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Bassin minier : décès de Norbert Gilmez, grand défenseur des mineurs grévistes de 1948

Figure de la lutte pour la réhabilitation des mineurs grévistes de 1948, le Bullygeois Norbert Gilmez est décédé. Il avait eu 101 ans cette année.


Le Bullygeois Norbert Gilmez est décédé a annoncé samedi sur sa page Facebook la ville de Grenay, ville qui l’a beaucoup soutenu dans son combat. Depuis, les hommages se succèdent pour ce centenaire d’une grande humilité qui a dédié sa vie à laver l’honneur de camarades de sa corporation et pour la réparation du préjudice dont avaient été victimes les mineurs grévistes de 1948.




À l’automne de cette année-là au sortir de la bataille du charbon, plusieurs milliers de mineurs des sites du Nord – Pas-de-Calais avaient cessé le travail pour protester contre la baisse de leur rémunération, entre autres. Au terme de près de deux mois de grève, marqués par de très violents heurts avec les forces de l’ordre, près de 3 000 mineurs avaient été licenciés.
Quand on a souffert toute sa vie d’être déshonoré, on a droit à réparation, non ? »
Plusieurs centaines d’entre eux avaient été poursuivis en justice et condamnés, certains à des peines de prison ferme. Payant comme les autres la toute-puissance des Houillères, Norbert Gilmez, employé des mines, avait perdu son emploi, son logement… Mais pas que. « Quand on a souffert toute sa vie d’être déshonoré, on a droit à réparation, non ? », interrogeait-il encore en 2017.

                     Le 28 mai 2016, une cérémonie était organisée spécialement à Paris pour que les grades des militaires 

                     qui en avaient été déchus suite aux grèves de 1948 soient rétablis. 


Des décennies durant, Norbert Gilmez a pris et repris la plume et sa belle écriture d’instituteur pour écrire à tous les présidents et les ministres de la Justice – « seul le nom changeait ». Toujours prêt à réciter un texte de loi l’index dressé, Norbert Gilmez est toujours resté droit dans ses bottes malgré le passage des années, jusqu’à ce qu’enfin, au terme de 66 ans de lutte menée avec d’autres camarades de la CGT, en 2014, Christiane Taubira alors garde des Sceaux acte le passage du statut de terroristes à celui de victimes. 


« C’est dans la loi », avait-elle martelé lors d’un déplacement à Grenay : 30 000 euros d’indemnisation, réparations pour le préjudice financier lié à la perte des avantages (perte du logement etc.). Mais ce combat était aussi (et avant tout ?) une question d’honneur. Les militaires déchus de leur grade les retrouvaient, l’histoire des mineurs grévistes était appelée à figurer dans les manuels d’histoire.



Légion d’honneur


Sans jamais se départir d’une certaine malice, pointant de l’index (toujours) un souvenir surplombant la cheminée : « Vous vous rendez compte, un repris de justice décoré de la Légion d’honneur ! » En mai 2017, à 96 ans, Norbert Gilmez recevait cette haute distinction de la République, une (petite) reconnaissance octroyée pour une vie de lutte. Parce qu’il aimait les choses justes, aussitôt reçue il précisait que cette distinction était « celle de 3 000 mineurs arrêtés, emprisonnés, jugés, condamnés et licenciés, chassés de chez eux et ostracisés par les Charbonnages et réduits à la misère. De tous ceux qui se sont battus depuis pour réparer cette injustice. De tous ceux qui nous ont aidés et ont fait connaître notre action. »

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