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Revenu universel, salaire à vie, sécurité de l’emploi et de formation ?

 Revenu universel, salaire à vie, sécurité d’emploi et de formation sont en discussion à gauche pour répondre aux évolutions du travail. Où se situe l’enjeu du débat ? L’enjeu, c’est la réussite ou l’échec de la rupture avec le capitalisme. 



Dans la continuité de la pensée de Marx et avec les acquis du mouvement populaire et de la réflexion théorique depuis, l’objectif de la transformation à réaliser est de dépasser le capitalisme et son élément central : le salariat. 
C’est en cela que l’idée de prétendre rompre avec le capitalisme en instituant un salaire à vie est antinomique avec la pensée de Marx et totalement contradictoire. 
Dans Le Capital, Marx affirme que la vraie vie commence pour l’ouvrier lorsqu’il quitte son activité de salarié. C’est pour cela qu’il considère que « la réduction de la journée de travail est la condition fondamentale » de cette libération. 
La baisse du temps de travail et la sécurité d’emploi et de formation sont dans le fil de cette pensée. La possibilité de donner à chacun le droit de passer d’un emploi à un autre, sans subir le chômage, et si besoin est de bénéficier d’une formation rémunérée, se situe dans cette visée communiste d’un dépassement du capitalisme et du salariat. 
L’éradication du chômage et le droit à une formation rémunérée ouvrent la possibilité de participer à une activité non marchande, au cours de laquelle le travailleur n’a pas à vendre se force de travail, à exercer une activité salariée. Ce sont là des vecteurs majeurs du dépassement du capitalisme, un projet de société. Cela nécessite des mesures économiques, financières, monétaires, des droits nouveaux à l’entreprise et dans la société pour rendre possibles ces conquêtes. 

Et le revenu universel ? 
Plutôt que de se demander quel serait l’intérêt d’un revenu attribué à tout individu quelle que soit sa situation, revenu qui risque d’être très insuffisant pour des millions de personnes, mieux vaut s’interroger sur les raisons qui font que tant de personnes sont dans la pauvreté, le chômage, occupent des emplois précaires, ne bénéficient pas d’un revenu décent. 
Tout donne à penser que l’insuffisance ou l’absence de revenu, pourtant indispensable à un véritable développement humain, est liée à la façon dont les revenus sont créés. 
Pour quelle raison des millions de travailleurs au chômage sont-ils exclus de l’acte productif et sont de ce fait écartés également d’une juste répartition des richesses qu’il permet de créer ? 
La raison en est la volonté obsessionnelle des capitalistes de réduire le coût du travail pour augmenter leurs profits. 
En s’attaquant à ce coût du capital, on peut créer les conditions pour que tout un chacun participe à la création des richesses ou puisse bénéficier d’une formation rémunérée en vue d’occuper un nouvel emploi. En sécurisant l’emploi on sécurise les revenus.

Pierre Irova est journaliste économique et chroniqueur pour « l’Humanité ».

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