C'est à la fosse 3 de la Compagnie des mines de Courrières à Méricourt que le 10 mars 1906 a lieu la plus grande catastrophe minière en Europe. Anastase Dehaye, le doyen des mineurs (95 ans), explique sur des illustrations de photographies d'époque, les raisons de l'explosion. Suite à la catastrophe, les mineurs ont fait grève pendant 51 jours. Témoignage de Aristide Jaquard qui avait alors 17 ans et qui est le dernier survivant de la catastrophe.
Le 10 mars 1906 au petit matin, les galeries de la Compagnie des mines de Courrières à partir de la fosse 3 de Méricourt, la fosse 2 à Billy-Montigny, et 4 - 11 à Sallaumines sont successivement frappées par une double catastrophe : en premier lieu un coup de grisou, c'est-à-dire l'explosion du gaz hautement inflammable accumulé entre les veines de charbon, entraînant en second lieu l'auto-combustion de toutes les poussières de charbon soulevées par le souffle de la première déflagration, c'est le coup de poussière. Les conséquences sont immédiates : au-delà de la chaleur intense qui règne au fond, l'oxygène disponible est immédiatement consumé, l'incendie se propageant d'une fosse à l'autre sur plus de 110 km de galeries et faisant 1 099 victimes recensées, enterrées collectivement et en grande pompe.
C'est à Méricourt que le bilan est le plus lourd, avec 404 mineurs décédés, soit plus du tiers du total. La fosse 3 devient alors "tristement célèbre", même si les victimes proviennent de 29 communes différentes, à commencer par Sallaumines (304) et Billy-Montigny (114). Toutes se trouvent sur le territoire de la concession de la Compagnie des mines de Courrières, qui donne son nom à la catastrophe, mais on comprend à écouter la première intervenante que ce "détournement" n'est pas adopté partout.
C'est également l'ampleur du bilan qui justifie qu'on prenne la peine d'interviewer les derniers témoins de la catastrophe, près de 70 ans après les faits. Le premier, Anastase Dehaye, est présenté par le journaliste comme le "doyen des mineurs" de France : il compte en effet 95 ans - "et demi" précise-t-il avec un dose de coquetterie - et a travaillé 35 ans au fond avant de rejoindre le jour. Né en 1878, il a donc 26 ans au moment des faits ; le second, Aristide Jacquard, est nous dit-on le "dernier survivant" du drame qu'il a vécu à 17 ans et il ne doit la vie qu'à un concours de circonstances. L'un et l'autre nous en expliquent les causes et les conséquences : le gaz accumulé en profondeur a atteint une concentration d'autant plus dangereuse que les mineurs travaillent encore à la flamme nue (l'image fixe est ici trompeuse : la lampe présenté par le "vieux" mineur au "jeune" est une lampe de sécurité ou de sûreté, présentant une cage de verre munie de barreaux, qui isole la flamme de l'environnement extérieur tout en offrant un meilleur rendement lumineux) ; le choix d'étouffer l'incendie par "blocage" ou comblement des puits qui relient le fond à la surface réduit drastiquement les chances des éventuels survivants de s'en sortir. Malgré tout, le 30 mars, soit vingt jours après l'explosion, treize "rescapés" réussissent à sortir par leurs propres moyens.
L'obstination des ingénieurs de la Compagnie à vouloir à tout prix continuer l'exploitation où c'était possible plutôt que d'engager les secours a contribué au lourd bilan. Plus grave, pendant trois jours, on empêche les familles d'approcher les corps. Faute d'identification et en raison des graves brûlures, 272 corps furent enterrés dans une fosse commune (transformée en nécropole à Méricourt , appelée le silo).
La réaction des mineurs est à la mesure de la tragédie : une grève sauvage débute, mobilisant 25 000 puis 60 000 ouvriers du fond et du jour, imposant en retour l'envoi de 30 000 gendarmes et soldats pour contenir le mouvement. Au terme de 51 jours de conflit et d'affrontements, la Compagnie exploitante verse des dédommagements aux victimes et à leurs ayant-droits, accorde des augmentations de salaire, adopte le principe du congé hebdomadaire et surtout entame une large réflexion sur la sécurité des installations. C'est au lendemain de la "catastrophe de Courrières" que l'on envisage de procéder à l'arrosage des poussières, qu'on aménage des barrages mobiles composés de récipients remplis d'eau, de plâtre et de poussières ininflammables installés en équilibre instable sur la paroi supérieure des galeries et que le souffle des explosions doit logiquement renverser avant la propagation des flammes (également dits "taffanels" du nom de leur concepteur, l'ingénieur des mines Jacques Taffanel), enfin et surtout qu'on fonde (dès 1907) à Liévin le premier poste central de secours du bassin du Nord-Pas-de-Calais, chargé de former des équipes spécialisées de sauveteurs.
La catastrophe de "Courrières" a fait l'objet de nombreux colloques, commémorations et de diverses manifestations mémorielles.
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