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ELECTION PRESIDENTIELLE: Du Smic à l'ISF, des attentes de justice

 

PRÉSIDENTIELLE À l'occasion du meeting de Fabien Roussel à Paris, ce jeudi, l'Ifop a sondé une série de propositions défendues par le candidat PCF. L'adhésion aux mesures pour le pouvoir d'achat, l'emploi et la redistribution s'y exprime avec force.



Augmenter le Smic à 1900 euros brut, réévaluer les pensions de retraite avec un minimum de 1200 euros, réinstaurer et tripler l’ISF ou encore créer un «droit universel à l'emploi »... Avec de multiples propositions, Fabien Roussel a fait de la «lutte contre la vie chère» un enjeu majeur depuis qu’il s’est lancé dans la course à l’Élysée. La question du pouvoir d’achat prendrait même une nouvelle actualité, selon son directeur de campagne : « Déjà très présente, elle le sera encore davantage dans les semaines qui tiennent du fait de la guerre en Ukraine », estime Ian Brossat. À l’occasion de l’un des grands rendez-vous de campagne du candidat communiste, ce jeudi, avec un meeting au cirque d’Hiver, à Paris, un sondage Ifop pour l’Humanité montre, selon l’expression du directeur général de l’institut, Frédéric Dabi, «un bloc d’adhésion extrêmement élevé» à une série de dispositions de son programme (à une exception près).
« Avec six mesures situées entre 80 et 89 % d’opinions favorables, ce socle d’adhésion va bien au-delà de son audience actuelle où, selon les enquêtes, il est entre 3 et 5% des intentions de vote », ajoute le politologue, jugeant que «c’est aussi un des leviers de son petit succès»

Dans le top 3 des mesures les plus approuvées: l’augmentation des pensions (89 %), la taxation à la source des bénéfices des multinationales (87%), la création d’un service public du grand âge et l’interdiction des Ehpad à but lucratif (86 %). «On observe une véritable audience pour les propositions sur un sujet au cœur des débats en ce moment ; la santé et le vieillissement », relève le sondeur. Suivent le « droit universel à l’emploi » (82%), la hausse du Smic à 1900 euros brut et de l’ensemble des salaires (80 %) et la prime conversion des voitures polluantes jusqu’à 10 000 euros (80 %). 
Sur ce dernier point, l’adhésion est plus importante parmi les sondés de communes rurales 83 % approuvent la prime - que parmi ceux issus de communes urbaines de province (80%) et plus encore de l’agglomération parisienne (74%).



« Cette hiérarchie est très en lien avec les préoccupations des Français», souligne Frédéric Dabi, à l’heure où l’inflation liée au conflit en Ukraine entraine d’ores et déjà l’envolée de certains prix. 
Parmi ces propositions visant à améliorer le pouvoir d’achat (comme sur l’ensemble de celles testées, à l’exception du service public des Ehpad et du renforcement du nucléaire), c’est dans la classe moyenne inférieure (entre 1300 et 1900 euros de revenu mensuel par personne) et les catégories modestes (entre 900 et 1300 euros) que le soutien est le plus massif. 
93 % des sondés de ces catégories sont favorables à l’augmentation des pensions, contre 86 % parmi les plus aisés (plus de 2500 euros), un chiffre qui grimpe à 96% parmi les retraités. 
«Ce sont plutôt Emmanuel Macron et à un degré moindre Valérie Pécresse qui font des bons scores chez les retraités. Mais c’est vraiment la catégorie vigie pour les Français, la plus fragilisée sur le pouvoir d’achat », pointe Frédéric Dabi.

74% DES SONDÉS FAVORABLES À « LA GRATUITÉ DES TRANSPORTS EN COMMUN »

L’écart est plus important sur le « droit universel à l’emploi», approuvé par 88% des classes moyennes inférieures et 85 % des catégories modestes, contre 70 % des plus aisées. Il l’est encore davantage sur la hausse du Smic, avec 90 % d’opinions favorables parmi ceux gagnant entre 900 et 1300 euros et 63 % parmi ceux au de là de 2500 euros de revenu. 
Les catégories modestes sont aussi celles qui sont le moins hostiles à la proposition de mettre « fin aux devoirs à la maison pour tous les enfants » avec 45% de sondés favorables, contre 41 % parmi l’ensemble des Français et seulement 25 % parmi les catégories les plus aisées. 
Avec 36% d’adhésion, les électeurs potentiels de Fabien Roussel y sont paradoxalement les plus défavorables à gauche avec ceux d’EELV (45 % de soutien chez les électeurs FI et 64 % pour ceux du FS)
Quant à la question de la mobilité : 74 % des sondés se déclarent favorables à « la gratuité des transports en commun dans les métropoles » et 72 % des 18-24 ans approuvent « la gratuité du permis de conduire» pour leur tranche d’âge (59 % chez l’ensemble des Français).


La guerre en Ukraine met aussi au premier plan de l’actualité les enjeux, très liés au pouvoir d’achat, de «souveraineté alimentaire et énergétique », auxquels Fabien Roussel devrait consacrer une bonne part de son discours ce jeudi, selon ses équipes. En la matière, le candidat PCF se démarque avec une position pronucléaire clivante à gauche. « C’est la petite musique sur laquelle il appuie parce que c’est un élément de différenciation », analyse Frédéric Dabi, qui note que c’est à ce sujet que les écarts sont les plus forts à gauche. Soutenue par 62 % des Français, la proposition de créer « 6 nouveaux réacteurs nucléaires » reçoit l’assentiment de seulement 20% des électeurs qui s’apprêtent à voter Yannick Jadot, 48% de ceux de Jean-Luc Mélenchon et 57% de ceux d’Anne Hidalgo.

Reste la question, et non des moindres, de qui doit mettre la main à la poche. Outre la taxation à la source sur les bénéfices des multinationales (94 % d’opinions favorables parmi les professions intermédiaires), le retour et la multiplication par trois de l' ISF sont soutenus par 68 % des Français. Même les sympathisants LR et ceux de la majorité présidentielle y sont favorables, respectivement à 54 et...59%. Les citoyens déclarant leur intention de voter pour Emmanuel Macron sont même 60 % à voir comme une bonne idée le rétablissement de l’impôt sur la fortune alors que sa suppression a été une mesure phare du quinquennat du chef de l’État. Ils sont aussi 62 % à partager ce point de vue parmi l’électorat potentiel de la candidate de droite Valérie Pécresse.



Autant de mesures partagées à rebours du discours sur la droitisation de la société. « Ce n’est pas faux sur la sécurité ou le thème de l’assistanat”, mais c’est une analyse incomplète», estime Frédéric Dabi. Plus encore, pour le politiste Rémi Lefebvre, la droitisation concerne bien davantage le débat public à un niveau «sans précédent » - que la société. 
Quant au décalage avec les intentions de vote, il serait dû, selon le chercheur lillois, en particulier à la « décroyance » dans la capacité de la gauche à agir, engendrée par le quinquennat Hollande. « Le contexte du Covid d’abord et désormais de la guerre en Ukraine fait aussi que les Français serrent les rangs derrière le président de la République », ajoute le directeur général de l’Ifop alorsqu’Emmanuel Macron dépasse les 30% d’intentions de vote dans certains sondages.

En tout cas, « les Français sont très loin d’être convertis au libéralisme », tranche pour sa part lan Brossat, qui regarde avec espoir « l’assentiment d’une écrasante majorité de Français » aux propositions de son candidat. « Au fond, juge-t- il, la question qui va se poser à ceux qui sont favorables à ces mesures, c’est de se saisir du bulletin de vote qui permettra de les défendre. » Il reste un mois pile aux « jours heureux » pour convaincre, 

JULIA HAMLAOUI   L'humanité

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