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Cadres de la fonction publique et idéologie managériale

Alcide CARTON

Comme à l'accoutumée, notre conseiller d'état parle juste.

Cependant, il ne faudrait pas prendre son article comme l'analyse d'une
évolution nouvelle. Ce qu'il décrit a commencé, du moins pour ce qui
concerne l'éducation nationale, mais aussi pour les trois fonctions
publiques, dans les années 1990 et même avant. Nous avions connu une
avancée remarquable avec la réforme du statut dont ALP est à l'origine,
puis dès les mesures de décentralisation, déconcentration du
gouvernement Maurois, en réaction, la mise en œuvre de stratégies
managériales inspirées du privé et théorisées dans les universités
anglo-saxonnes.

En 1990 lorsque Jospin fait adopter "sa loi d'orientation" pour l'EN ,
celle-ci s'accompagne de modifications importantes des missions et de
modalités de recrutement de ses cadres d'inspection (je ne parle pas des
chefs d'établissements, c'était déjà en route depuis le gouvernement
Chirac voire Haby dès 1975, substituant à la dimension pédagogique la
compétence gestionnaire) . Projets, contrats d'objectifs, évaluation
sont devenus les maîtres mots d'un pilotage vertical, ignorant les
règles collectives d'animation des équipes et surtout le rôle essentiel
des politiques d'inspection: "rendre compte" pour éclairer les décisions
politiques locales ou nationales.

En 2013-2015, sous l'impulsion des gouvernements Hollande, le comble a
été atteint avec la réforme de l'évaluation des personnels. Honte à
celles et ceux, aux syndicats qui l'ont soutenue ! Les chefs
d'établissements, les inspecteurs sont désormais les contre-maîtres d'un
système éducatif plus napoléonien que jamais dans lesquels les
personnels sont mis en compétition individuelle là où devrait compter
l'intérêt général et la gestion démocratique. Macron et Blanquer ont
joué avec cela sur du velours. Le second ne vient-il pas du sérail, et
le premier des collèges et établissements privés ?

Le système est-il plus efficace pour autant ? Au vu des démissions qui
n'ont jamais été si nombreuses dans le corps enseignant, les problèmes
récurrents de recrutement et surtout les effets sur les élèves même ceux
mesurés par des critères capitalistes des "évaluations internationales"
on peut légitimement en douter.

Merci à Dominique pour l'envoi de ce lien.



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