C’est une petite dette qui monte, qui monte, qui monte… La crise du Covid a provoqué un surplus d’endettement public de 215 milliards d’euros en France, pour atteindre un montant total de 2 600 milliards d’euros. Effrayant ? Pas de quoi sidérer Fabien Roussel. Avec les députés communistes, le secrétaire national du PCF a obtenu l’organisation d’un débat sur le sujet, lundi soir, à l’Assemblée nationale.
« Annuler la dette publique détenue par la BCE »
« La dette publique : la payer ou l’annuler ? », telle était la question posée. Fabien Roussel propose d’en supprimer une partie. « La France doit engager une démarche auprès de la Commission européenne et des pays européens pour que soit annulée la dette publique détenue par la Banque centrale européenne » (BCE), invite le parlementaire. Soit 570 milliards d’euros rien que pour la France. « Cette annulation serait sans aucune conséquence », affirme l’élu du Nord, soutenu par Jean-Luc Mélenchon. « Pas un seul investisseur privé ne serait privé de quoi que ce soit », précise l’insoumis.
« Sornettes », répond le député LaREM Alexandre Holroyd, qui trouve cette proposition « irresponsable » et « ruineuse ». « Utopiste » et « dangereuse » même, selon Bruno Le Maire, car ce serait « revenir sur la signature de la France »,s’inquiète le ministre de l’Économie. « Un grand pays comme le nôtre se doit de rembourser ses dettes. C’est une question de responsabilité et de crédibilité », assène Laurent Saint-Martin, rapporteur général du budget. Mais comment faire ? D’abord par la croissance, ensuite par la réduction de nos dépenses publiques, et enfin par des réformes structurelles telles que celles de l’assurance-chômage et des retraites, résume le locataire de Bercy. En somme, l’austérité et la casse de notre modèle social.
« Ce que nous remboursons tous les ans, ce sont les intérêts »
« La dette publique est devenue la justification exclusive des politiques capitalistes et des cures d’austérité. Pour la payer, il faut travailler plus, privatiser, et casser les services publics », dénonce Fabien Roussel. « Ce que nous remboursons tous les ans, ce n’est pas la dette, ce sont ses intérêts. Ils nous coûtent cher : 40 milliards en 2019, 36 milliards en 2020. En deux ans, c’est autant que le budget de l’éducation nationale ; en dix ans, c’est l’équivalent du budget de la nation », développe-t-il, appelant à ce que les États puissent emprunter auprès de la BCE pour sortir de cette spirale.
« Qui s’est chargé de construire une dette pareille ? » interroge Jean-Luc Mélenchon, qui pointe très vite « la baisse des recettes, avec 52 milliards d’euros de cadeaux fiscaux par M. Chirac, 22 milliards par an par Sarkozy, 20 milliards par Hollande, et 43 milliards par Macron ».
Relance par la demande et fiscalité progressive
Communistes, insoumis et socialistes défendent alors la relance par la demande, et l’augmentation des recettes par une fiscalité progressive, une réforme des frais de succession et le combat contre la fraude fiscale. L’inverse de ce que propose Bruno Le Maire, qui répète que « les Français ne veulent pas d’une hausse des impôts » quand personne ne propose de le faire pour les plus modestes.
Mais le ministre pose soudain une question : « Si, demain, les entreprises ont une croissance supplémentaire et que les recettes d’impôt sur les sociétés augmentent, ne serait-il pas juste de consacrer une part de cet impôt au remboursement de la dette Covid ? ». « Il n’est toutefois pas question d’augmenter cet impôt », précise-t-il très vite. Il s’agit même de le faire baisser à 25 % en 2022. Mais que cherchait donc à dire le ministre ? Que, peut-être, si les conditions sont réunies, l’État se permettra de flécher le fruit d’un impôt qui baisse pour rembourser une part de dette. Sans doute les députés LaREM ont-ils senti passer sur eux le souffle vertigineux de la révolution.
« Investir dans l'intérêt général est une richesse »
Mais c’est au final une autre peur qu’ils agitent : celle de la dette, afin de « tétaniser »les citoyens, dénonce Jean-Luc Mélenchon. « Les actifs de la France représentent 14 000 milliards d’euros pour une dette de 2 600 milliards. L’État à lui tout seul possède 3 495 milliards d’actifs. Pas de raison d’avoir peur », rectifie l’insoumis, pour qui chaque Français ne naît pas avec 30 000 euros de dette personnelle mais avec 4 500 euros de « capital accumulé par la nation France ».
Le député ajoute que le budget de l’État est positif hors investissement, et que les taux d’intérêt sont actuellement négatifs. « Investir est une richesse quand il s’agit de créer des services publics, des emplois et des infrastructures pour un pays. La dette n’est un fardeau que lorsqu’elle nourrit le capital et non l’intérêt général »,insiste Fabien Roussel.
« Cette annulation ne léserait personne »
Un point de vue partagé par plusieurs économistes. « Même si la BCE n’annulait que la dette Covid, ce serait un acte de souveraineté considérable à l’échelle européenne », signale Laurence Scialom. La professeure d’économie à Paris-X Nanterre affirme que « son passif étant composé de liquidités qu’elle crée elle-même en quantité illimitée, cette annulation ne léserait personne ».
« Supprimer la dette d’hier est une bonne chose, mais ne suffira pas », prévient Denis Durand. Pour l’économiste membre du PCF, la vraie question est de « savoir auprès de qui emprunter, afin de ne plus dépendre des marchés financiers ». La BCE lui semble tout indiquée, pour « financer des projets liés à la transition écologique et au développement des services publics. »
« Revenir sur la réforme de la taxation du capital »
Quant à la baisse de la dépense publique, elle pourrait provoquer un « cataclysme économique en plein contexte déflationniste », alerte Laurence Scialom, pour qui les « investissements colossaux » à faire, face aux enjeux écologiques et sociaux, sont « totalement incompatibles avec une politique d’austérité. »
Éric Berr, membre des Économistes atterrés, appelle enfin à « revenir sur la réforme de la taxation du capital et la transformation de l’impôt sur la fortune, et sur le Cice ». En plus de lutter contre l’évasion fiscale, qui coûte 100 milliards d’euros par an aux finances publiques.
« Annuler la dette publique détenue par la BCE »
« La dette publique : la payer ou l’annuler ? », telle était la question posée. Fabien Roussel propose d’en supprimer une partie. « La France doit engager une démarche auprès de la Commission européenne et des pays européens pour que soit annulée la dette publique détenue par la Banque centrale européenne » (BCE), invite le parlementaire. Soit 570 milliards d’euros rien que pour la France. « Cette annulation serait sans aucune conséquence », affirme l’élu du Nord, soutenu par Jean-Luc Mélenchon. « Pas un seul investisseur privé ne serait privé de quoi que ce soit », précise l’insoumis.
« Sornettes », répond le député LaREM Alexandre Holroyd, qui trouve cette proposition « irresponsable » et « ruineuse ». « Utopiste » et « dangereuse » même, selon Bruno Le Maire, car ce serait « revenir sur la signature de la France »,s’inquiète le ministre de l’Économie. « Un grand pays comme le nôtre se doit de rembourser ses dettes. C’est une question de responsabilité et de crédibilité », assène Laurent Saint-Martin, rapporteur général du budget. Mais comment faire ? D’abord par la croissance, ensuite par la réduction de nos dépenses publiques, et enfin par des réformes structurelles telles que celles de l’assurance-chômage et des retraites, résume le locataire de Bercy. En somme, l’austérité et la casse de notre modèle social.
« Ce que nous remboursons tous les ans, ce sont les intérêts »
« La dette publique est devenue la justification exclusive des politiques capitalistes et des cures d’austérité. Pour la payer, il faut travailler plus, privatiser, et casser les services publics », dénonce Fabien Roussel. « Ce que nous remboursons tous les ans, ce n’est pas la dette, ce sont ses intérêts. Ils nous coûtent cher : 40 milliards en 2019, 36 milliards en 2020. En deux ans, c’est autant que le budget de l’éducation nationale ; en dix ans, c’est l’équivalent du budget de la nation », développe-t-il, appelant à ce que les États puissent emprunter auprès de la BCE pour sortir de cette spirale.
« Qui s’est chargé de construire une dette pareille ? » interroge Jean-Luc Mélenchon, qui pointe très vite « la baisse des recettes, avec 52 milliards d’euros de cadeaux fiscaux par M. Chirac, 22 milliards par an par Sarkozy, 20 milliards par Hollande, et 43 milliards par Macron ».
Relance par la demande et fiscalité progressive
Communistes, insoumis et socialistes défendent alors la relance par la demande, et l’augmentation des recettes par une fiscalité progressive, une réforme des frais de succession et le combat contre la fraude fiscale. L’inverse de ce que propose Bruno Le Maire, qui répète que « les Français ne veulent pas d’une hausse des impôts » quand personne ne propose de le faire pour les plus modestes.
Mais le ministre pose soudain une question : « Si, demain, les entreprises ont une croissance supplémentaire et que les recettes d’impôt sur les sociétés augmentent, ne serait-il pas juste de consacrer une part de cet impôt au remboursement de la dette Covid ? ». « Il n’est toutefois pas question d’augmenter cet impôt », précise-t-il très vite. Il s’agit même de le faire baisser à 25 % en 2022. Mais que cherchait donc à dire le ministre ? Que, peut-être, si les conditions sont réunies, l’État se permettra de flécher le fruit d’un impôt qui baisse pour rembourser une part de dette. Sans doute les députés LaREM ont-ils senti passer sur eux le souffle vertigineux de la révolution.
« Investir dans l'intérêt général est une richesse »
Mais c’est au final une autre peur qu’ils agitent : celle de la dette, afin de « tétaniser »les citoyens, dénonce Jean-Luc Mélenchon. « Les actifs de la France représentent 14 000 milliards d’euros pour une dette de 2 600 milliards. L’État à lui tout seul possède 3 495 milliards d’actifs. Pas de raison d’avoir peur », rectifie l’insoumis, pour qui chaque Français ne naît pas avec 30 000 euros de dette personnelle mais avec 4 500 euros de « capital accumulé par la nation France ».
Le député ajoute que le budget de l’État est positif hors investissement, et que les taux d’intérêt sont actuellement négatifs. « Investir est une richesse quand il s’agit de créer des services publics, des emplois et des infrastructures pour un pays. La dette n’est un fardeau que lorsqu’elle nourrit le capital et non l’intérêt général »,insiste Fabien Roussel.
« Cette annulation ne léserait personne »
Un point de vue partagé par plusieurs économistes. « Même si la BCE n’annulait que la dette Covid, ce serait un acte de souveraineté considérable à l’échelle européenne », signale Laurence Scialom. La professeure d’économie à Paris-X Nanterre affirme que « son passif étant composé de liquidités qu’elle crée elle-même en quantité illimitée, cette annulation ne léserait personne ».
« Supprimer la dette d’hier est une bonne chose, mais ne suffira pas », prévient Denis Durand. Pour l’économiste membre du PCF, la vraie question est de « savoir auprès de qui emprunter, afin de ne plus dépendre des marchés financiers ». La BCE lui semble tout indiquée, pour « financer des projets liés à la transition écologique et au développement des services publics. »
« Revenir sur la réforme de la taxation du capital »
Quant à la baisse de la dépense publique, elle pourrait provoquer un « cataclysme économique en plein contexte déflationniste », alerte Laurence Scialom, pour qui les « investissements colossaux » à faire, face aux enjeux écologiques et sociaux, sont « totalement incompatibles avec une politique d’austérité. »
Éric Berr, membre des Économistes atterrés, appelle enfin à « revenir sur la réforme de la taxation du capital et la transformation de l’impôt sur la fortune, et sur le Cice ». En plus de lutter contre l’évasion fiscale, qui coûte 100 milliards d’euros par an aux finances publiques.
Aurélien Soucheyre Cyprien Boganda l'humanité
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