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Pouvoir d'achat : Fabien Roussel appelle les Français "à la mobilisation devant les préfectures" dès "ce week-end"

Le candidat communiste à la présidentielle 2022 donne "deux rendez-vous aux Français" pour faire remonter leur colère au président de la République : devant les préfectures, ce week-end, et à Paris le 21 novembre.


"Il faut que les Français se mobilisent dès maintenant", contre la hausse du coût de la vie, a déclaré Fabien Roussel, candidat du PCF à la présidentielle 2022, lundi 18 octobre sur franceinfo. "J'appelle à la mobilisation devant les préfectures, pour demander aux préfets et aux sous-préfets, partout, qu'ils remontent auprès du gouvernement la colère des Français, leurs attentes à ce que les factures baissent et à ce que les salaires et les pensions augmentent."

Le candidat PCF à la présidentielle Fabien Roussel appelle à "des mesures à prendre tout de suite, dans le cadre des discussions que nous avons au Parlement, notamment sur le budget de la Sécurité sociale". "On peut ramener la CSG sur les retraites à zéro et tout de suite donner du pouvoir d'achat à nos retraités. On peut décider d'augmenter les salaires tout de suite et de donner un vrai coup de pouce au smic. Et on doit agir sur les factures de gaz et d'électricité. Il y a 30 % de taxes que l'on peut baisser immédiatement sur ces factures."
"La vie chère, c'est terminé"

Pour Fabien Roussel, l'heure à la mobilisation. "Je donne deux rendez-vous aux Français",lance-t-il sur franceinfo. Le premier devant les préfectures "à partir de ce week-end" : "Interpellons les préfets, faisons remonter au président de la République que la colère gronde !" Le deuxième est "un grand rassemblement sur le thème du pouvoir d'achat, de l'emploi, des salaires et des retraites" à Paris, dimanche 21 novembre, place Stalingrad. "Soyons des milliers à manifester et à exiger des mesures tout de suite pour retrouver du pouvoir d'achat et dire la vie chère, c'est terminé."

Hausse de l’énergie : agir immédiatement, c’est possible ! en demandan de bloquer les prix de l’électricité et du gaz

Sur Public Sénat jeudi matin, le candidat communiste à la présidentielle a fustigé le budget 2022. Il appelle à davantage de mesures en faveur du pouvoir d’achat des Français, tel qu’un gel des tarifs du gaz et de l’électricité qui ont enregistré de fortes augmentations ces derniers mois.

« Le budget 2022 n’est pas adapté à la situation ! » Invité jeudi de « Bonjour chez vous » sur Public Sénat, le député communiste Fabien Roussel, candidat du PCF pour l’élection présidentielle, s’est vivement agacé des orientations du projet de loi de finances 2022, présenté hier en Conseil des ministres. « La droite va dire que le gouvernement laisse filer le déficit public, mais moi je vois que le gouvernement continue d’ouvrir le robinet de la dépense publique pour favoriser ceux qui n’en ont pas besoin », a-t-il déploré.

Dans le viseur du candidat : la fiscalité des grandes entreprises. « Emmanuel Macron continue de baisser l’impôt des multinationales en baissant le taux d’imposition des sociétés à 25 %, ces mêmes multinationales qui ont distribué 60 milliards de dividendes en pleine pandémie », s’agace-t-il.
« Retrouvons la maîtrise de la production d’électricité »

Fabien Roussel appelle également le gouvernement à prendre une mesure forte en faveur du pouvoir d’achat des Français, avec un blocage des tarifs de l’énergie. « Je demande une chose au président de la République, qu’il peut mettre en œuvre tout de suite : bloquer les prix de l’électricité et du gaz. Je demande qu’au 1er octobre il n’y ait plus une seule hausse d’électricité et de gaz car les prévisions nous annoncent que ça va encore augmenter », lance Fabien Roussel. Comme nous vous l’expliquions la semaine dernière, l’envolée des tarifs de l’électricité ou du gaz a été en partie masquée ces derniers mois par l’augmentation des prix des carburants, qui sont en fait revenus à leur niveau de 2019.

Fabien Roussel en profite pour dérouler l’une des mesures qu’il entend porter pendant la campagne électorale : « Diviser par deux les factures d’électricité ». Comment ? « On nationalise EDF, on retrouve la maîtrise de ce merveilleux outil de production et de distribution d’électricité », fait valoir le député du Nord. « Les taxes que prélève l’Etat représentent 40 % de la facture d’électricité », pointe-t-il. « Si nous retrouvons la maîtrise de la production d’électricité, nous fixerons les tarifs, et nous refuserons de nous mettre à table à Bruxelles avec ceux qui veulent à tout prix libéraliser notre électricité », promet encore Fabien Roussel.

Fabien Roussel candidat a la présidentielle de 2022: Ras le bol du racket sur les prix de l'énergie.

 

Fête de l'huma: Eric Bocquet : « Il faut casser cette mythologie de la dette publique »

 

 

Pourquoi est-il nécessaire de « casser cette mythologie de la dette » ? Car tant que l’on aura pas modifié notre rapport à la dette publique, « nous ne pourrons pas avancer sur des politiques progressistes, novatrices, destinées à améliorer le fonctionnement de cette société »

Les salaires : Une bataille commune en Europe !


Selon une étude publiée en décembre 2020 par Eurostat, le nombre de travailleurs pauvres dans les pays de l’Union européenne a augmenté en moyenne de 12 % entre 2010 et 2019, pour atteindre 9,4 %. Ce chiffre masque d’importantes disparités et se monte jusqu’à 12 % en Espagne et en Italie et 13 % au Luxembourg par exemple.


La crise actuelle a encore aggravé cette dramatique réalité. Ces chiffres illustrent à quel point la bataille pour l’augmentation du salaire minimum et des bas et moyens salaires est centrale pour le mouvement social et pour la gauche en Europe. Cela est d’autant plus criant que l’inflation rencontre son plus haut niveau depuis dix ans.

Différents mouvements récents sont convergents, en tenant bien sûr compte de la réalité des contextes nationaux.

En Allemagne, par exemple, le syndicat des conducteurs de trains a mené trois grèves en l’espace de quelques mois pour exiger une augmentation de salaires. Die Linke en fait une priorité de la campagne électorale en vue des élections au Bundestag qui auront lieu le 26 septembre prochain en mettant au premier rang des sept points de son programme la question du travail et en incluant un salaire minimum à 13 euros de l’heure, la généralisation des conventions collectives ainsi qu’un droit de veto des travailleurs sur les licenciements et les délocalisations.

Dans l’État espagnol, sous l’impulsion de nos camarades du PC d’Espagne et de la Gauche Unie, et notamment de la ministre du Travail Yolanda Diaz, le gouvernement de coalition de gauche, vient d’annoncer une augmentation du salaire minimum à 60 % du salaire moyen d’ici 2023. Cette mesure est d’autant plus nécessaire que l’augmentation du prix de l’électricité obère les revenus. Rapportée à la France, une telle augmentation reviendrait à fixer le SMIC à 1 909 euros brut.

En Belgique, l’augmentation des salaires est conditionnée par le niveau des salaires en France, aux Pays-Bas et en Allemagne depuis une loi de 1996 ! Le PTB (Parti du Travail de Belgique) mène campagne pour l’abolition de cette « loi 96 », pour un salaire minimum à 14 euros de l’heure et pour garantir l’indexation des salaires.

Le débat de la Fête de l’Humanité « Travailleurs européens, unissons-nous ! », avec Fabien Roussel et Raoul Hedebouw, porte-parole du PTB, a illustré avec force la convergence d’intérêts à travers l’Europe, sur les salaires, les retraites et la lutte contre l’évasion fiscale.

Alors, oui, mettre au cœur du défi des jours heureux, de la campagne présidentielle et législatives, la question des salaires, des revenus, des retraites comme le font les communistes et leur candidat Fabien Roussel est non seulement une nécessité, mais aussi un levier puissant pour construire le pacte d’engagements communs en France et des convergences en Europe.

500 plus grandes fortunes de France : « Ils pillent notre argent en pleine pandémie, prenons le pouvoir au capital ! »




Les 500 familles les plus riches de France explosent une fois de plus leur record : elles détiennent désormais un patrimoine total de 1000 milliards d'euros et ont vu leur fortune augmenter de 30% par rapport à l’année dernière, en pleine période de pandémie !

Eux ne risquent pas de subir la pauvreté, le chômage, la précarité. Ils sont « covid résistants ».

Le nombre de milliardaires français passe de 95 à 109. Pendant la même période, le nombre de personnes vivant sous le seuil de pauvreté passerait de 9 à 11 millions avec des APL en baisse, des factures de gaz, d’électricité, de mutuelle, d’essence en hausse, des salaires et des pensions gelés et un SMIC bloqué à 1234 euros net.

La politique du Président des riches produit ses effets. Son bilan est inégalé pour les plus riches, pour la finance et le capital : la fortune des 500 familles plus riches est passée de 570 milliards en 2017, année de son élection, à 1000 milliards aujourd’hui. La fortune des 500 familles les plus riches a donc quasi doublé !

En 4 ans, le Président des riches a rempli sa mission : les premiers de cordée ont atteint les sommets mais les français sont restés en bas car les riches ont coupé la corde ! L’emploi, le pouvoir d’achat et les salaires ont été sacrifiés sur l’autel de la rentabilité. C’est le fruit de toutes les baisses d’impôts sur les grandes fortunes, sur le capital, sur les dividendes, sur les plus-values. C’est aussi le fruit d’un grand laxisme en matière de lutte contre l’évasion fiscale.

Pire, ces familles les plus riches sont propriétaires d’entreprises, de multinationales qui bénéficient de toutes les aides publiques telles que le CICE, la baisse des impôts de productions, le Crédit Impôt Recherche, les exonérations de cotisations sociales... 140 milliards d’euros d’aides publiques versées en 2019 aux entreprises sans aucune condition, sans rien demander en échange, dont les deux tiers bénéficient en priorité aux plus grandes d’entres elles !

En 2022, nous voulons passer un pacte avec les Françaises et les Français, avec le monde du travail, pour prendre le pouvoir à ces 500 familles, au capital. Oui, nous disons qu’il est possible de relever le défi des jours Heureux, d’éradiquer la pauvreté et le chômage, de retrouver des services publics et une industrie au service de l’emploi et du climat. Cela implique de changer l'utilisation de l'argent dans le pays et de créer de nouveaux droits d'intervention des salarié.e.s.

Fabien Roussel, député du Nord, secrétaire national du PCF

2/2 - La richesse produite en France s'est concentrée dans les métropoles laissant autour d'elle des poches de pauvreté : un danger pour l'unité de la République



Quartiers d'affaires à Paris ci-dessus, à Bordeaux ci-dessous


et à Lyon...


Mais où donc est passée la population laborieuse de ces villes ?

Loin, très loin des centre-villes, en grande banlieue...


La conséquence de ces transformations réalisées en une ou deux générations est un rapide changement des populations métropolitaines.

Dans la capitale girondine, il ne reste pas grand monde des Bordelais d’origine. Depuis l’abandon du port urbain de Bordeaux dans les années 19802, suivi de la rénovation de la ville dans les années 2000, le turnover a été très rapide. La mystérieuse « bourgeoisie bordelaise », réputée distante, s’est considérablement renouvelée : François Mauriac n’y retrouverait pas beaucoup son monde.

Aspirées par Paris, par d’autres métropoles ou la mondialisation, les descendants des élites d’autrefois sont souvent partis. Et que dire des classes populaires qui dessinaient l’autre visage de Bordeaux : gouailleur, parlant fort avec l’accent bordelais chantant, mâtiné de termes occitans ou espagnols. Ce petit peuple, qui vivait des activités du port, de l’industrie et du commerce du vin, a quitté la ville.

La mairie et la presse locale préfèrent évoquer les « nouveaux Bordelais », cœurs de cible des communicants de la mairie. À Toulouse, La Dépêche du Midi a calculé, il y a quelques années, que sur ses 800 000 habitants les Toulousains d’origine sont moins de 200 000, alors que la ville-centre comptait plus de 400 000 habitants dès 2000.

LA RÉPUBLIQUE EN ÉCHEC

L’impasse démocratique dans laquelle se sont engagées les métropoles a été évoquée au début de cet ouvrage. Elle touche le fondement de la démocratie politique : le scrutin électoral.

Non seulement la participation électorale est devenue faible dans les grandes agglomérations, et même de plus en plus faible ; mais cette dégradation de la légitimité des élus, acquise par le suffrage universel, est aggravée tant par l’évolution du pouvoir des maires que par les structures sociologiques de la ville. Si les métropoles votent très peu, ainsi que nous l’avons évoqué, c’est que les segments de la société qui votent le plus (classes moyennes, retraités) ont été chassés de la ville-centre au profit de populations peu ou non votantes (étudiants, immigrés récents – souvent étrangers –, sans parler des touristes).

Évoquons, en outre, la nature du pouvoir municipal.

Celui-ci est de moins en moins démocratique.

Les élus d’opposition au conseil municipal n’ont en général que le pouvoir de la parole, étant sous-payés et n’étant pas associés aux décisions ; quant à la majorité municipale, elle est presque entièrement soumise aux décisions du maire, le conseil se contentant de voter en bloc les décisions prises au préalable entre le maire, ses services administratifs, son ou ses conseillers politiques, et quelques notables ou hommes d’affaires – des non-élus donc.

Ajoutons qu’en dépit de la décentralisation, de nombreux facteurs limitatifs ont contribué à réduire la marge de manœuvre des maires ; il s’agit des communautés d’agglomération, des règlements et des normes, du caractère oligopolistique des fournisseurs aux collectivités – qui constituent un pôle majeur du capitalisme rentier à la française –, du principe de précaution et de la judiciarisation de la vie publique.

Toute la chaîne démocratique en est atteinte.



Ajoutons qu’en dépit de la décentralisation, de nombreux facteurs limitatifs ont contribué à réduire la marge de manœuvre des maires ; il s’agit des communautés d’agglomération, des règlements et des normes, du caractère oligopolistique des fournisseurs aux collectivités – qui constituent un pôle majeur du capitalisme rentier à la française –, du principe de précaution et de la judiciarisation de la vie publique.

De tout cela résulte une baisse conséquente de la participation au vote, car les électeurs ont compris cette dégradation du pouvoir municipal.

De grands « élus » municipaux, parfois présentés en « barons » ou en « princes » régionaux, ne sont élus que par des minorités.

Dans les communes de Lille, Bordeaux ou Grenoble, dont la ville-centre est de taille modeste au regard de l’agglomération dans son ensemble, le maire n’est souvent l’élu que d’une infime partie de la population.

Alain Juppé a été élu en 2014 par 46 489 électeurs, soit 33,1 % des inscrits de Bordeaux, mais 5,9% de la population de l’agglomération ; le maire de Montpellier, Philippe Saurel, a été élu avec 29 928 voix, soit 20,55% des inscrits, mais 6,64% des habitants de l’agglomération.

En 2020, Martine Aubry a été réélue maire de Lille par 15 389 voix, ce qui représente 12,36% des inscrits, mais 1,31% des habitants de Lille Métropole.

À de tels niveaux, la distorsion démocratique est presque rédhibitoire, même si tout semble continuer comme avant. Il n’est pas étonnant dans ces conditions que la couleur politique des métropoles puisse changer de manière difficilement prévisible, puisque tout dépend d’une petite cohorte de votants.

Forts de leurs principes démocratiques réaffirmés, les nouveaux maires écologistes de 2020 veulent-ils renouveler les pratiques et l’ancrage de la citoyenneté municipale ?

Leurs premiers gestes et déclarations permettent d’en douter.

Après Anne Hidalgo en 2019 à Paris, Pierre Hurmic à Bordeaux et Jeanne Barseghian à Strasbourg ont décrété « l’état d’urgence climatique ».

Mais sans base juridique, ce projet vise à « défendre une limitation des libertés au nom du changement climatique [ce qui] n’est pas liberticide » (selon l’élue insoumise Manon Aubry)3.

Libertés d’éclairages, de chauffage, de déplacement, de consommation, etc. seront désormais soumises à des réglementations contingentes spécifiques.

Pourtant, si ces nouveaux élus se présentent en apôtres de la « démocratie participative », il y a un fossé avec leurs pratiques concrètes. Ces adeptes du « collectif » gouvernent leur ville et les métropoles entourés de leurs seuls proches : « Pierre Hurmic à Bordeaux, Grégory Doucet à Lyon ou, encore, Jeanne Barseghian à Strasbourg n’ont attribué qu’à des proches les postes de décision stratégiques, notamment les délégations des intercommunalités 4». Et la journaliste du Figaro Judith Waintraub d’ajouter : « Pierre Hurmic assume de ne pas partager le pouvoir à Bordeaux ».

Partition des électorats, faible appétence des électeurs, dérive technocratique du pouvoir municipal, dilution du pouvoir et des responsabilités, la liste est longue des maux de la crise de la République municipale qui gouverne les métropoles ; cela est d’autant plus fâcheux que leurs maires sont cités en exemple et érigés en interlocuteurs naturels de l’État.

Eu égard à la place conquise par les métropoles dans la production des richesses, dans la reconfiguration de l’espace national et social du pays, il n’est pas abusif de dire que leurs manquements démocratiques sont un grave symptôme de la crise de la République.

Notes :

1: Les lignes suivantes sont issues de son ouvrage.

2 : Pierre Guillaume, « Bordeaux oublie son port », in Guy Saupin, Villes atlantiques dans l’Europe occidentale du Moyen Âge au XXe siècle, Rennes, PUR, 2006, p.419-427.

3 : Judith Weintraube, « Les folies des nouveaux maires écolos : leurs obsessions, leur idéologie, leurs dégâts », Le Figaro, 4 septembre 2020.

4 : J. Waintraub, op. cit., 4 septembre 2020.


L’échec cuisant de la révolution énergétique allemande


Dans son second rapport sur l’Energiewende, la révolution énergétique allemande, la Cour des comptes allemande démolit la politique d’Angela Merkel. Pour plaire à une opinion publique très hostile depuis les années 1970 à tout ce qui porte le nom d’atomique, la chancelière a décidé en 2011, après l’accident de Fukushima, de renoncer à toute production d’électricité d’origine nucléaire en Allemagne. L’objectif politique était de récupérer le vote vert. Ce que cherche aujourd’hui à faire le gouvernement français, ne serait-ce qu’avec la fermeture l’an dernier de la centrale de Fessenheim. En Allemagne, cette tactique politique n’a pas du tout réussi.

Ne pas confondre renouvelable et décarboné

L’objectif énergétique annoncé par Angela Merkel en 2011 était aussi de remplacer le nucléaire par des sources d’énergie renouvelables, avant tout éolienne et solaire. Mais compte tenu de l’intermittence de ses énergies et d’un réseau électrique inadapté, le nucléaire a été remplacé par les renouvelables et… le charbon. Pas étonnant si les gains en matière d’émissions de gaz à effet de serre ont été limités. Il ne faut pas confondre renouvelable et décarboné.

Résultat de cette stratégie irréaliste, la sécurité d’approvisionnement en électricité n’est plus assurée en Allemagne, le risque de pénurie d’électricité ne cesse de grandir et les prix sont hors de contrôle. Les ménages allemands paient le KWh le plus cher d’Europe à 30,9 centimes, près de deux fois plus qu’en France où il est à 17,8 centimes. Devant l’augmentation des prix de l’énergie pour les entreprises, la Cour des comptes allemande y voit aujourd’hui une menace pour l’industrie allemande. Car pour éviter les blackouts, les entreprises sont invitées en cas de pénurie d’électricité à renoncer à fonctionner et à produire et sont indemnisées pour cela…

«Cette forme de transition énergétique met en danger l’économie de l’Allemagne et sollicite de manière excessive la viabilité financière des entreprises consommatrices d’électricité et des ménages privés […] Cela peut alors mettre en danger, à terme, l’acceptation sociale de la transition énergétique», a déclaré Kay Scheller, la présidente du Contrôle fédéral des finances, lors de la remise du rapport.

Le problème est jugé d’autant plus grave qu’à la fois la compétitivité industrielle allemande est affaiblie dans plusieurs secteurs dont l’automobile, du fait de la transition vers les véhicules électriques, et qu’en outre les besoins en électricité ne devraient cesser de grandir dans les prochaines années. La transition passe par une électrification massive des usages dans les transports, l’industrie et la chaleur.

Sous-évaluation systématique des besoins et surévaluation des capacités

La Cour des comptes critique la sous-évaluation systématique des besoins en électricité par le gouvernement allemand. A l’image de l’Ademe en France qui avait sorti en 2019 un rapport estimant que la France pouvait parvenir à 100% d’électricité renouvelablegrâce notamment à une baisse sensible de la consommation… Une hypothèse invraisemblable.

Pour ce qui est de l’Allemagne, le gouvernement s’est déjà fourvoyé sur la démographie avec une estimation de la population allemande de 75 millions de personnes en 2030 alors que les évaluations actuelles sont plutôt de 77 à 78 millions de personnes. Il faut y ajouter le retard croissant dans la construction des infrastructures d’énergie renouvelable, le rejet aujourd’hui massif des éoliennes par la population et des prévisions particulièrement optimistes des conditions météorologiques pour la production d’énergie renouvelable (vent et soleil). Cela remet en cause le scénario lui aussi très optimiste de sortie du charbon… qui sera d’ailleurs remplacé en grande partie par du gaz naturel. « Les hypothèses essentielles sur lesquelles repose l’évaluation actuelle de la sécurité d’approvisionnement du marché de l’électricité sont irréalistes ou dépassées », souligne le rapport de la Cour des comptes.

Le problème allemand est sérieux et devient aussi un problème français. Car Paris est obnubilé par ce que fait Berlin. Quand l’Allemagne annonce un grand plan de développement de l’hydrogène, la France fait de même trois mois plus tard. Mais la France qui dispose aujourd’hui d’une électricité très fortement décarbonée grâce au nucléaire, n’a aucune raison d’imiter l’Allemagne et de sacrifier sa sécurité d’approvisionnement tout en faisant s’envoler les prix… pour des gains inexistants en terme d’émissions de gaz à effet de serre.

La crise (ou pas) de l’atome




L’atome c’est mort. Fini. Terminé. Obsolète. Trop cher. Trop dangereux. Plus personne n’en veut. C’est le message lancé, une fois de plus, par des experts auto-proclamés, en particulier Mycle Schneider et son rapport World Nuclear Industry 2020. Traduction journalistique courante : c’est «l’hiver nucléaire» pour cette industrie, assène dans Libération mon collègue Jean-Christophe Féraud. Mais un élément met la puce à l’oreille, cette citation de Mycle Schneider recueillie par Féraud : «Globalement, c’était une industrie qui était déjà en crise grave avant les événements de Fukushima».

Autrement dit, avant et après l’accident japonais, c’est pareil, l’atome vit ses derniers instants. Quand on se rappelle l’euphorie malsaine qui a sévi dans l’industrie nucléaire française durant les années 2000, en partie à l’origine de gestions désastreuses, comme celle d’Areva par Anne Lauvergeon, on se dit que, pour certains experts, le message doit être toujours le même, même quand la réalité change.

Expert critique 

Jean-Christophe Féraud, pas dupe, qualifie d’ailleurs Mycle Schneider «d’expert critique». Là, je perds mon latin journalistique. Je sais ce qu’est un expert scientifique, un expert judiciaire, et surtout un expert participant à une structure collective pérenne ou temporaire d’expertise publique créée en général par une autorité politique (voir les multiples agences d’expertise des risques technologiques, sanitaires, environnementaux dont… l‘Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire et l‘Autorité de Sûreté Nucléaire). Mais un « expert critique », je ne vois pas. Critique de ses pairs, eux-aussi experts ? Alors, il y faut la « disputatio » académique, fondée sur des arguments rationnels et réfutables, où l’honnêteté intellectuelle et la rigueur des raisonnement sont de règle. Mais chacun dans son coin, où est la « disputatio » ?

Appétit médiatique

Essayons le contraire. Un expert non-critique ? Donc dénué de capacité d’analyse ? Ou aveuglé par son idéologie (voire corrompu) ? Il y aurait donc surtout des expertises non-critiques incompétentes ou corrompues ? On en trouve en effet de multiples exemples lorsque des puissances industrielles achètent des consciences, de scientifiques notamment, pour tromper l’opinion publique sur le tabac, les perturbateurs endocriniens ou le changement climatique (voir l’excellent documentaire « La fabrique de l’ignorance » sur ARTE). Mais où serait l’expertise corrompue sur l’état de l’industrie nucléaire civile ? Tromper sur le nombre de réacteurs existants ou en construction, leur production d’électricité, les bilans comptables de cette activité, tout cela est dénué d’intérêt pour quiconque.

Le rapport de Mycle Schneider est pour l’essentiel constitué d’informations factuelles non contestables, bien sourcées, exhaustives. Donc, ce n’est pas là le problème, la « critique ». Elle porte plutôt sur les conclusions qui en sont tirées. Et notamment sous la forme d’un discours destiné au grand public. Celui de Mycle Schneider veut à tout prix vendre la chute finale de l’atome pour l’électricité au niveau mondial. Parce que c’est son souhait. Il rencontre l’appétit médiatique pour le simplisme. Et c’est parti. Dommage pour l’information, comme très souvent lorsque la réalité est fortement contrastée et ne peut donc s’analyser et se présenter que sous une forme nuancée.

Avis au lecteur : cet article ne comporte aucun argument « pour » ou « contre » l’énergie nucléaire. Il peut donc être lu sans crainte par les militants des deux camps. Il ne contribuera qu’à leur niveau d’information sur ce qui existe.

Sans baratin

Mais commençons par régler son compte à « l’hiver nucléaire ». Sans baratin. Juste une liste de faits récents qui contredisent l’affirmation.Les deux réacteurs chinois Hualong One de Karachi, l’un est déjà relié au réseau électrique, l’autre (premier plan) est en phase finale de construction. (Image: CNNC)

Le 18 mars dernier, à 21h37 heure locale, le réacteur Kanupp-2, à Karachi au Pakistan, avait sa première connexion au réseau électrique du pays. Un réacteur dont la construction avait commencé en août 2015. De 1100 MW de puissance électrique. De technologie chinoise, développée à partir des réacteurs français de 900 MW, c’est le premier réacteur de 3ème génération baptisé Hualong-One construit hors de Chine. Il devrait être le cheval de bataille des industriels chinois pour les décennies à venir. Pour l’accélération de la construction de réacteurs en Chine, qui deviendra en quelques années le plus gros producteur d’électricité d’origine nucléaire au monde. Le premier Hualong One, Fuqing-5, a été connecté au réseau novembre 2020. Mais aussi pour l’exportation. C’est ce réacteur qui est ainsi proposé par China General Nuclear et EDF pour le site de Bradwell en Grande-Bretagne.

Kakrapar

Les reacteurs Kakrapar-3 et Kakrapar-4 en Inde. (Image: NPCIL)

Le 10 janvier 2021, c’était Kakrapar-3, un réacteur à eau lourde de conception indienne de 630 MWe, qui était relié au réseau électrique, après un premier béton coulé en 2010. Il se trouve dans le district de Surat (Gujarat). A sa mise en service, le gouvernement indien a salué cet exemple de «make in India». L’Inde prévoit de construire 21 nouveaux réacteurs, dont 10 du type de Kakrapar, d’ici 2031.

Le 22 mars dernier, le réacteur VVER-1200 Leningrad II-2 est entré en service commercial. Ce réacteur de 3ème génération remplace un vieux RBMK arrêté après 45 ans de fonctionnement. Rosatom s’est lancé à l’exportation avec le VVER-1200 et construit une centrale de quatre réacteurs à Akkuyu en Turquie dont le premier béton date de 2018 pour le premier, le chantier du dernier devant démarrer en 2022. Le temps moyen de construction est estimé à 5 ans et les mises en service devrait s’étaler de 2023 à 2026. Au Bélarus (ex Biélorussie), un VVER-1200 amélioré est entré en service en novembre 2020 et atteint sa pleine puissance en janvier dernier, un deuxième est sur le point d’être couplé au réseau.

A cette occasion, Rosatom souligne ses projets en Egypte, Finlande et Hongrie. Pour sortir du charbon et remplacer ses vieux réacteurs, la Hongrie, dont l’électricité est nucléaire à près de 50%, prévoit en effet la construction de deux réacteurs VVER-1200 à Paks, à 100 km de Budapest. En Russie, ce réacteur sera un des moyens d’atteindre l’objectif gouvernemental de hisser la part du nucléaire de 20% – avec 38 réacteurs en opération – à 25% d’ici 2045 (15% en 2000). D’où la perspective de construire 24 nouveaux réacteurs, en plus des trois en construction, annonce Rosatom.

BarakahLe réacteur n°2 de la centrale de Barakah aux Emirats Arabes Unis. (Image: ENEC)

En août 2020, aux Emirat Arabes Unis, le premier des quatre réacteurs prévus à la centrale de Barakah a été mis en service. Cette centrale est construite par les industriels coréens (Kepco). Le deuxième réacteur a été chargé en combustible nucléaire le 15 mars dernier.

En Europe, la construction des deux réacteurs EPR de la centrale de Hinkley Point, par EDF, se poursuit malgré les ralentissements dus à l’épidémie de Covid-19. En contraste avec les chantiers cauchemardesques des EPR d’Olkiluoto et de Flamanville. L’EPR finlandais vient toutefois de recevoir l’autorisation de charger son combustible nucléaire et devrait démarrer début 2022. Le démarrage de Flamanville est prévu pour 2023 aprèsle feu vert de l’Autorité de Sûreté Nucléaire pour la réparation des soudures non conformes par un système robotisé.Salle de commande du réacteur à neutrons rapides chinois CEFR. (Image: CIAE)

Il serait possible de continuer cette liste de faits encore longtemps, avec des investissements, des recherches sur des nouveaux types de réacteurs (les SMR, Small modular reactor, qui font l’objet d’une forte mobilisation aux Etats-Unis (ici aussi avec Nuscale), au Canada, et en Grande-Bretagne, les réacteurs à neutrons rapides en fonctionnement ou en construction en Russie et en Chine). Mais arrêtons là, et considérons que ces faits suffisent : non il n’y a pas de glaciation mondiale de l’industrie électronucléaire.

Se porte t-elle bien pour autant ? La seule réponse correcte et sincère à cette question est celle d’un normand : ça dépend. De qui et de quoi vous parlez.

situation indécise

Car la réalité actuelle de l’industrie nucléaire mondiale est la juxtaposition de trajectoires divergentes, stables ici, en suspens de décisions là, en chute libre là, et en croissance vigoureuse ailleurs. Et comme les lieux de chute libre et de croissance vigoureuse ne sont pas de même importance – dans les deux cas petits ou grands pays – le bilan final n’est pas aisé à décrire. Surtout lorsqu’il faut soigneusement distinguer le présent et le futur.
La répartition des réacteurs nucléaires dans le monde (source).

Le présent, c’est la production d’électricité nucléaire : au plan mondial, elle est stable depuis longtemps, les arrêts de réacteurs étant compensés par les mises en service. Donc, pas « d’hiver nucléaire » là non plus. Pas de croissance itou.


L’évolution de la production d’électricité d’origine nucléaire dans le monde, par régions, depuis le début. Noter la courbe d’Asie qui montre que les arrêts des réacteurs japonais après l’accident de Fukushima Dai Ichi en 2011 ont été totalement compensés par les mises en service en Chine qui a multiplié par 5 sa production depuis 2011. Source ; PRIS

Le futur ce sont les arrêts inéluctables des réacteurs actuels, même si aux Etats-Unis des autorisations pour 60 ans de fonctionnement, voire plus, sont accordées, et la construction de nouveaux. Les seconds seront-ils plus nombreux, ou leur production plus importante, que les premiers ? Mycle Schneider prétend savoir que non. Il suffit de jeter un œil sur les projections de l’Agence internationale de l’énergie atomique pour vérifier qu’il s’agit d’une prétention sans fondement.

Les scénarios de l’AIEA pour le futur de l’électronucléaire mondial.

Aujourd’hui, personne ne sait si, dans 30 ans, la production électronucléaire sera égale, moindre ou supérieure à l’actuelle. Et cette incertitude est encore plus grande pour la suite. Mais on sait déjà que les gouvernements de pays comportant près de la moitié de l’Humanité – Chine, Inde, Russie – ont décidé de faire croître vigoureusement leurs parcs de réacteurs nucléaires et s’en donnent les moyens. Opiner que, malgré cela, le nucléaire va inéluctablement décliner, voire disparaître, est donc très imprudent.

Technologies vertesEn Pologne, la centrale de Belchatow, qui émet près de 40 millions de tonnes de CO2 par an en brulant du charbon.

La situation de l’Europe est très illustrative de cette situation indécise. L’Union Européenne discute en ce moment même pour savoir si l’électronucléaire doit faire partie des technologies « vertes », favorables au climat, encouragées par des mécanismes de soutien communautaire. Certains pays, ceux qui n’ont pas ou ont abandonné cette technologie (Allemagne, Italie, Espagne…) le refusent logiquement. Ils sont majoritaires. Mais sept chefs d’Etat et de gouvernement – France, Pologne, République Tchèque, Hongrie, Slovénie, Roumanie, Slovaquie – viennent d’écrire à la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen pour réclamer l’inclusion du nucléaire dans les technologies climato-compatibles à soutenir. Sans le Brexit, il faudrait y ajouter la Grande-Bretagne.

Cette situation contrastée implique que celle des entreprises l’est également. Qu’il s’agisse des électriciens – ceux qui exploitent les réacteurs et vendent l’électricité. Ou des constructeurs. Pour les premières, c’est l’état de leur parc de production, mais surtout les politiques publiques de la gestion du secteur électrique qui déterminent leur situation (comme l’obligation faite à EDF de vendre le quart de son électricité nucléaire à ses concurrents à un prix fixé par l’Etat et stagnant depuis des années). Les entreprises constructeurs dépendent bien sûr des carnets de commandes. Celles des pays où le nucléaire croît sont évidemment en pleine forme. Celle des pays où il décroît ou qui ne peuvent s’appuyer que sur des carnet riquiqui ou imprévisibles sont à la peine. Soulignons le décalage entre les deux activités : dans les années 1990/2000, EDF est en pleine forme en exploitant son parc nucléaire tout neuf construit entre 1973 et 1991, mais la fin de la période de construction a condamné les constructeurs, privés de commandes, à faire faillite.

bas-carbone

Mycle Schneider utilise abondamment la comparaison avec la croissance mondiale vigoureuse des énergies renouvelables, asséné comme la « preuve » de l’hiver atomique. Il est peu pertinent. Tout simplement parce qu’il y a la place pour une croissance mondiale extrêmement vigoureuse à l’avenir aussi bien du nucléaire que des ENRI – les énergies nouvelles renouvelables intermittentes comme le photovoltaïque et l’éolien – et de l’hydraulique.
Des centaines de millions de personnes n’ont toujours pas l’électricité chez elles, et des régions entières n’ont qu’un accès rare et cher. Graphique piqué sur le site d’Alternatives économiques ici.

Trois raisons justifient cette affirmation. D’abord, l’objectif de substituer de l’électricité bas-carbone à celle obtenue à partir de charbon et de gaz est si gigantesque que le nucléaire peut se développer très fortement… même en ne captant qu’une part modeste de cette substitution dans les prochaines décennies. Ensuite, la part de l’électricité (bas carbone !) dans l’énergie utilisée doit augmenter afin de décarboner les transports, les processus industriels ou le contrôle thermique des bâtiments si l’on veut atteindre les objectifs climatiques de l’Accord de Paris. Enfin, à plus long terme, le même raisonnement s’applique à la satisfaction des besoins immenses en électricité des pays et des populations encore peu alimentés (voire pas du tout pour des centaines de millions de personnes, en Afrique notamment). L’essor des ENR n’est donc pas incompatible avec une augmentation considérable de l’électronucléaire. Le printemps ou l’été de l’un ne signifie pas l’hiver de l’autre.

Sylvestre Huet

Bercy annonce une cure d’austérité pour les 5 prochaines années





La trajectoire budgétaire que compte suivre le gouvernement annonce le retour du dogme du 3 % de déficit, l’instauration d’une « règle d’or » et une nouvelle révision des politiques publiques.


Fini le « quoi qu’il en coûte ». L’heure est venue pour les Français de passer à la caisse. Or, l’addition s’annonce salée.

Le ministère des Finances vient de transmettre ses prévisions de trajectoire budgétaire au Haut conseil des finances publiques (HCFP). Selon la feuille de route fournie par Bercy, le gouvernement compte asséner un remède de cheval à la dépense publique en ramenant le déficit public de 9,2 % l’an dernier à 2,8 % du produit intérieur brut en 2027.

Après avoir été mis entre parenthèses par la crise sanitaire et économique, le dogme du 3 % de déficit contenu dans le traité de Maastricht refait donc son grand retour.

À rebours des Etats-Unis

L’objectif du gouvernement est de serrer la vis budgétaire afin de réduire la dette publique. En une année sous Covid-19, celle-ci s’est envolée à 115,7 % du PIB et devrait atteindre 118,3 % en 2025, avant de baisser très légèrement à 118,2 % en 2026 puis de redescendre à 117,7 % en 2027.

En adoptant cette trajectoire, la France est à rebours du grand plan de relance de l’économie des Etats-Unis, annoncé par Joe Biden, qui fait largement appel à l’endettement public puisque les taux d’intérêt sont historiquement bas.

Ce carnet de route va être présenté en Conseil des ministres la semaine prochaine, puis transmis à la Commission européenne dans le cadre du


programme de stabilité fourni tous les ans par les États membres. Le gouvernement compte ainsi retrouver les faveurs de Bruxelles, six mois avant que la France prenne la présidence tournante de l’Union européenne.

« Nous nous donnons cinq ans pour rétablir les finances publiques françaises », affirme le ministère de l’Économie, qui défend un objectif « ambitieux » mais aussi « le choix de la sincérité et de la responsabilité ».

Instauration d’une règle d’or

Le gouvernement est prêt à verrouiller ce tournant de rigueur en soutenant le futur projet de loi organique sur la gestion des finances publiques, dans les cartons de Eric Woerth (LR), président de la commission des finances à l’Assemblé nationale et de Laurent Saint-Martin, rapporteur général du budget.

Une fois votée, cette loi instaurant une « règle d’or » de rigueur budgétaire, contraindrait les gouvernements suivants à tenir ces objectifs austéritaires.

Pour respecter ses engagements de dépenses publiques, le gouvernement espère une croissance soutenue. Après la récession historique de 2020 (-8,2 %), il table sur un retour en 2022 de l’activité à son niveau d’avant crise (+4 %), puis 2,3 % en 2023, 1,5 % en 2024, avant une stabilisation à 1,4 % par an à partir de 2025.

De quoi assurer des rentrées fiscales suffisantes, croise les doigts Bercy, qui n’entend pas augmenter les impôts des particuliers les plus aisés ni ceux portant sur les entreprises. Là encore, la France se comporte à rebours des Etats-Unis qui ont annoncé une augmentation des impôts sur les sociétés pour financer le plan Biden.

Coupes dans les dépenses

Mais cette croissance soutenue ne suffira pas. Le budget de l’État sera donc converti à des politiques de rigueur. Pas d’autre argent public pour soutenir l’économie que les 100 milliards d’euros du plan de relance déjà annoncés pour les deux prochaines années.

Les dépenses publiques seront ramenées à une hausse de +0,7 % par an en moyenne (hors dépenses d’urgence et de relance) jusqu’en 2027, contre une hausse de 1 % par an entre 2017 et 2019, et de 1,4 % par an durant la décennie 2 010. Pour cela, Bercy annonce déjà une nouvelle grande revue des politiques publiques, en vue de choisir celles qui lui semblent prioritaires.

Après une pause due au Covid-19, les coupes claires dans la fonction publique devraient donc reprendre. Le gouvernement répond aux besoins de services publics qui se sont fait jour depuis l’irruption du coronavirus par de nouvelles contractions de l’intervention publique.

C’était le sujet de la Convention managériale de l’État qui s’est tenue jeudi. L’attention médiatique s’est portée sur l’annonce de la suppression de l’ENA.

Mais dans son discours, Emmanuel Macron a demandé à accélérer la mise en pratique de la Loi Dussopt de 2019 dite de Transformation de la fonction publique de 2019, avec notamment de nouvelles suppressions d’organismes publics.

Stéphane Guérard

Article publié dans l'Humanité                                              par Front de Gauche Pierre Bénite


VLOG 8 : En soutien des fonderies de Bretagne


"𝐼𝑙𝑠 𝑛𝑒 𝑙𝑒𝑢𝑟 𝑎𝑝𝑝𝑎𝑟𝑡𝑖𝑒𝑛𝑡 𝑝𝑎𝑠 𝑙’𝑜𝑢𝑡𝑖𝑙 𝑖𝑛𝑑𝑢𝑠𝑡𝑟𝑖𝑒𝑙, 𝑙𝑒𝑠 𝑚𝑎𝑐ℎ𝑖𝑛𝑒𝑠, 𝑐𝑒 𝑞𝑢𝑒 𝑣𝑜𝑢𝑠 𝑓𝑎𝑖𝑡𝑒𝑠 𝑖𝑐𝑖, 𝑐̧𝑎 𝑣𝑜𝑢𝑠 𝑎𝑝𝑝𝑎𝑟𝑡𝑖𝑒𝑛𝑡 !" 

𝗣𝗢𝗜𝗚𝗡𝗔𝗡𝗧 𝗗𝗜𝗦𝗖𝗢𝗨𝗥𝗦 𝗗𝗘 𝗙𝗔𝗕𝗜𝗘𝗡 𝗥𝗢𝗨𝗦𝗦𝗘𝗟 𝗗𝗔𝗡𝗦 𝗖𝗘 𝗩𝗟𝗢𝗚 𝟴

Revenu universel, salaire à vie, sécurité de l’emploi et de formation ?

 Revenu universel, salaire à vie, sécurité d’emploi et de formation sont en discussion à gauche pour répondre aux évolutions du travail. Où se situe l’enjeu du débat ? L’enjeu, c’est la réussite ou l’échec de la rupture avec le capitalisme. 



Dans la continuité de la pensée de Marx et avec les acquis du mouvement populaire et de la réflexion théorique depuis, l’objectif de la transformation à réaliser est de dépasser le capitalisme et son élément central : le salariat. 
C’est en cela que l’idée de prétendre rompre avec le capitalisme en instituant un salaire à vie est antinomique avec la pensée de Marx et totalement contradictoire. 
Dans Le Capital, Marx affirme que la vraie vie commence pour l’ouvrier lorsqu’il quitte son activité de salarié. C’est pour cela qu’il considère que « la réduction de la journée de travail est la condition fondamentale » de cette libération. 
La baisse du temps de travail et la sécurité d’emploi et de formation sont dans le fil de cette pensée. La possibilité de donner à chacun le droit de passer d’un emploi à un autre, sans subir le chômage, et si besoin est de bénéficier d’une formation rémunérée, se situe dans cette visée communiste d’un dépassement du capitalisme et du salariat. 
L’éradication du chômage et le droit à une formation rémunérée ouvrent la possibilité de participer à une activité non marchande, au cours de laquelle le travailleur n’a pas à vendre se force de travail, à exercer une activité salariée. Ce sont là des vecteurs majeurs du dépassement du capitalisme, un projet de société. Cela nécessite des mesures économiques, financières, monétaires, des droits nouveaux à l’entreprise et dans la société pour rendre possibles ces conquêtes. 

Et le revenu universel ? 
Plutôt que de se demander quel serait l’intérêt d’un revenu attribué à tout individu quelle que soit sa situation, revenu qui risque d’être très insuffisant pour des millions de personnes, mieux vaut s’interroger sur les raisons qui font que tant de personnes sont dans la pauvreté, le chômage, occupent des emplois précaires, ne bénéficient pas d’un revenu décent. 
Tout donne à penser que l’insuffisance ou l’absence de revenu, pourtant indispensable à un véritable développement humain, est liée à la façon dont les revenus sont créés. 
Pour quelle raison des millions de travailleurs au chômage sont-ils exclus de l’acte productif et sont de ce fait écartés également d’une juste répartition des richesses qu’il permet de créer ? 
La raison en est la volonté obsessionnelle des capitalistes de réduire le coût du travail pour augmenter leurs profits. 
En s’attaquant à ce coût du capital, on peut créer les conditions pour que tout un chacun participe à la création des richesses ou puisse bénéficier d’une formation rémunérée en vue d’occuper un nouvel emploi. En sécurisant l’emploi on sécurise les revenus.

Pierre Irova est journaliste économique et chroniqueur pour « l’Humanité ».