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Assemblée Générale de l’ONU : anticapitalisme et anti impérialisme le discours historique de Xiomara Castro présidente du Honduras




Monsieur le Président de l’Assemblée générale,

Monsieur le Secrétaire général de cette organisation des Nations unies.

Mesdames et Messieurs les Chefs d’État,

Représentants et Délégués présents,

Citoyens du monde

Je me tiens devant cette tribune mondiale, dans ce qui représente pour mon pays un fait historique, non seulement parce que je suis la première femme à avoir l’honneur de diriger notre nation d’Amérique centrale, mais aussi parce que je représente le premier gouvernement démocratiquement élu, Après 13 ans de dictature : Le coup d’État de 2009 chargé de meurtres cruels et d’escadrons de la mort, deux fraudes électorales, une pandémie et deux ouragans.

Il est impossible de comprendre les Honduriennes, les Honduriens et les grandes caravanes de migrants sans reconnaître ce contexte de cruelle souffrance que nous avons dû traverser. Mais la démocratie électorale ne suffit pas à assurer le bien-être matériel et spirituel de notre peuple.

Treize ans de dictature sous la tutelle de la "communauté internationale" ont conduit le pays à multiplier par six sa dette publique et à atteindre le taux de pauvreté de 74 %, le plus élevé de l’histoire du Honduras. Cinq compatriotes sur dix vivent dans l’extrême pauvreté. Mais il est clair qu’aucun de ces chiffres n’impressionne personne dans un monde qui vit aujourd’hui sous la dictature monétaire, où des mesures draconiennes de discipline fiscale sont imposées aux plus pauvres, ce qui accroît les souffrances des masses arriérées, Et le capital spéculatif n’a pas de limites.

Il est évident qu’aujourd’hui, pour que notre pays survive, nous devons rejeter cette prétendue austérité qui récompense ceux qui concentrent les richesses en peu de mains et qui augmentent les inégalités de manière exponentielle. Depuis notre arrivée à la fin du mois de janvier, nous avons fait preuve d’une volonté ferme de parvenir à un consensus en exprimant toujours la plus ferme détermination de parvenir à des accords sur nos engagements, sans en renier aucun. Mais la tâche de saper la volonté du peuple, nous vient de toutes les directions, tandis que se fomentent des conspirations entre les mêmes qui ont pillé le pays et leurs alliés putschistes, enhardis par l’attitude éhontée anti-démocratique, parfois déguisée en diplomatie.

Les politiques publiques soutenues par le modèle rentiste, de la communauté financière internationale au cours des 13 dernières années, nous ont entraînés dans un monde plein de violence et de pauvreté avec des projets avortés, abandonnés, corrompus, le pillage et le narcotrafic. Aucun des témoins internationaux des fraudes électorales de 2013 et 2017 n’ignoraient ce à quoi ils condamnaient notre peuple, et pourtant ils se sont montrés complaisants face au pire fléau qui a frappé notre pays. L’orgueil du capital et de l’intérêt mesquin, a fait opter pour la tromperie, tandis que le crime organisé conduisait le pays à la gorge.

Les nations pauvres du monde ne supportent plus les coups d’État, l’utilisation de la loi Fare, ni les révolutions de couleurs habituellement organisées pour piller nos vastes ressources naturelles.

Les nations industrialisées du monde sont responsables de la grave détérioration de l’environnement, mais elles nous font payer pour leur mode de vie onéreux, et pour cela, elles ne ménagent rien, pour nous plonger dans la misère et dans une crise sans fin, Comme si on était pieds et poings liés.

Le Honduras que je dirige se construit dans une vision de refondation humaniste, imprégnée de dignité et de souveraineté, qui fera ce qui est légalement important pour récupérer notre environnement et réaliser le bien commun pour toute notre population. Nous jugeons donc inacceptable cet ordre mondial arbitraire, dans lequel il existe des pays de troisième et de quatrième catégorie, alors que ceux qui se croient civilisés ne se lassent pas de faire des invasions, des guerres, des spéculations financières et de nous crucifier avec leur inflation encore et encore.

Je prends cette tribune pour exiger que l’on nous respecte, que l’on vive en paix, qu’on ne tente plus de déstabiliser le Honduras, qu’on nous dicte ses actions ou qu’on choisisse avec qui nous devons avoir des relations. Le peuple est souverain, il l’a prouvé le 28 novembre en soutenant mon triomphe, le plus grand de notre histoire. Et la résistance populaire qui a lutté contre la dictature imposée pendant ces 13 ans, soit le 15 septembre jour de notre indépendance, m’a massivement accompagné dans les rues, conjurant les menaces publiques et la mauvaise habitude de continuer à remettre les biens nationaux au plus offrant, Comme si on était un no man’s land.

Nous ne porterons plus jamais le stéréotype de la République bananière, nous mettrons fin aux monopoles et aux oligopoles qui ne font qu’appauvrir notre économie. Un peuple généreux qui a arrosé de son sang la défense des forêts et des rivières, ne va pas oublier que, pendant la dictature, des centaines de meurtres de jeunes et celui de notre compagne Berta Cáceres ont été commis, ni la disparition forcée de Honduriens pour leur opinions, comme cinq compagnons garifunas [1] il y a deux ans.

Chaque millimètre de la Patrie qu’ils usurpèrent au nom de la sacro-sainte liberté de marché, Zedes, et d’autres régimes de privilège fut irrigué du sang des peuples originaires. Mon gouvernement social et démocratique va revenir à un état de justice et de droit, pour que cela ne se reproduise plus. Nous travaillons d’arrache-pied pour donner la priorité aux incitations et à l’élimination des abus fiscaux. Nous avons déjà commencé en promouvant une loi sur l’énergie comme bien public, en redonnant le droit aux travailleurs et en soutenant notre marché intérieur en investissant dans l’agriculture pour la sécurité alimentaire, en subventionnant les plus pauvres qui ne peuvent pas payer l’électricité.

Nous avons proposé de renégocier les accords de libre-échange. Nous avons pris la décision souveraine d’investir dans notre développement en remplaçant les importations, mais en faisant concurrence sur les marchés internationaux sans subventionner les excès des pays développés.

Nous reconnaîtrons l’importance de la femme dans la société en tant que pilier de celle-ci, et nous lui fournirons la santé, une éducation de qualité, la sécurité et la souveraineté alimentaire.

Pour le Honduras, chaque caravane de migrants qui fuit la dictature qui a été mise en place pendant plus de dix ans est une lourde perte pour notre pays et ses familles. Les chiffres nous indiquent que ce processus d’exode provoqué par l’injustice néolibérale génère plus de chômage et nous lie à une dépendance indésirable. Paradoxalement, dans notre pays, les migrants génèrent plus de recettes en devises que nombre des exportations traditionnelles, notre solidarité et notre accompagnement avec les expatriés.

Au Honduras, nous ne pouvons plus soutenir l’hypocrisie d’un système qui juge des crimes liés au trafic de drogues ; d’un personnage qu’ils ont pourtant soutenu pendant plus d’une décennie dans la forfaiture de crimes, deux fraudes électorales, et des crimes contre la patrie, contre des millions d’Honduriens.

Pour toutes ces raisons, nous allons mettre en place une commission internationale de lutte contre la corruption et l’impunité avec le soutien du Secrétaire des Nations Unies. Le Honduras n’aura d’avenir que s’il prend des mesures fermes pour démanteler définitivement la dictature économique néolibérale.

C’est pourquoi nous avons déjà commencé la refondation de la Patrie et de l’éducation avec les idéaux et les valeurs de notre héros national : Francisco Morazán Quezada. Au Honduras, mon gouvernement a entamé un processus de refondation et de changement profond qui repose sur quatre piliers fondamentaux :

La transformation révolutionnaire de l’éducation, élever l’esprit humain, et mettre fin au colonialisme.
Construire un modèle économique alternatif, profondément souverain.
Construire un système dont le centre est l’exaltation de l’humanisme, la solidarité, l’intégration avec les peuples frères, la Paix et le respect des droits de l’homme.
La nationalisation progressive des services publics tels que la santé, l’eau potable, l’électricité et l’internet.

Aujourd’hui que la guerre frappe à nouveau les plus pauvres du monde et que nous sommes des pays envahis, nous prônons le retour au respect de l’autodétermination des peuples, en rejetant l’infâme et brutal blocus imposé au peuple de la République sœur de Cuba.

Il est temps de discuter sérieusement de la multipolarité du monde.

Le président Barack Obama a fait les premiers pas vers la fin de cette infamie. Déjà Gustavo Petro décrète que l’agression contre la République bolivarienne du Venezuela doit cesser.

Peuples du monde entier !

Comme l’a dit notre collègue Berta Cáceres :

« Réagissons, il est encore temps »

Merci beaucoup


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