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PCF: retroussons nos manches et en avant avec confiance !


Auteurs et autrices de la tribune : Yves Dimicoli, Frédéric Boccara, Gisèle Cailloux, Jean-Louis Cailloux, Jean Chambon, Denis Durand, Jean-Marc Durand, Cédric Goulmot, Paul Huttl, Pascal Joly, Alain Morin, Christian Poirson, Patricia Tejas, Evelyne Ternant, Pirrottina Michel.

Il est temps de donner une nouvelle dynamique à la campagne du PCF pour l’élection présidentielle. Cela appelle une large implication créative de chaque communiste du bas en haut. Il nous faut passer à une phase de pédagogie politique sur les idées à l’appui des luttes. À partir des problèmes concrets qui assaillent les gens et les font aspirer à une autre vie, le projet communiste peut donner une perspective. Il peut faire avancer des idées dès maintenant et des mobilisations pour après. C’est ainsi que l’on donnera à voir l’utilité et la cohérence transformatrice, l’apport original à gauche des propositions novatrices communistes adoptées lors de notre dernière conférence nationale, confirmant celles de notre congrès et du Manifeste.

À six mois de la présidentielle, déclenchons un véritable branle-bas de combat. Notre texte vise à réveiller le PCF. Armé de ses idées novatrices, le PCF est le seul parti à gauche à pouvoir se placer à la hauteur des formidables défis sociaux, sociétaux, économiques, démocratiques, technologiques et moraux que doivent affronter la France et toute l’humanité. C’est pour cela que le vote pour le candidat qui entend porter ses idées est le seul vote efficace pour changer la donne à gauche et dans le pays.

Le manque de visibilité de Fabien dans l’opinion, pour le moment, malgré de nombreuses prestations dynamiques et un capital de sympathie, pourrait tenir à deux choses : d’une part une insuffisance de perception et de promotion de l’originalité radicale de notre projet, d’autre part une récupération de notre posture par le système présidentialiste qui tend à couper l’élection des luttes et à exiger des recettes appliquées d’en haut par l’État.

Impliquons-nous pour la promotion des idées communistes novatrices. Tenons très haut l’étendard du combat moderne contre le capital et de l’issue à la crise de son système. La société appelle à retrouver du sens.

Deux enjeux majeurs dominent en réalité l’élection présidentielle : la crise qu’il faut conjurer et qui peut se déchaîner probablement juste après la présidentielle ; l’organisation du monde qu’il faut transformer pour relever le triple défi commun à l’humanité ― changement climatique, guerre économique, voire militaire, développement commun et coopératif.

Or nous pouvons porter un projet communiste déclinable en propositions précises et cohérentes visant à rassembler ceux qui souffrent, qui contestent, et cherchent, à l’appui de leurs luttes et aspirations, les voies possibles d’une société nouvelle. Il ne s’agit pas de se contenter de promettre des pansements pour ceux qui souffrent le plus du système, ni à énoncer quelques correctifs de ses règles. Tenons bien ces deux bouts — projet et propositions radicales donnant à voir le sens et le début d’une transformation possible – sans confondre présidentielle et législatives. C’est aussi la meilleure façon de préparer les législatives. Porteur d’une originalité, d’une valeur ajoutée par rapport aux autres, la déclinaison de ce projet sera le produit d’un travail collectif associant à la détermination du candidat l’expertise politique et citoyenne de tous les communistes.
Face à la crise, le capital sur la défensive

La crise est, pour les communistes, la base d’une contre-offensive constructive rassembleuse, car, elle ne cesse de s’exacerber. Cela résulte des tentatives de réponses capitalistes pour continuer « quoi qu’il en coûte » de faire prédominer une seule règle : l’argent des profits, des fonds publics et, surtout, du crédit doit servir à faire toujours plus d’argent, contre la vie, contre l’avenir de milliards d’êtres humains et de tout le système du vivant.

C’est devenu si destructeur, désormais, que cette civilisation et les forces qui la défendent sont confrontées elles-mêmes à des problèmes existentiels.

Ces forces craignent, à juste titre, que la pandémie de la Covid-19 redouble, comme aux États-Unis où l’on compte plus de 700 000 décès. Ce rebond ferait écho au refus de donner les moyens aux pays pauvres d’accéder à la vaccination, refus favorisant ainsi l’émergence de variants résistants aux vaccins disponibles. Dans ce cas, le fait d’avoir continué, comme en France, à déshabiller l’hôpital public précipiterait une nouvelle catastrophe sanitaire et sociale. Et la reprise mondiale, inégale, à l’œuvre depuis les progrès de la vaccination ralentirait jusqu’à faire s’écrouler l’énorme pyramide de dettes accumulées pour, au nom de la lutte contre la pandémie, continuer de faire prospérer le capital financier.

Elles craignent cette inflation nouvelle des prix à la consommation qui va raboter le pouvoir d’achat populaire. Grâce à la « planche à billets » des banques centrales, en effet, des masses colossales d’argent public ont été déversées. Mais captées surtout par les marchés financiers, elles n’ont donc pas servi à créer suffisamment de richesses nouvelles répondant aux besoins. En visant avant tout à sauver les profits, elles ont fait exploser les cours boursiers et bondir les revenus du capital, alors que continue de faire rage la déflation sociale. C’est une inflation des profits et du capital.

Ces forces craignent donc que la souffrance et la colère finissent par faire se retourner contre elles – bien au-delà des gilets jaunes – toutes les victimes des politiques économiques qu’elles s’évertuent à imposer, en particulier en France.

Elles craignent que les nouvelles coupes dans les dépenses publiques et socialesque leurs mandataires doivent faire, pour sortir du « quoi qu’il en coûte » et garder la confiance des marchés, fassent se lever et s’unir la foule immense de tous ceux dont la qualité de vie et de travail dépend crucialement de celle des services publics, de la protection sociale, bref de notre modèle social que le capital veut dépecer. Elles savent que cela peut susciter une contestation encore plus forte de la construction européenne actuelle susceptible de rendre disponibles beaucoup de gens pour imposer une tout autre construction, répondant aux exigences des peuples et non à celles du capital.

Elles craignent que la conscience nouvelle des défis écologiques si considérables amènent à une contestation radicale s’étendant à toute la société d’un système qui, régulé par le taux de profit via les prix de marché, ne peut que détruire le vivant aujourd’hui, malgré toutes les velléités d’amendements « verts » du capitalisme, parce qu’il donne la priorité à l’investissement matériel et financier au lieu de s’appuyer d’abord sur l’essor des capacités des femmes et des hommes. Ce système déchaîne les exigences de rentabilité financière utilisant la révolution informationnelle pour nourrir le capital, détruire l’emploi, rallonger le temps de travail et en faire baisser le « coût », épuiser la nature.

Elles craignent que monte l’exigence d’une autre organisation du monde, de traités de maîtrise des échanges pour le développement des biens communs contre les monopoles financiers ou informationnels comme ceux des GAFAM, l’exigence d’une coopération pour le codéveloppement et l’émancipation de tous les peuples.

Elles craignent que monte l’exigence d’une nouvelle culture d’émancipationféministe, anti-raciste, de la conjugaison des singularités personnelles, des genres, des générations pour la fraternité et un nouvel humanisme.

Aussi ces forces et leurs relais politico-médiatiques tentent de distribuer des petites compresses comme le misérable « chèque énergie » de Macron qui refuse d’augmenter franchement le SMIC. Ils tentent de détourner l’attention en encourageant la haine des immigrés faits bouc émissaires, le racisme et la xénophobie, la peur des banlieues qu’ils laissent pourrir. Ils nourrissent le terreau de l’antisémitisme. Après cinquante années d’humiliation du monde du travail et de la création décrété, en France, « plus mauvais que chez les concurrents, trop coûteux, fainéant… », ils appellent même les rats pétainistes à sortir des égouts pour tenter de capter ce sentiment national écorché.

Il faut absolument changer de braquet et porter plus audacieusement les contenus décidés à notre congrès et confortés par les 10 points de notre conférence nationale. Ils sont à même de convaincre que notre candidature pour l’élection présidentielle ne vise pas à en rajouter au nombre de candidats à gauche et diviser, bien au contraire.
L’irremplaçable apport communiste

Notre candidat avec le PCF, en alliant luttes populaires et projet, est le seul à pouvoir proposer les moyens de répondre aux attentes de protection et de promotion de tout le monde du travail et de la création, des plus démunis aux plus qualifiés, de la jeunesse, dans la diversité de leur situation et dans la communauté grandissante de leurs intérêts face à l’exploiteur collectif. Il répondrait aussi aux attentes d’émancipation de chacune et chacun à l’opposé des dominations, ainsi qu’aux attentes d’une contribution de la France à un nouvel ordre coopératif et progressiste du monde et de l’Europe.

Il faut sortir du chômage, de la précarité, des risques de déclassement, de l’insécurité sociale, de l’insuffisance de formation, des bas salaires. C’est cela qui conditionne toute la vie au travail et hors travail et tient à l’essence même du capitalisme devenu financier et plus dangereux que jamais. Cela exige un changement de paradigme :
En ouvrant les chantiers immédiats de construction d’un système de sécurité d’emploi, de formation et de revenu pour chacun.e ;
En assurant la défense et la promotion de tous les services publics, en particulier la santé et l’éducation nationale ;
En engageant le combat pour une nouvelle industrialisation de la France, faisant coopérer étroitement services, recherche, industrie et services publics, pour la transformation productive écologique et des coopérations internationales de partage contre la mise en concurrence et le dumping social. Cela paraît d’autant plus nécessaire et urgent face à la promesse, en ce domaine, d’un plan de 30 milliards d’euros sur cinq ans faite par Macron, avec tout pour le capital et rien ou presque pour les capacités humaines, la formation, les salaires, les services publics. Elle a tout pour déboucher sur les mêmes désastres et déconvenues que les plans précédents du même type. Aux ordres de la rentabilité financière, ils n’ont fait qu’aggraver le chômage, le gâchis de capitaux, les inégalités sociales et territoriales, l’enfoncement de la France ;
En s’engageant dans une réorientation profonde de la construction européenne pour s’avancer dans la construction d’une mondialisation de co-développement et de partage ;
En engageant une véritable révolution écologique des productions et des modes de vie ;
En engageant une révolution démocratique et des libertés.

Cela demande de conjuguer luttes de résistance et exigence de nouvelles institutions pour briser le monopole des capitalistes sur l’utilisation de l’argent. Cela demande de conjuguer luttes pour défendre les libertés et la démocratie représentative avec la conquête de nouveaux pouvoirs décisionnels d’intervention des salariés dans les gestions d’entreprises. Ainsi on les obligerait, avec de nouveaux critères d’investissement, à répondre aux besoins de développement de toutes les populations en s’attaquant au coût du capital, à ses pouvoirs et à sa logique.

Nous sommes les seuls à relier emploi, formation, salaires, nouvelle production écologique et émancipation dans un projet politique, un projet de société, une visée majeure qui porte le nom de « sécurité d’emploi ou de formation ». Cela implique des changements institutionnels profonds et de logique de fonctionnement des entreprises, des banques, de l’Etat. Ce projet implique la conquête de pouvoirs nouveaux, la mobilisation de moyens financiers et la création d’institutions nouvelles, nationales, mais aussi territoriales et internationales. Ce projet peut donner un sens à tout un ensemble de luttes et de mobilisations à la fois sociales et sociétales, de résistance et de construction.

Nous sommes les seuls à proposer de rompre avec une société de délégation des pouvoirs aux sommets de l’État, des entreprises et des banques, des services et collectivités, pour une nouvelle démocratie d’intervention.

Nous sommes les seuls à proposer la tenue de conférences régionales et nationale permanentes pour l’emploi, la formation, les salaires et la transformation productive, avec la conquête de pouvoirs décisionnels des salariés, des populations et de leurs élus sur les choix d’investissement et de financement des entreprises. Ce serait une base sérieuse pour aller vers une nouvelle démocratie. C’est tout autre chose qu’une énième conférence uniquement salariale, proposée par différents sociaux-démocrates voire par certains libéraux. C’est tout autre chose qu’une conférence uniquement écologique et uniquement citoyenne, coupant l’écologie de tout le reste. Car tout cela laisserait aux patrons et aux critères du capital le « privilège de la décision », si cher à G. Roux de Beyzieux, le président du Medef.

Nous sommes les seuls à proposer la création de Fonds régionaux et nationalpour sécuriser l’emploi, la formation, le revenu et l’environnement en faisant levier sur les banques et les entreprises. Il s’agirait, ce faisant, de faire progresser une nouvelle sélectivité du crédit jusqu’à revendiquer une maîtrise sociale et démocratique de l’immense pouvoir de création monétaire de la BCE aujourd’hui asservi aux marchés financiers.

Nous sommes les seuls à exiger que la monnaie créée par la BCE serve à une puissante relance en coopération de tous les services publics en Europe, via la création d’un Fonds « ad hoc » doté d’une gouvernance démocratique.

Nous sommes les seuls à nous prononcer pour une nouvelle appropriation sociale des grandes entreprises et des banques, un nouveau type de nationalisations, au-delà des nationalisations étatistes, celles qui ont certes contribué aux « jours heureux » d’après-guerre mais dans un contexte de reconstruction du pays et, plus encore, au-delà de celles qui en 1981-82, faute de pouvoirs aux salariés, aux citoyens, n’ont pas rompu avec les critères capitalistes. Il s’agirait de donner corps à de véritables pôles de coopérations et de partages pour structurer et animer des filières de production et de services liés, gage d’une nouvelle industrialisation, comme pour la santé où cela est devenu si vital.

Nous sommes ainsi les seuls, en tant que parti, à vouloir faire se conjuguer luttes sociales et luttes écologiques pour briser les verrous capitalistes qui font plonger des dizaines de millions de nos compatriotes dans la détresse ou l’angoisse sociales et détruit la niche écologique vivante des humains. Nous portons une vision de dépassement du capitalisme et du libéralisme, à l’appui de ces luttes, vers une société de partage, une nouvelle civilisation de toute l’humanité.

La période exige beaucoup de ténacité et de pédagogie politique sur les idées communistes novatrices. Notre campagne doit aiguiser le débat de fond autour de cinq grands enjeux :
La mise en cause des pouvoirs et des coûts du capital sur les entreprises et leurs coopérations ;
La sécurisation de l’emploi-formation et du revenu avec une mobilité ascensionnelle et choisie par chacun.e tout au long de sa vie active ;
La démocratisation profonde de la société fondée sur la conquête de pouvoirs d’intervention décisionnels des salariés et des populations dans tout le champ des activités économiques et sociales ;
L’unification des champs de luttes émancipatrices sur le social et le sociétal au lieu de leur coupure, voire de leur mise en opposition ;
Cela, en France, en Europe et jusqu’à l’échelle de toute la planète.

Il est des plus important que, du haut en bas de leur parti, les communistes s’approprient ces enjeux, se mettent en mouvement et poussent l’ensemble du parti avec détermination dans la campagne de la présidentielle avec notre candidat qu’ils ont désigné démocratiquement. Elles et ils devront vaincre les inerties qui peuvent encore exister ici ou là. Elles et ils ont la capacité de renverser les schémas préétablis et d’ouvrir avec cette élection et les législatives qui suivront une voie d’espoir pour construire un processus de transformation de notre société minée par les crises et les politiques néolibérales.

Moyennant tout cela on arrivera à faire comprendre que nous cherchons, avant tout, à redonner l’envie de voter à tout cet électorat de gauche abstentionniste, à le mettre en mouvement pour les luttes à venir et que les différences avec les forces de gauches, de JL Mélenchon à Y. Jadot en passant par A. Hidalgo jusqu’aux candidatures d’extrême-gauche, portent sur le fond du projet pour rassembler et pas seulement sur la conception du rassemblement. 

Alors, « retroussons nos manches » et en avant avec confiance !

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