Rechercher dans ce blog

CUBA: ça c'est passer un 25 novembre 1956

Par un petit matin du 25 novembre 1956, un yacht de 18 mètres, avec 82 hommes à bord, le Granma, quittait Tuxpan sur la côte mexicaine pour aller libérer Cuba de la dictature de Batista.

Ce sera ensuite le débarquement dans des conditions très difficiles, l’attaque surprise à Alegria de Pio, les morts, les prisonniers, les trahisons, l’armement perdu et la dispersion de ceux qui ont survécu.

Ce seront aussi les retrouvailles d’une douzaine de guérilleros le 18 décembre, dans la Sierra Maestra, à Cinco Palmas, quand après avoir embrassé son frère Raul, Fidel lui demande :
- Combien de fusils tu apportes ?
- Cinq.
- Avec les deux que j’ai, cela fait sept. Alors oui, maintenant, nous allons gagner la guerre !

Et c’est ce qui est arrivé grâce à la vision stratégique et au sens tactique de ce personnage hors du commun.

Par un curieux coup de l’Histoire, c’est un 25 novembre 2016, soit 60 ans, jour pour jour, après le départ du Granma que Fidel nous a quittés pour un dernier voyage.
Je n’ai pas honte de le dire, ma peine était immense car cet homme, en compagnie d’Ernesto Che Guevara, avait symbolisé l’espoir de ma génération.

En avril 2016, j’étais chez moi, à La Havane, quand j’ai regardé, en direct, son dernier discours à la télévision. Nous savions tous que nous ne le verrions plus nous parler et l’émotion était palpable.

Lui-même l’avait dit : « ce sera peut-être la dernière fois que je parlerai dans cette salle ».

Il est revenu sur son parcours politique, lié à sa volonté de défendre l’indépendance de son pays et de lutter contre l’exploitation des plus pauvres.
Il s’inquiétait aussi pour les futures générations qui allaient devoir résoudre le grand problème d’alimenter des milliards d’êtres humains alors que les ressources naturelles étaient limitées.
Néanmoins, il estimait que le risque majeur pour la terre résidait dans le pouvoir destructif des armements modernes qui pourraient compromettre la paix de la planète et rendre la vie impossible à l’espèce humaine sur toute la superficie terrestre.

Ces dernières paroles témoignaient donc de la vision profondément humaniste d’un de ces géants du 20ème siècle.

Alors, il me semble que les projets auxquels nous participons à Cuba, les campagnes que nous menons contre le blocus sont une façon de rembourser un peu l’énorme dette que les peuples du monde ont envers ce petit pays qui a donné naissance à de tels personnages.
C’est dans ce contexte que s’est tenue la récente rencontre au Parlement Européen de Bruxelles qui fait l’objet d’un article (Dans le ventre de la bête).

Parfois, la tâche qui nous incombe peut sembler trop importante, il convient alors de se souvenir de l’optimisme raisonné de la rencontre de Cinco Palmas et de le faire nôtre.

Un dernier mot : en ne le désignant que par son prénom, je fais miennes les paroles du chanteur cubain Tony Avila dans Balsero : « Nunca le dijo Castro a Fidel » car l’appeler par son nom de famille était réservé à ses ennemis.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire