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EN 2020, LES ETATS UNIS ONT VERSÉ PLUS DE 5 MILLIONS DE DOLLARS À DES GROUPES DE DÉSTABILISATION CUBAINS

 

Les Etats Unis, via la NED (National Endowment for Democracy - Fondation Nationale pour la Démocratie), ont versé plus de 5 millions de dollars à des groupes de déstabilisation cubains en 2020. 

En parallèle à l'organisation de l'asphyxie économique de l'île, via son blocus illégal, les Etats Unis arrosent copieusement ses valets pour tenter de renverser la révolution et le socialisme à Cuba. 

Article et traduction Nico Maury


En 2020, les Etats Unis ont versé plus de 5 millions de dollars à des groupes de déstabilisation cubains
5.077.788 dollars US est la somme que la National Endowment for Democracy (NED, Fondation nationale pour la démocratie) a versé à des groupes cubains pour renverser le socialisme et la révolution à Cuba pour la seule année 2020. Depuis 2017, la NED a fait transiter vers l'île plus 16,5 millions de dollars.

La NED est une fondation privée fondée en 1983 sous le gouvernement de Ronald Reagan et dirigée par le parti républicain et démocrate. Elle tire ses financements du budget du ministère des Affaires étrangères consacré à l'Agence des États-Unis pour le développement international (USAID). La NED est un outil des Etats Unis pour financer le renversement de gouvernements par des coups d'état et des révolutions colorées.

La NED verse des millions de dollars aux "oppositions" désignées par les Etats Unis. Au Venezuela où elle a versé plus de 14 millions de dollars pour renverser Nicolas Maduro en 2014, en Ukraine, la NED a financé le coup d'état d'EuroMaïdan, en Pologne c'est 1 million de dollars qui a été versé au "syndicat" Solidarność, en Chine où la NED finance des groupes "culturels" Ouighours, etc.

5.077.788 dollars en 2020

Les organisations d'opposition cubaines ont reçu plus de 16,5 millions de dollarsde subventions de l'Agence des États-Unis pour le développement international (USAID) depuis 2017, et 54 organisations ont été désignées comme recevant des financements américains, souvent acheminés par le biais du National Endowment for Democracy.

En 2020, la NED a versé 5.077.788 dollars à 42 organisations à la solde de l'impérialisme. La liste est disponible ICI 
Le Président Cubain, Miguel Diaz-Canel, a avertis que des opportunistes cherchaient par tous les moyens à profiter de la crise économique pour renverser la révolution et le socialisme. Si les États-Unis veulent vraiment aider le peuple cubain, ils doivent mettre un terme au blocus. Ce dernier a coûté aux cubains 753 milliards de dollars.

À propos du « bloc bourgeois »


La métaphore du « bloc » est employée sous la Troisième République, pour désigner de vastes regroupements visant à la majorité politique : Bloc républicain, Bloc national, Bloc des gauches… Après 1918, elle est peu à peu concurrencée par la thématique plus guerrière du « front », que préfèrent les communistes.

Mais elle se maintient, en se déplaçant vers l’analyse sociale. En 1924, au nom de l’Internationale communiste, Léon Trotsky fustige le « bloc bourgeois », que constitue pour lui le Cartel des gauches (alliance des radicaux et des socialistes), et lui oppose le « bloc ouvrier et paysan » que porte le PCF. La ligne esquissée en 1924 se durcit trois ans plus tard, quand émerge la stratégie internationale dite de « classe contre classe ». Aux tenants de la bourgeoisie en décomposition, s’oppose le bloc prolétarien de rupture anticapitaliste proposé par les seuls communistes. La notion de « fascisation » devient la référence ordonnant l’ensemble de la société (la démocratie se fascise, dit-on volontiers du côté communiste) et permet d’amalgamer, dans la même détestation, l’ensemble des forces politiques en dehors du PC. Une mention spéciale est même destinée aux frères ennemis, les socialistes, désormais qualifiés de « social-fascistes ». La ligne « classe contre classe » et ses conséquences sont abandonnées entre 1934 et 1935, pour laisser la place à l’orientation de front populaire. Si la critique du capitalisme reste en arrière-plan, l’ennemi principal est désormais le fascisme.

La logique binaire revient en force pendant la guerre froide : pour les communistes, tous les partis autres que le leur sont englobés dans le « parti américain » (« Il n’y a plus gauche et droite », écrit à l’automne de 1947 le dirigeant communiste Marcel Cachin dans ses carnets personnels), tandis que, pour les socialistes, « le PCF n’est plus à gauche mais à l’Est ». La ligne de démarcation existe toujours entre deux blocs (« occidental » et « oriental ») entre lesquels il faut nécessairement choisir, mais qui ne se définissent plus comme des blocs de classe.

Le terme de « bloc bourgeois » est revenu après 2017, pour caractériser le phénomène nouveau du macronisme, qui se veut en dehors du conflit de la droite et de la gauche. En 2018, les économistes Bruno Amable et Stefano Palombarini écrivent un stimulant essai, L’illusion du bloc bourgeois (Raisons d’agir), qu’ils sous-titrent Alliances sociales et avenir du modèle français. Ils voient, dans le « bloc bourgeois », le socle du nouveau pouvoir, sans cacher pour autant la complexité voire la fragilité de ce bloc.

En février 2019, en plein mouvement des Gilets jaunes, Le Monde diplomatique, sous la plume de Serge Halimi et Pierre Rimbert (« Lutte de classes en France »), oppose le « bloc populaire » en constitution à un « bloc bourgeois » dominé par la peur de la nouvelle lutte des classes. En décembre 2019, le penseur d’extrême droite, Alain de Benoist, reprend à son tour la thématique du face-à-face dans la revue Éléments. Il y dénonce un « bloc bourgeois » rassemblant « les très riches du CAC 40, les bobos, le personnel des grands médias et les cadres supérieurs enthousiastes de la mondialisation pour qui tout ce qui est "national" est dépassé ».

De Benoist raccorde le binôme à une conception plus globale, qu’il défend depuis longtemps : l’horizontalité de la lutte des classes d’hier (structurée autour de l’égalité) laisse la place à la verticalité du conflit entre « bas » et « haut » (structuré autour de l’identité). Le bloc populaire s’enracine dans les valeurs de la nation, ce qui l’oppose radicalement au cosmopolitisme du bloc bourgeois.

Le 21 mai 2021, le site Le Média, proche de Jean-Luc Mlénchon, publie une contribution du « Stagirite » intitulée « 2022 : le bloc bourgeois s’organise, le bloc de gauche se construit ». Enfin, le 6 juin 2021, le blog de Mélenchon convoque lui aussi la notion de « bloc bourgeois » pour valoriser ce qu’il appelle la « stratégie globale » de « l’union populaire ».

Il en est du bloc bourgeois comme de la caste ou de l’élite : suffisamment flou pour que l’on y englobe tout adversaire potentiel… quand bien même il serait le plus proche de soi.

Les risques d’un concept flou

Comme d’ordinaire, la démonstration se veut rigoureusement sociale : Macron, le « Président des riches » n’est que le point de ralliement d’un bloc social « bourgeois » ; face à lui, il convient donc de constituer un « bloc populaire », capable de parvenir à la majorité dès 2022. Or cette constitution ne peut se faire que sur la base d’une « rupture » permettant d’aller vers « une nouvelle société dont les normes et les valeurs ne seraient plus celles de l’ordre établi ». L’union de la gauche ne rend pas possible une telle rupture (le PS et EELV n’en veulent pas dans les faits) et le PC a décidé de présenter son candidat à la présidentielle.

La solution consiste donc à porter devant les catégories populaires le seul programme existant de rupture : « L’Avenir en commun ». L’objectif stratégique est dès lors de montrer que ce programme est crédible, que le candidat Mélenchon le mettra sincèrement en œuvre et qu’il en a personnellement la capacité. Sur cette triple base, le candidat franchira l’obstacle du premier tour ; au second, enfin, l’union se réalisera, non pas « l’union de la gauche », mais « l’union populaire », c’est-à-dire le moment « où le peuple lui-même s’unit par un vote en commun ».

Un lien logique relie ainsi la référence au « bloc » et la formule stratégique d’une « union populaire » distincte de l’union de la gauche. Or cette référence est lourde d’ambiguïté. Le bloc, tout d’abord, est en général si vague qu’il est extensible à l’infini. Où se situe la limite du « bourgeois » ? 
Faut-il y voir le « 1% » opposé aux « 99% » ?
 La petite tribu des milliardaires ? 
La masse des actionnaires ? 
Les décideurs politiques ? 
Toutes les couches sociales qui, d’une façon ou d’une autre, bénéficient des retombées du « système » ? Comptera-t-on dans ce bloc l’essentiel des forces politiques, y compris les forces de gauche qui ne seraient pas du côté de la rupture ? 
Et si « bourgeois » se confond avec « privilégié », jusqu’où va le champ du privilège ? 
Il en est du bloc bourgeois comme de la caste ou de l’élite : suffisamment flou pour que l’on y englobe tout adversaire potentiel… quand bien même il serait le plus proche de soi.

Il ne s’agit bien sûr pas d’ignorer ici le poids de la position sociale dans la distribution des votes. Quand elles font leur choix, les catégories sociales supérieures (les « CSP+ » des sondages) ont une propension massive à se tourner vers la mouvance macronienne et la droite classique. En revanche, les catégories populaires s’abstiennent ou se portent vers l’extrême droite (à la présidentielle) ou vers la droite (aux législatives). Ce qui est avéré est que les catégories les plus modestes ne se tournent plus guère vers la gauche, même si elles l’ont fait un peu plus pour Mélenchon à la présidentielle de 2017.

Mais si la propension des groupes sociaux à voter est politiquement orientée, la structure des électorats est plus complexe. Tout bien considéré (voir encadré), la part des actifs appartenant aux couches supérieures ou aux couches populaires n’est pas si discriminante entre les électorats. À la limite, les plus opposés socialement semblent être celui de Fillon et celui de Le Pen ; et encore faut-il tenir compte du facteur générationnel (l’électorat Fillon est celui qui compte le plus d’inactifs qui ne sont pas majoritairement issus des milieux les plus favorisés). Macron attire avant tout les couches supérieures, mais n’est pas si surclassé qu’on le pense du côté des catégories populaires. Si l’on en croit les sondages, il pourrait même obtenir à lui seul un pourcentage des ouvriers qui votent supérieur à celui de la gauche présidentielle.

Le plus important n’est pas là. Il est dans le constat que la distribution sociale des électeurs ne se déduit pas d’une simple corrélation entre groupes sociaux et vote. Il fut un temps, pas si lointain mais désormais forclos, où les catégories populaires avaient un groupe central (le monde ouvrier) et où ce groupe s’était peu à peu constitué en mouvement (le mouvement ouvrier) agissant à la fois sur la scène sociale et dans le champ politique. Sur cette base s’étaient nouées des relations, toujours complexes mais reproductibles, entre la gauche et le mouvement ouvrier. Dans les phases de plus grande expansion (la Libération, les années 1970), cette conjonction a nourri la concentration majoritaire des votes populaires sur la gauche. Ce n’est pas une corrélation sociale mécanique qui raccorde « classe » et « gauche », mais une construction complexe où s’entremêle de l’objectif et du subjectif, du conscient et de l’inconscient, de la pratique et du symbolique.

Chaque ensemble a par ailleurs son incarnation provisoire : même si Macron et Le Pen repoussent plus qu’ils n’attirent, leur attraction est suffisante, au moins dans leur espace, pour parvenir au « tour décisif ». Ni la droite classique, ni la gauche ne donnent l’impression de disposer d’une proposition au moins aussi attractive.


La conjonction s’est défaite : le monde ouvrier n’a pas disparu, mais il s’est disloqué. L’unification relative des classes populaires a laissé la place à une dispersion qui brouille les repères traditionnels de la classe et la gauche est entrée en crise. Dès lors, le champ politique fonctionne de moins en moins en forme de blocs. Les groupes sociaux se portent certes plus ou moins vers tel ou tel groupement politique. Mais ce qui domine est le « plus ou moins » : la réalité du champ politique est celle de sa parcellisation, qui perturbe aujourd’hui toute logique majoritaire.

Si l’on observe ce champ, deux cohérences semblent se dessiner plus nettement que d’autres. Elles tendent à opposer deux projets de société : l’un est à la fois libéral, autoritaire et ouvert sur l’extérieur (l’Europe, le monde) ; l’autre est à la fois « illibéral », protectionniste et excluant. Sans qu’ils soient majoritaires, ce sont ces deux cohérences relatives qui attirent plus fortement que les autres au premier tour, ce qui leur permet de propulser leurs candidatures vers le second tour. Le macronisme prospère sur la base de la première cohérence ; le lepénisme sur celle de la seconde. Chaque ensemble a par ailleurs son incarnation provisoire : même si Macron et Le Pen repoussent plus qu’ils n’attirent, leur attraction est suffisante, au moins dans leur espace, pour parvenir au « tour décisif ».

Ni la droite classique, ni la gauche ne donnent à ce jour l’impression de disposer d’une proposition au moins aussi attractive : la droite classique est écartelée entre Macron et Le Pen ; la gauche dans son ensemble, rivée à son score modeste de 2017, se demande sur quelles bases reconquérir les classes populaires. Du coup, la tendance générale est inquiétante : c’est vers la droite que se trouve la dynamique politique et vers une droite de plus en plus à droite et d’ores et déjà largement populaire. Si un bloc sociopolitique peut se constituer à court terme, il est peu vraisemblable qu’il le fasse du côté gauche. Qui rêve de « bloc populaire » doit savoir que ce bloc est pour l’instant largement dominé.

De plus, sa métaphore pousse la force qui l’utilise à mettre l’accent sur sa différence, alors même qu’elle s’affirme désireuse de rassembler. Dans les faits, qu’elle soit ancienne ou récente, la référence à un « bloc » ou à un « camp », socialement composite mais politiquement réuni, est toujours utilisée pour délégitimer le jeu des alliances partisanes, tenues pour inefficaces et dangereuses.

Résumons-nous… Le vocabulaire du bloc pêche par trois aspects : il est plus qu’incertain dans l’énoncé de ses limites ; il exagère la cohérence des regroupements sociaux qu’il met au cœur de ses logiques ; il suppose une corrélation mécanique entre des situations sociales et des dispositifs politiques. Quant au qualificatif de « populaire » tel qu’il est employé ici, ou bien il apparaît comme un vague ersatz d’un vocabulaire de classe, ou bien il est un clin d’œil nostalgique à une taxinomie sociale familière, mais en partie dépassée. Ce n’est pas parce que leur existence persiste que « peuple » et « bourgeoisie » fonctionnent à l’identique. Au bout du compte, la rhétorique du bloc risque d’être le justificatif d’un cheminement solitaire, plus qu’un opérateur efficace pour penser l’action collective.
Le pivot de l’émancipation

La question des classes populaires est bien sûr stratégique. Se détourner d’elles, au motif qu’elles sont massivement attirées par l’extrême droite, est bien évidemment une folie : on se souvient que le think tank socialisant Terra Nova le suggérait au début des années 2000. Mais la logique « destituante », qui consiste à attiser la colère ou la haine contre la « caste » ou « l’élite » risque d’être de plus en plus contre-productive. Ce n’est pas la colère en elle-même qui peut constituer les catégories populaires dispersées en multitude qui lutte et en peuple conscient de lui-même.

« Bloc ouvrier et paysan » contre « bloc bourgeois » (1924), « classe contre classe » (1927-1933), « camp de la paix » contre « parti américain » (1947-1953), « bloc bourgeois » contre « bloc populaire »… Chaque fois, la logique du « bloc » fait l’effet d’une théorisation involontaire de l’impuissance, qui peut vouer tout projet d’émancipation et toute perspective de gauche à la minorité structurelle.

Aucune stratégie politique ne se déduit aujourd’hui d’un discours général sur les classes. Elle est par définition une construction collective et globale, alliant du social, du politique et du symbolique, mêlant de l’expérimentation patiente et des audaces politiques. Mais nulle dynamique rassembleuse n’est possible si elle ne se construit pas autour de quelques convictions simples et partagées. Celles qui sont énoncées ici ne sont que des ébauches personnelles, ni un programme, ni un projet. Elles sont formulées en six points lapidaires :

1. Le peuple sociologique, dominé par les ouvriers et les employés, est toujours le plus nombreux et le plus subalterne. Il est toujours le peuple, mais il n’est plus celui d’hier, ni dans ses activités, ni dans ses modes de vie, ni dans ses affects. Il n’échappe pas, pas plus que tout autre groupe social, à une individuation qui fonde le désir d’autonomie et redéfinit radicalement le rapport de l’individuel et du collectif. Au fond, préférer le peuple (plus large) ou la classe (théoriquement plus compacte) relève souvent d’un même oubli. Ni la classe ni le peuple ne sont des données toutes faites : elles se construisent et se reconstruisent. Il ne suffit donc pas de juxtaposer leurs éléments épars, mais de créer les conditions de leur mise en commun.

Sur ce plan, comme sur tant d’autres, nous avons changé d’époque. À l’échelle sociale, il n’y a plus de groupe central (la classe ouvrière), ni de mouvement central (le mouvement ouvrier). Les catégories populaires peuvent se présenter en multitude qui lutte (mouvement salarial, Gilets jaunes…) ; elles ne forment pas un peuple politique en état d’infléchir le mouvement de la société tout entière. Leur émancipation suppose leur unification en temps long. Elle n’est pas l’affaire des seuls partis ; mais leur contribution n’est pas secondaire.

2. La base matérielle de cette unification est dans la place qui est socialement attribuée aux catégories populaires. Elle est depuis longtemps définie par la conjugaison de l’exploitation économique, de la domination politique, de la discrimination symbolique et d’une position subalterne. Le maître mot de l’univers populaire est la dépossession : être du côté du peuple c’est être triplement dépossédé, des avoirs, des pouvoirs et des savoirs. Mais l’aliénation qui en résulte est variable, à la fois objectivement et symboliquement. La dépendance commune ne crée pas de l’uniformité, mais une palette complexe d’inégalités et de discriminations, qui se combinent de façon complexe, « intersectionnelle » comme cela se dit souvent. Or de la variation naît la division ; du coup, le « peuple » divisé reste dominé et placé en position seconde.

3. Pour passer de la multitude au peuple politique, une médiation fondamentale doit se penser. Il ne suffit pas, comme cela se fit beaucoup au moment des Gilets jaunes, de s’insurger contre ceux qui cumulent richesses, pouvoirs et savoirs. Il ne suffit même pas de se dresser contre le système qui distribue inégalement les ressources et qui sépare les classes et les individus. Plus que tout, il faut aussi s’appuyer sur la conscience que l’on peut envisager une société qui ne sépare pas, ne hiérarchise pas et ne subordonne pas les individus. La conviction d’une autre société possible était au cœur de la dynamique du mouvement qui a fait des ouvriers dispersés une classe. Cette conviction est aujourd’hui socialement épuisée par les aléas d’un siècle d’histoire.

4. Rassembler le peuple, ce n’est donc pas avant tout regrouper des fragments sociaux, jusqu’à atteindre une majorité sociologique : c’est rassembler à la fois les dominés et ceux qui, quel que soit leur statut, considèrent qu’une société n’est pas vivable si elle ne réconcilie pas l’égalité, la citoyenneté et la solidarité, et si elle n’y ajoute pas la sobriété. Ainsi, l’objectif stratégique n’est pas la construction d’un « bloc populaire », mais la constitution plurielle d’un « pôle d’émancipation », aussi bien collective qu’individuelle, qui soit à vocation majoritaire. Au centre de cette constitution, ne se trouve ni un groupe social ni un mouvement critique particulier ni un programme (même s’il faut formuler des cohérences programmatiques évolutives). La base d’unification se trouve dans un projet, c’est-à-dire une manière de raconter la société telle qu’elle est et telle qu’elle peut être, dès l’instant où une majorité se dessine pour la promouvoir.

5. En janvier 2019, pour combattre le « bloc bourgeois », Le Monde diplomatiquemettait en avant la belle figure du socialiste Jules Guesde, qui niait l’importance des divisions internes à la bourgeoisie et insistait sur son unité profonde de classe. Le mensuel oubliait seulement de rappeler que Guesde combattait à l’époque la position de Jean Jaurès, qui plaidait pour que l’on considère le combat pour la réhabilitation du « bourgeois » Dreyfus comme un devoir du mouvement ouvrier. Plutôt que de rejouer aujourd’hui le combat de la « pureté » doctrinale guesdiste contre « l’opportunisme » jaurésien, mieux vaut se dire que l’équilibre Jaurès-Guesde a dynamisé le monde ouvrier. De même, dans l’entre-deux-guerres, ce n’est pas la logique excluante du « classe contre classe » qui a porté en avant la gauche ouvrière, mais celle du « Front populaire », ouvert à l’alliance avec ceux que les communistes désignaient auparavant comme des membres d’un « parti bourgeois » (les radicaux) voire comme des « social-fascistes » (le PS-SFIO).

Les formules d’hier ne peuvent être celles d’aujourd’hui, même si elles furent les plus propulsives en leur temps. Mais on peut au moins retenir que rassembler le peuple, rassembler la gauche et lutter pour une gauche bien à gauche sont trois dimensions inséparables, et que jouer l’une plutôt que l’autre conduit au désastre. On peut ajouter que rassembler le peuple et rassembler la gauche, c’est penser en même temps ce qui permet à la gauche de retrouver une majorité et aux catégories populaires de revenir au centre du débat public. Il est donc illusoire de croire que l’on peut se débarrasser de la notion de gauche, pour enfin rassembler le « peuple » ; mais il convient de donner à cette gauche le projet, les mots, les symboles et les formes d’organisation qui lui donnent sa dynamique et lui permettent d’assurer sa mission. Une gauche dynamique et rassemblée ne peut être qu’une gauche refondée, dans sa manière de regarder la société et de la nommer, tout comme dans sa manière d’écrire le récit d’une possible émancipation.

6. Dans l’immédiat, le plus grave serait de sous-estimer le danger représenté par l’extrême droite. Cela suppose de combattre sans compromission ses idées, même celles qui semblent gagner massivement le monde populaire. Cela suppose aussi de repousser tout ce qui, d’une façon ou d’une autre, relativise la gravité de son expansion : l’arrivée au pouvoir de l’équivalent des Orban, Bolsonaro voire Trump serait en France une régression démocratique globale et pas le simple prolongement des dérives en cours. Pour éviter cette régression, on ne peut pas accepter n’importe quoi ; mais on ne peut pas non plus relativiser le pire, même au nom du désastre existant.

Ces réflexions très générales n’ont pas vocation à s’opposer à quelque candidature que ce soit, du côté de la gauche. Mais elles suggèrent que, pour l’instant, aucune ne semble pleinement en état de redonner à la gauche toute la vigueur nécessaire. En 2007, la gauche dite « antilibérale » s’est divisée. Du coup, alors qu’elle avait marqué de son empreinte la bataille contre le projet de Traité constitutionnel européen, elle s’est trouvée cruellement marginalisée. La compétition en son sein se réduisit à savoir qui serait le plus grand des « petits » (c’est Besancenot qui gagna alors la partie).

Il ne faudrait pas que, en 2022, la mésaventure advienne à la gauche dans son ensemble. Dans la course au sondage, Mélenchon est en tête. Mais l’écart avec ses concurrents semble s’être réduit. Et, chaque fois que l’hypothèse d’une candidature commune est évoquée, comme les autres la sienne n’attire pas la moitié du total du capital théorique de la gauche. L’ambition de Mélenchon reste certes d’y parvenir. Le texte de son blog, qui se construit autour de l’antagonisme entre « bloc bourgeois » et « bloc populaire », est l’axe proposé à ce jour. Ce n’est pas faire preuve de « Mélenchon-bashing » que de souligner les insuffisances d’une cohérence qui, si elle restait en l’état, risquerait de reproduire, peut-être en pire, les défauts qui furent ceux du « populisme de gauche ». Et ce n’est pas faire preuve de mépris pour les autres hypothèses à gauche, que de dire qu’elles n’offrent pas – pas plus que l’actuel récit mélenchonien - d’alternative franchement enthousiasmante.

Si le débat citoyen a une vertu, il devrait s’essayer à donner à la gauche le souffle d’un projet. S’il y a débat à gauche, au moins que ce soit sur le fond des projets politiques, et pas seulement sur des mesures programmatiques. Peut-être, de ce débat, surgira-t-il la lumière d’ une unité capable de contenir le ressentiment et, mieux encore, de réveiller l’espoir.

Roger Martelli

Les Jours Heureux : programme de la caravane d'été



 

Lancement de la campagne des Jours Heureux avec une caravane qui sillonnera les plages de France dont trois jours dans le Pas-de-Calais :
23 août Le Touquet, 24 août Berck et 25 août Boulogne-sur-mer de 14h à 20h






Après nos bons résultats aux élections départementales et l’élection de notre camarade Bernard Baude au Conseil régional, nous avons désormais la volonté de travailler à faire grandir la candidature communiste de Fabien Roussel aux élections présidentielles de 2022.

Tous les retours que nous avons sur ce début de campagne sont prometteurs, notre parti redevient plus visible dans les médias… En portant l’espoir et notre combat d’un monde meilleur, notre bataille : « le défi des jours heureux » marque déjà les esprits avec cette référence à notre passé qui rappelle l’utilité pour la France, pour la gauche d’un Parti communiste fort et rassembleur.

A nous dans nos cellules, sections de donner tout ce que l’on peut dans les prochains mois pour s’inscrire dans de nombreuses manifestations et initiatives qui marqueront cette campagne que nous voulons offensive face à la crise sanitaire et sociale. Dans les prochaines semaines, nous aurons l’occasion d’accueillir la caravane « les jours heureux » qui a démarré le mardi 6 juillet pour se terminer le 26 août à Malo.

Trois jours durant, les lundi 23 août au Touquet, mardi 24 août à Berck et mercredi 25 août à Boulogne, de 14H à 20H nous participerons à faire connaître les propositions de Fabien Roussel, notamment en direction de la jeunesse. J’espère, si ton temps le permet, t’y rencontrer pour faire grandir la candidature communiste.

Une très belle initiative qui s’appuie sur le droit aux vacances, une des plus belles conquêtes de la classe ouvrière, celui des congés payés.
Hervé Poly secrétaire départemental du Pas de Calais

LIBERTE HEBDO n° 1488: Edito de Philippe



:< Y A D’LA JOIE ! », VRAIMENT ? 

Y a d’là joie ! » Ainsi titrait le quotidien régional La Voix du Nord dans son édition du 7 juillet, c’est-à-dire au lendemain de la proclamation des résultats du baccalauréat. En appel de titre, la Une du journal annonçait : « 89,4 % de réussite au bac. »

Mais cette joie recèle un drôle d’arrière-goût. Il fut un emps, pas si lointain, où les familles et proches se précipitaient sur l’édition spéciale de leur quotidien jour y découvrir - ou pas - le nom du candidat. 

Nous soupçonnons mêmes certains d’entre eux (nous en sommes) de conserver cet exemplaire ad æternam. Pour cette fois, c’est raté. Le précieux supplément de 24 pages prévient dans un bel encadré bleu : « Depuis cette année, lors de l’inscription à l’examen du baccalauréat, il est prévu par défaut que le nom du candidat ne soit pas transmis à la presse. Chaque candidat doit donner expressément son accord pour que son nom soit transmis. S’il ne l’a pas fait, son nom ne peut pas être publié dans ce supplément. » Triste époque en vérité. 

Pourquoi donc proclamer haut et fort, par voie de presse, que l’on est bachelier et qu’une nouvelle vie commence ? 
Après tout, le bac n’est plus qu’une banale formalité. C’est ce que l’on répète à l’envi depuis des années. 

Cette année, de nombreux lycéens n’ont même pas eu envie de se rendre dans leur établissement pour découvrir s’ils figuraient sur la liste des lauréats. Leur smartphone leur suffisait, mais surtout, le verdict était souvent connu d’avance.

On sait même que l’épreuve écrite a été le plus souvent zappée par la plupart des candidats auxquels le contrôle continu assurait le succès par avance.

Voilà en fait le travail du ministre Blanquer pour qui la crise sanitaire est un allié objectif.
 Grâce à elle, il a pu avancer dans son idée de remplacer les épreuves communes du bac par un contrôle continu comptant pour 40 % de la note finale.

 Le ministre, et le gouvernement, sont en train de gagner leur triste pari : faire du diplôme national un bac à la carte et local. Ainsi, la valeur du diplôme variera en fonction de l’établissement où l’élève aura été scolarisé. 
Cette casse du diplôme national est complétée par le dispositif Parcoursup. Loin de la mission de l’école républicaine qui consiste notamment à supprimer - ou aplanir - les discriminations, le système Blanquer assigne les jeunes à leur origine sociale et géographique.

C’est un système criminel que celui qui veut casser l’appétit des jeunes et qui refuse d’harmoniser l’enseignement par le haut.
C’est un système criminel que celui qui consiste à organiser la désespérance.



LIBERTE Hebdo et « l’Association des lecteurs et Amis de Liberté Hebdo »


C’est un appel urgent que nous vous lançons.

Comme toujours Liberté Hebdo est d’une grande utilité au monde du travail et de la création, aux salariés et à leurs syndicats en lutte pour une vie meilleure. Il a répondu « présent » lors de l’élection départementale et régionale informant largement les citoyens, décrivant les valeurs et propositions des candidats communistes, ceux de la gauche rassemblée avec les écologistes. Son apport a été important et permis les bons résultats et succès obtenus avec l’élection de nombreux(es) élu(es) dans les départements des Hauts de France et au Conseil Régional. Depuis des mois nos lecteurs nous félicitent des améliorations de son contenu, de l’aide qu’il leur apporte à mieux comprendre le monde pour agir avec plus d’efficacité. Ce renouveau doit se poursuivre.

Durant les vacances d’été Liberté poursuivra sa mission mais néanmoins il a besoin du soutien de ses lecteurs et celles et ceux qui défendent le pluralisme de la presse et particulièrement la presse d’opinion. Juillet, août et début septembre sont des mois difficiles pour nombre d’entreprises et particulièrement pour Liberté Hebdo qui a besoin de trésorerie, donc du soutien financier de ses amis et lecteurs.

C’est un appel à la souscription que notre journal et l’Association des lecteurs et Amis de liberté Hebdo lançons aujourd’hui aux tous premiers jours de l’été. Il est urgent !

Merci à tous d’y répondre sans attendre afin de mener ensemble les mobilisations citoyennes existantes et qui vont se développer dans l’avenir. Afin de répondre une nouvelle fois « présent » aux campagnes électorales de l’année prochaine dont l’importance n’échappe à personne.

Nous comptons sur vous.


Précision importante – Les dons peuvent se faire au titre de l'aide à la presse (chèque au nom de "Presse et pluralisme – Liberté Hebdo" et à adresser au journal, 18 rue d’Inkermann –BP 31013 – 59011 Lille Cédex). Ils donnent ainsi droit à une déduction fiscale de 66 % (exemple 66 euros pour 100 euros versés)

ELECTION: Progession du PCF en chiffres


 

Vidal met fin aux repas à 1€ pour tous les étudiants et toutes les étudiantes


Ce vendredi, la ministre de l’Enseignement Supérieur, Frédérique Vidal, a annoncé que les repas CROUS à 1€ seront accessibles uniquement aux étudiants boursiers et non-boursiers « en situation de précarité », et refait donc passer le prix des repas de 1€ à 3,30€.

Ces repas à 1€ pour toutes et tous, gagnés grâce à la mobilisation des étudiants et des étudiantes en début d’année 2021 à l’initiative de l’UEC et du MJCF, a permis à un grand nombre d’étudiants et d’étudiantes de se nourrir alors que la précarité étudiante explosait.
En supprimant le caractère universaliste de ce dispositif, Frédérique Vidal met encore plus en difficulté les étudiants et les étudiantes, fait reposer encore plus la solidarité sur les associations et montre, encore une fois, qu’elle est à contre-sens des réalités étudiantes.

De plus, nous ne connaissons pas les modalités qui seront mises en œuvre par le gouvernement pour évaluer si un étudiant ou une étudiante est en situation de précarité ou non.

Donc en plus d’ajouter des démarches administratives pour prouver que nous sommes précaires, Vidal laisse un flou afin qu’une faible partie des étudiants et des étudiantes puissent en bénéficier.

L’UEC dénonce cette attaque du gouvernement contre les étudiants et les étudiantes et revendique :

• Le retour des repas à 1€ pour toutes et tous dès la rentrée !

• La mise en place d’un revenu étudiant, fixé au-dessus du seuil de pauvreté et financé par les cotisations sociales.

•Un investissement massif dans le CROUS afin de développer ses services de proximité.

LA RÉSOLUTION DE LA CRISE CLIMATIQUE DEVRA SE FAIRE HORS DES RÈGLES DU CAPITALISME

 

Dans le cadre de la préparation de la COP-26 à Glasgow (Ecosse) sur le climat, les ministres de l’environnement des pays membres de l'Alliance bolivarienne pour les Amériques (ALBA-TCP) se sont réunis pour préparer une stratégie commune dans le cadre de la Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques.

Article et traduction Nico Maury
La résolution de la crise climatique devra se faire hors des règles du capitalisme
Les ministres de l'environnement des des pays membres de l'Alliance Bolivarienne pour les Amériques (ALBA-TCP) ont souligné le besoin de propositions qui sortent des règles du capitalisme et du marché libre. Jusqu'à présent, aucune politique basée sur les règles du capitalisme n'a réussi à défier la crise climatique.

Le secrétaire général de l'ALBA, et ministre bolivien de l'Environnement et de l'Eau, Sacha Llorenti résume la position de l'ALBA :

« La crise climatique est l'un des grands défis de notre époque, elle menace l'existence de la vie sur la planète et elle est un produit du système capitaliste. Nous rejetons la vision du marché et l'économie verte. L'Accord de Paris est basé sur le marché ».

Hugo Chavez déclarait en 2015 : "Si le climat était une banque, on l'aurait déjà sauvé"

500 plus grandes fortunes de France : « Ils pillent notre argent en pleine pandémie, prenons le pouvoir au capital ! » (Fabien Roussel)





Les 500 familles les plus riches de France explosent une fois de plus leur record : elles détiennent désormais un patrimoine total de 1000 milliards d'euros et ont vu leur fortune augmenter de 30% par rapport à l’année dernière, en pleine période de pandémie !

Eux ne risquent pas de subir la pauvreté, le chômage, la précarité. Ils sont « covid résistants ».

Le nombre de milliardaires français passe de 95 à 109. Pendant la même période, le nombre de personnes vivant sous le seuil de pauvreté passerait de 9 à 11 millions avec des APL en baisse, des factures de gaz, d’électricité, de mutuelle, d’essence en hausse, des salaires et des pensions gelés et un SMIC bloqué à 1234 euros net.

La politique du Président des riches produit ses effets. Son bilan est inégalé pour les plus riches, pour la finance et le capital : la fortune des 500 familles plus riches est passée de 570 milliards en 2017, année de son élection, à 1000 milliards aujourd’hui. La fortune des 500 familles les plus riches a donc quasi doublé !

En 4 ans, le Président des riches a rempli sa mission : les premiers de cordée ont atteint les sommets mais les français sont restés en bas car les riches ont coupé la corde ! L’emploi, le pouvoir d’achat et les salaires ont été sacrifiés sur l’autel de la rentabilité. C’est le fruit de toutes les baisses d’impôts sur les grandes fortunes, sur le capital, sur les dividendes, sur les plus-values. C’est aussi le fruit d’un grand laxisme en matière de lutte contre l’évasion fiscale.

Pire, ces familles les plus riches sont propriétaires d’entreprises, de multinationales qui bénéficient de toutes les aides publiques telles que le CICE, la baisse des impôts de productions, le Crédit Impôt Recherche, les exonérations de cotisations sociales... 140 milliards d’euros d’aides publiques versées en 2019 aux entreprises sans aucune condition, sans rien demander en échange, dont les deux tiers bénéficient en priorité aux plus grandes d’entres elles !

En 2022, nous voulons passer un pacte avec les Françaises et les Français, avec le monde du travail, pour prendre le pouvoir à ces 500 familles, au capital. Oui, nous disons qu’il est possible de relever le défi des jours Heureux, d’éradiquer la pauvreté et le chômage, de retrouver des services publics et une industrie au service de l’emploi et du climat. Cela implique de changer l'utilisation de l'argent dans le pays et de créer de nouveaux droits d'intervention des salarié.e.s.

Fabien Roussel, député du Nord, secrétaire national du PCF

FÊTE DE L’HUMANITÉ 2021

 


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ET MAINTENANT, TOUS ENSEMBLE !
 
✊❤️

C'est avec une émotion toute particulière que nous pouvons aujourd'hui vous annoncer que 2021 marquera le retour de la Fête de 
l'Humanité !
 🔥


Nous vous donnons dès à présent rendez-vous les 10, 11 et 12 septembre 2021 sur l'Aire des Vents de La Courneuve (93) pour trois jours de joie, de rires, de fraternité, d'émotions, de paix, de débats, de musiques, de luttes sociales, de solidarité, de gastronomie, d’engagements, de culture, de danse, d'applaudissements, et bien évidemment de retrouvailles.



Mesures sanitaires, programmation et autres informations à venir très prochainement !



INFOS PRATIQUES




Pas de vente commerciale de billets d’entrée


Prix = 30 € pour les 3 jours



Billets d’entrée uniquement vendu en vente militante (Fédérations)


Billets disponibles aux alentours du 20 juillet


Lieu : terrain de l’édition 2019 (Aire des Vents), avant l’installation en Essonne l’année prochaine
Nombre de participants fixé à 40 000 par jour

 

 




LA CARAVANE DES JOURS HEUREUX... C'EST PARTI !



Du 6 juillet au 26 août, la caravane des Jours Heureux, floquée aux couleurs de la campagne de Fabien Roussel, s’élancera sur les routes françaises pour présenter aux habitant·e·s, aux saisonnier·e·s et aux touristes la candidature communiste à l’élection présidentielle de 2022. Cette caravane d’été sera le premier grand temps de mobilisation depuis le vote des militant·e·s pour la candidature de Fabien Roussel à l’élection présidentielle le 9 mai dernier.



La caravane partira de Marseille, dans les Bouches-du-Rhône, pour rejoindre Malo-les-Bains, dans le Pas-de-Calais, en passant par la côte Méditerranéenne, le littoral atlantique et les côtes de la Manche. Ce sont au total 25 fédérations de notre parti qui prendront part à cette belle aventure estivale, pour plus de 30 étapes prévues et 4 000 km parcourus ! Une ébauche de parcours avait été préparée en amont, à la présentation du projet aux fédérations, mais ce sont elles qui ont vraiment décidé des lieux d’implantation de la caravane dans chaque ville traversée. L’une des forces de notre parti est ce découpage en fédérations, qui permet un ancrage local extraordinaire, au plus près des gens et des militant·e·s et une meilleure connaissance du terrain.

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Si la caravane d’été est l’occasion rêvée pour rencontrer un grand nombre de personnes, elle sera aussi un grand moment d’échanges et de rencontres avec les camarades des fédérations traversées. Nous n’avons que rarement l’occasion de rencontrer les camarades des fédérations autres que la nôtre et la crise sanitaire a empêché la tenue des grands événements qui nous rassemblent d’habitude, comme la Fête de l’Humanité ou l’université d’été. La caravane d’été sera donc l’occasion de renouer des liens autrement qu’en visioconférence et de relancer les rencontres entre camarades.

Inauguration avec Fabien Roussel de la caravane des JoursHeureux à Marseille

 



LA question qui préoccupe les gens est celle du salaire et du pouvoir d'achat.
C'est ce que Fabien Roussel a placé au cœur de son programme :
augmentation des salaires de 20%
une sécurité d'emploi et de formation pour en finir avec le chômage
Loi anti-delocalisation
TVA à 5.5% sur les produits de premieres nécessité
baisse de 50% de la facture d'électricité
C'est ça relever le défi des Jours heureux.

MENACE D'INTERDICTION DU PARTI COMMUNISTE ALLEMAND (DKP)

 

Le Bundeswahlleiter (directeur du scrutin fédéral), officier chargé de superviser les élections au niveau fédéral en Allemagne a notifié au Parti communiste allemand (DKP) l'intention de révoquer son statut de parti politique et de lui interdire de participer au scrutin fédéral de septembre 2021.

Le Parti communiste dénonce une tentative d'interdiction identique à celles du KPD en 1933 et en 1956.

Traduction Nico Maury
Menace d'interdiction du Parti communiste allemand (DKP)
Ce qui est tenté ici, c'est une interdiction du Parti. Nous, les communistes, savons comment contourner ce problème. En 1933, le Parti communiste est interdit par les fascistes, en 1956 par la justice d'Adenauer. Il doit y avoir une grande crainte de notre part que cela se fasse désormais en 2021 par des moyens bureaucratiques.

Bien sûr, nous ferons appel. Nous sommes sûrs que cette tentative de nous interdire froidement échouera.

Le retrait du statut de parti est une tentative de conduire notre parti à la ruine financière. C'est l'un des divers scandales qui tentent de ruiner les organisations progressistes par la privation du droit de vote.

Cette tentative rejoint la criminalisation et la diffamation croissantes contre les forces de gauche. Cette tentative fait partie de l'instrumentalisation de la pandémie de coronavirus pour réduire la démocratie et le bien-être social.

Il ne s'agit pas seulement de l'élection des communistes, nous appelons donc toutes les forces démocratiques à s'opposer à cette tentative d'interdiction des partis.

Patrik Köbele, Président du DKP

La révolution française de 1789 : Entretien avec l'historien Jean-Clément Martin

 

LIBERTE HEBDO: N° 1487, EDITO DE PHILIPPE




IL EST TEMPS D’INVENTER LA VIe RÉPUBLIQUE 

Les élections départementales et régionales à peine terminées, tous les regards se portent vers l’horizon 2022. 
Pense-t-on élections législatives ? Même pas. Le seul repère qui intéresse les médias porte sur l’élection présidentielle dont on sait déjà qu’elle se déroulera en avril.

La campagne qui se lance dès lors laisse peu de place à la réflexion. Les « petites phrases » et autres gentillesses sont déjà sorties des carquois. En quelques jours, le candidat communiste se fait traiter de « facho » pour avoir démarré sur des préoccupations sécuritaires, et il se fait sermonner par un responsable d’extrême droite qui lui reproche de ne pas le laisser parler comme faisaient, paraît-il, les communistes du temps de leur splendeur ! 
Dans un cas comme dans l’autre, on joue sur la confusion et l’ignorance de l’Histoire. Pendant ce temps, les instituts de sondage, qui n’ont pas peur de continuer à se tromper comme ils l’ont fait lors de ces récentes élections, remettent le couvert en se focalisant sur trois candidats. 
Celui du PCF est bien évidemment oublié.

Comment, dans ces conditions, peut-on espérer faire revenir les électeurs dans les urnes ? 
Comment intéresser les jeunes qui ont boudé les scrutins départementaux et régionaux ?

Le phénomène d’abstention gigantesque que nous venons de connaître montre sans doute, non pas le désintérêt des électeurs, et des jeunes en particulier, mais plutôt leur lassitude et leur incompréhension. 
Le fonctionnement de la machine électorale date de 1958. L’élection présidentielle va encore montrer que nous somme au bout d’un cycle : celui de la Cinquième République précisément. 
Les débats, ou faux débats, qui s’annoncent vont une fois de plus faire la part belle aux égos, aux comportements, à ces petites phrases tant recherchées par les médias dominants.

Pour faire revenir les électeurs, il faut travailler sur un projet. Les candidats communistes, ces dernières semaines, ont passé du temps à expliquer à quoi sert un conseil régional ou un conseil départemental. Ils ont rappelé les grands enjeux qui touchent directement à la vie de chacun et chacune d’entre nous. Et ils ont déployé un programme. 
D’autres, au contraire, ont expliqué comment se passer de ce dont nous avons besoin ! 
D’autres encore ont affirmé leur volonté de discriminer en opposant les gens entre eux.

Pour donner envie de voter à nouveau, il importe de faire de la formation civique, de faire de l’éducation populaire et de faire en sorte que les familles s’emparent des sujets qui les concernent. 
Il est temps, aussi, d’inventer la Sixième République.

L’« islamo-gauchisme », une supercherie intellectuelle. Retour sur le Manifeste des 100

CONTRETEMPS REVUE DE CRITIQUE COMMUNISTE


Plus de 23 000 universitaires ont appelé à la démission de Frédérique Vidal après que leur ministre de tutelle eut déclaré vouloir lancer une enquête sur « l’islamo-gauchisme », une notion jugée sans fondement scientifique par les principales instances nationales de la profession. Pourtant, l’ « islamo-gauchisme » fait toujours partie de l’agenda politique (ladite enquête reste prévue) et médiatique. Opportunisme dans la perspective de la campagne présidentielle de 2022, alors que se multiplient les signaux de détresse étudiante et de crise du personnel universitaire ? Opportunisme de certains grands médias, dans lesquels les « problèmes » liés à l’immigration, à l’islam et à la gauche font régulièrement la « Une » de leurs colonnes et de leurs interviews ? Sans doute.



Mais pour mieux comprendre la banalisation et l’instrumentalisation de l’ « islamo-gauchisme » dans l’espace public, il est utile de revenir à la fin du mois d’octobre 2020, au moment où la notion est devenue une véritable « affaire » politique et médiatique. Avec un fait marquant : les mêmes accusations gouvernementales, tenues alors par Jean-Michel Blanquer (qui pointait particulièrement du doigt les théories intersectionnelles) après l’assassinat de Samuel Paty, se trouvaient reprises par des universitaires dans le « Manifeste des 100 » (rejoints par 158 autres personnes) publié dans Le Monde. Ces derniers demandaient notamment à Madame Vidal « de mettre en place des mesures de détection des dérives islamistes [à l’Université], de prendre clairement position contre les idéologies qui les sous-tendent, et d’engager nos universités dans ce combat pour la laïcité et la République ». Ils ont visiblement été entendus.



Au vu de la gravité des accusations portées et de leur écho dans le champ politique, il convient de s’intéresser à l’argumentation du Manifeste. Cela d’autant plus que, davantage qu’une tribune parmi tant d’autres, les signataires disent fournir des « preuves à l’appui » de cette gangrène de l’université par les idéologies incriminées : un corpus de 48 articles de presse, trois émissions radio, un documentaire et cinq ouvrages. « Parlons moins mais parlons vrai. Parlons des faits.», écrivent-ils. Nous avons donc analysé le corpus, même si le Manifeste en lui-même et la page d’accueil donnaient déjà quelques indications : « Les idéologies indigéniste, racialiste et « décoloniale » », « qui se prétendent des sciences », « font le lit de l’islamisme ». Premier argument, donc : les travaux incriminés sont dangereux en raison de leur solidarité (directe ou indirecte) avec l’extrémisme religieux et politique. Second argument : ils sont non scientifiques parce qu’idéologiques, militants ou engagés.



Passons sur le premier, étant donné que le corpus ne compte aucun article publié dans une revue académique à comité de lecture, c’est-à-dire évalué par les pairs, ni d’enquête de terrain approfondie ou d’enquête statistique[1], qui permettraient de donner de la consistance à l’ « islamo-gauchisme » en France et de prouver le lien de causalité entre lesdites idéologies et les actes terroristes ou criminels. Cela renforce l’intérêt de se questionner sur le second argument. Dans la mesure où un ensemble divers de recherches en sciences humaines et sociales (SHS) est présenté comme alimentant une même « haine des « blancs » et de la France », se pose la question : les « preuves à l’appui » du Manifeste (leur sélection, leur contenu, leur interprétation) relèvent-elles seulement des faits ? N’y-a-t-il pas d’idéologie sous-jacente ? Autrement dit, sont-elles vraiment « neutres » ?

Sélection (partielle) et interprétation (partiale) des « preuves »


Pour répondre à ces questions, commençons par nous pencher sur les émissions radio du corpus (toutes de France Culture) afin de voir comment le débat est amené. Deux d’entre elles s’appuient principalement sur une lettre ouverte (signée par 150 écrivains, journalistes et artistes) parue au mois de juin 2020 dans le magazine américain Harper’s, et accueillent Thomas Chatterton-Williams, un de ses signataires. Dans « Politique identitaire aux Etats-Unis, du racisme à la “cancel culture” » (27 septembre 2020), le présentateur introduit l’émission en expliquant que la lettre dénonce un « climat intellectuel de menaces, de dénonciations voire de peur que les américains appellent “Cancel culture” ou culture de la censure » qui, aux Etats-Unis, sévirait notamment dans les universités à propos des « questions de race et de genre ». Ce climat, qui « s’apparenterait à un maccarthysme de gauche », « aurait infesté les médias, le monde de la culture et même la vie des entreprises ».



On remarquera au passage qu’une lettre ne constitue pas en soi une « preuve » d’une dérive générale de l’université, d’autant que l’émission transpose, sans la questionner, la « cancel culture » au contexte français. Mais relevons le choix des mots utilisés par le journaliste, qu’il s’agisse de catégories générales rappelant des heures graves de l’histoire américaine (le maccarthysme, ici renvoyé à la gauche) ou de la métaphore biomédicale (une sorte de virus aurait infecté une partie de la population américaine pour créer un climat nauséabond imprégnant tous les secteurs de la vie sociale, des médias au monde du travail). Le ton est donné, à même de susciter la peur d’ennemis à la fois invisibles, insaisissables mais nombreux et potentiellement partout.



Pourtant, à rebours de cette mise en abîme, on aurait pu retenir toute autre chose à ce sujet, comme l’illustre une autre émission (« Cancel culture : le débat est-il possible ? »), où la présence d’une seconde invitée permet d’apporter du pluralisme au débat. Manon Garcia (philosophe), qui défend une thèse opposée, affirme en effet que « personne ne peut être en désaccord avec la position normative de la lettre, qui relève de la platitude : oui il faut se battre pour la justice tout en préservant la liberté ». Elle ajoute que son contenu repose principalement sur la juxtaposition de cas individuels relativement isolés (indépendamment de leur véracité et gravité). Et que cet « appel à la politesse » lancé par la lettre tend à laisser à l’arrière-plan le fait que « les réseaux sociaux permettent aussi de donner une voix aux gens qui sont marginalisés par les institutions » et subissent des discriminations au quotidien. Autant d’éléments de débat absents du Manifeste des 100.


Au terme de l’émission, on se questionne alors sur le choix de la faire figurer dans la liste des « preuves » à charge contre le prétendu « islamo-gauchisme » en France. Le doute grandit lorsque l’on constate que la sélection desdites preuves fait l’impasse sur d’autres émissions qui apportent elles aussi des contre-arguments ou la contradiction – pour s’en tenir à France Culture, se reporter par exemple à une série documentaire de l’émission « LSD » en quatre épisodes : « Les débats de société à l’assaut de l’université »

Un discours complotiste ?


Nous invitons le lecteur à parcourir le corpus pour constater pareille sélection (partielle) et interprétation (partiale) des « preuves à l’appui » du Manifeste, mises au service d’un même discours général aux accents complotistes. D’ailleurs, le nombre important d’articles de presse ne donne-t-il pas l’impression que le phénomène dénoncé est tout aussi important ? C’est que se jouerait dans les séminaires, les syndicats et les conseils de département une offensive ourdie dans l’ombre par des hordes de militants et d’idéologues coordonnés. L’ennemi serait donc (presque) partout. Le schéma de ce discours est connu au moins depuis la Guerre Froide et les discours accusant le marxisme de submerger et corrompre l’Université. Cette « menace communautariste, décoloniale, indigéniste ou néoféministe qui traverse tout l’enseignement supérieur » sévirait ainsi « à Normale Sup, à l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS) ou à Sciences Po », mais aussi à « Paris 3, Paris 7 en socio, Paris 8, Paris 13, Lyon 2, Lille 2, Rennes 2, Toulouse 2 », voire au CNRS, à la Fondation Maison des sciences de l’homme et au Conservatoire national des arts et métiers (L’Opinion, 6 octobre 2020).



Rhétorique classique du « complexe obsidional » (sentiment de subir un siège), ce drame national se doublerait de surcroît d’un volet international. En écho aux mécanismes classiques des théories du complot, ce discours postule une complicité entre l’ennemi intérieur et ses cinquièmes colonnes étrangères : les « décolonialistes » trouveraient ainsi des relais au niveau des plus hautes institutions culturelles européennes, lesquelles seraient déjà passées dans le camp des Frères musulmans (Le Point, 18 novembre 2020). Se déployant à l’échelle occidentale, « un mouvement polymorphe qui prétend à l’hégémonie dans le monde intellectuel » tisserait sa toile « à travers le monde et tout particulièrement des deux côtés de l’Atlantique », bien décidé à abattre d’un même coup « l’Occident, l’universalisme et l’humanisme du “mâle blanc” » (FigaroVox, 17 novembre 2020).



Pourtant, de façon contradictoire, cette critique est associée à une autre : celle qui dépeint les théories honnies comme des importations étrangères, allogènes, extérieures au terreau français. Les difficultés liées à la circulation internationale des idées ont bien été signalées dans les sciences sociales, et notamment par des auteurs (comme Bourdieu) que des signataires du Manifeste vouent aux gémonies. Mais l’enjeu, ici, n’est pas d’ordre scientifique : les théories d’importation sont dénoncées par principe en raison de leur influence néfaste. La déferlante qui s’abattrait sur les universités françaises serait ainsi un sous-produit de « l’influence du gauchisme identitaire américain […], dont les nourritures psychiques proviennent des campus étatsuniens pratiquant le culte de la “radicalité” » (FigaroVox, 10 novembre 2020). L’un des signataires du Manifeste estime qu’« il est à première vue étonnant qu’une pensée aussi américaine ait pu prendre pied chez nous » (Le Point, 13 octobre 2020).



Chacun chez soi, et les sciences humaines seront bien gardées. Et peu importe d’ailleurs de savoir si ces théories supposément exogènes n’auraient pas en réalité des racines bien françaises car, comme précisé dans l’un des articles listés (Actu Philosophia, 11 septembre 2020), ces mêmes campus états-uniens les rattachent à ce qu’ils nomment (abusivement ou non, là n’est pas la question) la « French theory ». Aussi s’étonne-t-on de retrouver sous la plume de ces auteurs des postures qui relèvent d’un nationalisme épistémologique bien éloigné du cosmopolitisme et de l’universalisme des Lumières dont ils se réclament.



Non sans cohérence, ce discours médiatique se double d’une logique jésuitique. Les invectives à l’encontre des « décoloniaux » et « néo-féministes » auraient, entre autres motivations, la protection des faibles d’esprit, qu’il s’agirait de préserver de ce que les prédicateurs et entrepreneurs de morale ont longtemps appelé le « poison des mauvais livres » – une rhétorique analysée par Gisèle Sapiro dans La responsabilité de l’écrivain. Littérature, droit et morale en France (XIXème-XXIème siècle), publié au Seuil en 2011. Un communiqué de la LICRA figurant dans le corpus (2 octobre 2017) proclame ainsi que « le détournement politique de l’université est un poison dangereux ». L’un des articles du Manifeste dénonce « une forme d’emprise [des universitaires] sur les étudiants, public captif », qui explique qu’« une part de la jeunesse dénuée de repères autres que les slogans des manipulateurs se laisse embrigader » (Marianne, 5 juin 2018). Déniant aux étudiants toute possibilité de distance ou de résistance critique, ce discours les assimile à des réceptacles passifs. Mais la responsabilité de cette aliénation incomberait à l’évidence aux universitaires, accusés de chercher à « séduire des jeunes gens épris de justice qui ignorent qu’on les entraîne vers le dogmatisme, la haine et la violence », selon les termes d’une tribune publiée le 28 octobre 2020 par le collectif Vigilance Universités.



En posant ainsi les termes du problème, les porteurs de la subversion intellectuelle « décoloniale » ou « néo-féministe » sont campés comme les responsables d’une forme de « terrorisme intellectuel qui rappelle ce que le stalinisme avait naguère fait subir aux intellectuels européens les plus clairvoyants » (Le Point, 17 juillet 2020). Au-delà de la reductio ad Stalinum, par cette rhétorique d’intellectuels non-conformes, seuls contre tous, les signataires du Manifeste et les auteurs des articles cités à l’appui se posent à la fois en victimes et en meneurs d’une lutte de résistance contre une armée d’occupation intellectuelle.



Une dernière ligne argumentative (reprise d’ailleurs par Madame Vidal) des auteurs consiste à accuser leurs adversaires de faire œuvre d’idéologie et non de science, de sacrifier les idéaux de la recherche pure sur l’autel de leur militantisme. Un des articles mobilise ainsi les analyses d’une conseillère régionale du Val-d’Oise expliquant aux universitaires les conditions légitimes d’exercice de leur métier. Suivant les préceptes de l’élue locale, « la parole militante est présentée comme une démarche de recherche scientifique au sein même de l’Université », au prix d’une confusion « entre propagande idéologique et travail universitaire » (FigaroVox, 22 novembre 2017). Selon une logique analogue, une directrice de recherche au CNRS affirmait plus récemment :



« On est en train de former une génération de soi-disant chercheurs convaincus que la sociologie doit être militante » (Marianne, 12 avril 2019).



Faut-il rappeller qu’Émile Durkheim affirmait dès sa thèse de doctorat : « Nous estimerions que nos recherches ne méritent pas une heure de peine si elles ne devaient avoir qu’un intérêt spéculatif » ? De plus, à ce compte-là, ce serait disqualifier quasiment tous les autres grands noms des sciences humaines et sociales (P. Bourdieu, A. Giddens, C. Levi-Strauss, M. Mauss, M. Mead, R. Park, A. Touraine, Max Weber, Marianne Weber, W. E. B. Du Bois, S. Hall, C. Guillaumin, etc.) qui ont articulé, d’une manière ou d’une autre, recherche et engagement. Une articulation qui, dans d’autres contextes, est vue comme nécessaire pour alimenter le débat démocratique.

« Quelqu’un voit-il une différence avec les Gardes rouges ? »

Du reste, la neutralité du Manifeste et de ses « preuves à l’appui » est loin d’être évidente. L’essentiel tient en effet dans la tension fondamentale de ce discours biface : d’un côté, l’attachement revendiqué aux valeurs de la science pure contre le militantisme et la partialité ; de l’autre, une série de jugements indéniablement idéologiques. Ainsi le véritable spectre qui hante l’Université ne serait autre que celui du « gauchisme ». Dans la droite ligne des combats de mai 1968 ou des affrontements ritualisés « gauchistes contre “fafs” », on assisterait aujourd’hui, selon un ancien recteur, « à une très forte gauchisation du corps universitaire, passé de la gauche à l’extrême gauche, notamment dans le domaine des sciences sociales » (L’Opinion, 30 octobre 2019).



Dans cette droite ligne, une variante, plus surprenante, réside dans le fait que ce discours anti-gauchisme emprunte directement sa tonalité aux combats anticommunistes de la Guerre Froide. Ces universitaires mobilisent ainsi un univers de références profondément daté. La mouvance décoloniale (que l’on croyait pourtant issue de théories états-uniennes) tirerait ses origines de la trahison des « intellectuels marxistes-léninistes » des années 1970, repositionnés sur une ligne hostile à l’Occident et favorable ou du moins tolérante vis-à-vis de l’islam politique (FigaroVox, 10 novembre 2020). Un article évoque ainsi le « temps de la Révolution culturelle » avant de demander : « Quelqu’un voit-il une différence avec les Gardes rouges ? » (L’Obs, 13 février 2020).



Bourdieu, marxisme, léninisme, maoïsme, bolchévisme : un ensemble d’auteurs, de courants et de théories sont finalement mis à l’index comme faisant partie d’un tout – un des avantages des catégories fourre-tout comme l’islamo-gauchisme, autorisant aisément les amalgames. On comprend mieux, dans ces conditions, que les théories intersectionnelles par exemple soient présentées comme des « « idéologies bulldozers » caricaturales et culpabilisantes » qui « combattent l’ « Occident » accusé d’être responsable des malheurs du monde », solidaires d’une gauche « molle »dans le déni (Le Point, 18 novembre 2020). Au vu de leur diversité et de leur complexité, il aurait fallu a minimaexpliquer précisément à quels précurseurs, textes fondateurs et processus historiques les recherches incriminées se réfèrent, et à quelle échelle (nationale ou internationale) elles se situent.



Au bout du compte, il apparaît que le Manifeste des 100, ainsi que la catégorie d’ « islamo-gauchisme » dont il se fait le relai actif, relèvent de la supercherie intellectuelle et se situent sur le terrain politique, non sans un certain succès (voir les tentatives pour contrôler l’intégrité scientifique de la recherche ou les possibilités de manifester dans les facultés). Il s’inscrit dans une offensive plus large et plus ancienne, décuplée depuis les attentats de 2015, qui dépasse de loin le champ intellectuel. La dénonciation de l’ « islamo-gauchisme » n’est pas sans rappeler celle de la « culture de l’excuse » (selon Manuel Valls) et du « sociologisme » (d’après Philippe Val), d’après lesquelles la sociologie justifie par exemple l’échec scolaire mais aussi les comportements délictuels ou criminels – confondant ce qui relève de la compréhension et de l’explication d’un côté, et le jugement de l’autre.



On serait presque tenté de voir dans le langage « preuves à l’appui » le signe non pas d’une argumentation scientifique mais d’un registre policier ou pénal, comme on mobiliserait des preuves à l’appui d’une interpellation ou d’une accusation. Qu’en est-il alors des lecteurs et auditeurs, ainsi pris à partie et mis dans une position de jurés condamnant la partie adverse ? Et, d’ailleurs, les non-spécialistes ont-ils une idée plus précise de ce que sont les théories intersectionnelles, décoloniales, post-coloniales, néoféministes, etc., après avoir parcouru le corpus des « preuves à l’appui » ?



En tous les cas, en donnant la primauté à la polémique et à la disqualification sur le débat pluraliste et contradictoire, à l’opinion sur les faits objectivés et contextualisés, le Manifeste des 100 signale une nouvelle étape dans l’offensive idéologique de disqualification de la gauche et dans la dérive de certain-es intellectuel-les (y compris issu-es de la gauche), qui tendent à voir dans les tentatives de description critique des rapports de domination à la fois un refus de la « Science » et une menace pour la « République ».



Note

[1] Voir Nicolas Roux et Pauline Perrenot, « L’université menacée par « l’islamo-gauchisme » ? Une cabale médiatique bien rodée », Acrimed, 2 mars 2021.