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LIBERTE HEBDO N°1568. EDITO DE PHILIPPE



POUR UNE JUSTE LUTTE EN FAVEUR DE LA RETRAITE


Personne ne pourra en douter ce vendredi matin : la mobilisation du 19 janvier centre la réforme des retraites a remporté un énorme succès. 1,5 à 2 millions de citoyennes et citoyens dans la rue, en France, c’est inédit depuis longtemps. 

La référence aux manifestations de 1995 a souvent été entendue ce jeudi soir, fondant que le peuple rédamait le retrait du texte que Mme Borne s’évertue à qualifier de « juste », le président Macron était à Barcelone en compagnie de 11 ministres de la République pour... signer un traité d’amitié et de coopération avec le Premier ministre espagnol. Et tandis que les canons à eau attendaient (en vain) les dizaines de milliers de manifestants lillois, le ministre de l'Intérieur paradait avec le président. Quel mépris pour le peuple. 

Quelle arrogance aussi. 

Il reste à savoir si le mouvement qui vient de s’enclencher se transformera au point de mettre en échec l’équipe au pouvoir et la droite qui siège au parlement. Hier, rien n'était sûr. 

Aujourd'hui, tout peut changer. Certes, une grève est très difficile à mener. Le niveau et les conditions de vie aduelles, les conditions et l’organisation du travail de ce siècle sont autant d’obstacles. Pourtant, ce 19 janvier ouvre grand l’espoir d’un retournement de rapport de force. On a déjà vu des lois votées à l'Assemblée nationale et que la rue a empêché de s'appliquer. Mais le mouvement peut et doit même aller au delà. 

L'idée d’un référendum pourrait fortement, en ces circonstances nouvelles, déstabiliser un pouvoir trop sûr de lui, par ailleurs, la pétition lancée récemment par les organisations syndicales contre le projet de réforme est bien loin d'être boudée.

Au contraire, elle vient de passer à plus de 600 000 signatures. Le texte dénonce une injustice et une régression sociale choisies par le gouvernement. Les arguments de la Première ministre, longuement invitée à se défendre au micro de la radio publique France Inter, ce samedi 14 janvier (quelques jours avant la grande manif), n'auront rien changé à l’affaire.

Le fer est donc chaud. Il importe de le battre. Le projet de réforme, qui ne se justifie pas d'un point de vue économique, est une arme redoutable contre les travailleurs. Il représente la vision libérale d’un gouvernement, d’une classe, pour qui la retraite n'est jamais qu'un temps improductif qu’il convient donc de repousser. A l’opposé, nous défendons la vision d’une retraite qui représente la liberté de vivre, pour soi, pour sa famille, pour son entourage. Une liberté de profiter pleinement de la vie qui, c'est le moins que l’on puisse dire, n'est pas volée.

Cette bataille pour la retraite, pour une bonne retraite, renvoie à une lutte des classe qui, décidément, est loin d'être morte.

 

Comité de soutien des Alpes Maritimes pour de nouveaux "Jours heureux"

 


Pierre Perret - La petite Kurde

 

Projet de base Commune 39ème congrès: L'AMBITION COMMUNISTE POUR DE NOUVEAUX "JOURS HEUREUX"

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Pour lire les réflexions et contributions cliquez sur: https://congres2023.pcf.fr

Léon Deffontaines, secrétaire général des Jeunes communistes : «Le look coco, c’est le rétro qui revient à la mode»

Léon Deffontaines, secrétaire général du Mouvement de la jeunesse communiste, en janvier 2021. 

Qui sont-ils, quels sont leurs réseaux ? «Libération» a interrogé quatre nouveaux talents de la gauche, qui n’ont pas encore 30 ans mais font déjà partie de figures de leurs camps.

Un insoumis, un communiste, une socialiste, une écologiste : ça fait beaucoup de points communs et encore pas mal de différences, comme l’ont montré les débuts de la coalition parlementaire des gauches (Nouvelle Union populaire écologique et sociale, Nupes). Mais ce qui rassemble à coup sûr les quatre vingtenaires interrogés par Libération, c’est de faire partie de la relève de leurs camps respectifs. Encore peu ou pas connus du public, ils se distinguent déjà par leurs actions ou leurs responsabilités. Libération fait les présentations avec la présidente des Jeunes socialistes, Emma Rafowicz,l’élue et activiste écolo Pauline Rapilly Ferniot, le député insoumis Damien Maudet et le patron des Jeunes communistes, Léon Deffontaines, dont voici l’entretien.


Bonjour. Qui êtes-vous ? Quels sont vos réseaux ?

Bonjour, j’ai 26 ans, je suis amiénois. J’ai adhéré au Mouvement jeunes communistes de France à 17 ans et j’ai été élu secrétaire général à 23 ans. Cela fait de moi le deuxième plus jeune secrétaire général de l’histoire. J’étais porte-parole de Fabien Roussel pendant la campagne présidentielle et je viens de sortir un livre : Pour que jeunesse se fasse !.

Quand vous étiez petit, vous rêviez de devenir qui ?

J’ai toujours été passionné d’histoire. Je dirais Astérix. Ça doit être mon côté «gaulois réfractaire».

L’hiver est là, le réchauffement climatique est sous nos yeux, l’inflation nous assomme. Donnez-nous une raison d’être optimiste.
Je suis d’un naturel très optimiste. Lorsque je vois, tous les jours, de jeunes militants communistes sur les campus, devant les lycées ou au pied des arrêts de bus à essayer de convaincre autour d’eux, je me dis qu’il y a de quoi être optimiste. Depuis que je suis à la tête des Jeunes communistes, nous avons doublé notre nombre d’adhérents. Nous sommes la première organisation de jeunesse.
Depuis des années, quand on dit «communistes», on ne pense pas forcément «jeunes». C’est quoi le look coco, aujourd’hui ?

Si je vous avais dit que les communistes incarneraient le renouveau de la politique il n’y a même pas trois ans, vous m’auriez traité de fou ! Pourtant, en moins d’un an, Fabien Roussel a permis de rafraîchir le discours de la gauche. Donc le look coco, c’est le rétro qui revient à la mode. Un peu comme la chanson Running Up That Hill de Kate Bush sortie en 1985, qui n’a jamais été autant écoutée qu’aujourd’hui grâce à la série Stranger Things.


Vous êtes originaire d’Amiens, comme Jean-Pierre Pernaut. Un jour, à la fin de son journal, il a dit : «On salue tous les connards, qui sont nombreux.» En politique aussi, ils sont nombreux ? Vous pensez à quelqu’un en particulier ?

Oui. Comme les mouches sont attirées par les crottes de chien, les connards en politique semblent attirés par l’extrême droite. Même si je ne confonds pas les candidats et leurs électeurs. Les cadres de l’extrême droite entretiennent un double discours honteux. Ils se disent défenseurs des travailleurs mais votent contre l’augmentation des salaires. Cette hypocrisie est insupportable. L’extrême droite, c’est le recul de notre modèle social, avec la xénophobie en plus.


Le Rassemblement national vient de fêter ses 50 ans. Vous aussi, il y a certains moments de votre vie que vous préférez oublier ?

Oui, la première fois où je suis allé à la chasse avec mon oncle. J’étais trop jeune pour avoir une carabine, alors je me contentais de porter le gibier mort. Après une dizaine de minutes à porter un lièvre, il s’est littéralement vidé sur mes bottes. Ce n’est pas le meilleur souvenir que je garde de ma jeunesse.


Certains ont boycotté la Coupe du monde au Qatar. Si vous pouviez boycotter quelqu’un ou quelque chose, ce serait qui ou quoi ?

En tout cas pas la Coupe du monde. C’est la compétition sportive la plus regardée au monde ; un moment où le sport se mélange à la ferveur populaire. Ni les joueurs ni les supporteurs ne sont responsables des choix de la Fifa. Je préfère boycotter les parties de golf, ça ne m’intéresse pas vraiment et je n’ai pas les moyens de me payer un abonnement télé pour les regarder.


Quand Elon Musk a appelé une énième fois l’Ukraine et la Russie à faire la paix, un ambassadeur ukrainien lui a répondu : «Allez vous faire foutre.» La dernière fois que vous vous êtes fait rembarrer, c’était quand ?

Au printemps, lors des débats sur le programme de la Nupes. Je faisais partie de la délégation communiste chargée de mener les négociations avec les autres forces de gauche. Lorsque j’ai proposé de supprimer les contrats spécifiques aux jeunes, qui ne font selon moi que précariser un peu plus ceux qui entrent sur le marché du travail, je me suis gentiment fait rembarrer.


Le film Novembre, avec Jean Dujardin, est sorti en octobre. Vous aussi vous êtes parfois à côté de la plaque ? Ou alors juste en avance ?

A la dernière manifestation pour le climat, on a sorti une banderole sur laquelle il était écrit : «Nos centrales, nucléaires pas à charbon». On nous a dit qu’on était à côté de la plaque. Je pense qu’on était en avance. D’ailleurs, les derniers sondages sur le nucléaire nous donnent plutôt raison : une écrasante majorité de Français se dit favorable à un réinvestissement dans le parc nucléaire.


Au jeu du «Tu préfères», vous choisissez quoi entre : devoir écrire un tweet positif sur Emmanuel Macron tous les jours ou vous priver de «bonne viande» jusqu’à la fin de vos jours ?

Le tweet positif sur Emmanuel Macron, bien sûr ! On peut toujours trouver des choses intéressantes à dire sur quelqu’un. Par exemple, Macron, il vient d’Amiens, il y a plein de choses positives à dire sur sa ville natale. Ça, je peux le faire.

Roussel, ça rime avec…

Présidentielle, bien sûr. Vivement dans cinq ans !
Libération 27 décembre

La géothermie avec de nouveaux forages à très grande profondeur

L’immense potentiel d’énergie géothermique qui sommeille sous la surface de la Terre ne demande qu’à être exploité pour chauffer les maisons ou produire de l’électricité, comme cela se fait en Islande où cette énergie est convertie en électricité grâce à la force de la vapeur. Portée à haute température dans des réservoirs géothermiques ou les aquifères dans la croûte terrestre, l’eau se transforme en vapeur qui fait ensuite tourner des turbines qui activent un générateur produisant de l’électricité. Lorsque la vapeur redevient de l’eau, elle est renvoyée dans sol et le cycle recommence. En bref, l’énergie géothermique a, en théorie, le potentiel de fournir une énergie propre au monde entier.

Pour puiser cette puissance naturelle, les ingénieurs devront inventer de nouvelles stratégies pour forer jusqu’à 20 kilomètres de profondeur à l’intérieur de la Terre. Quaise Energy, une start-up rattachée au Massachusetts Institute of Technology (MIT) pense avoir la solution avec le forage à ondes millimétriques. Les scientifiques pensent que la technologie peut vaporiser suffisamment de roche pour créer les puits de forage les plus profonds au monde. 
Ils pourront ainsi récolter l’énergie géothermique à grande échelle pour satisfaire la consommation humaine sans avoir besoin de combustibles fossiles.
L’énergie géothermique est pratiquement illimitée, mais elle est actuellement sous-utilisée. Selon l’Agence Internationale de l’Energie, la production d’électricité géothermique n’a augmenté que d’environ 2 % en 2020 avec une capacité supplémentaire de 200 mégawatts, ce qui représente une baisse significative par rapport à la croissance enregistrée au cours des cinq années précédentes. À titre de comparaison, une centrale au charbon classique a une capacité d’environ 600 MW.

Pour atteindre zéro émission nette d’ici 2030, la production mondiale d’énergie géothermique devrait augmenter de 13 % chaque année entre 2021 et 2030, soit environ 3,6 gigawatts de capacité. Pour y parvenir, il faudra un meilleur accès à l’eau ultra-chaude qui se trouve à très grande profondeur. C’est le but recherché avec le forage à ondes millimétriques.

Actuellement, le puits de forage le plus profond au monde est le Kola Superdeep Borehole en Russie, près de la Norvège. Résultat d’un projet remontant à l’Union Soviétique, il s’agissait de forer le plus profond possible dans la croûte terrestre, qui fait en moyenne environ 30 kilomètres d’épaisseur sous les continents. Au final, ce puits n’atteint que 12,1 kilomètres dans la croûte et il a fallu 20 ans pour le réaliser car les équipements conventionnels, tels que les foreuses mécaniques, ne peuvent pas gérer les conditions rencontrées à une telle profondeur.

La nouvelle technologie mise au point par Quaise Energy, conçue pour perforer la roche avec des ondes millimétriques, pourrait être une solution. En remplaçant les forets conventionnels par des ondes millimétriques générées par une machine baptisée gyrotron, il est possible de faire fondre puis de vaporiser la roche. Un gyrotron dispose d’une puissante source de faisceaux, comme les lasers, mais avec une gamme de fréquences différente. Il a fallu plus de 15 ans à la start-up pour développer la technologie en laboratoire, et démontrer finalement que les ondes millimétriques pouvaient forer le basalte. La technologie devrait permettre de creuser à 20 kilomètres de profondeur, là où les températures atteignent plus de 480 degrés Celsius.

Vue du gyrotron (Source: Encyclopaedia Britannica)

Le projet devrait débuter par une conception hybride, utilisant d’abord la technologie de forage rotatif conventionnelle développée par les industries pétrolières et gazières pour perforer les couches de surface de la Terre. C’est alors que l’on utilise les ondes millimétriques à haute puissance. La première plate-forme de forage hybride à grande échelle devrait être opérationnelle d’ici 2024. D’ici 2026, le premier système géothermique prévu pour produire 100 mégawatts d’énergie thermique fonctionnera à partir de quelques puits de forage. D’ici 2028, le nouveau système devrait commencer à remplacer les centrales à combustibles fossiles par des centrales géothermiques.

Grâce aux températures élevées atteintes à très grande profondeur, la nouvelle technologie produit de la vapeur très proche de la température à laquelle fonctionnent les centrales électriques au charbon et au gaz d’aujourd’hui. Ainsi, il sera possible de remplacer 95 à 100 % de l’utilisation du charbon en développant un champ géothermique et en produisant de la vapeur à partir des profondeurs de la Terre.
Il reste encore beaucoup à faire pour développer pleinement la nouvelle technologie. Les scientifiques doivent mieux comprendre les propriétés des roches à grande profondeur et faire progresser la chaîne d’approvisionnement des gyrotrons qui produisent les ondes millimétriques. De plus, l’équipement devra être produit en quantité et avec une conception robuste adaptée à l’environnement des forages.
Viennent ensuite des défis techniques supplémentaires, tels que la technique d’élimination des matériaux remontés lors du forage et la nécessité de maintenir les puits stables et ouverts une fois le forage terminé.
Au moment où les sources d’énergie géothermique plafonnent à travers le monde parce que les méthodes de forage conventionnelles sont inadaptées pour gérer des profondeurs supérieures à 120 mètres, le Département américain de l’Energie a octroyé à Quaise Energy une subvention pour accélérer les expériences avec un gyrotron plus puissant, et continuer à améliorer les capacités de vaporisation.

Article de Claude Grandpey

Qui inspira la réforme macronienne des services publics ?

Par elle seule, la composition de cette Commission chargée d’élaborer la dernière en date des lois de « modernisation », vaut programme : les ministères d’E. Macron ont demandé à un aéropage de patrons du privé de « moderniser » les services publics.

Le Comité action publique 2022 ( CAP 22 ) est un groupe composé de quarante personnalités mêlant économistes, cadres du secteur public et privé, élus, et chargé en octobre 2017 par le premier ministre E. Philippe de réfléchir à une réforme des missions de Service Public de l'État associée à une réduction des dépenses publiques. Son travail déboucha sur la Loi de Transformation de la Fonction Publique de 2019.

Les questions à poser pour comprendre la réorganisation libérale de l’action publique – sont : quifait ? qui ? Quelle histoire sociale incarnée en des individus, quelles formations, quel recrutement,quel univers de relations les ont construits ?

Impossible de s’expliquer ce qu’ils font sans saisir d’où ils viennent, de quel groupe social, quel parcours dans ce groupe social, et quels sont leur univers de référence, celui d’où sort ce qu’ils estiment évident, incontournable, naturel, sens commun – sens commun de leur groupe social.

Nul ne s’étonnera alors, à analyser sa composition, que la commission ait communier sans distance dans cette croyance promue dogme : ce sont les règles managériales du privé qui doivent structurer le travail dans les services publics, lesquels sont d’abord vus comme zone de gabegie. Il s’agit donc de réduire leurs coûts, ce qui passe par l’externalisation des tâches vers des entreprises privées ou des concessions de service public. Et, dans le périmètre maintenu des fonctions publiques, « dégraisser le mammouth » : casser le statut des fonctionnaires, liquider les contrats aidés, embaucherdes « agents temporaires », ne pas remplacer les départs en retraite, restreindre les recrutements, contrôler plus étroitement, caporaliser les agents en intensifiant leur travail. Toute la refonte proposée de la fonction publique se comprend sitôt examiné qui composa cette commission.

Le Comité Action publique 2022, ce fut CAP sur le privé !

Cette commission, en effet, n’inclut aucun salarié des services publics travaillant à un rang intermédiaire ou comme personnel d’exécution. Et aucun syndicaliste. Les seuls fonctionnaires admis sont situés en haut de l’échelle hiérarchique. La commission n’en compte que 13 parmi ses 43membres. En revanche, avec un effet de masse jamais vu , y furent nommés des dirigeants de groupes privés ou de fonds d’investissement, ignorants du fonctionnement local des services publics mais rompus, avec excellence professionnelle, aux codes, aux critères de performance et aux pratiques des directions d’entreprise ou du consulting :

Ross Mc Innes, président de Safran, géant de la défense et l’aéronautique ; Véronique Bedague-Hamilius, P-DG de Nexity Immobilier ; Guillaume Hannezo, passé de Vivendi à la banque Rothschild et au fonds financier WeShareBonds ; Mathilde Lemoine, ancienne de la banque HSBC passée chef économiste chez Rothschild ; Jean-François Cirelli, ex-directeur générale GDF-Suez, quipréside en France le fonds de placement BlackRock ; Stéphane Brimont, président du fonds financier Macquarie ; Marc Tessier, de chez Havas, Canal +, France TV puis NetGeM (télévision viaInternet); Philippe Josse, d’Air France KLM ; Stéphanie Goujon, vice-présidente du Mouvement desentrepreneurs sociaux ; Jean-René Cazeneuve, d’abord chez Apple, puis Bouygues Telecom ; Philippe Laurent, de la direction financière de Renault ; Paul Duan, start-upper dans la Silicon Valley ; Ludovic Le Moan, ESN Coframi (société d’informatique) et aujourd’hui Sigfox (opérateur de télécommunications) ; Frédéric Mion, ex-directeur de Sciences Po, mais aussi ancien du groupe Canal + et ex-avocat d’affaires au cabinet Allen et Overy ; Thomas London, directeur associé de la société de conseil* McKinsey, responsable des activités Santé et Secteur public ; Axel Dauchez, ex-président de Publicis France, qui vient de lancer la start-up de civic tech Make.org ; Jean-Baptiste Fauroux, ex-directeur général de Steelcase Strafor (spécialisée dans l’aménagement des espaces de travail) à Bruxelles ; Guillaume Marchand, qui se présente comme psychiatre, entrepreneur, investisseur et ancien président d’une fédération de start-ups de la « e-santé ».

On a donc là des patrons ou évangélistes du marché, patron et évangélistes internationalisés, ignoranttout des services publics mais rompus, avec excellence professionnelle, à la maitrise pratique des directions d’entreprise ou du consulting. Dès lors, on saisit mieux certaines dimensions du « prêt-à-penser » qu’ils partagent et qui orientent leurs activités: importation des recettes d’entreprises pour « tout moderniser », intensification du travail, évaluation des performances liée à des objectifs individuels chiffrés, compressions des salaires, externalisation vers le privé (autant d’ « améliorations » à l’œuvre, notamment, dans les directives qui préfigurent la remise en cause des métiers des fonctionnaires…) ; ode à la mobilité forcée (réformes de l’assurance-chômage et du code du travail) ; accroissement des contrôles (réforme de l’assurance-chômage, entre autres…) ; ajustements des services rendus par le public aux besoins immédiats des entreprises et de leurs bassins d’emplois. Les exemples abondent, qui montrent l’État, pour une part, devenant entreprise au service des entreprises ; l’État et ses services les plus divers, « managerialement » reconfigurés.

Tous ont, avec brio, triomphé du cursus honorum des enfants (les plus prometteurs) de la classe dominante : Sciences Po et l’ENA new style, changés en Business schools (comme d’ailleurs Polytechnique en partie), conjugués avec HEC, l’ESSEC ou des Business schools anglo-saxonnes.

L’intériorisation des lois et vertus des entreprises libérées dans un marché lui-même libéré etmondialisé, fut pour chacune et chacun, totale, immédiate, « l’air qu’on respire », sans réserve, etvecteurs de leurs réussites.

Ne caricaturons pas, certains de la commission viennent du public. Mais soit ils en sont sortis pour s’en « libérer » soit ils y ont travaillé d’abord pour conformer le public au besoin du privé. Premier cas, quelques cas : Bedague-Hamilius, secrétaire générale de la ville de Paris, directrice de cabinet de Valls à Matignon parti à Nexity ; Josse, directeur du Budget sous Copé, parti à KLM ; Lemoine, conseillère à Matignon sous Villepin, parti à HSBC puis Rothschild…Second cas : Josse toujours, architecte de la RGPP ; Bigorgne, de Science Po mais propulsé directeur de l’Institut Montaigne par Claude Bébéar d’Axa ; Clotilde Valter, PS, secrétaire d’État, mais rapporteure du projet de loi Macron, première main de l’accord Arcelor-Mittal, de la fermeture de Goodyear d’Amiens. Pisani-Ferry, président du comité de suivi du CICE, etc…

Notons-le, aucun personnel d’exécution ou de rang intermédiaire ou de direction des servicespublics ne siège dans cette commission.

Ce groupe ne constitue pas un « groupe sur le papier ». Il s’agit d’un groupe mobilisé. Un groupe coopté et soudé à partir de l’harmonie immédiate des dispositions de ses membres, et qui s’affermit au travers de style de vie et de fréquentations semblables. Ils sont forts de formations homologues et des connivences spontanées qui les accompagnent. Ils sont forts de parcours homologues et virtuoses souvent. Ils sont forts d’un « sens commun » sans fissures et identique, forts d’un système d’évidences et de présupposés partagés, qui organise leur vision du monde et de ses divisions. Forts de se sentir héritiers légitimes. Un groupe, fusionnel, endogame quant aux origines sociales, assuré de lui-même, et d’une certitude de soi sans cesse renforcée : au gré des réussites scolaires éclatantes,au gré des circulations réussies entre public et privé, puis des réussites d’entreprises. A tel point qu’ils en deviennent audacieusement libérés dans le calendrier et les contenus des réformes libéralesqu’ils accumulent. Comme aucune autre Noblesse d’État n’avait osé avant eux (même sous Sarkozy, qui rétrospectivement apparaitra modéré). Car rien, jamais, dans leurs parcours ne les a arrêtés. Ils sont le « nouveau monde » sans frontières ni échecs, qu’un réseau serré de protections, de solidaritésextérieures à l’État et d’échanges légitimants perpétuels avec des secteurs patronaux et médiatiques puissants encouragent et perpétuellement célèbrent. Pourquoi concevraient-ils qu’il faille stopper le job ? Quand ce job est au principe de leur position qui en impose, porteuse d’une image flatteuse d’eux-mêmes. Un groupe, spontanément prompt à ériger en « devoir-être » universel, les vertus dont ses membres ont socialement hérités : la « mobilité », la « créativité », « entreprendre », « se réaliser», la « liberté », le « boulot », « l’investissement », la « discipline »….bref, leur art de vivre promu exemple. Et c’est pourquoi d’ailleurs, ils ne peuvent comprendre qu’en recourant à l’idée d’une sombre fainéantise, que tous les salariés ne tirent pas bénéfices du monde tel qu’il va. Ils ne connaissent, ne croisent et n’ont jamais croisé, directement ou familialement, aucun ouvrier, aucun employé, aucun technicien, aucun précaire, aucun chômeur, aucun cadre moyen même. Ils ne savent d’expérience aucune de leurs urgences, aucune des insécurités affrontées, des mépris subis, des galères de logements, des incertitudes scolaires ou à Pôle Emploi, des concurrences dans et pour l’emploi ou pour les stages en milieux populaires. Le montant du RSA se dépense lors d’un dîner intime entre amis, pour acheter une paire de chaussures ou des boutons de manchette.

Ces champions des champions de la classe dominante sont, depuis l’enfance, emmurés dansl’univers cossu et clos qui les a faits et où ils ont vaincu (car on minore trop les luttes féroces àl’intérieur des groupes dominants).

Endogamie, oui. Juste quelques exemples.

Revel ? Binôme de Macron à l’Élysée sous Hollande, Macron avait voulu l’imposer dircab dePhilippe à Matignon.

Mion ? Patron d’Edith Chabre, femme d’Edouard Philippe et parrain d’un de leurs enfants. Aghion ?Commission Attali avec Lemoine et Macron, Aghion qui déclare « à l’époque avec Macron, on passait notre vie ensemble ». Rothschild ? Lemoine, Hannezo y sont ou y sont passés. Financière Macquarie ? Mc Innes, Brimont. Filière Science-Po mondialisée et convertie en Business School sous Richard Descoings, son protégé, Bigorgne, directeur de l’Institut Montaigne, Mion directeur de Science Po, Letta ex premier ministre italien recruté à Science Po par Mion, Pisani-Ferry candidat malheureux contre Mion à la direction de Science Po et avec qui il se réconcilie vite. Entre autres… Sans parler des conjoints eux-mêmes PDG d’un certain nombre des membres de la commission.

Pour piloter ce programme de « modernisation » de la fonction publique fut installée, en novembre 2017, la Direction interministérielle à la transformation publique (DITP). Avec, placé à sa tête, les deux premières années, Thomas Cazenave (Sciences Po Paris, ENA), inspecteur des finances* passé,à 33 ns, directeur délégué des « ressources humaines » d’Orange France, avant de revenir dans l’État, directeur adjoint du cabinet d’Emmanuel Macron au ministère de l’Économie, puis secrétaire général adjoint de l’Élysée. On lui doit le livre-manifeste L’État en mode start-up, préfacé par E. Macron. Le chapitre sur les « réformes à l’étranger » est écrit par Karim Tadjeddine, un polytechnicien issu du corps des Ponts, passé par le ministère des Finances avant d’être débauché par le cabinet de conseil McKinsey. Il y codirige le département qui s’occupe de « moderniser » les services publics, pour le compte de la DITP.

Le PCF mobilisé aux cotés des Kurdes suite а l'attentat de Paris

 




C'est avec une immense émotion que le Parti communiste français a appris l'attentat d'extrême-droite ce jour contre le siège du CDKF. Dix ans après le triple assassinat de militantes, une nouvelle fois les Kurdes sont frappés en plein Paris.

Le PCF adresse ses sincères condoléances aux familles et aux proches des trois personnes décédées et les assure de sa pleine solidarité dans cette épreuve. Nos pensées vont également aux blessés. Nous remercions les services de secours et les forces de l'ordre pour leur réactivité.


L'urgence est de protéger les Kurdes de Paris. Et toute la lumière doit être faite sur ce crime odieux.

Alors que l'auteur attaquait des réfugiés soudanais il y a 11 mois, ces meurtres montrent que l'extreme-droite, mue par sa haine raciste, tue dans notre pays. Cela révèle un climat nauséabond qui grandit en France, nourri par des discours xénophobes et racistes, ouvertement tenus dans les médias et par des responsables politiques.

De plus, alors que le Conseil Démocratique Kurde en France (CDKF) est clairement visé dans un contexte de multiples menaces proférées par la Turquie, l'enquête doit déterminer si cette attaque a été commanditée.

Le PCF continue d'exiger la levée du secret défense sur l’assassinat de 2013 pour qu’enfin la justice soit faite et que la vérité éclate sur l’implication directe de l’Etat turc. Nous demandons que l’Etat français protège les Kurdes de France qui subissent des menaces en raison de leur engagement pour les droits humains et ceux du peuple kurde. Aujourd'hui comme hier le PCF assure les Kurdes de son soutien dans leur lutte.

Le PCF appelle à participer à la manifestation organisée par le CDKF demain 24 décembre à 12h Place de la République à Paris.

Parti communiste français.

Paris, le 23.12.2022

Pour les sceptiques du nucléaire: BD pédagogique sue l'environnement de Jean-Marc Jancovici (Ingénieur consultant en énergie / climat) et le dessina­teur Christophe Blain.


C’est sous la forme inattendue d’une imposante bande dessinée (BD) de près de 200 pages que Jean-Marc Jancovici  et le dessina­teur Christophe Blain se livrent à un utile exercice de pédagogie sur l’énergie et l’environnement. Tout au long de cet ouvrage, illustré de très nombreux schémas explicatifs, souvent humoristiques, les auteurs passent leurs messages exclusivement sous forme de bulles de BD, toujours en des termes très accessibles : par exemple l’unité de puissance est comparée à celle développée par un cycliste, celle de travail à l’activité d’un travailleur de force pendant une journée. 






Allez Olivier encore un petit effort pour les cheminots

 

Congrès du PCF : le texte alternatif "Urgence de communisme"

                                            

https://data.over-blog-kiwi.com/1/48/53/00/20221220/ob_532f32_texte-alternatif-urgence-de-communisme.pdf 

Un texte alternatif à celui du projet de base commune présenté par la direction sortante et adopté lors du dernier Conseil national vient de paraître. Il peut être téléchargé sur le blog en cliquant sur le lien au dessus de l'article, sous l'image.

Ce texte alternatif est signé par les "refondateurs" du PCF, à l'origine du texte du "Printemps du communisme" lors du congrès de 2018, ainsi que par Pierre Laurent et plusieurs de ses proches ( 128 environs), mais aussi par l'économiste et sociologue Bernard Friot qui a popularisé l'idée de "salaire à vie".

Le texte "Urgence de communisme" se positionne ainsi pour le salaire à vie plutôt que pour la "Sécurité emploi formation" théorisée par le secteur économie du PCF. Ce débat est utile et nécessaire. Quoi qu'on en pense, durant la campagne présidentielle de 2017, Benoît Hamon avait réussi à être identifié à sa proposition de revenu universel. La Sécurité emploi formation comme le salaire à vie sont des propositions politiques révolutionnaires. Quelle que soit la base commune retenue à l'issue du congrès, il importera de mener le combat pour populariser nos propositions et qu'elles deviennent l'élément central de la proposition politique du Parti communiste.

Le texte alternatif se positionne aussi pour la prise en charge des luttes intersectionnelles qui auraient été délaissées par la direction sortante. Dans la même veine, le texte alternatif réaffirme clairement l'attachement du PCF à une conception ouverte et libérale de la laïcité - celle portée historiquement par la LDH et la Ligue de l'enseignement - et dénonce la captation de la laïcité par la droite et l'extrême droite pour en faire une arme contre les musulmans, avec le concours d'une partie de la gauche. En creux, on comprend que le reproche qui est fait à Hollande et Valls sur cette question s'adresse aussi un peu à Fabien Roussel.

Le texte alternatif tire un bilan critique de l'expérience de l'URSS et des pays de l'Est. Sur ce point, le constat est partagé avec le projet de base commune et c'est une bonne chose.

Surtout, le texte alternatif "Urgence de communisme" s'oppose au projet de base commune sur la question de la NUPES qu'il appelle à investir pour présenter des candidatures communes à toutes les élections à venir, ce qui serait, pensent les auteurs, la clé du renforcement du PCF. 
Sur ce point, il est permis de douter...

Selon les statuts du PCF, un texte proposé au débat des militants et qui doit rassembler 300 signatures issues d’au moins un quart des fédérations d’ici le 8 janvier pour être soumis à un vote.

Hervé Poly secrétaire du PCF 62 et le congrès du PCF: « Aller plus loin ! »

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LIBERTE HEBDO N°1563. EDITO DE PHILIPPE

GARDONS NOTRE GAUCHE ET LUTTONS POUR DES RETRAITES DIGNES


Scoop du week-end dernier. Eric Ciotti est le nouveau patron de Les Républicains. Ouf, c’est la fin d’un très long suspens. Le match Ciotti-Retailleau a failli éclipser celui de la demi-finale de la coupe du monde de foot. 
Cette coupe tant controversée jusqu’à ce que... tout de même, c’est du sport après tout, et puis il ne faut pas décevoir qui vous savez (comme disait Jean-Sol Partre).

Bon, Ciotti président du LR contre Retailleau. franchement, est-ce notre problème ? 
Selon les grands médias dominants (poil aux dents, évidemment), Ciotti c'est chiant parce que c’est quand même très proche de ce facho de Zemmour. Oui mais Retailleau est de toute façon proche de ces intégristes fachos du Mariage pour tous (Vade rétro les candidats à l’union entre deux personnes du même sexe)
Ne refaisons pas l’histoire récente, nous savons que le cerveau de Retailleau fourmille d’idées rétrogrades sur le temps de travail, le droit de grève, et l’utilisation de la chloroquine de ce bon professeur Raoult. 
Ciotti/Retailleau, même combat. Oui, mais nous disent les radios dominantes du service public, Ciotti va être un élément positif pour le camp de la majorité car il va soutenir le projet de réforme du système des retraites. Parce que Retailleau s’y serait opposé peut-être ?

Non, l’événement que constitue l’élection d'Eric Ciotti porte juste sur la droitisation de notre société. Si nous n’y prenons garde, tout va y passer. Et on saura nous expliquer que c’est pour notre plus grand bien.

Alors, c’est vrai, la prochaine grande étape contre le peuple (outre la loi contre l’immigration, contre le « grand âge », etc.) porte bien sur la réforme des retraites. 

Emmanuel Macron semble ennuyé par un dossier qui pèse et prend le prétexte de l’actualité des partis politiques pour repousser à janvier afin de discuter avec les « nouveaux » chefs de partis. 
Repousser quoi ? 
Face à une coalition des droites, il nous faut dire NON au recul de l’âge de départ en retraite. Il nous faut exiger une augmentation des pensions. Il faut nous battre pour les services publics de proximité aptes à répondre aux questions et préoccupations des retraité(e)s. Il nous faut être unis et infiniment mobilisés pour que les retraité(e)s aient réellement les moyens de vivre dignement.

C’est un combat de gauche, c’est un combat progressiste. Ce qu’en pense la coalition des droites nous importe peu. Seule la lutte doit compter.

 

FABIEN ROUSSEL FACE À APOLLINE DE MALHERBE

 


Apolline de Malherbe reçoit Fabien Roussel, Secrétaire national du parti communiste francaise, député du Nord, dans Le Face à Face, ce jeudi 15 décembre.

Pour donner à la France une voix forte, indépendante, internationaliste et lutter pour une autre mondialisation

Petit rappel:



 

Les résultats du referendum de 2005 sur le TCE, où le peuple a largement refusé l’Europe libérale qu’on lui a ensuite imposé de force.

Nos propositions

6. Pour donner à la France une voix forte, indépendante, internationaliste
et lutter pour une autre mondialisation

Contre la toute-puissance des marchés financiers et la mise sous tutelle de nos choix économiques ou budgétaires dans le cadre des traités libéraux européens, le peuple de France ne cesse de manifester son attachement à son indépendance et à sa souveraineté� Comme il l’a manifesté lors du référendum de 2005, il aspire à rester maître de ses choix, comme à une autre Europe et à une autre mondia- lisation, respectueuses des nations et des peuples� C’est une exigence légitime, partagée par tous les peuples, et c’est la condition de véritables coopérations, solidaires et à égalité� Face à une mondialisation du chacun pour soi et du seul contre tous, il importe de faire prévaloir une culture de la paix�


Agir pour la mise en place de politiques publiques de santé, coordonnées et appuyées par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). L’enjeu de la démarchandisation du secteur du médicament, de la santé et de la protection sociale est de conquérir un droit universel à une couverture santé.

Ž Prendre une initiative forte en faveur de la réduction massive des budgets militaires� Au total, ceux-ci atteignent désormais 1 830 milliards de dollars, quand le budget de l’OMS n’est en moyenne que de 2,8 milliards. Mettre fin à la course folle aux armements dégagera des moyens considérables pour la santé, l’éducation, l’emploi. Notre pays peut signer dès aujourd’hui le traité d’interdiction des armes nucléaires (TIAN). Il doit quitter l’Otan, alliance politico-militaire soumise à la volonté des États-Unis, et promouvoir la création de cadres communs de coopération et de sécurité collective. Une conférence pan-européenne, sur le modèle de la conférence d’Helsinki, doit être mise à l’ordre du jour, pour aller vers un traitépan-européen de coopération et de sécurité collective. Ce traité, incluant la Russie, permet- tra de rejeter le projet de « défense européenne » voulu par Emmanuel Macron, il consacrera l’indépendance retrouvée envers l’Otan et sa logique de bloc.

Engager notre pays en faveur de la convocation, sous l’égide des Nations unies, d’une COP pour la justice sociale et fiscale. Face aux ravages causés par les injustices et le pillage des ressources de la planète, elle permettra de coordonner efficacement la lutte contre les paradis fiscaux, l’évasion et l’optimisation fiscales. En Europe, il faut avancer vers l’harmonisation fiscale par le haut, l’imposition à la source des entreprises, la lutte contre les paradis fiscaux internes à l’Union européenne, et la relation future avec le Royaume-Uni.

Promouvoir une autre construction européenne� Le pacte d’austérité budgétaire, comme le pacte dit de « stabilité et de croissance » devront être définitivement abrogés. La Banque centrale européenne devra être placée sous le contrôle des citoyens et des parle- ments. Un fonds économique, social et écologique devra être créé pour financer le dévelop- pement des services publics. Les accords de libre-échange, qui appauvrissent les peuples et saccagent la planète, devront être abandonnés. C’est d’une construction européenne, à géométrie choisie, dont nous avons besoin : chaque peuple fait des choix souverains et doit rester libre d’en changer à tout moment. Aucun peuple ne peut être entraîné dans des orientations qu’il récuse. Chaque nation doit pouvoir décider librement de ses choix écono- miques, de ses budgets, de ses investissements, sans avoir à les soumettre à la Commission européenne. Il est impératif de remplacer les traités actuels par un nouveau pacte social et démocratique, jetant les bases d’une union des peuples et des nations, libres, souverains et associés.

Défendre la démocratisation et le renforcement des institutions internationales de l’Onu, y compris face au FMI, à la Banque mondiale et à l’Organisation mondiale du com- merce. La priorité devra être donnée à la lutte internationale contre les inégalités sociales et économiques, contre le surarmement et pour la dénucléarisation du monde, pour la promo- tion de biens communs mondiaux à cogérer (santé, eau, énergie...). L’heure est à garantirla souveraineté alimentaire de tous les peuples, la mise en œuvre de nouveaux traités de maîtrise des échanges, au service de grands projets de développement des infrastructures, des biens communs, de l’emploi et des services publics, dans le respect des écosystèmes et de la biodiversité. Cela appelle une nouvelle conférence monétaire internationale pour promouvoir une monnaie commune mondiale de coopération, à partir des DTS du FMI, al- ternative au dollar.

Peser en faveur d’une augmentation effective à 0,7 % de l’aide publique au développement (APD). Des mesures contraignantes seront nécessaires envers les États et les multinationales, dans le cadre de la COP Biodiversité de 2021. La nature même de l’APD devra être rediscutée pour qu’elle ne conduise pas au surendettement des pays fragiles et à la captation de leurs ressources.

Fabien Roussel : "De bonnes retraites, c'est d'abord de bons salaires"

 

Fabien Roussel, le secrétaire national du PCF, récemment auréolé du prix de l'humour politique 2022, est l'invité de 8h20 sur France Inter, dans le 6-9 du Week-end.

Entretien avec Stella Assange: « Des dirigeants britanniques dînent avec ceux qui fomentent l’assassinat de mon mari. »



Declassified s’est entretenu avec Stella Assange, la femme du fondateur de WikiLeaks, pour parler de la façon dont il tient le coup dans sa quatrième année au sein de la prison de Belmarsh, et comment son cas menace le cœur même de la liberté

« Je pense qu’ils le gardent à Belmarsh parce que ça marche. C’est le moyen le plus efficace de le faire taire. »

« Je suis convaincu que Julian ne peut pas survivre dans les conditions dans lesquelles les États-Unis vont le mettre. S’il survit maintenant, c’est parce qu’il peut nous voir, moi et les enfants. »

« Si la presse britannique avait fait un reportage juste et critique sur cette affaire, Julian serait-il dans la prison de Belmarsh aujourd’hui ? Je ne le crois pas. »

« Ces concepts d’indépendance et d’équité sont les seules choses qui se dressent entre nous et une obscurité totale du pouvoir brut où ils peuvent juste vous écraser. »

« Julian se bat pour sa survie et il vit l’enfer, c’est la meilleure façon de le dire », dit Stella Assange quand je lui demande comment il va.

L’épouse du prisonnier politique le plus célèbre du monde s’adresse à Declassified dans le cadre de son combat acharné pour sauver la vie de son mari.

« Parfois, c’est vraiment, vraiment très difficile pour lui, et parfois, lorsqu’il peut voir les enfants, lorsqu’il est avec les enfants, lorsqu’il y a des progrès dans l’affaire, alors il est plein d’énergie, ajoute-t-elle. Et il est stimulé par tout le soutien qu’il voit en sa faveur. Il reçoit constamment des lettres et des témoignages de soutien. »

Une chose que l’on remarque immédiatement en parlant avec Stella est qu’elle a la même intensité et la même concentration inhabituelles que son mari. Pour quiconque a rencontré Julian, les similitudes sont frappantes.

Cela fait maintenant trois ans et demi qu’il est dans la prison de haute sécurité de Belmarsh, à Londres. Il y a d’abord été placé ostensiblement en raison de la violation d’une caution après avoir obtenu l’asile politique du gouvernement équatorien.



En 2012, les tribunaux britanniques avaient ordonné l’extradition d’Assange vers la Suède pour qu’il soit interrogé sur des allégations d’agression sexuelle. L’affaire a été abandonnée en août 2019, peu après qu’Assange ait été placé à Belmarsh. Il est désormais détenu en tant que prévenu à la demande du gouvernement américain.




« Belmarsh compte environ 800 prisonniers, et c’est un régime très dur car la prison accueille des délinquants très importants, explique Stella. Il y a aussi des personnes en détention provisoire pour des délits mineurs. Et il y a des gens qui sont comme Julian, qui ont un certain aspect politique. Chacun est traité comme s’il était un délinquant grave. C’est ce qui distingue Belmarsh des autres prisons. »

« Lorsque Julian appelle, par exemple, nous n’avons droit qu’à dix minutes à la fois, ajoute-t-elle. L’explication est qu’ils surveillent les appels téléphoniques et qu’il y a une limitation technique à la façon dont ils peuvent surveiller les appels téléphoniques. C’est donc incroyablement frustrant de n’avoir que des tranches de dix minutes d’appels téléphoniques. »

Elle poursuit : « Julian est dans sa cellule plus de 20 heures par jour, mais cela varie d’un jour à l’autre. Pendant le confinement, lors de la semaine critique où il y avait une épidémie de Covid dans son aile, c’était 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7.

Le mois dernier, Assange a été testé positif au Covid et a été mis à l’isolement dans sa cellule pendant 10 jours. Il souffre d’une maladie pulmonaire chronique.

« Ce n’est pas comme on imagine la prison, comme on la voit à la télévision, dit Stella. Les prisonniers ne s’assoient pas ensemble quand ils mangent. Ils doivent faire la queue pour récupérer leur nourriture et ensuite ils doivent manger dans leur propre cellule. L’isolement est la norme. Parfois, ils sont autorisés à sortir pour aller chercher des médicaments, de la nourriture ou aller dans la cour, ce qui devrait être le cas une fois par jour pendant une heure, mais dans la pratique, c’est moins. Les visites sociales et juridiques ont lieu quelques fois par semaine, voire plus. Parfois, les visites sont annulées, comme lors du décès de la reine. »
À l’intérieur de Belmarsh

Le régime de Belmarsh est volontairement dur. « Vous ne contrôlez pas votre environnement, ni quoi que ce soit d’autre, explique Stella. Vous ne contrôlez pas la routine. Vous ne contrôlez pas ce que vous mangez, comment vous mangez. D’autres personnes ont le contrôle sur votre environnement physique et sur votre personne. »

En 2020, Declassified a publié un article montrant qu’Assange était l’un des deux seuls détenus de Belmarsh, qui abritait alors 797 prisonniers, détenus pour avoir violé les conditions de mise en liberté sous caution.

Les chiffres ont montré que plus de 20% de la population carcérale était détenue pour meurtre, tandis que près des deux tiers – soit 477 personnes – étaient emprisonnées pour des infractions violentes. Seize autres détenus étaient incarcérés pour des infractions liées au terrorisme, dont quatre personnes qui prévoyaient de mener des attaques terroristes. Assange lui-même n’a jamais été accusé d’une infraction violente.

« Je pense qu’ils le gardent à Belmarsh parce qu’ils peuvent s’en contenter, parce que c’est le moyen le plus efficace de le faire taire, précisément à cause de ce régime extrême qui fait la réputation de Belmarsh », dit Stella.

« C’est une punition en soi. Le fait même qu’il soit en prison pour avoir exercé son droit de demander et d’obtenir l’asile… c’est un droit qui est inscrit dans la Déclaration universelle des Droits de l’Homme. C’est un droit reconnu depuis longtemps que chaque personne possède. Et il a violé un détail technique, et qui est généralement traité comme un détail technique s’il y a une raison suffisante pour violer la caution. Dans ce cas, il y en avait indéniablement une. »

Stella, dont le vrai nom est Sara, poursuit : « Il est très rare que cela soit effectivement puni par une peine de prison, et il a terminé de purger cette peine de prison en octobre 2019. Mais dans les faits, c’est une peine indéfinie parce que pendant qu’il exerce son droit de contester la demande d’extradition américaine, le Royaume-Uni le garde à Belmarsh à la demande du gouvernement américain. »
« Pire que la mort »

Le traitement d’Assange aux États-Unis serait bien pire. En 2020, la juge de district britannique Vanessa Baraitser a bloqué l’extradition d’Assange vers les États-Unis en raison du risque de suicide dans les conditions éprouvantes auxquelles il serait confronté.

La décision de Baraitser était fondée sur le fait que, s’il était condamné, Assange serait probablement transféré dans l’établissement administratif à sécurité maximale (ADX) de Florence, dans le Colorado, où se trouvent le terroriste Abu Hamza et le trafiquant mexicain El Chapo.

Un ancien directeur de la prison a déclaré : « Il n’y a pas d’autre façon de le dire : c’est pire que la mort. »

Avant le procès, Assange pourrait également être détenu dans le cadre de mesures administratives spéciales (MAS), où les détenus passent 23 ou 24 heures par jour dans leur cellule, sans contact avec les autres prisonniers.

Les États-Unis ont alors fait appel de la décision de Baraitser, affirmant qu’ils s’engageaient à ce qu’Assange ne soit pas soumis à des MAS ou logé à ADX. Mais, fait crucial, les États-Unis se sont réservé le droit de revenir sur ces promesses en cas de nouvelles violations par Assange, ce qui peut être facilement inventé.

En décembre 2021, la Haute Cour britannique s’est rangée à l’appel des États-Unis et a annulé la décision de la juridiction inférieure de ne pas extrader Assange.

Beaucoup pensent qu’Assange se suiciderait avant d’être mis dans un avion pour les États-Unis.

« Je suis convaincu que Julian ne peut pas survivre dans les conditions dans lesquelles les États-Unis vont le placer, déclare Stella. Je ne doute pas qu’ils le soumettront à un régime d’isolement. La seule raison pour laquelle il survit maintenant est qu’il peut me voir, voir les enfants. Il a un espoir de lutter contre l’extradition vers les États-Unis. »

Elle ajoute : « Il est jugé dans le district oriental de Virginie avec un jury qui sera composé de personnes qui travaillent pour le secteur de la sécurité nationale ou qui y sont liées d’une manière ou d’une autre, car c’est ce que représente ce secteur. Voilà la composition du jury. Il risque 175 ans de prison en vertu de la loi sur l’espionnage, pour laquelle il n’y a pas de défense. Il ne peut pas expliquer, il ne peut pas justifier, il ne peut pas se défendre de l’accusation. »

Elle fait une pause. « Selon l’acte d’accusation, Julian est accusé de conspirer avec une source pour publier des informations : recevoir ces informations de la source, posséder ces informations et les communiquer au public. C’est du journalisme. Et si vous définissez le journalisme comme un crime, alors Julian est coupable et il n’a pas de défense. »
Procédure régulière

La décision initiale qui a bloqué l’extradition vers les États-Unis l’a fait sur des bases très étroites. Hormis les problèmes de santé mentale, le juge Baraitser a approuvé chaque point et chaque virgule de l’acte d’accusation américain.

L’appel actuel des avocats d’Assange contre cette décision initiale devrait être entendu l’année prochaine. Il est probable qu’il se concentre sur des questions de fond concernant la liberté de la presse et la nature politique de ces poursuites.

Peu après la décision de 2020, David Davis, ancien président du Parti conservateur qui a été ministre du Brexit en 2016-18, a déclaré à Declassified que le traité d’extradition entre les États-Unis et le Royaume-Uni est « massivement asymétrique. »

Il a également déclaré que le juge Baraitser « s’est trompé dans la loi » en affirmant que le traité incluait les crimes politiques.

« Le Parlement a clairement indiqué qu’il ne couvrirait pas les crimes politiques », a déclaré Davis.

« Le traité d’extradition entre les États-Unis et le Royaume-Uni interdit explicitement les extraditions pour des délits politiques, déclare Stella. C’est donc l’un des aspects très évidents pour lesquels l’extradition devrait être bloquée. Et en fait, lorsque l’acte d’accusation a été prononcé pour la première fois, il y avait tous ces commentateurs juridiques, je me souviens à l’époque, enfin, un ou deux, mais des gens importants, qui ont dit : « et bien, cela ne peut pas vraiment être un projet d’extradition sérieux, parce que bien sûr, il sera bloqué. »
Déférence envers les services de renseignement

Un autre aspect bizarre de l’affaire Assange est que l’État qui demande l’extradition du défendeur est connu pour avoir espionné ses conversations privilégiées avec ses avocats de la défense, et pour avoir comploté pour l’assassiner.

Dans l’affaire des Pentagon Papers, dans les années 1970, le dénonciateur américain Daniel Ellsberg était accusé d’avoir divulgué un rapport top secret sur l’histoire de la guerre du Viêtnam, qui a finalement contribué à mettre fin à ce conflit dévastateur.

L’affaire Ellsberg a été rejetée après qu’il a été révélé que l’administration Nixon s’était introduite dans le cabinet de son psychiatre pour y trouver des éléments susceptibles de le dénigrer dans les médias.

Dans le cas d’Assange, aucune des révélations sur la violation de la procédure légale ne semble avoir d’importance. Étant donné que la même agence derrière l’accusation a comploté pour assassiner l’accusé, pourquoi sommes-nous encore ici ? demandai-je à Stella.

« Eh bien, c’est une bonne question. J’essaie moi-même de la comprendre. Qu’est-ce qui est différent de l’affaire des Pentagon Papers ? Je pense que ce qui est différent, c’est la déférence envers des services de renseignement qui considèrent que même la criminalité pure et simple est une affaire comme une autre. »
L’obscurité

Il devrait être clair pour tout observateur indépendant que le système judiciaire et pénal britannique a été infiltré par l’État dans l’affaire Assange. Les preuves sont publiques et nombreuses.

« Il y a un conflit d’intérêts extraordinaire dont personne ne peut parler, à savoir que les ministres du gouvernement britannique ont été extrêmement hostiles à Julian », dit Stella.

« Mais pas seulement. Ils sont impliqués dans des groupes secrets comme Le Cercle, sur lequel Declassified a écrit. Un groupe secret soutenu par la CIA avec des ministres britanniques, y compris des ministres en exercice, où l’on ne peut même pas savoir où ils se réunissent, quand ils se réunissent ou ce qui est à l’ordre du jour. »

Elle fait une pause, exaspérée. « Julian a été victime d’un complot de la CIA visant à l’assassiner. »

En décembre dernier, Declassified a publié un article révélant que huit parlementaires conservateurs actuels sont associés à un groupe secret d’extrême droite appelé Le Cercle, dont un ancien ministre a écrit qu’il était « financé par la CIA ». Cela inclut le récent chancelier britannique Kwasi Kwarteng et Sir Alan Duncan, le ministre des Affaires étrangères qui a orchestré l’arrestation de Julian Assange en 2019.

Declassified a également révélé que Duncan était un « bon ami » de 40 ans du juge de la Haute Cour qui a donné son feu vert à l’extradition d’Assange à la fin de l’année dernière.

« Il y a une déconnexion entre ce que nous disons de la démocratie et de la séparation des pouvoirs, et l’indépendance du judiciaire et de l’exécutif », dit Stella.

« La réalité est que l’exécutif dîne avec des gens qui complotent l’assassinat de mon mari. Je ne sais même pas comment aborder l’explication de cette réalité. D’une certaine manière, plus vous voyez la noirceur de la situation, plus je deviens une sorte de libéral classique, dans le sens où la seule chose que nous avons est l’insistance sur les principes d’indépendance, de justice, d’équité et toutes ces choses, parce qu’il n’y a rien d’autre. »

Elle poursuit : « Ce sont des concepts, c’est la seule chose qui se tient entre nous et une obscurité complète du pouvoir brut où ils peuvent juste vous écraser. Je dois donc rester optimiste et croire que les tribunaux peuvent racheter cette situation, car l’alternative est qu’il n’y a que l’obscurité. »
L’échec des médias

L’absence de soutien de la part des grands journalistes britanniques a été remarquée tout au long de la saga Assange. Aucun journal britannique n’a lancé de campagne en faveur de sa libération, et aucun journal n’a fait la moindre enquête sur la procédure judiciaire. Cette situation contraste avec celle des médias en Italie, en Espagne, en Allemagne et aux États-Unis.

« C’est une expérience de pensée très intéressante, dit Stella. Si les journaux, en particulier ceux qui ont collaboré avec WikiLeaks, c’est-à-dire non seulement le Guardian, mais aussi le Telegraph, Channel Four, la BBC et l’Independent, avaient tous conclu des accords avec WikiLeaks pour publier ces documents, cela aurait été une entreprise commune, une entreprise de publication conjointe.

« S’ils avaient fait un reportage juste, diligent et critique sur cette affaire, Julian serait-il aujourd’hui dans la prison de Belmarsh ? Je ne le crois pas. Je ne pense pas qu’il aurait passé un seul jour en prison parce qu’à bien des égards, pendant de nombreuses années, ils ont permis la traque de Julian par négligence… parce que WikiLeaks a défié les médias de l’ancien ordre, les médias hérités. »

Elle ajoute : « Le profil de Julian était également beaucoup plus éminent que celui du rédacteur en chef du journal le plus connu du Royaume-Uni, par exemple, la plupart des gens ne savent pas qui est-ce. Donc Julian dérangeait et il bouleversait le paysage. Je pense qu’il y avait beaucoup de jalousie. Mais ces petits problèmes personnels entre journalistes, c’est un peu endémique au journalisme ou à une partie de la classe des journalistes je dirais. Ce qui a eu un tel effet pernicieux parce que Julian est un cas d’école. »

Cette affaire a été décrite comme la plus grande menace pour le Premier amendement aux États-Unis et la liberté de la presse dans le monde depuis des générations. Les groupes de défense de la liberté d’expression et de la liberté de la presse du monde entier ont condamné les poursuites américaines et l’emprisonnement britannique.

Les lanceurs d’alerte en matière de sécurité nationale ont toujours été criminalisés, mais c’est la première fois qu’un journaliste et éditeur risque la prison à vie.

« Ce qui n’est pas bien compris, je pense, en raison de leur incapacité à faire des reportages précis, critiques ou diligents, c’est que Julian est poursuivi en tant que journaliste, déclare Stella. Ils s’en prennent à lui en tant que journaliste, pas en tant que dénonciateur, pas en tant qu’autre chose. Les activités qu’ils ont criminalisées sont des activités journalistiques. »
Une guerre d’usure

En 2016, le Groupe de travail des Nations Unies sur la détention arbitraire a constaté qu’Assange était détenu arbitrairement par la Grande-Bretagne depuis 2010. Le rapporteur spécial de l’ONU sur la torture, Nils Melzer, a ensuite accusé les Britanniques de « torturer » Assange. Les deux histoires ont été à peine couvertes par les médias britanniques.

« Pendant les neuf premières années, jusqu’à ce qu’il soit traîné hors de l’ambassade, il n’a jamais été inculpé et il y a eu un échec total et catastrophique à en rendre compte avec précision. Je pense qu’à l’heure actuelle, la presse se trouve dans une position un peu délicate, car les récits qu’elle a véhiculés pendant si longtemps ne correspondent pas à la réalité. Et le public le perçoit… Il y a un type en prison depuis trois ans et demi qui n’a pas été condamné pour quoi que ce soit, et cela concerne la publication de crimes de guerre. »

Stella pense que cela corrompt l’ensemble du corps politique. « Je pense que c’est une guerre d’usure, dit-elle. Je pense qu’il y a des gens au sein des gouvernements américain et britannique qui comprennent à quel point toute cette affaire est cancéreuse, à quel point elle est nuisible, parce qu’elle corrompt, n’est-ce pas ? »

Elle poursuit : « Afin que cela continue, cela corrompt le système à tous les niveaux. Mais il y a aussi les intérêts à court terme, par exemple aux États-Unis, où l’on se dit que tant qu’il est en prison dans une autre juridiction, on n’a pas à s’en inquiéter. »

« Pour le Royaume-Uni, ajoute-t-elle, c’est : Nous pouvons rejeter la faute sur les États-Unis et le faire taire en prétextant qu’il risque de s’enfuir s’il est libéré. »

Stella affirme que la persécution de son mari entrave la capacité du Royaume-Uni et des États-Unis à se projeter sur le plan international au sein des institutions. « Par exemple, si les États-Unis et le Royaume-Uni commencent vraiment à saper le système des Nations Unies et le système juridique international de manière aussi flagrante. Alors tout s’écroule. Et bien sûr, ce sont des empires. »

La corruption a commencé des années auparavant, soutient Stella. « La sape de ces systèmes est devenue institutionnalisée et systématique pendant la soi-disant « guerre contre le terrorisme ». Au départ, elle était tournée vers l’extérieur – des sites noirs dans d’autres pays et des régimes de torture par le biais de dérogations – mais aujourd’hui, elle a été fondamentalement internalisée dans le système britannique et dans le système américain. »

Elle ajoute : « Si Julian est extradé vers les États-Unis, ils suppriment le Premier amendement, et le Premier amendement est la seule chose qui distingue les États-Unis de toutes les autres superpuissances. Ils ont un principe de liberté d’expression fort qui a fonctionné. Le Royaume-Uni l’est moins. Mais en tant que principe, c’est un contrepoids aux aspects bruts et sombres de l’Etat. Si vous commencez à l’affaiblir et à le miner, ce qui se passe à la fois aux États-Unis et au Royaume-Uni, en maintenant Julian en prison, alors vous corrompez fondamentalement l’ensemble du système. »
« Trop, c’est trop »

En mai, une nouvelle administration progressiste a été élue en Australie sous la direction d’Anthony Albanese. Elle a fait naître l’espoir que le pays d’origine d’Assange pourrait enfin exercer une certaine pression diplomatique pour forcer sa libération.

Albanese, en tant que chef du Parti travailliste, a déclaré en février 2021 : « Trop, c’est trop. Je ne vois pas à quoi sert de garder Julian Assange incarcéré. » Le précédent Premier ministre Scott Morrison était proche de l’administration Trump, et aurait eu l’ancien directeur de la CIA Mike Pompeo en numérotation rapide sur son téléphone pendant deux ans.

« C’est un changement par rapport au gouvernement précédent dans le sens où ils étaient complètement en phase avec les États-Unis, dit Stella. Il n’y avait pas de questionnement sur ce qui se passait, il n’y avait pas d’effort pour trouver une solution. Avec le nouveau gouvernement australien, il y a une position selon laquelle ils veulent trouver une solution et leur position, telle qu’ils l’ont exprimée, est que trop c’est trop, et ainsi de suite. Comment cela se traduit-il dans la réalité ? Julian n’est pas encore libre, et c’est la seule mesure. »

Elle poursuit : « Je ne sais pas ce qui se passe ou si cela se passe, mais il n’y a eu aucun résultat, et cela fait déjà de nombreux mois qu’ils sont au gouvernement. L’autre aspect est de savoir comment il est possible qu’un citoyen australien au Royaume-Uni soit recherché pour extradition par les Etats-Unis ? Je pense que cela a à voir avec la citoyenneté qui, dans la pratique, devient plus faible et presque insignifiante. Je pense que c’est l’Australie qui a exprimé qu’elle avait quelque chose comme une souveraineté conjointe avec les États-Unis au niveau de l’état de sécurité de ces Five Eyes. »

L’alliance de renseignement Five Eyes comprend l’Australie, la Nouvelle-Zélande, le Canada, la Grande-Bretagne et les États-Unis.

« Il y a quelque chose d’autre qui se passe et qui façonne les états changeants tels que nous les comprenons traditionnellement. Si vous avez ces cinq pays qui fonctionnent comme un seul cerveau, cela dilue la citoyenneté dans chacun de ces pays d’une manière que nous ne comprenons même pas, et je pense que cela fait partie de l’équation. »
Un espoir

Les chances semblent bien minces pour Stella et son mari. Les forces qui s’opposent à eux n’ont jamais été aussi puissantes. Mais elle met en garde contre le désespoir.

« Je pense qu’il y a un vrai risque dans ce sentiment d’impuissance, dit-elle. Je ne suis pas du tout d’accord avec l’idée que les gens sont impuissants. D’une certaine manière, lorsque vous avez une injustice aussi criante que dans le cas de Julian, cela doit être une motivation, et non une démotivation, pour agir. »

Elle poursuit : « Notre démocratie, notre société, ces principes auxquels nous croyons, afin de vivre dans la société la plus juste et la meilleure possible, ils sont incroyablement fragiles. Il faut se battre pour eux, et chaque génération doit se battre à nouveau pour eux, parce qu’il y a constamment des forces dans la direction opposée qui essaient de ronger nos droits. Le cas de Julian représente un véritable tournant. Et nous sommes des agents de la société dans laquelle nous vivons. Ce n’est pas seulement un impératif moral, mais un impératif pratique de se lever et d’agir. »

Le niveau des attaques contre Assange par différents éléments de l’establishment anglo-américain a été féroce depuis 2010.

« L’objectif a été de faire taire le soutien à son égard parce qu’il se bat dans une affaire politique, dit Stella. Dans une affaire politique, vous avez besoin d’un soutien politique. C’est pourquoi il a fait l’objet d’attaques incessantes avant son incarcération. Et depuis lors, Julian a été délibérément réduit au silence. Il n’a même pas le droit d’assister aux audiences en personne. Depuis un an et demi, il n’a pas eu la permission d’y aller. Il a donc été en quelque sorte réduit au silence et rendu invisible. Mais en même temps, plus ça dure, plus c’est évident pour tout le monde. »

Elle ajoute : « C’est un cas déterminant de notre époque, tout comme d’autres cas ont été des cas déterminants de leur époque. C’est le cas pour nous. »
L’avenir

« Vous autorisez-vous parfois à rêver à l’idée de votre mari libre et à quoi ressemblerait votre vie ? », demandai-je.

« Je nous imagine toujours dans un parc ou sur une montagne ou quelque chose comme ça, parce que c’est ce que Julian n’a pas eu depuis plus de dix ans, dit-elle. Il a juste besoin d’être traité comme un être humain et d’avoir le droit d’être un être humain et de ne pas être privé de sa dignité et de son humanité, ce qu’on lui a fait pendant des années et des années. »

La vie de Stella consiste désormais à répondre aux questions concernant son mari. Mais avec deux petits garçons dont elle doit s’occuper, et le pouvoir de l’État le plus puissant du monde qui pèse sur elle, elle vit elle-même dans des conditions très difficiles. Comment s’en sort-elle ?

« Cela a été difficile, mais c’est Julian qui est dans la situation la plus difficile, évidemment, et je veux simplement qu’il soit libre. La clarté de cet objectif ne rend pas seulement la situation supportable, elle me donne une envie ardente de le faire sortir et de continuer à me battre. Il y a beaucoup de soutien pour lui, la prise de conscience, la bonne volonté et la solidarité sont là, elles augmentent et c’est indéniable. Je vais donc continuer jusqu’à ce que Julian soit libre. »

Stella et Julian ont deux fils, Gabriel et Max, nés alors qu’il était confiné dans l’ambassade d’Équateur. « Que leur dites-vous de la situation de leur père ? », demandai-je.

« Ils lui parlent au téléphone et ils le voient environ une fois par semaine, et ils comprennent que des gens malveillants éloignent leur père d’eux, et que leur père veut rentrer à la maison, et que cet endroit étrange où nous allons l’empêche de rentrer », dit-elle.

« Mais je ne leur parle pas de l’extradition. Il n’y a aucun moyen pour eux de le concevoir. Donc ça ne sert à rien. Il est également inutile d’assombrir leur horizon avec cette sombre perspective. Mais ils aiment le voir. Ce sont des enfants heureux de trois et cinq ans. Ils veulent juste jouer. »

Matt Kennard


Matt Kennard est enquêteur en chef à Declassified UK. Il a été boursier puis directeur au Centre pour le journalisme d’investigation à Londres. Suivez-le sur Twitter @kennardmatt

Source : Scheer Post, Matt Kennard / Declassified UK, 12-11-2022

Traduit par les lecteurs du site Les-Crises