuffisamment pris en compte : le logement, le tabac, les doubles charges des familles monoparentales, les crédits, les assurances, etc. La CGT veut construire un indice du coût de la vie qui reflète la réalité des charges financières des ménages, selon leur richesse.





Les chiffres sur le pouvoir d’achat ne font qu’estimer les changements de prix, sans tenir compte des modes de consommation, variables selon la richesse des ménages.

En septembre dernier, l’indice des prix à la consommation (IPC) qui mesure l’inflation s’est certes replié de 0,6 % par rapport au mois d’août, mais sur un an, il a augmenté de 5,6 % !

Cet indice qui estime la variation moyenne des prix des produits consommés par les ménages français est calculé tous les mois par l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee). Publié au Journal officiel, il fait loi.
Le problème, et l’Insee le reconnaît, c’est que cet indice des prix n’est pas du tout un indicateur du coût de la vie.
« Il ne reflète pas les charges supportées par les ménages pour se loger - avec une part croissante de personnes vivant seules -, payer les assurances, bref, toutes les dépenses contraintes ou pré-engagées. Or, ces dépenses pèsent différemment sur le budget des ménages : beaucoup plus pour les revenus les plus faibles que pour ceux des plus aisés, et ça, l’IPC ne le mesure pas ! », insiste Mathieu Coq, responsable du pôle économique à la CGT.
« Même le tabac est sorti du panel de produits pris en compte par l’Insee, alors que le prix des cigarettes explose et que statistiquement, ce sont les plus pauvres qui fument le plus », ajoute-t-il.

Selon une note de 2021 de France Stratégie, organisme rattaché à Matignon, 41% des dépenses des ménages les plus modestes partent dans le loyer, les abonnements à internet, aux transports, la cantine scolaire, etc.
Contre 28% pour les ménages plus aisés.

Pas tous égaux devant l’inflation

L’inflation n’a pas le même impact pour tout le monde : lorsqu’elle augmente, la perte du pouvoir d’achat est plus importante en bas de l’échelle des salaires.
La CGT estime qu’il faut ajouter au minimum un point d’indice pour se rapprocher du vrai coût de la vie. Mais plutôt que ce correctif, le pôle économique de la Confédération réfléchit à la création d’un indice du coût de le vie, avec des indicateurs différents selon les catégories sociales. Des discussions sont engagées avec l’Institut de recherches économiques et sociales pour construire cet indice du coût de la vie, plus proche de la réalité vécue par les ménages
Car avoir un revenu qui évolue au rythme de l’indice des prix à la consommation ne garantit pas que l’on puisse maintenir son niveau de vie.
Tout dépend de savoir quels prix augmentent ou non (la baisse du prix des hôtels cinq étoiles n’a aucun intérêt pour le monde du travail, contrairement à l’évolution des prix des biens essentiels).

L’enjeu est avant tout d’avoir un revenu décent, ce qui implique immédiatement un SMIC à 2000 euros.

Retour à l’échelle mobile des salaires

En attendant, l’organisation syndicale défend l’indexation des salaires sur l’inflation, avec le retour à l’échelle mobile des salaires, dès maintenant.

L’échelle mobile ? C’est un mécanisme de hausse automatique des grilles de salaires et des pensions de retraite sur l’inflation.

Avec répercussion immédiate dans l’ensemble des branches. Supprimée en 1983 par le gouvernement socialiste de Pierre Mauroy, la désindexation des salaires sur les prix est malheureusement entérinée.
Résultat, depuis 40 ans, le pouvoir d’achat des salaires n’a progressé que très faiblement.

Chômage, emploi : triste bilan du gouvernement et de Macron selon la CGT !

  

Les chiffres du chômage du 3ème trimestre 2022 viennent d'être publiés par la Dares. Cette fois-ci, il semble plus compliqué pour le gouvernement de s'appuyer sur les chiffres de la seule catégorie A (personne n’ayant pas travaillé du tout) pour dire que tout s’améliore.

En effet, à l'aune du passage en force de la réforme d'assurance chômage par le gouvernement, le nombre de travailleurs privés d'emploi en catégorie A cesse de baisser et stagne en France hexagonale. En revanche, pour les travailleurs en activité très réduite (catégorie B), le nombre d'inscriptions a augmenté de 5,5% sur un trimestre.


Non seulement, le nombre de privés d'emploi augmente au total toutes catégories mais les salariés en contrat précaire sont de plus en plus nombreux.


Cela n’empêche pas le gouvernement de persister : il faudrait réduire, à nouveau, les droits à l'indemnisation des privés d'emploi. Les mesures de casse du Code de travail, ajoutées à celles de baisse des droits des chômeurs, ont des effets catastrophiques :les inscriptions à Pôle emploi à la suite de contrats de moins de 20h ont augmenté de 12% sur un trimestre ;
les inscriptions à la suite de contrats d'intérim se sont accrues de plus de 22% sur un an !
les radiations administratives ont, dans le même temps, progressé de 9,6% ;
la part de demandeurs d'emploi indemnisés a diminué de 18,7% sur un an, France entière.

Alors que le projet de loi, actuellement débattu au Sénat, visant le « plein emploi » donne les clefs au gouvernement pour légiférer sur les règles d'assurance chômage, il serait bon de s'interroger sur les effets de sa précédente réforme qui précarise, non seulement, les privés d'emploi mais aussi les travailleurs et pour laquelle aucune étude d’impact n’a été réalisée.


La Dares estime que, pour le deuxième trimestre 2022, seules 45,5 % des personnes inscrites à Pôle emploi sont indemnisées. Cette donnée, ajoutée au récent rapport sur le non-recours au droit (selon lequel jusqu’à 800 000 potentiels allocataires ne sont pas recherchés) ainsi qu'aux projets du gouvernement pour le régime d'assurance chômage, ne laisse aucun doute quant à la volonté du gouvernement de précariser les travailleurs privés d'emploi et les salariés dans leur ensemble.

Face à de tels chiffres du chômage, la CGT réaffirme son opposition au projet de loi visant le plein emploi ainsi qu'aux projets de décrets du gouvernement sur l'assurance chômage.

Ces mesures vont contraindre les demandeurs d’emploi à accepter les postes vacants à des conditions souvent déplorables, empêchant ainsi les travailleurs de s’imposer dans un quelconque rapport de force quant à leurs conditions salariales.

En cette période d’inflation où les mobilisations sur les salaires s’intensifient, toutes ces mesures font craindre une paupérisation générale des travailleuses et travailleurs, privés d’emploi ou non

La CGT rappelle son attachement à un système de protection sociale pour toutes et tous et appelle donc à de fortes mobilisations les 27 octobre et 10 novembre prochains.

Montreuil, le 26 octobre 2022


Florian Gulli : « Un récit commun pour unir les classes populaires »



L’Humanité a publié le 7 octobre un entretien capital entre Pierre Chaillan, journaliste, et le philosophe Florian Gulli, professeur de philosophie et militant communiste à Besançon, qui avait participé à un débat très controversé à la Fête de L’Huma sur le thème « Quelles lectures du racisme », où il défendait, avec notre camarade Roger Martin, une vision universaliste et politique s’inscrivant en faux contre des dérives communautaristes ravalant la lutte de classes au rayon des vieilles lunes.

Rouge Cerise a estimé que cet entretien méritait amplement de se retrouver dans les colonnes du site de la section Oswald Calvetti, qui participe de toutes ses forces au combat pour que le Parti communiste poursuive son retour aux sources fondamentales.


Rouge Cerise
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Après des travaux de mise en lumière des textes et des grands concepts de Marx et Engels, le professeur de philosophie Florian Gulli publie Antiracisme, 150 ans de combats (éditions de l’Humanité), une sélection de grands textes antiracistes, allant de la tradition marxiste au mouvement pour les droits civiques et pour l’égalité aux États-Unis. Il publie également un essai intitulé l’Antiracisme trahi (PUF), où il n’hésite pas à critiquer certaines évolutions délaissant la dimension de classe au profit d’une « lutte raciale ».

 

Quel est l’objectif de votre publication d’une anthologie de grands textes antiracistes aux éditions de l’Humanité ?

Il s’agit de montrer ce que la tradition intellectuelle issue de Marx peut nous apprendre sur la question du racisme. L’anthologie rappelle le soutien de Marx et de l’Association internationale des travailleurs à la lutte contre l’esclavage aux États-Unis, l’appel de Lénine aux « peuples opprimés », les analyses à chaud du nazisme. Elle évoque aussi le combat contre l’apartheid. Nelson Mandela, lors de son procès, saluera d’ailleurs « l’extraordinaire soutien » des communistes sud-africains. Ce recueil de textes évoque aussi les Black Panthers, qui estimaient que le marxisme traduisait l’expérience historique des Noirs américains, mais aussi Angela Davis, alors membre du Parti communiste des États-Unis, pour qui le Manifeste de Marx et Engels fut un véritable coup de foudre. Il rappelle l’engagement de proches de Martin Luther King en faveur du « programme du mouvement ouvrier », seul à même, à leurs yeux, de réduire « l’hostilité raciale ». Il ne s’agit pas d’idéaliser une tradition. Je reconnais volontiers ses manquements et ses ambiguïtés à tel ou tel moment. Mais cela ne doit pas servir de prétexte pour rejeter quantité de textes brillants, d’engagements héroïques et de victoires.

Vous publiez aussi un essai, l’Antiracisme trahi. Qu’est-ce qui vous conduit à prendre à bras-le-corps les enjeux théoriques actuels de l’antiracisme ?
D’abord, la nécessité de répondre à la question du racisme, qui vise une partie de la population du pays, en particulier sa fraction populaire : discrimination à l’embauche, tensions avec la police, ségrégations urbaines, stigmatisation, etc. Il faut, d’une part, améliorer notre compréhension de ces problèmes, et d’autre part, travailler à la constitution d’un bloc populaire car il n’y a pas d’autre voie pour les régler. Or, à l’heure actuelle, ce bloc n’existe pas, les voix populaires se dispersant entre abstention, vote RN et vote à gauche. L’une des divisions qui fracturent les mondes populaires est celle qui renvoie au racisme. Les antiracismes qui occupent le devant de la scène, soit ignorent cette question du bloc populaire, soit produisent un discours qui compromet son émergence. La nécessité s’imposait d’envisager un discours alternatif. La tradition intellectuelle issue de Marx me semblait tout indiquée.


Vous contestez d’abord la lecture de mouvements qui se définissent de l’antiracisme « politique » face à un antiracisme « moral » ?

Cette opposition est discutable. Personne ne se revendique de l’antiracisme moral. C’est une catégorie forgée par l’« antiracisme politique » qui me semble inappropriée.

L’antiracisme dominant, celui des grandes entreprises et des institutions publiques, je préfère le nommer « antiracisme libéral ». Il propose une politique antiraciste centrée autour de l’éducation et de la cooptation d’une poignée d’individus issus des quartiers populaires au sein de l’élite. Je parlerais d’un « antiracisme symbolique », celui des grandes entreprises américaines qui se déclarent solidaires des Afro-Américains en tant que victimes de la police et qui, en même temps, les écrasent en tant que salariés.

L’opposition masque ensuite des continuités problématiques entre les deux discours. Un seul exemple, mais décisif : la tendance à ne mobiliser qu’une seule variable pour penser la vie des habitants des quartiers populaires : le racisme. Dans les années 1970, on parlait de « travailleurs immigrés ». À partir des années 1980, les références au travail et à la production disparaissent : la gauche libérale se met à parler de « Beurs » ou de « potes ».

À partir des années 2000, le vocabulaire antiraciste devient plus clivant, il prend ses distances avec celui des années 1980, mais continue d’occulter la classe. De l’« Indigène » ou du « Non-Blanc », on ne saura pas s’il est ouvrier, chômeur, artiste ou universitaire. Le nom commun les « racisés » ne nous renseigne pas plus, comme si la position sociale était un détail. L’antiracisme socialiste ou marxiste, quant à lui, ne sépare jamais la question des classes de celle du racisme. Les Black Panthers ne cessaient de marteler que leur combat était une lutte de classe et non une « lutte raciale ».

L’« antiracisme politique » se revendique du mouvement états-unien du Black Power. Pourtant, des critiques antiracistes puissantes se sont rapidement exprimées ?
J’essaie de restituer la complexité des débats lors du mouvement Black Power, à partir de 1966. Il est nécessaire, en effet, de dépasser cette représentation erronée voulant que les militants afro-américains aient été unanimes du point de vue de la théorie et de la stratégie. Cette image tronquée du Black Power obéit à un objectif politique : faire croire aux militants actuels qu’il n’existe qu’une seule façon de penser le combat contre le racisme. Il m’a donc semblé nécessaire de remettre en lumière ces débats. Il y eut certes la voix de Stokely Carmichael, qui formula la plupart des thèmes à l’œuvre dans l’« antiracisme politique ». Mais ce discours a essuyé de nombreuses critiques. Carmichael pense, par exemple, le racisme comme domination des Blancs sur les Noirs, et la lutte antiraciste comme celle des Non-Blancs coalisés contre les Blancs. Angela Davis, Bayard Rustin, Martin Luther King, pour ne citer qu’eux, ont tous pointé l’impasse de cette perspective.
 

Des concepts sont aujourd’hui avancés tels que « privilège blanc », « racisme systémique », « non-mixité raciale », « politique intersectionnelle », etc. Si chacun mériterait de s’arrêter dessus, en quoi, selon vous, certains sont-ils problématiques ?



On ne peut porter de jugement global sur ces concepts. Certains me semblent devoir être abandonnés, d’autres sont intéressants moyennant reformulation, etc. Il s’agit d’abord de savoir s’ils augmentent notre compréhension ou s’ils introduisent de la confusion. Il faut ensuite s’interroger sur leur pertinence politique eu égard à la construction du bloc populaire.

Prenons le concept de « privilège blanc ». On propose l’équation suivante : il y a des discriminés, donc il y a des privilégiés. Cette équation confond privilège et droit. Ne pas subir l’arbitraire policier n’est pas un privilège, c’est un droit. Être privilégié, c’est déroger à la règle commune, à son avantage. Être discriminé, c’est aussi déroger à la règle commune, mais à son désavantage. Et entre ces deux écarts, il y a la règle de droit. Il n’y a donc pas seulement le privilège et la discrimination, il y a aussi le droit.

Il est impossible d’ignorer que notre tradition politique pense l’abolition des privilèges. Outre cette confusion, il faut penser à la réception de l’expression dans les milieux populaires. Dans les régions dévastées par le chômage et la désindustrialisation, comment cette expression sera-t-elle perçue par les travailleurs qui ne sont pas visés par le racisme ? Elle sera prise comme une insulte méprisante, et ce d’autant plus que la personne maniant l’expression occupe souvent elle-même une certaine position de pouvoir dans la société. Je crains que l’expression in fine ne profite qu’à l’extrême droite.


Sur quelles bases pensez-vous alors possible une redéfinition de l’antiracisme ?

L’antiracisme socialiste considère, c’est un point décisif, que le racisme populaire naît de situations bien réelles de conflits, de tensions et d’inégalités.

Le racisme est une réponse (erronée à nos yeux) à un problème réel. La concurrence pour l’emploi, par exemple, est l’un de ces lieux de tension. Ce n’est pas le seul, bien sûr, et le racisme ne saurait se réduire à cela. En pointant des problèmes objectifs, l’antiracisme marxiste se donne des tâches concrètes. Or, lorsqu’on s’intéresse à la littérature de l’« antiracisme politique », le racisme ne dérive jamais de tensions réelles autour d’enjeux présents. On trouve des analyses qui postulent le racisme : « Une structure sociale raciste produit des individus racistes. » Ces explications, au-delà de leurs différences, convergent en un point : le racisme ne renvoie jamais à aucune tension objective vécue par les classes populaires. Il faut sortir de cette situation où l’antiracisme se construit sans s’intéresser à la parole populaire tentée par l’extrême droite.

Comment combattre ce qu’on ne comprend pas ? L’antiracisme socialiste ou marxiste est une politique visant à constituer un bloc populaire. Si la question du bloc populaire est absente, aucune perspective politique ne peut s’ouvrir pour les quartiers.

Mais comment faire pour unir les classes populaires ?

Il faut trouver le moyen d’unir politiquement les différentes fractions des classes populaires. Ce qui suppose de proposer un discours commun, qui ne doit nier ni les différences entre les fractions des classes populaires, ni la réalité des tensions qui les traversent.

On ne voit pas l’« antiracisme politique » mettre en récit ce destin commun. On lit par exemple que le clivage politique fondamental est le clivage de « races ». Aucun destin commun n’est pensable avec de telles prémisses. La référence à l’appartenance de classe et au monde du travail qui pourrait cimenter n’apparaît presque jamais. Le cadre politique républicain qui pourrait être mobilisé de façon critique (contre les instrumentalisations des libéraux) est la plupart du temps rejeté pour complicité avec le colonialisme et le racisme.

La nation n’a pas le droit de cité, considérée, moyennant raccourcis, comme une valeur de droite. Dans ces conditions, il ne resterait plus aucun récit pour unir les classes populaires, et les appels à la convergence des luttes risquent de ne pas suffire.


ENTRETIEN AVEC PIERRE

L’Humanité Vendredi 7 Octobre 2022

Madeleine Riffaud maltraitée aux urgences, coup de gueule d'Olivier Safon



Madeleine Riffaud, résistante de toujours, aujourd'hui âgée de 98 ans, a été traitée de façon indigne au service des urgences d'un hôpital parisien . Ce qui l'a conduit à témoigner du délabrement de ce Service public, comme le rapportait un article publié par Rouge Cerise.

À sa lecture, notre camarade, Olivier Safon s'est indigné et nous a fait parvenir le témoignage ci-dessous.



Salut Camarades,

Ce qui fait mal, ce qui nous pète à la gueule, là en octobre 2022, c'est le constat de cette impressionnante descente des moyens et des effectifs dans notre milieu médical français.

Rien à foutre, qu'une nouvelle fois, les grands décideurs nous promettent une énième amélioration dans tous les services des "blouses blanches": qui y croit encore ?

Il est grand temps que leurs élites s'inspirent de ce qui se faisait, à la Libération, pour ce même secteur, dans les travaux d'un certain Conseil National de la Résistance. Le C.N.R., le vrai, pas le mauvais générique actuel: encore une usurpation de l'Histoire, par certains politiques!

Rappelez-vous la création de la sécurité sociale, rappelez-vous les acquis sociaux de cette période: nos gouvernants, à l'époque de la Libération, répartissaient les richesses et pensaient collectif, humain !

Pas certain, qu'à l'époque, Ambroise Croizat circulait en avion personnel, tu sais le fameux "jet privé" de 2022...

Les richesses sont là, dans leurs supers profits et autres portefeuilles d'actions, bourses...

Mais les dirigeants de ces dernières décennies ont oublié cette belle époque "des jours heureux", où se soigner était un droit, sans tendre la carte bancaire ou le chéquier, avant de tendre aussi sa carte de sécurité sociale !

En attendant, ce sont les blouses blanches et leurs patients, c'est à dire potentiellement nous tous, que l'on compresse, que l'on fait cracher, que l'on fait attendre au sens propre, comme au sens figuré.

Dis-moi combien tu as sur ton compte bancaire et je te dirai comment, qui et où, on risque de te soigner !

Tu comprends, il faut faire des économies, à vau-l'eau, en 2022 !

Il serait bienvenu, poli et, soyons fous, courageux de la part de nos dirigeants, de la part du Ministère de la Santé, de la part de ces précieux représentants du beau parti politique de la dite Renaissance d'exprimer par un courrier, des explications, des excuses, de la compassion envers notre Camarade, Madeleine Riffaud.

Madeleine Riffaud, qui depuis 78 années, se bat, s'investit, témoigne pour que la bête immonde ne resurgisse en France.

Madeleine qui s'est bien sûr battue, comme tous ceux du Maquis, tous ceux de la Résistance, tous ceux de la Déportation pour que nous vivions dans une société juste, humaine, avec une Santé forte pour TOUS !

Résistante, ses témoignages écrits ou filmés sont poignants et nous transpercent !


On est loin et, disons-le, même totalement à l'opposé de ce triste individualisme, égoïsme, pessimisme qui anime l'ambiance capitaliste actuelle...

"ICI, CHACUN SAIT CE QU'IL VEUT, CE QU'IL FAIT QUAND IL PASSE "

Ah, j'oubliais : Fraternité !

Olivier.



Ruffin, Roussel : du Front de la Somme à la guerre de tranchées ?



Depuis plusieurs semaines, un débat sur le travail agite la gauche. Tout a commencé au début du mois de septembre avec la sortie du nouvel essai de François Ruffin, Je vous écris du front de la Somme (éditions Les liens qui libèrent). Son objectif : analyser le vote des classes populaires à la dernière élection présidentielle et comprendre pour quelles raisons une partie non négligeable d’entre-elles ont préféré le Rassemblement National à un candidat de gauche.

Le député de la Somme présente ce qui est pour lui l’une des causes de ce rejet : l’abandon d’un discours sur le travail. Cet argument, également avancé par Fabien Roussel, secrétaire national du PCF, est apparu comme un pavé dans la marre qui n’en finit pas de faire des remous à gauche.


Une France fracturée

Les résultats de la dernière élection présidentielle et des élections législatives qui ont suivi sont sans appel : la candidature de Jean-Luc Mélenchon puis celles des candidats de la NUPES ont réalisé leurs scores les plus importants au sein des grandes agglomérations. À titre d’exemple, le leader de la France Insoumise réalise 24 % des voix dans l’agglomération parisienne, soit 8 points de plus qu’en 2017, tandis que son score n’atteint que 14 % dans les communes entre 20 000 et 100 000 habitants, sept points de moins qu’à la dernière présidentielle.

En parallèle, la percée du Rassemblement national dans d’anciens bastions de la gauche ouvrière est également évidente : le parti de Marine Le Pen remporte huit circonscriptions sur les dix-sept de Picardie, six sur les douze du Pas de Calais et six sur les vingt-quatre du Nord. Une véritable razzia sur ces territoires périphériques, à quelques exceptions près (dont les circonscriptions de François Ruffin et de Fabien Roussel).

Ce constat effectué par François Ruffin, pourtant fondé sur des chiffres exacts, a pour l’instant du mal à passer chez les cadres de la France Insoumises. En témoigne la déclaration de Jean-Luc Mélenchon à la Fête de l’Humanité, quelques jours après la sortie du livre : « Je demande qu’on arrête les jérémiades », la France Insoumise étant désormais « le premier parti des chômeurs, précaires, jeunes de moins de 35 ans, des centres urbains ». S’ensuivent des propos similaires chez nombre de ses nouveaux camarades députés. Stratégie d’aveuglement ou peur d’analyser les causes profondes de ce rejet ?

Retrouver une gauche du travail


Car la base de ce rejet est complexe et repose sur une double fracture : l’une entre les classes intermédiaires et les classes populaires, l’autre interne aux classes populaires entre « les enfants d’immigrés dans les quartiers et les blancs de la France périphérique », pour reprendre les propos de François Ruffin. Des propos pas si éloignés de ceux de Fabien Roussel expliquant au cours de la campagne présidentielle qu’il souhaitait trouver une troisième voie entre « le PS [qui] ne parle plus qu’aux bobos des villes et Jean-Luc Mélenchon à la fraction radicalisée des quartiers périphériques. Moi, je parle au peuple ».


Cette troisième voie repose sur une volonté : faire renouer la gauche avec la défense du travail et des travailleurs. Face à une mondialisation qui a vidé la France de ses usines et de son industrie dès 1975, la gauche de gouvernement comme celle d’opposition n’a pas trouvé le bon discours et a parfois fait les pires choix en alimentant la libéralisation et le dumping social à coups de traités de libre-échange. Percutées de plein fouet, les classes populaires ont pour partie applaudi le discours protectionniste porté par le Front National des années 1990. La faute était alors rejetée non pas sur « ceux qui se gavent », invisibles pour beaucoup, mais sur « ceux qui se voient » dans vos quartiers, c’est à dire les étrangers et les immigrés. Un ennemi à portée de main.


Reconquérir ces classes populaires passe donc par la reconquête par la gauche de la question du travail. Si Fabien Roussel a choqué en parlant de « la gauche des allocs », il n’était pourtant pas loin du « parti des assistés » mentionné par François Ruffin dans son livre (il est certes plus facile de mettre des guillemets à l’écrit qu’à l’oral). Ce dernier fait la démonstration que c’est bien le travail qui apporte une dignité en permettant d’obtenir « des salaires décents, un treizième mois, un comité d’entreprise, de quoi prendre un crédit, s’installer dans la vie ». Plus loin, il ajoute : « Les thèses de la fin du travail ou même du revenu universel ne m’ont jamais enthousiasmé ». Une fois de plus, un discours similaire à celui du secrétaire national du PCF qui détaille dans une tribune publiée dans le journal Le Monde, le 13 septembre : « Je m’inscris en faux contre ceux qui théorisent « la fin du travail ». Ce discours passe totalement à côté des réalités qui se font jour. »


Volée de bois vert


Il n’en fallait pas plus pour déclencher une polémique au sein de la NUPES, les représentants de EELV n’hésitant pas à ouvrir les hostilités. La conseillère régionale EELV des Hauts-de-France, Marine Tondelier, a ainsi dénoncé « un discours quasiment réactionnaire », suivie de Sandrine Rousseau déclarant finalement que « le travail est une valeur de droite » et se réclamant du « droit à la paresse » de Paul Lafargue. Le leader de la France Insoumise, Jean-Luc Mélenchon, a également taclé le secrétaire national du PCF lors de la première de la nouvelle émission de Léa Salamé, « Quelle époque », demandant à ce que Karl Marx « explique à Roussel ce qu’est une assurance chômage et pourquoi c’est un acquis des travailleurs ».

Ces réponses témoignent des divisions à gauche pour certaines, et d’une certaine ignorance pour d’autres. Sandrine Rousseau, en se réclamant de Paul Lafargue et de son droit à la paresse, oublie de préciser que si le travail est aliénant sous la domination capitaliste, il est pourtant un élément essentiel d’une société communiste visant l’émancipation.

Pour Guilhem Mevel, doctorant en théorie politique à Sciences Po ayant signé une tribune dans Le Monde : « Nous pouvons légitimement croire que [le clivage entre gauche du travail et droit à la paresse] reflète l’opposition d’une gauche encore marxiste face à une gauche postmarxiste. Là où le Parti communiste conserve une lecture de classe de la société, la gauche postmoderne, dont fait partie Sandrine Rousseau, analyse la domination comme un ensemble de discours, de pratiques et de représentations qui touchent une multitude d’identités non fixes. »

Les pudeurs de François Ruffin


Gauche sociétale ou gauche des classes sociales, gauche décoloniale ou gauche universaliste, telles semblent être finalement les oppositions qu’illustre cette polémique sur le travail. Comme le souligne le même Guilhem Mevel : « Là où le Parti communiste conserve une lecture de classe de la société, la gauche postmoderne, dont fait partie Sandrine Rousseau, analyse la domination comme un ensemble de discours, de pratiques et de représentations qui touchent une multitude d’identités non fixes. »

Bien qu’il y ait aujourd’hui des similitudes entre les analyses de Fabien Roussel et François Ruffin, ce dernier cherche à tout prix à s’éloigner publiquement du secrétaire national du PCF. En témoigne ce tweet publié à la suite de la polémique concernant les propos de Roussel à la Fête de l’Huma : « Roussel me donne à intervalle régulier le baiser de la mort ! ». Depuis, à chaque intervention médiatique, il signale sa différence avec le communiste. Pourquoi cette pudeur ?

La France Insoumise, depuis l’annonce du retrait de Jean-Luc Mélenchon s’agissant de l’élection présidentielle 2027, est en quête d’un leader. L’affaire dont fait l’objet Adrien Quatennens semble pour l’instant l’empêcher de prendre la tête du mouvement, et les hostilités sont déjà ouvertes au sein de la NUPES. Pour ne citer que certains d’entre eux, tels Alexis Corbière, Manuel Bompard, Mathilde Panot ou encore Olivier Faure, nombreux sont celles et ceux qui s’imaginent un destin présidentiel. François Ruffin pourrait légitimement y prétendre également, mais doit pour cela ne pas paraître trop proche idéologiquement du secrétaire national du PCF, aujourd’hui en froid avec les autres forces de la NUPES. Une stratégie qui vise à tenir deux bouts : d’un côté, celui de la proximité et du soutien des Insoumis forts dans les quartiers, et de l’autre, celui de la proximité avec les classes populaires rurales et périphériques. Une équation difficile, alors qu’il doit aussi compter avec le leader du PCF dont la cote de popularité s’améliore semaine après semaine.

Pierrick Lavoine



Mélenchon et le RSA (RMi): C'est fou cette amnésie collective.

 

Il y a 11 ans, JL Mélenchon disait EXACTEMENT la même chose que Fabien_Roussel sur le travail et les allocs. Il était de droite?

Travail ou chômage : Laurent Brun donne son opinion et se positionne...



Au delà des polémiques stériles et pas intéressantes, ce débat est presque aussi vieux que le mouvement ouvrier. Et il éclaire une partie du clivage entre réformistes et révolutionnaires. Les uns voulant « aider », les autres voulant « résoudre ». Le clivage n’est pas forcément indépassable car il peut y avoir des alliances objectives entre les deux (et il y en a eu plein dans l’histoire sociale de notre pays).

Ce n’est donc pas parce qu’il y a confrontation d’idées, que des alliances sont impossibles. Mais il est toujours utile de clarifier le point de vue révolutionnaire, pour éviter les usurpations, les fourvoiements ou les impasses.

Je n’ai pas la prétention de définir le point de vue révolutionnaire. Mais je vais essayer d’en dire ce que j’en comprend pour contribuer à la réflexion collective.

Les militants ouvriers se sont toujours battus pour le salaire, c’est l’élément central de l’affrontement capital/travail. Il s’agit bien sûr d’obtenir un salaire qui permette de vivre dignement (pouvoir se loger, manger correctement, se vêtir, se soigner, accéder au transport, etc…) mais pas seulement. Il s’agit de récupérer tous les fruits de notre travail donc avoir les moyens de vivre le mieux possible, notamment en accédant à des choses que les capitalistes voudraient nous faire concevoir comme superflus (le confort, la qualité des produits consommés, l’accès à la culture, au sport, aux loisirs, au temps libre, le droit aux vacances, etc…).

Par conséquent, même quand on se bat pour une protection face à des situations spécifiques (maladie, vieillesse, chômage), on défend un revenu de remplacement complet, financé par les cotisations sociales, plutôt que des aides diverses.

De chacun selon ses moyens, à chacun selon ses besoins. C’est universaliste et maximaliste.

Au passage, on défend aussi la gestion ouvrière de ces sommes : puisque le salaire appartient au salarié, c’est à lui seul de gérer la partie qu’il socialise pour couvrir les risques de la vie.

Mais alors pourquoi revendiquer un travail pour tous ? Pourquoi ne pas juste demander un revenu pour tous (universel, de base, d’existence) déconnecté du travail ?

L’argument souvent utilisé c’est la productivité énorme générée par les nouvelles technologies qui réduirait drastiquement le besoin de travail humain et donc qui imposerait d’accepter la privation de travail d’une partie de la population. Par effort de justice on créerait donc un revenu pour les inactifs.

Mais le chômage n’est pas lié aux progrès techniques. Le chômage de masse n’apparaît pas avec l’invention de la machine à vapeur ou de l’ordinateur. Le chômage est une construction économique lié à une mauvaise allocation des ressources guidée par la profitabilité. Le chômage de masse apparaît avec l’accélération de l’exploitation du travail, issue des politique néolibérales des années 70.

Si ce n’était plus la profitabilite qui guidait la répartition du travail alors on pourrait le partager en réduisant le temps de travail, on pourrait changer la nature des productions (disparition du luxe mais réponse aux besoins sociaux comme les emplois dans les hôpitaux, les écoles…), on pourrait re-localiser les productions, etc. L’accès à un travail pour tous serait une réalité.

Donc il faut s’attaquer à l’organisation du travail et à sa répartition. C’est pour cela que les communistes proposent la sécurité d’emploi et de formation.

Pour moi, le salaire pour tous, c’est ceux qui veulent « aider ». L’emploi pour tous, avec un bon salaire, c’est ceux qui veulent « résoudre ».


Pour terminer, ceux qui défendent les allocations existantes, ne sont ni ceux qui veulent « aider », ni ceux qui veulent « résoudre ». Ils sont de droite et défendent une logique de charité : on ne donne pas assez pour vivre car le bénéficiaire doit avoir honte de sa situation. Quand le RSA est créé (promu par Martin Hirsch et mis en place par le gouvernement Fillon/Sarkozy), ce n’est pas par souci de justice sociale, ce n’est pas pour sortir de la misère les gens en situation de chômage total ou partiel, et ce n’est pas à la suite d’une lutte qui leur aurait imposer un compromis.

Le 1er avril 2021, le RSA socle s'élève à 565,34 euros pour une personne seule. Qui peut imaginer qu’on peut vivre correctement avec ça ??

Il ne s’agit pas de le supprimer à ceux qui en bénéficient. Il s’agit de dire que ça ne peut représenter en RIEN un horizon ou une situation acceptable.

Les communistes proposent la sécurité d’emploi et de formation. 

Autrement dit, on met en œuvre le droit au travail de 1871, inclus dans notre Constitution mais jamais appliqué. Chacun a le droit à un travail stable et bien rémunéré, et pour faire face aux restructurations technologiques sans passer par le mécanisme du chômage, on crée des transitions par des périodes de formation qui n’interrompent ni le salaire, ni l’acquisition et le maintien des droits liés au travail. Ce n’est pas suffisant pour transformer complètement la société. Mais c’est nécessaire.

Et ça ne veut pas dire qu’on attend cela en laissant mourir les chômeurs. On se bat à leurs côté contre la réforme de l’intermittence, contre la réforme de l’indemnisation chômage, etc… en revanche notre action ne s’arrête pas là. Notre ambition va au delà.

Il me semble que c’est le débat que veut lancer Fabien Roussel. Et personnellement je me retrouve plutôt bien dans la gauche du travail.

Laurent Brun Publié sur sa page Facebook

La monétisation des RTT contre le modèle social français !





La monétisation des RTT, adoptée dans la loi de finances rectificative, aura une portée limitée mais contribuera à affaiblir le système social français, à individualiser les relations de travail et à répondre au besoin du capital de limiter l'emploi pour les profits.

Se faire racheter ses RTT non prises peut paraître séduisant. Face à l’inflation, devant le refus du pouvoir et du capital de revaloriser les salaires, vendre à son employeur ses RTT non prises permet d'améliorer son revenu mais en disant adieu à ses jours de repos gagnés parfois durement. On peut donc se laisser tenter par cette mesure adoptée le 4 août.

La monétisation de ces journées était déjà permise par accord collectif, pour les salariés en forfait jours, les titulaires d’un compte épargne-temps ou encore dans les rares cas où ils ne pouvaient les prendre du fait de l’employeur. Désormais, les salariés du secteur privé – les fonctionnaires en sont exclus – pourront demander le paiement de tout ou partie de leurs RTT acquises en 2022, et ce jusqu’en 2025.

Qui est concerné ?

Cette mesure va concerner que peu de travailleurs. En effet, il faut disposer de ces journées négociées en contrepartie d’une durée du travail excédant 35 heures par semaine… En 2011, un peu moins de la moitié des salariés (45 %) en avait. Et seuls 15 % d’entre eux sont en forfait jours, des cadres de grandes entreprises et des salariés dits « autonomes ». Ce sont eux qui en seront les bénéficiaires.

Les cadres et professions intermédiaires affichaient, en 2015, 33 jours de congés payés et de RTT par an au compteur (sachant que tout salarié a droit au minimum à 25 jours de congés payés) quand les employés et ouvriers non qualifiés n’en comptaient que 26. Ils seront privés de cette possibilité ainsi que les indépendants, agriculteurs et autres professions qui ne disposent pas de RTT.

L’accord de l’employeur est obligatoire pour monétiser les RTT. Beaucoup de patrons ne sont pas prêts à débourser ces heures majorées de 10 % a minima. Les entreprises sans un accord leur permettant d’abaisser la majoration des heures supplémentaires jusqu’à ce seuil plancher prévu par la loi – loi El Khomri de 2016 et ordonnances Macron de 2017 – doivent toujours payer les 8 premières heures supplémentaires majorées de 25 % (50 % pour les suivantes).

Pour d’autres entreprises, le patronat sera gagnant à tous les coups : car rien n’empêchera les salariés de travailler plus en renonçant à la fois à leurs jours de congé et en faisant des heures supplémentaires dont le quota reste inchangé à 220 heures par an au maximum. Tant pis pour les risques psychosociaux et l'emploi.

Nouveau coup tordu contre les 35 heures

En l’absence de syndicats et de négociation collective, les accords de gré à gré risquent de se multiplier, la monétisation des RTT faisant alors office de hausse de salaire, au même titre que la prime Macron. Cela conduira à fragiliser notre système de protection sociale dont le financement repose sur les cotisations sociales. L'Etat cherchant toujours à le fiscaliser par des taxes diverses (CSG et autres).

Avec les possibilités de monétisation antérieures, le rachat de RTT est en effet désocialisé (salariés et employeurs ne paient pas de cotisation) et défiscalisé (il n’est pas soumis à l’impôt sur le revenu) dans la limite de 7 500 euros. Cette fois, la défiscalisation des heures supplémentaires passe de 5 000 à 7 500 euros. La perte de recettes pour l’Etat et la Sécurité sociale provoquée par les rachats de RTT serait compensée par une taxe additionnelle liée aux tabacs.

Au final, il s'agit d'une arnaque qui fait le jeu du patronat et porte un nouveau coup aux 35h, à la protection sociale et à l'emploi. Rappelons que les premiers coups portés aux 35h ont commencé par un accroissement du contingent d’heures supplémentaires. Nous sommes bel et bien face à un libéralisme pur et dur qui ravit aussi bien les macronistes que la droite et l'extrême droite. Le capital en rêvait, ils l'ont fait !

La durée du travail (à la semaine, à l'année et sur une carrière) est devenue le terrain sur lequel les libéraux partisans d’un code du travail assoupli se déchaînent. Il s'agit pour eux de créer les conditions pour que le patronat puisse allonger la durée du travail, que cela lui coûte le moins cher possible et lui évite de passer par l'embauche !

Remise en cause des congés légaux ou acquis, heures supplémentaires sans limite et défiscalisées, report de l'âge de la retraite à 65 voire 67 ans, fiscalisation de la protection sociale, nous sommes en présence du « travailler plus pour gagner plus » cher aux sarkozystes et au patronat.

On risque ainsi de voir se multiplier les tentatives de négociations pour tenter d'avoir une durée du travail et l'organisation du travail à la main des entreprises et de leur objectif de rentabilité. Les accords de performance collectifs sont de cette veine, ils permettent d’augmenter les heures mais pas les salaires.

C'est une grave offensive libérale aux objectifs multiples et dont l'ensemble cohérent vise à détruire notre système social.

S'appuyant sur la faiblesse des salaires, cette mesure est un leurre qui va permettre de faire travailler gratuitement pour quelques miettes et surtout d'éviter la question centrale posée à la France dans chaque entreprise, l'urgence de revaloriser les salaires bruts avec des augmentations pérennes.

Tel est l'enjeu des semaines à venir.


À gauche, les partis ont-ils un avenir ?

Extrait de : Rémi Lefebvre, Faut-il désespérer de la gauche ?, Textuel, coll. « Petite encyclopédie critique », 2022.


La gauche peut-elle faire l’économie de la forme partisane ?

Le « parti » est né sous sa forme moderne à gauche à la fin du xixe siècle. Selon l’un des premiers spécialistes des partis politiques, Roberto Michels[1], la forme partisane constitue une arme « contre les forts aux mains de faibles ». Ceux qui n’ont pas de capitaux économiques n’ont que leur unité et leur discipline pour force. Le parti de masse permet d’accumuler et de collectiviser des ressources : de la main-d’œuvre (la force militante), des financements, des visions du monde idéologiques (doctrine et programme…). Il s’agit de concurrencer les notables et les élites dominantes sur le terrain électoral. Le parti n’a cependant pas qu’une fonction électorale. Il vise à éduquer, conscientiser, encadrer, intégrer socialement la classe ouvrière. Le syndicaliste Fernand Pelloutier a eu cette belle formule : les organisations donnent aux ouvriers « la science de leur malheur ». Le Parti socialiste (dans certaines fédérations et dans les années 1970) et le Parti communiste durant son âge d’or (des années 1950 aux années 1970), véritables milieux de vie, ont rempli ces diverses fonctions électorales, idéologiques, sociales, identitaires. Les partis constituent alors un outil central d’un « pluralisme radical ». Ils permettent « la visibilisation des groupes sociaux unis par une expérience, une identité, un intérêt irréductiblement particulier » et apportent ainsi une contribution décisive à la démocratie si elle signifie « politisation des distinctions existant dans la société »[2].

Le parti n’est pas bien sûr le seul acteur du changement social. Les mouvements sociaux et les syndicats ont contribué aussi à politiser les milieux populaires. La forme partisane connaît un épuisement et un affaiblissement général des partis à partir des années 1990, lié notamment aux reculs des classes sociales[3]. Pierre Rosanvallon déclare au journal Le Monde (3 mars 2017), non sans arguments : « Le parti ne produit plus ni culture politique, ni programme, ni projets de loi. Il est devenu un rameau mort. » L’heure serait désormais à la démocratie du « public » qui substituerait à la démocratie des partis un régime d’opinion fondé sur la personnalisation et la médiatisation de la vie politique, le poids des sondages et la volatilité électorale. Les partis ne parviennent plus à organiser la vie politique à partir de la vie sociale, à donner une expression politique aux groupes qui composent la société et à produire une représentation de celle-ci[4].

Ces phénomènes sont davantage un problème pour la gauche que pour la droite qui a d’autres ressources et capitaux (les médias, la haute fonction publique, les institutions d’État, la proximité avec le monde économique…). La gauche manque peut-être moins d’idées que de médiations (partisane, syndicale…) pour les promouvoir et construire une majorité sociale qui pourrait s’y rallier et de manière plus générale politiser la société. La capacité de mobilisation des appareils partisans, anémiés, est devenue très faible. Plus ils se nécrosent plus ils défendent leurs intérêts (locaux principalement). Le sort électoral de gauche à l’élection présidentielle de 2022 dépend de corporatismes d’appareil. En se révélant incapable de réinventer la forme partisane, même sous une forme « gazeuse », la gauche s’est désarmée. La rétraction des partis n’est pas pour rien dans le dépérissement de la culture de gauche. La tentation est par ailleurs grande de renoncer à la forme partisane à mesure que décline le militantisme et que l’idée s’impose que la politique se joue dans les médias et sur les réseaux sociaux (que pèse un tractage face à une conversation avec Jean-Luc Mélenchon diffusée sur YouTube ?). S’est développée aussi une grande méfiance à l’égard de la bureaucratisation (pente naturelle des partis) et des mécanismes de délégation politique. Les partis sont une forme politique ambiguë : ayant contribué à l’entrée des masses dans la politique, ils ont été un outil de démocratisation, mais ils ont aussi assuré la captation du pouvoir par les élites et la professionnalisation de la politique qui s’est accentuée ces dernières décennies (la tendance oligarchique).

L’action durablement organisée (sous la forme de partis à réinventer) n’a pourtant rien perdu de sa nécessité politique et structurelle. La gauche ne peut se passer du parti, entendu comme lieu d’élaboration démocratique où se tranchent des débats d’orientation idéologique et stratégique mais aussi comme lieu de mémoire et de transmission, qui permettent à une génération de transmettre à la suivante son savoir pratique des luttes (victorieuses ou perdues)[5]. En dépit des opportunités offertes par les réseaux sociaux et Internet et de la progression du niveau d’éducation, la gauche ne peut faire l’impasse sur la continuité dans l’action et donc sur les organisations. L’incapacité de Nuit debout ou des Gilets jaunes à construire une dynamique dans la durée l’a bien illustré[6]. L’horizontalité totale est une illusion, elle ne peut être un horizon durable de transformation des rapports sociaux et politiques. Mais comme il est illusoire de restaurer la classe ouvrière, il est vain de réhabiliter le parti de masse. Que sont devenus les partis politiques de gauche et comment réinvestir et réinventer la forme partisane ?


Ce que sont devenus les partis de gauche

Les partis traditionnels de gauche (Parti socialiste, Parti communiste et, dans une moindre mesure, écologiste) se sont largement évidés et électoralisés[7]. La fonction électorale y prend le pas sur la fonction agrégatrice et canalisatrice des intérêts sociaux. Leur capacité de rayonnement social s’est considérablement affaiblie. Le déclin de leurs effectifs militants en est la manifestation le plus criante. Vingt mille militants ont participé au congrès du PS à Villeurbanne (le nombre de militants a été divisé par dix en dix ans). À Lille, bastion historique socialiste qui comptait plus d’un millier de militants au début des années 2000, les seuls militants présents sur le terrain lors des élections municipales de 2020 sont les colistiers de Martine Aubry. Trente mille militants ont voté lors du dernier congrès du PC. EELV compte à peine 10 000 adhérents (ce qui a fortement incité EELV à organiser des primaires ouvertes en octobre 2021). La sociabilité militante (fêtes de section…) a quasiment disparu. La matrice du militantisme est devenue principalement familiale (on est socialisé à l’engagement par des parents militants). Le poly-engagement (associatif, syndical…) s’est lui aussi beaucoup affaibli. On observe une rétraction générale de ces milieux partisans : les « mondes » de la gauche (associatif, syndical, intellectuel, culturel, enseignant, ouvrier…) se sont largement désarticulés depuis les années 1970. Les partis de gauche ne sont plus le creuset de rapprochements sociaux ou d’alliances (de fractions) de classes populaires et moyennes intellectuelles.

Les processus de formation et de promotion des militants d’origine populaire qui existaient au PCF n’existent plus dans aucun parti. Le Parti socialiste, même dans ses fédérations les plus populaires (Nord, Pas-de-Calais), s’est éloigné des milieux modestes et a perdu une large part de son audience dans un monde enseignant qui s’est lui-même beaucoup transformé[8]. Les partis de gauche (le PS, EELV mais aussi dans une large mesure le PCF) sont devenus le lieu d’un entre-soi de professionnels de la politique ou d’aspirants à l’élection, le plus souvent issus des catégories sociales diplômées[9]. Le PS avant sa débâcle de 2017 était un agrégat d’écuries présidentielles. Les courants n’y étaient plus depuis les années 2000 des creusets idéologiques. Les partis réunissent désormais surtout des agents directement « intéressés » à l’obtention de profits électoraux ou professionnels. Leur rationalité électorale prend le pas sur d’autres logiques (intégration sociale, sociabilité, construction idéologique, politisation de la société). Les élections locales constituent le principal horizon électoral.

Ce qu’il reste du PS c’est avant tout des réseaux d’élus locaux (dans les grandes villes de France : Marseille, Lille, Nantes, Rennes… et dans cinq régions). Le PCF s’est rétracté sur ses réseaux d’élus qui contribuent à son maintien dans quelques territoires désormais bien circonscrits. Julian Mischi a montré que la socialisation des cadres du PCF passe désormais bien moins par les réseaux syndicaux et le monde du travail que par les institutions liées au parti (municipalités, réseaux des professionnels de la gestion locale, cabinets, le quotidien L’Humanité…)[10]. EELV, avant de s’effondrer lors des derniers scrutins, était devenu ce que Noël Mamère a qualifié de « syndicat d’élus » et de « firme »[11]. Depuis 2017, aux élections européennes, municipales et régionales, il a accru la part de ses élus.

Ce poids des élus a de multiples conséquences sur les partis. Il y fait prévaloir les intérêts électoraux et professionnels des élus qui vivent de et pour leurs mandats. L’économie morale des partis s’en trouve affectée, marquée par des luttes de pouvoir qui mettent à distance les militants les plus « désintéressés ». Les élus cherchent à se démarquer de partis dont le discrédit national est renforcé. On l’a vu aux dernières municipales de 2017 où les candidats ont très peu mis en avant leur étiquette partisane[12]. Les réseaux d’élus contribuent ainsi à gauche à une forme de dépolitisation partisane par le bas alors que, dans le modèle du socialisme municipal ou du communisme municipal, les positions locales, à l’avant-garde du « progrès social », étaient censées constituer des laboratoires de changement social et des éléments de politisation des milieux populaires. Machines électorales professionnalisées, dominés par un électoralisme local pragmatique, les partis désinvestissent leur fonction idéologique. L’activité programmatique se technicise, accélérant un processus de désintellectualisation des organisations.


L’impasse du « gazeux »

C’est contre le modèle organisationnel du Parti socialiste que Jean-Luc Mélenchon crée La France insoumise (LFI) en 2016. Au départ il s’agit d’un mouvement tourné vers la campagne de l’élection présidentielle. Laissant de fortes capacités d’initiative au terrain, et profitant de la mobilisation que favorise la dynamique présidentielle, LFI rassemble rapidement plus de 400 000 adhérents (un simple clic sans cotisation permet d’adhérer via une plateforme numérique). Mais l’élection passée, Jean-Luc Mélenchon refuse de normaliser l’organisation et cherche à conserver son caractère mouvementiste. Il théorise le caractère « gazeux » d’une organisation qui n’a ni statuts, ni direction formelle, ni forme de démocratie interne classique (congrès où des textes d’orientation sont tranchés par des votes), ni structures locales bien identifiées (pas d’échelons départementaux, des groupes non municipalisés, au moins au départ). Il s’agit d’être « tourné vers l’action » et d’éviter la bureaucratisation et le « nombrilisme » (les débats internes « stériles » qui épuisent les énergies militantes) et de favoriser l’auto-organisation locale (dans les quartiers notamment).

Le mouvement (qui est juridiquement un parti[13]) est cependant rapidement confronté à des épreuves et des difficultés[14]. On observe une forte démobilisation militante à la base. Les « insoumis » venus principalement par la campagne présidentielle désinvestissent le mouvement mais le phénomène affecte aussi les adhérents aux plus fortes appétences d’engagement. Les groupes locaux ont très peu de moyens financiers (ils sont centralisés et en partie épargnés pour préparer la prochaine élection présidentielle). Des expériences militantes innovantes sont expérimentées comme le community organizing (à Marseille notamment) mais très vite elles se heurtent à l’absence de structures formelles du mouvement pouvant servir de points d’appui. LFI ne prend pas dans les « quartiers ». La « tyrannie de l’absence de structure[15] », qui permet au leader de verrouiller l’organisation et qui entraîne des phénomènes de cour autour de lui[16], emporte des effets censitaires puissants. Elle favorise les cadres du mouvement qui ont accumulé du capital militant[17] (ceux qui sont issus du Parti de gauche) et/ou qui possèdent un fort capital scolaire ou universitaire ou du temps (les étudiants de sciences politiques sont surreprésentés à Paris, Lille, Rennes, Brest, Annecy…). Le « gazeux » permet d’être réactif et « efficace » mais il génère des hiérarchies informelles sans permettre au pluralisme de s’organiser. La sociologie du mouvement populiste n’est absolument pas populaire (la formation des militants a été une préoccupation rapidement abandonnée). Les élections locales sont un échec cuisant pour LFI dont l’ancrage territorial est très faible. LFI a essayé sans grand résultat de constituer des listes citoyennes tournées vers les milieux populaires. L’échec des élections locales est aussi lié à l’absence de démocratie interne[18]. Cette dernière n’est pas problématique tant qu’il n’y a pas de candidats à désigner. Elle le devient lorsqu’il faut distribuer des investitures aux élections. Or les procédures sont à la fois centralisées et relativement opaques[19]. Elles suscitent beaucoup de mécontentement et de désengagement militant[20].

L’absence de démocratie interne provoque aussi des exit liés aux évolutions de la ligne du mouvement. Cette dernière est fixée lors des réunions du groupe parlementaire (« bureau politique improvisé », selon l’expression de Jean-Luc Mélenchon) et surtout par le leader du parti (même s’il n’en a pas le titre officiel…) qui n’a de comptes à rendre à personne. Immanquablement des désaccords sur l’orientation du mouvement surgissent (ce qui est la routine dans les partis). C’est le cas notamment autour de la question de l’Europe et de la laïcité. L’absence de lieux de débat et de vote (outre des consultations en ligne sur des sujets consensuels qui prennent souvent la forme de plébiscites) nuit à l’ouverture de débats sereins entre des stratégies contradictoires. De nombreux partisans de la ligne souverainiste et populiste, cadres très expérimentés, quittent le parti au moment des élections européennes (Charlotte Girard[21], responsable du programme en 2017, Manon Le Bretton, François Cocq…). D’autres départs sont liés à l’évolution sur le rapport à la laïcité qui n’a pas fait l’objet de débats internes. Alors que le mot « islamophobie » était proscrit à LFI en 2017 et 2018, il devient d’usage courant en 2019. La question des discriminations occupe une place nouvelle, ce qui suscite la désaffection des militants « laïcards ».

Le mouvement est confronté à une dernière difficulté : la baisse du crédit politique de son leader, Jean-Luc Mélenchon, dans l’opinion que l’on a déjà évoquée. LFI s’apparente à ce que les politistes appellent un « parti personnel[22] ». Il a été créé pour et par une personnalité qui y joue un rôle central, concentre la communication et l’attention et qui est tourné vers un objectif central (la conquête du trophée présidentiel). LFI est une communauté charismatique même si, lors de la campagne présidentielle de 2022, les jeunes députés qui ont fait leurs armes à l’Assemblée sont mis en avant (Adrien Quatennens ou Mathilde Panot). Les partis personnels sont très vulnérables en ce sens qu’ils dépendent fortement du capital politique de leur leader. Or il s’est démonétisé après le scandale des perquisitions et une série de déclarations controversées jugées outrancières par de nombreux commentateurs politiques. « Comme la forme-parti a son problème bureaucratique, la forme-mouvement a, structurellement, son problème charismatique[23]. » Jean-Luc Mélenchon est un atout en 2017. Sa stature est plus fragile en 2022.

Les cadres de LFI sont largement conscients des défauts de l’organisation qu’ils assument. Le mouvement est présenté comme le meilleur rapport « coûts-avantages » lors d’un entretien avec Adrien Quatennens, coordinateur du mouvement à partir des élections européennes[24]. Des dizaines d’entretiens que nous avons réalisés, il ressort la volonté de « voyager léger », de ne pas s’embarrasser d’une organisation qui risque d’échapper à ses dirigeants, la faible importance accordée au niveau local, la place centrale dévolue au mouvement et à la parole de son leader dans les médias ou les réseaux sociaux. C’est sans doute une des limites du « populisme ». Il accorde un rôle prépondérant au discours du leader dont la puissance performative conduit à faire l’économie des mobilisations partisanes et populaires par le bas. Si Jean-Luc Mélenchon n’a pas voulu construire une organisation durable, c’est qu’elle est indexée sur son temps politique (2022 est sa dernière candidature à l’élection présidentielle). La France insoumise a d’ailleurs quasiment disparu lors de la campagne de 2022. Une autre marque est mise en avant, l’Union populaire. Serait-on entré dans l’ère des partis intermittents et kleenex ?


Quelle forme partisane ?

Comment réinvestir et réinventer la forme partisane sans la fétichiser et céder à une forme de nostalgie pour le modèle du parti de masse qui ne peut plus constituer un horizon réaliste ? Comment réencastrer les partis dans les milieux populaires pour les politiser ? La tâche est immense, ardue, peut-être hors de portée. Entre le « gazeux » non démocratique et le parti professionnalisé et notabilisé, il y a sans doute néanmoins d’autres options possibles, plus démocratiques, et la place pour un parti renforçant son ancrage dans la société. Peut-il y avoir une politique émancipatrice ou démocratique sans manière démocratique et émancipée de faire de la politique ? Gramsci écrivait du « parti des opprimés » qu’il avait trois fonctions essentielles : organiser, éduquer, expérimenter. Cette réflexion est toujours d’actualité mais plus que jamais les partis doivent innover, sortir de leurs routines, conjurer leur pente oligarchique, faire preuve d’imagination politique pour se régénérer.

Une première piste tient à leur désélectoralisation. Les partis ne sont principalement que des machines électorales, on l’a vu, y compris à LFI (Jean-Luc Mélenchon a théorisé « la révolution par les urnes »). La gauche ne se situe plus au-delà de l’expression électorale (tropisme localiste pour les uns, en bas, obsession présidentialiste pour les autres, en haut). LFI est hostile à la présidentialisation mais son ethos en est fortement imprégné. Or l’élection est devenue un moment privilégié de reproduction de l’oligarchie gouvernante. Le surinvestissement dans le jeu électoral se fait au détriment de la construction pas à pas d’une contre-culture, de réseaux de sociabilité, de solidarités concrètes, bref, de bouts de contre-société. Toutes les énergies militantes sont absorbées par la conquête du pouvoir par les élections. Certes la gauche ne doit pas renoncer à la conquête du pouvoir et elle se joue (en partie) dans les urnes. Mais la victoire électorale ne peut advenir sans doute qu’au terme d’une construction politique de plus grande envergure. Il faut revenir aussi à la distinction que faisait Léon Blum entre exercice et conquête du pouvoir. La conquête du pouvoir ne découle pas forcément de la victoire électorale. Obtenir 25 % des voix au premier tour donne l’illusion de prendre le pouvoir alors que cela ne conduit pas nécessairement à bouleverser l’ordre social…

Désélectoraliser, c’est accorder moins d’importance aux élections et s’inscrire dans le temps de la construction idéologique ou de l’ancrage social, c’est aussi déprofessionnaliser la politique en interne (limiter le cumul des mandats dans le temps par des règles internes, développer plus de diversité sociale dans le profil des candidats…). Des leviers législatifs existent (dès lors que la gauche accède aux responsabilités) en jouant sur le financement public des partis. On peut conditionner celui-ci à la sélection de candidats issus des milieux populaires ou à des obligations de formation politique par les partis[25]. Refaire des partis des lieux de débat, réinvestir la question de la « doctrine » en associant les intellectuels autrement que comme des cautions est une autre piste.

Une deuxième piste, liée à la première, est la construction d’« utopies concrètes », comme nous y invite Erik Olin Wright. Face à l’impuissance de la gauche, le sociologue ne croit plus au grand soir. Il propose des « stratégies d’érosion du capitalisme », par le haut et par le bas, en investissant toutes les zones et pratiques déjà existantes où la vie et la production s’organisent de manière non capitaliste (l’entreprise, la famille, les associations…). Ce n’est pas le retour à une stratégie platement sociale-démocrate mais une dissémination « possibiliste » (retour salutaire aux utopies socialistes du xixe) de toutes les perspectives de changement là où elles peuvent trouver prise. Cette stratégie de la brèche et de l’auto-organisation que l’on trouve chez les convivialistes suppose de former des acteurs collectifs ayant une capacité de lutte et d’action suffisante pour l’inscrire dans la durée (les partis notamment). Le (néo)municipalisme constitue ainsi un laboratoire que les partis politiques peuvent réinvestir[26]. Les partis peuvent aussi de manière plus modeste reconstruire des formes de solidarité concrètes qui n’ont en rien perdu de leur légitimité (soutien scolaire, aide juridique aux plus démunis, collectes…). Renouer avec un « parti de services » marqué par l’esprit coopératif est une voie intéressante[27].

La troisième piste est d’ouvrir les partis sur la société civile et de sortir d’une logique d’entre-soi. La tâche n’est pas simple. Les partis ne peuvent plus susciter des loyautés comme celle qui caractérisait les partis de masse. Mais doivent-ils renoncer à enrôler et mobiliser des militants ? Il ne faut pas sous-estimer l’appétence pour le militantisme dans la société. Il y a des exemples à suivre à gauche comme le Parti du travail de Belgique (PTB) qui est passé de 1 000 membres au début des années 2000 à 24 000 aujourd’hui[28]. Tout se passe comme si les partis ont organisé et assumé leur propre « démilitantisation ». L’engagement apparaît moins distancié (individualiste, labile…) que mis à distance par les partis parce que jugé inutile, inefficace ou encombrant (les militants sont souvent considérés par leurs dirigeants comme trop radicaux politiquement). Les partis semblent avoir abandonné toute politique significative d’adhésion et clairement l’ambition d’être des organisations de masse. Ils pratiquent une forme d’auto-restriction des répertoires d’action militante qu’ils proposent. Renouer avec le volontarisme en matière de recrutement militant n’est pas une cause perdue.

La difficulté est de revaloriser le militantisme sans négliger l’ouverture aux sympathisants. Les primaires ouvertes ont montré qu’elles pouvaient être mobilisatrices et régénératrices mais aussi périlleuses et dévaluer le militantisme (à quoi bon adhérer dans les partis ?). La formule de primaires plus délibératives et procéduralisées est une piste. Les partis peuvent offrir une palette d’implications différentes, un engagement à multiples vitesses comme l’a théorisé la politiste américaine Susan Scarrow (donner de nouveaux droits aux sympathisants sans brader ceux des adhérents, accorder le statut de volontaires au moment des campagnes électorales…). La déterritorialisation du militantisme est aussi une manière de régénérer les partis (favoriser des bases d’adhésion par des entrées thématiques : liées à des causes, des secteurs de la société…). Le parti peut enfin jouer le rôle de facilitateur et d’incubateur de participation démocratique pour renforcer le pouvoir d’agir des citoyens (promouvoir et outiller des formes de community organizing). Il viendrait ainsi en appui de causes diverses (conflits du travail locaux…), de mouvements sociaux, de mobilisations et pourrait appuyer leur rôle de contre-pouvoir (ce qui suppose une nouvelle relation avec les élus locaux et de rompre avec une méfiance à l’égard des milieux populaires)[29].

Une coupure entre les partis de gauche et les mouvements sociaux (dont on a analysé pourtant la vitalité) s’est installée. L’impasse stratégique et organisationnelle de la gauche officielle nourrit la croyance dans la gauche mouvementiste qu’il n’y a rien à attendre de la démocratie représentative et des élections. Se creuse ainsi un autre fossé, entre le mouvement social et la politique électorale. Un des enjeux pour la gauche est la construction de convergences des luttes et une meilleure articulation entre les divers pôles et composantes de la gauche (partis, intellectuels, syndicats, mouvements sociaux…). L’idée de « luttes sociales » qui devraient trouver leur « débouché politique » est problématique. Certes, ces luttes doivent se chercher un prolongement institutionnel et partisan mais cette idée de « débouché politique » laisse faussement penser que les luttes en question ne seraient pas politiques… et que les partis ont le monopole de la politique. Aurélie Trouvé propose de construire un nouveau « bloc arc-en-ciel[30] » en s’appuyant sur trois leviers et chantiers : la planification écologique et sociale, la relocalisation solidaire et la socialisation démocratique pour reprendre le contrôle, étatique ou collectif, de services d’intérêt général comme le système bancaire, l’énergie ou les transports. Encore faut-il déjouer les méfiances réciproques et les suspicions d’instrumentalisation. Dans les mouvements sociaux liés à la gauche, la prise de conscience s’est affirmée de la nécessité de faire alliance pour être efficace. Mais perdure la méfiance vis-à-vis d’une « convergence des luttes », potentiellement source d’occultation des divergences entre militants et revendications, ainsi que des hiérarchies et luttes pour l’hégémonie[31].


Illustration : Ilya Repine, « Quelle liberté ! », 1903. Musée russe de Saint-Petersbourg.


Notes

[1] Robert Michels, Sociologie du parti dans la démocratie moderne. Enquête sur les tendances oligarchiques de la vie des groupes, traduit de l’allemand, présenté et annoté par Jean-Christophe Angaut, Paris, Gallimard, « Folio essais », 2015 (1re éd. 1925).

[2] Samuel Hayat, Démocratie, Paris, Anamosa, 2020.

[3] Rémi Lefebvre et Frédéric Sawicki, La Société des socialistes…, op. cit., et Igor Martinache et Frédéric Sawicki (dir.), La Fin des partis ?, Paris, PUF, « La Vie des idées », 2020.

[4] Rémi Lefebvre, Les Mots des partis, Toulouse, Presses universitaires de Toulouse, 2022.

[5] « Anticapitalistes, comment rebondir ? », Contretemps, 15 avril 2021.

[6] Rémi Lefebvre, « Les Gilets jaunes et les exigences de la représentation politique », La Vie des idées, 10 septembre 2019.

[7] Rémi Lefebvre, « Des partis en apesanteur sociale ? », in Igor Martinache et Frédéric Sawicki (dir.), La Fin des partis ?, op. cit.

[8] Rémi Lefebvre et Frédéric Sawicki, « Pourquoi les enseignants français tournent-ils aujourd’hui le dos à l’engagement politique ? », in Lorenzo Barrault-Stella, Brigitte Gaïti et Patrick Lehingue (dir.), La Politique désenchantée ? Perspectives sociologiques autour des travaux de Daniel Gaxie, Rennes, Presses universitaires de Rennes, « Res publica », 2019.

[9] Par exemple, Rémi Lefebvre et Frédéric Sawicki, La Société des socialistes…, op. cit.

[10] Julian Mischi, Le Communisme désarmé. Le PCF et les classes populaires depuis les années 1970, Marseille, Agone, 2014.

[11] Le Monde, 26 septembre 2013.

[12] Rémi Lefebvre, « Municipales 2020 : les partis politiques, invisibles et omniprésents », La Vie des idées, 23 juin 2020.

[13] En 2018, la formation politique a perçu 4,5 millions d’euros de dotation publique, ce qui représente alors 83 % de ses ressources.

[14] On s’appuie ici sur une enquête sur LFI menée depuis 2017. Pour une première présentation des résultats, Rémi Lefebvre, « Vers une dé-démocratisation partisane ? Une approche comparée de La France insoumise et de La République en marche », Politiques et Sociétés, à paraître, 2022.

[15] Jo Freeman, « The Tyranny of Structurelessness », Jofreeman.com, 1971-73.

[16] Manuel Cervera-Marzal, Le Populisme de gauche. Sociologie de la France insoumise, Paris, La Découverte, 2021.

[17] Frédérique Matonti et Franck Poupeau, « Le capital militant. Essai de définition », Actes de la recherche en sciences sociales, 155, 2004.

[18] Il est difficile et hasardeux de donner des droits à des adhérents qui peuvent intégrer le mouvement sans filtre…

[19] Rémi Lefebvre, « Enjamber le scrutin local. La France insoumise et les élections municipales de 2020 », in Arthur Delaporte, Anne-Sophie Petitfils et Sébastien Ségas (dir.), Les partis font-ils encore la campagne ? La place des organisations partisanes durant les élections municipales de 2020, Lille, Septentrion, 2022.

[20] Manuel Cervera-Marzal estime à 20 000 le nombre de militants ou d’adhérents actifs.

[21] Selon elle, « on ne peut pas ne pas être d’accord à LFI » (entretien, 15 avril 2019).

[22] Glenn Kefford et Duncan McDonnell, « Inside the personal party: Leader-owners, light organizations and limited lifespans », The British Journal of Politics and International Relations, 20(2), 2018.

[23] Jacques Bidet, « Eux » et « nous » ? Une alternative au populisme de gauche, Paris, Kimé, 2018.

[24] Le 11 mars 2019.

[25] Julia Cagé, Libres et égaux en voix, Paris, Fayard, 2020.

[26] Marion Carrel, Paula Cossart, Guillaume Gourgues et al., « Éditorial. La révolution commence-t-elle par le local ? Expérimentations communales et dilemmes stratégiques », Mouvements, 2020/1 (no 101), p. 7-11, et Rémi Lefebvre, « Quelles leçons historiques et politiques tirer du municipalisme ouvrier ? », ibid., p. 106-115.

[27] Voir les propositions de Gaël Brustier et David Djaïz, « Les outils du combat culturel. Dix propositions pour le parti socialiste », Fondation Jean Jaurès, 12 septembre 2013.

[28] Actuellement, sur les douze élus à la Chambre des députés, quatre sont ouvriers/ouvrières.

[29] Antonio Delfini, Julien Talpin et Janoé Vulbeau (dir.), Démobiliser les quartiers. Enquêtes sur les pratiques de gouvernement en milieu populaire, Lille, Presses universitaires du Septentrion, 2021.

[30] Aurélie Trouvé, Le Bloc arc-en-ciel. Pour une stratégie politique radicale et inclusive, Paris, La Découverte, 2021.

[31] Réjane Sénac, Radicales et fluides. Les mobilisations contemporaines, Presses de Sciences Po, « Essai », 2021.
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