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Réacteur nucléaire «propre»: après l’abandon français, la victoire chinoise

D’une taille dépassant à peine les 3 mètres de haut sur 2,5 mètres de large, le futur réacteur à sels fondus chinois pourrait fournir une énergie de 100 mégawatts, annonce Pékin. De quoi alimenter en électricité 100.000 habitants. 
L’Empire du Milieu passe ici un cap important: la commercialisation d’ici 2030 de l’énergie de ces réacteurs jusqu’ici destinés à la recherche.


© AFP 2021 CHARLY TRIBALLEAU 

Le modèle chinois utilise du thorium, un combustible qui présente de nombreux avantages. Il se trouve dans la nature, mais aussi dans les déchets nucléaires existants. 
Avant de faire tourner la centrale nucléaire, le thorium est dissous puis transformé en uranium-233, ce dernier se désintègre en moins de 500 ans, contrairement à l’uranium-235 utilisé dans les actuels réacteurs à eau pressurisée et qui demeure hautement radioactif durant 10.000 ans.

«Recyclage infini» des déchets nucléaires: les Chinois coiffent la France au poteau

Toutefois, le plus gros avantage de ces réacteurs de 4e génération est qu’ils peuvent utiliser des déchets nucléaires comme combustible. 
Grâce à ce phénomène, dit de transmutation, la radiotoxicité des déchets ultimes est réduite. Le «recyclage infini» du combustible, en somme. Dans un monde idéal, il s’agit d’appliquer à l’industrie nucléaire le principe de l’économie circulaire, une perspective plus qu’enviable pour un pays comme la France, où la gestion des déchets radioactifs issus de soixante années d’exploitation de son parc nucléaire est devenue une question sensible.

Sauf que c’est là que le bât blesse et que l’annonce chinoise rouvre certaines cicatrices. 
En effet, la France travaille à cette «fermeture du cycle» depuis plus d’un demi-siècle. 
Du moins, travaillait… car début 2019, le gouvernement a décidé en catimini d’enterrer le programme ASTRID (Advanced Sodium Technological Reactor for Industrial Demonstration) en le remettant «à la deuxième moitié du siècle» comme l’a révélé en 2019 Le Monde. 
En effet, l’arrêt d’un tel programme sans l’aval du Parlement serait purement et simplement contraire à la loi.

Et pour cause. Lui-même successeur des programmes Superphénix, Phénix et Rapsodie, ce réacteur de 4e génération (la troisième étant l’EPR) constituait le fer de lance de l’innovation française –et mondiale– en matière d’énergie nucléaire. Raison avancée par le Commissariat à l’Énergie Atomique (CEA), le risque de dérapage budgétaire, alors que le cours de l’uranium est jugé suffisamment bas pour ne pas présenter de risque sur l’approvisionnement du parc nucléaire français. 
Bref, des économies de bout de chandelle. Le Monde ajoutera ainsi l’«absence de soutien politique» aux motifs de cette renonciation sans précédent.
«L’exécutif jette aux oubliettes soixante années de recherches scientifiques»


© AFP 2021 LOU BENOIST
Une décision «incompréhensible» aux yeux du sénateur (LR) Stéphane Piednoir coauteur, avec le député (LREM) Thomas Gassilloud, du rapport l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques (OPECST). 
Un rapport qui étrille le gouvernement, concluant que «les intérêts à long terme du pays ne semblent pas avoir été pris en compte». «L’exécutif jette aux oubliettes soixante années de recherches scientifiques», fustige l’élu d’opposition. «La France avait une vraie avance», martèle-t-il dans une interview au Point publiée le 25 juillet dernier, dénonçant «un désastre industriel» et la «vision court-termiste» des responsables politiques.
«Nous disposons à ce jour de 350.000 tonnes d’uranium appauvri […], entreposé dans des hangars, qui nous garantirait une indépendance électrique pour des centaines, voire des milliers d’années», développe Stéphane Piednoir dans l’hebdomadaire.

Du côté du gouvernement, on s’accroche à l’argument du risque de surcoût, à l’exemple de Barbara Pompili. Devant la levée de boucliers suscitée par la découverte de cet arrêt d’Astrid, la ministre de la Transition écologique, ouvertement hostile au nucléaire, avait insisté sur le fait que l’atome posait encore des problèmes de déchets, de coûts et s’agrippait à la priorité de trouver des «réponses écologiques» et donc de réduire la part du nucléaire dans le mix énergétique français.

En effet, les antinucléaires s’opposent à ce que des déchets nucléaires comme l’uranium appauvri et le plutonium, qu’un réacteur 4e génération peut utiliser comme combustible, soient considérés comme tels.

Mettre un point d’arrêt à cette filière, c’est aussi envoyer «un signal de non-fiabilité de la France», estime l’élu.
 En effet, les Japonais s’étaient ralliés au programme en 2014. Il faut dire que la concurrence est rude: États-Unis, Chinois et Russes travaillent également depuis des décennies sur leurs programmes respectifs de réacteurs à neutrons rapides pour la conquête d’un marché (celui, à terme, de l’alimentation électrique de l’Inde et de l’Afrique) absolument colossal. Un marché mondial dans lequel la France fera vraisemblablement partie des clients plutôt que des fournisseurs.

Nucléaire et renouvelables, l’Académie des sciences remet les pendules à l’heure




«Les énergies renouvelables intermittentes et variables, comme l’éolien et le solaire photovoltaïque, ne peuvent pas, seules, alimenter un réseau électrique de puissance de façon stable et pilotable si leur caractère aléatoire n’est pas compensé. Il faut pour cela disposer de capacités massives de stockage d’énergie et/ou d’unités de production d’énergie électrique de secours pilotables. Le stockage massif d’énergie, autre que celui déjà réalisé au moyen des centrales hydroélectriques de pompage-turbinage, demanderait des capacités que l’on ne voit pas exister dans les décennies qui viennent. La pilotabilité, en absence de ces dernières, ne peut être assurée que par des centrales nucléaires, si l’on exclut les centrales thermiques utilisant les énergies fossiles.»

Le gouvernement face à ses responsabilités et contradictions

Dans son rapport publié il y a quelques jours et intitulé, L’apport de l’énergie nucléaire dans la transition énergétique, aujourd’hui et demain, l’Académie des sciences met le gouvernement face à ses responsabilités et ses contradictions. Elle renvoie également au rayon des fantasmes, les études plus ou moins sérieuses sur la possibilité de passer dans un avenir relativement proche à une production d’électricité presque totalement renouvelable. Le constat fait par l’Académie des sciences est le suivant.
1) Le diagnostic

La transition énergétique passe obligatoirement par «une augmentation importante de la part de l’électricité dans la production et la consommation énergétique, pour atteindre un niveau de l’ordre de 700 à 900 TWh (terawatts-heure) en 2050, presque le double de notre production électrique actuelle. Cette électricité doit être la plus décarbonée possible. Cette croissance prévisible de la demande en électricité est le plus souvent sous-estimée et minimisée dans les divers scénarios proposés pour la transition énergétique.»

2) Les contraintes

«Cette transformation du système énergétique doit prendre en compte l’absolue nécessité de garantir la sécurité d’approvisionnement électrique du pays ce qui impose de maintenir une capacité de production d’électricité mobilisable afin de répondre aux pics de la demande, d’assurer la stabilité du réseau électrique et de conserver un niveau significatif d’indépendance énergétique...»

3) Mettre en place une vraie politique de transition énergétique avec l’électricité nucléaire

«L’électronucléaire offre des avantages considérables…. Un RNT [réacteur nucléaire à neutrons thermiques] injecte massivement, 24 heures sur 24, au moins pendant quelque 300 jours par an, de l’électricité décarbonée dans le réseau. La production électrique nucléaire est, en effet, de toutes les sources d’énergie électrique, la moins émettrice de gaz à effet de serre (environ 6 grammes d’équivalent de CO2 par kWh produit). C’est ce qui explique pourquoi la France, qui s’appuie essentiellement sur les énergies nucléaire et hydraulique, produit une électricité décarbonée à plus de 90%. Un parc électronucléaire de RNT assure donc la continuité de la fourniture d’électricité, à un prix limité, et possède, par ailleurs, la capacité de suivi de charge par des possibilités de baisses et montées profondes pour compenser des variations de consommation ou de production des énergies renouvelables intermittentes. »

Mais l’avenir est loin d’être assuré. Le parc nucléaire français fournit aujourd’hui plus de 70% de la production électrique. Elle est totalement décarbonée, abondante, fiable et bon marché

Pour combien de temps encore? 

Les centrales vieillissent. Ainsi, pas moins de 52 des 56 réacteurs en service après la fermeture de ceux de Fessenheim, ont été construits dans les années 1970-1980. Seuls les quatre réacteurs de Chooz et de Civeaux sont plus récents. Tous arriveront en fin de vie d’ici 2040. Même dans l’hypothèse où la loi de transition énergétique serait appliquée, qui prévoit la réduction de la part du nucléaire dans la production électrique à 50%, il faudra donc construire de nouvelles centrales nucléaires pour remplacer une partie du parc existant. Il faudra avoir le courage politique de le reconnaître.

Le gouvernement refuse même que le sujet soit abordé. Cela aura des conséquences importantes sur la stabilité de l’accès à l’électricité. En clair, le risque de pénurie et de black out va augmenter. Pour maintenir en 2035 la production électrique de la France à son niveau et à son coût actuels, EDF table, a minima, sur la construction rapide de trois paires de deux réacteurs de type EPR. 
Cela prendra bien plus de 15 ans… Et d’ici 2035, la demande d’électricité augmentera.

4) Les préconisations

Conserver la capacité électronucléaire du bouquet énergétique de la France par la prolongation des réacteurs en activité, quand leur fonctionnement est assuré dans des conditions de sûreté optimale, et par la construction de réacteurs de troisième génération, les EPR, dans l’immédiat. Ces derniers reposent sur la meilleure technologie disponible actuellement et offrent les meilleures garanties de sûreté…».

-«Initier et soutenir un ambitieux programme de R&D sur le nucléaire du futur afin de préparer l’émergence en France des réacteurs à neutrons rapides (RNR) innovants de quatrième génération (GenIV), qui constituent une solution d’avenir et dont l’étude se poursuit activement à l’étranger…».

«Maintenir des filières de formation permettant d’attirer les meilleurs jeunes talents dans tous les domaines de la physique, la chimie, l’ingénierie et les technologies nucléaires pour développer les compétences nationales au meilleur niveau…»

-«Informer le public en toute transparence sur les contraintes des diverses sources d’énergie, l’analyse complète de leur cycle de vie et l’apport de l’électronucléaire dans la transition énergétique en cours.»

On peut ajouter qu’il ne faudrait pas seulement informer le grand public mais aussi bon nombre d’organismes publics qui confondent militantisme et intérêt général. 
Car la stratégie de transition énergétique en France est affectée d’une forme de pensée magique. Face à une impasse technique, le gouvernement et nombre d’organismes n’opposent pour l’instant que des scénarios improbables. Ils parient sur l’installation de milliers d’éoliennes, intermittentes, et sur l’hypothèse d’une consommation stable voire en baisse d’électricité. 
Une prévision incohérente avec le scénario même de la transition qui nécessite pour réduire les émissions de gaz à effet de serre l’électrification de nombreux usages dont les transports, le chauffage, l’industrie… C’est exactement ce que dénonce avec force l’Académie des sciences.

Nucléaire et renouvelables, l’Académie des sciences remet les pendules à l’heure




«Les énergies renouvelables intermittentes et variables, comme l’éolien et le solaire photovoltaïque, ne peuvent pas, seules, alimenter un réseau électrique de puissance de façon stable et pilotable si leur caractère aléatoire n’est pas compensé.

Il faut pour cela disposer de capacités massives de stockage d’énergie et/ou d’unités de production d’énergie électrique de secours pilotables.

Le stockage massif d’énergie, autre que celui déjà réalisé au moyen des centrales hydroélectriques de pompage-turbinage, demanderait des capacités que l’on ne voit pas exister dans les décennies qui viennent.

La pilotabilité, en absence de ces dernières, ne peut être assurée que par des centrales nucléaires, si l’on exclut les centrales thermiques utilisant les énergies fossiles.»

Le gouvernement face à ses responsabilités et contradictions

Dans son rapport publié il y a quelques jours et intitulé, L’apport de l’énergie nucléaire dans la transition énergétique, aujourd’hui et demain, l’Académie des sciences met le gouvernement face à ses responsabilités et ses contradictions.

Elle renvoie également au rayon des fantasmes, les études plus ou moins sérieuses sur la possibilité de passer dans un avenir relativement proche à une production d’électricité presque totalement renouvelable.

Le constat fait par l’Académie des sciences est le suivant.

1) Le diagnostic

La transition énergétique passe obligatoirement par «une augmentation importante de la part de l’électricité dans la production et la consommation énergétique, pour atteindre un niveau de l’ordre de 700 à 900 TWh (terawatts-heure) en 2050, presque le double de notre production électrique actuelle. Cette électricité doit être la plus décarbonée possible. Cette croissance prévisible de la demande en électricité est le plus souvent sous-estimée et minimisée dans les divers scénarios proposés pour la transition énergétique.»

2) Les contraintes

«Cette transformation du système énergétique doit prendre en compte l’absolue nécessité de garantir la sécurité d’approvisionnement électrique du pays ce qui impose de maintenir une capacité de production d’électricité mobilisable afin de répondre aux pics de la demande, d’assurer la stabilité du réseau électrique et de conserver un niveau significatif d’indépendance énergétique...»

3) Mettre en place une vraie politique de transition énergétique avec l’électricité nucléaire

«L’électronucléaire offre des avantages considérables…. Un RNT [réacteur nucléaire à neutrons thermiques] injecte massivement, 24 heures sur 24, au moins pendant quelque 300 jours par an, de l’électricité décarbonée dans le réseau.

La production électrique nucléaire est, en effet, de toutes les sources d’énergie électrique, la moins émettrice de gaz à effet de serre (environ 6 grammes d’équivalent de CO2 par kWh produit). C’est ce qui explique pourquoi la France, qui s’appuie essentiellement sur les énergies nucléaire et hydraulique, produit une électricité décarbonée à plus de 90%.

Un parc électronucléaire de RNT assure donc la continuité de la fourniture d’électricité, à un prix limité, et possède, par ailleurs, la capacité de suivi de charge par des possibilités de baisses et montées profondes pour compenser des variations de consommation ou de production des énergies renouvelables intermittentes. »

Mais l’avenir est loin d’être assuré.

Le parc nucléaire français fournit aujourd’hui plus de 70% de la production électrique. Elle est totalement décarbonée, abondante, fiable et bon marché. Pour combien de temps encore?

Les centrales vieillissent. Ainsi, pas moins de 52 des 56 réacteurs en service après la fermeture de ceux de Fessenheim, ont été construits dans les années 1970-1980. Seuls les quatre réacteurs de Chooz et de Civeaux sont plus récents.

Tous arriveront en fin de vie d’ici 2040. Même dans l’hypothèse où la loi de transition énergétique serait appliquée, qui prévoit la réduction de la part du nucléaire dans la production électrique à 50%, il faudra donc construire de nouvelles centrales nucléaires pour remplacer une partie du parc existant. Il faudra avoir le courage politique de le reconnaître.

Le gouvernement refuse même que le sujet soit abordé.

Cela aura des conséquences importantes sur la stabilité de l’accès à l’électricité. En clair, le risque de pénurie et de black out va augmenter. Pour maintenir en 2035 la production électrique de la France à son niveau et à son coût actuels, EDF table, a minima, sur la construction rapide de trois paires de deux réacteurs de type EPR. Cela prendra bien plus de 15 ans… Et d’ici 2035, la demande d’électricité augmentera.

4) Les préconisations

-«Conserver la capacité électronucléaire du bouquet énergétique de la France par la prolongation des réacteurs en activité, quand leur fonctionnement est assuré dans des conditions de sûreté optimale, et par la construction de réacteurs de troisième génération, les EPR, dans l’immédiat. Ces derniers reposent sur la meilleure technologie disponible actuellement et offrent les meilleures garanties de sûreté…».

-«Initier et soutenir un ambitieux programme de R&D sur le nucléaire du futur afin de préparer l’émergence en France des réacteurs à neutrons rapides (RNR) innovants de quatrième génération (GenIV), qui constituent une solution d’avenir et dont l’étude se poursuit activement à l’étranger…».

– «Maintenir des filières de formation permettant d’attirer les meilleurs jeunes talents dans tous les domaines de la physique, la chimie, l’ingénierie et les technologies nucléaires pour développer les compétences nationales au meilleur niveau…»

-«Informer le public en toute transparence sur les contraintes des diverses sources d’énergie, l’analyse complète de leur cycle de vie et l’apport de l’électronucléaire dans la transition énergétique en cours.»

On peut ajouter qu’il ne faudrait pas seulement informer le grand public mais aussi bon nombre d’organismes publics qui confondent militantisme et intérêt général.

Car la stratégie de transition énergétique en France est affectée d’une forme de pensée magique. Face à une impasse technique, le gouvernement et nombre d’organismes n’opposent pour l’instant que des scénarios improbables. Ils parient sur l’installation de milliers d’éoliennes, intermittentes, et sur l’hypothèse d’une consommation stable voire en baisse d’électricité.

Une prévision incohérente avec le scénario même de la transition qui nécessite pour réduire les émissions de gaz à effet de serre l’électrification de nombreux usages dont les transports, le chauffage, l’industrie…

C’est exactement ce que dénonce avec force l’Académie des sciences. 


LA RÉSOLUTION DE LA CRISE CLIMATIQUE DEVRA SE FAIRE HORS DES RÈGLES DU CAPITALISME

 

Dans le cadre de la préparation de la COP-26 à Glasgow (Ecosse) sur le climat, les ministres de l’environnement des pays membres de l'Alliance bolivarienne pour les Amériques (ALBA-TCP) se sont réunis pour préparer une stratégie commune dans le cadre de la Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques.

Article et traduction Nico Maury
La résolution de la crise climatique devra se faire hors des règles du capitalisme
Les ministres de l'environnement des des pays membres de l'Alliance Bolivarienne pour les Amériques (ALBA-TCP) ont souligné le besoin de propositions qui sortent des règles du capitalisme et du marché libre. Jusqu'à présent, aucune politique basée sur les règles du capitalisme n'a réussi à défier la crise climatique.

Le secrétaire général de l'ALBA, et ministre bolivien de l'Environnement et de l'Eau, Sacha Llorenti résume la position de l'ALBA :

« La crise climatique est l'un des grands défis de notre époque, elle menace l'existence de la vie sur la planète et elle est un produit du système capitaliste. Nous rejetons la vision du marché et l'économie verte. L'Accord de Paris est basé sur le marché ».

Hugo Chavez déclarait en 2015 : "Si le climat était une banque, on l'aurait déjà sauvé"

L’échec cuisant de la révolution énergétique allemande


Dans son second rapport sur l’Energiewende, la révolution énergétique allemande, la Cour des comptes allemande démolit la politique d’Angela Merkel. Pour plaire à une opinion publique très hostile depuis les années 1970 à tout ce qui porte le nom d’atomique, la chancelière a décidé en 2011, après l’accident de Fukushima, de renoncer à toute production d’électricité d’origine nucléaire en Allemagne. L’objectif politique était de récupérer le vote vert. Ce que cherche aujourd’hui à faire le gouvernement français, ne serait-ce qu’avec la fermeture l’an dernier de la centrale de Fessenheim. En Allemagne, cette tactique politique n’a pas du tout réussi.

Ne pas confondre renouvelable et décarboné

L’objectif énergétique annoncé par Angela Merkel en 2011 était aussi de remplacer le nucléaire par des sources d’énergie renouvelables, avant tout éolienne et solaire. Mais compte tenu de l’intermittence de ses énergies et d’un réseau électrique inadapté, le nucléaire a été remplacé par les renouvelables et… le charbon. Pas étonnant si les gains en matière d’émissions de gaz à effet de serre ont été limités. Il ne faut pas confondre renouvelable et décarboné.

Résultat de cette stratégie irréaliste, la sécurité d’approvisionnement en électricité n’est plus assurée en Allemagne, le risque de pénurie d’électricité ne cesse de grandir et les prix sont hors de contrôle. Les ménages allemands paient le KWh le plus cher d’Europe à 30,9 centimes, près de deux fois plus qu’en France où il est à 17,8 centimes. Devant l’augmentation des prix de l’énergie pour les entreprises, la Cour des comptes allemande y voit aujourd’hui une menace pour l’industrie allemande. Car pour éviter les blackouts, les entreprises sont invitées en cas de pénurie d’électricité à renoncer à fonctionner et à produire et sont indemnisées pour cela…

«Cette forme de transition énergétique met en danger l’économie de l’Allemagne et sollicite de manière excessive la viabilité financière des entreprises consommatrices d’électricité et des ménages privés […] Cela peut alors mettre en danger, à terme, l’acceptation sociale de la transition énergétique», a déclaré Kay Scheller, la présidente du Contrôle fédéral des finances, lors de la remise du rapport.

Le problème est jugé d’autant plus grave qu’à la fois la compétitivité industrielle allemande est affaiblie dans plusieurs secteurs dont l’automobile, du fait de la transition vers les véhicules électriques, et qu’en outre les besoins en électricité ne devraient cesser de grandir dans les prochaines années. La transition passe par une électrification massive des usages dans les transports, l’industrie et la chaleur.

Sous-évaluation systématique des besoins et surévaluation des capacités

La Cour des comptes critique la sous-évaluation systématique des besoins en électricité par le gouvernement allemand. A l’image de l’Ademe en France qui avait sorti en 2019 un rapport estimant que la France pouvait parvenir à 100% d’électricité renouvelablegrâce notamment à une baisse sensible de la consommation… Une hypothèse invraisemblable.

Pour ce qui est de l’Allemagne, le gouvernement s’est déjà fourvoyé sur la démographie avec une estimation de la population allemande de 75 millions de personnes en 2030 alors que les évaluations actuelles sont plutôt de 77 à 78 millions de personnes. Il faut y ajouter le retard croissant dans la construction des infrastructures d’énergie renouvelable, le rejet aujourd’hui massif des éoliennes par la population et des prévisions particulièrement optimistes des conditions météorologiques pour la production d’énergie renouvelable (vent et soleil). Cela remet en cause le scénario lui aussi très optimiste de sortie du charbon… qui sera d’ailleurs remplacé en grande partie par du gaz naturel. « Les hypothèses essentielles sur lesquelles repose l’évaluation actuelle de la sécurité d’approvisionnement du marché de l’électricité sont irréalistes ou dépassées », souligne le rapport de la Cour des comptes.

Le problème allemand est sérieux et devient aussi un problème français. Car Paris est obnubilé par ce que fait Berlin. Quand l’Allemagne annonce un grand plan de développement de l’hydrogène, la France fait de même trois mois plus tard. Mais la France qui dispose aujourd’hui d’une électricité très fortement décarbonée grâce au nucléaire, n’a aucune raison d’imiter l’Allemagne et de sacrifier sa sécurité d’approvisionnement tout en faisant s’envoler les prix… pour des gains inexistants en terme d’émissions de gaz à effet de serre.

La crise (ou pas) de l’atome




L’atome c’est mort. Fini. Terminé. Obsolète. Trop cher. Trop dangereux. Plus personne n’en veut. C’est le message lancé, une fois de plus, par des experts auto-proclamés, en particulier Mycle Schneider et son rapport World Nuclear Industry 2020. Traduction journalistique courante : c’est «l’hiver nucléaire» pour cette industrie, assène dans Libération mon collègue Jean-Christophe Féraud. Mais un élément met la puce à l’oreille, cette citation de Mycle Schneider recueillie par Féraud : «Globalement, c’était une industrie qui était déjà en crise grave avant les événements de Fukushima».

Autrement dit, avant et après l’accident japonais, c’est pareil, l’atome vit ses derniers instants. Quand on se rappelle l’euphorie malsaine qui a sévi dans l’industrie nucléaire française durant les années 2000, en partie à l’origine de gestions désastreuses, comme celle d’Areva par Anne Lauvergeon, on se dit que, pour certains experts, le message doit être toujours le même, même quand la réalité change.

Expert critique 

Jean-Christophe Féraud, pas dupe, qualifie d’ailleurs Mycle Schneider «d’expert critique». Là, je perds mon latin journalistique. Je sais ce qu’est un expert scientifique, un expert judiciaire, et surtout un expert participant à une structure collective pérenne ou temporaire d’expertise publique créée en général par une autorité politique (voir les multiples agences d’expertise des risques technologiques, sanitaires, environnementaux dont… l‘Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire et l‘Autorité de Sûreté Nucléaire). Mais un « expert critique », je ne vois pas. Critique de ses pairs, eux-aussi experts ? Alors, il y faut la « disputatio » académique, fondée sur des arguments rationnels et réfutables, où l’honnêteté intellectuelle et la rigueur des raisonnement sont de règle. Mais chacun dans son coin, où est la « disputatio » ?

Appétit médiatique

Essayons le contraire. Un expert non-critique ? Donc dénué de capacité d’analyse ? Ou aveuglé par son idéologie (voire corrompu) ? Il y aurait donc surtout des expertises non-critiques incompétentes ou corrompues ? On en trouve en effet de multiples exemples lorsque des puissances industrielles achètent des consciences, de scientifiques notamment, pour tromper l’opinion publique sur le tabac, les perturbateurs endocriniens ou le changement climatique (voir l’excellent documentaire « La fabrique de l’ignorance » sur ARTE). Mais où serait l’expertise corrompue sur l’état de l’industrie nucléaire civile ? Tromper sur le nombre de réacteurs existants ou en construction, leur production d’électricité, les bilans comptables de cette activité, tout cela est dénué d’intérêt pour quiconque.

Le rapport de Mycle Schneider est pour l’essentiel constitué d’informations factuelles non contestables, bien sourcées, exhaustives. Donc, ce n’est pas là le problème, la « critique ». Elle porte plutôt sur les conclusions qui en sont tirées. Et notamment sous la forme d’un discours destiné au grand public. Celui de Mycle Schneider veut à tout prix vendre la chute finale de l’atome pour l’électricité au niveau mondial. Parce que c’est son souhait. Il rencontre l’appétit médiatique pour le simplisme. Et c’est parti. Dommage pour l’information, comme très souvent lorsque la réalité est fortement contrastée et ne peut donc s’analyser et se présenter que sous une forme nuancée.

Avis au lecteur : cet article ne comporte aucun argument « pour » ou « contre » l’énergie nucléaire. Il peut donc être lu sans crainte par les militants des deux camps. Il ne contribuera qu’à leur niveau d’information sur ce qui existe.

Sans baratin

Mais commençons par régler son compte à « l’hiver nucléaire ». Sans baratin. Juste une liste de faits récents qui contredisent l’affirmation.Les deux réacteurs chinois Hualong One de Karachi, l’un est déjà relié au réseau électrique, l’autre (premier plan) est en phase finale de construction. (Image: CNNC)

Le 18 mars dernier, à 21h37 heure locale, le réacteur Kanupp-2, à Karachi au Pakistan, avait sa première connexion au réseau électrique du pays. Un réacteur dont la construction avait commencé en août 2015. De 1100 MW de puissance électrique. De technologie chinoise, développée à partir des réacteurs français de 900 MW, c’est le premier réacteur de 3ème génération baptisé Hualong-One construit hors de Chine. Il devrait être le cheval de bataille des industriels chinois pour les décennies à venir. Pour l’accélération de la construction de réacteurs en Chine, qui deviendra en quelques années le plus gros producteur d’électricité d’origine nucléaire au monde. Le premier Hualong One, Fuqing-5, a été connecté au réseau novembre 2020. Mais aussi pour l’exportation. C’est ce réacteur qui est ainsi proposé par China General Nuclear et EDF pour le site de Bradwell en Grande-Bretagne.

Kakrapar

Les reacteurs Kakrapar-3 et Kakrapar-4 en Inde. (Image: NPCIL)

Le 10 janvier 2021, c’était Kakrapar-3, un réacteur à eau lourde de conception indienne de 630 MWe, qui était relié au réseau électrique, après un premier béton coulé en 2010. Il se trouve dans le district de Surat (Gujarat). A sa mise en service, le gouvernement indien a salué cet exemple de «make in India». L’Inde prévoit de construire 21 nouveaux réacteurs, dont 10 du type de Kakrapar, d’ici 2031.

Le 22 mars dernier, le réacteur VVER-1200 Leningrad II-2 est entré en service commercial. Ce réacteur de 3ème génération remplace un vieux RBMK arrêté après 45 ans de fonctionnement. Rosatom s’est lancé à l’exportation avec le VVER-1200 et construit une centrale de quatre réacteurs à Akkuyu en Turquie dont le premier béton date de 2018 pour le premier, le chantier du dernier devant démarrer en 2022. Le temps moyen de construction est estimé à 5 ans et les mises en service devrait s’étaler de 2023 à 2026. Au Bélarus (ex Biélorussie), un VVER-1200 amélioré est entré en service en novembre 2020 et atteint sa pleine puissance en janvier dernier, un deuxième est sur le point d’être couplé au réseau.

A cette occasion, Rosatom souligne ses projets en Egypte, Finlande et Hongrie. Pour sortir du charbon et remplacer ses vieux réacteurs, la Hongrie, dont l’électricité est nucléaire à près de 50%, prévoit en effet la construction de deux réacteurs VVER-1200 à Paks, à 100 km de Budapest. En Russie, ce réacteur sera un des moyens d’atteindre l’objectif gouvernemental de hisser la part du nucléaire de 20% – avec 38 réacteurs en opération – à 25% d’ici 2045 (15% en 2000). D’où la perspective de construire 24 nouveaux réacteurs, en plus des trois en construction, annonce Rosatom.

BarakahLe réacteur n°2 de la centrale de Barakah aux Emirats Arabes Unis. (Image: ENEC)

En août 2020, aux Emirat Arabes Unis, le premier des quatre réacteurs prévus à la centrale de Barakah a été mis en service. Cette centrale est construite par les industriels coréens (Kepco). Le deuxième réacteur a été chargé en combustible nucléaire le 15 mars dernier.

En Europe, la construction des deux réacteurs EPR de la centrale de Hinkley Point, par EDF, se poursuit malgré les ralentissements dus à l’épidémie de Covid-19. En contraste avec les chantiers cauchemardesques des EPR d’Olkiluoto et de Flamanville. L’EPR finlandais vient toutefois de recevoir l’autorisation de charger son combustible nucléaire et devrait démarrer début 2022. Le démarrage de Flamanville est prévu pour 2023 aprèsle feu vert de l’Autorité de Sûreté Nucléaire pour la réparation des soudures non conformes par un système robotisé.Salle de commande du réacteur à neutrons rapides chinois CEFR. (Image: CIAE)

Il serait possible de continuer cette liste de faits encore longtemps, avec des investissements, des recherches sur des nouveaux types de réacteurs (les SMR, Small modular reactor, qui font l’objet d’une forte mobilisation aux Etats-Unis (ici aussi avec Nuscale), au Canada, et en Grande-Bretagne, les réacteurs à neutrons rapides en fonctionnement ou en construction en Russie et en Chine). Mais arrêtons là, et considérons que ces faits suffisent : non il n’y a pas de glaciation mondiale de l’industrie électronucléaire.

Se porte t-elle bien pour autant ? La seule réponse correcte et sincère à cette question est celle d’un normand : ça dépend. De qui et de quoi vous parlez.

situation indécise

Car la réalité actuelle de l’industrie nucléaire mondiale est la juxtaposition de trajectoires divergentes, stables ici, en suspens de décisions là, en chute libre là, et en croissance vigoureuse ailleurs. Et comme les lieux de chute libre et de croissance vigoureuse ne sont pas de même importance – dans les deux cas petits ou grands pays – le bilan final n’est pas aisé à décrire. Surtout lorsqu’il faut soigneusement distinguer le présent et le futur.
La répartition des réacteurs nucléaires dans le monde (source).

Le présent, c’est la production d’électricité nucléaire : au plan mondial, elle est stable depuis longtemps, les arrêts de réacteurs étant compensés par les mises en service. Donc, pas « d’hiver nucléaire » là non plus. Pas de croissance itou.


L’évolution de la production d’électricité d’origine nucléaire dans le monde, par régions, depuis le début. Noter la courbe d’Asie qui montre que les arrêts des réacteurs japonais après l’accident de Fukushima Dai Ichi en 2011 ont été totalement compensés par les mises en service en Chine qui a multiplié par 5 sa production depuis 2011. Source ; PRIS

Le futur ce sont les arrêts inéluctables des réacteurs actuels, même si aux Etats-Unis des autorisations pour 60 ans de fonctionnement, voire plus, sont accordées, et la construction de nouveaux. Les seconds seront-ils plus nombreux, ou leur production plus importante, que les premiers ? Mycle Schneider prétend savoir que non. Il suffit de jeter un œil sur les projections de l’Agence internationale de l’énergie atomique pour vérifier qu’il s’agit d’une prétention sans fondement.

Les scénarios de l’AIEA pour le futur de l’électronucléaire mondial.

Aujourd’hui, personne ne sait si, dans 30 ans, la production électronucléaire sera égale, moindre ou supérieure à l’actuelle. Et cette incertitude est encore plus grande pour la suite. Mais on sait déjà que les gouvernements de pays comportant près de la moitié de l’Humanité – Chine, Inde, Russie – ont décidé de faire croître vigoureusement leurs parcs de réacteurs nucléaires et s’en donnent les moyens. Opiner que, malgré cela, le nucléaire va inéluctablement décliner, voire disparaître, est donc très imprudent.

Technologies vertesEn Pologne, la centrale de Belchatow, qui émet près de 40 millions de tonnes de CO2 par an en brulant du charbon.

La situation de l’Europe est très illustrative de cette situation indécise. L’Union Européenne discute en ce moment même pour savoir si l’électronucléaire doit faire partie des technologies « vertes », favorables au climat, encouragées par des mécanismes de soutien communautaire. Certains pays, ceux qui n’ont pas ou ont abandonné cette technologie (Allemagne, Italie, Espagne…) le refusent logiquement. Ils sont majoritaires. Mais sept chefs d’Etat et de gouvernement – France, Pologne, République Tchèque, Hongrie, Slovénie, Roumanie, Slovaquie – viennent d’écrire à la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen pour réclamer l’inclusion du nucléaire dans les technologies climato-compatibles à soutenir. Sans le Brexit, il faudrait y ajouter la Grande-Bretagne.

Cette situation contrastée implique que celle des entreprises l’est également. Qu’il s’agisse des électriciens – ceux qui exploitent les réacteurs et vendent l’électricité. Ou des constructeurs. Pour les premières, c’est l’état de leur parc de production, mais surtout les politiques publiques de la gestion du secteur électrique qui déterminent leur situation (comme l’obligation faite à EDF de vendre le quart de son électricité nucléaire à ses concurrents à un prix fixé par l’Etat et stagnant depuis des années). Les entreprises constructeurs dépendent bien sûr des carnets de commandes. Celles des pays où le nucléaire croît sont évidemment en pleine forme. Celle des pays où il décroît ou qui ne peuvent s’appuyer que sur des carnet riquiqui ou imprévisibles sont à la peine. Soulignons le décalage entre les deux activités : dans les années 1990/2000, EDF est en pleine forme en exploitant son parc nucléaire tout neuf construit entre 1973 et 1991, mais la fin de la période de construction a condamné les constructeurs, privés de commandes, à faire faillite.

bas-carbone

Mycle Schneider utilise abondamment la comparaison avec la croissance mondiale vigoureuse des énergies renouvelables, asséné comme la « preuve » de l’hiver atomique. Il est peu pertinent. Tout simplement parce qu’il y a la place pour une croissance mondiale extrêmement vigoureuse à l’avenir aussi bien du nucléaire que des ENRI – les énergies nouvelles renouvelables intermittentes comme le photovoltaïque et l’éolien – et de l’hydraulique.
Des centaines de millions de personnes n’ont toujours pas l’électricité chez elles, et des régions entières n’ont qu’un accès rare et cher. Graphique piqué sur le site d’Alternatives économiques ici.

Trois raisons justifient cette affirmation. D’abord, l’objectif de substituer de l’électricité bas-carbone à celle obtenue à partir de charbon et de gaz est si gigantesque que le nucléaire peut se développer très fortement… même en ne captant qu’une part modeste de cette substitution dans les prochaines décennies. Ensuite, la part de l’électricité (bas carbone !) dans l’énergie utilisée doit augmenter afin de décarboner les transports, les processus industriels ou le contrôle thermique des bâtiments si l’on veut atteindre les objectifs climatiques de l’Accord de Paris. Enfin, à plus long terme, le même raisonnement s’applique à la satisfaction des besoins immenses en électricité des pays et des populations encore peu alimentés (voire pas du tout pour des centaines de millions de personnes, en Afrique notamment). L’essor des ENR n’est donc pas incompatible avec une augmentation considérable de l’électronucléaire. Le printemps ou l’été de l’un ne signifie pas l’hiver de l’autre.

Sylvestre Huet

46 ONGs environnementales demandent la reconnaissance du nucléaire dans la taxonomie européenne

 


Lettre à la Commission Européenne


Envoyée à la présidente Ursula von der Leyen, le 27 mars 2021

Titre: 46 ONG environnementales demandent que le nucléaire soit mieux pris en compte dans la taxonomie européenne, au nom du climat

Mme la Présidente de la Commission Européenne,

Alors que les discussions sur la taxonomie des investissements durables se poursuivent, nous, citoyens européens, soucieux du bien-être des personnes et de la nature, nous tournons vers vous car ce bien-être est menacé par la dépendance de l'Union européenne aux combustibles fossiles.

Comme vous, nous voulons offrir aux jeunes générations, nos enfants, petits-enfants et ceux qui viendront après eux, un monde aussi accueillant et résilient que celui que nous avons trouvé, au climat aussi stabilisé que possible. Mais les perturbations sont de plus en plus fortes et leurs effets palpables. Crises et incertitudes pèsent de manière croissante sur l’avenir.

Les connaissances scientifiques nous permettent d’identifier précisément les causes de ces maux et font apparaître sans ambiguïté le besoin d’un recours à l'énergie nucléaire pour y faire face.

Malgré cela, le soutien limité que cette source d'énergie semble rencontrer au niveau de la Commission européenne nous apparaît aussi paradoxale que regrettable, en particulier dans un contexte de Green Deal.

De nombreuses décisions, au niveau de l'Union européenne et des États membres, affectant sévèrement le rôle que peut jouer l'énergie nucléaire, peuvent être reliées au traitement médiatique et politique dont elle est l’objet, comme en témoigne les déclarations trompeuses concernant les effets sanitaires de l’accident de Fukushima Daïchi dont nous venons de commémorer le 10ème anniversaire. La représentation faussée dont l’énergie nucléaire est l’objet contribue à empêcher son déploiement, et ce, alors qu’elle est la 1ère source d'énergie bas carbone en Europe et qu’elle présente un bilan sanitaire parmi les meilleurs.

Ces fausses informations ont perturbé le débat démocratique au point de pousser de nombreux États à mettre à l’arrêt des centrales nucléaires propres et sûres, construites pour plusieurs décennies, ainsi qu’à annuler des projets de construction. Ce recul du nucléaire a imposé le maintien en activité des centrales fossiles, pénalisant nos efforts pour lutter contre le changement climatique, préserver la souveraineté de l'Europe et bénéficier d'un air plus sain.

Si les populations semblent accepter qu’une obstruction politique au développement de l'énergie nucléaire se matérialise régulièrement en dépit des preuves scientifiques, c’est parce que ces preuves continuent d'être éclipsées par les mythes construits autour de cette énergie par ses opposants.

C’est la pollution due aux énergies fossiles qui est le danger concret et immédiat auquel nous sommes confrontés, pas la radioactivité.


Mme Ursula VON DER LEYEN Présidente
Commission Européenne


Ce sont les énergies fossiles, charbon, pétrole et bien sûr gaz, qui sont responsables en Europe de la grande majorité de nos émissions de gaz à effet de serre et du décès prématuré de 1,5 million de personnes chaque année1.

L'Union européenne, deuxième marché mondial2, est responsable de 12 % des émissions de gaz à effet de serre de la planète3. Le poids de ses normes et standards, son influence dans la réglementation internationale des transports, son rôle de premier donateur d'aide au développement et premier contributeur de la finance durable font d’elle un acteur à l’influence déterminante. Cette influence, elle l’exerce aussi bien auprès des Etats membres qu’à l’échellemondiale, promouvant sa vision et ses choix techniques sur la manière de répondre au changement climatique.

Nous, citoyens européens, avons donné à l'Union européenne sa formidable capacité d’action et d’influence. Les décisions qu'elle prendra en notre nom concernant la transition énergétique impacteront les décennies à venir et la vie de millions de personnes.

Nous, citoyens européens, serons responsables, si nous persistons à pénaliser le nucléaire et son développement, d’avoir soutenu et promu une stratégie de transition énergétique déjà notoirement insuffisante pour préserver le climat et les populations.

Nous, citoyens du monde, demandons à l'Union européenne d’assumer la responsabilité de son leadership.

Parce que l'énergie est vitale pour nos sociétés, nous voulons nous assurer que cette question essentielle est traitée à l’aune des défis auxquels nous sommes confrontés.

Mme la Présidente de la Commission Européenne, nous vous demandons, avec autant de conviction que d’humilité, que toutes les sources d'énergie à faible émission carbone soient équitablement prises en considération dans les discussions en cours ; nous demandons que l'Union soutienne l’évaluation objective des options qui s’offrent à elle ; nous demandons enfin que les faitsconcernant l'énergie nucléaire soient reconnus et partagés sans parti pris.

Nous espérons vivement voir l'Union européenne, sous votre direction, prendre des décisions équilibrées au bénéfice de tous, et retrouver l'approche éclairée et scientifique digne de ce qu’elle est et doit rester : un ensemble plus grand que la somme des pays qui la composent.

Respectueusement,

1 Vohra, Karn et al., « Global mortality from outdoor fine particle pollution generated by fossil fuel combustion: Results from GEOS-Chem », Environmental Research, avril 2021. Disponible sur le site: www.sciencedirect.com

2 The World Bank, « Households and NPISHs Final consumption expenditure (current US$) | Data ». Disponible sur le site: data.worldbank.org

3 P. Friedlingstein et al., « Global Carbon Budget 2020 », Earth System Science Data, décembre 2020. Disponible sur le site: essd.copernicus.org

Peters, Glen P. et al., « Growth in emission transfers via international trade from 1990 to 2008 », Proceedings of the National Academy of Sciences, mai 2011. Disponible sur le site: www.pnas.org
Organisations de lUnion européenne

                   

       


Nucléaire : Fabien Roussel acte un profond désaccord à gauche !



Le secrétaire national du PCF Fabien Roussel a ardemment défendu l'énergie nucléaire mercredi, actant un désaccord avec d'autres formations de gauche et suggérant une "consultation des Français" par référendum si la gauche revenait au pouvoir en 2022.

Avec l'hydraulique, le nucléaire est "l'énergie la plus décarbonée qui soit", a-t-il insisté devant l'Association des journalistes parlementaires (AJP).

"Il nous faut une production d'énergie forte, pas chère et pilotable, qu'on puisse produire quand on en a besoin. Il n'y a pas 15.000 sources d'énergies pilotables dans notre pays, c'est l'énergie hydraulique et l'énergie nucléaire qui sont des énergies décarbonées", a ajouté le secrétaire national du parti communiste, candidat à l'investiture du PCF pour la présidentielle 2022.

"Pour pouvoir tenir nos objectifs d'empreinte carbone nulle en 2050, nous devons nous appuyer sur ces deux sources d'énergie et pouvoir les développer, en avoir la maîtrise publique. Et de la même manière, nous devons augmenter la production des énergies renouvelables pour atteindre 50%. Nous sommes favorables à un mix énergétique", a-t-il ajouté à l'Assemblée.

A ce sujet, "nous ne sommes pas d'accord" avec d'autres formations politiques comme EELV ou LFI, dont Mélenchon a récemment plaidé pour une sortie du nucléaire à l'horizon 2030.

"Si demain nous gouvernons le pays tous ensemble, une des premières choses que nous pourrions mettre en place, c'est de consulter la population, tout simplement", a-t-il suggéré.

C'est le "meilleur moyen de sortir d'une impasse parce qu'il faudra trouver une solution". "Organisons un débat sur la politique énergétique de notre pays, demandons à nos concitoyens de s'exprimer sur ces choix-là", a-t-il conclu à ce propos.

Sur l'appel de Yannick Jadot (EELV) à la gauche pour se mettre autour d'une table en vue de 2022, Fabien Roussel a indiqué être "bien sûr ouvert au débat" en vue de la construction "d'un pacte aux élections législatives", afin de "gagner une majorité de gauche et écologiste".

"Nous pouvons travailler au minimum à un tel accord. Cela peut se faire indistinctement de nos choix à l'élection présidentielle", a ajouté Fabien Roussel.

L'argumentation vaut mieux que l'électoralisme : Les Français favorables au nucléaire





Après un décrochage post-Fukushima, les Français sont majoritairement favorables au nucléaire comme énergie d’avenir, selon un sondage réalisé pour EDF. C'est le journal "Le Point" qui l'affirme !


Le tsunami responsable de l'accident de la centrale nucléaire de Daiichi, à Fukushima, avait sérieusement abîmé l'image du nucléaire, ce dont avait profité les opposants pour faire croire que l'on pouvait vivre sans énergie nucléaire et les dirigeants pour stopper les investissements dans l'énergie décarbonée, et même annoncer la fermeture de réacteurs et de centrale comme Fessenheim. Pourtant
les conséquences de la catastrophe de Fukushima sont bien moins importantes qu'on ne le dit.

Selon un sondage d'EDF, en juillet 2011, quelques mois après l'événement, la confiance chute : la part des Français qui voient dans le nucléaire une énergie d'avenir dégringole de 52 à 34 %. À l'inverse, 46 % des personnes sondées se montrent opposées à cette perspective, contre 34 % avant l'accident.

Dix ans après, la donne a changé.

La dernière vague du sondage donne le sourire à EDF : 43 % des personnes interrogées estiment que le nucléaire est une énergie d'avenir, contre 30 % convaincues du contraire. « Jamais le taux d'opposition n'a été aussi bas. Il faut remonter avant 1986, date de l'accident de Tchernobyl, pour retrouver de tels chiffres », explique Didier Witkowski, responsable des études à EDF.

En février 2021, on renoue aussi, à quelques points près, avec la perception de 2008, un peu avant Fukushima. Et puis, surtout, ce regain d'intérêt pour le nucléaire est une tendance croissante depuis quelques années.

C'est en 2019 que quelque chose se passe. Depuis 2012, la confiance des Français ne faisait que décliner en raison de campagnes successives de certains médias accompagnant les choix politiques de l'époque. Les médias comme certains politiques utilisent alors les déboires du nucléaire. Areva est mal en point, l'EPR de Flamanville connaît des revers… Mais c'est surtout le PS et EELV (Aubry et Duflot) qui négocient un accord électoral pour 2012 qui inclue la fermeture de la centrale de Fessenheim et le déclin de la part du nucléaire en France. Comme quoi les contenus des alliances politiques sont vitaux certes pour des campagnes électorales claires mais surtout pour la suite en cas de prise de pouvoir.

Le nucléaire devient alors suspect et François Hollande mit en œuvre l'accord électoral avec la nomination de Duflot ministre, dans le but de s'attacher l'appui des élus-es écologistes à sa politique. Les écologistes ont donc réussi un bon coup. : la défiance des Français à l'égard du nucléaire passe de 35 % en 2012 à 46 % en 2018 !

Depuis, leur avis s'est un peu modifié. Cela est à mettre à l'actif des luttes de résistance organisées dans l'énergie et de la campagne de clarification sur les enjeux climatiques, de la CGT et des communistes qui démontrent avec une solide argumentation que le nucléaire est incontournable pour obtenir le respect des engagements pris pour limiter la hausse de la température de la planète, ce que confirmera le GIEC.

Même Macron l'opportuniste, est obligé de céder et doit reconnaitre publiquement que « l'avenir énergétique et écologique de la France passe par le nucléaire » mais ne va pas jusqu'à remettre en cause la fermetures des réacteurs qu'il a projetée.

De plus, l'énergie électrique est promise à un bel avenir

Notamment pour alimenter les voitures électriques mais pas seulement il faut prendre en compte le besoin de la réindustrialisation du pays abandonné par Macron à la sauvagerie du capital. Pour les Français, le nucléaire assure une production d'électricité fiable, stable et propre, qui assure l'indépendance énergétique de la France, ce qu'apprécient fortement les sondés puisque 48 % estiment que ces caractéristiques sont un argument fort en faveur du nucléaire, des chiffres en progression.

Le combat pour le climat a aussi donné un coup de pouce aux centrales françaises. Dans une autre enquête menée par EDF sur le nucléaire, à la question de savoir si on était « favorable », « défavorable », « hésitant » ou « sans réponse », 35 % des sondés ne se prononcent pas ; il y a une dizaine d'années, ce score était trois fois plus faible.

Cette une hésitation qui est le signe qu'il est très important que la campagne des communistes s'active pour un mix énergétique fondée sur le nucléaire et les énergies renouvelables, pour une énergie 100% publics ce qui suppose l'arrêt immédiat du projet Hercule, la renationalisation complète d'EDF et de certains équipementiers industriels stratégiques de la filière, la conquête de nouveaux pouvoirs des salariés et citoyens et pour l'éradication de la précarité énergétique.

Alors la transformation de notre économie afin qu'elle réponde mieux et plus aux enjeux sociaux et climatiques sera alors possible. C'est le défi que veulent relever les communistes et qui marque son originalité !
par Front de Gauche Pierre Bénite