Léon Deffontaines, secrétaire général du Mouvement de la jeunesse communiste, en janvier 2021. |
Un insoumis, un communiste, une socialiste, une écologiste : ça fait beaucoup de points communs et encore pas mal de différences, comme l’ont montré les débuts de la coalition parlementaire des gauches (Nouvelle Union populaire écologique et sociale, Nupes). Mais ce qui rassemble à coup sûr les quatre vingtenaires interrogés par Libération, c’est de faire partie de la relève de leurs camps respectifs. Encore peu ou pas connus du public, ils se distinguent déjà par leurs actions ou leurs responsabilités. Libération fait les présentations avec la présidente des Jeunes socialistes, Emma Rafowicz,l’élue et activiste écolo Pauline Rapilly Ferniot, le député insoumis Damien Maudet et le patron des Jeunes communistes, Léon Deffontaines, dont voici l’entretien.Depuis des années, quand on dit «communistes», on ne pense pas forcément «jeunes». C’est quoi le look coco, aujourd’hui ?
Si je vous avais dit que les communistes incarneraient le renouveau de la politique il n’y a même pas trois ans, vous m’auriez traité de fou ! Pourtant, en moins d’un an, Fabien Roussel a permis de rafraîchir le discours de la gauche. Donc le look coco, c’est le rétro qui revient à la mode. Un peu comme la chanson Running Up That Hill de Kate Bush sortie en 1985, qui n’a jamais été autant écoutée qu’aujourd’hui grâce à la série Stranger Things.
Vous êtes originaire d’Amiens, comme Jean-Pierre Pernaut. Un jour, à la fin de son journal, il a dit : «On salue tous les connards, qui sont nombreux.» En politique aussi, ils sont nombreux ? Vous pensez à quelqu’un en particulier ?
Oui. Comme les mouches sont attirées par les crottes de chien, les connards en politique semblent attirés par l’extrême droite. Même si je ne confonds pas les candidats et leurs électeurs. Les cadres de l’extrême droite entretiennent un double discours honteux. Ils se disent défenseurs des travailleurs mais votent contre l’augmentation des salaires. Cette hypocrisie est insupportable. L’extrême droite, c’est le recul de notre modèle social, avec la xénophobie en plus.
Le Rassemblement national vient de fêter ses 50 ans. Vous aussi, il y a certains moments de votre vie que vous préférez oublier ?
Oui, la première fois où je suis allé à la chasse avec mon oncle. J’étais trop jeune pour avoir une carabine, alors je me contentais de porter le gibier mort. Après une dizaine de minutes à porter un lièvre, il s’est littéralement vidé sur mes bottes. Ce n’est pas le meilleur souvenir que je garde de ma jeunesse.
Certains ont boycotté la Coupe du monde au Qatar. Si vous pouviez boycotter quelqu’un ou quelque chose, ce serait qui ou quoi ?
En tout cas pas la Coupe du monde. C’est la compétition sportive la plus regardée au monde ; un moment où le sport se mélange à la ferveur populaire. Ni les joueurs ni les supporteurs ne sont responsables des choix de la Fifa. Je préfère boycotter les parties de golf, ça ne m’intéresse pas vraiment et je n’ai pas les moyens de me payer un abonnement télé pour les regarder.
Quand Elon Musk a appelé une énième fois l’Ukraine et la Russie à faire la paix, un ambassadeur ukrainien lui a répondu : «Allez vous faire foutre.» La dernière fois que vous vous êtes fait rembarrer, c’était quand ?
Au printemps, lors des débats sur le programme de la Nupes. Je faisais partie de la délégation communiste chargée de mener les négociations avec les autres forces de gauche. Lorsque j’ai proposé de supprimer les contrats spécifiques aux jeunes, qui ne font selon moi que précariser un peu plus ceux qui entrent sur le marché du travail, je me suis gentiment fait rembarrer.
Le film Novembre, avec Jean Dujardin, est sorti en octobre. Vous aussi vous êtes parfois à côté de la plaque ? Ou alors juste en avance ?
A la dernière manifestation pour le climat, on a sorti une banderole sur laquelle il était écrit : «Nos centrales, nucléaires pas à charbon». On nous a dit qu’on était à côté de la plaque. Je pense qu’on était en avance. D’ailleurs, les derniers sondages sur le nucléaire nous donnent plutôt raison : une écrasante majorité de Français se dit favorable à un réinvestissement dans le parc nucléaire.
Au jeu du «Tu préfères», vous choisissez quoi entre : devoir écrire un tweet positif sur Emmanuel Macron tous les jours ou vous priver de «bonne viande» jusqu’à la fin de vos jours ?
Le tweet positif sur Emmanuel Macron, bien sûr ! On peut toujours trouver des choses intéressantes à dire sur quelqu’un. Par exemple, Macron, il vient d’Amiens, il y a plein de choses positives à dire sur sa ville natale. Ça, je peux le faire.
Roussel, ça rime avec…
Présidentielle, bien sûr. Vivement dans cinq ans !
Libération 27 décembre
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