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PCF - Ukraine : Oser la paix





La guerre déclenchée par Vladimir Poutine contre l’Ukraine le 24 février est odieuse et irresponsable. Ce choix est un crime contre la souveraineté et l’intégrité territoriale d’un pays et contre le droit international.

Il plonge le peuple ukrainien dans un cauchemar insoutenable et menace la sécurité de l’Europe et du monde. Le risque d’une escalade incontrôlable augmente chaque jour.

La situation est d’une extrême gravité.

Dans un monde si interdépendant, cette guerre est un échec pour tous, un échec pour la sécurité collective de l’Europe.

Elle montre les limites dangereuses atteintes par la militarisation des relations internationales, et son cortège de discours guerriers, de haines et de nationalismes. Nul n’a jamais guéri des meurtrissures du passé en provoquant une nouvelle guerre.



1- Immédiatement : contraindre Vladimir Poutine au cessez-le feu et stopper l’escalade guerrière

• Cessez-le-feu immédiat et sans condition, et les moyens de l’obtenir

L’objectif immédiat de la France doit être d’obtenir un cessez-le-feu sans condition, le retrait des troupes russes et l’ouverture de négociations sous égide de l’ONU. C’est le sens de la résolution votée à l’ONU le 2 mars.

Les pressions et sanctions politiques, économiques et financières contre l’oligarchie doivent contraindre le régime de Poutine à arrêter la guerre. Nous distinguons les sanctions (mesures fortes et ciblées contre l’oligarchie) de la logique de blocus (arrêt des importations) qui serait une punition collective contre le peuple russe.

Tous les leviers diplomatiques possibles pour parvenir à un cessez-le-feu doivent être actionnés.



• Souveraineté et intégrité territoriale de l’Ukraine

Le respect des souverainetés et intégrités territoriales est un fondement du droit international. La paix et la fraternité entre les peuples, l'union des travailleurs du monde entier pour leur émancipation, les libertés, souveraineté et indépendance des peuples sont constitutifs de l’engagement et de la visée communistes.

La guerre engagée par V. Poutine viole le droit international. Nul ne peut remettre en cause l’indépendance et la souveraineté de l’Ukraine.

La position du Parti communiste d’Ukraine (KPU) est claire : il défend une Ukraine fédérale et une évolution de la Constitution du pays afin de doter les régions qui le demandent de prérogatives en matière de politiques économiques et sociales au plus près des populations.


• Soutien au peuple ukrainien et aux pacifistes russes

Le gouvernement de Poutine porte seul la responsabilité de cette guerre. C’est lui qui fait le choix de violer le droit international. C’est lui qui provoque destructions, morts, blessés et exilés. Le peuple ukrainien est l’agressé. L’aide au peuple ukrainien doit être concrète, dans les domaines économiques, humanitaires, médicaux, culturels, et envers les réfugiés.

L’Ukraine a le droit de se défendre. Le PCF s'oppose toutefois à ce que la France livre des armes en Ukraine : ce serait ajouter de « la guerre de la guerre », c'est-à-dire qu'au lieu de porter les efforts sur le champ diplomatique cela reviendrait à donner les moyens de la poursuite du conflit. Or la solution au conflit n’est pas militaire, mais politique. Chaque jour supplémentaire de guerre est un jour de destruction : l'urgence est d'arrêter les combats, de faire taire les armes pour ouvrir dans la foulée des négociations politiques sous égide de l'ONU.

Le droit international interdit formellement de livrer des armes aux belligérants d'un conflit. En le faisant, la France entrerait, du point de vue de l'agresseur, dans la guerre. De plus, la France ni aucun pays ne dispose de moyens de s'assurer que ces livraisons n'alimenteront pas ensuite des réseaux de mercenaires ou terroristes. Si des armes sont livrées, de quelle nature seront-elles ? qui les acheminera et comment ? compte tenu des forces en présence sur le terrain, comment s’assurer qu’elles seraient bien remises à leur destinataire déclaré, à savoir l’armée ukrainienne ? qui les utilisera et contre qui ?

Le peuple russe pour sa part ne peut être confondu avec son régime et son président. Nous dénonçons et nous inquiétons de la montée de la russophobie en Europe. Nous exprimons notre solidarité avec celles et ceux qui partout en Russie manifestent courageusement contre la guerre en Ukraine et la répression politique. Tout-e opposant-e, toute critique de la politique de V. Poutine encoure désormais 15 ans de prison. La censure interdit à la presse de mentionner le terme même de « guerre ».

La « comparaison » avec la guerre d'Espagne est erronée : la guerre d'Espagne fut une guerre civile provoquée par la rébellion, le putsch, des forces armées espagnoles, emmenées par le Gal Franco, contre le gouvernement légal espagnol et la Deuxième république. Il ne s'agissait pas d'une guerre d'invasion par un pays voisin comme c'est le cas en Ukraine.



• Éviter l’escalade guerrière

L’idée de « zone d’exclusion aérienne » (ZEA, en anglais : no fly zone) est portée dans le débat par ceux qui considèrent qu'il faut prendre le risque d'une entrée en conflit militaire avec la Russie. Nous nous y opposons. Fermement. Une ZEA n'est pas selon le droit de la guerre et le droit international une mesure de protection des populations, ce n'est pas une mesure humanitaire ; une ZEA est une action militaire, une manœuvre au sens strict qui s'inscrit dans une stratégie et un plan de campagne militaire. Cela signifierait par conséquent l’entrée de l’OTAN et de la France en guerre contre la Russie et donc ce serait un pas significatif dans l'escalade militaire et l'internationalisation du conflit.

Le peuple ukrainien serait la première victime d'une telle décision qui n'a pas pour objectif d’arrêter la guerre et n'empêcherait en rien les bombardements de l'armée russe des villes ukrainiennes à l’artillerie.



• Sur l’entrée de l’Ukraine dans l’UE

Les Ukrainiens sont un peuple européen, tout comme le peuple russe. Ils ont parfaitement le droit de demander leur adhésion à l’UE ; mais, comme pour tous les autres peuples, celle-ci doit répondre à des conditions fixées par l'UE. Le processus d'adhésion est donc de longue durée. Dans l’état actuel des choses, l’UE ne reconnaît pas l’État ukrainien comme une démocratie répondant aux critères d’adhésion (dits critères de Copenhague). Une procédure « accélérée » ne répondrait en rien à la situation de guerre.

Qui plus est l'adhésion aujourd'hui de l’Ukraine à l’UE signifierait la généralisation du conflit aux pays membres de l'UE puisque le traité de Lisbonne a introduit, par son article 42.7, une clause de « défense mutuelle ». Celle-ci stipule qu' « au cas où un État membre serait l'objet d'une agression armée sur son territoire, les autres États membres lui doivent aide et assistance par tous les moyens en leur pouvoir ».

Par ailleurs, l’expérience atteste que l’élargissement de l’UE ne constitue en soi pas la meilleure manière d’initier une nouvelle construction européenne au service des peuples, et non plus de la finance.


• En aucun cas, une « guerre de civilisation »

Il ne s’agit en aucun cas d’une guerre entre l’ « autoritarisme » et la » démocratie ».

Les causes de cette guerre entre deux pays de type capitaliste périphérique sont d’ordre géopolitiques et stratégique. Elles sont également liées aux contradictions du régime capitaliste russe, à la fois dépendant des marchés énergétiques mondiaux et recherchant de plus en plus l’autosuffisance. Le capitalisme russe a besoin de nouvelles ressources, notamment agricoles.

Oui, le gouvernement russe est autoritaire et ultra-nationaliste. Les mesures qu’il prend désormais en Russie sont d’ordre dictatorial et il poursuit inlassablement le verrouillage de la société russe. Nous devons soutien et solidarité aux forces démocratiques et particulièrement de gauche qui se lèvent contre le régime.

D'autre part, et selon les critères de l'UE jusqu'au 24 février... l’État ukrainien ne remplit pas les « critères de Copenhague » (critères d’adhésion à l’UE) et n'est donc pas reconnu, selon les institutions européennes elles-mêmes, comme une « démocratie ». Le classement des démocraties de The Economist le place parmi les « régimes hybrides », entre démocratie et autoritarisme. La place des services de sécurité est aussi importante qu’en Russie. Des médias d’opposition ont également été interdits. Des militants de gauche pacifistes ont également été arrêtés depuis le début de la guerre. Le poids des milices d’extrême droite, est sensible puisque, par exemple, l’ancien chef du bataillon d’extrême droite Aïdar est devenu gouverneur d’Odessa ce 1er mars.



• Aide à tou-te-s les réfugié-e-s est un devoir et une responsabilité collective

Le HCR de l’ONU prévoit que la guerre va contraindre à l’exil plus de 5 millions d’Ukrainiens (soit, plus de 10 % de la population totale du pays) ; à cette heure, leur nombre atteint les 2,5 millions.

L’UE a annoncé la mise en place une « protection temporaire » pour eux, en application d’une directive européenne de 2001. Cette disposition, d’une durée d’un an, comprend : un droit de séjour, l'accès au marché du travail, l'accès au logement, l'aide sociale, l'aide médicale, un droit à la tutelle légale pour les mineurs non accompagnés ainsi que l'accès à l'éducation. Nous nous félicitons de cette mesure et nous entendons contribuer significativement à l'accueil et l'aide aux réfugiés par l'engagement de nos militant-e-s, élu-e-s, et au sein des collectivités où nous siégeons que nous soyons dans la majorité ou l'opposition.

Nous relevons que l’UE a toujours refusé d’appliquer cette possibilité aux réfugiés extra européens malgré les demandes de plusieurs de ses Etats-membres comme Malte et l’Italie en 2011 au moment de la guerre en Libye. Ce deux poids-deux mesures est non seulement une atteinte aux droits humains fondamentaux et au droit international mais inadmissible sur le plan politique. Cela confirme que la protection des réfugiés est possible, à rebours de « l’Europe forteresse » qui a causé la mort de dizaines de milliers de réfugié-e-s et migrant-e-s dans les eaux de la Méditerranée, de la Manche et de la mer d'Anjouan depuis 2011.


2- Résoudre les causes profondes du conflit et jeter les bases d'une sécurité collective paneuropéenne

• Comment porter l’exigence de sécurité collective européenne contre la logique de blocs antagonistes ?

L’ONU doit jouer son rôle. La France a une voix singulière à faire entendre, en faveur de la sécurité humaine et de la paix, du droit international et de la coopération solidaire des nations et des peuples. En toute souveraineté, elle doit jouer un rôle moteur et actif dans la sortie rapide du conflit.

Cette guerre est un échec criant pour la sécurité collective européenne. Cela montre que la manière dont elle a été construite est incapable de maintenir la paix en Europe. L’OTAN et la logique de blocs antagonistes sur laquelle l’alliance est bâtie n’évitent pas la guerre et ne répondent pas aux défis de la sécurité collective. Le rôle de l’OTAN doit donc être requestionné dans le cadre d’une conférence globale de sécurité européenne, incluant la Russie et l’Ukraine, mettant en négociation la construction d’une nouvelle architecture commune pan-européenne de sécurité collective et de paix. Il sera nécessaire, dans ce cadre, de revoir totalement la sécurité collective de l’ensemble des pays européens et poser la nécessité de remettre en cause l’OTAN.



• Le désarmement multilatéral et global est une nécessité pour tous les peuples. Il s'agit d'amorcer une dynamique de désarmement nucléaire multilatéral.

Le démantèlement progressif des accords sur l’armement est l'un des éléments de l’engrenage qui a conduit à la guerre en Ukraine. Il est nécessaire d'engager rapidement un processus inverse par un désarmement multilatéral et global, l’arrêt de l’augmentation des budgets militaires et la dénucléarisation dans le monde. Le traité international d’interdiction des armes nucléaires (TIAN) de l’ONU, entré en vigueur en janvier 2021, nous fournit un cadre que la France doit saisir pour être à la hauteur de ses responsabilités. La France doit assister comme observatrice de la première réunion internationale des signataires du traité qui doit se tenir à l'été 2022 – L'Allemagne et la Norvège, non signataires du traité à cette heure, viennent d'annoncer leur participation comme pays observateurs.

Contrairement à ce qui se dit sur les plateaux de télévision, il existe dans l’histoire récente des processus négociés de réduction des armements stratégiques entre les États-Unis et l’URSS, puis la Russie : les accords START I de 1991, START II de 1993, START III de 1997 et NEW START de 2010.



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« Comment en est-on arrivé là ? »

L’Ukraine partage avec la Russie un berceau médiéval commun. C’est une société pluriculturelle et bilingue. Le sentiment national ukrainien se cristallise au XIXe siècle autour de la question paysanne. Il se divise en plusieurs tendances. On peut citer :Un courant national progressiste, combinant émancipation sociale, démocratique et nationale, qui est celui des débuts de l’expérience soviétique. La position du gouvernement soviétique en 1919 stipule : « L’Ukraine est la terre des ouvriers et des paysans travailleurs ukrainiens. Ce sont seulement eux qui ont le droit de gouverner et de diriger en Ukraine et y édifier une vie nouvelle ».Un nationalisme ethniciste, russophobe, qui sombre dans l’antisémitisme. C’est le cas, mais pas uniquement, des troupes nationalistes de Simon Petlioura (1918-1919), puis de l’Organisation nationaliste ukrainienne de Stepan Bandera, clairement fasciste, de l’Armée insurrectionnelle ukrainienne et de la division SS « Galicie », dont les symboles ont aujourd'hui à nouveau pignon sur rue en Ukraine.

Indépendances, restauration capitaliste et nationalisme

La dislocation de l’URSS en 1991 s’accompagne de la restauration capitaliste et de l’essor des nationalismes, en Russie et en Ukraine.

En Russie

Le capitalisme est de nature rentière, fondée sur la captation des richesses produites par les hydrocarbures. Le fait national russe joue un rôle déterminant dans la chute de l’URSS. Il puise dans le nationalisme « grand russe », que dénonçait déjà Lénine. Poussé à l’extrême, ce nationalisme dénie à l’Ukraine et à la Biélorussie le droit à l’indépendance et à l’autodétermination des peuples.

Depuis 2008, le gouvernement russe enclenche un programme de réarmement et instaure une nouvelle doctrine d’emploi nucléaire en 2020.

En 2014, le régime de Vladimir Poutine, pour sortir d’une crise intérieure grave, annexe unilatéralement et illégalement la Crimée. Le pouvoir accroît son autoritarisme et la répression contre les opposants et prend désormais des mesures dictatoriales. Ses liens avec l’extrême droite européenne sont documentés.

En Ukraine

La restauration capitaliste a pour conséquence la mise en place d’un système d’arbitrage, assez instable, entre les différentes fractions de l’oligarchie. En 30 ans, le PIB ukrainien par habitant a reculé de 25 %. Le pays a subi un déclassement massif. Son niveau de PIB par habitant est désormais inférieur de 31 % à la moyenne mondiale.

Le fait national ukrainien s’impose peu à peu aux divisons linguistiques. Le pouvoir oligarchique utilise le nationalisme comme outil politique. Le poids des nationalistes d’extrême droite, et de leurs milices, ne cesse de se renforcer, singulièrement depuis 2014 et Maidan.

La sécurité collective européenne dans les années 1990

1990 : charte de Paris

Le sommet de Paris, réunissant 34 États européens, adopte une charte « pour une nouvelle Europe » stipulant « l'ère de la confrontation et de la division en Europe » « révolue » : « Nous déclarons que nos relations seront fondées désormais sur le respect et la coopération. »

1994 : Mémorandum de Budapest

L’Ukraine et la Russie reconnaissent mutuellement l’intégrité de leurs frontières.

L’Ukraine est dénucléarisée, en échange de quoi la Russie s’engage à « s'abstenir de toute menace ou usage de la force contre l'Ukraine ». La Russie et l’Ukraine signent un traité d’amitié en 1997.

Après la dissolution du pacte de Varsovie, des opportunités historiques se sont ouvertes pour se débarrasser de l’affrontement des blocs et ouvrir la voie au désarmement. L’OTAN aurait dû être dissoute mais c’est tout le contraire qui a été fait.

Expansion et renforcement de l’OTAN

Différents documents récemment déclassifiés par Der Spiegel montrent qu'au moment de la réunification allemande (1990), un engagement tacite a été pris vis-à-vis de la Russie de ne pas étendre l’OTAN « au-delà de l’Elbe », offrant ainsi des garanties aux Soviétiques.

Entre 1999 et 2004, Bill Clinton permet l’adhésion de 12 pays de l’ancien bloc de l’Est à l’OTAN, parmi lesquelles d'anciennes républiques soviétiques. Cet élargissement a été critiqué par des membres de l’administration américaine : George Kennan, théoricien de la guerre froide, dit en 2000 que « l’élargissement de L’OTAN vers l’Est peut devenir la plus fatale erreur de la politique américaine depuis la guerre ». Robert Gates, ex-directeur de la CIA puis chef du Pentagone, reconnaît en 2014 que cette stratégie « fut une erreur » en regrettant « l’arrogance » occidentale.

2008 : Au sommet de l’OTAN de Bucarest, l’adhésion de l’Ukraine et de la Géorgie à l’OTAN est remise « ultérieurement », en particulier du fait de l’opposition française et allemande. C'est donc que cette adhésion était bien, alors, déjà à l'ordre du jour.

A partir de 2010, l’OTAN amorce une implantation militaire dans certains des pays d’Europe de l’Est par le déploiement du « bouclier anti-missile ». Ce mouvement est interprété par la Russie comme un geste agressif.

En 2016, au sommet de l’OTAN de Varsovie, l'Alliance finalise l'installation de bataillons multinationaux dans les pays baltes et en Pologne.


Réactions russes

En 2008, le président russe Dmitri Medvedev propose la négociation d’un traité de sécurité collective pan-européen. Il ne recevra aucune réponse des pays occidentaux. La Russie s’inquiète dès lors de l’expansion et du renforcement de l’OTAN. Et, la même année, Vladimir Poutine déclare : « L’apparition d’un bloc puissant à nos frontières est considérée en Russie comme une menace directe contre notre sécurité ».

Le renforcement de l’OTAN agira comme l'un des carburants du raidissement nationaliste du régime russe.

Détricotage des accords sur l’armement

En 2019, les États-Unis se retirent unilatéralement du Traité international sur les forces nucléaires de portée intermédiaire (FNI/INF) immédiatement suivis par la Russie.

Les arsenaux nucléaires américains et russes représentent à eux deux 90 % du total mondial. La Russie en possède 6 000 têtes nucléaires et les États-Unis 5 500.

Entre 1 600 et 1 800 têtes nucléaires sont actuellement effectivement déployées.

Évolutions en Ukraine

En 2014, des manifestations place Maïdan motivées par des revendications sociales et démocratiques, férocement réprimées dans le sang, seront infiltrées massivement par des forces d’extrême droite aux visées insurrectionnelles, sur lesquelles s'appuie le gouvernement ukrainien. Lors des émeutes, un incendie criminel, resté impuni, éclate dans la Maison des syndicats d'Odessa faisant 43 morts. Ianoukovitch est destitué et fuit le pays. Le pouvoir ukrainien dirigé par Petro Porochenko à partir de juin 2014 déclenche de premières actions militaires visant les populations russophones de l'est de l'Ukraine : la guerre du Donbass commence. La même année, pour taire toute opposition démocratique, P. Porochenko introduit une procédure d’interdiction du Parti communiste d’Ukraine (KPU).

La Russie annexe unilatéralement la Crimée, région multiculturelle et plurilingue. Partie de la Russie soviétique, elle a été cédée à l’Ukraine soviétique en 1954, lors du 300e anniversaire du traité rattachant une partie de l’Ukraine actuelle à la Russie.

Après les indépendances, la Crimée proclame brièvement son indépendance en 1992 avant de reconnaître son appartenance à l’Ukraine dans un cadre de large autonomie. La Russie reconnaît ce rattachement en 1997.

Après l’annexion par la Russie en 2014, l’Ukraine bloque l’acheminement de l’eau du Dniepr.

Dans le Donbass, deux républiques autoproclamées font sécession à Donetsk et à Lougansk. La guerre civile ukrainienne a fait près de 15 000 morts depuis 2014, et 1,5 million de réfugiés ont quitté la région. Les bataillons d’extrême droite ukrainiens se livrent à des exactions effroyables sur les populations et plus de 5 000 plaintes sont adressées à la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) mais jugées « irrecevables ».

2015 : avec les accords de Minsk, un cessez-le-feu est enfin conclu, comprenant une dimension politique et sécuritaire pour les populations du Donbass. Les accords de Minsk sont garantis par la Russie, l’Ukraine, l’Allemagne et la France dans le « groupe Normandie » (les premiers contacts avaient été pris lors des commémorations du Débarquement). Le gouvernement ukrainien s’engage à mettre en place un « statut spécial » pour le Donbass et à l’inscrire dans la constitution ukrainienne. Il ne le fera jamais.

2019 : l’Ukraine dénonce le traité russo-ukrainien de 1997 et inscrit dans la constitution la perspective de rejoindre l’UE et l’OTAN ; mais ces derniers déclarent que cela est impossible à court terme.

Au cours des années 2020 et 2021, des tensions extrêmes réapparaissent dans le Donbass mais aucun pays occidental n’agit réellement pour l’application des accords de Minsk. La Russie commence à masser des troupes aux frontières. Dans la même période, les États-Unis et plusieurs pays européens parmi lesquels la Grande-Bretagne et la France fournissent à Kiev des armes et du matériel militaire ; les livraisons se dérouleront jusqu'à la veille du déclenchement de la guerre, le 24 février, par la Russie.

2022 : La Russie amplifie la concentration de troupes à la frontière. Parallèlement, elle réitère une offre de traité de sécurité collective qui n’est pas prise en considération par les pays occidentaux.

La Conférence sur la sécurité du 18 au 20 février à Munich ne débouche sur aucune solution.

Le 21 février, dans un discours violent où il dénie à l’Ukraine son droit même à l’existence en tant qu’État, Vladimir Poutine reconnaît l’indépendance des républiques sécessionnistes du Donbass. Il déclare la guerre contre l’Ukraine le 24 février.



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Communiqué de Fabien Roussel, secrétaire national du PCF, 24 février 2022 :
https://www.pcf.fr/ukraine_non_a_la_guerre_la_france_doit_porter_urgemment_une_offre_de_paix_pcf

Cartes : https://information.tv5monde.com/info/l-ukraine-theatre-perilleux-de-la-rivalite-entre-l-otan-et-la-russie-436905

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ANNEXE – Sélection de communiqués du PCF, les deux numéros spéciaux sur l'Ukraine du bulletin du secteur International du PCF (LRI) et d'articles parus dans CommunisteS ou dans la LRI (2014-2022)

LRI février 2014: https://fr.calameo.com/read/002838012e677ec06474a

LRI avril 2015 : https://vdocuments.fr/ukraine-comprendre-les-enjeux-lri-.html?page=1


Le PCF se réjouit qu'un accord ait été trouvé à Minsk (Biélorussie) entre toutes les parties prenantes à la crise ukrainienne afin d'instaurer un cessez-le-feu dès dimanche 15 février. C'est pour les populations ukrainiennes un espoir qu'il ne faut pas gâcher.

La feuille de route préparée par le Groupe de contact a été signée par les représentants de Kiev et de ceux du Donbass, sous l'égide de la Russie et de l'OSCE. Le premier point de l'accord porte sur un cessez-le-feu qui entrera en vigueur le 15 février à minuit. Le deuxième point vise au retrait des belligérants et des armes lourdes avec la création d'une zone tampon.

Il est important que cet accord entériné en présence du président ukrainien Petro Porochenko, du président russe Vladimir Poutine, de la chancelière allemande, Angela Merkel, et du président François Hollande entre effectivement en vigueur et que chacun veille à ce que le cessez-le-feu soit respecté.

Ceux qui faisaient pression pour la livraison d'armes supplémentaires et l'élargissement du conflit en sont pour l'instant pour leurs frais. L'Accord de Minsk est la démonstration que seule une solution politique et diplomatique peut mettre un terme à un conflit qui ensanglante l'Ukraine depuis de trop longs mois, avec un bilan tragique de plus de 5 000 morts et un million de réfugiés.

C'est la preuve qu'on peut imposer le silence des armes et faire reculer les bellicistes dans tous les camps. C'est aussi la confirmation de la nécessité de garantir la neutralité de l'Ukraine.

Aujourd'hui, avec l'appui des peuples, des forces de progrès et du mouvement pacifiste, tout doit être entrepris pour la pleine application de ce nouvel accord de Minsk.

C'est cette vigilance et mobilisation pour la paix et le règlement politique du conflit, c'est la solidarité des peuples pour le retour à la paix qui aideront au respect des accords et le respect des engagements respectifs afin que les Ukrainiens retrouvent la maîtrise de leur destin ; car, après le cessez-le-feu, il faudra contribuer à ce que les Ukrainiens résolvent par la négociation sous égide de l'OSCE les questions qui sont au cœur du conflit, déterminent les solutions politiques permettant de garantir l'intégrité territoriale de l'Ukraine et de résoudre le problème du statut du Donbass en respectant la voix des citoyens ukrainiens.

Plus que jamais, il est temps de revivifier l'esprit d'Helsinki (1975) pour construire un cadre de paix, de coopération et de sécurité commune pour une Europe de « l'Atlantique à l'Oural ».


*CP- Février 2015 : Le PCF exprime sa solidarité au Parti communiste d'Ukraine (KPU), http://international.pcf.fr/80215



*ARTICLE Lettre des relations internationales – bulletin du secteur International du PCF

P. Kamenka – Février 2016 : Ukraine : un an après les accords de Minsk, quelle issue ?

La sortie de la crise ukrainienne reste pour l'heure introuvable, du fait du blocage par Kiev des accords de Minsk signés le 12 février 2015 entre l'Ukraine, la Russie, la France et l'Allemagne visant à mettre un terme au conflit qui a fait près de 9000 morts et un million et demi de déplacés.

Aggravation de la situation économique et politique

La guerre entre les oligarques ukrainiens perdure plongeant le pays dans une situation économique et sociale de plus en plus tendue dont la population fait les frais, avec un PIB en recul de 18% depuis deux ans. Sur le plan politique, ces guerres intestines ont conduit le Premier ministre ukrainien, Arseni Iatseniouk, dont le taux de satisfaction était tombé à 8%, à présenter sa démission au président Petro Porochenko. L'image du chef de l'Etat est, elle aussi, dégradée après les révélations des « Panama papers » sur les scandales de l'évasion de sa fortune vers les paradis fiscaux. Le tandem au pouvoir était clairement miné depuis des mois sur fond de détournement des prêts accordés par l'Union européenne et le FMI qui a déjà versé 6,7 milliards de dollars depuis le début de la crise en 2014.

Le pays est en quasi faillite ne devant sa survie qu'aux perfusions prodiguées par l'Occident. Volodymyr Groysman, qui succède à Arseni Iatseniouk, cherche à rassurer les bailleurs de fonds de l'Ukraine en affirmant la nécessité de mettre en place les réformes avec en priorité la poursuite « de l'intégration européenne ».

Mais pour nombre d'observateurs, le départ de Iatseniouk, homme lige des Occidentaux, est un signe de la perte de confiance de plusieurs capitales européennes devant le refus du président Petro Porochenko et de son gouvernement de réaliser les termes de l'accord de Minsk en particulier sur la décentralisation.

Les accords de Minsk dans l'impasse

Cette situation de blocage inquiète la France et l'Allemagne qui misaient sur une résolution de la crise en Ukraine au moment où la Russie est de plus en plus incontournable sur le dossier syrien. Mais l'échec est fondamentalement d'essence politique, avec un parlement ukrainien qui a rejeté toute idée de décentralisation sous la pression des formations ultranationalistes. La première lecture du projet de loi de décentralisation, en août 2015, avait débouché sur des émeutes devant le Parlement à Kiev : quatre policiers avaient été tués.

Sur le plan militaire, les accrochages subsistent entre les forces ukrainiennes et celles du Donbass, même si ils sont de moindre intensité depuis ces accords. Les deux parties s'installant de facto dans un climat de « ni guerre ni paix » de part et d'autre de la ligne de conflit dans cette ex-République soviétique de quelque 43 millions d'habitants.

Hormis les clauses sur les aspects militaires qui ne se sont que partiellement réglées, les accords politiques stipulaient qu'un statut spécial – une sorte d'autonomie – devait être attribué à l'Est de l'Ukraine (Donetsk et Lougansk), ce qui ouvrait la voie au contrôle par Kiev de la frontière entre l'Ukraine et la Russie (articles 9 et 11 de l'accord). Le point 4 de l'accord prévoyait également des élections locales libres, sous supervision de l'OSCE, dans les zones des républiques autoproclamées de Donetsk (DNR) et Lougansk (LDR). Ces dernières avaient accepté en octobre après la rencontre à Paris en formation « Normandie » (Russie, Ukraine, France, Allemagne) la demande de reporter les élections.

Sur le plan économique, depuis le 1er janvier, l'accord d'association entre l'UE et l'Ukraine signé en juin 2014 est entré partiellement en vigueur, alors que les accords de libre échange avec Moscou sont caducs. Des droits de douanes et un embargo sur certains produits ont été imposés par Moscou avec des pertes estimées à quelques 820 millions d'euros au détriment de l'Ukraine. Kiev a répliqué par la mise en place de droits de douanes sur les produits importés de Russie et le refus de rembourser la dette gazière de trois milliards d'euros. Les liaisons aériennes ont été suspendues entre les deux pays.

Dans le Donbass, la situation n'est guère plus facile pour les trois millions d'habitants dont les retraites ne sont toujours pas versées par Kiev et où le rouble russe supplante la grivna ukrainienne.

L'exigence d'un nouvel accord sur la sécurité en Europe

L’OTAN poursuit sa politique d'avancée vers l'espace ex-soviétique : les ministres de la Défense des 28 pays alliés viennent d'approuver « une présence avancée dans l'Est de l'Alliance » atlantique, selon le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg.

Il s'agit de prépositionner des forces dans les Etats baltes et en Pologne, et d'organiser régulièrement des manœuvres conjointes en s'appuyant sur la force de réaction rapide. À terme, l’OTAN aura un millier de soldats en Lituanie, Lettonie, Estonie, Pologne, Bulgarie et Roumanie.Une stratégie que Moscou dénonce comme un « stationnement permanent » de troupes combattantes à sa frontière jugé contraire à l'acte fondateur OTAN-Russie, signé en 1997.

L'aggravation d'une part de la situation politique et sociale à laquelle contribuent fortement les décisions arbitraires et liberticides de Kiev, tout comme les conséquences de l'application de l'accord d'association avec l'UE ; et d'autre part, l'impasse dans laquelle se trouvent les discussions de Minsk pour sortir du « conflit gelé » avec la Russie ; doivent contribuer à rechercher des solutions acceptables pour tous les peuples concernés. Celles-ci doivent trouver une matrice commune à la fois dans la mise en cause des contraintes ultralibérales d'accords d'association imposés unilatéralement et dans la nécessité de parvenir à débloquer la discussion avec la Russie, en allant vers un nouvel accord sur la sécurité en Europe.

Patrick Kamenka
Membre de la commission des relations internationales du PCF


*CP – 27 novembre 2018 : Crise du détroit de Kertch : pour une initiative diplomatique immédiate, http://international.pcf.fr/109371



*CP – 6 février 2019 : Non à la censure du Parti communiste d’Ukraine, oui au pluralisme en Ukraine ! http://international.pcf.fr/110317



*CP - 9 septembre 2019 : Russie/Ukraine: l’échange de 70 prisonniers doit être un pas en avant vers un règlement négocié, http://international.pcf.fr/112700



*CP – 8 décembre 2019

Sommet sur l'Ukraine : Le gouvernement français doit faire pression pour le retour à la paix (PCF)

Le sommet dit du «format Normandie» réunit aujourd'hui à Paris l'Ukraine, la Russie, l'Allemagne et la France. Il est temps d'aller au-delà des déclarations d'intention et de mettre en place des mesures concrètes pour mettre fin à un conflit meurtrier qui a fait au moins 13 000 morts et 1,5 million de déplacés depuis 2014 dans l'est de l'Ukraine. Il est urgent que cesse l'effusion de sang en Ukraine!

Le gouvernement ukrainien et le nouveau président Volodymir Zelinski, élu sur l'espoir d'un retour à la paix, ont de nombreuses cartes en main pour mettre en œuvre concrètement les accords de Minsk et la «formule Steinmeier». Le gouvernement français doit faire pression pour qu'il les utilise.

«Ouvrir un large dialogue pan-européen sur la paix, la coopération et la sécurité collective en Europe.»

Le PCF soutient les demandes suivantes, qui ont été à de nombreuses reprises formulées par le Parti communiste d'Ukraine et les forces de gauche et pacifistes ukrainiennes:

1. Pour l'ouverture d'un large dialogue national à l'échelle de l'Ukraine tout entière, en y incluant les territoires non contrôlés par Kiev à l'Est, de l'ensemble des forces sociales, citoyennes et politiques, pour déterminer le chemin d'un retour à la paix, les mécanismes pour un réel cessez-le-feu et les conditions pour obtenir un large accord citoyen dans le pays.

2. Pour la mise à l'ordre du jour de la fédéralisation du pays et de l'évolution de la Constitution du pays afin de permettre aux régions qui le demandent de pouvoir régler les problèmes humanitaires, économiques et sociaux au plus près des populations.

3. Pour l'ouverture d'un dialogue direct sur l'application des Accords de Minsk entre le gouvernement ukrainien et les représentants des territoires non contrôlés par Kiev dans les régions de Donetsk et de Lougansk.

4. Pour la neutralité de l'Ukraine, afin de la soustraire à l'influence de l'OTAN.

La question est désormais posée d'ouvrir un large dialogue pan-européen sur la paix, la coopération et la sécurité collective en Europe, en y incluant la Russie.

Le PCF appelle à ce que les déclarations d'Emmanuel Macron sur la nécessité d'un «dialogue stratégique» avec la Russie soient suivies d'effets. L'heure est à une conférence sur le modèle de celle d'Helsinki débouchant sur un traité pan-européen de coopération, de paix et de sécurité collective.

Le PCF appelle au départ de la France de l'OTAN et à la dissolution de ce dernier. C'est urgent et nécessaire pour stopper la course aux armements et les bruits de bottes en Europe!

Parti communiste français
Paris, le 8 décembre 2019


*ARTICLE paru dans CommunisteS – 15 février 2022 : https://www.pcf.fr/europe_orientale_la_france_doit_prendre_l_initiative_d_une_conference_de_sec urite_collectiv

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