Benjamin Amar, enseignant, intervenait lors de l'émission «Estelle Midi» diffusée sur RMC ce mercredi 22 décembre 2021.
«On va remettre le factuel au cœur du débat, comme on remet l'église au cœur du village»
Benjamin Amar: «Ça fait un petit moment que j'écoute votre émission et honnêtement, les cheveux que je n'ai pas sur la tête, ils se sont dressés immédiatement.» Estelle Denis: «Ah ! Expliquez-nous pourquoi Benjamin.» Benjamin Amar: «Je vais vous dire et d'ailleurs, je vais tout de suite renvoyer la politesse à Daniel Riolo, qui prétendait qu'il connaissait mon point de vue avant. Moi, avant que vous prononciez son nom tout à l'heure dans la présentation de l'émission, j'avais compris que c'était lui. Alors on va revenir à deux-trois petites choses.» Estelle Denis: «J'aime bien Benjamin Amar.» Daniel Riolo: «Bravo Benjamin! Moi, ça me plaît cette réaction.» Benjamin Amar: «On va remettre le factuel au cœur du débat, comme on remet l'église au cœur du village. Il y a une réalité, c'est que 45% seulement des chômeurs sont indemnisés. Cela veut dire qu'il y a 55% des chômeurs qui touchent peau de balle. Donc, si on profite en vivant d'amour et d'eau fraîche, faudra m'expliquer comment. Maintenant, les 45% chômeurs qui touchent une indemnisation, ils touchent une indemnisation moyenne de 840 euros. Alors, je ne sais pas qui ici sur le plateau, vivrait comme un nabab avec 840 euros, mais je veux bien qu'on m'explique comment.» Estelle Denis: «Mais en cherchant du travail en fait.»
«Là où il y a trop peu de contrôles c'est sur l'évasion fiscale»
Benjamin Amar: «J'ai encore deux ou trois éléments factuels à remettre dans le débat, si vous voulez bien. Des contrôles de Pôle emploi, il y en a plein, il y en a des dizaines de milliers.» Estelle Denis: «Mais trop peu, même Pôle emploi le dit !» Benjamin Amar: «Attendez, là où il y a trop peu de contrôles c'est sur l'évasion fiscale, pas sûr les chômeurs. On en est à la troisième ou quatrième réforme de l'Unédic en 4 ans, croyez-moi qu'il y en a plein. Et l'Unédic elle-même sort ces chiffres. Et qu'est-ce qu'elle nous dit l'Unédic ? Qu'il y a plus de 9 chômeurs sur 10 qui sont dans les clous. Et maintenant, vu que vous parlez des emplois non pourvus, ce grand mythe. Il y en a soi-disant 300.000 alors que l'Unédic présente qu'il y en a 150.000.» Estelle Denis: «Mais c'est déjà énorme.» Benjamin Amar: «Dans ce chiffre dans lequel on met tout, vous savez ce que l'on met ? On met également les chiffres des emplois non-pourvus, même lorsque les employeurs ont reçu plusieurs candidats, mais n'ont pas été satisfaits par les candidatures. Donc en gros, on met tout et n'importe quoi là-dedans. Par contre, est-ce que vous savez combien il y a d'offres d'emploi en ce moment sur le site public de Pôle emploi ?» Estelle Denis: «Non, allez y.» Benjamin Amar: «Il y en a 940.000.» Estelle Denis: «Bah c'est énorme.»
«Ils n'ont pas affaire à une information mais à du matraquage médiatique et idéologique»
Benjamin Amar: «Ah bon? Il y a 6,5 millions de chômeurs Estelle Denis.» Estelle Denis: «Bah ça fait un sur six déjà.» Benjamin Amar: «Et il y a six fois moins d'offres. Alors au lieu de divulguer ainsi des conversations de café du commerce où vous culpabilisez des gens qui vivent de manière très chiche qui sont dans la précarité, en leur expliquant qu'ils sont responsables de leur situation. Vous devriez remettre un peu la réalité au cœur du débat.» Estelle Denis: «Mais ce n'est pas moi Benjamin Amar, c'est un sondage Elabe pour l'Unédic.» Benjamin Amar: «Parce que les gens à force d'entendre ce type de débat et ce type d'élément dans lequel le réel et la réalité ne sont jamais mis en avant dans le débat, et bien les gens au bout d'un moment, ils n'ont pas affaire à une information mais à du matraquage médiatique et idéologique. Et c'est insupportable, je vous le dis. Si vous voulez vous venez dans le Val-de-Marne, je vais vous montrer des chômeurs, vous allez leur expliquer qu'ils vivent comme des nababs.» Estelle Denis: «Là franchement, on n'a jamais dit qu'ils vivaient comme des nababs.» Benjamin Amar: «Ah si, je vous assure que j'ai entendu des trucs insupportables.»
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