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LIBERTE HEBDO N° 1516: EDITO DE PHILIPPE


FABIEN ROUSSEL : UN POSITIONNEMENT QUI POURRAIT CREER LA SURPRISE 

Nageons-nous en plein délire ? 
Au fur et à mesure que Fabien Roussel s’exprime et affiche sa détermination pour cette campagne, pour son idée de la politique, voilà qu’une partie de la gauche et des Verts essaie de le discréditer en lui collant une étiquette de réac’. 
Une seule phrase, sans aucun doute sortie très naturellement un dimanche midi, lors d’un journal télévisé de France 3, aura servi à mettre le feu aux poudres. Ou plutôt à déclencher une polémique parfaitement ridicule. « Un bon vin, une bonne viande et un bon fromage, c'est la gastronomie française. Et le meilleur moyen de la défendre, c’est de permettre aux Français d'y avoir accès. »

Depuis, il est invité à la commenter partout.

Cela ne le gêne pas, bien au contraire. Il va même jusqu’à se rendre à l’école de boucherie, à Paris, pour en rajouter une couche et, pourquoi pas, se moquer de ses adversaires. Car certains n’ont pas hésité à voir dans ses propos ceux d’un franchouillard raciste. 
Le journaliste Daniel Schneidermann, qui fut mieux inspiré mais c’était il y a longtemps, est allé jusqu’à le traiter de « lepéno-zemmourien ».

C’est dire si ses détracteurs sont coupés du peuple et des réalités.

Comme le rappelle justement le candidat communiste, qui ne se démarque donc pas que sur la question du nucléaire ou de la sécurité, de nombreuses personnes vivent dans la précarité, voire dans la pauvreté
et ne peuvent ni manger à leur faim, ni se loger correctement, ni se chauffer. « Manger à sa faim, c’est un projet révolutionnaire », a-t-il rappelé lors de la présentation de son affiche de campagne, ce lundi 17 janvier.

Dès lors, ce positionnement ferme, mais pas entêté, qui étonne la droite, pourrait fort bien créer la surprise. 
En proposant aux Français et aux Françaises « d’ouvrir un nouveau chemin », en s'adressant à la fois aux ouvriers, aux ingénieurs, aux artistes, aux enseignants, aux retraités, etc., il ne fait jamais que leur proposer d’être enfin entendus dans un monde de plus en plus sourd aux réalités sociales.

LIBERTE HEBDO 1513: EDITO DE PHILIPPE



BONNE ANNÉE, TOUT DE MÊME ! 

La gestion de la crise sanitaire ne constituera certainement pas le meilleur souvenir du gouvernement Castex. Pas plus d’ailleurs que pour le gouvernement précédent d’Édouard Philippe. 
Hésitations, communication hasardeuse, impression de flou, menaces... 

Depuis le 27 décembre, nous voilà donc partis vers une logique de vaccination obligatoire qui se cachera derrière la transformation du passe sanitaire en passe vaccinal. Il y a largement de quoi raviver la méfiance et la colère à la fois des anti-vax et des anti-passe.

IL apparait clair que le Covid et ses virus mutants vont nous pourrir la vie encore longtemps. Les « vagues » n’ont sans doute pas fini de se succéder et les rappels de vaccination ne vont pas s’arrêter à une troisième, voire à une quatrième dose. 
L'impossibilité d’anticiper sur l’évolution de la pandémie crée la peur. Qu’est-il besoin d’ajouter de la suspicion et de l’angoisse avec une obligation vaccinale ? 
On voit déjà comment certains politiques s'emparent de l'affaire en prônant, par exemple, une médecine à deux vitesses : les malades non vaccinés paieront, les malades vaccinés continueront à bénéficier de la protection sociale. 
Une telle proposition, fort heureusement rejetée, vient d’être faite par le député LR du Nord, Sébastien Huyghe, qui voulait instaurer une franchise sur les frais de maladie à payer pour les personnes non vaccinées et contaminées par le Covid. 
C’est bien le danger que cache le passe vaccinal : la création de deux catégories de citoyens : les vaccinés et les non vaccinés. Avec évidemment la transformation des seconds en boucs- émissaires.

 C'est essentiellement pour cette raison que les parlementaires communistes et insoumis ne voteront pas le texte qui sera examiné à l’Assemblée nationale à partir du 3 janvier puis au Sénat à partir du 5 janvier.

Il serait bien plus essentiel, pour le gouvernement, de se pencher sérieusement sur la situation catastrophique des hôpitaux et des personnels soignants, d’une part, et sur la levée des brevets détenus par les grands laboratoires, d'autre part. De toute façon, rien ne pourra être réglé tant que l'ensemble des habitants de la planète n’auront pas accès à la vaccination.

En raison de cette crise sanitaire et de sa gestion par le gouvernement, avec ses tentations autoritaristes, les Françaises et les Français ont passé une triste année 2020. Pourtant, la pandémie et les polémiques autour des passes et de la vaccination ne sont pas les seules raisons ni les seuls dangers

susceptibles de nous inquiéter. La situation sociale, les reculs en matière de services publics, les atteintes à notre système de protection sociale, les menaces contre nos libertés (nous pensons par exemple à la loi Sécurité globale ou à celle sur le séparatisme) sont autant de signaux défavorables qui doivent interroger nos consciences.

Il en est d’autres encore. Larrivée d'Éric Zemmour dans la campagne pour la présidentielle n'est que l’arbre qui cache la forêt. Le racisme décomplexé qu’il affiche, le repli identitaire qu’il défend, la violence qu’il promeut sont évidemment épouvantables. Il n’est pas seul. Marine Le Pen, bien sur, reste plus que jamais en embuscade. La droite dure qui relève la tête n’est pas plus rassurante.

A quel avenir peut-on rêver dans un monde où l’on méprise les pauvres et où des personnes qui n'ont d’autre choix que l’exil peuvent souffrir et mourir dans l’indifférence quasi-générale ? 

À quoi peuvent rêver les jeunes quand on leur bouche tout horizon ?

En regardant vers les mois qui s’ouvrent, souhaitons- nous une bonne année. Certes. Mais soyons surtout très vigilants à l’égard de ces aigles noirs qui menacent notre société et notre démocratie.


LIBERTE HEBDO N° 1512, EDITO DE PHIIPPE

                   

QUE TENTE DE TENTER TAUBIRA ?

Nous avions failli oublier qu’elle fut le soutien de feu Bernard Tapie. Nous avions failli oublier qu’elle fut candidate PRG à l’élection présidentielle. C’était en 2002 (2,32 % au premier tour et défaite de Jospin). 

Nous avions failli oublier qu’elle fut balladurienne. Le temps passe, la mémoire citoyenne fait parfois dans l’impasse. Nous n’oublions pas, évidemment, qu’elle fut militante indépendantiste. Nous n’oublions pas qu’elle est à l’origine de la loi tendant à la reconnaissance de la traite et de l’esclavage en tant que crime contre l’humanité. 
Elle était alors députée et Éric Zemmour la vouait déjà aux gémonies. Nous n’oublions toujours pas qu’elle fut la garde des Sceaux qui a défendu le projet de loi ouvrant le mariage et l’adoption aux couples de personnes de même sexe. 
Une intellectuelle d’une grande éloquence décidément détestable pour Zemmour. Reste que ce dernier fait d’arme date déjà un peu. Christiane Taubira s’était mise en retrait de la vie politique depuis cinq ans. 

Courtisée par quelques inquiets nostalgiques d’une gauche centriste qui penche nettement à droite (c’est sa vocation), courtisée par les médias dominants qui adorent les nostalgiques à la recherche d’une survivance, Christiane Taubira revient sous les projecteurs. 
D’abord, elle affirme que non, jamais, elle ne présentera une énième candidature « de gauche » à la présidentielle de 2022. L’affaire est alors entendue. La brillante Christiane ne prendra pas la responsabilité d’une dispersion qui aboutirait au duel tant redouté du second tour entre Macron et Le Pen.

Voilà alors que surgit, hors de la réalité, le héros mal masqué. Avec l’entrée en scène du très morveux Zemmour, la donne change puisque, paraît-il, il déstabilise Marine Le Pen. Ainsi, le duel n’est plus d’actualité. Qu’à cela ne tienne, Taubira revient sur sa décision et va décider plus tard, en janvier peut- être, de sa décision. Ce faisant, elle agace beaucoup de monde d’autant qu’elle n’a jusqu’à présent que sa tête - et sa divine aura - à présenter. De programme, point. À part un passif en politique sociale du temps de Hollande, Ayrault et Valls. 

À part aussi ses prises de position contre la vaccination en Guyane avant d’opérer une remarquable volte-face. 
Problème : la gestion des horloges façon Mme Taubira apparaît bien contestable. Le pitoyable Zemmour s’essouffle et se fait dépasser, selon les sondages bien sûr, par sa concurrente fasciste. Une fois de plus, à se contenter de commenter des sondages et en oubliant le fond, c’est-à- dire les idées, on se plante.

Mais, allons-nous tenter de demander, que tente donc de tenter Taubira ? 
Elle l’a dit : elle veut raccommoder l’union à gauche afin de n’avoir qu’un candidat (ou une candidate...) contre les méchants. Belle idée. Comme au Chili ? 
Voilà qui reste à démontrer. La victoire de Gabriel Boric, bien-sûr candidat de la coalition Apruebo Dignidad, a bénéficié de la contribution essentielle du Parti communiste chilien. 
Cela n’a rien à voir avec une union de circonstance, brinquebalante et de dernière minute qui porte les gènes du renoncement et d’une social-démocratie à la remorque d’un libéralisme mortifère.


LIBERTE HEBDO 1511. EDITO DE PHILIPPE.



NOUVEAU SOUFFLE POUR UNE CAMPAGNE PORTEUSE D’IDÉES

Une campagne électorale peut-elle vivre sans les instituts de sondage ? 

Il est bien difficile de voir un candidat à la présidentielle bloqué sur un chiffre très bas d’intentions de vote alors qu’il démontre tous les jours sa capacité à développer et à défendre des idées favorables aux classes populaires. 
C’est le cas bien sûr de Fabien Roussel, candidat communiste à qui les cassandres et autres pleurnicheurs veulent dénier le droit de maintenir une candidature pourtant décidée par une forte majorité des militants.

L’élu nordiste a au moins réussi une performance : être invité sur le journal de France 2, la grand-messe, et tenir tête avec aplomb et arguments à trois journalistes pourtant peu décidés à lui faire le moindre cadeau.

Un communiste sur le plateau d'un JT pendant 20 minutes, cela ne s’était pas vu depuis 15 ans. La performance n’est pas tant de s’être assis autour de cette belle table que de hisser haut et clair les couleurs du Parti communiste français, de le sortir de l’oubli et du mépris dans lequel le système politique et les médias dominants l’avaient enfermé, d’aligner calmement des idées nécessaires à cette France qui souffre, qui se « lève tôt » mais gagne peu, qui ne peut vivre dignement, qui est souvent privée de travail.

Réindustrialiser le pays en faisant notamment revenir les entreprises chez nous (et non laisser faire les délocalisations désastreuses auxquelles nous assistons depuis si longtemps), défendre très concrètement le pouvoir d’achat, contrôler nos besoins énergétiques, empêcher les évasions fiscales, donner la priorité à la jeunesse, etc.

Pour le candidat communiste, maintenant habitué des plateaux télé et des studios radio, la chose n’était pourtant pas gagnée cette fois-ci.
 L’agressivité des journalistes était patente. « Comment allez-vous payer ? Où irez-vous chercher l’argent ? »... et summum de la question ridicule et hors de propos : « Si vous êtes élu président de la République, votre exemple s’appellera-t-il Xi Jinping ?» 

On sait par ailleurs l’amour que développent ces interviewers de bureau pour la liberté dès lors qu’il s’agit, par exemple, de dénoncer le blocus dont souffre Cuba depuis 60 ans. Pour l’heure, le sujet qui fait peur, qui doit faire peur, c’est la Chine. Peu importe alors les enjeux d’une candidature à la présidence française !

France 2 peut être fière et ne s’en gêne d’ailleurs pas : le score d’audience réalisé par le candidat de la vraie gauche dépasse toutes les prévisions : 4,1 millions de téléspectateurs, bien plus que les 3,8 millions pour Emmanuel Macron le lendemain sur TFl. 
Mais ce n’est vraiment pas ce qui est important. Quand on parle aux gens et qu’on leur parle de leurs préoccupations, on les intéresse. 
C’est ce que fait Fabien Roussel. Sa campagne peut prendre un nouveau souffle.

LIBERTE HEBDO N° 1509. EDITO DE PHILIPPE

                
Pour les libéraux qui nous gouvernent et les faiseurs d'opinion qui les accompagnent et les soutiennent, le 1er décembre est une date bénie .
D'abord, ce premier jour de décembre signe, comme une claque aux privés d'emploi, l'entrée en vigueur du dernier volet de la réforme du chômage.
Désormais, un demandeur d'emploi doit avoir travaillé au moins six mois sur les vingt-quatre derniers mois pour être en « droit » de toucher une indemnisation chômage.
Cest vrai qu'il s'agisse d'une ouverture de droit ou d'un rechargement de ces droits. Bigre, l'hiver sera terriblement rude pour nombre d'entre eux.
Gare à celles et ceux dont le contrat de travail a pris fin à compter du 1er décembre... Elles et ils vont détester Florence, cette sainte qui n'y est pourtant pour rien.
Quant à celles et ceux qui ont gagnent plus de 4500 euros brut par mois, leurs indemnités seront réduites dès le neuvième mois de chômage. Évidemment, on pourra toujours dire que 4500 euros, ce n’est pas trop mal, surtout par rapport à un smicard.
Oui, sauf qu’il ne faut pas prendre les droits au chômage pour le droit au travail. Il est temps de cesser avec cette ignominie consistant à clamer que les chômeurs ont choisi leur état et n'ont pas envie de travailler. Cela, c'est un argument de riche.

Quant au smicard, parlons-en. Le smic est plus élevé que celui qui touche un minima social de type RSA. Est-ce une raison pour s'en contenter et dire " merci patron " ? Certainement pas.
Le Smic doit être non seulement revalorisé, en fonction de l'inflation, mais aussi augmenté.
Le candidat Fabien Roussel ne manque pas une occasion de le dire et de le répéter : les moyens existent. Sauf que les trop chers libéraux qui nous gouvernent commencent par nier être "libéraux " et poursuivent en refusant d'augmenter le salaire minimum.
Notre oonfrère - très libéral- "L'Opinion" vient du reste d'argumenter sur la question. Pour lui, les promesses de campagne en faveur d'une hausse rapide et conséquente du Smic ne deviendront audibles que lorsque le plein emploi aura été atteint. Ah bon ?
Pour ce journal, ce n'est pas la faiblesse des rémunérations qui explique le manque d'attractivité de certains secteurs, c'est plutôt le manque de perspectives dévolution de carrière et / ou les conditions de travail.
Tiens donc. Mais alors, pourquoi la réforme du chômage, qui s'en prend aux plus précaires, aux contrats courts, veut- elle forcer ces derniers à accepter n'importe quel emploi?
Dont ceux, notamment, qui offrent peu de perspectives d'avenir et dont les conditions de travail ne sont pas particulièrement faciles ?
N'est-il pas évident et la crise sanitaire l'a démontré s'il en était besoin, que les emplois les plus pénibles, et passant pour très modernes, ont explosé.


Nous voulons parler des livraisons uber, des transporteurs a vélo. etc. bref de toutes ces personnes que l'on enferme, pour un temps au moins, dans un boulot très précaire et très souvent dangereux pour leur santé, pour leur existence. Quant à dire si ces prolétaires sont concernés par une hausse hypothétique du smic, encore faudrait-il qu'ils ne touchent pas une rémunération inférieure. Or on sait que le principe de l'ubérisation s'accorde mal du salaire avec ses cotisations sociales.

Laissons encore s'exprimer le quotidien LOpinion : « (...) La priorité est plutôt de lutter contre le décrochage scolaire, d'orienter les jeunes vers les diplômes assurant des débouchés, de rendre leur utilité aux milliards de la formation professionnelle, de faciliter la mobilité géographique des demandeurs d’emploi, de s'assurer que les prestations sociales ne dissuadent pas de prendre un travail de simplifier l'embauche...
Nous y voilà. Il faut selon La théorie libérale, lutter contre la fainéantise dès la base, c est-à-dire dès l'enfance. Qu'ils bossent, les gamins, qu'ils s'accrochent quoi qu'il arrive, ces graines de chômeurs ! Et puis, qu'ils optent pour des débouchés qui les rendront utiles, bref, qu'ils ne coûtent pas trop cher à 1a Nation ! Pourquoi ne pas écrire carrément qu’il faut fabriquer une élite et que les autres n'ont qu'à bien se tenir là où on leur consentira un revenu à la hauteur de leur travail de misère ?
Quant aux cotisations sociales, le fameux salaire « chargé » (que nous préférons appeler ici le salaire net et le salaire différé), nous avons bien compris que le libéralisme le vomit.


Notre opinion à nous est qu'il ne faut pas abandonner l'idée d'une augmentation automatique du smic et d'une progression forte et rapide.
C'est d abord affaire de justice sociale. Mais pas seulement. Comment demander à une personne qui gagne à peine de quoi se nourrir , qui doit compter sou par sou une fois le loyer, les charges locatives et la facture énergétique payés, de participer à l économie et à sa croissance ?
Le travail est un droit et il mérite une rémunération juste pour une vie digne.
Ce n'est décidément pas ce que pensent les décideurs qui préfèrent réduire les impôts d'entreprises pour favoriser les revenus financiers.
Ce n'est pas ce que pensent ceux qui refusent de rétablir un impôt véritable sur les grandes fortunes


LIBERTE HEBDO N°1508, EDITO DE PHILIPPE



LES LARMES DE NATACHA 

Mercredi soir, 24 novembre au Journal télévisé du service public. Natacha Bouchart, maire de Calais, apparaît bouleversée en commentant le drame qui vient de se dérouler au large des côtes de sa villa 27 migrants sont morts dans les eaux glacées de la mer du Nord. 
« Migrants » avec enfants. Oui, il y avait des enfants. 
Car on peut être « migrant » dès plus jeune âge. « Migrant » n’est pas un état Cest une conséquence. Une conséquence de l’exil forcé. Une personne qui doit s’exiler pour cause de guerre, pour cause de conditions de vie impossible, pour cause de rien, c’est une personne qui souffre. 
Chez un adulte au visage buriné, la souffrance se voit-elle moins que sur celui du visage d’un petit cadavre gonflé d’eau ? 
Natacha Bouchait peut bien pleurer. Le ministre Darmanin peut bien montrer sa tête d’enterrement. Ce drame horrible, qu’ils ne peuvent de toute façon assumer, est quand même de leur faute. Leurs larmes, leur émotion, ne saurait nous émouvoir. Car être humain, cela ne se commande pas sur les touches d’un smartphone. Être humain, cela vient des profondeurs, pas de la technologie ou de la technocratie.

Madame Bouchart, Monsieur Darmanin, vos larmes n’attirent pas les miennes. Elles sont sèches depuis trop longtemps déjà il faut dire qu’elles ont eu le temps, pendant que vous concoctiez, chacun de votre côté, vos petits plans libéraux. 
Ceux qui font que le capital peut circuler librement. Mais pas les hommes, mais pas les femmes, mais pas les enfants. Aujourd’hui, vous et les vôtres allez-vous apitoyer sur des êtres que, jusqu’alors, vous comptiez. 
Combien de centaines, de milliers, de millions vont envahir notre paisible monde ? 

Paisible monde. Non, mais vous rigolez, les faiseurs de murs, les poseurs de barbelés ! Les « migrants », ils sont autour de vous. Ils et elles sont toutes celles et tous ceux que vous exploitez, la conscience enfouie dans votre poche. Ils sont le prolétariat que vous haïssez tant, que vous redoutez tant Non pas que « ceux qui passent », comme l’a si bien écrit une consœur journaliste dans un très beau livre où elle a rencontré des Humains (pas comme vous), sont des « prolos » chez eux. Mais lorsqu’ils touchent nos rivages, ils le deviennent ? Vous ne le saviez pas ? 

Aujourd’hui Madame et Monsieur que nous voyons à la télé, vous montrez des visages compatissants mais vous vous tournez tout de suite vers ceux qui sont les premiers coupables à vos regards : les passeurs.

Vous les avez fabriqué. Votre pensée, votre mode d’existence, votre égoïsme les ont fabriqués. Et aujourd'hui vous découvrez une trentaine de cadavres glacés et mouillés. Ils sont bien plus nombreux en Méditerranée. Et tellement gluants de pétrole que les sauveteurs ne savent les remonter. 
Cela, vous ne voulez pas le savoir. Madame Bouchart Monsieur Darmanin, ces hommes, ces femmes et ces enfants, vous ne les avez pas tués. Mais ils sont morts au large de nos côtes. 

S’ils pouvaient encore parler, ils vous demanderaient pourquoi vos hommes armés ont taillé dans leurs pauvres abris de toile, en plein hiver. Ils vous demanderaient pourquoi vous les avez empêché de se nourrir et de boire en empêchant les associations aidantes de faire leur travail (le vôtre). Ils sont morts, il y aura d’autres morts et vous accuserez encore les passeurs. Mais c’est votre faute.

LIBERTE HEBDO n° 1506: EDITO DE PHILIPPE


 


MACRON DE NOUVEAU EN MARCHE


Ils n’ont pas d’idées, alors ils se réfèrent à De Gaulle. » En s’en prenant ainsi à celles et ceux qui tentent de capter, de manière pathétique, l’héritage du général, Jean- Louis Debré pense d’abord aux candidats d’extrême droite à la présidentielle et à la maire socialiste de Fhris, par ailleurs candidate elle aussi. Il pourrait penser à de nombreux autres prétendants et il le fait certainement.

En intervenant à la télévision ce mardi 9 novembre, date anniversaire de la mort du premier président de la Ve République, Emmanuel Macron fait encore plus fort que ses futurs concurrents, avec toute l’hypocrisie qui lui appartient. Fhrlant seul, d’une voix calme - et un peu fatiguée - il était censé annoncer les mesures prochaines contre la cinquième vague de Covid. Il nous aura finalement peu dit, hors ce que nous savions ou supposions déjà très fort. Les plus de 65 ans et les plus fragiles devront se faire vacciner une troisième fois, sinon leur passe sanitaire ne sera pas renouvelé. Il a aussi appelé les anti-vax ou les non-vaccinés à se montrer

raisonnables. Il a annoncé une campagne de vaccination en direction des plus de 59 ans, etc. Rien de bien transcendant au final. On retiendra cependant qu’Emmanuel Macron cherche à se la jouer un peu général-président mais continue dans sa droite logique : il annonce des décisions prises et imposées en dehors de toute consultation des élus. Le Parlement ? Circulez, nous sommes pressés.

Pour la seconde partie de sa prestation, c’est encore autre chose. Il revêt cette fois les habits du candidat non encore déclaré et, surtout, disposant d’une audience exceptionnelle et d’une expression exempte de toute contradiction. Impossible de décompter ces vingt-sept minutes de son temps de parole en tant que candidat puisque, comme le troll fasciste, il ne l’est pas encore.

C’est pourtant un Macron en marche vers sa succession qui s’exprimait ce mardi. Il a même donné quelques points forts de son programme :

taxer moins le travail (vive le libéralisme), travailler plus, s’attaquer aux chômeurs plus qu’au chômage. Sur la santé, il rappelle s’être montré généreux avec les soignants ! Il propose la restauration de 500 établissements hospitaliers et la rénovation de milliers de maisons de retraites. Gageons que de nombreux pensionnaires de ces Ehpad, qui ont tant souffert durant les périodes de confinement, riauront pas le temps de lui dire merci.

Bref, le président est content de son bilan. Il faut donc le reconduire afin qu’il puisse mener à terme les réformes qu’il lui a fallu suspendre, comme celle des retraites. Rigide et droit dans les yeux des Françaises et des Fiançais. Pour ne surtout pas leur parler de leur pouvoir d’achat. Ce n’est pas la peine, « depuis quatre ans, le travail paye mieux », insiste-t-il. L’arrogance et la suffisance ne font heureusement pas un programme.



LIBERTE HEBDO N° 1503. EDITO DE PHILIPPE





UNE OCCASION MANQUÉE POUR LE PRÉSIDENT FRANÇAIS




Près de 60 ans après les accords d’Évian et l’indépendance de l’Algérie, les relations entre les deux pays sont plus tendues que jamais. La faute à qui ?

Au président français Emmanuel Macron qui aurait mieux fait de tourner sa langue à de nombreuses reprises dans sa bouche. Sa sortie, le 30 septembre, sur la « rente mémorielle » entretenue par le « système politico-militaire », une « histoire officielle » qui ne tient pas compte de la vérité, et une non- existence de la nation algérienne avant la colonisation française a fait l’unanimité contre lui en Algérie.

C’est vrai tant de la part des partisans du régime que des opposants. Son ministre des Affaires étrangères, Jean- Yves Le Drian, n’en finit pas de s’arracher le dernier cheveu de son crâne pour tenter de recoller les morceaux.

Après le rappel à Alger de l’ambassadeur Mohamed Antar Daoud, il a dit regretter le départ de ce dernier et a rappelé le « profond respect du président français pour le peuple algérien ». Et, il n’était pas inutile de le préciser, « cela signifie aussi, bien sûr, le respect fondamental de la souveraineté algérienne ».

Bien vu de la part du chef de la diplomatie, surtout quand on sait que le président algérien Abdelmadjid Tebboune avait précédemment exprimé ses exigences : « Le retour de l’ambassadeur d’Algérie à Paris est conditionné par le respect total de l’État algérien. » Emmanuel Macron avait pour sa part exprimé son souhait d’apaisement. Rien des bonnes intentions annoncées du chef de l’État français ne peut retisser réellement les liens et la querelle risque de durer.

Au mieux aurions-nous pu attendre un acte très fort lors de la commémoration des massacres du 17 octobre 1961. Il est certes le premier président français né après la guerre d’Algérie à s’être rendu sur un lieu de mémoire de cette nuit sanglante, le pont de Bezons. Il a certes reconnu et regretté « les crimes commis cette nuit-là sous l’autorité de Maurice Papon [des crimes] inexcusables pour la République ».

De l’avis de nombreux vétérans du 17 octobre, il n’est pas allé suffisamment loin. Il n’a pas reconnu que ces massacres étaient un crime d’État, il n’a pas été question d’excuses.

À Alger, le président Tebboune ne cache pas son insatisfaction. Dans le contexte actuel très tendu, sans compter sur les élucubrations d’un trublion fasciste qui veut se positionner à droite de Marine Le Pen (en niant par exemple le massacre), il semble bien que le président français ait manqué une occasion historique. Rendez-vous au 19 mars 2022, date anniversaire des accords d’Évian.

Mais Emmanuel Macron aura d’autres préoccupations.





 

LIBERTE HEBDO N°1500: EDITO DE PHILIPPE

 




UNE AFFAIRE DE RESSENTI

Ecoutons les bulletins météo ou consultons les niveaux de température sur nos smartphones. 
Deux indications sont disponibles : la température réelle et celle qui est ressentie. 
Par qui ? On ne sait trop. Mais si nous avons l’impression qu’il fait 0 °C (ou moins) alors que le thermomètre indique 3 °C, nous aurons tendance à douter de l’instrument. 
C’est une erreur dont nous pourrions nous apercevoir en constatant que l’eau ne gèle pas. 
C’est exactement comme cela que l’on nous raconte souvent n’importe quoi à propos de la présence de personnes étrangères - ou d’origine étrangère - sur le sol français. Et les politiques migratoires suivent ce mouvement. 
Le démographe Hervé Le Bras l’explique bien : « Les politiques migratoires se basent non pas sur les chiffres réels mais sur la perception que la population se fait du phénomène. » Or, quand des personnalités politiques, en période préélectorale, se complaisent à décrire un déséquilibre flagrant dans certaines villes où l’on ne voit pratiquement plus de « blancs », cette logique absurde ne peut qu’être encouragée. 

Manuel Valls l’a fait en son temps, d’autres le font aujourd’hui. Il n’y a pas besoin de l’extrême droite et de ses thèses fumeuses et mensongères pour jouer au jeu des fake news en matière d’immigration. 

Prenons l’exemple de Stephen William Smith qui a été journaliste pour différents titres de presse français et qui est maintenant professeur d’études africaines à l’université Duke, aux États-Unis. Il prétend qu’il y aura une ruée migratoire vers l’Europe. 
En réalité, il se base sur son ressenti. Spécialisé sur l’Afrique, il sait que la population africaine va augmenter d’un milliard de personnes. Soit. 
Mais il enchaîne sur un ressenti qui n’a rien à voir avec la réalité. Une augmentation d’un milliard de personnes n’entraîne pas de facto une émigration de l’ensemble vers un Eden de toute façon hypothétique. 
En revanche, on peut s’attendre à ce que ceux qui seront tentés de partir ne seront pas les pauvres. Ils n’en auront pas les moyens. Hervé Le Bras défend pour sa part l’idée d’une migration de « gens compétents ». Quoi qu’il en soit, le fait de jouer avec les peurs et les fantasmes ne peut rien apporter de bon. 
L’idée du « grand remplacement » n’a décidément aucun sens et mérite d’être combattu de toutes nos forces. Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Encore faut-il savoir lire les bons.

Ce que refusent, et Ils le revendiquent, de faire les politiciens d’extrême droite. Alors, eux et leurs complices créent des impressions, des ressentis. Ils ne peuvent être que négatifs.

Liberté Hebdo n° 1499. Édito de PHILIPPE


RÉINDUSTRIALISER, MAIS COMMENT ?

De quelle réindustrialisation parle donc la ministre en charge de l’Industrie, Agnès Rannier- Runacher ? 

Elle l’avait dit à Lyon, au début de ce mois de septembre, et l’a répété lorsqu’elle est venue à Saint-Saulve pour visiter l’usine Ascoval : il s’agit de passer du « quoi qu’il en coûte » à une « politique industrielle d’avenir». Cela passera, pour elle, par un travail sur les coûts de production, le financement des startups industrielles et la formation aux métiers de l’industrie. Elle n’oublie pas les secteurs d’avenir comme la production de batteries électriques ou la microélectronique.

À la différence de l’Allemagne, de la Suisse ou de l’Italie, la France a raté le virage des machines-outils, explique la ministre. Alors, il lui faut réussir le virage de « l’industrie du futur » avec ses technologies de machines à commande numérique, la fabrication numérique, les robots et autres capteurs permettant de « gérer en temps réel la production et de réaliser de la maintenance productive ».

Voilà, avec les relocalisations, les grandes lignes du plan « France 2030 » que veut le président Emmanuel Macron et tel qu’il l’a annoncé. Il s’agit en fait d’un nouveau plan d’investissement qui doit compléter le plan de relance pour 2021 et 2022.

Mais concrètement, les contours demeurent flous. Dans les Hauts-de-France, que peut-on espérer ? 
Si les salariés d’Ascoval retrouvent le sourire après la reprise de leur usine par le sidérurgiste allemand Saarstahl, la région demeure marquée par la fermeture de Bridgestone, à Béthune, et de Maxam Tan à Mazingarbe. À Haubourdin, près de Lille, on connaît le sort de Cargill.

Lorsqu’elle vient parler réindustrialisation et relocalisation, Madame Pannier-Runacher sait bien qu’il n’y aura plus de fabrication de pneumatiques dans la région. Le japonais Bridgestone a préféré la solution, précisément, de la délocalisation. 
À Douvrin, la fin de la Française de mécanique est annoncée pour 2030. On semble donc plutôt aller vers une poursuite de la désindustrialisation et non vers des projets de réindustrialisation ou de relocalisation. En fait, le gouvernement fait le pari d’une réindustrialisation liée à la transition énergétique et à la décarbonisation de l’industrie. Certes, mais les usines de batteries électriques annoncées dans les Hauts-de- France ne suffiront pas à répondre aux besoins en matière d’emploi. C’est au besoin réel en matière d’industrie qu’il faut s’intéresser. 
Pour l’heure, on parle plutôt de mutation de l’activité économique. C’est encore ce qui apparaît quand on considère les projets logistiques en cours de développement. Or, la logistique se fonde sur une logique d’importation. 
C’est l’inverse de la logique d’une implantation industrielle.

Temps forts: ÉDITORIAL par Maurice Ulrich

Pièges


 Il y a certains jours comme une véritable indécence de la télévision publique. 
la semaine passée, à l’annonce de « l’augmentation » du Smic de 34 euros, on vit témoigner au journal des travailleurs heureux et bien choisis. 
« Je vais pouvoir gâter mes enfants... » Pas un pour dire que ce n’était qu’un rattrapage dû à l’inflation et qu’il lui faudrait bien plus que 2 % pour vivre correctement de son travail, quand plus de la moitié des Français, selon une enquête récente, estiment que leur pouvoir d’achat a baissé depuis 2017.

La propagande gouvernementale, car c'est bien de cela qu'il s'agit, fonctionne à plein régime et le président candidat, selon une formule aussi vieille que la pratique, sortirait, dit on, le carnet de petits chèques. Un petit coup de pouce pour les sages femmes, 100 euros pour les bénéficiaires du chèque énergie... 
Qui seront très loin de couvrir les 10 % de hausse de l’électricité qui se profilent. On libéralise à tout va le marché de l’énergie et on met une noix de pommade sur les conséquences des hausses. On se flatte aussi des quelques mesures annoncées fin 2019... qui doivent tout on l’aurait oublié? - au mouvement des gilets jaunes. 
Pour les retraités, les mutuelles complémentaires ne vont pas suivre l’inflation. L’entrée en vigueur annoncée de la réforme de l’assurance chômage va se traduire, pour les plus précaires, par des coupes drastiques dans ces prestations qui coûtent « un pognon de dingue », et s’il y a eu des diminutions d’impôts, elles ont profité clai rement aux plus aisés et aux «premiers de cordée». Ce n’est qu’un aperçu.

La crise sanitaire se fait moins lourde dans les consciences, la question du pouvoir d'achat des salaires revient dans l’actualité. On comprend bien alors qu’il est plus facile de faire dériver les débats qui s’annoncent vers les thèmes de l’extrême droite, avec un Éric Zemmour en vedette dès qu’on ouvre la télé. 

Sans doute, mais l'intérêt des salariés les plus modestes, c’est bien aujourd’hui de ne pas se laisser piéger et de se mobiliser pour faire du pouvoir d’achat la question centrale de toute ta période qui vient. 
L'humanité 22 septembre 2021

PCF: Ne pas se raconter d’histoires


Ne pas se raconter d’histoires : c’est un point de départ quand on est décidé à vraiment changer les choses. Fleurissent pourtant en ce moment méditations privées, conversations entre amis et tribunes de presse autour d’un thème : la nécessité de l’unité de la gauche pour faire face aux périls historiques qui nous guettent l’an prochain. L’air tient souvent de la lamentation : la salvatrice unité de la gauche serait essentiellement entravée par des egos de grenouille (celle de la fable, vous savez) ; crevez-les et pourrait alors s’ouvrir un chemin de victoire. Qu’il y ait des egos et des calculs de mesquine tactique ici ou là, c’est indéniable mais disons-le tout net : on se raconte des histoires en plaçant là les problèmes principaux : ego des uns ; unité des partis politiques de gauche.

Un. « La gauche », il faut s’y faire, c’est toujours des millions de personnes mais ce n’est plus que quelques millions de personnes. Les intentions de vote pour des formations de gauche ? Moins de 30 %, en allant de Arthaud (LO) à Jadot (EELV) – étant entendu que ce dernier se réclame de la gauche un jour sur deux… Combien de bataillons pour le « peuple de gauche » ? Prenez tous les sondages, c’est la bérézina : on navigue entre 13 et 20 % de personnes se déclarant de gauche. Rien d’étonnant quand la gauche déçoit crescendo, de Mitterrand en Jospin et de Jospin en Hollande. Croire que le rassemblement de ces 13-20 % est la clé de tout, c’est nager entre le rêve et la nostalgie.

« Quand la gauche déçoit crescendo, de Mitterrand en Jospin et de Jospin en Hollande, croire que le rassemblement de ces 13-20 % est la clé de tout, c’est nager entre le rêve et la nostalgie. »

Deux. Le problème d’unité n’est pas tant celui de dirigeants qui ne parviendraient pas à se mettre d’accord : c’est dans ce qu’il reste du « peuple de gauche » lui-même que les divisions sont extrêmement profondes. La question n’est pas nouvelle : se pose toujours l’enjeu des reports de voix au second tour face à la droite. Les électeurs socialistes des années 1970 n’aimaient pas toujours les communistes et, dans un second tour opposant un communiste à la droite, des voix pouvaient manquer à l’appel, quelles que soient les consignes de vote officielles. Il pouvait également y avoir de la perte (souvent moindre, il est vrai) dans l’autre sens : certains électeurs communistes n’allant pas voter socialiste au second tour face à la droite. Reste qu’on n’arrive pas à imaginer une déperdition de voix significative si l’adversaire à battre avait été non pas de droite mais d’extrême droite. Face à pareil danger, on voit mal le « peuple de gauche » se refuser à soutenir le candidat de gauche le mieux placé. Bref, division il y a depuis longtemps – et c’est heureux car les projets ne sont pas les mêmes : rêver d’une gauche sans division aucune, c’est signer la mort des familles idéologiques et politiques différentes qui la composent – mais une division qui, pendant plusieurs décennies, ne s’est pas révélée complètement insurmontable. Nous n’en sommes plus là.
On a beaucoup commenté, mi-avril, le fait qu’en cas de second tour d’un candidat de gauche face à Le Pen (hypothèse sans fondement au vu des intentions de vote de premier tour), la victoire du RN était au bout du chemin, Le Pen faisant 60 % face à Mélenchon, 53 % face à Jadot, 50 % face à Hidalgo(1). On en est resté là, et il est vrai que c’était déjà pas mal. Mais si on entre dans les détails, on trouve un paysage qu’il vaut la peine de regarder en face. En cas de deuxième tour Mélenchon-Le Pen, la majorité absolue des électeurs du PS (ici, dans l’hypothèse d’une candidature Hidalgo de premier tour) choisirait l’abstention (54 %) plutôt que le vote FI (42 %) ! La réciproque est un peu moins vraie mais le report d’électeurs FI du premier tour vers Hidalgo au second serait à peine majoritaire (53 %). Comment dire avec plus de netteté la profondeur des divisions, non pas entre ténors égocentriques, mais dans ce « peuple de gauche » lui-même ! On se paie de mots quand on cite paresseusement les enquêtes indiquant que les électeurs de gauche aspirent à un candidat unique. Oui, ils veulent un candidat unique : celui qu’ils portent dans leur cœur, mais surtout pas le voisin ! À aucun prix. Même face à Le Pen !

« Le monde qui nous attend après la pandémie ne sera pas de tout repos et ne laissera guère la place à des demi-mesures et des non-choix.
Résumons : le « peuple de gauche » a fondu comme neige au soleil ; ce qu’il en reste est lourdement divisé, indépendamment des consignes des uns et des egos des autres.Trois. S’il faut considérer PCF, FI, EELV, PS, qui peut sincèrement soutenir que ces formations portent un projet commun pour la France, viable et alternatif à ce qui se fait aujourd’hui et ce qui se promet du côté des libéraux et de l’extrême droite ? Prenons les grandes questions économiques, sociales : écoutons les uns et les autres, et mesurons la polyphonie (si on veut habiller de ce nom les contradictions d’une cacophonie politique). Prenons les institutions. Prenons la laïcité. Prenons même, comme y invitait récemment Serge Halimi, les questions internationales. Une chose est de gérer ensemble une commune, un département, une région ; autre chose est de gouverner un pays. Ajoutons car, décidément, il ne faut pas se raconter d’histoires. Déjà quand elles sont dans l’opposition et en campagne, les forces les plus timides de la gauche ne s’engagent pas sur des changements significatifs, alors on n’ose imaginer ce que cela pourrait donner au pouvoir face aux vents violents qui soufflent sur notre monde. Combien de semaines, de jours avant d’annoncer la « pause », avant d’amorcer un virage de rigueur ?
Car c’est bien là le – quatrième – problème, on ne s’en sortira pas avec un accord minimaliste façon plus petit dénominateur commun. Le monde qui nous attend après la pandémie ne sera pas de tout repos et ne laissera guère la place à des demi-mesures et des non choix. Alors qu’une hausse forte du chômage est à redouter, on entend déjà les musiques libérales, venues de Bruxelles, de Bercy ou du siège du MEDEF : il va falloir réformer rudement le pays. Le capital a faim et ne restera pas doux spectateur. Encore n’osé-je ici sortir de la dimension la plus conjoncturelle. Si on doit considérer avec sérieux les défis qui se posent à l’humanité, non dans mille ans mais pour ce siècle même, on ne peut pas penser un instant que trois ou quatre mesurettes feront l’affaire. Non, tout accord minimaliste mènera dans le mur et risque si sûrement d’installer, le coup d’après, Le Pen au pouvoir. Rappelons tout de même que ce n’est pas pure fiction. 1981 : l’extrême droite est microscopique. La gauche déçoit. Voici la percée du FN en 1983-1984 ; en 1988, Le Pen pèse déjà 15%. Quand est-ce que le même Le Pen arrive au second tour ? Juste après l’amère expérience de la gauche plurielle. Quand est-ce que Le Pen revient au second tour et dépasse, pour la première fois, les 7,5 millions de voix et les 20 % ? Au lendemain du désastre Hollande. Un petit accord à gauche sur base étroite et c’est le mur garanti.
« Tout accord minimaliste mènera dans le mur et risque si sûrement d’installer, le coup d’après, Le Pen au pouvoir. »
Que conclure après ces lignes aux allures d’apocalypse ? Il ne s’agit pas de pleurer en estimant qu’il n’y a pas d’issue. Il n’y a pas d’issue… dans l’addition des maigres forces en présence. L’issue, nous en connaissons le chemin : il faut se battre comme des chiens pour faire grandir la force et la perspective communistes dans notre pays, dans les combats électoraux et dans tous les autres. Cela ne veut pas dire refuser tout accord à gauche, bien au contraire, mais faire grandir le rapport de forces populaire pour arracher un pacte d’engagements qui soit au niveau des attentes, des besoins et des défis, un accord qui soit appuyé sur des millions de personnes conscientes déterminées à prendre en mains leur destin.

Guillaume Roubaud-Quashie, directeur de Cause commune.

(1). Sondages à prendre avec mille pincettes, dans le cas d’un second tour face à Le Pen car une chose est de dire aujourd’hui, par téléphone, sans conséquences, ce qu’on ferait dans l’hypothèse où… ; une autre est, quinze jours après le premier tour, dans un climat politique tout autre, de faire effectivement tel ou tel choix électoral, avec toutes les conséquences réelles que cela peut impliquer.

LIBERTE HEBDO n° 1498, Edito de Philippe

L’OPTIMISME QUI NOUS VIENT DE GRIGNY 


La nomination du maire de Grigny comme « meilleur maire du monde », par la City Mayors Riundation a ced de très positif : elle souligne les mérites et la bonne gestion d’un élu communiste, fl y a bien longtemps, le président Georges Pompidou admettait que des élus de centre droit et de centre gauche pouvaient être de bons élus. « Les communistes aussi », lui avait-on soufflé. « C'est vrai », avait-il convenu.

Cela peut sembler drôle et anecdotique. Pourtant, la manière dont les médias se sont emparé de l’image et de la parole de Philippe Rio, le respect qui lui a été témoigné ces derniers jours, tombent à point au moment où l’on semble se souvenir que le communisme municipal n’est ni un vestige du passé, ni une lointaine utopie. Cela veut dire aussi que le communisme n’a aucune raison d’être relégué dans l’ombre. Le discours de Fabien Roussel, à la Fête de l’Humanité, met en valeur la montagne d’espoir à laquelle nous pouvons croire.

Mais précisément, tout cela ne relève pas que du discours.

Pour en revenir aux interventions de Philippe Rio, dont on semble découvrir l’enracinement dans la réalité de sa ville (l’une des plus pauvres de France), il faut retenir la force avec laquelle il répète qu’il n’est pas naïf face au calendrier politique et électoral La distinction que lui apporte la fondation londonienne ne saurait faire oublier le mépris dont font l’objet les maires des cités dites « sensibles » ou « prioritaires » et la manière dont les gouvernants de ce pays ont vite oublié les rapports sur les banlieues et les quartiers, sur les souffrances de leurs élus.

Depuis des années, le maire de Grigny attend qu’on lui rende le commissariat de police que l’État lui a repris. Il ne milite pas pour un pouvoir sécuritaire, il réclame les moyens d’offrir de la sécurité à ses administrés, aux habitants de sa ville. Mais la sécurité ne se décrète pas et ne repose pas que sur la multiplication d’uniformes bleus. La sécurité, c’est aussi, comme l’a fait Philippe Rio, s’assurer que tous les enfants de sa ville puissent manger à leur faim, dans les cantines scolaires. À Grigny, on ne fait pas raccompagner un gosse chez ses parents, entre deux policiers, parce que la facture des repas n’a pas été honorée.

À Grigny, comme dans toutes les villes pauvres où l’humain demeure la priorité, on veille à ne pas lâcher celles et ceux qui cumulent les galères : le chômage, la misère, l’isolement, le sexisme, le racisme, l’exclusion, le mépris de classe. On n’impose pas, parce qu’on n’y joue pas, le jeu de la « méritocratie ». On a conscience de l’importance des services publics de proximité et des politiques publiques qui doivent être au service de toutes et tous. Les élus locaux comme Philippe Rio, et bien d’autres, ont bien compris les enjeux de cette société et la façon dont il faut la transformer.

En cela, sa mise en lumière, comme celle de sa ville, ont de quoi nous emplir d’optimisme.

Liberte Hebdo n° 1497, Edito de Philippe




OSER UN PROJET PORTEUR D’AVENIR 


"Ma France, heureuse, solidaire et digne."  Nous le savons, pour l’avoir longuement présenté dans ces colonnes, c’est là le titre du livre que vient de publier Fabien Roussel. 
Il ne faut pas y voir le programme qu’il propose pour sa candidature à l’Élysée. Celui-ci est à venir. Au moins cet ouvrage ouvre-t-il des pistes solides : la France du travail, la lutte contre l’évasion fiscale, la jeunesse dont il faut faire une priorité, la détente internationale... 
À la tribune, ou lorsqu’il est invité sur les plateaux, il évoque et défend la France solidaire. Les plus habiles interviewers du paysage audiovisuel français ont quelque mal à mettre le candidat en porte-à-faux. C’est plutôt bon signe. 
Quand, il n’y a pas si longtemps, la parole du Parti communiste français avait disparu des médias audiovisuels, et pas que, il est réjouissant d’entendre un Jean-Jacques Bourdin avouer, la bouche en cœur : « Fabien Roussel, je sais que vous êtes honnête. » Il lui déroulerait presque le tapis rouge dans les studios de RMC et BFM TV.

Pourquoi, ce faisant, Fabien Roussel ne parvient-il pas à décoller de ces satanés 2 % - ou un peu plus - dont le créditent les sondages ? 
Même quand il évoque les sujets qui fâchent ou quand il prend des positions qui dérangent dans son propre camp, il est indéniablement bon et compétent.

Alors, peut-être est-il temps de franchir une étape supplémentaire en allant plus loin que les slogans, fussent- ils forts. Sans doute est-il temps d’aller au-delà de la communication.

Le retour des jours heureux est une promesse séduisante qui évoque les lois sociales votées au lendemain de la guerre et menacées aujourd’hui. Mais quel projet pour la France le candidat Roussel porte-t-il aujourd’hui ? 
Le peuple de France a besoin d’un projet fort. Face aux multiples menaces qui pèsent comme - ce n’est qu’un exemple - l’épée de Damoclès de la réforme des retraites, il a besoin de savoir où va ce pays. Le peuple et sa jeunesse ont besoin de réelles et solides perspectives.

Le candidat communiste est certainement l’un des rares à pouvoir et oser proposer un vrai projet d’avenir. Un projet visionnaire mais construit avec les Françaises et les Français vers qui il va tous les jours et depuis très longtemps. Il a toute notre confiance.


LIBERTE HEBDO N°1494. EDITO DE PHILIPPE

 



FLUX MIGRATOIRES IRRÉGULIERS !

Cet été a bien quelque chose de sidérant, voir de médusant. Le rebond de la crise sanitaire et la pression mise sur les salariés avec le chantage à l'emploi du gouvernement et les menaces du ministre Blanquer contre les collégiens et lycéens qui ne seraient pas vaccinés ont de quoi remuer le sang.
 La crise sanitaire est féroce, il faut la combattre, la vaccination semble pour l’heure le meilleur moyen. Pour autant, ni le chef de l’État, ni le gouvernement n’ont jusqu’ici pris la moindre leçon en matière d'altérité vers les Françaises et les Français. En faisant semblant de se la jouer sympa et décontracté, via le réseau social Tik Tok et en direct du fort de Brégançon, T-Shirt noir moulant, Emmanuel Macron ne fait qu'agacer davantage.

Ce lundi 16 août, toujours depuis le fort de Brégançon, le voilà qui s'adresse au peuple sur l'arrivée au pouvoir des talibans, en Afghanistan. Qu'est-ce quile préoccupe et le taraude ? 

L’immigration irrégulière que cela pourrait provoquer ! C’est indécent. Comme le font les États-Unis en retirant ses troupes d’Afghanistan (appliquant de ce fait un plan préparé il y a dix ans par Barack Obama), la France accepte l’idée que l'islam radical joue un rôle majeur au Sahel et se retire. Très bien, mais l’avancée et le développement de ces pouvoirs religieux, rétrogrades, radicaux et totalitaires vont entraîner de nouvelles vagues migratoires. 

Les pays riches doivent assumer. L’expression utilisée l’autre soir par le président français, « flux migratoires irréguliers » ne pouvait que flatter l’extrême droite tout en hérissant le poil de la gauche (même si celle-ci n’est pas exempte de critique en la matière). 

Pour se défendre, l’Élysée parle d’une immigration économique que nous ne pouvons recevoir et jure que, de toute façon, la France est l’un des pays qui « accueille le plus d'Afghans et leur donne le plus de protection ». Il faudra alors s'expliquer lorsque les demandes d’asile seront refusées et lorsque des procédures administratives lourdes pourriront la vie des exilés. Car ce sera à coup sûr le cas. 

L’expérience précédente est là pour le démontrer. Les talibans avaient certes perdu le pouvoir il y a vingt ans. mais ils étaient toujours présents dans l'intérieur du pays. Ils ne sont jamais gênés pour harceler et menacer celles et ceux qui les contrarient par leur seule existence. 

Si la France a su accueillir des exilés afghans, le règlement de Dublin a fait bien des dégâts et celles et ceux qui ont finalement pu rester sont loin de vivre sur un grand train. Monsieur Macron a perdu là une occasion de ne pas dire n'importe quoi.




LIBERTÉ HEBDO 1491: L'EDITO DE PHILIPPE


 

CESSER DE PARLER DES CLASSES POPULAIRES SANS S’Y INTERESSER 

Il fallait bien s’y attendre. On peut toujours jouer sur les mots selon qu’elle est déjà parmi nous ou qu’elle arrive dans les hôpitaux, la quatrième vague de la pandémie n’est pas une vue de l’esprit. De la même façon, personne ne pouvait raisonnablement imaginer que le variant Delta limiterait son rayon d’action au sud-ouest de la France ! 

C’eût été à la fois irréaliste et méprisant pour les habitants de cette région. On peut croire le président du Conseil scientifique Jean-François Delfraissy, quand il assure que le covid ne nous lâchera pas de sitôt. D’autres variants arriveront, d’autres mesures seront nécessaires, une troisième vaccination sera sans doute préconisée, voire imposée.

Raison de plus, dirons-nous, pour ne pas faire obstacle à la vaccination et au pass sanitaire. Certes, en attendant un traitement sérieux, le vaccin apparaît comme le seul rempart crédible. On peut ainsi refuser d’entendre -ou simplement ne pas comprendre- celles et ceux qui s’opposent aux mesures sanitaires et qui le crient dans la rue. 

Encore une fois, ceux qui s’affichent avec une étoile jaune ou une évocation du nazisme sont condamnables. De la même façon, représenter Emmanuel Macron avec les attributs d’Hitler ou promettre la guillotine aux élus qui, comme le maire de Roubaix, ont soutenu le chef de l’État dans une tribune publiée mi-juillet, est simplement stupide. 

La haine ne peut être le support d’un combat juste. Cela posé, il n’en demeure pas moins que le gouvernement, et le président lui-même, ont choisi la pire des méthodes en voulant passer en force. C’est retomber dans les erreurs d’interprétation qui ont été commises -pas seulement par eux- lors de l’irruption des Gilets jaunes. Qu’il y ait des extrémistes tendance facho parmi les manifestants est une chose. La réalité va beaucoup plus loin.

Les reculades ou fausses reculades du gouvernement sont révélatrices d’un grand malaise.

Il est tout de même honteux de menacer des salariés, fussent-ils soignants, de licenciement s’ils refusent le vaccin. Il est tout aussi insupportable de leur promettre une suspension de salaire. Cest même proprement ignoble.

Il serait temps de cesser de parler des « classes populaires » sans s’y intéresser. L’interrogation du quotidien économique « Les Échos » est symptomatique et permet à elle seule, même et surtout si ce n'est pas son objectif, de comprendre le côté obtus de ceux qui nous gouvernent. 

Le journal s’inquiète en effet que 16% des Français, notamment issus des classes populaires, ne veulent pas se faire vacciner. Celui que l’on nomme, à raison, le « président des riches » devrait savoir que ces personnes se fichent complètement des restrictions qu’il veut leur imposer. Ils ne vont pas, ou si peu, au spectacle. Ils mangent peu dans les restaurants. En revanche, s’ils ne « savent » pas pourquoi la vaccination est indispensable, c’est peut-être parce qu’ils ne s’inscrivent pas dans la logique d’une société qui les a rejetés et les a fait décrocher.

Enfin, comment peut-on faire admettre leur responsabilité à des gouvernants dont le ministre de l’Éducation en personne dit vouloir « évincer » les élèves qui ne seront pas vaccinés ? 

Tout est dit.

LIBERTE HEBDO n° 1488: Edito de Philippe



:< Y A D’LA JOIE ! », VRAIMENT ? 

Y a d’là joie ! » Ainsi titrait le quotidien régional La Voix du Nord dans son édition du 7 juillet, c’est-à-dire au lendemain de la proclamation des résultats du baccalauréat. En appel de titre, la Une du journal annonçait : « 89,4 % de réussite au bac. »

Mais cette joie recèle un drôle d’arrière-goût. Il fut un emps, pas si lointain, où les familles et proches se précipitaient sur l’édition spéciale de leur quotidien jour y découvrir - ou pas - le nom du candidat. 

Nous soupçonnons mêmes certains d’entre eux (nous en sommes) de conserver cet exemplaire ad æternam. Pour cette fois, c’est raté. Le précieux supplément de 24 pages prévient dans un bel encadré bleu : « Depuis cette année, lors de l’inscription à l’examen du baccalauréat, il est prévu par défaut que le nom du candidat ne soit pas transmis à la presse. Chaque candidat doit donner expressément son accord pour que son nom soit transmis. S’il ne l’a pas fait, son nom ne peut pas être publié dans ce supplément. » Triste époque en vérité. 

Pourquoi donc proclamer haut et fort, par voie de presse, que l’on est bachelier et qu’une nouvelle vie commence ? 
Après tout, le bac n’est plus qu’une banale formalité. C’est ce que l’on répète à l’envi depuis des années. 

Cette année, de nombreux lycéens n’ont même pas eu envie de se rendre dans leur établissement pour découvrir s’ils figuraient sur la liste des lauréats. Leur smartphone leur suffisait, mais surtout, le verdict était souvent connu d’avance.

On sait même que l’épreuve écrite a été le plus souvent zappée par la plupart des candidats auxquels le contrôle continu assurait le succès par avance.

Voilà en fait le travail du ministre Blanquer pour qui la crise sanitaire est un allié objectif.
 Grâce à elle, il a pu avancer dans son idée de remplacer les épreuves communes du bac par un contrôle continu comptant pour 40 % de la note finale.

 Le ministre, et le gouvernement, sont en train de gagner leur triste pari : faire du diplôme national un bac à la carte et local. Ainsi, la valeur du diplôme variera en fonction de l’établissement où l’élève aura été scolarisé. 
Cette casse du diplôme national est complétée par le dispositif Parcoursup. Loin de la mission de l’école républicaine qui consiste notamment à supprimer - ou aplanir - les discriminations, le système Blanquer assigne les jeunes à leur origine sociale et géographique.

C’est un système criminel que celui qui veut casser l’appétit des jeunes et qui refuse d’harmoniser l’enseignement par le haut.
C’est un système criminel que celui qui consiste à organiser la désespérance.



LIBERTE Hebdo et « l’Association des lecteurs et Amis de Liberté Hebdo »


C’est un appel urgent que nous vous lançons.

Comme toujours Liberté Hebdo est d’une grande utilité au monde du travail et de la création, aux salariés et à leurs syndicats en lutte pour une vie meilleure. Il a répondu « présent » lors de l’élection départementale et régionale informant largement les citoyens, décrivant les valeurs et propositions des candidats communistes, ceux de la gauche rassemblée avec les écologistes. Son apport a été important et permis les bons résultats et succès obtenus avec l’élection de nombreux(es) élu(es) dans les départements des Hauts de France et au Conseil Régional. Depuis des mois nos lecteurs nous félicitent des améliorations de son contenu, de l’aide qu’il leur apporte à mieux comprendre le monde pour agir avec plus d’efficacité. Ce renouveau doit se poursuivre.

Durant les vacances d’été Liberté poursuivra sa mission mais néanmoins il a besoin du soutien de ses lecteurs et celles et ceux qui défendent le pluralisme de la presse et particulièrement la presse d’opinion. Juillet, août et début septembre sont des mois difficiles pour nombre d’entreprises et particulièrement pour Liberté Hebdo qui a besoin de trésorerie, donc du soutien financier de ses amis et lecteurs.

C’est un appel à la souscription que notre journal et l’Association des lecteurs et Amis de liberté Hebdo lançons aujourd’hui aux tous premiers jours de l’été. Il est urgent !

Merci à tous d’y répondre sans attendre afin de mener ensemble les mobilisations citoyennes existantes et qui vont se développer dans l’avenir. Afin de répondre une nouvelle fois « présent » aux campagnes électorales de l’année prochaine dont l’importance n’échappe à personne.

Nous comptons sur vous.


Précision importante – Les dons peuvent se faire au titre de l'aide à la presse (chèque au nom de "Presse et pluralisme – Liberté Hebdo" et à adresser au journal, 18 rue d’Inkermann –BP 31013 – 59011 Lille Cédex). Ils donnent ainsi droit à une déduction fiscale de 66 % (exemple 66 euros pour 100 euros versés)

LIBERTE HEBDO: N° 1487, EDITO DE PHILIPPE




IL EST TEMPS D’INVENTER LA VIe RÉPUBLIQUE 

Les élections départementales et régionales à peine terminées, tous les regards se portent vers l’horizon 2022. 
Pense-t-on élections législatives ? Même pas. Le seul repère qui intéresse les médias porte sur l’élection présidentielle dont on sait déjà qu’elle se déroulera en avril.

La campagne qui se lance dès lors laisse peu de place à la réflexion. Les « petites phrases » et autres gentillesses sont déjà sorties des carquois. En quelques jours, le candidat communiste se fait traiter de « facho » pour avoir démarré sur des préoccupations sécuritaires, et il se fait sermonner par un responsable d’extrême droite qui lui reproche de ne pas le laisser parler comme faisaient, paraît-il, les communistes du temps de leur splendeur ! 
Dans un cas comme dans l’autre, on joue sur la confusion et l’ignorance de l’Histoire. Pendant ce temps, les instituts de sondage, qui n’ont pas peur de continuer à se tromper comme ils l’ont fait lors de ces récentes élections, remettent le couvert en se focalisant sur trois candidats. 
Celui du PCF est bien évidemment oublié.

Comment, dans ces conditions, peut-on espérer faire revenir les électeurs dans les urnes ? 
Comment intéresser les jeunes qui ont boudé les scrutins départementaux et régionaux ?

Le phénomène d’abstention gigantesque que nous venons de connaître montre sans doute, non pas le désintérêt des électeurs, et des jeunes en particulier, mais plutôt leur lassitude et leur incompréhension. 
Le fonctionnement de la machine électorale date de 1958. L’élection présidentielle va encore montrer que nous somme au bout d’un cycle : celui de la Cinquième République précisément. 
Les débats, ou faux débats, qui s’annoncent vont une fois de plus faire la part belle aux égos, aux comportements, à ces petites phrases tant recherchées par les médias dominants.

Pour faire revenir les électeurs, il faut travailler sur un projet. Les candidats communistes, ces dernières semaines, ont passé du temps à expliquer à quoi sert un conseil régional ou un conseil départemental. Ils ont rappelé les grands enjeux qui touchent directement à la vie de chacun et chacune d’entre nous. Et ils ont déployé un programme. 
D’autres, au contraire, ont expliqué comment se passer de ce dont nous avons besoin ! 
D’autres encore ont affirmé leur volonté de discriminer en opposant les gens entre eux.

Pour donner envie de voter à nouveau, il importe de faire de la formation civique, de faire de l’éducation populaire et de faire en sorte que les familles s’emparent des sujets qui les concernent. 
Il est temps, aussi, d’inventer la Sixième République.

Liberté Hebdo n°1486: Edito de Philippe



DÉSINTÉRÊT DES ÉLECTEURS OU MÉPRIS DES POLITIQUES ?


Le taux d’abstention gigantesque observé, partout en France, lors du premier tour des élections régionales et départementales a de quoi faire réfléchir. Toutes tendances confondues, les partis et représentants politiques ne peuvent cacher leur déception. Les instituts de sondage guère plus. Certes, il était aisé de prévoir une faible participation, mais sans doute pas à ce point.

En raison de la crise sanitaire, la campagne a été difficile. À cela s’est ajouté les problèmes de distribution des professions de foi. La société privée Adrexo devra rendre des comptes. Mais le ministre de l’Intérieur serait mal inspiré de jouer les pères fouettards. C’est le gouvernement auquel il appartient et le libéralisme qu’il défend qui ont attribué le marché à une société privée. On voit que l’abandon des services publics n’est pas sans conséquences.

Les électeurs ne se seraient donc pas déplacés parce qu’ils n’ont pas reçu la propagande électorale. C’est possible en partie, tant l’information a paradoxalement du mal à passer. Mais cela est surtout dû au désintérêt apparent pour la chose politique. La destruction des services publics de proximité, par exemple, est une façon pour le pouvoir de s’éloigner du peuple, plus encore des « petites gens ». La manière dont le gouvernement maltraite les collectivités locales ne peut par ailleurs inciter à expliquer à quoi servent les Départements et les Régions. L’épisode Adrexo n’est alors qu’un épiphénomène qui révèle les raisons du désintérêt des électeurs et électrices. La météo ou la fête des pères n’ont rien à voir.

En fait, le phénomène date au moins du référendum de 2005 sur le traité établissant une Constitution pour l’Europe. Les

Français se sont exprimés et ont rejeté ce traité. Mais leur vote a été purement et simplement volé. Certains médias se sont même permis d’insulter celles et ceux qui avaient « mal voté ». Dix-sept ans plus tard, rien n’a changé. Les insultes se reproduisent, le mépris est permanent.

Les Français et françaises ne se désintéressent pas de la chose politique. Ils se désintéressent de la manière dont les hommes et femmes de pouvoir font de la politique. Ils rejettent la manière dont ils et elles parlent, dont ils et elles se comportent. Loin de la réalité, loin des préoccupations populaires.

Là, peut-être, réside une des leçons à tirer de l’attitude des électeurs et électrices.




 

LIBERTE HEBDO N°1485, EDITO DE PHILIPPE



FETE DES PERES, OFFREZ UN CADEAU INESTIMABLE : VOTEZ 

Ce 20 juin, c’est la fête des pères, pas celle du père fouettard. Faisons fi de cette météo difficile et allons voter. Même par procuration si nécessaire. 
Mais votons. 
Votons pour retrouver enfin, après six ans d’absence, une opposition de gauche au conseil régional. Mobilisons-nous et mettons dans l’urne le bulletin de la liste «pour le climat, pour l’emploi » portée par Karima Delli. 
Un retour de la gauche dans l’hémicycle est indispensable pour les habitants de cette région. On a bien vu, durant ces derniers mois, comment est traitée notre industrie, une industrie à laquelle le capitalisme, et son enfant terrible, le libéralisme, veulent porter le coup fatal. 

Ascoval, et l’interminable feuilleton des repreneurs, Bridgestone, et l’hypocrisie du président sortant, Xavier Bertrand, qui apporte un soutien de façade, menaçant même d’aller gronder le méchant nippon chez lui, Cargill Haubourdin, dont les salariés sont méprisés par le capital américain, Maxam Tan et la manière presque médite dont on s’est moqué, dont a méprisé les derniers ouvriers sommés d’assurer la sécurité du site avant de les virer.

Une politique régionale de gauche, c’est un vrai soutien à l’industrie, à l’agriculture, à l’artisanat et aux très petites et moyennes entreprises, c’est la création d’une banque régionale d’investissement, projet porté par la liste de Fabien Roussel en 2015 et repris aujourd’hui par plusieurs listes de gauche en France, et ici, dans les Hauts-de-France. 

L’idée de l’époque fait son chemin. Preuve qu’elle est bonne. 

Voter pour la gauche, c’est aussi se prononcer en faveur des services publics que la droite et les libéraux sont en train de détruire. La Poste, les centres d’impôts, etc. deviennent des fieux inaccessibles, sauf bien sûr pour les nantis qui n’ont cure de se déplacer et de rencontrer un conseiller. 
Les nantis savent se contenter d’un contact via les touches de leur smartphone. Mais combien sont-ils, dans la région, au regard de ceux qui regardent avec inquiétude, stress et effarement, arriver de plus en plus tôt la fin du mois ?

Voter pour la gauche, c’est aussi se prononcer pour des transports publics plus efficaces et, à terme, gratuits. C’est refuser l’ouverture à la concurrence des trains régionaux que la majorité régionale met en œuvre. 

Voter pour la gauche, c’est encore voter pour un meilleur système de santé, qui ne lèse personne, c’est voter pour des logements moins énergivores.

Mais ce 20 juin, nous avons aussi à nous prononcer pour nos futurs conseillers et conseillères départementaux. Un scrutin ne doit pas en cacher un autre. 
L'enjeu est là aussi très important. 

Nous savons bien que l’extrême droite est en embuscade dans de nombreux cantons gérés par la gauche. 

L’erreur ici, souvent relayée par les médias, consiste à dire que les candidats de gauche mènent combat contre les candidats fascistes (appelons-les par leur nom). 

En réalité, ce sont ces derniers qui s’attaquent à celles et ceux qui, forts de leurs valeurs humaines, contre le capitalisme destructeur et pour l’Humain d’abord, réalisent un travail de terrain remarquable depuis des décennies. 
Si l’on comprend cela, l’épouvantail lepéniste n’a aucune raison d’être autre chose qu’un... épouvantail.



 

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