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Taxer les super profits : une exigence légitime à porter dans les mobilisations de la rentrée sociale

 Publié le par Front de Gauche Pierre Bénite

Taxer les super profits : une exigence légitime à porter dans les mobilisations de la rentrée sociale

La question des « surprofits » fait la Une de nombreux journaux. C'est rare que les profits des grands groupes industriels soient mis en avant à ce point.

Il est vrai qu'ils atteignent des sommets, alors que l'inflation ronge le pouvoir d'achat et vide les portes-monnaie d'un très grand nombre de nos concitoyens qui vivent de plus en plus mal, se privant de choses essentielles à leur vie. Il est vrai qu'il est insupportable de voir s'accumuler autant de richesses créées et être gâchées alors que les salaires stagnent, la précarité progresse et la France recule dans nombre de domaines comme la santé, l'éducation, l'industrie.

Il est vrai aussi que le ministre de l'économie Bruno Le Maire s'est battu becs et ongles pour défendre "ces champions français qui réussissent" dont il faudrait se réjouir selon lui, et pour s'opposer à l'Assemblée nationale à un amendement des députés de gauche et écologistes proposant un taxation exceptionnelle de 25% des bénéfices des grands groupes de l’énergie, du luxe, des grands transporteurs maritimes, de l’automobile.

L'affrontement gauche-droite a été ainsi réactualisé par ce ministre de la "macronie" encouragé par les députés Les Républicains et ceux de l'extrême droite !

Excepté l'Humanité, ces journaux portent des arguments fallacieux visant à protéger ces grandes puissances industrielles et financières nuisibles au pays, à notre économie et à notre peuple : leurs profits seraient réalisés à l’étranger, il ne faudrait donc pas les taxer. On ne peut bloquer les prix, car cela pénaliserait les fournisseurs et la sous-traitance. On ne peut, non plus, augmenter les salaires, car cela asphyxierait l’économie et favoriserait l'inflation. Cela fait des lustres que l'on entend les mêmes arguments, et pourtant la France va toujours plus mal, le peuple se prive toujours plus et le capital continue de s'accumuler !

Il est donc urgent de changer de logique ! Et de s'attaquer au coeur de cette crise avec des mesures radicales et progressistes.

Il faut faire payer leurs dus aussi aux multinationales d’autres pays qui réalisent leurs marges en France, telles celles de la pharmacie, du numérique ou du luxe qui engrangeaient déjà des profits alors que nous vivions dans l’angoisse du Covid. Autant de groupes avec ceux de l’armement qui ont été à l’avant-garde d’une phase de mutation du capitalisme en pleine pandémie.

Comment, alors que la crise s'aggrave avec la flambée des prix de l’énergie, les défaillances des chaînes d’approvisionnements, la guerre en Ukraine, les sanctions contre la Russie et la menace de récession, 38 groupes français ont pu réaliser 81,3 milliards de profit au seul premier semestre 2022, soit vingt milliards de plus en un a ?

C'est parce que tout va plus mal pour le plus grand nombre que cela va très bien pour eux.

Le Groupe Total a vu ses marges de raffinage en France passées de 7 dollars à 101 dollars la tonne en un an. Il a doublé son bénéfice net. Voilà où est la cause première de l'inflation ! Les multinationales bénéficient d’effets d’aubaine d’autant plus importants lorsqu’elles sont en situation de domination. Le commerce international leur est profitable grâce, d’une part, à la dépréciation de l'euro face au dollar qui renchérit toutes les importations et leur fait enregistrer des gains financiers. D’autre part, leur stratégie consiste à organiser elles-mêmes des pénuries. Une bonne partie a été organisée depuis la pandémie souvent par du surstockage, faisant augmenter les prix au détriment des petites et moyennes entreprises sous-traitantes, de leurs salariés et des consommateurs.

Bien avant la guerre en Ukraine, les prix du pétrole et du gaz avaient doublé en comparaison de l’année 2019. Une politique de la rareté doublée de la spéculation fait exploser les cours mondiaux et augmenter les profits.

La production d’acier a bien diminué de 13% pour ArcelorMittal, mais ses recettes de ventes ont augmenté de 8% parce que ses prix de vente unitaires ont augmenté de …37%. Il y a bien pénurie de puces électroniques, de micro-processeurs mais le Groupe STMicroelectronics a doublé en un an son résultat d’exploitation et dégagé une marge opérationnelle de …25%. Celle du Groupe Legrand, fabricant de matériel électrique, a bondi à 19%. Dans l'automobile, la transition environnementale sert de prétexte aux groupes pour organiser « le manque » de véhicules hybrides ou électriques. Ainsi Renault, malgré des pertes en Russie, annonce une progression de ses marges à 4,5% tandis que les profits de Sellantis explosent, notamment avec les ventes aux USA.

Où est l’intérêt de l’économie française ? Certainement pas dans cette gestion capitalistique qui voit ces groupes dominants prélever toujours plus de richesses créées au détriment des salariés et de l'intérêt général !

Ces groupes perçoivent des aides publiques conséquentes leur permettant souvent de réduire leurs capacités de production et l'emploi, d'organiser la « rareté », d'utiliser les fluctuations monétaires. Ils ont acquis une situation de rente. Rien à voir avec l’intérêt national. La « concurrence libre et…non faussée » ne vaut que pour détruire des entreprises publiques et construire des monopoles privés qui fixent leurs règles grâce à un pouvoir tout à leur service.


Le refus de cette taxation des super profits retoquée par les parlementaires, est contestée par les Français. 59 % des personnes interrogées par YouGov auraient aimé qu’elle soit adoptée. Ils sont 22 %, seulement, à se dire hostiles à cela.

Même les électeurs enclins à soutenir Macron ne semblent pas comprendre le refus des députés de la majorité présidentielle, guidés, sur ce sujet, par Bruno Le Maire. Plus de 60 % des sympathisants de « Ensemble », le mouvement qui regroupe les différents partis autour d’Emmanuel Macron, se disent en « désaccord » avec le choix finalement opéré.

Dans le détail, c’est du côté des électeurs proche des Républicains que l’on semble le plus sceptique. Et encore… 54 % des sympathisants du parti gaulliste réprouvent le refus des parlementaires de voter la taxe.
Le mouvement populaire doit donner de l'élan au combat pour la taxation de ces « surprofits », pour obtenir l’augmentation des salaires bruts et la baisse des prix à la consommation et pour conquérir des pouvoirs nouveaux leur permettant d'intervenir pour transformer la gestion des entreprises qu'elles soient publiques ou privées.

C’est d’autant plus indispensable que ces « super profits » ne sont jamais utilisés pour l’investissement productif, l’emploi ou les salaires, mais pour rémunérer les actionnaires avec le versement des dividendes qui en moyenne, atteignent 60% des bénéfices, ce qui permet aux groupes de racheter leurs propres actions sur les marchés financiers.

C'est certainement cette situation qui a amené le Secrétaire général de l'ONU a déclarer : « malgré cette situation alarmante, les grandes compagnies pétrolières et gazières ont récemment déclaré des bénéfices records », avant de qualifier cette situation financière d’ « immorale ».


Les bénéfices combinés des plus grandes compagnies énergétiques au premier trimestre de cette année sont proches de « 100 milliards de dollars », a-t-il affirmé, demandant instamment aux gouvernements de taxer ces bénéfices « excessifs » et d’utiliser les fonds collectés pour soutenir les personnes les plus vulnérables « en ces temps difficiles ».
Ces super profits sont un énorme gâchis de capital et renchérit d’autant son coût contre l'emploi et la rémunération du travail humain

Leur baratin sur la « valeur travail » n'est qu'une arnaque pour tenter d’empêcher que les travailleurs et les citoyens ne se mobilisent en masse pour réclamer justice et pour changer de logique. Au-delà, l’enjeu de la propriété collective de grands moyens de production et d’échanges doit être remis au coeur du débat politique.

La fête de l’Humanité sera un moment fort des débats portant sur l'alternative à construire et dans lesquels pourront converger toutes les volontés d'action commune.
 

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