LA REPUBLIQUE EST EN DANGER
Le mot n’est pas vain. Les résultats du premier tour de l’élection présidentielle nous imposent un nouveau face à face entre Emmanuel Macron et Marine le Pen. Mais cette fois, le duel se présente fort différemment de ce qu’il était il y a cinq ans.
Le triste bilan et la politique anti-sociale du président Macron ont provoqué un énorme sentiment de rejet à son égard. La manière dont il est entré en campagne, très tardivement, avec de sombres promesses comme la retraite à 65 ans et le refus de débattre n’ont fait que renforcer la colère et la rancœur contre sa candidature.
C’est au point qu’un tiers de l’électorat de Jean-Luc Mélenchon risque de s’abstenir tandis qu’un autre tiers pourrait utiliser le bulletin de son adversaire. On le comprend lorsque, allant enfin sur le terrain en faisant semblant d'adoucir son discours et de faire du rétro-pédalage, il avoue que rien n’est gagné pour lui. De son côté, la candidate d’extrême droite peut compter sur une réserve de voix qu'elle puisera chez les électeurs d’Éric Zemmour et de Nicolas Dupont-Aignan.
D’autres lui viendront des déçus d’Emmanuel Macron qui voteront sur le mode du « plus jamais ça ». Surtout, elle apparaît bien plus forte et bien mieux préparée qu’en 2017. Elle est très confiante et particulièrement déterminée à prendre le pouvoir pour casser notre République et ses institutions. Son projet de loi référendaire n’est rien d’autre. Elle entend, pour s’affranchir d’un parlement qui ne lui serait pas favorable, institutionnaliser la « priorité nationale ».
Peu importe que la procédure qu’elle entend utiliser n’est pas constitutionnelle. Elle montre déjà que la démocratie, qu’elle fait mine de vouloir moderniser, n’est précisément pas sa priorité. Elle veut au contraire faire de la discrimination entre les français et les étrangers une nouvelle valeur, un nouvel ordre contraire à tous nos principes et à toutes nos valeurs issues de la Révolution française et de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen. D'une manière plus générale, le recours au référendum d’initiative populaire lui servira à contourner les représentants du peuple à l’Assemblée nationale et au Sénat, à contourner les corps intermédiaires. Passons sur les autres aspects de son programme, comme ses projets sécuritaires à vomir.
Il n’est donc plus temps, pour personne, de regretter le second tour auquel n’a pu accéder la gauche.
Dimanche 24 avril, ce sont deux projets hostiles au peuple qui vont se disputer la magistrature suprême. Mais l’un des deux sera fatal à notre tradition constitutionnelle démocratique, à nos institutions, à notre République.
Le prix de cette escroquerie est beaucoup trop élevé. L'abstention ou le vote blanc n'arrangeront rien et nous le savons. Entre la peste et le choléra, nous aurons le devoir de choisir. Avec une pince sur le nez et une main gantée certes. Mais le bulletin Macron nous évitera le pire. Après, il sera encore temps de se battre.
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