Rechercher dans ce blog

Affichage des articles dont le libellé est International. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est International. Afficher tous les articles

Victoire écrasante de la diplomatie cubaine à l’ONU: 185 pays votent contre le blocus étasunien

Seuls 2 pays ont voté contre (les États-Unis et Israël) et 2 se sont abstenus (le Brésil et l'Ukraine).


La Havane, 3 nov. (RHC)- Cuba a célébré ce jeudi une nouvelle victoire diplomatique écrasante dans sa lutte contre le blocus étasunien. Au terme du débat sur le projet de résolution présenté par Cuba, 185 pays ont voté pour, 2 contre (les États-Unis et Israël) et 2 se sont abstenus (l’Ukraine et le Brésil).

Le rapport présenté pour la trentième fois indique qu'entre août 2021 et février 2022 seulement, cette politique unilatérale a causé à Cuba des pertes de l'ordre de 3 milliards 806,5 millions de dollars. Ce chiffre est supérieur de 49% à celui enregistré entre janvier et juillet 2021 et constitue un record en sept mois seulement.

Aux prix actuels, les dommages accumulés pendant six décennies de blocus s'élèvent à 150 milliards 410,8 millions de dollars, avec un lourd fardeau pour des secteurs tels que la santé et l'éducation, en plus des dommages causés à l'économie nationale et à la qualité de vie des familles cubaines.

Au cours des seuls 14 premiers mois de l'administration Biden, les pertes causées par le blocus se sont élevées à 6 milliards 364 millions de dollars, ce qui équivaut à plus de 454 millions de dollars par mois et à plus de 15 millions de dollars par jour, selon le document.

L'impact extraterritorial du blocus porte atteinte à la souveraineté des pays tiers, sanctionne leurs hommes d'affaires et empêche l'accès à leurs ports pour les navires qui accostent à Cuba. Elle empêche également l'importation à Cuba d'articles produits dans n'importe quel pays lorsqu'ils comportent 10% ou plus de composants nord-américains, a dénoncé le ministre des Affaires étrangères dans son discours devant l’Assemblée générale de l’ONU peu avant la mise aux voix.

Source: Prensa Latina

source : https://www.radiohc.cu/fr/noticias/nacionales/303896-victoire-ecrasante-de-la-diplomatie-cubaine-a-lonu-185-pays-votent-contre-le-blocus-etasunien

L'Auto-dissolution du Parti Communiste Italien



A l'occasion des élections italiennes de dimanche qui voit une coalition menée par l'extrême droite accéder au pouvoir, de nombreux communistes et au delà se posent la question : comment a t-on pu en arriver là ?

Sur sa page facebook Nicolas Marchand vient de republier un texte éclairant de Pierre Laroche, militant commmuniste, ayant pour titre "L'auto-dissolution du PCI" écrit en octobre 2007.

Nicolas Marchand accompagne ce texte de son commentaire :
"L’accession au pouvoir de l’extrême-droite en Italie ne s’est pas seulement construite à droite. Il y a aussi eu la quasi disparition de la gauche, à partir du renoncement au combat communiste qui a conduit à la transformation du plus grand parti communiste de l’Union européenne en un Parti Démocrate, rallié au libéralisme.
En France, l’existence autonome du PCF a pu être préservée, en 2007, face à un projet de « nouvelle force » déjà avec JLMélenchon. A l’époque, un article de Pierre Laroche, spécialiste de l’Italie à la « polex » du Pcf, titré « l’autodissolution du PCI », largement diffusé http://anrpcf.canalblog.com/archives/2007/10/15/6546637.html
avait contribué à éclairer et mobiliser les communistes.
Mais cela n’a pu empêcher une trop longue période d’effacement et de suivisme de JLMélenchon, dont les communistes ont heureusement décidé de sortir.
Maintenant il est urgent que les idées communistes pèsent plus à gauche et dans le pays.
Face à l’extrême-droite, la gauche a besoin bien sur d’être unie, mais solidement et sur un projet lui même solide, pour que ne se renouvellent pas les déceptions désastreuses qui ont laissé tant d’espace à la droite et à l’extrême droite.
Pour cela, il y a besoin d’un parti communiste plus actif et plus fort pour promouvoir les idées transformatrices, nouvelles dont toute la gauche a besoin pour se renforcer et devenir capable de gagner. Et pour muscler les luttes, le mouvement populaire, de ces idées.
En témoignent l’amorce à l’initiative de Fabien Roussel d’un débat visant à ce que la gauche se réapproprie sur des bases révolutionnaires, de transformation radicale, les enjeux du travail.
En témoignent aussi, du côté de nos alliés de la Nupes, des réactions curieusement agressives, mais aussi significativement limitées à une perspective de défense d’un « état providence ».


Le texte de Pierre Laroche PCF Paris 5

Le Parti Communiste Italien, né en 1921, a été dissous par son 20è congrès en janvier 1991. Cette auto-dissolution est l’issue d’un long processus, dont tous les protagonistes n’avaient sans doute pas projeté ni le déroulement, ni la fin. Ainsi, le secrétaire général du PCI, Enrico Berlinguer, qui avait, au lendemain du coup d’Etat de Pinochet au Chili en 73, estimé qu’il n’était pas possible de diriger un pays avec un gouvernement minoritaire ou disposant d’une trop faible majorité, avait-il proposé en 74 pour l’Italie ce qu’il avait appelé un « compromis historique » entre les forces communiste, socialiste, et chrétienne.


Cette proposition, loin de faire l’unanimité dans le PCI, avait cependant eu un grand écho dans le pays et, dans l’immédiat, le PCI avait obtenu le meilleur score électoral de son histoire passée et future aux élections de 1976, avec 34,4% des voix. La démocratie chrétienne, qui était également, sous l’impulsion d’Aldo Moro, à la recherche d’un nouveau dispositif politique du pays, s’était ralliée à l’idée de convergence démocratique. Et, peu à peu, le PCI s’était approché d’une participation gouvernementale, ce qui n’avait pas eu lieu depuis 1947. C’est alors qu’Aldo Moro était enlevé puis assassiné en 1978 par les « Brigades rouges ».

Bientôt, le PCI, accusé simultanément d’être complice des terroristes et co-responsable de la politique gouvernementale, avait mis fin en 1979 à sa participation à la majorité et tentait une stratégie qui faisait plus de place au mouvement social, alors que le « compromis historique », du moins dans sa mise en œuvre politique sous forme de « solidarité nationale », donnait la prééminence aux rapports entre formations.

La mort brutale de Berlinguer, en 1984, contribuait à fragiliser le PCI, son successeur Alessandro Natta n’ayant pas le poids charismatique de Berlinguer.

Offensive patronale

La fin des années 70 et le début des années 80 voient en Italie, dans le contexte d’une forte offensive conservatrice mondiale, le patronat marquer des points sur des questions importantes comme le démantèlement de l’échelle mobile des salaires (accepté par référendum en 1985), le développement de la flexibilité, la concentration des entreprises, en même temps que la valorisation idéologique de l’entreprise, Fiat devenant une sorte d’emblème national, symbole d’un consensus idéologique fondé sur le profit, symbole de stabilité et de sécurité dans un monde de précarité.

La politique de la grande entreprise commence ainsi à structurer un consensus majoritaire sur l’impossibilité de réponses indolores à la crise et l’acceptation des mesures d’austérité ; les solutions de la classe dirigeante sont perçues comme salutaires ou inévitables. Cette offensive bénéficie d’un affaiblissement du syndicalisme de classe, résultant des règles de l’unité syndicale qui conduit la CGIL à accepter que ses initiatives soient conditionnées par les autres syndicats.

Questions pour un consensus

Lors du 17è congrès du PCI en 1986, marqué par une forte présence des cadres du parti, Natta prend des distances philosophiques avec le marxisme (le concept de lutte des classes « est un concept que nous utilisons tous de moins en moins », dit-il tout en montrant combien il reste opératoire). Le congrès rejette les amendements qui proposent comme perspective le dépassement ou la sortie du capitalisme ; le PCI se proclame « partie intégrante de la gauche européenne » et « refuse d’anticiper sur les évolutions historiques », déclarant cependant qu’il « n’est pas actuel de penser à une adhésion à l’Internationale socialiste ».

Mais des délégués relèvent aussi l’affaiblissement des valeurs de solidarité et d’égalité dans la société italienne, les réactions racistes contre les gitans et les travailleurs immigrés, le recul des valeurs d’égalité entre les sexes. Le PCI ne se présente plus comme parti révolutionnaire porteur d’objectifs transformateurs, mais comme « parti réformateur moderne », comme l’annonce la banderole de la tribune.

Le secrétaire général de la CGIL, principale confédération syndicale, déclare que s’il vivait en RFA, il serait au SPD. Le Comité central du PCI refuse un amendement de Luciana Castellina qui affirme que « le reaganisme exprime une réponse de longue durée à la crise de l’ordre capitaliste des années 70 ». Giorgio Napolitano, l’actuel Président de la République, alors responsable du secteur « politique étrangère » du PCI, confirme dans une interview du 8 mai 86 au magazine « Panorama » que « l’URSS est à la tête d‘un des 2 blocs politico-militaires », ce qui n’est guère discutable, mais ajoute : « et nous sommes avec l’autre ».

Affaiblissement du PCI et de l’identité communiste

En 1987, ont lieu des élections législatives anticipées (pour la 5è fois depuis 1968). L’Italie traverse une crise politique mais le président de l’organisation du grand patronat italien (Confindustria) écrit dans « le Figaro » du 15 juillet 87 que « l’Italie est championne, au moins potentiellement, du capitalisme ». Le résultat des élections, avec 26,6% des voix pour le PCI, est, selon le mot de Natta, « une défaite ». A part les élections européennes de 84, toutes les élections depuis 1976 ont été marquées par le tassement de ses voix, surtout dans les secteurs ouvriers et populaires, dans les villes industrielles, dans les zones «« rouges » de Rome. L’insatisfaction des électeurs reporte leurs voix sur certaines formations « radicales » (Démocratie prolétarienne), sur les Verts, mais aussi sur les socialistes et les démocrates chrétiens.

Un dirigeant du PCI, Lucio Magri, parle d’ « affaiblissement de l’identité communiste » et Alessandro Natta se demande si l’idée qu’il fallait rassembler ne l’a pas emporté sur le contenu du rassemblement. La majorité gouvernementale de centre droit, forte de 57% des suffrages, est renforcée, le Parti socialiste italien améliore ses résultats : avec 14,3% des suffrages, il retrouve son niveau des années 50. Le président de la Confindustria., toujours dans la même interview au « Figaro » du 15 juillet 87, annonce qu’« il importe que le nouveau gouvernement adopte des règles précises pour l’action économique, la libéralisation des capitaux, la modernisation de l’appareil administratif public… nous avons de bonnes chances d’aboutir ».

Les années 88-89 sont marquées par la volonté d’accentuer et accélérer la restructuration de l’économie et de la société italiennes. Les gouvernements « pentapartites » (socialistes, sociaux-démocrates, libéraux, républicains, démocrates chrétiens), font en sorte d’élargir les espaces politiques et économiques ouverts au capital privé, dans l’enseignement supérieur (au nom de l’autonomie des universités), la recherche, la culture. Le ministre du Trésor, Guido Carli, ancien président de la Banque d’Italie, ancien président de la Confindustria, déclare dans « la Repubblica » du 29 juillet 89, que, pour résorber le déficit de l’Etat, il faut commencer à « céder le patrimoine de l’Etat » : téléphone, banques, assurances, électricité.

Signes prémonitoires et préliminaires

Le PCI opère activement pour un rapprochement avec les partis sociaux-démocrates européens. Giorgio Napolitano, dans « l’Espresso » déclare en décembre 88 que, s’il n’est pas possible que le PCI « s’intègre actuellement dans le groupe socialiste à l’Assemblée européenne, car seuls en font partie des formations appartenant à l’Internationale socialiste ; les choses pourraient être examinées autrement si les conditions devenaient moins contraignantes ».

En 1989, Natta ayant démissionné de ses fonctions de secrétaire général du PCI pour raisons de santé, son successeur, Achille Occhetto, exalte lors du 18è congrès la valeur historique et future du nom de parti communiste « et alors, on ne comprend pas pourquoi nous devrions changer de nom ». Mais il annonce aussi que « si un parti, face à des transformations de vaste portée et face à des faits qui changent l’ensemble du panorama politique global, décidait, de façon autonome et non à cause de circonstances extérieures, de donner vie, avec d’autres, à une nouvelle formation politique, alors oui, il s’agirait d’une chose sérieuse, qui n’offenserait ni la raison ni l’honneur d’une organisation politique ».

Dès le lendemain de la chute du mur de Berlin (9-10 nov. 1989), il commence à parler, hors des instances du parti, d’une initiative importante, justifiée par des raisons italiennes et internationales, non pour changer le nom du parti, mais pour « donner vie à une nouvelle formation politique ». Il soumet cette proposition le 13 novembre 1989 au secrétariat du Comité central, le 14 à la Direction du parti, où elle suscite de fortes oppositions. Le 20 novembre, le Comité central adopte cette proposition qui doit être soumise à un congrès extraordinaire qui ouvrira une phase constituante, pour une organisation dont on ne définira le nom que plus tard et qui, en attendant, s’appelle « la cosa » (la chose) ; on annonce d’emblée qu’elle demandera son adhésion à l’Internationale socialiste, avec pour mission de jouer un rôle d’impulsion pour sortir la gauche européenne de sa crise. La phase constituante doit déboucher sur un congrès.

Cette proposition s’adresse aux forces progressistes et de gauche, non aux partis politiques, mais Occhetto parle des verts, des radicaux, de la gauche souterraine, des socialistes et des démocrates chrétiens de gauche. Effectivement, la préparation de ce congrès a donné lieu à des rencontres, clubs et même à un référendum parmi les lecteurs de l’hebdomadaire « l’Espresso ».

Le 19è congrès (mars 1990) se trouve placé devant 3 motions, inamendables, ce que certains délégués ont contesté, et le congrès ne peut qu’enregistrer les votes des sections. Un peu moins de 30% des membres du parti ont participé aux débats préparatoires, ce qui est plus que d’ordinaire, mais peu compte tenu de enjeux de ce congrès. La motion Occhetto l’emporte avec environ 70% des mandats et le PCI s’engage dans la constitution de « la chose ».

Le congrès de l’auto-dissolution

Occhetto, considérant que l’effondrement des systèmes politiques de l’est européen ouvre une nouvelle période historique, estime qu’il faut se débarrasser d’idéologies dépassées, surmonter les divisions historiques du mouvement ouvrier et trouver une réponse à la crise d’identité du PCI, à ses échecs politiques, à ses défaites électorales, à son vieillissement, au relâchement de ses contacts avec le monde du travail.

Le 20è congrès (Rimini, 31 janv.-3 fév. 1991) a vu la convergence des « colonels » (c’est ainsi qu’on appelait ses proches) d’Occhetto avec ceux qui se définissent comme relevant d’une « aire réformiste », « à la recherche d’objectifs de liberté et de justice qu’il est concrètement possible de poursuivre ». Ils refusent une stratégie de rupture avec le capitalisme. L’objectif est, pour eux, que le nouveau parti soit capable d’exprimer « une culture et une capacité de gouvernement », de tenir compte des contraintes budgétaires, d’avoir une vision « non étatiste des rapports entre public et privé dans l’économie ».

Parmi les opposants à cette orientation, Nichi Vendola se dit dérouté par le « vide d’analyse et de jugement sur une phase longue, une décennie intense, durant laquelle s’est consommée la défaite historique de la gauche mondiale ». Ces opposants jugent que « supprimer l’identité des communistes est une erreur gravement dommageable pour toute la gauche […] L’erreur n’a pas été d’être trop communistes. Elle a été au contraire de ne pas avoir développé une critique rénovée des nouvelles formes d’exploitation et de domination ». Pour eux, le tournant engagé avec le congrès précédent pèche pour 3 raisons :
a / l’absence d’une analyse de classe, moderne, de la société
                                 b/ un déplacement de l’axe culturel vers des positions subalternes par rapport à des idéologies modérées
                                 c/ une idée de la politique de sommet, qui privilégie le recours aux médias et les fonctions de leader ».

D’autre part, ce 20è congrès congrès ayant lieu au moment de la guerre du Golfe, Giorgio Napolitano s’oppose à la demande de retrait des forces italiennes dans le Golfe, objectant que ce ne serait qu’un geste de propagande. Mais beaucoup estiment démentie l’analyse d’Occhetto qui ne voyait dans l’effondrement des systèmes politiques d’Europe de l’est que des possibilités de développement démocratique et la fin de la guerre froide et de la politique des blocs.

Ce congrès est intervenu dans un climat de démobilisation des adhérents : plus de 100 000 adhérents n’ont pas repris leur carte. Mais cette phase constituante a associé de nombreux interlocuteurs extérieurs qui, n’appartenant pas au PCI, décident d’adhérer à la nouvelle formation (57 000 adhésions).

Le congrès adopte la motion Occhetto par 807 voix, 75 contre, 49 abstentions, 328 délégués étaient sortis de la salle pour manifester leur volonté de faire sécession. Occhetto est difficilement élu secrétaire général. Le Parti démocratique de la gauche était né. Plusieurs opposants continuèrent d’en faire partie, espérant pouvoir y rassembler de nombreux hésitants susceptibles d’être convaincus de la possibilité d’une force communiste dans ce parti.

On conçoit le désarroi des militants et des sympathisants du PCI devant cette disparition du PCI. Le 10 février 1991, quelques milliers de militants se rassemblent à Rome et fondent le Mouvement pour la refondation communiste, qui deviendra par la suite le Parti de la Refondation communiste.

Les conséquences ne se font pas fait attendre : c’est un recul idéologique et politique global pour le monde du travail. En septembre 1992, la Confindustria fait presque explicitement savoir qu’elle ne se sent plus liée aux forces qui ont jusqu’alors gouverné l’Italie et qui, effectivement, ont disparu des résultats électoraux (le Parti socialiste, la Démocratiechrétienne, le Parti libéral, le Parti social-démocrate). Achille Occhetto déclare que la gauche rénovée pourra donner « à la crise italienne une réponse que les vieilles classes dirigeantes ne sont plus en mesure d’élaborer ».

La CGIL précise un élément de cette réponse, lors de son congrès fin octobre 1992 : il en sort un syndicat défini comme « post-ouvrier », qui en a fini avec « le mythe du rôle central de la classe ouvrière ». Le syndicat doit défendre les travailleurs, les usagers, l’entreprise, les compatibilités. Si l’on ne tient pas compte des compatibilités entre ce qu’on demande et ce qui est possible, « on aura l’air de Martiens », affirme le secrétaire général : le syndicat doit donc fixer ses propres limites, il ne sert à rien de refuser par principe les mises à la retraite anticipée, la flexibilité, le chômage économique. On voit se dessiner la possibilité d’un nouveau pacte social où les syndicats auraient pour rôle de contenir les éventuels excès des salariés et des entreprises. Au plan politique, l’arrivée de Berlusconi, à 2 reprises président du conseil, marque une régression démocratique importante.

Voilà donc comment un grand parti, nombreux, influent, fort d’une longue histoire de luttes (antifascisme, Résistance, « reconstruction » économique et politique après 20 ans de fascisme et 5 ans d’une guerre qui a comporté un changement d’alliance et qui a eu de fortes composantes d’une guerre civile) a disparu après une dizaine d’années de reculs politiques et de reculades idéologiques sur fond de régression sociale.

Certains de ses membres ont pu espérer, soit qu’une « tendance communiste » pourrait peser sur l’activité du nouveau parti, soit que le patrimoine du PCI pourrait fructifier dans ce nouveau parti. Il n’en est rien, le nouveau parti est maintenant en train de se joindre à des formations social-démocrates, des formations de centre gauche, voire de centre droit, pour constituer un « parti démocratique » (ou « parti démocrate », à l’américaine : c’est le même mot en italien), avec comme objectif, non pas de changer la société, de briser la domination du capital, mais d’être une force d’alternance contre la droite berlusconienne. Ses actuels dirigeants font savoir leur exaspération quand reparaît le mot d’ordre d’Enrico Berlinguer : être à la fois parti de lutte et de gouvernement.

Si vous ne voulez pas que le parti communiste français connaisse le même sort, avec les mêmes conséquences désastreuses pour la société et les travailleurs français, il y a urgence à réagir.
 Prenez la parole.

Italie : comment a t-on pu en arriver là ?



Comment un pays qui se distinguait il y a quelques décennies encore par le plus puissant parti communiste d’Europe, disposant d’une base sociale immense et d’une haute stature culturelle, mais aussi par une gauche extra-parlementaire particulièrement forte et vivace, a-t-il pu sombrer dans un tel cauchemar ?

Car c’est bien de cauchemar qu’il faut parler, lorsque les seules options qui se détachent dans l’élection actuelle tiennent dans une coalition des droites radicales dominée par les néofascistes, une coalition du centre menée par le Parti démocrate (un parti qui s’est bâti justement sur les cendres du Parti communiste italien et sur la base d’une rupture totale avec l’héritage communiste dans quelque sens qu’on l’entende), et un Mouvement 5 étoiles dont on a vu au pouvoir ce que valait sa rhétorique et ses prétentions « anti-système ».

Ce dossier de Contretemps permet d’y voir plus clair en revenant sur la quinzaine d’années qui vient de s’écouler, marquée par des coalitions bancales et des gouvernements technocratiques, où se sont mêlés l’extrême centre, la droite et l’extrême droite, et dont le point commun a été d’imposer la continuité de la grande destruction néolibérale. Or c’est bien sur le fond de cette destruction – des solidarités collectives et des espoirs de changement – que prospèrent les néofascistes, ici comme ailleurs.

xxx

Giorgia Meloni cherche à dissimuler les liens de son parti – Fratelli d’Italia – avec le fascisme historique. Pourtant, sa politique reste fondée sur l’ethnonationalisme, l’anticommunisme et le rejet des valeurs des Lumières.

***

Giorgia Meloni a proposé son nom pour devenir la prochaine Première ministre italienne, si sa coalition obtient la majorité lors des élections qui auront lieu dans quelques semaines – et à en juger par les sondages actuels, elle est pratiquement assurée d’y parvenir. La coalition dite de « centre-droit » formée par son parti Fratelli d’Italia, la Lega de Matteo Salvini et Forza Italia de Silvio Berlusconi devrait obtenir 45 à 47 % des voix lors du scrutin du 25 septembre, le parti de Mme Meloni recueillant environ la moitié de ce total. Compte tenu du système électoral italien, un tel résultat donnerait à cette coalition une nette majorité de sièges.

De l’autre côté du champ politique italien, on a assisté à l’échec retentissant de la tentative du Parti démocrate (PD), mené par Enrico Letta, de construire une large coalition de centre-gauche. Elle est au contraire fragmentée en plusieurs formations rivales. Au centre, on trouve une alliance entre deux partis ultra-néolibéraux (Italia Viva de Matteo Renzi et Azione de Carlo Calenda), qui insistent sur leur soutien aux politiques du gouvernement sortant du technocrate Mario Draghi. Du côté de la gauche libérale et pro-OTAN, les Démocrates de Letta n’ont réussi à obtenir le soutien que de quelques forces mineures, aux orientations contradictoires.

L’éclectique Mouvement 5 étoiles (M5S), rompant le pacte qui l’unissait aux Démocrates, a refusé une entente avec les autres forces. La gauche radicale, qui n’est pas parvenu à intégrer le parlement en 2018, s’est plutôt réorganisée au sein de l’Unione Popolare, dirigée par l’ancien maire de Naples Luigi de Magistris.

Dans cette situation où Fratelli d’Italia a de grandes chances de diriger le prochain gouvernement, l’organisation avance dans deux directions tactiques. Premièrement, elle a donné la priorité à la question de la candidature de Meloni à la tête d’un éventuel gouvernement de droite. L’objectif est de vanter sa légitimité populaire et d’éviter les manœuvres post-électorales des alliés qui chercheraient à imposer une autre figure sans lien avec les différents partis.
Ensuite, elle tente de présenter un profil rassurant de parti fondamentalement pro-système.

Les conservateurs européens ?

La formation de Meloni a été créée en 2012, mettant en avant sa continuité avec le courant néofasciste incarné pendant quatre décennies par le Movimento Sociale Italiano (MSI) avant sa transformation dans les années 1990 en Alleanza Nazionale. Trouvant ses racines dans un MSI qui était à la fois sentimentalement et idéologiquement lié à vingt ans de régime fasciste, la question de la nature de Fratelli d’Italia n’a cessé de se poser ces dernières années. Cette attention s’est particulièrement accrue depuis qu’il est passé d’une force marginale à ce que les sondages considèrent comme le premier parti d’Italie.

La semaine dernière, Meloni a produit une vidéo en plusieurs langues pour rejeter l’étiquette fasciste ou néofasciste. Cependant, la question de la continuité ou de la rupture avec le fascisme historique n’est pas aussi simple qu’elle est généralement présentée, que ce soit par ceux qui présentent de manière simpliste une continuité avec le passé ou par ceux qui la nient complètement.

Fratelli d’Italia se présente aujourd’hui comme un parti « conservateur », vantant à cet effet la présidence de Meloni au sein du parti continental des Conservateurs et Réformistes Européens (ECR). Cette formation, qui regroupe diverses forces à l’intérieur et à l’extérieur de l’Union européenne, et s’aligne sur le groupe correspondant au Parlement européen, est née d’une initiative des conservateurs britanniques et du parti polonais Droit et Justice (PiS) au pouvoir. Avec la sortie de la Grande-Bretagne de l’UE, les conservateurs ont pris du recul mais maintiennent toujours une relation de collaboration. Les partis officiellement liés à l’ECR en dehors de l’Europe comprennent les Républicains états-uniens et le Likoud d’Israël.

D’un point de vue idéologique, l’objectif poursuivi par Meloni n’est pas de nier la continuité avec la droite néofasciste d’après-guerre, mais plutôt de l’insérer dans un courant plus large qui jouit d’une plus grande légitimité pour gouverner un pays d’Europe occidentale. Le fascisme historique est « relégué dans le passé » et certains de ses aspects, qu’il serait difficile de reproduire dans le présent, sont condamnés. Mais d’autres références idéologiques fondamentales sont conservées.



Tradition anti-Lumières

Dans ses Thèses de Trieste – approuvées lors du deuxième congrès du parti en décembre 2017 et toujours considérées comme son manifeste de référence – l’activité du parti est placée dans le contexte d’une bataille idéologique de longue haleine qui remonte au moins à la Révolution française :


« Notre civilisation, écrit Fratelli d’Italia, est désormais attaquée dans ses structures constitutives par une attaque concentrique, menée au nom de la lutte contre les préjugés, avec le même schéma idéologique que les Lumières ont inauguré pour la première fois dans leur croisade, au nom de la raison, contre l’autorité de la tradition ».

Et ce que l’on reproche le plus aux Lumières, c’est précisément de hisser la raison au-dessus de la tradition. Les partisans de la « société ouverte », lit-on, veulent imposer « des politiques sociales et culturelles qui, au nom du progrès, cherchent à déraciner les fondements du modèle de civilisation que les peuples européens ont créé pendant des millénaires« . L’affrontement oppose donc les Lumières, la raison et le progrès à une identité issue de la tradition et devant s’incarner dans l’autorité.

Benito Mussolini lui-même (pourtant idéologiquement éclectique quand cela l’arrangeait) se vantait que le fascisme s’opposait aux « principes français de 1789 ». C’est dans ce cadre que s’inscrit l’ensemble des valeurs de Fratelli d’Italia. Il en découle, avant tout, un nationalisme à caractère ethnique. La rhétorique patriotique, fortement présente dans la propagande d’une organisation qui s’est définie comme le « mouvement des patriotes », se fonde sur la nation comme « organisme vivant ».

Pour l’extrême droite, la Première Guerre mondiale est un moment primordial dans la formation historique de l’identité italienne. Elle est perçue comme une continuation du Risorgimento, d’où est né l’État unitaire italien. L’ensemble des événements menant de la défaite militaire de Caporetto (automne 1917) à la victoire sur les puissances centrales à Vittorio Veneto en octobre 1918 sont exaltés comme le véritable creuset de l’identité nationale. La sacralisation de la guerre et le culte des morts (du seul côté italien, bien sûr) sont considérés comme essentiels à la construction d’une identité nationale qui doit être défendue contre les éléments corrosifs.

L’anticommunisme

Il s’agit d’une représentation qui se nourrit davantage de mythologies que de reconstitutions historiques authentiques. Mais l’exaltation de la Première Guerre mondiale est également jugée implicitement nécessaire pour dissimuler autant que possible la Deuxième Guerre mondiale, qui a vu les forces libérales et communistes s’aligner contre le bloc nazi-fasciste. Il s’agit également d’une tentative d’effacer la Résistance et le mouvement partisan comme référence idéale de l’Italie démocratique.

Le communisme continue d’être considéré comme un ennemi absolu car il est présenté comme la conclusion la plus extrême de certaines idées des Lumières, dont l’internationalisme. L’idée même de conflit social, inhérente à la perspective de la lutte des classes, est considérée comme destructrice de l’identité nationale.

Alors que le nationalisme ethnique, dans lequel les identités nationales sont figées dans le temps et incapables d’évoluer et de changer, est ouvertement affiché, une conception hiérarchique des relations sociales demeure comme un courant sous-jacent. L’idée que l’égalité est une aspiration à laquelle il faut tendre (elle figure d’ailleurs parmi les valeurs constitutionnelles de la République italienne créée en 1946) est également considérée comme faisant partie de l’héritage des idées révolutionnaires qui s’opposent à la « tradition ». Cette vision hiérarchique se combine dans Fratelli d’Italia avec des références à Margaret Thatcher et Ronald Reagan, dont le néolibéralisme inspire la vision économique du parti.

Pendant des décennies, le MSI néofasciste a été divisé entre différentes visions économiques. Il y avait des partisans du corporatisme et des « socialisateurs », inspirés par les proclamations démagogiques de la République de Salò de 1943-45 (dirigée nominalement par Mussolini mais subordonnée à tous égards à l’occupant nazi). Pourtant, ces questions économiques ont été largement mises de côté dès sa transformation en Alleanza Nazionale, sous la direction de Gianfranco Fini.

La vision néolibérale établie depuis le début des années 1980 dans les principaux pays capitalistes, avec sa composante de darwinisme social, s’est avérée acceptable et compatible avec l’idéologie des héritiers du MSI, car elle accepte comme inévitables les différences de pouvoir, de richesse et d’autorité entre les individus. Cependant, ces différences ne sont plus déterminées de manière rigide par une structure sociale fixe et immuable, mais résultent plutôt de la concurrence entre les individus, qui se déroule principalement sur le terrain économique.

La condamnation de certains aspects du fascisme, réaffirmée par Meloni au début de la campagne électorale, n’est pas entièrement nouvelle, car des formulations similaires avaient déjà été introduites par Fini, et même par son leader historique Giorgio Almirante, bien qu’en alternance avec des revendications explicites d’adhésion au fascisme. Cette condamnation n’exclut pas la continuité avec le cadre idéologique (ethnonationalisme, darwinisme social, anticommunisme) dans lequel s’insère le fascisme historique.

Fratelli d’Italia continue, dans une certaine mesure, à appliquer le même principe qui a guidé l’un des premiers dirigeants de l’ancien MSI, Augusto De Marsanich, selon lequel il promettait de « ne pas restaurer » (la dictature fasciste), mais aussi de « ne pas désavouer » le régime comme faisant partie de l’héritage historique de la droite italienne. La condamnation de certains éléments peu recommandables du fascisme ne se transforme pas pour autant en engagement antifasciste.Dans les médias proches de Fratelli d’Italia, la Résistance partisane contre le nazi-fascisme pendant la Seconde Guerre mondiale continue d’être présentée uniquement comme responsable d’actions criminelles et anti-nationales.

Pro-système

Le numéro d’équilibriste de Meloni consiste donc à revendiquer la continuité avec la droite néofasciste tout en se faisant accepter comme une force politique pro-système. Les éléments de base du paradigme dominant sont au nombre de deux : 1/ l’engagement envers le bloc occidental articulé autour de l’OTAN ; 2/ la défense de la primauté des entreprises sur le travail.

Sur le premier point, Fratelli d’Italia a fourni les garanties les plus larges. Le MSI, après une phase initiale d’incertitude, s’est rangé du côté du bloc atlantique, favorisant l’adhésion à la croisade idéologique anticommuniste par rapport aux discours d’autres éléments d’extrême-droite sur une « troisième » force séparée des États-Unis et de l’URSS. Le parti de Meloni a été favorable, dès le début, au soutien militaire à l’Ukraine dans son conflit avec la Russie. Il a ouvertement préconisé l’envoi d’armes offensives et pas seulement défensives, soutenant ainsi l’alignement du gouvernement Draghi sur la politique de l’administration Biden.

Au fil des ans, les déclarations faisant l’éloge de la politique de Vladimir Poutine (principalement en ce qui concerne sa « bataille culturelle » et son opposition à une supposée « dictature LGBTQ ») ou sa sympathie pour le Hongrois Viktor Orbán n’ont pas manqué. Mais c’est avec la droite polonaise que Fratelli d’Italia a construit sa principale alliance. Les diverses formations de la droite radicale européenne n’ont jamais été en mesure de trouver un terrain d’organisation commun, bien qu’elles convergent sur de nombreuses questions idéologiques et programmatiques, précisément en raison de leurs attitudes différentes à l’égard de la Russie.

Pour des raisons historiques et géopolitiques, une partie de la droite a toujours adopté des positions fortement hostiles à la Russie tout en exprimant une vision idéologique à bien des égards similaire à celle de Poutine. Grâce aux manœuvres de Fratelli d’Italia, l’ensemble de la coalition de droite italienne s’est clairement positionnée en faveur de l’élargissement de l’OTAN, du soutien militaire à Kiev et des sanctions contre la Russie.

Sur le plan économique, l’adhésion de Fratelli d’Italia au paradigme néolibéral va de pair avec le soutien à l’équilibre budgétaire comme contrainte de l’action gouvernementale. Suppression du « revenu citoyen » (un ensemble d’allocations pour les demandeurs d’emploi introduites en 2019) ; réduction des impôts en assouplissant le principe de l’imposition progressive ; soutien aux infrastructures par le biais de « grands projets » ; et interventions sur les questions environnementales strictement subordonnées à l’intérêt économique. De ce point de vue, la politique économique de Fratelli d’Italia peut être considérée comme moins populiste non seulement que celle défendue par le Mouvement 5 étoiles, mais aussi que celles de la Lega de Salvini et de Forza Italia.

Pour Meloni et son parti, la question non résolue de la relation avec l’Union européenne demeure. La première préoccupation est d’assurer à ses concitoyens que les fonds du Plan national de relance et de résilience (PNRR), alloués à l’Italie par la Commission européenne à Bruxelles, continueront à arriver comme prévu. Au moment où le gouvernement alors dirigé par Giuseppe Conte (Cinq étoiles) négociait ce Plan, Mme Meloni a tenté de s’opposer à la demande de financement européen en évoquant plutôt l’utilisation possible des droits de tirage spéciaux fournis par le Fonds monétaire international. Cette proposition a été jugée bizarre par de nombreux économistes.

Bien que le parti ait exclu les perspectives d’Italexit ou d’abandon de l’euro, il reste fortement hostile à un développement fédéraliste de l’UE.Dans certains discours, Mme Meloni a comparé l’UE à l’URSS, comprise comme une cage qui opprime ses États membres. Elle propose une Europe organisée comme une confédération d’États souverains, mais préconise en même temps son développement en tant que « marché libre », suivant une perspective qui a caractérisé la présence britannique dans l’UE dans les versions de Thatcher et de Tony Blair.

Le programme électoral adopté par la droite à l’approche des élections du 25 septembre évite de faire des propositions particulièrement conflictuelles et utilise des formules plutôt vagues. Il déclare que l’Italie confirme sa « pleine adhésion au processus d’intégration européenne » mais en se concentrant sur une Union « plus politique et moins bureaucratique ». Toutefois, elle souhaite également que cette Europe réaffirme son identité « judéo-chrétienne ».

Dans son livre Io Sono Giorgia (« Je suis Giorgia »), la leader de Fratelli d’Italia affirme une idée de l’Europe qui n’est pas liée au dépassement des nationalismes qui ont produit les deux guerres mondiales, mais plutôt à la guerre comme marqueur d’identité. Il s’agit de la bataille de Poitiers en 732, qui a arrêté la « marée islamique », de la défense de Constantinople par Constantin XI, et de la bataille de Lépante en 1571, qui a réussi à « arrêter l’avancée turque ». Comme pour la bataille italienne de Caporetto en 1917, c’est toujours la guerre, le conflit qui se termine par la suppression physique de l’ennemi, qui alimente les fantasmes guerriers du « soldat Meloni » (une auto-définition qui clôt son autobiographie).

Un acte d’équilibre

Il convient de souligner que l’extrême droite italienne se trouve prise dans un certain nombre d’équilibres politico-idéologiques. Ayant toujours pris le parti de l’opposition à tous les gouvernements successifs depuis sa création fin 2012, Fratelli d’Italia a bénéficié de l’instabilité permanente du système politique italien. Il a notamment pu rassembler des soutiens grâce à la crise de ses deux alliés. D’abord Forza Italia s’est effondré avec le déclin du leadership de Berlusconi, puis avec la montée rapide, suivie d’un déclin tout aussi rapide, de la popularité de Salvini.

La droite italienne, grâce à son articulation entre des partis porteurs d’identités distinctes et de leaderships forts, a pu maintenir son large réservoir de soutien qui s’est presque toujours situé entre 45 et 50 % de l’électorat. Seule la montée du Mouvement 5 étoiles au cours des années 2010 a été en mesure de dépouiller une part importante des électeurs de droite, mais ils sont rapidement revenus, notamment grâce à la communication populiste du leader de la Lega, Salvini.

Quant au centre-gauche, les deux stratégies poursuivies par le Parti démocrate depuis sa formation en 2007 ont échoué. Il avait fait le pari de devenir une force capable d’intercepter le soutien de tous ceux qui ne votent pas pour la droite, en éliminant tous les concurrents (la « vocation majoritaire » de Walter Veltroni, son premier leader). Il aspirait également à l’agrégation d’une coalition hétérogène de forces, dont les Démocrates conserveraient le leadership incontesté (le « large champ » de Letta, son leader actuel). Pourtant, face au succès de la droite, la seule alternative qu’elle peut offrir est une autre coalition technocratique, fondée non pas sur le soutien des électeurs mais plutôt sur une alchimie favorisée par le système électoral byzantin de l’Italie.

Franco Ferrari Publié initialement dans Jacobin et ensuite dansContretemps.

Sauvons l’Arménie


L’Azerbaïdjan vient de lancer son offensive contre l’Arménie. L’impunité dont elle a bénéficié lors de l’occupation militaire des territoires de la République d’Artsakh, le rôle renforcé de la Turquie au sein de l’Otan, l’effondrement militaire de la Russie en Ukraine et les achats européens de gaz lui permettent de réaliser son objectif pour établir une continuité territoriale avec le Nakhitchevan. C’est une étape essentielle dans la reconstitution d’un ensemble panturque ininterrompu allant d’Istanbul au Turkestan.

Ne soyons pas dupes, avec l’aide de la Turquie et la passivité intéressée de la Russie, qui cherche des monnaies d’échanges pour sortir du conflit ukrainien, le but militaire de l’Azerbaïdjan est évident : annexer la province arménienne du Syunik. L’éradication de l’Arménie est en cours d’achèvement.

J’ai dénoncé au Sénat la duplicité de l’Union européenne qui feint d’ignorer ce projet militaire pour mieux acheter le gaz azéri. Comme l’Ukraine, l’Arménie réclame des armes pour se défendre. Nous avons le devoir de l’aider comme nous avons aidé l’Ukraine. Le million de morts victimes du génocide arménien commis par la Turquie profitant de l’indifférence de l’Europe nous regarde. Allons-nous commettre une nouvelle lâcheté ?

En 1897, Jaurès déclarait à propos des grands massacres d’Arméniens en 1894-1896 : « Nous en sommes venus au temps où l’humanité ne peut plus vivre avec, dans sa cave, le cadavre d’un peuple assassiné ». Un million de morts plus tard, l’Azerbaïdjan compte de nouveau sur l’abdication de notre conscience pour achever la criminelle entreprise lancée par la Turquie. Il est urgent de se mobiliser pour empêcher l’irrémédiable. C’est l’existence même de l’Arménie qui est en jeu.

source : https://www.pcf.fr/sauvons_l_armenie

La face cachée de Volodymyr Zelensky


Volodymyr Zelensky,
le nouveau président ukrainien, également comédien.
Ici lors de l'enregistrement d'un de ses spectacles
à Kiev en mars 2017

« Héros de la liberté », « Hero of Our Time », « Der Unbeugsame », « The Unlikely Ukrainian Hero Who Defied Putin and United the World », « Zelensky, l’Ukraine dans le sang » : les médias et les dirigeants occidentaux ne savent plus quels superlatifs utiliser pour chanter les louanges du président ukrainien, tant ils sont fascinés par la « stupéfiante résilience » du comédien miraculeusement transformé en « chef de guerre » et en « sauveur de la démocratie. »

Depuis trois mois, le chef d’Etat ukrainien fait la une des magazines, ouvre les téléjournaux, inaugure le Festival de Cannes, harangue les parlements, félicite et admoneste ses collègues à la tête d’Etats dix fois plus puissants que lui avec un bonheur et un sens tactique qu’aucun acteur de cinéma ni aucun dirigeant politique avant lui n’avait connus.

Comment ne pas tomber sous le charme de cet improbable Mr. Bean qui, après avoir conquis le public avec ses grimaces et ses extravagances (se promener nu dans un magasin et mimer un pianiste jouant avec son sexe par exemple), a su en une nuit troquer ses pitreries et ses jeux de mots graveleux contre un T-shirt gris-vert, une barbe d’une semaine et des mots pleins de gravité pour galvaniser ses troupes assaillies par le méchant ours russe ?

Depuis le 24 février, Volodymyr Zelensky a, sans conteste, administré la preuve qu’il était un artiste de la politique internationale aux talents exceptionnels. Ceux qui avaient suivi sa carrière de comique n’ont pas été surpris car ils connaissaient son sens inné de l’improvisation, ses facultés mimétiques, son audace de jeu. La façon dont il a mené campagne et terrassé en quelques semaines, entre le 31 décembre 2018 et le 21 avril 2019, des adversaires pourtant coriaces comme l’ancien président Porochenko, en mobilisant son équipe de production et ses généreux donateurs oligarques, avait déjà prouvé l’ampleur de ses talents. Mais il restait à transformer l’essai. Ce qui est désormais fait.

Talent pour le double jeu

Cependant, comme c’est souvent le cas, la façade ressemble rarement aux coulisses. La lumière des projecteurs cache plus qu’elle ne montre. Et là, force est de constater que le tableau est moins reluisant : tant ses réalisations de chef d’Etat que ses performances de défenseur de la démocratie laissent sérieusement à désirer.

Ce talent pour le double jeu, Zelensky va le montrer dès son élection. On rappelle qu’il a été élu le avec le score canon de 73,2 % des voix en promettant de mettre fin à la corruption, de mener l’Ukraine sur le chemin du progrès et de la civilisation, et surtout de faire la paix avec les russophones du Donbass. Aussitôt élu, il va trahir toutes ses promesses avec un zèle si intempestif que sa cote de popularité tombera à 23% en janvier 2022, au point de se faire distancer par ses deux principaux adversaires.



Dès mai 2019, pour satisfaire ses sponsors oligarques, le nouvel élu lance un programme massif de privatisation du sol portant sur 40 millions d’hectares de bonnes terres agricoles sous prétexte que le moratoire sur la vente des terres aurait fait perdre des milliards de dollars au PIB du pays. Dans la foulée des programmes de « décommunisation » et de « dérussification » entamés depuis le coup d’Etat pro-américain de février 2014, il lance une vaste opération de privatisation des biens d’Etat, d’austérité budgétaire, de dérégulation des lois sur le travail et de démantèlement des syndicats, ce qui fâche une majorité d’Ukrainiens qui n’avaient pas compris ce que leur candidat entendait par « progrès », « occidentalisation » et « normalisation » de l’économie ukrainienne. Dans un pays qui, en 2020, affichait un revenu par habitant de 3726 dollars contre 10 126 dollars pour l’adversaire russe, alors qu’en 1991 le revenu moyen de l’Ukraine dépassait celui de la Russie, la comparaison n’est pas flatteuse. Et on comprend que les Ukrainiens n’aient pas applaudi cette énième réforme néolibérale.

Quant à la marche vers la civilisation, elle prendra la forme d’un autre décret qui, le 19 mai 2021, assure la domination de la langue ukrainienne et bannit le russe dans toutes les sphères de la vie publique, administrations, écoles et commerces, à la grande satisfaction des nationalistes et à la stupéfaction des russophones du sud-est du pays.

Un sponsor en fuite

En matière de corruption, le bilan n’est pas meilleur. En 2015, le Guardian estimait que l’Ukraine était le pays le plus corrompu d’Europe. En 2021, Transparency International, une ONG occidentale basée à Berlin, classait l’Ukraine au 122e rang mondial de la corruption, tout près de la Russie honnie (136e). Pas brillant pour un pays qui passe pour un parangon de vertu face aux barbares russes. La corruption est partout, dans les ministères, les administrations, les entreprises publiques, le parlement, la police, et même dans la Haute Cour de Justice Anti-Corruption selon le Kyiv Post ! Il n’est pas rare de voir des juges rouler en Porsche, observent les journaux.

Le principal sponsor de Zelensky, Ihor Kolomoïsky, résident à Genève où il possède des bureaux luxueux avec vue sur la rade, n'est pas le moindre de ces oligarques qui profitent de la corruption ambiante : le 5 mars 2021, Anthony Blinken, qui ne pouvait sans doute pas faire autrement, annonçait que le Département d’Etat avait bloqué ses avoirs et l’avait banni des Etats-Unis en raison « d’une implication pour fait significatif de corruption ». Il est vrai qu’on accusait Kolomoïsky d’avoir détourné 5,5 milliards de dollars de la banque publique Privatbank. Simple coïncidence, le bon Ihor était aussi le principal actionnaire du holding pétrolier Burisma qui employait le fils de Joe Biden, Hunter, pour un modeste dédommagement de 50 000 dollars par mois, et qui fait aujourd’hui l’objet d’une enquête du procureur du Delaware. Sage précaution : Kolomoisky, devenu persona non grata en Israël et réfugié en Géorgie selon certains témoins, ne risque ainsi pas de venir témoigner à la barre.

C’est ce même Kolomoïsky, décidément incontournable dans cette Ukraine en route vers le progrès, qui a fait toute la carrière d’acteur de Zelensky et qu’on retrouve impliqué dans l’affaire des Pandora Papers révélée par la presse en octobre 2021. Ces papiers ont révélé que depuis 2012, la chaine de TV 1+1 appartenant au sulfureux oligarque avait versé pas moins de 40 millions de dollars à sa vedette Zelensky depuis 2012 et que ce dernier, peu avant d’être élu président et avec l’aide de sa garde rapprochée de Kryvyi Rih - les deux frères Shefir, dont l’un est l’auteur des scénarios de Zelenski et l’autre le chef du Service de sécurité d’Etat, et le producteur et propriétaire de leur société de production commune Kvartal 95 - avait prudemment transféré des sommes considérables sur des comptes offshore ouverts au nom de sa femme, tout en acquérant trois appartements non déclarés à Londres pour la somme de 7,5 millions de dollars.

Ce goût du « serviteur du peuple » (c’est le nom de sa série télévisée et de son parti politique) pour le confort non-prolétarien est confirmé par une photo brièvement apparue sur les réseaux sociaux et aussitôt effacée par les fact-checkers anti-complotistes, qui le montrait prenant ses aises dans un palace tropical à quelques dizaines de milliers de dollars la nuit alors qu’il était censé passer ses vacances d’hiver dans une modeste station de ski des Carpathes.

Cet art de l’optimisation fiscale et cette fréquentation assidue d’oligarques pour le moins controversés ne plaident donc pas en faveur d’un engagement présidentiel inconditionnel contre la corruption. Pas plus que le fait d’avoir essayé de dégommer le président de la Cour constitutionnelle Oleksandr Tupytskyi, qui le gênait, et nommé premier ministre, après le départ de son prédécesseur Oleksyi Hontcharouk pour cause de scandale, un inconnu du nom de Denys Chmynal mais qui avait le mérite de diriger l’une des usines de l’homme le plus riche du pays, Rinat Akhmetov, propriétaire de la fameuse usine Azovstal, ultime refuge des héroïques combattants de la liberté du bataillon Azov. Combattants qui arborent sur leur bras, dans leur cou, dans leur dos ou sur leur poitrine des tatouages glorifiant le Wolfsangel de la Division SS Das Reich, des phrases d’Adolf Hitler ou des croix gammées, comme on a pu le voir sur les innombrables vidéos diffusées par les Russes après leur reddition.

Otage des bataillons Azov

Car le rapprochement du flamboyant Volodymyr avec les représentants les plus extrêmes de la droite nationaliste ukrainienne n’est pas la moindre des étrangetés du Dr. Zelensky. Cette complicité a aussitôt été niée avec la plus grande virulence par la presse occidentale, qui l’a jugée scandaleuse en raison des origines juives du président, subitement redécouvertes. Comment un président juif pourrait-il sympathiser avec des néo-nazis, par ailleurs présentés comme une infime minorité de marginaux ? Il ne faudrait tout de même pas donner du crédit à l’opération de « dénazification » menée par Vladimir Poutine…

Et pourtant les faits sont têtus et loin d’être anodins.

Il est certain qu’à titre personnel Zelensky n’a jamais été proche de l’idéologie néo-nazie ni même de l’extrême-droite nationaliste ukrainienne. Son ascendance juive, même si elle est relativement lointaine et n’a jamais été revendiquée avant février 2022, exclut bien évidemment tout antisémitisme de sa part. Ce rapprochement ne trahit donc pas une affinité mais relève de la banale raison d’Etat et d’un mélange bien compris de pragmatisme et d’instinct de survie physique et politique.

Il faut remonter à octobre 2019 pour comprendre la nature des relations entre Zelensky et l’extrême-droite. Et il faut comprendre que ces formations d’extrême-droite, même si elles ne pèsent que 2% de l’électorat, représentent tout de même près d’un million de personnes très motivées et bien organisées et qui se répartissent dans de nombreux groupements et mouvements, dont le régiment Azov (cofondé et financé dès 2014 par Kolomoïsky, toujours lui !) n’est que le plus connu. Il faut lui ajouter les organisations Aïdar, Dnipro, Safari, Svoboda, Pravy Sektor, C14 et Corps national pour être complet.

C14, baptisé ainsi en raison du nombre de mots de la phrase du néonazi américain David Lane (« We must secure the existence of our people and a future for white children »), est l’un des moins connus à l’étranger mais les plus redoutés pour sa violence raciste en Ukraine. Tous ces groupements ont été plus ou moins fondus dans l’armée et la garde nationale ukrainiennes à l’initiative de leur animateur, l’ancien ministre de l’Intérieur Arsen Avakov, qui a régné sans partage sur l’appareil de sécurité ukrainien de 2014 à 2021. Ce sont eux que Zelensky appelle des « vétérans depuis l’automne 2019.

Quelques mois après son élection, le jeune président se rend en effet dans le Donbass pour tenter de réaliser sa promesse électorale et faire appliquer les accords de Minsk signés par son prédécesseur. Les forces d’extrême-droite, qui pilonnent les villes des Donetsk et Lougansk depuis 2014 au prix de dix mille morts, l’accueillent avec la plus grande circonspection car ils se méfient de ce président « pacifiste ». Ils mènent une campagne sans pitié contre la paix sous le slogan « Pas de capitulation ». Sur une vidéo, on voit un Zelensky blême les implorer : « Je suis le président de ce pays. J’ai 41 ans. Je ne suis pas un loser. Je viens vers vous et vous dis : retirez les armes. » La vidéo est lâchée sur les réseaux sociaux et Zelensky devient aussitôt la cible d’une campagne haineuse. C’en sera fait de ses velléités de paix et d’application des accords de Minsk.

Peu après cet incident, un retrait mineur des forces extrémistes a lieu, puis les bombardements reprennent de plus belle.

Croisade nationaliste

Le problème est que non seulement Zelensky a cédé à leur chantage mais qu’il les rejoint dans leur croisade nationaliste. Après son expédition ratée, en novembre 2019, il reçoit plusieurs leaders de l’extrême-droite, dont Yehven Taras, le chef du C14, tandis que son premier ministre s’affiche aux côtés d’Andryi Medvedko, une figure néo-nazie soupçonnée de meurtre. Il soutient aussi le footballeur Zolzulya contre les fans espagnols qui l’accusent d’être un nazi à cause de son soutien proclamé à Stepan Bandera, le leader nationaliste qui a collaboré avec l’Allemagne nazie pendant la guerre (et avec la CIA après la guerre) et participé à l’Holocauste des Juifs.

La collaboration avec les radicaux nationalistes est bien installée. En novembre de l’an dernier, Zelensky nomme l’ultra-nationaliste de Pravy Sektor Dmytro Yarosh conseiller spécial du commandant en chef de l’armée ukrainienne et, depuis février 2022, chef de l’Armée des volontaires qui fait régner la terreur à l’arrière. Au même omet, il nomme Oleksander Poklad, surnommé « l’étrangleur » en raison de son goût pour la torture, cher du contre-espionnage du SBU. En décembre, deux mois avant la guerre, c’est au tour d’un autre chef de Pravy Sektor, le commandant Dmytro Kotsuybaylo, d’être récompensé par le titre de « Héros de l’Ukraine » tandis que, une semaine après le début des hostilités, Zelensky fait remplacer le gouverneur régional d’Odessa par Maksym Marchenko, commandant du bataillon ultranationaliste Aïdar, celui-là même auprès duquel Bernard-Henri Lévy se fera une gloire de défiler.

Désir d’amadouer l’extrême-droite en lui confiant des postes ? Ultra-patriotisme partagé ? Ou simple convergence d’intérêt entre une droite néolibérale atlantiste et pro-occidentale et une extrême droite nationaliste qui rêve de casser du Russe et de « mener les races blanches du monde dans une croisade finale contre les Untermenschen guidés par les Sémites », selon les mots de l’ancien député Andryi Biletsky, chef du Corps national ? On ne sait trop, aucun journaliste ne s’étant hasardé à poser la question à Zelensky.

Ce qui ne fait aucun doute en revanche, c’est la dérive de plus en plus autoritaire, voire criminelle, du régime ukrainien. A tel point que ses zélotes devraient y réfléchir à deux fois avant de proposer leur idole au prix Nobel de la Paix. Car, pendant que les médias regardent ailleurs, c’est une vraie campagne d’intimidation, de kidnappings et d’exécutions que subissent les élus locaux et nationaux soupçonnés d’être des agents russes ou de connivence avec l’ennemi parce qu’ils veulent éviter une escalade du conflit.

« Un traitre de moins en Ukraine ! On l’a retrouvé tué et il a été jugé par le tribunal du peuple !» C’est ainsi que le conseiller du ministre de l’Intérieur, Anton Gerashenko, a annoncé sur son compte Telegram le meurtre de Volodymyr Strok, maire et ancien député de la petite ville de Kremnina. Soupçonné d’avoir collaboré avec les Russes, il a été enlevé puis torturé avant d’être exécuté. Le 7 mars, c’est au tour du maire de Gostomel d’être tué parce qu’il avait voulu négocier un corridor humanitaire avec les militaires russes. Le 24 mars, c’est le maire de Kupyansk qui demande à Zelensky de relâcher sa fille enlevée par les séides du SBU. Au même moment, un des négociateurs ukrainiens est retrouvé mort après avoir été accusé de trahison par les médias nationalistes. Pas moins de onze maires sont portés disparus à ce jour, y compris dans des régions jamais occupées par les Russes…

Partis d’opposition interdits

Mais la répression ne s’arrête pas là. Elle frappe les médias critiques, qui ont tous été fermés, et les partis d’opposition, qui ont tous été dissous.

En février 2021, Zelensky fait fermer trois chaînes d’opposition jugées pro-russes et censées appartenir à l’oligarque Viktor Medvedchuk, NewsOne, Zik et 112 Ukraine. Le Département d’Etat salue cet attentat contre la liberté de la presse en déclarant que les Etats-Unis soutiennent les efforts ukrainiens pour contrer l’influence maligne de la Russie… » En janvier 2022, un mois avant la guerre, c’est au tour de la chaine Nash d’être fermée. Après le début de la guerre, le régime fait la chasse aux journalistes, blogueurs et commentateurs de gauche. Début avril, deux chaînes de droite sont également touchées. Channel 5 et Pryamiy. Un décret présidentiel oblige toutes les chaines à diffuser un seul et unique son de cloche, pro-gouvernemental bien sûr. Récemment la chasse aux sorcières s’est même étendue au blogueur critique le plus populaire du pays, le Navalny ukrainien, Anatoliy Shariy, qui été arrêté le 4 mai dernier par les autorités espagnoles à la demande de la police politique ukrainienne. Des attaques contre la presse au moins équivalentes à celles de l’autocrate Poutine, mais dont on n'a jamais entendu parler dans les médias occidentaux…

La purge a été encore plus sévère pour les partis politiques. Elle a décimé les principaux opposants de Zelensky. Au printemps 2021, le domicile du principal d’entre eux, Medvedchuk, réputé proche de Poutine, est saccagé et son propriétaire placé en résidence surveillée. Le 12 avril dernier, le député oligarque a été interné de force dans un lieu tenu secret, visiblement drogué, privé de visites avant d’être exhibé à la TV et proposé en échange de la libération des défenseurs d’Azovstal, au mépris de toutes les conventions de Genève. Ses avocats, menacés, ont dû renoncer à le défendre au profit d’un proche des services.

En décembre dernier, c’est Petro Porochenko, qui remontait dans les sondages, qui a été accusé de trahison. Le 20 décembre 2021 à 15h07, on pouvait lire sur le site officiel du SBU qu’il était suspect d’avoir commis des crimes de trahison et de soutien à des activités terroristes. L’ancien président, qui était pourtant un antirusse forcené, se voyait reprocher « d’avoir rendu l’Ukraine énergétiquement dépendante de la Russie et des leaders des pseudo-Républiques sous contrôle russe. »

Le 3 mars dernier, ce sont les activistes de la Gauche Lizvizia qui subissent un raid du SBU et son emprisonnés par douzaines. Puis le 19 mars, la répression frappe l’ensemble de la gauche ukrainienne. Par décret, onze partis de gauche sont interdits, soit le Parti pour la vie, l’Opposition de gauche, le parti socialiste progressiste d’Ukraine, le parti socialiste d’Ukraine, l’union des forces de gauche, les Socialistes, le Parti Sharyi, Les Nôtres, Etat, le Bloc d’opposition le Bloc Volodymyr Saldo.

D’autres activistes, blogueurs et défenseurs des droits de l’Homme sont arrêtés et torturés, le journaliste Yan Taksyur, l’activiste Elena Brezhnaya, le boxeur de MMA Maxim Ryndovskiy ou encore l’avocate Elena Viacheslavova, dont le père était mort carbonisé dans le pogrom du 2 mai 2014 à la Maison des syndicats d’Odessa.

Pour compléter cette liste, on mentionnera encore ces hommes et ces femmes déshabillés et fouettés en public par les nationalistes dans les rues de Kiev, ces prisonniers russes battus et dont on tirait dans les jambes avant de les exécuter, ce soldat à qui on avait percé un œil avant de le tuer, ces membres de la Légion géorgienne qui ont exécuté de prisonniers russes dans un village près de Kiev tandis que leur chef se vantait de ne jamais faire de prisonnier. Sur la chaine Ukraine 24, c’est le chef du service médical de l’armée qui indique avoir donné l’ordre « de castrer tous les hommes russes parce qu’ils sont des sous-hommes pires que des cafards. » Enfin, l’Ukraine recourt massivement à la technologie de reconnaissance faciale de la société Clearview afin d’identifier les morts russes et de diffuser leurs photos sur les réseaux sociaux russes en les tournant en ridicule…

Un acteur à oscariser

On pourrait multiplier les exemples, tant sont nombreuses les citations et les vidéos d’atrocités commises par les troupes du défenseur de la démocratie et des droits humains qui préside aux destinées de l’Ukraine. Mais ce serait fastidieux et contre-productif auprès d’une opinion publique convaincue que ces comportements barbares sont uniquement dus aux Russes.

C’est pourquoi aucune ONG ne s’en alarme, le Conseil de l’Europe reste coi, le Tribunal pénal international n’enquête pas, les organisations de défense de la liberté de la presse restent muettes. Ils n’ont pas bien écouté ce que le gentil Volodymyr leur avait déclaré lors d’une visite à Butcha début avril : « Si nous ne trouvons pas une porte de sortie civilisée, vous connaissez nos gens, ils trouveront une issue non-civilisée. »

Le problème de l’Ukraine est que son président, bon gré ou mal gré, a cédé son pouvoir aux extrémistes sur le plan intérieur et aux militaires de l’OTAN sur le plan extérieur pour s’adonner au plaisir d’être adulé par les foules du monde entier. N’est-ce pas lui qui déclarait à un journaliste français le 5 mars dernier, dix jours après l’invasion russe : « Aujourd’hui, ma vie est belle. Je crois que je suis désiré. Je sens que c’est le sens le plus important de ma vie : être désiré. Sentir que vous n’êtes pas banalement en train de respirer, marcher et manger quelque chose. Vous vivez ! ».

On vous l’a dit : Zelenski est un grand acteur. Comme son prédécesseur qui avait incarné le Dr. Jekill & Mr. Hide en 1932, il mérite de gagner l’Oscar du meilleur rôle masculin de la décennie. Mais quand il devra s’atteler à la tâche de reconstruire son pays dévasté par une guerre qu’il aurait pu éviter en 2019, le retour à la réalité risque d’être difficile.



Sources 

Olga Rudenko, The Comedian-Turned-President is Seriously in Over His Head, New York Times, February 21, 2022 (Opinion Guest from Kyyiv Post).

Consortium News, Alex Rubinstein and Max Blumenthal, How Zelensky made Peace With Neo-Nazis, March 4 and Zelensky’s Hardline Internal Purge, April 20, 2022.

The Grayzone, Natylie Baldwin, Olga Baysha Interview about Ukraine’s President, April 29, 2022.

President of Ukraine Zelensky has visited disengaging area in Zolote today, @Liveupmap, 26 October 2019 (Watch on Twitter).

Adrien Nonjon, Qu’est-ce que le régiment Azov ? The Conversation, 24 mai 2022.

US Department of State, Public Designation of Oligarch and Former Ukrainian Public Official Ihor Kolomoyskyy Due to Involvement in Significant Corruption, Press statement, Anthony J. Blinken, March 5, 2021.

Security Service of Ukraine, Petro Poroshenko notified of suspicion of treason and aiding terrorism, ssu.gov.ua, 20 December 2021.

Michel Pralong, Un maire ukrainien prorusse enlevé et abattu, Lematin.ch, 3 mars 2022,

Le blog de Guy Mettan, journaliste, homme politique

L

Climat. Les dessous de l'accord France-Allemagne sur l'énergie




Aux termes de l’engagement entre Emmanuel Macron et l’Allemagne, la France doit fournir du gaz à son voisin en échange d’électricité, l’Hexagone pouvant se trouver dans l’incapacité de répondre à la demande cet hiver, en raison de son sous-investissement nucléaire. Le chancelier Scholz annonce, lui, la réouverture de 27 centrales au charbon très polluantes.


Face à la crise énergétique Emmanuel Macron a annoncé la conclusion d’un accord avec son homologue Olaf Scholz. D’un côté, Paris s’engage à livrer du gaz à l’Allemagne, qui risque d’en manquer cruellement cet hiver, quand, de l’autre, Berlin s’engage à fournir l’électricité qui pourrait venir à manquer à la France « dans des situations de pics de consommation ».

L’affaire est présentée par le président de la République française comme un moyen d’actionner une « solidarité européenne » face à des risques de pénurie d’énergie cet hiver. Un problème qui se fait d’autant plus lancinant que la compagnie russe Gazprom vient de prolonger sa décision de fermer le robinet du gaz qui arrive outre-Rhin par le biais du gazoduc Nord Stream 1.

Un sous-investissement dans la filière nucléaire

Le risque de manque d’énergie, accompagné de potentiels « black-out » – la suspension de fourniture de gaz et d’électricité pour des régions entières –, se pose des deux côtés du Rhin. Pour des raisons qui tiennent à chaque fois à des politiques publiques défaillantes parce que soumises au marché libre de l’énergie, promu de longue date à Paris, Berlin et à Bruxelles.

Pour la France, les difficultés tiennent à un sous-investissement dans sa filière nucléaire. Nombre de ses centrales atomiques ont été mises à l’arrêt ces dernières semaines pour cause de réparations et autres problèmes de maintenance. Le deal macronien s’en accommode, tout en cherchant à s’assurer que la France pourra importer de l’électricité allemande comme elle a commencé de le faire, mais vraisemblablement en bien plus grande quantité pour affronter toutes les rigueurs de l’hiver.

La France s’apprête ainsi à dépendre encore plus de l’électricité produite outre-Rhin à partir du charbon et du lignite, la principale composante (près de 28 % du mix électrique allemand, l’an dernier). L’opération devrait s’avérer d’autant plus calamiteuse pour le climat et les rejets de carbone du couple franco-allemand sur le continent que Berlin vient de décider de rouvrir, d’ici cet automne, quelque 27 centrales utilisant de la houille ou du lignite, le combustible fossile de loin le plus émetteur de CO2.

Un tournant à 180 degrés pour Berlin

Pour l’Allemagne, il s’agit de gérer un autre type d’erreur fondamentale en matière de gestion de l’énergie : celle qui l’a conduite à se placer dans une énorme dépendance au gaz russe (plus de 56 % de sa consommation avant la guerre de Poutine en Ukraine).

Les autorités berlinoises successives ont ainsi fait du gaz naturel, réputé moins polluant, un moyen d’impulser la transition énergétique afin de le substituer peu à peu au… charbon.

La prolongation ou la remise en service de plusieurs centrales a déjà contribué à faire revenir ou à accélérer le rythme de ces excavatrices, insectes de métal géants qui mangent les couches de houille brune dans les mines à ciel ouvert de la région de Cologne ou de l’est du pays, au grand dam des habitants des villages engloutis et des agriculteurs expulsés de leurs terres. Leur retour a fait bondir de 40 % depuis janvier la production d’électricité ultracarbonée outre-Rhin.

Le ministre de l’Économie et du Climat, le Vert Robert Habeck, éprouve les plus grandes peines à justifier ce tournant à 180 degrés alors que les écologistes n’ont cessé de dénoncer, à juste titre, durant la récente campagne des élections du Bundestag, il y a un an, les « dégâts du charbon sur le climat comme sur des forêts ravagées outre-Rhin par une recrudescence de pluies acides ».

Sur la défensive, Habeck fait valoir que la réouverture des centrales ultracarbonées est prévue jusqu’en mars 2024 et serait donc provisoire. Tout en clamant qu’il maintiendra l’objectif affiché par le gouvernement tripartite du chancelier Scholz (SPD, Verts, libéraux) de sortie du charbon d’ici à 2030. Avec une crédibilité voisine de zéro puisque les besoins énergétiques d’un pays ultra-industrialisé comme l’Allemagne devraient rester très élevés. Et le passage effectif à des ressources moins carbonées pourrait s’avérer long et difficile.

S’appuyer sur les potentiels d’EDF

Berlin fait certes déjà figure de champion européen des installations éoliennes et solaires. Mais ces énergies intermittentes ne peuvent fonctionner qu’en s’assurant d’un relais potentiel permanent par des centrales thermiques classiques pilotables, en cas d’absence de vent ou de soleil. D’où la place déjà peu enviable de l’Allemagne comme l’une des principales souffleries de gaz à effet de serre du continent avant même la guerre en Ukraine. D’autant que, insurmontable contradiction avec les objectifs de réduction de CO2, la loi du marché, si chère à la coalition gouvernementale berlinoise, permet à l’opérateur privé le plus compétitif de l’emporter, en l’occurrence celui utilisant du charbon ou du lignite.

Emmanuel Macron et les autorités françaises successives, qui ont impulsé elles-mêmes la mise en place d’un grand marché européen de l’électricité, subissent aujourd’hui tous les inconvénients de leur soumission à une organisation continentale largement inspirée du modèle allemand.


Au point de devoir se gaver d’électricité ultracarbonée en provenance d’outre-Rhin, plutôt que d’en prendre l’exact contrepied. Car, Paris pourrait s’appuyer sur tous les potentiels d’une grande entreprise publique comme EDF pour produire davantage d’électricité nucléaire décarbonée. Par son intermédiaire, pourraient être mis en place des services de salut public pour combattre la précarité énergétique – un fléau pareillement connu en France et en Allemagne – et impulser en grand la transition énergétique, indispensable au combat contre le réchauffement climatique.

Le gouvernement Macron tourne ouvertement le dos à ces objectifs en restant fixé sur des réformes destinées in fine à démanteler l’entreprise publique.

Au point qu’au nom de la bien mal nommée solidarité européenne, il ne lui vient même pas une remarque critique sur le dogmatisme antinucléaire qui conduit Berlin à refuser toujours de maintenir en service ses trois derniers réacteurs après la fin de l’année. Ce qui ne manquera pas d’être compensé par des livraisons françaises de gaz ou… une hausse du recours au charbon et au lignite.

Bruno Odent Article publié dans l'Humanité


Royaume-Uni(sic): the king remplace the queen



Avec le numéro 3 des Charles  d'Angleterre, il devient aussi le pape de l'église anglicane.

                

Ben oui, Le roi d'Angleterre, Henri 8, soutien sans faille de la papauté. mais sans héritier mâle, et par ailleurs épris de sa maîtresse Anne Boylen, en 1527, demande au pape Clément 7 l'annulation de son mariage. "Nom de Dieu, lui répond le pape tout de go, c'est non!

Du coup, Henri 8 se proclame "Chef suprême de l'Eglise et du Clergé d'Angleterre", se marie avec sa maîtresse qu'il fait reine et rompt toute relation diplomatique et ecclésiastique avec Rome.

Depuis, le roi ou la reine de Grande-Bretagne est "gouverneur suprême" de l'église anglicane de par le monde. Comme quoi, la religion, ça tient à peu de chose. Non?

Surtout, Henri 8 fit décapiter Anne Boylen, devenue reine devant le dieu anglican, pour épouser Jeanne Seymour. Il fit aussi décapiter une autre de ses six épouses.

Mais pour l'heure, ce dimanche, au Pmu, jouez le numéro 3, c'est à coup sûr le numéro gagnant, béni en plus par le Ciel anglican. Si je ne me trompe pas question religion...


La Chine a construit un "sky train" roulant sous des rails qui ne nécessite aucune énergie



Un nouveau train révolutionnaire a été construit en Chine. Grâce à la force des aimants, les rails n’ont besoin d’aucune énergie pour fonctionner.

Red Rail est un nouveau train qui est actuellement testé en Chine, dans la province du Jiangxi. C’est le premier Maglev suspendu, nom donné aux "trains du ciel", qui peut fonctionner sans énergie. C’est l’apport d'aimants couplé à des terres rares qui permet aux rails d'accueillir le train relaie Slate. Le pays asiatique est très en avance en ce qui concerne les trains suspendus. Plusieurs prototypes ont déjà été présentés. L’un d’entre eux peut circuler à 620 km/h tandis qu’un autre, en cours de fabrication, pourrait atteindre les 1.000 km/h, ce qui équivaut à la vitesse de déplacement d’un avion. Alors que tous ces futurs projets auront besoin d’électricité pour voir le jour, ce n’est pas le cas de Red Rail.

Comment fonctionne le Red Rail ?
Ce nouvel engin s’appuie donc sur la présence d’aimants sur les rails pour se déplacer. Ces derniers sont renforcés par un apport de terres rares comme du néodyme. Ainsi, le train circule sans qu’il n’y ait aucun frottement ni apport énergétique à la base. Les aimants ne deviennent? pas obsolètes puisque le magnétisme reste intact au fil du temps. Pour le moment, il est estimé par les chercheurs de la Jiangxi University of Science and Technology que la force générée pourrait permettre de transporter 88 voyageurs. La vitesse serait à ce stade de 80 km/h, mais en rallongeant la distance des rails, elle pourrait atteindre les 120 km/h.
Une future solution économique

Le coût d’un tel train est réduit par rapport aux traditionnels métros ou aux tramways. Il n’est pas nécessaire de creuser un trou dans la terre puisque ce moyen de transport est aérien. De plus, la fabrication de la structure est bien plus facile et superposable à des axes routiers qui existent déjà. L’un des soucis majeurs était de stabiliser le wagon. Des progrès continuent d’être effectués grâce à l’apport de l’intelligence artificielle.

Avec la Rojinegra : Bella Ciao



Bella ciao Alla mattina appena alzataO bella ciao bella ciao bella ciao, ciao, ciaoAlla mattina appena alzataIn risaia mi tocca andar E fra gli insetti e le zanzareO bella ciao bella ciao bella ciao ciao ciaoE fra gli insetti e le zanzareUn dur lavoro mi tocca far Il capo in piedi col suo bastoneO bella ciao bella ciao bella ciao ciao ciaoIl capo in piedi col suo bastoneE noi curve a lavorar O mamma mia o che tormentoO bella ciao bella ciao bella ciao ciao ciaoO mamma mia o che tormentoIo t'invoco ogni doman Ed ogni ora che qui passiamoO bella ciao bella ciao bella ciao ciao ciaoEd ogni ora che qui passiamoNoi perdiam la gioventù Ma verrà un giorno che tutte quanteO bella ciao bella ciao bella ciao ciao ciaoMa verrà un giorno che tutte quanteLavoreremo in libertà.

Chantez avec la Rojinegra





Bella Ciao (Mondine)


Cette version de Bella Ciao n’est pas la plus connue ; c’est celle des repiqueuses de riz dans les plaines du Pô, les « mondine ».

Le texte en a été transmis par Giovanna Daffini, chanteuse populaire italienne née en 1914 dans la province de Mantoue (Lombardie), qui commença à travailler dès l’âge de 13 ans au désherbage et au repiquage dans les rizières (et tenait de sa mère tout un répertoire, notamment anarchiste).

 

        Giovanna Daffini en 1964, photographiée à Gualtieri par l'ethnomusicologue Giorgio Vezzani 


Sous le soleil et les pieds dans la vase, de l’eau jusqu’aux genoux.

C’est donc une de ces chansons de travail qui accompagnent l’effort et le soutiennent : quand la répétition et la durée le transforment en souffrance.







Le texte n’a besoin d’aucun commentaire bavard, tout est dit :

 Le matin, à peine levée,

O la belle, salut, la belle, salut, la belle salut, salut, salut

Le matin à peine levée

Je dois aller à la rizière.

Et parmi les insectes et les moustiques

(....)

Je dois faire un dur travail

Le contremaitre debout, avec son bâton

(...)

Et nous courbées au travail

Oh ma mère, oh quelle torture

(...)

Je t’appelle à mon secours chaque jour

Et à chaque heure que nous passons ici

(...)

Nous perdons notre jeunesse

Mais viendra un jour où nous toutes

(...)

Nous travaillerons dans la liberté.

Sources :

  • Canzionere d’une Italie qui chante et se raconte de Gualtiero Bertelli, Editions Editalie 2015