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LIBERTE HEBDO N°1568. EDITO DE PHILIPPE



POUR UNE JUSTE LUTTE EN FAVEUR DE LA RETRAITE


Personne ne pourra en douter ce vendredi matin : la mobilisation du 19 janvier centre la réforme des retraites a remporté un énorme succès. 1,5 à 2 millions de citoyennes et citoyens dans la rue, en France, c’est inédit depuis longtemps. 

La référence aux manifestations de 1995 a souvent été entendue ce jeudi soir, fondant que le peuple rédamait le retrait du texte que Mme Borne s’évertue à qualifier de « juste », le président Macron était à Barcelone en compagnie de 11 ministres de la République pour... signer un traité d’amitié et de coopération avec le Premier ministre espagnol. Et tandis que les canons à eau attendaient (en vain) les dizaines de milliers de manifestants lillois, le ministre de l'Intérieur paradait avec le président. Quel mépris pour le peuple. 

Quelle arrogance aussi. 

Il reste à savoir si le mouvement qui vient de s’enclencher se transformera au point de mettre en échec l’équipe au pouvoir et la droite qui siège au parlement. Hier, rien n'était sûr. 

Aujourd'hui, tout peut changer. Certes, une grève est très difficile à mener. Le niveau et les conditions de vie aduelles, les conditions et l’organisation du travail de ce siècle sont autant d’obstacles. Pourtant, ce 19 janvier ouvre grand l’espoir d’un retournement de rapport de force. On a déjà vu des lois votées à l'Assemblée nationale et que la rue a empêché de s'appliquer. Mais le mouvement peut et doit même aller au delà. 

L'idée d’un référendum pourrait fortement, en ces circonstances nouvelles, déstabiliser un pouvoir trop sûr de lui, par ailleurs, la pétition lancée récemment par les organisations syndicales contre le projet de réforme est bien loin d'être boudée.

Au contraire, elle vient de passer à plus de 600 000 signatures. Le texte dénonce une injustice et une régression sociale choisies par le gouvernement. Les arguments de la Première ministre, longuement invitée à se défendre au micro de la radio publique France Inter, ce samedi 14 janvier (quelques jours avant la grande manif), n'auront rien changé à l’affaire.

Le fer est donc chaud. Il importe de le battre. Le projet de réforme, qui ne se justifie pas d'un point de vue économique, est une arme redoutable contre les travailleurs. Il représente la vision libérale d’un gouvernement, d’une classe, pour qui la retraite n'est jamais qu'un temps improductif qu’il convient donc de repousser. A l’opposé, nous défendons la vision d’une retraite qui représente la liberté de vivre, pour soi, pour sa famille, pour son entourage. Une liberté de profiter pleinement de la vie qui, c'est le moins que l’on puisse dire, n'est pas volée.

Cette bataille pour la retraite, pour une bonne retraite, renvoie à une lutte des classe qui, décidément, est loin d'être morte.

 

LIBERTE HEBDO N°1563. EDITO DE PHILIPPE

GARDONS NOTRE GAUCHE ET LUTTONS POUR DES RETRAITES DIGNES


Scoop du week-end dernier. Eric Ciotti est le nouveau patron de Les Républicains. Ouf, c’est la fin d’un très long suspens. Le match Ciotti-Retailleau a failli éclipser celui de la demi-finale de la coupe du monde de foot. 
Cette coupe tant controversée jusqu’à ce que... tout de même, c’est du sport après tout, et puis il ne faut pas décevoir qui vous savez (comme disait Jean-Sol Partre).

Bon, Ciotti président du LR contre Retailleau. franchement, est-ce notre problème ? 
Selon les grands médias dominants (poil aux dents, évidemment), Ciotti c'est chiant parce que c’est quand même très proche de ce facho de Zemmour. Oui mais Retailleau est de toute façon proche de ces intégristes fachos du Mariage pour tous (Vade rétro les candidats à l’union entre deux personnes du même sexe)
Ne refaisons pas l’histoire récente, nous savons que le cerveau de Retailleau fourmille d’idées rétrogrades sur le temps de travail, le droit de grève, et l’utilisation de la chloroquine de ce bon professeur Raoult. 
Ciotti/Retailleau, même combat. Oui, mais nous disent les radios dominantes du service public, Ciotti va être un élément positif pour le camp de la majorité car il va soutenir le projet de réforme du système des retraites. Parce que Retailleau s’y serait opposé peut-être ?

Non, l’événement que constitue l’élection d'Eric Ciotti porte juste sur la droitisation de notre société. Si nous n’y prenons garde, tout va y passer. Et on saura nous expliquer que c’est pour notre plus grand bien.

Alors, c’est vrai, la prochaine grande étape contre le peuple (outre la loi contre l’immigration, contre le « grand âge », etc.) porte bien sur la réforme des retraites. 

Emmanuel Macron semble ennuyé par un dossier qui pèse et prend le prétexte de l’actualité des partis politiques pour repousser à janvier afin de discuter avec les « nouveaux » chefs de partis. 
Repousser quoi ? 
Face à une coalition des droites, il nous faut dire NON au recul de l’âge de départ en retraite. Il nous faut exiger une augmentation des pensions. Il faut nous battre pour les services publics de proximité aptes à répondre aux questions et préoccupations des retraité(e)s. Il nous faut être unis et infiniment mobilisés pour que les retraité(e)s aient réellement les moyens de vivre dignement.

C’est un combat de gauche, c’est un combat progressiste. Ce qu’en pense la coalition des droites nous importe peu. Seule la lutte doit compter.

 

LIBERTE HEBDO N°1561. EDITO DE PHILIPPE

                     

LE PIÈGE DU DÉBAT SUR L’IMMIGRATION 

Sacrée préfiguration pour le projet de loi sur l’immigration que le gouvernement prépare pour début 2023 ! A l’Assemblée nationale, les députés LR ont dit leur volonté, ce jeudi 1er mars, de rétablir la double peine pour les immigrés et ont réclamé une juridiction spécialisée pour expulser les « étrangers délinquants ». Une fois de plus, la droite, évidemment applaudie par l’extrême- droite, sert l’amalgame « migrants/délinquants ». 

Dans ce débat, les forces de gauche ont tout intérêt à ne pas laisser le terrain aux forces réactionnaires. Éric Zemmour et sa sortie aussi stupide que médiatique sur l’assassinat de la jeune Lola a en quelque sorte rendu service en allant beaucoup trop loin dans son délire raciste et xénophobe. 

Encore que... Le dialogue que viennent de publier Onfray et Houellebecq vaut lui aussi son pesant de cacahuètes. Ces deux « intellectuels faussaires », comme dirait Pascal Boniface, prévoient une guerre entre immigrés (sur le sol français), l’effondrement de la France et, pourquoi pas, celui de l’occident. En cause : la perte programmée de notre identité bien sûr.

Le mythe du « grand remplacement », comme la crainte d’un « appel d'air » procèdent tous deux du complotisme.

La gauche doit saisir l’occasion, à la veille du débat sur le projet de loi voulu par Emmanuel Macron, pour mettre un terme à ses renoncements et faire mentir les chiffres et autres fadaises de la droite dure. Il y a du travail. L’éprouvant épisode de l'Océan Viking le démontre suffisamment. 

Avec la complicité des chaînes d’infos quoi sont acquises aux idées les plus droitières, certains sont parvenus à faire passer l’idée qu’une ONG comme SOS Méditerranée est au service des passeurs. Il va au contraire falloir se battre durement pour défendre et réaffirmer le droit d’asile et présenter l’immigration comme une chance. 

En clair, la gauche doit revenir à ses fondamentaux, ne pas tomber dans les pièges grossiers que lui tendent à la fois LR, le RN mais aussi Renaissance. Elle doit vaincre toutes les peurs, à commencer par les siennes.


LIBERTE HEBDO N°1559.EDITO DE PHILIPPE

 

    

                            SALAUDS DE MIGRANTS. LET MY PEOPLE GO !

La tragédie de 1 'Ocean Viking, en Méditerranée, a une fois de plus révélé les hypocrisies des
pouvoir européens. A cette occasion, le Républicain tendance dure Éric Ciotti n’a pas manqué de se
déjuger en se ralliant à la position de l'extrême droite, fut-elle, française ou italienne. Disserter sur la misère du monde et les conséquences du réchauffement climatique est une chose. Assumer les conséquences de la faim d’une immense partie de l’humanité, sa mise en danger par les conflits guerriers et les réfugiés climatiques est chose trop inabordable. À cet âge-là (celui de la responsabilité politiques) on n'a pas le cœur assez grand.

Dans notre région des Hauts-de-ftance, nous connaissons aussi de telles tragédies avec les mêmes réponses politiques.

Comment oublier ce 24 novembre 2021, quand 27 migrants partis des environs de Dunkerque pour tenter le passage vers l'Angleterre, sont morts noyés dans la Manche ?

Deux survivants avaient alors expliqué que leurs appels à l’aide étaient restés sans réponse de la part des sauveteurs. L'enquête judiciaire, ouverte à la suite de ces déclarations, semble bien confirmer des dysfonctionnements graves chez les services de secours français, qui n’auraient effectivement envoyé aucune aide malgré de multiples appels. Douze heures se seraient écoulées entre la première demande de secours lancée par 33 migrants en détresse sur un canot pneumatique dégonflé au beau milieu de la mer et la découverte de 15 corps par un bateau de pêche passant par hasard dans la zone. Douze longues heures d'appels dans le vide. Et dire que ce siècle a déjà plus de vingt ans...

Parmi les 27 victimes, il y avait sept femmes, un adolescent de 16 ans et une enfant de 7 ans. Leurs appels de détresse n’auraient pas été pris au sérieux par le Cross ! C’est sûr, les candidats à la traversée clandestine et si risquée vers l'Angleterre ne pensent qu’à plaisanter. Ce qui est bien plus certain, c'est
que les services français et anglais se sont rejeté la balle. Il faut dire que le canot et ses 33 passagers
se trouvaient à la limite des eaux territoriales françaises et des eaux britanniques.

La Cimade, l'association de soutien qui s'occupe depuis très longtemps (et pour de vrai) des migrants et des réfugiés, affiche sa < consternation de voir qu'il y a eu beaucoup d'énergie donnée par les deux côtés, français et britannique, pour démontrer que c'était à l'autre partie de prendre en charge le sauvetage »

Le sort des migrants (des êtres humains en mouvement pour leur sécurité, faut-il le rappeler) est géré par des comptables et des policiers qui préfèrent ne s'intéresser qu'aux « passeurs ». Quel autre drame allons-nous découvrir demain dans les colonnes de la presse ?
Quand nos sociétés si avancées prendront elles conscience qu'il est barbare d'empêcher les hommes, les femmes et les enfants de vivre là où ils veulent.
 Let my people go.


LIBERTE HEBDO N°1556.Edito de Philippe



LA Veme REPUBLIQUE A BOUT DE SOUFFLE

La séquence parlementaire de ces derniers jours montre, une nouvelle fois et s’il le fallait, que la Vème République est littéralement à bout de souffle. 
D’un côté, le gouvernement s’empare de l’article 49.3 pour faire passer en force son projet libéral et d’inégalités sociales en dépit du débat démocratique, et, de l’autre, deux motions de censure sont déposées, toutes deux rejetées. 
L’expression pluraliste n’a pas lieu. André Chassaigne, président du groupe communiste à l’Assemblée nationale parle même de «violence institutionnelle».

Aujourd’hui, nous le voyons bien, force est de constater que la rupture est consommée, la
défiance installée. Le fossé se creuse de plus en plus entre les Français et leurs institutions. Avec, pour conséquence, de les jeter dans les bras de l’abstention ou ceux de l’extrême droite.

Nous vivons ce pour quoi la Vème République avait été conçue à l’origine, à savoir la volonté du monarque présidentiel qui s’impose au-delà de toutes autres considérations, que ce soit dans les urnes ou dans la rue. Aujourd’hui, c’est : circulez, y'a rien à voir ! Or, notre démocratie ne pourra pleinement respirer si elle est toujours corsetée.

Il est donc grand temps de passer un véritable cap institutionnel et de vivifier notre république. Et, face à ce constat largement partagé, le passage à une VIème République semble plus que jamais indispensable. 

Une nouvelle république évidemment garante des institutions, soucieuse d’une démocratie directe, qui rompt avec la monarchie présidentielle, qui donne du poids au Parlement formé des élus du peuple, et qui se retrouve enfin en phase avec la volonté des Françaises et des Français de pouvoir participer pleinement à la vie démocratique de notre nation. Beau projet à porter, et absolue nécessité pour notre avenir démocratique et républicain.

LIBERTE HEBDO N°1551.EDITO DE PHILIPPE


RENDEZ-VOUS AU 29 SEPTEMBRE

Qui va payer le chauffage dans les universités qui vont voir leur note s’envoler ? 

La question est clairement posée par les organisations syndicales tandis que certains établissements, comme l’université de Strasbourg, prennent déjà des mesures drastiques et reportent une partie du problème sur les étudiants. Évidemment, la hausse de la facture énergétique ne concerne pas que l’enseignement supérieur. 
Tout le monde est concerné. Dans les communes, plusieurs maires communistes commencent à se mobiliser. Le coup de gueule de Jean-Pierre Bosino, début septembre, a fait de l’effet, n’en déplaise à la Première ministre qui n’y voit pas un « bon exemple ».

Une autre question cruciale porte sur le Projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) qui sera présenté ce lundi 26 septembre en conseil des ministres. Emmanuel Macron n’a pas hésité à prévenir que la réforme des retraites, qu’il entend réaliser très rapidement, pourrait passer par un simple amendement au PLFSS. 
Refusant coûte que coûte le déficit, le président s’attelle aussi à refonder les grands services publics, l’école, l’hôpital, la sécurité. Et il résume ainsi sa ligne de conduite : « La vérité, c’est qu’il nous faut travailler plus et produire plus de richesses dans notre pays si nous voulons protéger, avoir une politique de justice sociale et défendre le modèle social français, sa force et son avenir »

En toile de fond de ce tableau peu réjouissant, la polémique sur les déclarations de Fabien Roussel, autour du travail, n’est pas refermée. Bien au contraire. Jean-Luc Mélenchon avait certes dit la même chose en 2012, François Ruffin développe sensiblement la même idée dans son dernier livre et dans les interviews qu’il donne à la presse. Le bashing anti-Roussel n’en finit pas pour autant. 

Cela en devient lourd et gênant. Voilà en tout cas autant de raisons pour ne pas manquer le rendez-vous social du 29 septembre, pour la défense du pouvoir d’achat. La question des luttes et de la mobilisation syndicale est primordiale. Il importe d’y participer et de les soutenir. Les besoins des Françaises et des Français sont très vifs.

Tant en matière d’emploi, de vie chère que d’environnement. Ne laissons pas Emmanuel Macron et le gouvernement nous narguer, droits dans leurs bottes. 
Toutes et tous à la manif ! 
Toutes et tous pour renforcer les luttes et la prise de conscience pour se dresser contre les projets libéraux de l’Élysée et de Matignon !


LIBERTE HEBDO N° 1550. EDITO DE PHILIPPE.


VALEUR TRAVAIL ET DIGNITÉ 

Ont-ils voulu gâcher, ou jeter une ombre sur la Fête de l’Humanité ? Quand Fabien Gay, le directeur de l’Humanité, titre son édito du lundi 12 septembre « La fraternité retrouvée », on peut se demander si cette fraternité concerne les composantes de la Nupes dont les représentants ont copieusement attaqué les propos du communiste Fabien Roussel. 

Ce dernier, dans une interview après son intervention d'ouverture, a osé mettre le travail en avant. Le travail pour tous avec de bonnes conditions et un salaire décent. Aussitôt, les ténors de LFI se sont scandalisés. Lors du débat de samedi consacré à l’avenir de la coalition, la présidente du groupe des députés France insoumise, Mathilde Panot, a lâché « avec fraternité » : « nous ne pouvons pas combattre ni les libéraux ni l’extrême droite en reprenant leurs mots ». 

Chez les Verts, le secrétaire national d’EELV a fait bonne figure en assurant qu’il préférait entendre Fabien Roussel échanger que d’écouter ses interviews. Une façon de l’accuser d’avoir dérapé en répondant aux questions d’un journaliste ? 

Dans les heures et les jours qui ont suivi, ce fut un festival. Marine Tondelier (EELV) entend des
propos réactionnaires dans la bouche du secrétaire national du PCF Sandrine Rousseau défend le droit à la paresse au micro de France Info, ce jeudi 15 septembre, et insiste : « La valeur du travail, c'est quand même une valeur de droite ». 

Ne parions pas de François Ruffin qui accuse Roussel de lui donner le baiser de la mort pour avoir affirmé que tous deux disent la même chose ! Ainsi, toutes et tous s’accordent pour interpréter à leur manière les propos de Fabien Roussel qu’ils accusent de vouloir s’en prendre aux allocations, au RSA voire même (on rêve), aux allocations familiales. Ont-ils seulement vécu avec le RSA ou avec des minima sociaux ? Si l’on ne peut soupçonner l’iconoclaste Ruffin, qui est d’abord journaliste et qui connaît les réalités de terrain, on aurait bien envie de demander à ses collègues s’ils savent le désespoir d’un chômeur de longue durée, s’ils savent comment l’on vit lorsqu’il faut compter les pièces jaunes avant de s’acheter un pain, ou comment l’on va en cachette de ses enfants au resta du cœur. 

Trouver du travail coûte que coûte et dans n’importe quelles conditions, c’est possible. Quelles que soient vos compétences et votre passé, on vous acceptera pour un boulot de manutention tôt le matin et loin de chez vous. 

Et on vous demandera votre pointure avant votre numéro de sécurité sociale. Car quand même, les chaussures de sécurité sont prêtées. Ce n'est pas à ce type de travail que se réfère Fabien Roussel. Lui, il défend l’emploi pour tous, avec un bon salaire, qui permet à chacun et chacune d’envisager sereinement un avenir. 

II ne s’attaque pas aux allocations, il s’attaque au capitalisme qui détruit l’emploi et rend les gens dépendants en les mettant en situation de survie. Pour lui, tout le monde doit pouvoir être fier de gagner sa vie et de vivre dignement, sans la honte de ne pouvoir remonter la pente du chômage et de se cacher. Voilà très certainement le débat qu’il a voulu lancer. Mais peut-être que le langage communiste riest pas suffisamment audible. Peut-être que ce débat est trop révolutionnaire.

LIBERTE HEBDO N°1547. EDITO DE PHILIPPE


TRACANCES, TRACAS, TRAQUER

La chose semble relever du surréalisme. Au moment où les communistes du Nord, comme ceux de l’Oise, organisent une journée à la mer pour les « oubliés des vacances », voilà que surgit un nouveau concept, servi par un très vilain néologisme : les « Tracances ». 

Les Tracances, c'est une pratique, nouvelle encore, qui permet d’allier travail et vacances. 
Ce concept n'est pas si nouveau que cela. Le cadre d’entreprise qui emmène son ordinateur portable et son smartphone sur son lieu de travail, on connaît déjà. Soit il travaille, durant quelques heures dédiées au repos, pour rattraper du retard, soit il se dit persuadé de devoir être à l’écoute en permanence de ses interlocuteurs, soit il est tout simplement incapable de déconnecter. 

Cela pose question.

Mais le vrai problème ici, porte précisément sur ce qui devient une « nouvelle » pratique qui, par conséquent, est appelée à se développer, à se généraliser. La pandémie de Covid et les périodes de confinement ont servi de déclencheur. 
Le fait de devoir travailler de chez soi et de pouvoir communiquer avec les collègues grâce aux connexions a ouvert la boîte de Pandore. 
Travailler de chez soi, hors des contraintes de transport, des contraintes vestimentaires, voire des contraintes horaires, à l’abri du regard des « autres », voilà qui est tentant. 

Le Covid l’a imposé pour certains, plus d’un l’a pris au mot et n’a plus trop envie de se rendre au bureau. Peu à peu, ce qui était imposé et pris comme une contrainte inacceptable, devient paradoxalement un « droit ». Le droit de ne pas croiser mes collègues tous les jours, le droit de rester chez moi, dans mon cadre intime, le droit de m’organiser autrement, tant que je fais le taf. Certes.
Et, fort logiquement, on emmène le travail en vacances. C'est le télétravail porté à son paroxysme. On reste en lien avec l’entreprise, mais on travaille dans un cadre agréable, auprès de ses enfants, de sa
famille, etc. « Patron, j’ai envie, ou l’opportunité de partir une semaine en Italie. Évidemment, je vais télétravailler et cela ne changera rien pour vous ! Vous êtes OK ? »

Bien sûr qu’il est OK, le boss. D’ailleurs, voilà une bonne occasion de casser les frontières entre le temps de travail et le temps du repos. 

Le soldat est finalement toujours disponible. Et, s'il exagère, on pourra toujours le pister, le traquer, grâce à la connexion. Et alors, justement, où va le droit à la déconnexion prévue par la loi El Khomri ?

Quel est le prix réel de cette prétendue liberté ? 
Comment le boulanger ou le maçon pourra-il cuire le pain ou monter des murs de chez lui ?

Tracances, une contraction entre travail et vacances. Un mot pas beau, fermement opposé au collectif, qui évoque aussi beaucoup de tracas et certainement du traquage patronal. 
Vous avez dit « liberté » ?

LIBERTE HEBDO N° 1543-44-45. EDITO DE PHILIPPE

ROULEAU COMPRESSEUR

Il s'en passe de belles dans l'hémicycle de L'Assemblée nationale. 

La dernière polémique, soulevée par Marine Le Pen et relayée avec grand éclat par le Républicain Éric Ciotti, porte sur la tenue vestimentaire des députés. Plus précisément, selon l'ancien LR Renaud Muselier. ceux de la Nupes seraient « sales et débraillés ».
Il leur faut porter une cravate ! « Et nous alors ? » s'emporte cette fois l'insoumise Clémentine Autain qui accuse la droite et l'extrême droite de sexisme.

Voilà encore un débat de nature à passionner les Françaises et les Français. 
Ce n'est pas comme celui portant sur la redevance de l'audiovisuel supprimée ce samedi 23 juillet comme le souhaitait Emmanuel Macron et son gouvernement. 
Les Républicains et le Rassemblement national ont bien évidemment voté pour cette suppression.
On a même entendu une députée du parti d'extrême droite, Caroline Parmentier, déclarer froidement qu'« une grande démocratie comme la nôtre n’a pas besoin de service public ». Voilà au moins qui est clair. 

Tant pis pour la garantie d'indépendance de la radio et de la télévision publique. La ministre de la Culture, Rima Abdul-Malak a dû boire du petit lait, elle qui considère que, de toute façon, c'est l'Arcom et non la redevance qui garantit cette indépendance. Même chose pour le ministre des Comptes publics. Gabriel Allai, qui dit son attachement à un audiovisuel fort mais qui qualifie la redevance d’obsolète à l'heure des tablettes et des smartphones.

La chose était jouée d'avance, peu importe les vrais débats. Et le gouvernement, comme les députés qui ont voté pour la suppression, se targuent d'avoir « rendu » 138 euros à chaque citoyen possédant un téléviseur. Cela s'appelle la méthode du rouleau compresseur.

Lors des débats pour le pouvoir d’achat, il eût donc été fou de s'arrêter en si bon chemin. Est donc venu le tour des retraites. Et là, grand numéro de cirque. Alors que mardi 26 juillet les députés avaient voté, contre l’avis du gouvernement, une revalorisation supplémentaire de 500 millions d'euros
pour les pensions de retraites, ledit gouvernement ne cache pas son courroux. 

Qu'à cela ne tienne, le ministre de l'Économie Bruno Le Maire demande un second vote. 
La chose se règle dans la nuit, à 2h39.  Adieu les 500 millions.

Évidemment, le ministre, qui se moque de l'indignation des députés communistes et de la Nupes en général, rappelle que le parti présidentiel détient la majorité et qu'il existe un règlement. 
Donc, pour lui, pas de passage en force. Juste le règlement. Si ce n'est pas du rouleau compresseur, qu'est-ce ?
Face à de tels comportement, il n'est pas du tout certain que la voix du peuple soit de retour dans une Assemblée nationale qui aurait retrouvé son rôle.























Liberte hebdo n°1542. Edito de philippe

 


DE QUELLE POLITIQUE PARLONS-NOUS ?

Des propos homophobes tenus en 2013, et qui ressurgissent aujourd'hui, de l’actuelle ministre des Collectivités territoriales, Caroline Cayeux, à ceux de la présidente du groupe LFI à l’Assemblée nationale, Mathilde Panot, on cherche vainement où est la politique. 

Évidemment, l’hostilité revendiquée de Madame Cayeux au mariage pour tous et l’adoption par les couples du même sexe, ne peuvent être pris à la légère. La ministre, au lieu de faire du rétropédalage et de se prendre les pieds dans le tapis, doit s’expliquer ou se démettre. 

L’entêtement de Mathilde Panot, qui persiste dans la maladresse de sa sortie autour de la rafle du Vel’d'hiv, ne sauraient la grandir. Aux historiens de lui expliquer.

Mais l’insupportable dans ces « affaires » (entre autres car elles ne sont pas les seules) est que l’on ne semble décidément pas vouloir en finir avec le « désintérêt », voir le « dégoût » des abstentionnistes pour la politique. 

Cela valait bien la peine de tenter d’analyser la victoire de celles et ceux qui ne se sont pas déplacés lors des dernières consultations électorales. Ces polémiques et ce remue-ménage (et non remue-méninges) interviennent au plus fort du débat à l’Assemblée nationale sur le pouvoir d’achat, les primes de Macron et le smic à 1500 euros dont la droite et l’extrême droite ne veulent pas entendre parler. 

Pourtant, on sait où sont les préoccupations des Françaises et des Fiançais. 

Pendant que l'on s’échauffe et que l’on polémique entre et sur des élues de la République, le rapport 2022 de Finance Stratégie annonce 10 millions de personnes en situation de pauvreté monétaire en 2019. La situation des plus pauvres, ou des plus démunis comme l’on voudra, ne cesse de s'aggraver depuis le début du premier quinquennat d’Emmanuel Macron.

Le rapport de France Stratégie ne saurait être plus clair : « L’examen des réformes socio-fiscales entrées en vigueur entre 2018 et 2019 fait apparaître que plusieurs mesures ont eu pour effet une hausse du taux de pauvreté de 0,5% »

Louis Schweitzer, le président du comité d'évaluation de cette institution (dont on rappellera qu’elle est rattachée à la Première ministre !) déclare que « le nombre de personnes âgées tombées en dessous du seuil de pauvreté a augmenté de 25% ».

Ainsi, les 13 milliards d'euros qui ont été consacrés à la lutte contre la pauvreté n’auront pas résisté à la politique libérale d’Emmanuel Macron. 
Gel des prestations sociales, diminution drastique de l’APL, réforme du chômage, attaque sur les pensions, etc.

Voilà sans doute le type de vrai débat sur lequel il faudrait revenir. 

Les pauvres et les démunis qui sont largués n’ont cure des mauvais exemples de l’assemblée et du gouvernement. Mais ils ont besoin que l’on fasse de la vraie politique. Pour eux.

LIBERTE HEBDO N°1541: EDITO DE PHILIPPE



AVEC MACRON, TOUT DANS LE SLIP


Particulièrement agacé par l'enquête et les révélations du Consortium international des journalistes d’investigation, le président de la République ne s’en montre pas moins odieux et vulgaire. Empruntant (mal) au président Chirac, il a lancé à l’issue d’un déplacement à Crolles, dans l'Isère, « ça m’en touche une sans faire bouger l’autre, je vous le dis en toute franchise »
Chirac avait au moins le talent de la répartie. Ici, Emmanuel Macron aurait pu éviter cette histoire de slip qui n’arrangera pas sa popularité. Le Slip, c'était le Syndicat des livreurs parisiens. 
Le sigle étant un peu lourd à porter, il est très vite devenu le Clap (Collectif des livreurs autonomes de Paris).

Il n’empêche, c’est à de très nombreux travailleurs précaires, et qui s'organisent, qu'il s’est attaqué en favorisant l'implantation en France de l’Américain Uher et en utilisant, pour ce faire, sa position de ministre de l’Economie. Il revendique aujourd'hui haut et fort avoir œuvré pour la création d'entreprises et d’emplois pour des jeunes des « quartiers difficiles ». Encore une expression malheureuse qu'il aurait pu éviter.

L'arrogance de M. Macron n'a pas de bornes. Mais son argumentation demeure faiblarde. D’autant qu'il n’en est pas. loin s’en faut, à sa première prise de libertés avec la législation de ce pays.
On se souvient de l'affaire Alstom qui avait financé des prestataires que l'on retrouve ensuite dans la campagne présidentielle de 2017. On ne saurait oublier, tant le dossier est tout chaud, l'affaire du bureau d'études McKinsey, ses prestations gratuites pour la campagne présidentielle d’Emmanuel Macron et, au final, les juteux contrats qu’il a récupérés.

Cette fois, on va plus loin que des soupçons de corruption et de délit de favoritisme.

Comme l’écrit l’avocat Régis de Castelnau,

« on tutoie les sommets ». Si le président semble prendre à la légère les accusations portées contre lui, il parait clair qu’il se soit essuyé les pieds sur le code pénal en se livrant à du trafic d’influence. Le travail de lobbying et occulte auquel il s’est livré pour favoriser l’implantation d’Uber ne peut laisser de doute. 

En tant que ministre de l'Économie, il a usé de son influence pour obtenir des décisions favorables. Il a défendu des intérêts privés, allant délibérément contre l’orientation du gouvernement dont il était l’un des membres les plus importants. Cela est punissable de cinq ans d’emprisonnement et d’une amende de 500 000 euros.

S’il est pour l’heure protégé par son mandat présidentiel, il peut s'attendre à traîner ce nouveau boulet durant tout son quinquennat. Il serait normal qu’il soit entendu et qu’il s’explique.


LIBERTE HEBDO 1540. EDITO DE PHILIPPE



NE REGARDONS PAS CE QUE L’ILLUSIONNISTE VEUT NOUS MONTRER

Ainsi, le gouvernement souhaite-t-il renationaliser EDF ! À entendre Élisabeth Borne lors de sa déclaration de politique générale, mercredi 6 juillet, les combats syndicaux contre le projet Hercule ont payé. 

En réalité, personne n'est dupe. La Première ministre n'a jamais prononcé le mot de renationalisation. Elle a annoncé la volonté du gouvernement de porter la participation de l’État de 84 % à 100 %. C'est digne de l’illusionniste Gérard Majax. 

Élisabeth Borne a réalisé un tour de passe-passe, une manipulation, comme disait l’artiste en s'adressant aux enfants. Avec ce chiffre de 100 %, on voit la nationalisation. Mais dans la réalité, il s’agit d’un projet d’étatisation. 

100 %, c'est un actionnaire unique : l’État. Selon le ministre de l’Économie Bruno Le Maire, l'annonce de la cheffe de gouvernement est stratégique car il nous faut, dans le contexte de la guerre en Ukraine, retrouver notre indépendance énergétique. Certes, mais avec un géant de l'électricité étatisé, rien n'interdira l'actionnaire unique de démanteler l'entreprise. Nul besoin de l'avis des parlementaires.

 On notera, comme n’a pas manqué de le faire la Fédération nationale des mines et de l’énergie CGT, que le sort des citoyens et le montant de leur facture d'électricité n'a pas été évoqué. Car ce n’est pas le problème. La question est d'abord de pouvoir construire les EPR promis par Emmanuel Macron alors qu’EDF est fortement endettée. 

Par ailleurs, on se souvient que le projet Hercule porte sur une scission du groupe en trois entités : une entreprise publique pour les centrales nucléaires et le transport, une entreprise cotée en Bourse dédiée au commercial, à la distribution d’électricité et aux énergies renouvelables, enfin, une entité consacrée aux barrages hydroélectriques. Et l’on voudrait croire qu'Élisabeth Borne souhaite renoncer à ce projet ! 


Pour le reste, et pour en revenir à sa déclaration de politique générale, si peu convaincante, le tour de magie n’a pas empêché d’entendre la confirmation du recul de l’âge de départ en retraite. La réforme n’est pas oubliée. 

Mais ce qui est oublié (ou non pris en compte), c’est la somme des besoins des Françaises et des Français : une augmentation sérieuse des salaires, une vraie politique de santé, des logements décents et des loyers abordables, une école efficace avec suffisamment de professeurs et des classes non surchargées, le retour à de vrais services publics, etc.

Le projet Macron ne veut rien de tout cela. Ne regardons pas ce que le magicien veut nous montrer. Battons-nous pour une vie meilleure.

LIBERTE HEBDO N°1535: EDITO DE PHILIPPE


QUAND LES PROFS SONT RECRUTÉS PAR « JOB DATING » 

Oyez, oyez ! L’académie de Versailles, par la voix de sa rectrice Charline Avenel, recrute ses enseignants par « job dating ». 
C’est que, pour la rentrée 2022, elle craint de manquer de professeurs ! 
Alors en avant, soyons modernes et recrutons quoi qu’il en coûte. L’opération est montée en partenariat avec Pôle Emploi et l’Apec et porte sur plus de 2 000 postes à pourvoir dans l’académie dont plus de 500 dans le Val-d’Oise. 
Les enseignants seront contractuels et seront embauchés pour les classes de primaire et de secondaire.

Quel énorme aveu d’échec ! L’actuel nouveau ministre de l’Éducation, Pap Ndiaye, aura décidément fort à faire si jamais il ambitionne de faire oublier les manquements de son prédécesseur Jean-Michel Blanquer et de tous ceux qui ont occupé ce portefeuille ces vingt dernières années. 

Car si une académie en arrive à cette extrémité, c'est que la machine est cassée et avec elle la vocation de transmettre aux jeunes. Le beau métier d’enseignant n’attire plus suffisamment. Il a perdu de sa séduction, c'est le moins que l'on puisse dire. Les profs ne sont pas suffisamment payés et leurs conditions de travail sont très dégradées.

Que pourra faire le ministre alors que le président Macron lui demande de l’accompagner à Marseille pour consolider son projet d’école du futur ? 

Est-ce ainsi que le gouvernement compte résoudre le malêtre des enseignants, arrêter les fermetures de classes, relancer sur de bonnes bases l’Éducation nationale ?

Les enseignants ne sont pas en attente de mesures prétendument révolutionnaires et résolument libérales.

Ils ont besoin d’une substantielle revalorisation salariale, et donc d’une reconnaissance réelle de leur rôle et de leur travail. Les contractuels ont besoin d'être titularisés. Ils ont besoin de protection, donc d’un statut adapté qui leur permette une mise en responsabilité progressive. Il semble également indispensable de mettre en œuvre un plan de formation continue universitaire pour les profs qui sont en poste. Cela permettrait, par exemple, d’éviter toute cassure ou distorsion entre les contenus enseignés et les avancées de la discipline concernée.

Vaste chantier auquel ne semble pas se préparer le nouveau ministre.

LIBERTE HEBDO n° 1532. EDITO DE PHILIPPE


 

CROIRE AU RENOUVEAU 

Les investitures des candidats de gauche et les présentations que ces derniers font de leurs projets, de leurs ambitions pour les circonscriptions qu'ils ou elles comptent représenter montrent la réalité d’une dynamique qui s’est enclenchée après la présidentielle. 

Bien sûr, les difficultés sont nombreuses, les déceptions ne peuvent être négligées. Le chemin est décidément compliqué pour se donner les moyens de construire ce qui doit permettre de proposer une meilleure vie pour chacune et chacun d’entre nous. La nouvelle union populaire écologique et sociale existe désormais. Il convient d’aller au bout malgré les regrets ou frustrations qui auront été provoquées.

L’essentiel est que chacune des composantes de cette union garde effectivement sa spécificité et ne se renie pas. 

Le malheureux feuilleton autour de la candidature dans la 14e circonscription du Rhône en donne un exemple concret. Il reste maintenant à avancer et à montrer que l’espoir de renouveau n’est pas un vain mot. Il y a tant à faire, notamment dans cette région. La précarité, le coût de la vie, l’emploi, la santé, le logement, l’éducation, les transports, le bien vivre ensemble, l’environnement, la paix, etc. L’accord signé entre les forces de gauche et écologiques montrent que tout est possible.

Prendre le pouvoir à la finance, rendre confiance aux Françaises et aux Français qui se sont éloignés de la politique, rendre la vie au travail plus agréable, protéger le devenir des ainés, tordre le cou aux idées populistes et dangereuses de l’extrême droite. Tout cela est possible dans une union des gauches. Elle semblait inatteignable hier, elle est à notre portée aujourd’hui.

Dans les circonscriptions, les batailles seront rudes. Mais unis dans une même perspective anti-libérale, voilà qui pourrait faire changer le cours de notre histoire contemporaine. S’il est quelque chose qu’il faut essayer, c’est bien cela.

Liberté Hebdo n°1528: Edito de Philippe



                                             LA REPUBLIQUE EST EN DANGER



Le mot n’est pas vain. Les résultats du premier tour de l’élection présidentielle nous imposent un nouveau face à face entre Emmanuel Macron et Marine le Pen. Mais cette fois, le duel se présente fort différemment de ce qu’il était il y a cinq ans. 

Le triste bilan et la politique anti-sociale du président Macron ont provoqué un énorme sentiment de rejet à son égard. La manière dont il est entré en campagne, très tardivement, avec de sombres promesses comme la retraite à 65 ans et le refus de débattre n’ont fait que renforcer la colère et la rancœur contre sa candidature. 

C’est au point qu’un tiers de l’électorat de Jean-Luc Mélenchon risque de s’abstenir tandis qu’un autre tiers pourrait utiliser le bulletin de son adversaire. On le comprend lorsque, allant enfin sur le terrain en faisant semblant d'adoucir son discours et de faire du rétro-pédalage, il avoue que rien n’est gagné pour lui. De son côté, la candidate d’extrême droite peut compter sur une réserve de voix qu'elle puisera chez les électeurs d’Éric Zemmour et de Nicolas Dupont-Aignan. 

D’autres lui viendront des déçus d’Emmanuel Macron qui voteront sur le mode du « plus jamais ça ». Surtout, elle apparaît bien plus forte et bien mieux préparée qu’en 2017. Elle est très confiante et particulièrement déterminée à prendre le pouvoir pour casser notre République et ses institutions. Son projet de loi référendaire n’est rien d’autre. Elle entend, pour s’affranchir d’un parlement qui ne lui serait pas favorable, institutionnaliser la « priorité nationale ». 

Peu importe que la procédure qu’elle entend utiliser n’est pas constitutionnelle. Elle montre déjà que la démocratie, qu’elle fait mine de vouloir moderniser, n’est précisément pas sa priorité. Elle veut au contraire faire de la discrimination entre les français et les étrangers une nouvelle valeur, un nouvel ordre contraire à tous nos principes et à toutes nos valeurs issues de la Révolution française et de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen. D'une manière plus générale, le recours au référendum d’initiative populaire lui servira à contourner les représentants du peuple à l’Assemblée nationale et au Sénat, à contourner les corps intermédiaires. Passons sur les autres aspects de son programme, comme ses projets sécuritaires à vomir. 

Il n’est donc plus temps, pour personne, de regretter le second tour auquel n’a pu accéder la gauche. 

Dimanche 24 avril, ce sont deux projets hostiles au peuple qui vont se disputer la magistrature suprême. Mais l’un des deux sera fatal à notre tradition constitutionnelle démocratique, à nos institutions, à notre République. 

Le prix de cette escroquerie est beaucoup trop élevé. L'abstention ou le vote blanc n'arrangeront rien et nous le savons. Entre la peste et le choléra, nous aurons le devoir de choisir. Avec une pince sur le nez et une main gantée certes. Mais le bulletin Macron nous évitera le pire. Après, il sera encore temps de se battre.

 

LIBERTE HEBDO n°1527. Edito de Philippe




PERMETTRE DE PENSER UNE FRANCE RECONSTRUITE PAR LA BASE


Fabien Roussel l’a fort bien dit en conclusion de son dernier meeting, jeudi soir 7 avril, avant le premier tour de l’élection présidentielle : « La France des Jours heureux, c'est de la force qu’on se donne contre la fraude fiscale, pour notre pouvoir d’achat, pour nos salaires, pour nos retraites. » Ce n’est pas que cela, bien sûr. Mais cette rencontre lilloise a permis de redire encore que le discours sur le « vote utile » que l’on nous tient depuis si longtemps conduit surtout à ne pas pouvoir voter pour nos convictions au profit d’une stratégie. Or, comment peut-on faire revenir le public populaire vers la politique, comment peut-on le réintéresser si l’on commence par lui demander d’obéir sagement à des calculs dont les résultats ne sont de toute façon jamais certains.

C’est clair, le « vote inutile » n’existe pas. Chacune et chacun doit conserver la liberté de voter en fonction de ce qu’elle ou il pense, en fonction de ses idées. En cela, la campagne qu’a menée Fabien Roussel a été brillante et réjouissante. 
En redonnant de la visibilité au Parti communiste, il a déjà remporté une victoire. C’était loin d'être évident. 
Nous attendrons avec impatience les résultats de dimanche soir. Mais nous savons que des idées, des propositions et des solutions ont été apportées durant ces derniers mois. 

Nous l’avons encore entendu au Zénith de Lille : faire passer le travail avant les profits, s’attaquer efficacement à la délinquance en col blanc, celle qui fait dans la fraude ou l'optimisation fiscale (c’est-à-dire la fraude légalisée), remettre en cause le pouvoir des actionnaires et en finir avec le chômage et la
précarité, construire une République sociale, laïque, démocratique, féministe, rétablir les services publics, assurer la souveraineté énergétique, industrielle et alimentaire de notre pays. C’est bon à la fois pour l’emploi et le climat. Et puis encore : oeuvrer, en portant une voix indépendante de la France, pour la paix et la coopération entre les peuples.

Il ne faudra pas se tromper de bulletin le jour du premier tour. Mais surtout, il faut comprendre que ce scrutin n’est pas une fin en soi. 

Au contraire, c’est un commencement pour permettre de conduire et défendre ces idées et propositions de la France des Jours heureux. C’est la bonne méthode pour reconstruire la France par la base, non par le haut.


Chronique d'un Citoyen: EMPLOI FICTIF? OU ENQUÊTE FICTIVE?


EMPLOI FICTIF? OU ENQUÊTE FICTIVE? 




Quelque chose m’échappe dans la dénonciation osée de Médiapart relayée par le parquet financier à propos de Fabien Roussel et de son poste de collaborateur parlementaire. Il aurait perçu pendant ces 5 ans un «salaire fictif» car sur son temps de travail il s’occupait du Parti Communiste.

Au moins, au vu de la déclaration de son patrimoine cela n’a pas l’air de l’avoir beaucoup enrichi. Comme l’ami Robespierre, Fabien Roussel n’a guère de biens. Tout juste une modeste maison.



Comme on dit dans mon Nord:«cha fait pas gramin».Mais ce qui me tracasse c’est la manière dont on fait choux gras de cette affaire. Que nous dit le site de l’assemblée nationale – que tout bon journaliste même débutant ne manque pas de consulter sur son iphone 12, dans l’attente du 13 --: «Le principe de base est celui du député-employeur: le collaborateur est le salarié du député, non celui de l’Assemblée nationale.



De ce principe, dont la portée a été renforcée en 2002 par la possibilité offerte aux députés de gérer directement leur crédit collaborateur, découle l’ensemble des règles et dispositifs qui organisent la relation du député avec son ou ses collaborateurs: [...]- 

le député a la qualité d’employeur: il recrute librement ses collaborateurs, licencie, fixe les conditions de travail et le salaire de son personnel, dans le respect des dispositions du code du travail;» 

Moi, qui suis un peu bête, j’en conviens, – c’est pour cela que je ne serai pas recruté par Médiapart – je me dis: S’il y a malversation ce n’est pas l’employé le coupable, c’est l’employeur qui a détourné l’argent public qu’on a mis à sa disposition en ne veillant pas au respect du contrat de travail passé avec son collaborateur. Dans un contrat de droit privé, m’a-t-on appris, le principe est le lien de subordination. 

Au mieux on devrait reprocher à Fabien Roussel de n’avoir pas traîné son député d’employeur devant les prudhommes pour non-respect du contrat de travail. En fait, me rétorquez-vous à juste titre, c’est une histoire de louf, votre truc! 

Ben oui, c’est une histoire de louf malveillant! 

Et moi qui suis toujours un peu trop bête pour être journaliste à Médiapart, je me dis: un député qu’il soit communiste ou non d’ailleurs, a pour mission de faire de la politique. 

C’est dans ce domaine surtout que le député communiste se distingue le plus des autres d’ailleurs. Il a retenu les leçons de Robespierre et il s’affiche comme être le peuple, celui des opprimés, des miséreux et des indigents, dans les manifestations, aux portes des usines, dans les quartiers où l’on expulse auprès des syndicats, des associations, de manière plus générale avec ceux qui luttent pour défendre le maigre bout de gras, un emploi, un toit, bref, le droit à l’existence digne. 

Il ne passe pas le plus clair de son temps dans les salons bourgeois ou de son château campagnard, il ne dîne pas le midi avec les lobbyistes des think-thanks de chez Montaigne ou autres, ces lieux où il fait chaud et l’on y va du «cher ami!» en triant ses réfugiés. 

Alors, même si on est diplômé de science-po, là où l’on apprend peu de choses sur beaucoup de sujets comme disait le regretté Albert Jacquard, cela doit être bigrement difficile de savoir si le député J.J. Candelier et ses collaborateurs sont dans leur rôle de député ou de militant communiste quand ils traînent dans les corons. 

De ma vie, je n’ai jamais connu un député qui ne soit pas militant, surtout chez les communistes. Et cela s’applique encore plus s’agissant de J.Jacques Candelier. 

Ce n’est pas un bonhomme à pantoufler dans les salons dorés. Ce n’est pas dans ces lieuxqu’il a construit sa réputation. 
Un député communiste, et ses proches camarades, ne partent jamais en week-end à Deauville.

Le samedi et le dimanche, ils sont sur les marchés, au milieu des leurs, dans les modestes foyers à aider -- ne serait-ce qu’apporter du réconfort à une vieille personne isolée -- et, même s’ils militent pour les 32 heures, c’est souvent plus de 60 qu’ils consacrent, par semaine, aux autres sans autre arrière-pensée que de servir, bien souvent au détriment de leur vie familiale. 

Et ils ne perdent pas leur temps à remplir en détail toutes les cases de leurs agendas. 

Mais la vérité, disait Eluard, finit toujours par se frayer un chemin. Et notre vertueux ami Plenel et ses indics en seront bons pour un flop, j’en suis convaincu. 

En attendant confondre Pénélope et Fabien, c’est petit, bigrement petit! Les députés comme J.J Candelier et ses collaborateurs n’ont pas la vie pure et simple des encravatés qui monnaient leurs passages d’experts devant les écrans télé. 
 Bien des pigistes,exploités par les grands groupes de presse et qui les suivent vous le diraient si leurs conditions detravailleurs précaires le leur permettait. 

Mais je me console. Mme Roussel a un mari exemplaire, un homme respectueux des femmes,car s’il avait mis la main aux fesses d’une jolie militante au foulard rouge, il y a belle lurette que lesmêmes «enquêteurs» l’auraient dénoncé comme un prédateur sexuel. 

Alcide Carton, Citoyen

LIBERTE HEBDO 1523: EDITO DE PHILIPPE.




QUAND BHL SAUVE L’UKRAINE ET LE MONDE 

L'entrée en guerre de Vladimir Poutine contre l'Ukraine  a sidéré une bonne partie du monde, l'Occident en particulier. La lente et inéluctable avancée des chars russes vers Kiev, les bombardements, les tirs contre les civils, le bombardement d’une maternité, etc. provoquent un sentiment de révolte bien compréhensible. Les rassemblements, les manifestations, les témoignages et les actions de solidarité avec le peuple ukrainien sont aussi sincères qu’admirables.

Pour autant ce conflit ne trouve pas ses racines dans ces dernières semaines. De nombreux articles et de nombreux livres ont été écrits dès 2014 par des observateurs avertis. Nous pourrons y trouver une partie des clés pour comprendre. Comprendre n'est pas excuser. Et il est hors de question de donner ici le moindre crédit à Vladimir Poutine. Sa décision d’envahir l’Ukraine et de dédencher une guerre est parfaitement inacceptable. 

Ses arguments (génodde, dénazification) n'ont aucun poids réel face à l’horreur qu’il est en train de produire. Nous ne devons pour autant pas perdre conscience que tout n'est ni entièrement blanc, ni entièrement noir (sauf la guerre et les massacres). Il nous faudra, à l’avenir et dans ces colonnes, nous contraindre à un effort de pédagogie. l'exercice n'est pas aisé. Mais on ne peut se contenter de n'entendre qu’une voix contre un dictateur qui risque de se transformer en rejet de tout un peuple et de toute une culture.

Pourtant le sale travail est déjà bien entamé. Que vient faire par exemple, dans le débat, un intellectuel dont la réputation de faussaire n'est plus à établir ? Bernard-Henri Lévy, il s’agit de lui cosigne avec l’acteur Sean Penn, l’écrivain Salman Rushdie et le musicien Sting, un texte intitulé : « Le destin du monde se joue a Kyiv. » tous les quatre, explique le quotidien Libération qui publie leur appel, « dressent une liste de dix mesures à appliquer immédiatement pour obliger la Russie à mettre fin au conflit, ou, au moins, à entamer un processus de désescalade ». Car s’ils se félicitent des « sanctions prises par l’Union européenne, les États-Unis d’Amérique, le Canada, le Japon et d’autres », ils en veulent davantage et dressent une liste complémentaire de dix mesures. Pourquoi pas 9 ou 11 ? 

Affaire de style ou d’élégance sans doute. Nous ne les citerons pas ici, elles sont facilement accessibles sur la toile internet. 


Bernard-Henry Lévy qui, tout au long de sa carrière d’« intellectuel » n'a eu de cesse de se tromper, de tricher, de divulguer de fausses informations (l’Iran et les nazis, son film- reportage Bosna !, le Danemark et la banque Goldman Sachs, l’Afghanistan, etc.) vient à présent donner des leçons sur la guerre en Ukraine et sur ce qu’il convient de faire. Il sait sans doute de quoi il pale. En 2014, il était allé se noyer dans la foule des protestataires de la place Maïdan, en Ukraine. Dans une interview à CNews, il disait n'y avoir vu qu’un « mouvement incroyablement mûr, incroyablement déterminé et très profondément libéral ». De drôles de drapeaux flottaient au-dessus de sa tête, mais notre philosophe se sentait porté pa une vague extraordinairement revivifiante, celle qui porte le rêve européen.


LIBERTE HEBDO N° 1518 : EDITO DE PHILIPPE


Grand âge : volonté politique contre salauds 


Ce n'est pas tous les jours qu’un livre provoque un tel scandale. La parution du livre-enquête du journaliste Victor Castanet, Les Fossoyeurs (chez Fayard), a produit l’effet d’une bombe pour les Ehpad privés et notamment pour le groupe Orpéa.
Aussitôt, la question est posée : le phénomène de maltraitant des personnes âgées et dépendantes est-il généralisable à tous les établissements, publics, privés, associatifs ?
Non, mais il est beaucoup plus répandu qu'on ne le dit. L’enquête de Victor Castanet, nous l’écrivions dans ces colonnes la semaine dernière, n'est pas la première du genre. 
Sauf qu'ici, le directeur général de ce groupe privé, Yves Le Masnc, a été très vite démis de ses fonctions. 
En raison de la maltraitance infligée aux résidents ? 
En aucune manière puisque le nouveau patron du groupe, Philippe Charrier, a fermement nié devant la commission des affaires sociales de l’Assemblée nationale qui l’auditionnait. « II n'existe en aucun cas de système pour optimiser le profit au détriment des soins dans nos Ehpad. Le vrai système, a-t-il asséné devant les députés, c’est qu’à tous les niveaux, on essaie de prendre soin des personnes qui nous sont confiées. » 
Il a juré ses grands dieux que ses etablissements ne rationnaient pas les résidents et ne leur laissaient pas le choix entre un dessert ou un fromage. Nous en aurions pleuré. Sauf la présidente de la commission qui a préféré mettre un terme à cet échange particulièrement stérile. 

En fait, si l'ancien patron a été limogé, dimanche 30 janvier, c’est qu’il est soupçonné de délit d’initié. 
Et pour cause, avant que le scandale n’éclate, il aurait vendu plus de 5 450 actions de son groupe. Cette cession, réalisée il y a quelques mois, lui aurait rapporté plus de 588 000 euros ! Lan dernier, lors des six premiers mois de 2021, le groupe a dégagé un bénéfice net de 102 millions d'euros au lieu de 13 millions au cours du premier semestre de 2020. 
Le résultat brut d’exploitation, sur l’année 2021, s’est établi à 514,9 millions d’euros, soit une progression de 13.6 % sur un an.

Comment, dès lors, peut-on croire l’actuel PDG lorsqu’il tient des propos aussi lénifiants devant les députés ? 

L’enquête ouverte nous en apprendra davantage. mais le scandale est bien là et le comportement des dirigeants cités s'apparente bien à celui de salauds. Mais cela ne règle rien au fonctionnement général des Ehpad, que ce soit en France ou ailleurs (Orpéa est également mis en cause pour la gestion de ses établissements en Belgique). Qu'il s’agisse des maisons privées, publiques ou associatives, c’est bien des moyens conséquents et une vraie volonté politique qui sont indispensables au grand âge. 

Entendre la ministre Brigitte Bourguignon affirmer qu’il ne sert à rien de parler de moyens et de recrutements en nombre vu que l’on ne trouve pas de personnel constitue, en soi, un autre scandale. Encore plus important que celui qui bénéficie aux filous. 

Le candidat communiste à la présidentielle estime qu’il est nécessaire de créer dès maintenant 300 000 emplois en Ehpad et 100 000 d’aides à domicile. Avec un service public du grand âge et une mise sous tutelle des Ehpad privés.

LIBERTE HEBDO N° 1517: EDITO DE PHILIPPE


COMMENT ON TRAITE NOS VIEUX !

Il ne fait décidément pas bon de vieillir en France. Sauf à être riche, autonome et en bonne santé. Parce que, à l'évidence, ce pays n’aime pas les vieux. 
Quand ils sont malades, quand ils perdent leurs moyens, les vieux deviennent ennuyeux. On n’en veut plus. Ou alors, on ne peut les accompagner. Parce que l’on est jeune, que l’on travaille, que l’on a une carrière à mener et une famille dont il faut bien s’occuper, on est bien obligé de placer les anciens dans un établissement spécialisé. 
Avant, cela s'appelait une « maison de retraite ». Mais on parlait aussi de mouroir. 
Aujourd'hui, cela s’appelle un Ehpad. Ce sont des établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes. Ce n'est rien de le rappeler. Quand on veut cacher une sordidité, généralement, on s’exprime à travers son acronyme.

Alors certes, tous les Ehpad français ne sont pas des mouroirs ou des lieux sordides où l’on laisse nos vieux attendre de crever de faim dans leurs couches sales. Pourtant, si le livre du journaliste Victor Castanet, Les fossoyeurs, fait autant réagir, c’est bien qu'il y a une raison. 
Il n’est du reste pas le premier. 

En 2019, une soignante, Anne-Sophie Pelletier, avait publié un récit tout aussi poignant : Ehpad, une honte française. Avec Suzanne, paru en 2018, le chroniqueur de France Inter Frédéric Pommier dénonçait lui aussi les conditions de vie dans les Ehpad.

Comment se fait-il qu’en ce 21e siècle, dans un pays riche, nous ne sommes pas capables d’accompagner dignement les personnes âgées ? 
Comment se fait-il que, de façon très hypocrite, nous acceptons d’entendre qu’une personne âgée, tant qu’elle est propre et qu'elle a à manger, il n’y a pas à s’en faire. Une personne âgée a les mêmes besoins, les mêmes attentes et les mêmes désirs que tout le monde.

Les Ehpad, s’ils étaient des endroits corrects, pourraient être une bonne solution pour achever une vie paisiblement et avec bonheur. Aujourd’hui, c’est loin d’être le cas, que ce soit dans les établissements
publics, associatifs privés ou commerciaux. 

Pourquoi ? Pour des raisons d’argent, de moyens, de pognon. Il suffit d’ouvrir un journal ou de naviguer sur internet pour voir combien il est rentable d’investir dans un Ehpad ! 

Mais surtout, et une fois de plus, l’État ne joue pas son rôle. La loi grand âge qui devait révolutionner les conditions de vie des aînés est passée à la trappe. La ministre Brigitte Bourguignon peut bien faire semblant de s’en étonner et se cacher derrière les mesures ridicules qui remplacent ce projet. 

Macron n’a pas tenu sa promesse. Il préfère s’attaquer aux retraites. Alors, les moyens continueront à manquer pour les établissements comme pour les soins à domicile. L’État donne des moyens à des groupes lucratifs mais les budgets alloués par les collectivités locales aux établissements spécialisés sont largement insuffisants. Pire, ces établissements, soumis à un forfait qui leur permet d’embaucher ou non, ne peuvent trouver les moyens d’un accompagnement véritablement humain.

Un vieillard qui meurt, disait l’écrivain malien Amadou Hampâté Bâ, c’est une bibliothèque qui brûle. Mais aimons-nous encore les livres ?