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Présidentielle : le Parti communiste joue la carte de la « nouveauté » à gauche
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Après les universités d’été d’Aix en Provence et la fête de l’Huma, le Parti communiste parachève sa rentrée politique en Dordogne avec ses journées parlementaires. 15 ans après la dernière candidature communiste à une élection présidentielle, Fabien Roussel veut apporter un vent de « fraîcheur » au débat politique.
Aux journées parlementaires de Boulazac, ville de Dordogne de 11 000 habitants tenue par les communistes depuis 1953, la rupture avec le leader de la France Insoumise pour la présidentielle est bel et bien consommée. Et n’allez pas demander à Fabien Roussel s’il ira jusqu’au bout de sa candidature. La réponse du candidat communiste est invariablement la même. « Vous plaisantez ? Quand on se présente à une élection, on y va pour gagner », fait mine de s’étonner le député du Nord.
Si son « pacte d’engagement commun » proposé à toutes les forces de gauche aux législatives est plus que jamais d’actualité, pour la présidentielle, la messe est dite. Les communistes feront cavalier seul, 15 ans après la candidature de Marie-George Buffet qui rassemblait 1,93 % des voix en 2007. Un score que les derniers sondages promettent à Fabien Roussel.
« Ce fut un long débat chez les communistes d’avoir ou de ne pas avoir de candidat à la présidentielle. Ce choix a été fait, car une majorité de nos camarades pensaient qu’il était temps que le Parti communiste français revienne sur la scène politique nationale parce qu’on avait un programme différent de certains candidats à gauche. Ce projet de transformation de la société devait être porté par les communistes », rappelle la présidente du groupe CRCE, Éliane Assassi.
« Nous sommes nouveaux dans le paysage politique »
Dans cette multiplicité de candidatures qui se profilent à gauche, Anne Hidalgo, Arnaud Montebourg, le ou la candidate écologiste et bien sûr Jean-Luc Mélenchon, les communistes sont persuadés d’avoir une carte à jouer. « Nous sommes nouveaux dans le paysage politique. Ça fait 15 ans que nous n’avons pas présenté un candidat à la présidentielle et nous venons avec des propositions nouvelles que je présenterai dans les semaines qui viennent […] Il y a toujours eu plusieurs candidats à gauche et ça n’a jamais empêché la gauche de l’emporter. Mais à chaque fois que la gauche l’a emporté, elle faisait au moins 50 % au premier tour. Aujourd’hui, on en est loin. L’enjeu est que la somme des candidatures que nous représentons fasse au moins 50 % », calcule-t-il.
On insiste. Mais qu’est-ce qui distingue la candidature de Fabien Roussel de celle de Jean-Luc Mélenchon ? « Il y a des différences profondes qui existent entre nous. Nous ne tenons pas le même discours en matière de sécurité, en matière de vaccination, d’énergie, de droit à l’électricité pour tous. Il faut laisser vivre ses différences et laisser les Français choisir », balaye le candidat communiste.
Mais surtout, à la légitimité médiatique, le député met en avant la légitimité historique et démocratique de son parti. « Le parti communiste a toute légitimité pour présenter un projet pour la France. Plus de 800 élus locaux, deux groupes parlementaires dans les deux chambres… Nous sommes une force à gauche qui a une assise et des racines profondes en France, et une histoire avec le monde ouvrier qui justifie que nous avons toute notre place dans cette élection ».
Pour le programme, Fabien Roussel peut s’appuyer sur les amendements et propositions de loi des parlementaires communistes : comme une proposition de loi visant à créer un pôle public du médicament de la sénatrice, Laurence Cohen, les nombreuses propositions pour la lutte contre l’évasion fiscale, d’Éric Bocquet ou encore celles concernant l’ubérisation des métiers, de Pascal Savoldelli à la tête d’une mission d’information sur le sujet.
« En fin de compte, on était visionnaire quand on disait dans les années 80 qu’il fallait rapatrier l’industrie en France, quand on disait qu’il fallait développer le fret ferroviaire, que les richesses que nous produisons redescendent vers ceux qui les produisent. Il faut que demain nos concitoyens envahissent les urnes. Ces élections présidentielles et législatives doivent bouleverser la donne », lance Fabien Roussel devant la presse.
Le député prend en effet bien soin de conjuguer les élections au pluriel. Entendez, présidentielle et législatives.
Le premier débat des journées parlementaires qui portait justement sur les causes de l’abstention. Le scrutin présidentiel, depuis la réforme du quinquennat et l’exercice du pouvoir par Emmanuel Macron, est considéré par les élus comme un dévoiement de la démocratie.
« Nous vivons dans une monarchie élective »
« Nous vivons dans une monarchie élective. Tous les cinq ans, on demande au corps électoral d’élire un monarque auquel on donne ensuite la totalité des pouvoirs. Derrière, les élections législatives ne sont que des élections de confirmation du choix majoritaire », expose Pierre Ouzoulias, sénateur des Hauts de Seine.
Pierre Laurent, ancien Secrétaire national du PC embraye. « Nous sommes face à un processus de dépolitisation électorale. On aboutit à un système ou les gens ne vont voter qu’à la présidentielle. Aux élections intermédiaires, vous avez 15 % des gens qui votent dans les quartiers populaires. On ne peut pas faire la révolution démocratique avec ça. Nous devons nous battre dans cette présidentielle, mais ne pas accompagner un processus qui est fait pour nous tuer ».
Les communistes promettent une réforme institutionnelle, un inversement du calendrier électoral, voire le retour à un régime parlementaire et un partage du pouvoir avec les citoyens via des dispositifs de démocratie directe. Mais c’est le serpent qui se mord la queue, car un tel programme passe par une candidature à cette élection présidentielle honnie. « On ne modifie quelque chose que quand on est dedans. Nos institutions sont ainsi faites, et si nous avons un président de la République communiste, nous changerons ces institutions », philosophe Éliane Assassi.
« Je ne vais pas faire offense à Fabien en disant qu’il ne sera peut-être pas au second tour »
La sénatrice de Seine-Maritime, Céline Brulin coupe quelque peu avec l’optimiste du candidat à la présidentielle. « Je ne vais pas faire offense à Fabien en disant qu’il ne sera peut-être pas au second tour ». « Et comme les électeurs qui n’ont pas leur candidat au second tour de la présidentielle ne vont plus voter aux législatives. Il faut anticiper. Comment faire pour remettre les législatives sur le haut de la pile ? Il faut au moins essayer ».
Se voulant « disruptif et créateur d’idées », Fabien Roussel annonce « six ou sept rendez-vous thématiques (éducation, santé, jeunesse, agriculture, pouvoir d’achat…) d’ici la fin de l’année. « On ne va pas être rabougris sur les thématiques qui ne seraient que les nôtres. Je vais mettre les pieds dans le plat », promet-il.
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