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LIBERTE HEBDO N° 1517: EDITO DE PHILIPPE


COMMENT ON TRAITE NOS VIEUX !

Il ne fait décidément pas bon de vieillir en France. Sauf à être riche, autonome et en bonne santé. Parce que, à l'évidence, ce pays n’aime pas les vieux. 
Quand ils sont malades, quand ils perdent leurs moyens, les vieux deviennent ennuyeux. On n’en veut plus. Ou alors, on ne peut les accompagner. Parce que l’on est jeune, que l’on travaille, que l’on a une carrière à mener et une famille dont il faut bien s’occuper, on est bien obligé de placer les anciens dans un établissement spécialisé. 
Avant, cela s'appelait une « maison de retraite ». Mais on parlait aussi de mouroir. 
Aujourd'hui, cela s’appelle un Ehpad. Ce sont des établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes. Ce n'est rien de le rappeler. Quand on veut cacher une sordidité, généralement, on s’exprime à travers son acronyme.

Alors certes, tous les Ehpad français ne sont pas des mouroirs ou des lieux sordides où l’on laisse nos vieux attendre de crever de faim dans leurs couches sales. Pourtant, si le livre du journaliste Victor Castanet, Les fossoyeurs, fait autant réagir, c’est bien qu'il y a une raison. 
Il n’est du reste pas le premier. 

En 2019, une soignante, Anne-Sophie Pelletier, avait publié un récit tout aussi poignant : Ehpad, une honte française. Avec Suzanne, paru en 2018, le chroniqueur de France Inter Frédéric Pommier dénonçait lui aussi les conditions de vie dans les Ehpad.

Comment se fait-il qu’en ce 21e siècle, dans un pays riche, nous ne sommes pas capables d’accompagner dignement les personnes âgées ? 
Comment se fait-il que, de façon très hypocrite, nous acceptons d’entendre qu’une personne âgée, tant qu’elle est propre et qu'elle a à manger, il n’y a pas à s’en faire. Une personne âgée a les mêmes besoins, les mêmes attentes et les mêmes désirs que tout le monde.

Les Ehpad, s’ils étaient des endroits corrects, pourraient être une bonne solution pour achever une vie paisiblement et avec bonheur. Aujourd’hui, c’est loin d’être le cas, que ce soit dans les établissements
publics, associatifs privés ou commerciaux. 

Pourquoi ? Pour des raisons d’argent, de moyens, de pognon. Il suffit d’ouvrir un journal ou de naviguer sur internet pour voir combien il est rentable d’investir dans un Ehpad ! 

Mais surtout, et une fois de plus, l’État ne joue pas son rôle. La loi grand âge qui devait révolutionner les conditions de vie des aînés est passée à la trappe. La ministre Brigitte Bourguignon peut bien faire semblant de s’en étonner et se cacher derrière les mesures ridicules qui remplacent ce projet. 

Macron n’a pas tenu sa promesse. Il préfère s’attaquer aux retraites. Alors, les moyens continueront à manquer pour les établissements comme pour les soins à domicile. L’État donne des moyens à des groupes lucratifs mais les budgets alloués par les collectivités locales aux établissements spécialisés sont largement insuffisants. Pire, ces établissements, soumis à un forfait qui leur permet d’embaucher ou non, ne peuvent trouver les moyens d’un accompagnement véritablement humain.

Un vieillard qui meurt, disait l’écrivain malien Amadou Hampâté Bâ, c’est une bibliothèque qui brûle. Mais aimons-nous encore les livres ?

 

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