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Liberté Hebdo N°1475- Édito de Philippe





DERRIÈRE LA CRISE SANITAIRE COUVE UNE CRISE SOCIALE


A en croire une récente étude de la Fédération hospitalière de France, menée auprès de 300 établissements, plus de 10 000 infirmiers, infirmières, aide-soignants et aide-soignantes ont quitté leur métier depuis l’apparition de la pandémie de coronavirus. 
Il s’agit de départs en retraite, de fins de contrats mais aussi de démissions. Le mouvement s’est accéléré avec la troisième vague.

La fatigue accumulée et le stress expliquent bien évidemment les démissions. Mais le fonctionnement de l’hôpital public riy est pas étranger. Nous sommes désormais bien loin des applaudissements depuis les balcons, des remerciements aux petits soldats qui veillaient sur nous et nos proches, qui accompagnaient les victimes de la Covid dans la douleur, voire dans la mort. Nous avons relaté plusieurs témoignages dans ces colonnes. 

Notamment celui de cette infirmière qui trouvait à peine le temps de dormir, qui quittait un patient un soir et ne le retrouvait pas le matin, qui redoutait la sonnerie du téléphone et des questions posées par les familles.

À ce stress et à cette fatigue s’est ajouté le mépris d’un gouvernement qui n’a pas su tenir ses promesses, ou si peu. Un gouvernement qui s’ingénie, qui s’entête à ne pas répondre aux demandes du personnel soignant. 
Comme si cela ne suffisait pas, le président en personne lui demande de transformer l’essai en consentant des efforts supplémentaires !

On savait pourtant, avant la crise sanitaire, que les recrutements d’infirmiers devenaient très difficiles en raison, précisément, de la pénibilité du travail due aux horaires excessifs et du trop faible niveau de rémunération. Les établissements formateurs voyaient fuir les jeunes diplômés vers la Belgique, vers la Suisse ou vers le secteur privé. Durant la crise, rien ne s’est arrangé, bien au contraire. Combien d’infirmières ou d’infirmiers se sont retrouvés dans des unités de

réanimation, du jour au lendemain, sans aucune formation préalable ? 
Combien de soignants ont eu à déplorer les politiques successives qui ont fermé de trop nombreux lits ? Comment peuvent-ils réagir aujourd’hui quand on leur demande à nouveau de « pousser les murs » ?

La fatigue et le stress rongent dans tous les secteurs. Les personnels qui assurent les soins à domicile pour les personnes âgées disent la même chose. 
Des jeunes ne se voient pas faire ce métier toute leur vie. « Le matin, vous commencez votre journée gonflée à bloc, pleine d’énergie, confie une infirmière. Vous faites le maximum pour transmettre votre bonne humeur et votre optimisme à vos patients. Mais quand vous rencontrez de la désespérance en permanence, vous finissez par craquer. Un beau matin, au lever, vous vous apercevez que vous avez perdu cette belle énergie, ce bel enthousiasme. »

 

Liberté Hebdo n°1473


 
REQUIEM POUR UN PEUPLE

Les confinements se suivent et ne se ressemblent pas... trop. En fonction de l’intensité et de la nature des désagréments qu’ils engendrent, ils agacent, crispent ou révoltent. 
Mais dans leur grande majorité, les citoyennes et citoyens savent accepter des mesures dès lors qu’elles et ils savent qu’elles sont indispensables à notre santé, à notre existence. 
Simple question de bon sens qu’un carnaval, fut-il marseillais, ne saurait remettre en cause.

Aujourd’hui, le ministre de l’Intérieur promet de sévir durement face aux rassemblements de plus de six personnes. Confinement aéré certes, mais en comité restreint. 
Coiffé de sa casquette européenne, le président Macron lance un lancinant mea culpa devant la télévision grecque. Il nous eut fallu, dit-il en substance, montrer davantage d’ambition en nous lançant dans une vaste campagne de vaccination. 
Honnis hier, les vaccinodromes en seraient presque promis à un avenir historique. Reste bien évidemment à être capable de se procurer les doses nécessaires pour l’immunité collective promise dès juillet par le commissaire européen Thierry Breton. Les promesses, ainsi que l’on sait...

Ce qui est hélas récurrent, et par conséquent insupportable jusqu’à l’usure, c’est la valse-hésitation de ce gouvernement. Si la procrastination, dont on fêtait la journée ce 25 mars, était son mode de fonctionnement, on pourrait comprendre qu’il remette sans cesse au lendemain des décisions indispensables. Comme un confinement plus en amont par exemple. Mais ce qu’il appelle le temps gagné sur le temps en appelle à un tout autre calcul.

Cette manière de faire, ou de faire en retard, n’est pas sans conséquences sur notre quotidien et sur notre devenir. Pourquoi, par exemple, avoir tant tergiversé avant de reporter, pour la troisième fois, l’élection législative partielle dans la 6ème circonscription du Pas-de-Calais ?

Cela relève du mépris tant pour les électeurs que pour les candidats. Cette consultation risque tout bonnement de ne pas avoir lieu. La démocratie n’en sort pas grandie (nos informations page 8). Depuis le premier tour des municipales, il y avait sans doute moyen de voter sans faire prendre de risques aux gens. 
Qu’en sera-t-il, en juin, des élections régionales et départementales ?

Dans un autre domaine, on connaît les conséquences de cette politique par trop hésitante sur certains points, par trop bloquée sur d’autres. Les étudiants sont désespérés. De nombreux restaurateurs s’attendent à une mort prochaine de leur activité. 
Le monde sportif est incrédule et dans celui la culture, on commence à déplorer les morts par suicide. 
Ce 17 mars, le claveciniste lillois François Grenier, miné par les annulations de concerts, a mis fin à ses jours. T
riste chant, aux allures de requiem pour un peuple qui ne peut plus percevoir l’avenir avec confiance.